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17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 21:17






KIPPA  à  POINTE 5

Par

Derbali

Par analogie, le concept d'apartheid peut donc s'appliquer parfaitement à la situation qui prévaut actuellement en terre sainte de Palestine, avec cependant une particularité que l'on ne saurait comprendre sans se référer à l'idéologie constitutive de cet État, le sionisme politique . Dénoncé depuis plus d'un siècle par une partie notable et éminente de la communauté juive qui le considère comme une idéologie perverse ayant trahi la vocation spirituelle et humaniste du judaïsme, le sionisme politique définit le judaïsme comme une nationalité et non comme une religion. S'inspirant des nationalismes chauvins du 19ème siècle comme le «pangermanisme» ou le «panslavisme», il s'inscrit en rupture avec la tradition religieuse juive en laïcisant la judaïté, opérant ainsi une transmutation du judaïsme, de religion en nationalisme. Se situant à contre-courant du mouvement d'assimilation (égalité des droits) dans lequel était engagée la grande majorité des juifs européens - surtout après la Révolution française - le sionisme politique s'est donné pour mission de regrouper les Juifs au sein d'un État qui leur serait propre afin de les soustraire aux violences antisémites et leur assurer une sécurité définitive. Son projet était fondé sur la conviction que les minorités juives étaient inassimilables aux nations (conviction partagée par les antisémites de l'époque). Et la Palestine, considérée par les premiers sionistes comme «une terre sans peuple» bien qu'habitée par un demi-million d'Arabes, devint l'enjeu de leur vaste entreprise de colonisation. À l'époque, le colonialisme européen était triomphant, et c'est naturellement dans son sillage que les sionistes inscriront leur dessein.

 

Conceptualisée par Théodore Herzl, un journaliste viennois (cf. Théodore Herzl, L'État des Juifs, 1886), l'idéologie sioniste a vu le jour à la fin du 19ème siècle et s'est développée pendant la première moitié du 20ème siècle malgré l'opposition prolongée de la majorité des juifs européens et de divers courants religieux. Comme tous les nationalismes, le nationalisme sioniste se fonde sur les mythes de la race et de la terre, mais - c'est là sa particularité et sa force - sacralisés par un mythe «biblique». Une des caractéristiques de cette idéologie dans son utilisation politique du judaïsme, est qu'elle a choisi pour cet usage, dans la tradition juive, ce qui est à la fois le plus archaïque (tribal) et le plus meurtrier (l'exclusivisme). Puisant dans les textes fondateurs du judaïsme, le Talmud et la Torah (Pentateuque pour les Chrétiens, c'est-à-dire les cinq livres initiaux: la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome, et ses annexes dites historiques, les livres de Josué, des Juges, des Rois et de Samuel), le sionisme s'empare du paradigme fondateur du judaïsme, l'Alliance entre Dieu et les Patriarches. Selon les récits de la Genèse, Yahvé a fait don à Abraham et à sa descendance du pays s'étendant «du fleuve d'Égypte et au grand fleuve, le fleuve Euphrate» (Gen. XV, 18-21), «la Terre Promise». Par cette Alliance avec Dieu, le peuple d'Israël - selon la tradition rabbinique - était ainsi élevé au rang de «peuple élu», de «peuple prêtre». C'est sur cette croyance que le sionisme a fondé le mythe du «retour», c'est-à-dire le «droit historique» des Juifs sur la Palestine. «Le sionisme, c'est le retour au judaïsme avant que d'être le retour au pays juif», déclarait Herzl au Congrès de Bâle, en 1897, entretenant sciemment une confusion entre judaïsme et sionisme - ce qui conduit insidieusement à sacraliser les objectifs historiques d'un mouvement politique. Théodore Herzl ne se réclamait pourtant pas de la religion, mais du nationalisme européen du 19ème siècle: «Je suis agnostique (...). La question juive n'est pour moi ni une question sociale, ni une question religieuse..., c'est une question nationale», écrivait-il dans ses mémoires. Mais prenant conscience de la formidable capacité mobilisatrice de ce qu'il appelle la puissante légende («mighty legend», in Diaries I), il proclame: «La Palestine est notre inoubliable patrie historique. Ce nom seul serait un cri de ralliement puissant pour notre peuple» (Herzl, L'État juif). Ce politique éminemment réaliste - et pragmatique! - transposait ainsi la puissante légende du retour en réalité historique.

 

Et pour cause, car il s'agissait pour les sionistes de fonder sur le mythe du «retour» celui de la continuité raciale et historique entre les hébreux bibliques et les Juifs actuels, de constituer un «peuple juif» homogène, de l'Orient à l'Occident. Ils cherchaient ainsi à faire croire que tout «Juif», où qu'il se trouve dans le monde, «retourne» sur la terre de ses ancêtres lorsqu'il vient en Israël, alors qu'en réalité, les conversions et les mariages mixtes ont été tels au cours des siècles que pour 99% des Juifs actuels, aucun ancêtre n'a jamais mis les pieds en Palestine. Maxime Rodinson conclura d'ailleurs sereinement son essai consacré à cette question en ces termes: «Il est très probable - et l'anthropologie physique tend à le démontrer - que les habitants dits «arabes» de la Palestine (en majorité d'ailleurs «arabisés») ont beaucoup plus de sang des anciens hébreux que la plupart des Juifs de la diaspora, dont l'exclusivisme religieux n'empêchait nullement l'absorption des convertis d'origines diverses» (Peuple juif ou problème juif, Éd. Maspéro, 1981). Mais en dépit de la réalité, Herzl s'évertuera à définir la judaïté par le concept réducteur de «race». Dans son livre L'État juif, il insiste dès l'introduction sur l'idée de «race juive»: «Les Juifs, matériellement et intellectuellement supérieurs, avaient perdu tout à fait le sentiment de leur solidarité de race... Les Juifs forts reviennent fièrement à leur race lorsqu'éclatent les persécutions».

 

Là encore, le judaïsme va être le principal outil de légitimation de ce discours ethnocentrique. Alors que les adeptes de la plupart des religions sont liés par une croyance commune, et que ce caractère d'adepte est accessible à tous, l'exégèse rabbinique a établi un lien particulier d'ordre héréditaire. La loi religieuse stipule, en effet, que la qualité de «juif» est transmise par le sang maternel. En Israël, la «Loi fondamentale» (la Halakha qui signifie Voie ou Chemin en hébreu), en vertu de laquelle les rabbins ont le monopole de statuer sur les mariages et divorces juifs, l'héritage et l'identité religieuse, prévoit que «sera inscrit comme juif aux rubriques «religion» et «ethnie» de l'état civil, celui qui est né de mère juive et n'appartient pas à une autre religion ou bien s'est convertie selon la Halakha» (instruction du 10 janvier 1960). Et les conditions exigées pour les conversions sont telles que celles-ci demeurent l'exception. Cette loi religieuse détermine l'accès à la citoyenneté israélienne et conditionne la «loi du retour». Dans son étude détaillée des «lois fondamentales», Le caractère juif de l'État d'Israël (Éd. Cujas, 1977), le Professeur Klein, juriste spécialiste du droit comparé, soulèvera le problème de la confusion constante entre le critère ethnique et le critère religieux. Pourtant, comme le dit le philosophe israélien Y. Leibovitz, «la notion de 'juif' n'était à l'origine ni raciale, ni nationale mais religieuse». Mais l'absurdité d'une telle loi découle du principe même du sionisme, prétendant définir le juif non par son appartenance à une communauté religieuse, comme en témoigne la Bible toute entière, mais par son appartenance à un «peuple», tels que le concevaient les mythes nationalistes de l'Europe du 19ème siècle, et du chauvinisme romantique. L'idéologie sioniste a en effet occulté les écrits du judaïsme comportant une dimension universelle pour ne retenir que ceux, dans la Torah, qui exaltent l'ethnocentrisme en instituant les Juifs comme peuple différent des autres et confortent, par une lecture littérale - c'est-à-dire intégriste - leur entreprise de retour en terre de Palestine. N'est-il pas écrit dans la Torah «qu'Israël vivra en solitaire et ne se confondra pas avec les nations» (Nombre, 23, 94)? N'est-il pas prescrit au juif pratiquant de prononcer chaque matin la prière du Shaharit «Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait goy (non-juif). Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait femme. Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait esclave»? Le Rabbin Cohen écrit sans détour dans son livre sur «Le Talmud» (Éd. Payot, 1986): «Les habitants du monde peuvent être répartis entre Israël et les autres nations prises en bloc. Israël est le peuple élu: dogme capital».

 

Cette même lecture sélective privilégie les textes les plus féroces de la Torah pour légitimer les exactions d'hier et d'aujourd'hui. Comme ceux, notamment, où la spoliation ou l'extermination des autochtones de Canaan est présentée comme une condition du maintien de l'Alliance: «Quand vous aurez passé le Jourdain pour entrer dans le pays de Canaan, vous chasserez devant vous tous les habitants du pays... Mais si vous ne chassez pas tous les habitants du pays, ceux d'entre eux que vous aurez laissés seront comme des piquants dans vos yeux et des épines dans votre chair. Ils vous harcèleront dans le pays même où vous habiterez, et ce que j'avais pensé leur faire, c'est à vous que je leur ferai», ordonne Dieu à Moïse (Nombres XXXIII, 51 à 56). D'après les récits bibliques, les Hébreux, emmenés par Josué, se livrèrent à un véritable massacre. Le Deutéronome répète, n'exigeant pas seulement la spoliation de la terre et l'expulsion des autochtones, mais l'extermination: «Lorsque le Seigneur, ton Dieu, t'aura fait entrer dans le pays... et qu'il aura chassé devant toi les nations nombreuses... tu les voueras totalement à l'interdit.» (Deut. VII, 1-2) «et tu les supprimeras» (Deut. VII, 24). Le livre de Josué, qui relate la conquête sanglante du pays de Canaan, n'est pas seulement un texte classique enseigné dans les écoles israéliennes - malgré la réfutation de l'historicité des écrits bibliques par l'archéologie moderne. Il sert, aussi, au conditionnement psychologique des recrues dans l'armée et lors de l'invasion du Liban, en 1982, l'aumônerie militaire des rabbins ne cessa de prêcher la guerre sainte. «Nous ne devons pas oublier les sources bibliques qui justifient notre guerre et notre présence ici. Nous accomplissons notre devoir religieux juif (Mitzva) en étant ici. Selon ce qui est écrit...», expliquait un rabbin du grade de capitaine (Ha'aretz, 5 juillet 1982). L'imagerie populaire est, elle aussi, utilisée: en 1983, l'administration des PTT émettait trois timbres commémorant Josué.

 

Ces récits de massacres et d'exterminations sacrées sont, dans l'esprit de nombreux dirigeants sionistes, la préfiguration de la manière dont les sionistes - auréolés d'une pseudo légitimité religieuse - se comportèrent (et se comportent encore aujourd'hui) à l'égard des Palestiniens. Le 9 avril 1948, Menahem Begin et ses troupes de «l'Irgoun» massacraient les 254 habitants du village de Deir Yassin, hommes, femmes et enfants, pour faire fuir par la terreur les Arabes désarmés de Palestine (cf. Menahem Begin, La révolte: histoire de l'Irgoun, Éd. Albatros, 1978). En l'espace d'une année, sur 475 villages arabes existant en 1948, 385 villages furent ainsi détruits - avec leurs maisons, leurs cultures et même leurs cimetières et leurs tombes - et 770.000 Palestiniens prirent le chemin de l'exode. «Si l'on possède la Bible et si l'on se considère comme le peuple de la Bible, on devrait aussi posséder les terres de la Bible, celle des Juges et des Patriarches, de Jérusalem, d'Hébron, de Jéricho et d'autres lieux encore», déclarait Moshé Dayan au Jerusalem Post le 10 août 1967. «Ce pays existe comme l'accomplissement d'une promesse faite pas Dieu lui-même. Il serait ridicule de lui demander des comptes sur sa légitimité, déclarait Golda Meir (Le Monde, 15 octobre 1971). Le Premier ministre de l'Afrique du Sud, lui fera écho par cette déclaration datée de 1972: «N'oublions pas que nous sommes le peuple de Dieu, investi d'une mission...»

 

La légitimation de la pureté «ethnique», et donc la justification de l'apartheid et de la «purification ethnique» qui peuvent en découler, repose, quant à elle, sur de nombreux textes religieux, manipulés électivement par les sionistes, comme par exemple: «Tu ne donneras pas ta fille à leur fils et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils», ordonne-t-on dans le Deutéronome (VII, 3); dans un autre récit, on peut lire qu'Esdras pleure parce que «la race sainte s'est mêlée avec les peuples des pays voisins» (Esd. 9, 2) et ordonne la sélection «Tous ceux qui avaient pris des femmes étrangères, ils les renvoyèrent, femmes et enfants» (Esd. 10, 44). En Israël, cette séparation de l'Autre - cet apartheid - est érigée en loi. Les mariages mixtes (entre juifs et non-juifs) y sont légalement impossibles - il n'existe pas de mariage civil - et l'hérédité conditionne la citoyenneté. La loi du «Retour» prévoit, en effet, que tout juif, quelle que soit sa nationalité initiale, devient citoyen israélien dès lors qu'il s'établit en Israël, alors que tout Palestinien est considéré par l'article 3 de la Loi sur la nationalité (5712-1952) comme «individu qui, immédiatement avant la fondation de l'État, était sujet palestinien, et qui ne devient pas israélien en vertu de l'article 2» (celui qui concerne les juifs) et comme «n'ayant jamais eu de nationalité auparavant», c'est-à-dire apatride par hérédité. Pour acquérir la nationalité israélienne, il doit prouver qu'il vivait en Palestine juste avant la création de l'État d'Israël en 1948, ce qui est quasiment impossible compte tenu des destructions opérées par les milices terroristes (l'Irgoun de Begin, la Hagana de Ben Gourion, le groupe Stern de Shamir), ancêtres de Tsahal. Il ne lui reste plus alors que la voie de la «naturalisation» - qui exige «une bonne connaissance de la langue hébraïque», et est laissée à la libre appréciation du ministre de l'Intérieur. Haïm Cohen, qui fut juge à la Cour Suprême d'Israël, fera donc cet amer constat: «L'ironie du sort a voulu que les mêmes thèses biologiques et racistes propagées par les nazis et qui ont inspiré les infamantes lois de Nuremberg, servent de base à la définition de la judaïté au sein de l'État d'Israël» (in Joseph Badi, Fundamental Laws of the state of Israel, New York, 1960).

 

Cette instrumentalisation du judaïsme par le sionisme politique avait provoqué de vives protestations de la part des organisations juives, comme l'«Association des rabbins d'Allemagne», l'«Alliance israélite universelle de France», l'«Israelitische Allianz» d'Autriche, les associations juives de Londres et le virulent mouvement du judaïsme Réformé. Au moment même du Congrès de Bâle, en 1897 - qui n'avait pu avoir lieu à Munich (comme le prévoyait Herzl) en raison de l'opposition de la communauté juive allemande - se tenait la Conférence de Montréal où, sur la proposition du Rabbin Isaac Meyer Wise, la personnalité la plus représentative de l'Amérique d'alors, fut votée une motion qui opposait radicalement deux lectures de la Bible, la lecture politique et tribale du sionisme, et la lecture spirituelle et universaliste des Prophètes. «Nous désapprouvons totalement toute initiative visant à la création d'un État juif. Des tentatives de ce genre mettent en évidence une conception erronée de la mission d'Israël qui, d'un champ politique et national étroit, a été étendue à la promotion, à l'humanité entière, de la religion libérale et universaliste que les Prophètes juifs furent les premiers à proclamer... Nous affirmons que l'objectif du judaïsme n'est ni politique, ni national, mais spirituel... Il vise une époque messianique où tous les hommes reconnaîtront appartenir à une seule grande communauté pour l'établissement du Royaume de Dieu sur la Terre.» (Conférence centrale des rabbins américains, Yearbook VII). D'après Rufus Learsi (Israel: A History of the Jewish People, World Publishings Co, 1966), «les plus ardents opposants étaient tous des Rabbins réformés. Les Juifs, disaient-ils, ne sont pas une nation et ne doivent pas chercher à le devenir». Malgré cette opposition constante, inspirée par l'attachement à la spiritualité juive, le sionisme israélien finit par s'imposer comme force dominante grâce à son lobbying effréné auprès des dirigeants des puissances coloniales de l'époque (principalement l'Angleterre, l'Allemagne et la Russie, puis les États-Unis).

 

Cette hégémonie du sionisme politique ne parvint pourtant pas à étouffer la critique des grands spirituels qui n'ont eu de cesse, tel Martin Buber durant toute sa vie et jusqu'à sa mort en Israël, de dénoncer la dégénérescence et même l'inversion du sionisme religieux (spirituel et universel) en sionisme politique. «Le sentiment que j'éprouvais, il y a soixante ans, lorsque je suis entré dans le mouvement sioniste, est essentiellement celui que j'éprouve aujourd'hui», déclarait-il à New York. «J'espérais que ce nationalisme ne suivrait pas le chemin des autres - commençant par une grande espérance - et se dégradant ensuite jusqu'à devenir un égoïsme sacré, osant même, comme Mussolini, se proclamer sacro egoïsmo, comme si l'égoïsme collectif pouvait être plus sacré que l'égoïsme individuel» (in Jewish Newsletter, 2 juin 1958). «Qu'est-ce que l'idée 'd'élection' d'Israël a à faire en tout cela? 'L'élection' ne désigne pas un sentiment de supériorité, mais un sens de la destinée. Ce sentiment ne naît pas d'une comparaison avec les autres, mais d'une vocation et d'une responsabilité d'accomplir une tâche que les prophètes n'ont cessé de rappeler: si vous vous vantez d'être choisis au lieu de vivre dans l'obéissance à Dieu, c'est une forfaiture...», déclarait-il lors du XIIème Congrès sioniste avant de conclure: «Nous espérions sauver le nationalisme juif de l'erreur de faire d'un peuple une idole. Nous avons échoué.» (Martin Buber, Israel and the world, Éd. Schoken, 1948). Le professeur Judas Magnes, Président de l'Université hébraïque de Jérusalem depuis 1926, considérait quant à lui que le «programme de Baltimore» de 1942 exigeant la création d'un État Juif en Palestine «conduirait à la guerre contre les Arabes». Prononçant, à la rentrée de 1946, le discours d'ouverture de cette université, il déclarait: «La nouvelle voix juive parle par la bouche des fusils... Telle est la nouvelle Torah de la terre d'Israël. Le monde a été enchaîné à la folie de la force physique. Le ciel nous garde maintenant d'enchaîner le judaïsme et le peuple d'Israël à cette folie. C'est un judaïsme païen qui a conquis une grande partie de la diaspora. Nous avions pensé, au temps du sionisme romantique, que Sion devait être rachetée par la droiture. Tous les juifs d'Amérique portent la responsabilité de cette faute, de cette mutation... même ceux qui ne sont pas d'accord avec la direction païenne, mais qui restent assis, les bras croisés. L'anesthésie du sens moral conduit à son atrophie.»

 

«Nationalisme juif sécularisé» (comme le désignent ainsi E. Benbassa et J.C. Attias dans Le Juif et l'Autre, Éd. Le Relié, 2002), le sionisme politique a donc donné naissance à une idéologie articulée sur un droit du sol et du sang à connotation religieuse, et se traduisant par un colonialisme agressif, un apartheid spécifique, voire même un racisme caractérisé. Le 10 novembre 1975, en séance plénière, l'Assemblée générale des Nations Unies adopta d'ailleurs La résolution 2279 considérant que le sionisme était une forme de racisme et de discrimination raciale - résolution qui fut abrogée en 1991, juste après la «guerre du Golfe», sous la pression des États-Unis et d'Israël. À l'époque, l'ONU avait recensé dix-sept lois israéliennes porteuses de discriminations. Et la presse israélienne regorgeait - et regorge encore - de propos xénophobes tels ceux de Menahem Barash, parlant des Palestiniens: «Cette peste déjà dénoncée dans la Bible (...). Pour nous emparer de la terre promise par Dieu à Abraham, nous devons suivre l'exemple de Josué pour conquérir la terre d'Israël et nous y installer, comme le commande la Bible (...). Il n'y a pas de place en cette terre pour d'autres peuples que celui d'Israël. Ce qui signifie que nous devons en expulser tous ceux qui y vivent (...). C'est une guerre sainte exigée par la Bible» (Journal Yediot Aharonot, 1974). Dans une tribune intitulée Au nom de judaïsme, Shulamit Aloni, députée à la Knesset et dirigeante du Mouvement pour les droits civiques, dénonçait ce racisme institutionnalisé: «Tout se passe comme si on cherchait à faire pénétrer dans l'esprit des Juifs d'Israël l'idée qu'il existe une différence qualitative et normative entre les juifs et les non-juifs... Tel est le principe qui inspire toutes les lois et réglementations de l'État en ce qui concerne la politique intérieure, le statut des personnes et des familles, les critères de citoyenneté... C'est ce principe qui dicte notre conduite à l'égard des Israéliens arabes, des Bédouins et des habitants de la Cisjordanie et de Gaza, et notre façon de répondre à leurs aspirations... Aucune utilisation, abusive ou déformée, de la loi juive, ne pourra réduire au silence ceux qui savent discerner entre la loi des prêtres et la vision de prophètes. Nous ne permettrons pas à quiconque de faire d'Israël un ghetto religieux à prétention messianique, qui bafoue les lois universelles de l'humanité et du droit international» (Yediot Aharonot, 25 juin 1978).

 

Shulamit Aloni s'alarmait à juste titre. La confusion entretenue entre sionisme et judaïsme permet, en effet, aux différents «partis religieux», ne rassemblant pourtant qu'une infime minorité de citoyens, de jouer un rôle décisif dans l'État d'Israël. Cela peut paraître paradoxal, car la majorité des Israéliens actuels se déclare agnostique ou athée. Mais, comme l'explique Nathan Weinstock (Le sionisme contre Israël, Éd. Maspéro 1969), «Si l'obscurantisme rabbinique triomphe en Israël, c'est parce que la mystique sioniste n'a de cohérence que par référence à la religion mosaïque. Supprimez les concepts de 'Peuple élu' et 'Terre promise', et le fondement du sionisme s'effondre. C'est pourquoi les partis religieux puisent paradoxalement leur force dans la complicité des sionistes agnostiques. La cohérence interne de la structure sioniste d'Israël a imposé à ses dirigeants le renforcement de l'autorité du clergé. C'est le parti social-démocrate «Mapaï», sous l'impulsion de Ben Gourion, qui a inscrit les cours de religion obligatoires aux programmes des écoles, et non les partis confessionnels». Cette identification du sionisme politique et du judaïsme a une conséquence plus grave encore... pour les Juifs eux-mêmes! Car au-delà d'Israël, les Juifs du monde entier se retrouvent prisonniers de la logique totalisante de l'État sioniste qui les considère comme citoyens israéliens en puissance.

 

Avant même la création de l'État d'Israël, les colonialistes sionistes ont exposé clairement leur objectif: «Notre slogan sera: la Palestine de David et de Salomon», disait Herzl (in Diaries). «Il doit être clair pour nous qu'il n'y a pas de place pour deux peuples dans ce pays», écrivait en 1940 Yossef Weitz, le directeur du Fonds National Juif. «Il n'y a pas d'autre moyen de les déplacer tous; il ne faut pas laisser un seul village, une seule tribu... Il faut expliquer à Roosevelt, et à tous les chefs d'États amis, que la terre d'Israël n'est pas trop petite si tous les Arabes s'en vont, et si les frontières sont un peu repoussées vers le nord, le long du Litani, et vers l'est, sur les hauteurs du Golan» (Yossef Weitz, Journal, Tel-Aviv, 1965). Cette logique militariste et expansionniste est une permanente de la politique menée par l'État israélien depuis sa création. Et ce, quels que soient les gouvernements qui se sont succédés depuis: comme l'écrivait le Professeur Leibovitz, de l'Université hébraïque de Jérusalem, «L'État d'Israël n'est pas un État qui possède une armée, mais une armée qui possède un État» (in Israël et Judaïsme, Éd Desclée de Brouwer, 1993). Dans le grand journal israélien Yediot Aharonot, du 14 juillet 1972, Yoram Ben Porath rappelait avec force l'objectif initial: «C'est le devoir des dirigeants politiques israéliens d'expliquer clairement et courageusement à l'opinion un certain nombre de faits, que le temps fait oublier. Le premier de ceux-ci c'est le fait qu'il n'y a pas de sionisme, de colonisation, d'État juif, sans l'éviction des Arabes et l'expropriation de leurs terres».

 

Dix ans plus tard, dans une lettre adressée à Pierre Vidal-Naquet et publiée par Le Monde le 8 juin 1982, le Professeur Benjamin Cohen, de l'Université de Tel-Aviv, écrivait: «Je vous écris en écoutant le transistor qui vient d'annoncer que 'nous' sommes en train d'atteindre 'notre objectif' au Liban: assurer 'la paix' aux habitants de Galilée. Ces mensonges dignes de Goebbels me rendent fou. Il est clair que cette guerre sauvage, plus barbare que toutes les précédentes, n'a rien à voir, ni avec les attentats de Londres, ni avec la sécurité de la Galilée... Des juifs victimes eux-mêmes de tant de cruautés, peuvent-ils devenir tellement cruels?... Le plus grand succès du sionisme n'est donc que ceci: la 'déjudaïsation'... des juifs. Faites, chers amis, tout ce qui est en votre pouvoir pour que les Begin et Sharon n'atteignent pas leur double objectif: la liquidation finale (expression à la mode ici ces jours-ci) des Palestiniens en tant que peuple et des Israéliens en tant qu'êtres humains.» Les massacres des réfugiés palestiniens des camps de Sabra et Chatila, perpétrés sous la protection du Général Sharon, sont encore dans toutes les mémoires. Plus récemment, en septembre 2002, un appel signé par une centaine de membres du corps académique israélien, tentait d'alerter l'opinion publique internationale en ces termes: «Nous, membres du corps académique israélien, sommes horrifiés par les préparatifs d'une agression américaine contre l'Irak et par le soutien enthousiaste des responsables politiques israéliens à ces préparatifs. Nous sommes profondément inquiets par les indications que le 'brouillard de la guerre' pourrait être utilisé par le gouvernement israélien pour commettre encore plus de crimes contre le peuple palestinien, qui pourraient aller jusqu'au nettoyage ethnique total (...). Dans une récente interview donnée au journal Ha'aretz, le chef d'État Major Moshé Ya'alon a décrit les Palestiniens comme «une manifestation cancéreuse» et a comparé les actions militaires dans les Territoires occupés à de «la chimiothérapie», laissant entendre que «des soins» plus radicaux pourraient être nécessaires. Le Premier ministre Sharon a soutenu ce «jugement réaliste». L'escalade dans la démagogie raciste concernant les Palestiniens citoyens d'Israël pourrait indiquer l'envergure des crimes qui sont probablement envisagés».

 

Cet appel alarmiste des universitaires israéliens n'est pas sans fondement. Depuis le début de la conquête de la Palestine, les dirigeants sionistes n'ont eu de cesse d'essayer de régler leur problème majeur: comment créer une majorité juive dans un pays peuplé par une communauté arabe palestinienne autochtone? Pour eux, la solution découlait de leur programme colonialiste: réaliser une colonie de peuplement en chassant les Palestiniens et en poussant à l'immigration juive. Ainsi naquit le mythe d'une «terre sans peuple pour un peuple sans terre», niant l'existence même des Palestiniens et donc leur droit légitime à constituer leur Nation. Il s'agissait, en fait, de s'emparer de leurs terres d'une façon délibéré

 

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Edward Saïd

in The Guardian - le 25 janvier 2003

traduit de l'anglais par CCIPPP

Les Etats-Unis se préparent à attaquer le monde arabe, et les Arabes sont soumis et gémissent.Quiconque ouvre le New York Times de façon quotidienne peut lire l'article le plus récent à propos des préparatifs de guerre qui occupent les Etat-Unis. Un autre bataillon, encore des transports de troupes et des croiseurs, un nombre toujours plus important d'avions, de nouveaux

contingents d'officiers sont envoyés dans le Golfe Persique. Une force énorme et délibérément intimidante est en train d'être rassemblée au-delà des mers, alors que dans notre pays les mauvaises

nouvelles sociales et économiques se multiplient de façon implacable.L'immense machine capitaliste parait vaciller et semble même mettre à bout la majorité des citoyens. Et pourtant George Bush

propose une nouvelle et importante réduction d'impôt pour le 1% le plus riche de la population.Le

système public d'éducation est en crise et une assurance sociale n'existe tout simplement pas pour 50 millions d'Américains. Israël demande pour 15 billions de dollars de nouvelles garanties de prêt et

d'aide militaire. Et les taux de chômage aux Etats-Unis augmentent de façon inexorable en même

temps que chaque jour des emplois sont perdus. Les préparatifs pour une guerre incroyablement

coûteuse se poursuivent néanmoins, sans approbation publique et, au moins jusqu'à très récemment,

avec une évidente désapprobation. Une indifférence générale de la majorité de la population (qui peut dissimuler une grande crainte, de l'ignorance ou de l'appréhension) a accueilli le bellicisme de

l'administration [Bush,N.d.T] et son curieux manque de réponse au défi manifesté par la corée du

Nord. Dans le cas de l'Iraq, où il n'y a pas d'armes de destruction massive dont on puisse parler, les Etats-Unis planifie une guerre ; dans le cas de la Corée du Nord, ils offrent aide économique et

énergétique. Quelle humiliation dans la différence entre le traitement imposé aux Arabes et

le respect manifesté face à la Corée du Nord, une dictature aussi sombre et cruelle.Dans les mondes arabe et musulman, la situation apparait plus singulière. La plupart des politiciens américains, des experts, des officiels de l'administration et des journalistes ont répété les poncifs devenus des

standards très éloignés de la réalité de l'Islam et du monde arabe. Une bonne part de ces poncifs a précédé le 11 septembre. Au cour unanime d'aujourd'hui s'est ajouté le rapport des Nations Unies

concernant le développement social du monde Arabe, rapport certifiant que les Arabes sont

dramatiquement à la traîne du reste du monde en ce qui concerne la démocratie, la connaissance et les droits des femmes. Chacun sait (avec bien évidemment quelque justification) que l'Islam demande une réforme et que le système éducatif dans le monde Arabe est un désastre - de fait, une école pour fanatiques religieux et  bombes humaines [suicide bombers - N.d.T] fondée non seulement par

des imams ayant perdu la raison et leurs riches adeptes (tel Oussama Ben Laden) mais aussi par des

gouvernements considérés comme des alliés des Etats-Unis. Les seuls " bons " Arabes sont ceux qui occupent les médias et dénigrent sans aucune réserve la culture et la société arabe d'aujourd'hui.

Rappelons-nous la répétitivité de leurs condamnations, avec rien à dire de positif sur eux-mêmes, ni sur leur peuple ni sur leur langue ; ils ne font que recracher les éternelles et fatigantes formules

américaines que l'on trouve sur les ondes ou les pages imprimées. Nous manquons de démocratie, disent-ils ; nous n'avons pas assez mis en cause l'Islam, nous devons faire plus pour nous débarasser du spectre du nationalisme arabe et du credo de l'unité arabe. Tous ceci ne serait que détritus idélogiques et sans aucun crédit. Tout ce que nous disons avec nos instructeurs américains à propos des Arabes et de l'Islam - des clichés orientalistes recyclés et imprécis, répétés à satiété par des médiocrités du type de Bernard Lewis - sont exacts, insistent-ils. Le reste ne serait pas assez réaliste ou pragmatique. «  Nous " avons besoin d'accéder à la modernité - modernité signifiant de fait que nous soyons occidentalisés, globalisés, avec un marché libre et une démocratie, quoi que ces mots puissent signifier. Il pourait y avoir un essai de rédigé sur la prose de grands diplômés tels Fuad Ajami, Fawwaz Gerges, Kanan Makiya, Shibli Talhami, Mamoon Fandy, et sur les relents de

servilité contenus dans leur langage, l'inauthenticité et la répétition guindée et désespérée de ce qui leur est imposé. Le choc des civilisations, que George Bush et ses esclaves tentent de

promouvoir afin de justifier une guerre préventive pour le pétrole et leurs vues hégémoniques sur l'Irak, est supposé aboutir à la construction triomphale d'une nation démocratique, au changement

de régime et à une modernisation forcée à l'américaine. Qu'importent les bombes et les ravages produits par les sanctions jamais mentionnées. Il s'agira d'une guerre purificatrice dont les buts sont de chasser Saddam et ses sbires et de les remplacer tout en redessinant la carte de toute la région. Nouveau Sykes Picot. Nouveau Balfour. Nouveaux 14 points de Wilson. Monde tout à fait nouveau. Nous sommes appelés par les Irakiens dissidents, et les Irakiens fêteront leur libération et oublieront

peut-être leurs souffrances passées. Peut-être .Pendant ce temps, la destruction des âmes et des

corps se poursuit en Palestine, empirant à chaque instant. Il ne semble pas y avoir de force

capable de stopper Ariel Sharon et son ministre de la défense, Shaul Mofaz, lesquels meuglent leur défi au monde entier. Nous interdisons, nous punissons, nous bannissons, nous brisons, nous

détruisons. Le torrent d'une violence sans frein s'abat sur une population entière. Au moment où j'écris ces lignes, j'ai reçu une information selon laquelle le village d'Al-Daba' dans le district de Qalqilya

(Cisjordanie) est sur le point d'être rayé de la carte par les bulldozers israéliens (fabriqués aux

Etats-Unis) de 60 tonnes : 250 Palestiniens perdront leurs 42 maisons, 700 dunums de terre agricole, une mosquée et une école élémentaire pour 132 enfants. Les Nations Unies restent passives,

contemplant comment à chaque heure sont transgressées ses résolutions. Hélas, George Bush s'identifie à Ariel Sharon, et non pas au jeune Palestinien de 16 ans utilisé comme bouclier humain par les soldats israéliens.Pendant ce temps, l'Autorité Palestinienne propose un retour aux pourparlers de paix, et probablement à Oslo. Bien qu'ayant été floué pendant 10 ans, Arafat paraît inexplicablement vouloir y revenir. Ses fidèles lieutenants produisent des déclarations et écrivent des contributions ans la presse, suggérant leur bonne volonté à accepter quelque chose que ce soit. De façon tout à fait

remarquable, la grande masse de ce peuple héroïque paraît vouloir aller de l'avant, sans paix et

sans répit, saignant, affamé, mourant jour après jour. Leur confiance en la justesse de leur cause et leur dignité leur interdisent de se soumettre honteusement à Israël comme l'ont fait leurs sponsables. Que peut-il y avoir de plus décourageant pour l'habitant de Gaza qui résiste à l'occupation israélienne, que de voir ses dirigeants jouant les suppliants à genoux devant les Américains ? Dans ce panorama de désolation, ce qui saute aux yeux est la totale passivité et l'impuissance de tout le monde Arabe. Le gouvernement américain et ses valets, déclaration après déclaration, affichent leurs objectifs, éplacent des troupes et du matériel, transportent des tanks et des contre-torpilleurs, et les Arabes, individuellement et collectivement peuvent à peine, en rassemblant leur courage, manifester un faible refus. Au mieux ils disent : " Non, vous ne pouvez pas utiliser nos bases militaires sur notre territoire ", pour se déjuger quelques jours plus tard. Pourquoi un tel silence et une impuissance aussi stupéfiante ? La puissance dominante dans le monde est en train de préparer une guerre contre un pays Arabe souverain actuellement gouverné par un régime épouvantable, avec pour objectif non seulement de détruire le régime du Ba'ath mais aussi de refaire la carte de tout le monde Arabe, en changeant

peut-être d'autres régimes et d'autres frontières dans la foulée. Personne ne pourra se mettre

à l'abri d'un tel cataclysme s'il se produit. Et nous n'avons droit qu'à un long silence suivi de quelques bêlements polis en guise de réponse. Des millions de personnes vont être affectées, et l'Amérique

planifie leur futur avec mépris et sans les consulter. Est-ce que nous méritons un tel mépris raciste ?

Ceci n'est pas seulement inacceptable mais aussi impossible à croire.Comment une région de 300 millions d'individus peut-elle attendre passivement les coups à venir sans pousser un hurlement collectif de résistance ? Le monde Arabe s'est-il dissout ? Même un prisonnier sur le point d'être exécuté prononce en général quelques mots. Pourquoi n'y a-t-il pas à présent une ultime déclaration pour toute une région historique, pour une civilisation sur le point dêtre bousculée et totalement transformée, pour une société qui malgré ses inconvénients et ses faiblesses, fonctionne ?

Des enfants Arabes naissent tous les jours, d'autres enfants vont à l'école, des hommes et des emmes se marient, travaillent, ont des enfants ,ils jouent, et rient, et mangent, ils sont tristes, ils

souffrent de maladie et de mort. Il y a de l'amour et de la compagnie, de l'amitié et de l'enthousiasme. Oui, les Arabes sont réprimés et mal gouvernés, terriblement mal gouvernés, mais ils s'adaptent malgré tout dans leur travail et dans leur vie. C'est une réalité ignorée des dirigeants arabes et des Etats-Unis lorsqu'ils gesticulent à destination d'une soit-disante « rue Arabe" [Arabe street - N.d.T], concept inventé par de médiocres orientalistes. Qui traite aujourd'hui des questions existentielles qui se posent à propos du futur de notre peuple ? La tâche ne peut pas dépendre d'une cacophonie de religieux fanatiques ni de moutons fatalistes et soumis. Mais il semble que ce soit malgré tout le cas. Les gouvernements Arabes - non, la plupart des pays Arabes - se reculent dans leurs sièges et attendent, tandis que l'Amérique prend des poses, met en garde et menace,

tout en alignant plus de bateaux, de soldats et de F-16 avant de porter ses coups. Le silence

est assourdissant.Des années de sacrifices et de luttes, d'os brisés dans des centaines de

prisons et chambres de tortures de l'Atlantique jusqu'au Golfe, des familles détruites, de la pauvreté et de la souffrance sans fin. Des armées énormes et chères. Et tout cela pour quoi ?

Ce n'est pas une question de parti, d'idéologie ou de faction : c'est une question que le grand théologien Paul Tillich nommait le sérieux ultime ultimate seriousness, N.d.T]. La technonologie, la

modernisation et une inévitable globalisation ne constituent pas une réponse face à ce qui

nous menace maintenant. Nous avons dans notre tradition une part complète de discours séculaire et religieux traitant de début et de fin, de vie et de mort, d'amour et de colère, de société et d'histoire. Mais aucune voix,aucun individu disposant d'une large vision et d'une autorité morale

parait capable d'y puiser et de porter cela à l'attention. Nous sommes à la veille d'une catastrophe et nos dirigeants politiques, moraux et religieux font de timides mises en garde et, tout en se dissimulant derrière des chuchotements, des clins d'oeil de connivence et des portes fermées, ils font des plans sur les moyens d'échapper à la tempête. Ils réfléchissent à leur survie et peut-être à la

providence. Mais qui est en charge du présent, de ce qui est matériel, de la terre, de l'eau, de l'air et des vies qui dépendent des uns et des autres ? Personne ne parait avoir cette responsabilité.

Il y a une expression magnifique qui exprime de façon précise et ironique notre inacceptable impuissance, notre passivité et notre incapacité à nous aider les uns les autres alors que notre force serait requise. Cette expression est : la dernière personne à sortir peut-elle éteindre les lumières ?

Nous sommes à la veille d'un bouleversement qui laissera peu de chose debout et qui angereusement laissera même peu de chose dont on puisse se souvenir, excepté la dernière injonction pour faire disparaître la lumière.

Le temps n'est-il pas venu d'affirmer une sincère alternative pour le monde Arabe, face aux ravages sur le point d'engloutir notre société ? Il ne s'agit pas d'invoquer uniquement un changement de

régime, et Dieu sait comme nous savons le faire. En tout cas cela ne peut être un retour à Oslo

qui serait une nouvelle supplication à Israël d'accepter notre existence et de nous laisser vivre en paix, ou autrement dit une autre incitation servile et rampante à la pitié. Personne ne viendra donc

se mettre en pleine lumière pour refléter une vision de notre futur qui ne soit pas basée sur un scénario écrit par Donal Rumsfeld et paul Wolfowitz, ces deux symboles de nullité du pouvoir et d'arrogance incontinente ? J'espère que quelqu'un m'entend ...

Edward Saïd

 

 

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17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 19:58
Panique sur les marchés financiers




Sur le forum d'ELKHADRA



http://elkhadra.aceboard.fr/271939-7119-1991-0-Panique-marches-financiers.htm




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Sindabad

Jim Cramer panique en direct sur NBC, Bear Stearns a déclenché « l’Armagedon »
9 août 2007 - 17:38

8 Août 2007 (Nouvelle Solidarité) - Interrogé sur la crise du jour de Bear Stearns, le prévisionniste financier américain très populaire Jim Cramer, lui-même ancien de Goldman Sachs et Bear Stearns, s’est livré le 3 août à un sérieux « coup de gueule » pendant son émission « Mad Money with Jim Cramer » sur la chaîne CNBC.

Combinant coup de théâtre et véritable inquiétude, Cramer hurlait à pleins poumons que le président de la Réserve Fédérale Bernanke devrait « ouvrir d’urgence le guichet des liquidités » (...) « Bernanke n’a pas la moindre idée de combien la situation est mauvaise, pas la moindre idée, pas la moindre idée ! J’ai parlé avec les dirigeants de chacune de ces firmes ces dernières 72 heures. Les gens que je connais sont dans ce business depuis 25 ans, et ils vont perdre leur boulot, les boites vont disjoncter et déposer le bilan. » (...) « Ceci est un marché d’une autre sorte, et la Réserve Fédérale est endormie. Ils ont perdu la tête. Ils ne savent rien. Ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’il se passe dans le secteur. Il y a 14 millions de personnes qui ont hypothéqué leurs maisons depuis 3 ans. Sept millions de ceux-là sont des contrats à taux variables. Ils vont perdre leurs maisons. Ils sont fous. Moi, j’ai travaillé sur les marchés à rendement fixe chez Goldman Sachs. Ce n’est pas le moment d’afficher de la satisfaction. »

Quand on lui demande si la baisse des taux qu’il réclame ne provoquerait pas un Armagedon, Cramer répondit : « On a [déjà] un Armagedon sur les marchés à rendement fixe »

L’entretien en anglais est actuellement accessible sur YouTube http://fr.youtube.com/watch ?v=SWksEJQEYVU

*Armagedon est, selon le livre de l’Apocalypse (chap. 16, verset 16), la « bataille finale » entre le bien et le mal.

Source : http://www.solidariteetprogres.org/spip/sp_article-breve.php3?id_article=3189

*
La BCE craint que les « subprime » fassent plonger les banques européennes et injecte 95 milliards d’euros sur les marchés
9 août 2007 - 18:50

9 août 2007 (Nouvelle Solidarité) - Alors que tout le monde sur les marchés financiers a peur de la contamination des banques françaises et européennes par l’effondrement des « subprime » américain, la Banque Centrale Européenne a annoncé cet après-midi qu’elle injectait 94,8 milliards d’euros de flux monétaires sur les marchés afin de « compenser des mouvements inattendus sur le marché liés à la crise du crédit à risques [le fameux « subprime »] » rapporte l’AFP.

Cette intervention de la BCE est un record, car si elle avait déjà recouru à ce type d’injection d’urgence, la BCE n’avait jamais injectée une telle somme. Le 12 septembre 2001 elle avait injectée 69 milliards d’euros, puis 40 milliards le 13 septembre. Est-ce que la BCE redoute un 11 septembre financier ? Lors d’un point presse, la BCE a adressée un message aux analystes financiers, déclarant que l’injection visait à « assurer des conditions normales sur le marché ». La dévotion interventionniste de l’ « indépendante » BCE pour renflouer le système financier en pleine désintégration rappelle qu’il est temps que cette institution, tout comme le système financier, soit placée sous l’autorité des Etats, afin que l’argent soit émis en faveur de la production et du long terme plutôt que dans une spéculation à la vue courte et à la fin proche.

Au moment ou la BCE faisait son annonce, le CAC 40 perdait 3,12 %, un record depuis les echos du mini krach de la bourse de Shangaï le 27 février dernier. Les marchés ont manifesté leurs inquiétude tout au long de la journée, notamment depuis que BNP Paribas a annoncé la suspension de 3 de ses fonds liés au marché immobilier américain. Non seulement la valeur boursière de BNP a perdu -3,70 % à la clôture, mais ses homologues ont aussi fait les frais des craintes liées au « subprime ». Crédit Agricole a perdu -4,59 %, Société Générale -4,83 %, Natixis - 4,97 %, Dexia - 5,08 % et AXA -3,56 %.

La décision de la BCE, a commenté Jacques Cheminade, est un aveu. Le système financier et monétaire international se désintègre. Ce n’est pas du crédit pour le doper qu’il faut émettre, mais de système qu’il faut changer, a-t-il dit.
*
Les banques centrales cernées par la crise, 155 milliards de dollars injectés en un jour
10 août 2007 - 08:04

9 août 2007 (LPAC) - Ces deux dernier jours, les banquiers centraux ont ouvert les vannes du crédit pas cher pour banques en péril, contredisant complètement leur politique de non interventionnisme pourtant réaffirmée pas plus tard que mardi dernier, le 7 août. Par ce retournement, ils ont montré qu’ils considèrent la crise de l’ensemble du système bancaire comme un menace imminente. Lyndon LaRouche a dit jeudi matin « C’est la crise dont je parlais dans ma déclaration de la semaine dernière. Ca n’a pas changé. Ce qui s’est passé, c’est que la crise est devenue bien plus grave en quelques jours, si bien que les banquiers centraux ont dû revenir sur leur position. Cette crise les écrase. »

 Côté américain, Bloomberg rapporte que la Réserve Fédérale a injecté aujourd’hui, 24 milliards de dollars (18 milliards d’euros) de réserves temporaires dans le système bancaire des Etats-Unis.

 Un peu plus tôt en Europe, alors que toutes les transactions interbanques étaient suspendues pendant quelques heures, la Banque Centrale Européenne a convoqué une réunion d’urgence sur la crise aigu des marchés de crédit et a décidé de fournir aux 49 banques qui l’avait demandé, une ligne de crédit extraordinaire de 95 milliards d’euros. Une source des milieux bancaires français a dit que la BCE a eu la main forcée par « une demande intense [d’argent pour couvrir des pertes] venant des Etats-Unis. » Comme pour la Réserve Fédérale, c’est un renversement spectaculaire de politique, qui voulait que rien ne soit fait contre l’assèchement mondial des liquidités.

 D’après différentes agences de presses, la Banque Nationale Suisse avait déjà changé sa politique mercredi, en fournissant les banques suisses en argent supplémentaire.

 Bien que Goldman Sachs le nie, de nombreuses sources affirment que son fonds Global Alpha gérant 9 milliards de dollars, avait été liquidé. D’autres rumeurs du même genre concernent le hedge fund D.E. Shaw, qui gère 19 milliards d’actifs.

Mardi dernier, la BCE avait déjà donné son feu vert pour un crédit temporaire de l’ordre de 292,5 milliards d’euros. En comptant les disponibilités d’avant mardi, la BCE aurait désormais injectée 440 milliards d’euros dans le système bancaire.

Charles Diebel, chef de la stratégie pour les taux européens chez Normura International a écrit au sujet de l’intervention de la BCE « Personne ne connaît vraiment l’ampleur réelle des problèmes actuels. Ceci ébranle la confiance en le système, d’où la réaction de ce matin. » Ina Steinke, agent sur les marchés monétaires pour NordLB à Hanovre a dit que « Chaque banque est désormais suspecte, donc personne ne veut plus prêter d’argent à personne. »

Le cabinet d’analyse financière High Frequency Economics écrit « S’il se trouve que les banques sont constamment anxieuses à l’idée de se prêter de l’argent les unes aux autres - c’est le scénario noir - imaginez ce qu’elles ressentiraient à l’idée de vous prêter ou de me prêter, ou de prêter à des entreprises n’ayant pas des notations favorables (...) ou aux hedge funds. Faites y attention. Soit il s’agit d’une fausse alerte, soit d’un moment pivot dans l’histoire », comme le rapportait le Wall Street Journal.
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 saïd

- 4% ce matin sur toutes les bourses.
- Les banques centrales européennes ont  injecté en soutien de leurs économies, environ 170 milliards  d'euros.
-Les banques US 50 milliards de dollars.
Début de panique???

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 Sindabad

11 août 2007 (LPAC) - Selon le journal britannique The Guardian du samedi 11 août, les banques centrales du monde ont injecté 323 milliards de dollars dans le système monétaire et financier entre jeudi et vendredi.

Les Unes criardes de la presse britannique affichent : « Les banques centrales injectent des milliards - mais la débandade globale continue », dans The Guardian ; « La city frappée par la plus grande crise depuis une décennie », dans The Daily Telegraph ; « Les marchés mondiaux sont sous la pression de la crise du crédit », et « Les hypothèques mortes créent une panique globale », dans The Times.

Le marché des titres de Londres a reçu un coup ce vendredi, avec l’indice FTSE 100 chutant de 3,7 %, désintégrant environ 64 milliards de livres sterling chez les principales actions (95 milliards d’euros). A comparer avec les -10,84 % d’octobre 1987 et -5,72 % du 11 septembre 2001. Les compagnies de courtage, les actionnaires de hedge funds et les banques ont été durement touchés. Les grands perdants comprenaient Man Group, avec -9 % ; le prêteur d’hypothèque Northern Rock, avec -9,6 % ; Lonim, avec -7 % ; BHP Billiton, avec -6,7 % ; Barclays Bank, avec -6,4 %, évaporant 3 milliards de livres sterling de sa valeur sur le marché.

Le FTSE s’est effondré de 232,9 points pour se retrouver à 6038,3, proussant un « trader » à déclarer, « C’est absolument sans précédent. Dans les 15 dernières minutes, on a perdu 50 points. Ca me mets sérieusement les boules, je ne veux plus être là-dedans, j’ai peur », selon le Daily Telegraph d’aujourd’hui.

Pendant ce temps la Banque d’Angleterre a fait profil bas, sans rien dire à propos d’injection d’argent. Elle n’a pas à prendre de décision, selon The Guardian, parce qu’elle a crée un nouveau système d’argent sur le marché, fournissant un établissement de crédit standard illimité et permanent, disponible pour les banques commerciales, qui peuvent s’y alimenter si elles le souhaitent. Le taux est à 6,75 %, un point de pourcentage plus haut que le taux courant. Mais l’on ne sait pas s’il a déjà été utilisé, puisque aucune annonce ne doit être formulée.

Le premier ministre Gordon Brown, Chancelier de l’échiquier seulement depuis le mois dernier, est cité tenant ces propos : « Il y aura toujours des problèmes sur les marchés et bien entendu, nous ne pouvons pas nous protéger des évènements se produisant dans toutes les parties du monde. Je pense que le message important au sujet de l’économie britannique est que nous avons fait tout ce qui est en notre pouvoir et continuerons de procéder ainsi pour maintenir la stabilité de l’économie. »

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naoufel

Où la “correction“ prend des airs de krach
A l'heure où ceci est écrit, la baisse du CAC 40 est d'environ 16,5 % (5.264 points à 13h58) depuis un plus haut (6.150 points) atteint le 13 juillet dernier.

Voici deux semaines, Boursorama interrogeait ses lecteurs sur la valeur prochaine du CAC 40 (alors situé vers 5.600 points). Plus de 52% des internautes affirmaient croire en une hausse et seulement 26% voyaient le CAC 40 descendre vers 5.400 points. Il est donc maintenant sous les 5.300 points. Et avec lui, toutes les Bourses mondiales chutent lourdement.

Changement de perspective : Boursorama interroge ces jours-ci les internautes sur l'impact possible de la crise des prêts immobiliers aux Etats-Unis. Cette fois, la réponse est différente : si 41,4 % des quelque 59.000 réponses reste optimiste (“c'est le moment de réinvestir à long terme“, 23,9% et “il ne faut pas dramatiser, pas d'impact durable et profond“, 17,5 %), 51,6% des réponses et pessimiste (“l'incertitude va perdurer“, 22,6 % et “on n'a encore rien vu, le pire est à venir“, 30,5 %).

Il semble bien, malgré les déclarations rassurantes de quelques spécialistes, en général non-neutres car professionnellement engagés dans les circuits financiers, que la crise prenne de l'ampleur et que des premiers mouvements de panique se fassent jour, comme l'indiquait, ce matin, la baisse des Bourses asiatiques (la plus forte en trois ans) et, notamment, la chute de  7% de la Bourse de Séoul.

A ce stade, la psychologie -souvent moutonnière- des investisseurs est atteinte. Sauve qui peut et sauve que peut. La confiance, jusqu'ici auto-entretenue par l'ensemble du système (investisseurs, courtiers, banques, sociétés de notation, etc), pour des raisons contestables, s'est évanouie.

Elle reviendra, un jour ou l'autre, pour d'aussi bonnes ou mauvaises raisons qu'elle est partie. En attendant, toute mauvaise nouvelle économique ou financière -qu'elle touche à l'immobilier ou à un autre secteur- est susceptible de nourrir la baisse.

Or les mauvaises nouvelles risquent de ne pas manquer dans les jours et les mois qui viennent :

• depuis la baisse des permis de construire aux Etats-Unis, jusqu'à la mauvaise saison annoncée sur le front des cyclones dans les Caraïbes (qui peuvent mettre en danger l'exploitation pétrolière off-shore et pousser à l'augmentation du baril);

• depuis la fragilité des hedge funds que la crise du crédit immobilier a masqué ces dernières semaines, jusqu'à la baisse de la consommation aux Etats-Unis et ailleurs, qui entrainerait une baisse de la croissance, voire une récession ;

• depuis la baisse tendentielle du dollar, jusqu'à des troubles sociaux en Chine...

La liste est encore longue et promet une arrière-saison chaude, après un été pourri.

                                                                                            *
http://carnetsdenuit.typepad.com/carnets_de_nuit/images/2007/08/10/crunch_happens.jpg

160.000 milliards de dollars

Crunch_happens 160.000 milliards de dollars [115.976 milliards d'euros], soit trois fois le PIB de la planète, c'est, selon Le Monde daté du 8 août, la somme actuellement représentée par les actifs financiers .  

Si les détenteurs de ces sommes, largement virtuelles, avaient, par manque de confiance, la curieuse idée d'exiger d'un coup la transformation d'1% de cette somme (1.159 milliards d'Euros) en argent sonnant et trébuchant, les injections de liquidités de la BCE (155,85 Milliards d'Euros entre hier et aujourd'hui), de la Fed (17, 5 milliards d'euros, hier) et de la Banque Centrale du Japon (1.000 milliard de yens, soit 6,2 milliards d'euros, ce matin) seraient loin d'y suffire. Confiaaaance...

                                                                                          *
http://carnetsdenuit.typepad.com/carnets_de_nuit/images/2007/08/09/shanghai_pudong_web.jpg

Et si les chinois cessaient de financer l'Amérique ?

Shanghai_pudong_web On l'a dit ici, là ou là, à plusieurs reprises, l'une des menaces majeures qui pèsent sur la finance mondiale et, au-delà, sur l'économie-monde, réside dans le double déficit abyssal -commercial et public- des Etats-Unis.

Le train de vie américain (celui des ménages, mais également celui de l'Etat Fédéral et, notamment, de ses dépenses militaires) est financé par le reste du monde et, notamment, par les pays pétroliers, le Japon et la Chine.

La question lancinante qui revient est simple : que se passera-t-il le jour où les créanciers de l'Amérique, pour des raisons diverses (idéologiques, géo-politiques, financières ou économiques),  décideront ou devront  rapatrier leurs avoirs, aujourd'hui largement investis en bons du trésor américain ?

Cette question n'est pas seulement théorique : à preuve, la Chine, deuxième créancier de l'Amérique après le Japon, détenait, en mai dernier, 407,4 milliards de dollars en bons du Trésor Américain.

Depuis deux ans, la Chine a fait évoluer sa politique d'investissements. De plus en plus, elle diversifie les investissements rendus possibles par ses colossales réserves commerciales, par l'acquisition de concessions minières en Afrique ou celle de participations dans le capital de sociétés internationales. Au point que les américains s'en inquiètent.

Xia Bin, le responsable financier du Centre de recherche sur le développement, a affirmé voici quelques jours au Daily Telegraph que les réserves étrangères de la Chine devraient être utilisées comme un "pion de marchandage".

He Fan, un responsable de l'Académie chinoise des sciences sociales, a affirmé que Pékin avait la capacité de provoquer une chute du dollar s'il le voulait.

Aussitôt, Le président George W. Bush et son secrétaire au Trésor Henry Paulson ont mis en garde [hier] la Chine contre toute vente de titres américains, qui serait "téméraire" et "absurde".

"Il serait téméraire de leur part d'agir ainsi", a affirmé M. Bush dans une interview sur la chaîne de télévision Fox News. A la question de savoir si cela affecterait la Chine plus que les Etats-Unis, M. Bush a répondu : "absolument, c'est ce que je pense".

Pour sa part M. Paulson a estimé qu'il s'agissait d'une idée "absurde".

Téméraire, c'est sûr : si la Chine met à mal les Etats-Unis, son principal client, elle met en danger sa croissance, fondée sur la fabrication de produits destinés à l'exportation.

Absurde ? C'est beaucoup moins sûr si, par exemple, elle décide de consacrer une part plus importante de son activité à la consommation intérieure.

 
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 Sindabad

Ce qui s'est passé sur les marchés financiers est bien expliqué dans le post 'T'as pas cent balles ou la mécanique du credit-crunch'. Il y a cependant une question qui vient en tête : cette situation est-elle si imprévisible pour les architectes de cette construction et pour la fed(réserve fédérale américaine)?

La réponse est évidemment : pas du tout. Les 'architectes financiers', comme Greenspan, connaissaient pertinemment les risques liés à cette construction. Alors une autre question s'impose d'elle-même : pourquoi l'ont-ils mise en place ?

Tout simplement parce que le système est en faillite et qu'il ne savent plus comment créer de la vraie croissance, de la vraie richesse pour le sauver. Ils se rabattent alors sur une croissance d'emprunt parce qu'ils n'ont rien d'autre, et face à la recession tout est bon à prendre. Ce que nous voyons se produire actuellement sur les marchés financiers n'est qu'une des phases de l'effondrement définitif, phases qui iront en s'accélérant au fur à mesure que les piliers successifs seront ébranlés. L'effondrement a commencé il y a longtemps. Nous assistons maintenant à la fin de la fin.

En remplaçant Greenspan à la fed, Bernanke avait déclaré, il y a plus d'un an,  pour rassurer les marchés : 'S'il le faut nous jeterons l'argent par les hélicoptères'. Cette déclaration est tout à fait révélatrice sur la psychologie et l'état réel des marchés et de l'économie, pour que Bernanke la fasse.

Il y a exactement 3 ans, en août 2004, j'écrivais sur le net : 'l'effondrement en cours se mesure désormais en années et non plus en décennies'. Le système ne peut boucler la décennie, le cap 2014 ne sera pas atteint contrairement à ce qu'affirment  les  'experts' qui font des prévisions et veulent nous donner une idée sur la situation en 2030. Ce qui prouve la valeur réel de ces soi-disant 'experts' sortis des temples de l'ignorance et de la tromperie que sont devenues les universités qui , elles aussi, ne peuvent échapper à l'effondrement de toutes les institutions humaines.
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 naoufel

http://carnetsdenuit.typepad.com/carnets_de_nuit/images/2007/08/10/price_reduced.jpg



T'as pas cent balles ou la mécanique du credit-crunch
Price_reduced Tu as besoin d'argent. Tu viens me trouver et tu me dis que tu veux m'emprunter cent balles pour acheter un appartement.

Mes conditions sont simples : tu me rembourses dix balles tous les ans pendant vingt ans, tu prends une assurance qui prendra ton relai dans les remboursements s'il t'arrive un pépin et, en sur-garantie, tu me donnes une hypothèque sur l'appartement que tu achètes avec l'argent que je te prête.

Le prix des apartements monte en flèche, l'appartement que tu achètes cent balles vaudra sans doute deux cent balles dans deux ou trois ans. C'est bon pour toi. C'est bon pour moi : si tu t'enrichis, tu seras un meilleur client pour moi, si ça tourne mal, la garantie que tu me donnes me permettra de faire un sur-bénéfice.

Car de mon côté, je n'ai pas cet argent, mais mon métier de banquier est de savoir en trouver à moins cher que ce que je te prête. Pendant que tu me rembourseras dix balles par an pendant ving ans, je rembourserai huit balles par an à ceux qui m'ont prêté les cent balles nécessaires à l'opération. La différence paiera mes frais et mon profit.

Je te connais, tu es jeune, tu as un bon job, tu gagnes quarante balles par an. Je te fais confiance. Je te prête donc cent balles, je range ta garantie au coffre-fort. Avec les garanties que tu me donnes, je peux dormir tranquille, l'affaire est réglée en deux coups de cueiller à pot. Jusque là tout va bien.

Manque de pot, ton perds ton job au bout de deux ans ou, variante, tu as emprunté à taux variable et ces idiots de taux se mettent à grimper. Dans les deux cas, qui peuvent d'ailleurs se cumuler, tu ne peux plus me rembourser chaque mois. Dans un premier temps, c'est pas grave pour moi, j'ai prêté à cent mecs comme toi. Je ferai jouer ton assurance, si ça ne suffit pas, je puiserai un peu sur mes frais et sur mes profits. Si ça se prolonge vraiment, je ferai jouer ma garantie, je prendrai ton appartement, et je le revendrai. Avec une bonne chance de plus-value.
Mais voila, les emmerdes n'arrivent jamais seules. Voila que trente ou quarante des mecs à qui j'ai prêté cent balles perdent leur job, tombent malades, font faillite, bref, ne peuvent plus me rembourser.

Pour pouvoir rembourser mon propre prêteur, il faut que je revende quelques-uns des appartements. Le premier se vend très bien, avec une sacrée plus-value. Mais ça ne suffit pas. J'en remets dix autres, d'un coup, sur le marché. Là, la moitié me reste sur les bras. Mon prêteur s'énerve. Il faut que je vende “à tout prix“. Donc je dis à mon agent qu'il peut réduire le prix.

Quand les clients potentiels voient que ça baisse, ils rechigent à acheter, font traîner. D'autant que leurs propres banquiers, qui sont dans la même situation que moi, sont réticents à prêter de l'argent, qu'il commencent à avoir du mal à rembourser eux-mêmes.

Pour faire face à mes engagements, je revends d'autres trucs : des actions pétrolières, des obligations d'Etat. Mais plus j'essaie de vendre, plus les prix baissent et moins il y a d'acheteurs.

J'appelle mes confrères. Leur moral n'est pas terrible. En fait, ils perdent confiance. Ils sont tous vendeurs. Et il n'y a plus d'acheteurs. Tout le monde veut garder ou récupérer ses sous. Du coup, l'argent devient rare, comme on dit : les banquiers, qui ne voulaient plus prêter pour des opérations immobilières, commencent à faire la sourde oreille pour prêter aux entreprises.
La crise s'étend. Invisible d'abord. De pays en pays. De secteur en secteur. Les banques centrales jugent alors urgent d'injecter des liquidités dans le système, pour rendre l'argent moins rare. Au risque de réveiller l'inflation. Cela suffira-t-il à rétablir la confiance ?

On en est là...
ps: merci à José
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17 août 2007 5 17 /08 /août /2007 09:10
Le poids des Arabes aux USA
En avril dernier, près de 900 personnalités, un véritable Who’s Who des Américains d’origine arabe en plus de nombreux invités illustres, ont assisté, dans un magnifique hôtel à Washington DC, au prestigieux gala annuel du prix Khalil Gibran, Esprit de l’humanité.

Le prix, décerné par la fondation de l’Arab-American Institut (AAI) depuis 1999, contribue à la promotion de la diversité et l’interaction culturelle. Il symbolise aussi les valeurs démocratiques et humanitaires au-delà des barrières identitaires et auxquelles est attachée la communauté d’origine arabe établie aux Etats-Unis d’Amérique. L’auteur du Prophète était connu ici pour sa fierté identitaire et son respect envers la liberté qu’il trouva en Amérique. A présent, la génération d’immigrés et de fils d’immigrés venus du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et des autres contrées arabes, renouvelle son attachement à ces principes tout en faisant face aux défis imposés par la conjoncture. Aéroport JFK, New York City, 18h. Sitôt débarrassé des formalités trop sévères, voire inhumaines, pour fouler le sol américain, on saute dans le premier taxi en direction du East Queens où se trouve l’aéroport Laguardia. Premier coup d’œil à l’intérieur du Cab, notre attention est attirée par un CD qui pend au bout d’une chaîne enroulée autour du rétroviseur et sur lequel est gravée Ayat El Koursi. Etes-vous musulman ? Sans sourciller, notre chauffeur au teint afro-américain, pour reprendre l’euphémisme usuel pour désigner ici les Noirs, répond prestement : « Alhamdoul’lah. » La discussion s’engage, et dès que notre nationalité algérienne est déclinée, il réagit en prononçant une phrase en arabe maghrébin parfait et quelques mots en français. Notre chauffeur s’appelle Oumar et vient de Mauritanie. Rien d’étonnant à cela, c’est l’Amérique et New York a été, depuis les premières vagues d’immigrants arabes, la porte d’entrée au Nouveau monde. La diversité ethnique de ce pays est une réalité et la présence des Arabes est plus importante qu’on puisse le croire et peut même étonner parfois, à voir leur concentration dans certaines régions. Au New Brunswick, dans l’Etat du New Jersey, 90% des employés chauffeurs de la compagnie locale de taxi sont d’origine égyptienne.

L’Arabe est-il soluble dans le rêve américain ?

On compte plus de trois millions et demi d’Arabes aux USA, et plus de 80% sont des citoyens américains natifs qui jurent leur loyauté à la bannière étoilée. Comment vivent-ils et comment assument-ils leur américanité ? Quel est le degré de leur intégration et leur impact sur la vie politique et sociale de l’Amérique d’aujourd’hui ? Les réponses pourraient surprendre chez nous et peut-être même choquer certains esprits attachés aux évidences. En effet, une grande partie de cette diaspora vit en Amérique depuis au moins trois générations. La décennie de 1880 est connue comme étant celle de l’arrivée des premiers Arabes émigrés. Ils sont Palestiniens, Jordaniens, Marocains, Irakiens, Egyptiens, Algériens ou Libanais ; ils sont musulmans, sunnites ou chiites, chrétiens catholiques, maronites, orthodoxes ou protestants. Les Arabes vivent et s’assument en parfaits Américains et prétendent à leur part du rêve et de la success story americaine. Géographiquement, ils sont répartis sur l’ensemble des Etats qui forment l’Amérique avec une très forte concentration en Californie, New York et le Michigan. Environ 94% vivent dans les métropoles, telles Los Angeles, Chicago, Détroit, New York City et Washington DC. Preuve, s’il en est, d’une préférence pour des activités de l’industrie, le secteur des services ainsi que le management. En tous les cas, la diaspora arabo-américaine peut se targuer d’être une communauté active avec un taux d’emploi dépassant légèrement le taux national, sachant que 88% des adultes sont employés dans le secteur privé. Au milieu de ces statistiques démographiques, la présence d’immigrants d’origine algérienne n’est pas ce qu’on peut qualifier de significative et se traduit par le taux de 7%, qui inclut également les immigrés du Bahrein, des îles Comores, Djibouti, Koweït, Libye, Oman, Qatar, l’Arabie Saoudite, la Tunisie, les Emirats arabes unis et le Yémen. La représentation par nationalité est dominée par les Libanais, qui constituent la majorité avec 39% du total, un taux revu à la hausse après la destruction du Liban par Israël durant l’été dernier et l’exode de milliers de familles aux USA. Les Egyptiens et les Syriens viennent après avec 12% pour chaque communauté, selon des statistiques établies en 2000, devant les Irakiens et les Palestiniens qui comptent aussi des communautés importantes. Par confession religieuse, la part du lion revient aux catholiques romains avec 35%, suivis des musulmans avec 24% et les chrétiens orthodoxes avec 18%.

Un Arabe chez Larry King et Oprah ?

Sur le plan professionnel, les Arabes travaillent dans toutes les branches et occupent de plus en plus des postes de responsabilité politique et nationale. L’exemple le plus célèbre pour nous est sans doute celui de Elias Zerhouni. L’enfant de Nedroma, diplômé de l’école de médecine d’Alger en 1975 et installé depuis au pays de l’Oncle Sam, a été nommé par le président Bush en mars 2005 à la tête du National Institute of Health (NIH), l’agence de recherche biomédicale la plus importante des Etats-Unis. Dans le même domaine, le Dr Mickael Debakey, cardiologue émérite, actuellement chancellor de l’école de médecine de Baylor, fait lui aussi autorité sur le territoire américain. La liste est longue et plus longue qu’on ne le croit, rien que dans les branches de la médecine, mais les Arabes occupent en vérité tous les domaines d’activité et sont célèbres dans les sciences mais aussi en politique, dans le monde de l’art et des médias, le monde du spectacle et de l’entertainment et font même les couvertures des magazines people. Qui ne connaît pas la pulpeuse Selma Hayek, ou la sulfureuse Shakira, Tony Shalhoub, héros de la série Monk, le comédien oscarisé F. Murray Abrahams, Mustapha El Akkad, le producteur multimillionnaire Mario Kassar, l’idole des jeunes Paul Anka ou encore le guitariste légendaire Franck Zappa qui a lui aussi du sang arabe dans les veines ? Dans les affaires, ils réussissent remarquablement. Najeeb Halabi, ex-président de The Federal Action Administration, était aussi le numéro un de la compagnie Panamerican-Airlines. Sa fille Lisa épousera le roi Hussein de Jordanie et deviendra la célèbre reine Noor. En politique, les Arabes deviennent activistes et faiseurs d’opinion, à l’image de Ralph Nader, candidat à l’élection présidentielle pour le parti des Verts. D’autres chemins leur réussissent mieux et leur permettent d’entrer par la grande porte. La nomination en février dernier par George W. Bush de Donna Shalala à un poste à la Maison-Blanche avait boosté l’introduction des Arabes américains au plus haut niveau du pouvoir. Tapis à l’ombre de la politique, les Arabes musulmans américains sont restés moins actifs après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, en tous les cas, ils l’ont toujours été comparativement aux Arabes chrétiens. Ce n’est qu’à partir de 2004 qu’ils ont commencé à s’intéresser activement à la politique et à bâtir leurs niches dans les rouages du pouvoir.

Ont-ils compris l’enjeu ?

Cela dit, les Arabes musulmans ont beaucoup de retard à rattraper. En effet, sur les cinq Arabo-Américains, membres du Congrès, aucun n’est musulman. Cela explique en partie l’absence d’impact de la part de la communauté musulmane sur la politique extérieure des USA vis-à-vis du conflit au Moyen-Orient et la guerre contre l’Irak. Ce handicap reste celui de toute la communauté arabe. Il n’y a qu’à voir le total des fonds engrangés entre 1990 et 2004, atteignant à peine les 800 000 dollars loin derrière l’apport de la communauté pro-israélienne, qui, elle, a généré pour la même période, 56,8 millions de dollars. Un journaliste faisait remarquer récemment sur les pages d’un périodique juif américain que la situation a nettement changé depuis 2004. Les Arabes possèdent désormais eux aussi leurs propres Think-Tanks chargés d’élaborer les stratégies et trouver les moyens d’offrir une place meilleure à la communauté, d’en améliorer l’image et de défendre ses intérêts et ses causes aussi bien en Amérique qu’ailleurs, notamment au Moyen-Orient. Les plus illustres des penseurs gravitent autour de l’AAI basé à Washington DC. Dirigé par le docteur James Zogbi, considéré comme une légende par ses collègues, l’institut ne manque pas d’initiatives pour mobiliser la communauté autour des questions politiques. Objectif : unifier les rangs et peser dans l’échiquier politique qui fonctionne selon la logique du lobbying. L’AAI semble cerner l’enjeu et bien mesurer ses pas. Il incite les Arabes à aller aux urnes, que ce soit pour voter démocrate ou républicain, qu’importe, le but n’étant pas de soutenir tel ou tel parti mais plutôt de faire comprendre au potentiel électoral arabe qu’il ne tient qu’à lui de choisir ses représentants dans les institutions et de les porter aux postes de commande. Aujourd’hui, nous sommes loin de la vague de xénophobie anti-Arabes déclenchée au lendemain des attaques du 11 septembre 2001 et la série de crimes de race dont ont été victimes les familles arabes installées en Amérique. Mais beaucoup sont sensibles à l’antisémitisme non déclaré comme tel qui persiste dans les méthodes sécuritaires adoptées par le gouvernement et basées sur le faciès. Le dispositif juridique du Patriot-Act ainsi que les mesures draconiennes installées dans les aéroports touchent, il est vrai, l’ensemble des Américains et des visiteurs, mais ciblent davantage les peaux basanées aux noms à connotation arabe. Plus profonde est la persistance des stéréotypes enracinés dans la mentalité de l’Américain blanc et chrétien. Les plus ouverts reconnaissent l’ignorance inexcusable de l’Américain envers la mentalité arabe et la civilisation dont elle découle. Quelques initiatives ont été prises pour introduire l’enseignement de la langue arabe dans certains établissements scolaires, mais cela reste des réactions improvisées pour comprendre la soi-disant haine des musulmans envers les valeurs américaines. Contrairement à l’Europe, les relations humaines, telles que dessinées par l’American way life, évitent aux Arabes d’être exposés à des situations humiliantes et leur permet de s’émanciper grâce au principe de la primauté de l’individu. Il ne tient qu’à la qualité d’organisation de cette communauté d’en obtenir plus.
N.NESROUSCH
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16 août 2007 4 16 /08 /août /2007 09:31

Algérie : luttes de clans sur fond de conflits géopolitiques


Par François Gèze, Salima Mellah


Pour l’opinion algérienne comme pour tous ceux qui tentent de résister au rouleau compresseur de la désinformation produite par le DRS algérien (les services secrets de l’armée), l’attribution de la responsabilité des attentats du 11 avril 2007 à Alger à l’« Organisation d’Al-Qaida au pays du Maghreb islamique » (ex-GSPC) ne peut être prise pour argent comptant, comme le font la plupart des médias occidentaux. Dans cet article, qui se fonde quasi exclusivement sur une analyse rigoureuse de « sources ouvertes » - donc à la portée de tous les observateurs sérieux -, nous montrons que les commanditaires de ces attentats ne peuvent appartenir qu’aux plus hauts cercles du pouvoir algérien, aux mains d’une poignée de généraux.
Cet événement tragique constitue ainsi une étape importante dans l’exacerbation de la lutte de clans au sein de la « coupole » militaire maffieuse dirigeant le pays, qui a conduit certains « décideurs » à recourir à nouveau à l’instrumentalisation de la violence « islamiste ». Cette exacerbation s’explique par la conjonction de quatre facteurs principaux : a) la remise en cause de l’alliance stratégique avec les États-Unis, liée aux bouleversements des rapports de forces géopolitiques mondiaux (montée en puissance de la Russie et de la Chine, etc.) ; b) l’extraordinaire croissance de la rente pétrolière et gazière liée à la hausse des prix des hydrocarbures, qui a aiguisé les appétits financiers des clans en présence ; c) la profonde crise sociale qui ravage le pays (misère et chômage croissants, émeutes à répétition...) ; d) la maladie du président Abdelaziz Bouteflika, condamné à plus ou moins brève échéance, qui impose de renouveler la façade civile du pouvoir réel, selon de nouveaux équilibres difficiles à trouver.



En France en particulier, journalistes, universitaires et experts du sécuritaire font alors de la surenchère : c’est à qui établira de la manière la plus probante des liens entre le GSPC et la nébuleuse internationale d’Al-Qaida. Si des nuances d’analyse sont perceptibles, la certitude que partagent tous ces « spécialistes » est qu’il s’agit bien d’une action terroriste commise par des islamistes opposés au régime algérien et obéissant aux instructions des chefs d’Al-Qaida. Les quelques éléments confortant cette thèse sont amplifiés, tandis que les nombreuses zones d’ombre sont sciemment occultées. Ce qui est érigé comme preuve irréfutable sont les communiqués du GSPC, alors que rien ne permet de certifier leur authenticité. Autre preuve tout aussi aléatoire : le mode opératoire. Attribuées à des « kamikazes », ces opérations, dit-on, ne feraient pas partie de la tradition djihadiste algérienne et prouveraient l’implication d’Al-Qaida.
En Occident, la prétendue affiliation du GSPC à Al-Qaida n’a suscité aucune interrogation depuis que le numéro deux d’Al-Qaida aurait invité le GSPC à rejoindre l’organisation et que ce dernier aurait renouvelé son allégeance à l’« Internationale djihadiste » en septembre 2006. En Algérie, depuis des années, la collusion entre ces deux entités a été très régulièrement évoquée par la presse. Et malgré les maigres indices, comme celui d’un supposé émissaire yéménite qui serait venu en Algérie en 2002 pour accorder la caution d’Al-Qaida à l’organisation locale avant de trouver la mort dans une embuscade [1], une grande partie de la presse algérienne a continué depuis à colporter cette idée comme une évidence.
Une surprenante minimisation du « terrorisme islamiste »
Mais curieusement, depuis quelques mois, certains journaux algériens francophones, pourtant conditionnés par plus de quinze ans de propagande à dénoncer de façon virulente les « hordes islamistes » en Algérie, n’ont plus la même éloquence pour agiter la menace de l’apparition d’Al-Qaida en Algérie. Après chaque attentat perpétré ces derniers mois, des commentateurs s’interrogeaient sur les véritables commanditaires. Ainsi, Mohamed Zaaf, du Jeune Indépendant , constatait à la suite de la série d’attentats qui a touché le pays en février 2007 : « Mais, d’El-Qaïda nous ne connaissons de réel que les voix enregistrées. Depuis l’annonce du tutorat, le GSPC obéit donc aux voix et densifie ses activités avec l’ouverture du procès de la corruption. Le GSPC avait menacé de s’en prendre à la France et aux intérêts français. Il prit cependant tout son monde à contre-pied. Car les intérêts qui avaient été en réalité ciblés, ce sont les intérêts américains, près de Club des pins, et les intérêts russes à Hayoun [2] . »
Encore plus étonnant est le fait que certains dirigeants politiques algériens - qui, durant des années ont tenté de convaincre leurs partenaires occidentaux de la menace islamiste et de ses liens avec l’organisation internationale - ont plutôt réagi de manière frileuse aux derniers attentats commis par un GSPC dont l’allégeance à Al-Qaida ne faisait pas de doute en Europe. N’a-t-on pas vu un Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur, déclarer à la suite de l’attentat commis le 10 décembre 2006 contre un bus transportant des travailleurs de l’entreprise algéro-américaine BRC (Brown Root and Condor), alors qu’un communiqué signé par le GSPC circulait sur Internet, qu’il ne s’agissait là que d’un « document » ? Il précisait que « l’enquête [...] est en cours. Aucune piste n’est écartée pour le moment. Seules les investigations que mènent les services concernés peuvent affirmer avec précision les responsables de ce crime [3] ». Quant à l’attentat commis le 3 mars 2007 contre un bus transportant notamment des travailleurs russes de la compagnie Stroitransgaz, il n’a guère été médiatisé, alors qu’il s’agissait de la première attaque meurtrière contre des ressortissants étrangers depuis que le GSPC s’est transformé le 24 janvier 2007 en « Organisation d’Al-Qaida au pays du Maghreb islamique ».
Le 14 mars 2007, le président Bouteflika lui-même déclarait dans une interview : « Des actes terroristes sont encore commis de temps en temps. Ces actes sont le fait du grand banditisme. Ils n’ont rien d’idéologique. Nous nous attelons à les combattre pour y mettre un terme définitif. » Lorsque le journaliste lui demanda si les Européens devaient prendre au sérieux les menaces d’un GSPC affichant des ambitions régionales, le président algérien répondit : « Il faut faire la part des choses entre la réalité et la propagande, et restituer les choses dans leur juste proportion. Et les Européens le savent, eux, qui sont très bien renseignés sur ces questions [4] . » Loin de témoigner de la conviction du président de l’existence d’une menace excessive, ces propos laissent plutôt entendre qu’il soupçonnerait les Européens (ou d’autres ?) d’instrumentaliser celle-ci.
Relevons également qu’un journaliste algérien, Mounir B., « expert en terrorisme » réputé proche du DRS (les services secrets de l’armée), affirmait lui-même un peu plus d’un mois avant les attentats du 11 avril : « Les autorités algériennes ne se sont pas montrées particulièrement inquiètes jusqu’à la dernière série d’attentats en Kabylie. “Le GSPC a changé de nom, mais pour nous rien n’a changé”, a déclaré le ministre de l’Intérieur. Il n’a pas totalement tort. Le rapport de force sur le terrain n’a pas changé en faveur des groupes terroristes. Ils sont toujours faibles numériquement, ils éprouvent de grandes difficultés pour s’approvisionner et renouveler leur armement [5] . » Et d’ailleurs, la plupart des journaux algériens se font depuis des mois l’écho des succès des offensives militaires en cours dans différentes régions du pays, tandis que les difficultés d’action du GSPC version Al-Qaida sont sans cesse mises en relief. Les forces de sécurité auraient capturé de nombreux hommes armés, ce qui leur permettrait d’obtenir d’importantes informations sur l’évolution des groupes actifs. Pourtant, le décompte des attentats montre bien une recrudescence de l’activité de groupes armés ces derniers mois, mais son importance est souvent minimisée, en particulier son lien supposé avec Al-Qaida [6] .
Visées américaines sur les hydrocarbures d’Algérie et du Sahel
Alors pourquoi cet autre son de cloche venu d’Alger ? Pourquoi ce ton moins alarmiste ? Plus les Occidentaux amplifient leur perception de la menace, plus les officiels algériens la réduisent. Que suggère Yazid Zerhouni lorsqu’il déclare au lendemain des attentats d’Alger du 11 avril 2007 qu’« il ne faut pas exclure qu’il y ait d’autres intérêts ne voulant pas voir l’État algérien se ressaisir, se restructurer et fonctionner de manière plus efficace [7] » ? Et El Watan ne répond-il pas en partie à cette question en s’interrogeant, de façon très surprenante de la part d’un quotidien qui, jusque-là, n’avait eu de cesse de se féliciter du réchauffement des relations algéro-américaines : « Le Maghreb, notamment l’Algérie, est-il sur le point de faire les frais de luttes géopolitiques que se livrent les USA et la France au moyen du terrorisme islamique [8] ? » L’article concluait : « À ce jeu sournois semble parfaitement s’accommoder le réseau El-Qaida qui, en réalité, travaille, consciemment ou pas, pour les intérêts géopolitiques américains. Cette peur savamment entretenue du terrorisme islamiste, et notamment du réseau El-Qaida, leur permet de légitimer la nouvelle configuration du monde, notamment le Grand Moyen-Orient qu’ils viennent de décider. »
De fait, ce raisonnement a quelque raison d’être face à la volonté des Américains de renforcer leur présence économique et militaire en Afrique du Nord en général et en Algérie en particulier. L’intensification des relations entre les États-Unis et l’Algérie remonte à la période de la présidence de Liamine Zéroual (1994-1998), mais la « lune de miel » a connu son apogée en 2003-2006 avec de très nombreuses visites bilatérales à tous les niveaux de l’État et de la société, les plus en vue étant celles de Donald Rumsfeld en février 2006 et de Dick Cheney en avril de la même année. La coopération énergétique entre les deux pays a été qualifiée de « très dense », les États-Unis étant devenus le premier client de l’Algérie avec des achats de plus de 11 milliards de dollars en 2005, presque exclusivement constitués d’hydrocarbures [9].
Mais l’Algérie n’est qu’un des pays visés par les firmes américaines et les immenses réserves d’hydrocarbures non exploitées dans le Sahel semblent bien dicter à Washington sa stratégie sécuritaire dans cette région. Là plus clairement qu’ailleurs, la « Global War on Terror » que mène l’administration Bush apparaît indissociable de la recherche d’un accès garanti aux ressources énergétiques locales. Et pour l’assurer, le Pentagone a affirmé son objectif d’implanter rapidement en Afrique un commandement régional de l’armée américaine (Africom), qui permettrait le contrôle des armées locales.
C’est à la suite de l’enlèvement de touristes européens début 2003 dans le Sahara algérien par un commando présenté comme étant du GSPC que les Américains, en vertu de leur nouvelle conception géostratégique du « Grand Moyen-Orient », ont prévu que l’Algérie deviendrait un « État pivot ». Non seulement l’armée algérienne participe depuis à différentes manœuvres militaires organisées par l’US Army et l’OTAN, mais l’existence d’une base militaire américaine secrète dans la région de Tamanrasset, malgré les démentis répétés des responsables politiques des deux pays, ne semble pas faire de doute [10]. Le pays a été aussi intégré à l’« Initiative Pan-Sahel », devenue début 2005 « Initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme (TSCTI) », destinée à inclure dans une stratégie militaire américaine des pays comme l’Algérie, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Maroc, le Niger, le Sénégal, le Nigeria et la Tunisie. Les visées américaines ont été concrétisées en juin 2005 lors des exercices conjoints baptisés « Flintlock 2005 », dirigés par le commandement des forces américaines basé en Europe.
« Lutte antiterroriste » et « bonne gouvernance » sont les slogans de l’heure. L’action militaire se dotant de son équivalent politique, le pays a été inclus dans l’« Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient » (MEPI), prévoyant notamment l’assistance aux réformes politiques, le renforcement du rôle des femmes, de la jeunesse et de la société civile. Coopération militaire et économique et programme d’assistance aux réformes politiques sont les deux faces d’une même médaille [11].
Or, des neuf pays inclus dans la stratégie sahélienne, expliquait en juillet 2005 l’expert pétrolier algérien indépendant Hocine Malti, sept « possèdent des réserves plus ou moins importantes de pétrole. Le Nigeria possède des réserves prouvées de 31,5 milliards de barils, l’Algérie en a 11,8 milliards, celles du Tchad sont estimées, à ce jour, à 1 milliard (le pays en est à ses tout premiers débuts de l’aventure pétrolière), le Sénégal possède 700 millions de barils, la Tunisie 308 millions, le Niger 300 millions et la Mauritanie 200 millions. Tout autour de ces pays, on en trouve d’autres qui sont également riches en pétrole ; la Libye a des réserves prouvées de 39 milliards de barils, le Soudan en a 563 millions, tandis que le Sahara occidental a un sous-sol très prometteur [12] ».
Un GSPC épouvantail
La menace d’un GSPC non seulement actif en Algérie mais « étendant ses tentacules » aux confins du Sahara vers le Sud semblait donc depuis quelques années faire l’affaire de tous les pays concernés [13]. Du côté américain, cette menace constituait un prétexte rêvé pour justifier sa présence militaire dans la région. Du côté du pouvoir algérien, elle a justifié le développement de la coopération sécuritaire avec les États-Unis : celle-ci l’a considérablement aidé à sortir de son isolement des années 1990, à s’affranchir d’une France trop impliquée dans les trafics et manipulations algériennes, mais surtout à tourner la page des « années de sang », durant lesquelles les forces de l’ordre toutes composantes confondues ont commis des crimes contre l’humanité - dont les responsables se sont vus désormais absous de facto par la première puissance mondiale, car devenus un « modèle de la lutte efficace contre le terrorisme [14] ».
Mais alors, pourquoi le bizarre revirement depuis 2006 d’une partie de la presse algérienne face à la « menace du GSPC », à la veille d’attentats particulièrement meurtriers commis par ce dernier ? Pour répondre à cette question , il est indispensable de revenir d’abord sur la genèse de cette organisation, dont de nombreux indices concordants montrent qu’elle est en réalité un instrument du principal clan du pouvoir algérien - celui des chefs du DRS -, qui a été également le promoteur du rapprochement avec les États-Unis.
Bien sûr, cela n’exclut pas la persistance de petits groupes armés véritablement autonomes et se réclamant de l’islam pour combattre les forces de sécurité sous le « label GSPC », comme c’est sans doute le cas des « maquis » du Nord-Constantinois ou de l’Ouarsenis : même s’ils restent ultra-minoritaires, la situation sociale est si grave qu’il ne manque pas de jeunes désespérés pour choisir la lutte armée (tandis que beaucoup d’autres choisissent celle tout aussi aléatoire des harragas , les embarcations de fortune utilisées pour rejoindre l’Europe). Mais d’autres « maquis GSPC », notamment en Kabylie, s’ils attirent aussi - et de plus en plus ces derniers mois - des jeunes prêts à sacrifier leur vie, semblent plutôt relever du « modèle GIA » de la fin des années 1990, où des « émirs » agents du DRS entraînaient des inconscients dans des actions terroristes contre la population. Quant au nouveau terrorisme urbain attribué au GSPC, vu l’extraordinaire prégnance du quadrillage policier, il est tout simplement inconcevable qu’il ne soit pas un instrument du DRS. Et bien d’autres éléments attestent que la transformation progressive du GSPC en « branche armée » d’Al-Qaida en Algérie (puis au Maghreb) est le fruit d’une pure construction des « services » algériens.
Selon les « sources sécuritaires » régulièrement citées par la presse algérienne (à savoir le DRS, source de fait exclusive de toutes les informations sur le « terrorisme islamiste » en Algérie), le GSPC a acquis une dimension régionale sous l’impulsion d’Amari Saifi, dit « Abderrezak El-Para », qui aurait organisé la prise d’otage des touristes européens en janvier 2003. Or, Amari Saifi, ancien parachutiste et ex-garde du corps du général Khaled Nezzar, n’avait été jusque-là actif que dans l’est du pays, dans la région de Tébessa, où le GSPC était notamment impliqué dans d’immenses trafics de contrebande et de drogue au même titre que - en collusion avec ? - de hauts responsables du DRS [15] . À l’issue d’une cavale de vingt mois, dont près de huit avec des otages, il a été remis fin octobre 2004 aux autorités algériennes, qui depuis le maintiendraient incarcéré.
Pourtant, très curieusement, c’est « par contumace » qu’Amari Saifi a été condamné en juin 2005 à la réclusion à vie par le tribunal criminel près la cour d’Alger pour « création d’un groupe terroriste armé » [16]. Et, de façon plus rocambolesque encore, alors qu’il était toujours sensé être détenu dans une prison algérienne, il devait être à nouveau jugé pour le même motif en mars 2007 par le même tribunal - lors d’un procès finalement reporté -, mais toujours... par contumace ! Le motif absurde officiellement avancé pour cette étonnante mascarade judiciaire était que « les procédures judiciaires engagées dans le cadre de cette affaire ont débuté avant que Aderrezak le Para ne soit remis aux autorités algériennes et, donc, considéré comme étant en fuite [17] ». Le plus étrange dans cette affaire, c’est qu’aucun des États européens dont les ressortissants avaient été kidnappés n’a demandé son extradition ou tout au moins son audition. Lors d’une visite en Algérie en janvier 2007, le secrétaire d’État allemand à la Sécurité, August Hanning, déclarait ainsi dans une interview : « Nous ne le [Abderrezak al-Para] réclamons plus. D’après mes informations, il est entre les mains des autorités algériennes. Il est jugé et condamné pour des actes qu’il a commis en Algérie [18]. » Propos des plus surprenants, puisque El Para n’avait pas encore été jugé pour le rapt des trente-deux touristes (dont l’une a succombé pendant sa séquestration).
Cet épisode invraisemblable n’a été relevé par aucun des grands médias français et occidentaux. Il atteste pourtant, ainsi que nombre d’autres indices [19] , que le « Para » ne peut être qu’un agent du DRS, propulsé par ses chefs à la tête du GSPC. Les autres « figures emblématiques » de ce groupe pour le moins énigmatique sont tout aussi évocatrices : Nabil Sahraoui, « émir » supposé du GSPC jusqu’à sa neutralisation en juin 2004, aurait fait partie des éléments du GIA ayant organisé la fameuse évasion de 1 200 détenus de la prison Tazoult en mars 1994, opération réputée avoir été commanditée par le DRS à la fois pour liquider des islamistes et pour infiltrer les maquis [20]. Selon le communiqué militaire faisant état de la mort de l’émir en juin 2004, plusieurs de ses adjoints les plus importants auraient eux aussi été tués en même temps que lui [21]. Or, huit mois plus tard, la presse algérienne annonçait que l’un de ces lieutenants tués, Abdelmalek Droukdel, aurait été désigné comme successeur de Nabil Sahraoui à la tête du GSPC [22]. En mai 2005, la même presse annonçait à nouveau l’élimination de Droukdel [23]. Peu après, il était à nouveau « ressuscité » à la tête du GSPC, poste qu’il occuperait toujours à ce jour... Ce cirque médiatique, qui ne sert qu’à alimenter la confusion, rappelle évidemment les cas des « émirs nationaux » du GIA Djamel Zitouni et Antar Zouabri, eux aussi tués et ressuscités plusieurs fois selon les « sources sécuritaires » et dont on a appris depuis qu’ils étaient des agents du DRS [24].
Autre coïncidence remarquable : le 4 juin 2005, c’est à deux jours des manœuvres militaires « Flintlock » déjà évoquées, organisées dans le Sahel sous l’égide le l’US Army, que la caserne mauritanienne de Lemgheity, proche de la frontière avec l’Algérie, est attaquée par un commando présumé du GSPC. C’est le baptême du feu d’un certain Mokhtar Belmokhtar, présenté comme l’« émir » de la zone Sud, affilié à Al-Qaida. L’attaque du groupe armé a lieu dans la région même où, du 6 au 26 juin 2005, participeront aux exercices près de 3 000 soldats de huit pays africains, dont l’Algérie. Ce n’est certainement pas un hasard si la caserne de Lemgheity est située dans une zone censée receler d’importantes réserves de pétrole : dans le bassin de Taoudenni, les sociétés pétrolières se concurrencent pour l’obtention des droits, en particulier l’australienne Woodside et la française Total [25].
Selon la presse algérienne de l’époque, toutes ces opérations seraient le fait du GSPC, groupe ayant pris en 1998 la succession des GIA après s’en être distancié en raison des massacres que ceux-ci commettaient contre des civils. Il est vrai que la majorité des actions attribuées au GSPC ont été dirigées contre des patrouilles militaires, des gardes communaux ou des miliciens. Mais, tandis que médias et politiques algériens s’entendent pour annoncer régulièrement la quasi déconfiture du groupe en raison des défections et des coups portés contre lui par l’armée [26], c’est à partir du printemps 2006 que se répètent les annonces du ralliement du GSPC à Al-Qaida - toujours selon des « sources sécuritaires » ou selon des sites Web du GSPC, à l’authenticité invérifiable - et que des attentats spectaculaires à la bombe se multiplient contre des commissariats et des brigades de gendarmerie, mais aussi contre des cibles civiles.
C’est ce qui conduisait la revue Risques Internationaux à écrire en décembre 2006 : « Hier comme aujourd’hui, la plupart des groupes affiliés au GSPC ont été infiltrés par le DRS. Le commandement du GSPC, bien connu du DRS selon les déserteurs des services algériens, évolue sans inquiétude, surtout dans la Mitidja Est, à Mizrana, à Khemis Khechena et à Boumerdès. Longtemps, la plupart des réunions des membres influents du GSPC ont été organisées à Sid Ali Bounab, un lieu bien connu du DRS, mais rien n’a été fait pour décapiter ce groupe armé, bien au contraire. Selon l’un de nos interlocuteurs : “Ce qui se passe actuellement en Algérie, notamment la multiplication des attentats, des embuscades dirigées contre les militaires, est révélateur des objectifs et des intentions du DRS. La provocation opérée par le DRS est maintenant en route pour ramener l’Algérie aux sanglantes années 1990” [27]. »
L’affiliation du GSPC à Al-Qaida est scellée par les propos filmés d’Ayman Adh-Dhawahiri, réputé être le numéro deux de cette dernière, qui à l’occasion du 11 septembre 2006, déclare l’union entre les deux organisations. Laquelle sera suivie, le 24 janvier 2007, de l’annonce du changement de dénomination du GSPC en « Organisation d’Al-Qaida au pays du Maghreb islamique ».
L’hégémonie des chefs du DRS ébranlée
À quelles logiques répond cette instrumentalisation d’un tel groupe terroriste par les chefs du DRS ? Avant de tenter de répondre à cette question, il est important de rappeler que, depuis les années 1980, la réalité du pouvoir en Algérie est aux mains des généraux qui contrôlent l’armée et les services secrets (Sécurité militaire, devenue DRS en 1990) et que le président et les civils du gouvernement ne constituent qu’une façade pseudo-démocratique, sans pouvoir réel. Depuis cette période, les généraux membres de cette « coupole » étaient affiliés à différents clans aux contours variables. Parfois opposés entre eux dans de sourdes luttes pour le contrôle des richesses du pays, ils n’ont toutefois jamais remis en cause leur unité, comme en a témoigné de 1992 à 1998 leur engagement sans faille dans la « sale guerre » d’« éradication de l’islamisme », conduite en réalité contre l’immense majorité de la société [28].
Or, et c’estlà un point essentiel dont sont à juste titre convaincus la plupart des Algériens, il s’est agi d’une guerre très singulière, marquée par l’instrumentalisation de la violence islamiste par les chefs du DRS. Contrôlant dès 1995 l’essentiel des fameux GIA (grâce à des « émirs » retournés ou des agents infiltrés), ils les ont utilisés à la fois pour terroriser la population et pour adresser, par massacres de civils interposés, des « messages » à leurs adversaires au sein du pouvoir qu’ils cherchaient à affaiblir. Ce fut le cas lors des années 1996-1998 : les grands massacres perpétrés par les « groupes islamiques de l’armée » servirent alors à déstabiliser le clan du président Liamine Zéroual [29] .
Après la démission contrainte de ce dernier, l’intensité du « terrorisme islamiste » a brutalement diminué, car les conflits internes au sein du pouvoir se sont beaucoup apaisés : de nombreux éléments indiquent en effet que le clan contrôlé par le chef du DRS, le général de corps d’armée Mohamed « Tewfik » Médiène (67 ans), et son adjoint le général-major Smaïl Lamari, l’a alors durablement emporté. À ce jour, ces deux hommes occupent toujours leur poste depuis... septembre 1990 (près de dix-sept ans !), alors que la plupart des autres chefs de l’armée ont été mis à l’écart [30] . Et au début des années 2000, ils ont verrouillé les postes clés du DRS en y maintenant ou y plaçant leurs hommes, dont certains ont été à la pointe de la « gestion » de la torture et de la terreur au cours des années de la « sale guerre ». Pour n’en citer que quelques-uns : la DCSA (Direction centrale de la sécurité de l’armée) est désormais dirigée par le général Mhenna Djebbar, dont la terrible réputation à la tête du CTRI de Blida (principal centre de torture du DRS) de 1990 à 2001 lui permet de « tenir » les officiers de l’ANP ; le général Athmane « Bachir » Tartag, ancien chef d’un autre centre de torture, le CPMI, de 1990 à 2001, a lui aussi été promu ; et le général Rachid Laalali, alias « Attafi », dirige toujours la DDSE (Direction de la documentation et de la sécurité extérieure), chargée notamment de la gestion de l’action psychologique et de la désinformation, en Algérie comme à l’étranger.
C’est aussi sous le contrôle étroit du chef du DRS que le président Bouteflika a été « élu » en avril 1999 et « réélu » cinq ans plus tard. C’est également sous leur contrôle que s’est opérée la stratégie de rapprochement avec les États-Unis (au détriment de la France), stratégie qui a permis à ces deux généraux et à leurs affidés de réaliser de fructueuses affaires secrètes avec certains grands groupes pétroliers américains. Et ce sont aussi - rappelons-le - les convergences d’intérêts entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme qui ont permis à l’Algérie de sortir de son isolement.
Mais, depuis 2006, il semble bien que cette hégémonie des généraux du « clan Tewfik » se soit fragilisée. Sur le plan interne, ils n’ont pu atteindre leur objectif d’une « sortie de crise » qui aurait permis d’instaurer durablement un nouveau mode de pouvoir et de « gouvernance sociale », leur assurant à la fois l’impunité de leurs crimes contre l’humanité commis au cours des années 1990, une relative paix sociale et la certitude de maintenir (à leur profit et à celui de leurs enfants) le pillage organisé des ressources naturelles du pays (notamment par le biais des commissions occultes sur les échanges commerciaux).
Certes, l’« autoamnistie » organisée par les textes d’application (adoptés en février 2006) de la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale » a assuré provisoirement l’impunité des chefs de l’armée : elle a été admise sans contestation par la « communauté internationale », alors même qu’elle viole ouvertement tous les textes de droit international en la matière et la Constitution algérienne elle-même [31]. Mais cette impunité reste fragile, dès lors que des familles des victimes - à l’image des « folles de Mai » argentines - continuent à se mobiliser pour la véritéet la justice, malgré toutes les persécutions et manipulations. Quant au front social, l’échec est absolu : la dégradation des conditions de vie d’une grande majorité d’Algériens est telle que les émeutes sont devenues quasi quotidiennes depuis 2003 ; et le maintien d’un « terrorisme résiduel » du GSPC pour y faire face en terrorisant les populations ne semble plus suffire.
La stabilité économique enfin, garante des rentes de la corruption, n’est pas plus assurée : l’économie réelle est sinistrée, en dehors du secteur des hydrocarbures, où se concentrent les investissements étrangers. Et de ce point de vue - c’est là l’élément nouveau et essentiel -, l’intérêt de l’alliance stratégique avec les États-Unis pour les généraux de la coupole militaire (et leurs alliés civils), tous clans confondus, s’est nettement amoindri et celle-ci a été remise en cause.
Remise en cause de l’alliance stratégique avec les États-Unis
La première raison de ce tournant est l’explosion des prix des hydrocarbures, qui ont augmenté de façon vertigineuse les ressources de l’Algérie, laquelle dispose désormais de quelque 100 milliards de dollars de réserves de change. L’énormité de ce « gâteau » a exacerbé l’appétit des clans de la coupole : certains d’entre eux, à l’évidence liés aux réseaux de la « Françalgérie » et utilisant la figure déclinante du président Bouteflika (plus marionnette que jamais) ont commencé à contester la domination du « clan Tewfik ». Seconde raison : tous les clans ont pris en compte la nouvelle donne que représentent les débâcles américaines en Irak, en Afghanistan et au Liban, le refus de pays comme le Venezuela ou l’Iran de se plier aux règles du gendarme mondial, ainsi que la montée en puissance de la Russie et la Chine ; autant d’éléments qui montrent que la subordination à la politique américaine n’est pas nécessairement la seule option possible.
D’où, au terme de rudes débats, le revirement des « décideurs » de l’ombre, actée par le gouvernement en juillet 2006, par rapport à la « loi sur les hydrocarbures » adoptée en avril 2005. Celle-ci était considérée par nombre d’observateurs comme une véritable braderie des richesses naturelles nationales : elle prévoyait d’accorder aux grandes compagnies pétrolières, américaines en particulier, des avantages considérables, allant jusqu’à abandonner en pratique la propriété du sous-sol au plus offrant. Hocine Malti s’interrogeait alors fort justement sur l’annulation (très mal accueillie à Washington) des clauses les plus litigieuses de cette loi : « Quel a été le rôle de la mafia politico-financière dans cet embrouillamini ? Il se dit, dans les milieux d’affaires, qu’à partir du moment où la loi 05-07 garantissait aux entreprises étrangères une participation minimum de 70 % sur toute parcelle qu’elles convoiteraient, le rôle des parrains algériens, ceux qui depuis très longtemps déjà ont fait main basse sur le secteur pétrolier, ceux qui considèrent ce secteur comme leur propriété personnelle, ceux qui ne permettent la participation des sociétés lambda ou oméga que si elles viennent “cracher à leur bassinet”, ces parrains verraient leurs rôles s’amenuiser considérablement, voire disparaître totalement. Ils auraient alors, sous couvert de patriotisme économique, mené campagne pour un retour au système qui leur a permis d’introduire en Algérie telle ou telle compagnie pétrolière et accumuler ainsi des fortunes considérables [32]. »
Et sur le plan militaire également, ces « décideurs » ont commencé à prendre leurs distances par rapport à la superpuissance mondiale. Les spéculations autour de l’aménagement officiel d’une base militaire américaine ou de l’OTAN ont ainsi été coupées court avec le refus clair du ministre des Affaires étrangères - exprimé à la radio algérienne le 3 mars et réitéré quelques jours plus tard devant le général Raymond Hénault, président du Comité militaire de l’Alliance atlantique. Cette déclaration ne contredit pas nécessairement la réalité de l’existence d’une telle base. Mais elle montre que ceux qui tirent les ficelles du gouvernement cherchent désormais majoritairement à se démarquer - au moins verbalement - d’une orientation clairement proaméricaine. Cette position concorde avec le rejet exprimé d’une intégration de l’Algérie au projet de mise en place d’un commandement général en Afrique (Africom) prévu pour septembre 2007. (L’Algérie n’aurait, selon une déclaration du ministère de la Défense, envoyé qu’un cadre supérieur de l’armée - et non pas son chef d’état-major - à la rencontre organisée début mars à Dakar par le commandement en chef des forces américaines en Europe [33] .)
Enfin, depuis 2005, on a assisté à un spectaculaire resserrement des relations avec la Russie, redevenue sur le plan militaire, avec le dernier contrat d’achats d’armes d’un montant de 15 milliards de dollars, le premier partenaire stratégique de l’Algérie [34]. Un scandale (non médiatisé celui-là) a par ailleurs contribué au resserrement des relations militaires avec la Russie, au détriment des États-Unis : au cours de l’été 2006, les services de renseignement militaire russes ont révélé aux chefs du DRS le trucage par les services américains des systèmes de communications sophistiqués achetés aux États-Unis par la firme Brown & Roots Condor pour le compte de l’état-major général. Selon le journaliste indépendant Madjid Laribi, qui a révélé l’affaire, ces « valises de commandement » permettant de sécuriser et contrôler toutes les communications militaires étaient en réalité « connectées en permanence sur les systèmes d’intelligence électronique américains et israéliens [35] » !
Mais le rapprochement avec la Russie - discrètement approuvé par la France - est également manifeste sur le plan économique : les grandes compagnies pétrolières et gazières russes (Gazprom, Lukoil, Rosneft, Stroytransgaz...) ont développé (ou projettent de le faire) des partenariats avec la Sonatrach pour l’exploitation des hydrocarbures algériens, jusque-là chasse (presque) gardée des firmes américaines [36]. Et le projet d’une « OPEP du gaz » autour d’une alliance algéro-russe a défrayé la chronique ces derniers mois (notamment lors de la réunion du Forum des pays exportateurs de gaz qui s’est tenue à Doha en avril 2007), même s’il reste encore à concrétiser [37].
L’exacerbation de la lutte des clans
Ce contexte explique l’exacerbation au sein du pouvoir algérien des luttes de clans pour le partage des richesses. Depuis 2006, elle s’est manifestée de nombreuses manières. En témoigne par exemple la ténébreuse « affaire Zendjabil » - restée évidemment sans suite -, qui a défrayé la chronique algéroise à l’automne 2006. À la suite de la reddition de ce « baron de la drogue » responsable d’importants trafics dans l’Oranais, on verra ainsi, chose extraordinaire, la journaliste Salima Tlemçani - réputée proche du général Tewfik et, plus récemment, du chef de la police, Ali Tounsi - mettre en cause dans El Watan l ’ancien chef de la 2 e région militaire, le puissant Kamel Abderrahmane, comme étant le véritable commanditaire de ces trafics [38] .
Mais c’est bien le GSPC, ou du moins l’étiquette commode qu’il représente, qui a été depuis 2006 l’instrument privilégié des « messages » plus ou moins sanglants que s’adressent les différents clans du pouvoir, renouant ainsi avec les « habitudes » de gestion de crise des années 1990, sans qu’il soit toujours possible de discerner quel clan est derrière telle ou telle action - celui du général Tewfik disposant sans aucun doute d’une longueur d’avance grâce au contrôle qu’il exerce de longue date sur les « troupes » du GSPC.
Un cas exemplaire est celui de l’attentat commis le 10 décembre 2006 à Bouchaoui (près d ’ Alger) contre un bus transportant des travailleurs de la société Brown Root & Condor (BRC). Le lieu (ultra-sécurisé) et les circonstances de cette attaque indiquent que ses commanditaires sont à chercher ailleurs que dans les maquis de Boumerdès (fief prétendu du GSPC). Créée en 1994, BRC est une joint-venture entre Sonatrach (51 %) et l’américaine Kellogg Brown & Root (49 %, filiale « engineering » de Halliburton), dans laquelle serait fortement impliqué le haut commandement du DRS. Elle faisait parler d’elle dans la presse depuis quelques mois par le biais de fuites orchestrées par des proches de la présidence à propos de surfacturations de ses prestations : « Elle s’est vue octroyer les plus importants projets sans soumissionner, comme le stipule la loi, à des appels d’offres. C’est ainsi que BRC s’est vu adjugé illégalement la plupart des marchés, qui ne sont pas des moindres, de la Sonatrach, de la Défense nationale, du ministère de l’Énergie et des Mines et autres projets industriels et immobiliers puisque la société en question fait tout en Algérie [39]. »
L’attentat du 10 décembre a été revendiqué par le GSPC - qui a même diffusé sur Internet une vidéo de l’action. Mais s’agit-il bien du « vrai GSPC », celui contrôlé par les hommes du général Tewfik ? Certains journaux ont répercuté sans distance cette revendication. Mais elle a été curieusement mise en doute par d’autres, comme El Watan sous la plume de la même Salima Tlemçani : « Cet attentat a suscité de nombreuses interrogations sur les circonstances troublantes dans lesquelles il a eu lieu. L’objectif recherché à travers cette attaque est visiblement l’impact médiatique qu’elle engendrera, notamment sur le plan international. La société BRC, faut-il le rappeler, fut, cet été, au centre d’un grand scandale ayant alimenté la presse nationale. Une action en justice a été engagée, sur instruction de la présidence, au parquet de Bir Mourad Raïs. La décision a été prise après les conclusions de deux missions de contrôle, l’une de l’inspection des finances et l’autre de la cour des comptes. L’instruction judiciaire sur cette affaire se poursuit toujours, mais rien n’a filtré officiellement. Autant de raisons qui font craindre que l’attentat puisse porter l’empreinte de la mafia politico-financière [40]. »
Conséquence de ces luttes intestines : il est depuis question de dissoudre la BRC et en mars 2007, son président aurait été inculpé d’« intelligence avec une puissance étrangère » et incarcéré à la prison militaire de Blida [41] - sachant qu’il s’agit là d’un proche du général Tewfik, on mesure la dimension du conflit. Les tenants et les aboutissants de l’affaire BRC sont loin d’être élucidés. Mais sa médiatisation surprenante et l’attentat dont la firme a été l’objet doivent être vus comme un symptôme de la crise du pouvoir : ce bastion notoire du « clan Tewfik » n’est plus invulnérable.
C’est aussi que, aux facteurs structurels de sa fragilisation que l’on vient d’évoquer, s’en ajoute un autre plus conjoncturel, mais pas moins décisif : la maladie du président Bouteflika. Depuis son hospitalisation au Val de Grâce en novembre 2005, sa santé est fragile et sa survie incertaine. D’où la préoccupation, depuis lors, de ses mentors militaires de lui trouver un successeur à même d’assurer la crédibilité de leur façade civile, essentielle à leurs yeux. La solution est loin d’être évidente et constitue une autre source des conflits au sein des clans de la « coupole » militaire : qui sera demain la nouvelle « marionnette » à même de garantir leurs intérêts face à la communauté internationale, tout en disposant d’un semblant de crédibilité au plan interne ?
« Tout changer pour que rien de change » ?
C’est à la lumière de cette succession d’événements que doivent être analysés les attentats du 11 avril et le rôle qu’y aurait joué le GSPC. La multiplication, dans les jours qui ont suivi, de déclarations inhabituelles de certains responsables politiques et d’« articles codés » souvent contradictoires dans une presse algérienne toujours étroitement contrôlée par les différents « cercles du pouvoir » témoigne à tout le moins, par leur caractère exceptionnel, que ces attentats constituent une phase aiguë de la lutte des clans au sommet. Et qu’ils ont été commandités, pour atteindre comme à l’habitude plusieurs objectifs à la fois dans un jeu complexe de billard à moult bandes, par l’un des clans du pouvoir - très probablement par celui qui reste le plus puissant, même s’il est affaibli, celui du général Tewfik.
Premier indice de la manipulation : le rôle prétendu des trois « kamikazes » qui auraient conduit les véhicules piégés. Quelques heures après les attentats, un communiqué d’Al-Qaida au Maghreb les revendiquait et diffusait les photos de ces « kamikazes ». Mais six jours plus tard, le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, proche de Bouteflika, déclarait : « La piste du kamikaze qui a visé notamment le Palais du gouvernement n’est pas plausible. [...] Moi, je pense qu’on les a chargés d’une mission et puis on les a fait exploser pour ne laisser aucune trace [42]. »
Il en veu
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15 août 2007 3 15 /08 /août /2007 15:39

Je suis pour le terrorisme








Nizar Qabbani

Traduit par Fausto Giudice et illustré par Ben Heine



Je suis pour le terrorisme




On nous accuse de terrorisme
Si nous prenons la défense
D'une rose, d'une
femme
Et d'un infaillible poème
D'une patrie qui n'a plus
Ni eau ni air
Ni tente ni chamelle
Ni même de café noir.

On nous accuse de terrorisme
Si nous avons le courage de défendre
La chevelure noire de Balkis
Les lèvres de Maysoun
Hind, Daad
Ou Loubna et Rabab
Et une pluie de khôl noir
Tombant de leurs cils comme une inspiration !
Vous ne trouverez pas chez moi
De poème secret…
De langage secret
Ni de livre secret enfermé derrière portes closes
Et je ne garde pas de poème
Arpentant les rues, voilé par un hijab.

On nous accuse de terrorisme
Quand nous écrivons sur les dépouilles de notre patrie
Foulée, démembrée, déchiquetée
Aux moignons dispersés
Une patrie cherchant
son nom
Et un peuple innommé
Une patrie qui a perdu ses anciens grands poèmes
À l'exception de ceux de Khansa
Une partie qui a perdu sa liberté rouge, bleue ou jaune
Une patrie qui nous interdit
D'acheter un journal
D'écouter les informations
Une patrie où les oiseaux sont interdits de pépiement
Une patrie
Dont les écrivains écrivent
Sur le vent, par peur.
Une patrie
À l'image de notre poésie
Faite de mots abandonnés
Hors du temps
Importés
Avec une face et une langue étrangères…
Sans début
Ni fin
Sans lien avec son peuple ou son pays
Impasse de l'humanité
Une patrie
Allant aux négociations de paix
Sans dignité
Nu-pieds
Et sans aucune dignité
Une patrie
Où les hommes pris de peur se sont pissés dessus
Et où seules restent les femmes !

Le sel est dans nos yeux
Le sel est sur nos lèvres
Ou dans
nos paroles
La sécheresse de nos âmes
L'avons-nous héritée des Beni Kahtane ?
Il n'y a plus de Mouaouya dans notre nation
Ni d'Abou Sufiane
Plus personne pour dire « NON ! »
À ceux qui ont bradé nos foyers, notre terre
Et ont fait de notre histoire radieuse
Un bazar !
Il n'est plus un seul poème dans notre vie
Qui n'ait perdu sa virginité
Dans le lit du Pouvoir
Nous nous sommes accoutumés à l'ignominie
Que reste-t-il donc d'un homme
Lorsqu'il s'est habitué au déshonneur ?
Je cherche dans le livre de l'histoire
Oussama Ibn Munqidh
Okba Ibn Nafi
Je recherche Omar
Je recherche Hamza
Et Khalid chevauchant vers Damas
Je recherche Al Mutasim Billah
Sauvant les femmes
De la barbarie des envahisseurs
Et des furies des flammes
Je recherche l'homme de la fin des temps
Mais ne trouve que des chats effrayés dans le noir
Craignant pour leur vie
Menacée par le règne des souris.

Sommes-nous atteints de cécité nationale ?
Ou sommes-nous devenus daltoniens ?


On nous accuse de terrorisme
Quand nous refusons la mort
Sous les bulldozers d'Israël
Qui dévastent notre terre, notre histoire, nos Évangiles
Notre Coran
Les reliques de nos prophètes
Si c'est là notre crime
Que le terrorisme est beau !

On nous accuse de terrorisme
Si nous refusons notre extinction
par les Mongols, les Juifs, les Barbares
Si nous lançons des pierres
Sur les vitres
Du Conseil de Sécurité
Aux mains des Tsars de notre temps
On nous accuse de terrorisme
Si nous refusons
De tendre notre main à
L'Amérique
Ennemie
des cultures humaines
Elle-même sans culture,
Ennemie des civilisations humaines
Elle-même sans civilisation
L'Amérique, bâtisse géante
Sans murs.




On nous accuse de terrorisme
Si nous refusons une époque où l'Amérique
est devenue suffisante, riche, puissante
Traductrice assermentée
de l'hébreu.
On nous accuse de terrorisme
Si nous lançons une rose
Vers Jérusalem
Vers Al Khalil
Vers Gaza
Vers Nazareth
Si nous livrons du pain et de l'eau
Aux Troyens assiégés.

On nous accuse de terrorisme
Si nous élevons la voix
Contre les dominateurs qui veulent nous isoler
Contre tous ceux qui ont changé de
selle
Et d'unionistes sont devenus laquais.



On nous accuse de terrorisme
Si nous faisons profession de culture
Si nous lisons un livre de juridiction ou de politique
Si nous en appelons à notre Dieu
Si nous la lisons la Sourate Al Fatah
Et écoutons le prêche du Vendredi
Nous commettons là un acte terroriste.

On nous accuse de terrorisme
Si nous défendons notre pays
Et la dignité de son sol
Si nous nous révoltions contre l'extorsion de notre peuple
Notre propre extorsion
Si nous protégeons le dernier palmier de notre désert
Et la dernière étoile de notre ciel
Et les dernières lettres de nos noms
Et la dernière goutte de lait du
sein de notre mère
Si tel est notre crime
Que le terrorisme est magnifique !


Je suis un terroriste
Si le terrorisme peut me préserver
Des immigrants de Russie
De Roumanie, de Hongrie, de Pologne
Qui se sont installés en Palestine sur notre dos
Pour voler les minarets de Jérusalem
La porte d'Al Aqsa
Ses ors et ses dômes.

Je suis pour le terrorisme
Si nous pouvons libérer le Christ
La Vierge Marie et la Ville sainte
Des émissaires de mort et de dévastation
Hier la route nationale traversait nos terres
Triomphante comme un pur-sang arabe
Et nos parcs étaient des rivières coulant avec vigueur et fierté
Après Oslo
Nous avons
perdu nos dents
Et sommes devenus un peuple frappé de surdité et de cécité.


Je suis pour le terrorisme
Si cela peut me préserver des Tsars juifs
Et des Césars romains.

Je suis pour le terrorisme
Tant que ce nouveau monde
Sera également divisé entre
Amérique et Israël.

Je suis pour le terrorisme
Tant que ce nouveau monde
Nous classera comme loups

Je suis pour le terrorisme
Tant que le Congrès américain
Fera la loi
Et décidera des récompenses et des châtiments.

Je suis pour le terrorisme
Tant que ce nouveau monde
Détestera profondément
L'odeur des Arabes.



Je suis pour le terrorisme
Tant que ce nouveau monde
Massacrera mes bébés
Et les jettera aux chiens.

Pour tout cela
Je veux crier haut et fort
Je suis pour le terrorisme
Je suis pour le terrorisme
Je suis pour le terrorisme.






Note du traducteur à l'usage des lecteurs ignorants des références arabo-musulmanes
Balkis : c'est le nom arabe de la
Reine de Saba, dont la rencontre avec Salomon (Souleyman) est relatée dans la Sourate 27 (An Naml, Les Fourmis) du Coran). C'est aussi le prénom de la seconde épouse du poète (voir ci-dessous).
Maysoun, Hind, Daad, Loubna et Rabab : prénoms féminins évoquant la beauté
Khansa : « la gazelle », surnom de Tumadir Bent Amr (575-646), poétesse antéislamique célèbre pour les élégies à ses frères Sakhr et Mouaouya.
Rouge, bleu et jaune : le rouge est le feu, chaud et sec, le bleu la terre, froide et sèche et le jaune l'air, chaud et humide. Le rouge symbolise Mars, le bleu Mercure, le vert la Lune.
Beni Kahtane : fils de Kahtane, tribu originelle des Arabes,apparue après le déluge et vivant dans le Hijaz.
Mouaouya Ibn Abi Sufiane (603-680) : fils de l'un des plus farouches adversaires du prophète Mohamed : Abou Sufiane Ibn Harb. Il est le premier ommeyyade à porter le titre de
calife en 661. Il prend ce titre à Ali à la suite d'un abritrage entre Ali et lui après la bataille de Siffin. Les Ommeyyade tirent leur nom d'Omayya, grand-oncle du prophète Mohamed. Ils appartenaient à la tribu des Quraychites, tribu dominante à La Mecque au temps du prophète. Après s'être opposés à celui-ci, ils l'avaient rejoint au dernier moment.
Oussama Ibn Munqidh : prince syrien, né en 1095 à Chayzar sur l'Oronte et mort à Damas en 1188. Auteur d'une autobiographie, L'Itibar, « L'expérience », dans laquelle il relate ses rapports avec les Francs : « Quand on est au fait de ce qui touche aux Francs on ne peut qu'exalter et sanctifier le Très Haut, car on voit en eux des bêtes qui ont la vertu du courage et de l'ardeur guerrière ».
Oqba Ibn Nafaa (ou Nafi) : conquérant arabe du Maghreb oriental, ce Quraychite défait les troupes de l'exarque byzantin Grégoire en 647 à Sbeïtla et devient gouverneur de l'Ifriqiya en 663.
Il a édifié la Grande mosquée de Kairouan dans l'actuelle Tunisie.
Omar Ibn Khattab : Quraychite, second calife de l'Islam après Abou Bakr.
Hamza Ibn Abdul Muttalib : oncle de Mohamed, avec lequel il a été élevé. L'un des premiers convertis à l'Islam, sa bravoure au combat lui valut les surnoms de « lion d'Allah » et de « lion du ciel ».
Khalid Ibn Al Walid (584 – 642), aussi appelé Abou Souleyman, surnommé « l'épée d'Allah », un Quraychite, fut le principal général de Mohamed après sa conversion. Il participa après la mort du Prophète à la reconquête de la péninsule arabique et est le commandant des armées arabes lors des conquêtes de l'Irak et de l'empire byzantin (bataille de Yarmouk). Sur plus de cent batailles qu'il commanda, il n'en perdit aucune.
Al Mutasim Billah : (794-842) : troisième fils de Haroun Al Rachid, « huitième calife Abbasside qui remporta huit batailles, qui eut huit
enfants mâles et huit filles, qui laissa à sa mort huit milles esclaves et qui a régné huit années huit mois et huit jours » (Jorge Luis Borges, Fictions).



Nizar Qabbani (1923-1998), né en Syrie en 1923, est l'un des poètes arabes les plus populaires du XXème siècle. Il a, dans une cinquantaine de recueils, renouvelé la poésie arabe par ses textes érotiques et antiautoritaires souvent mis en musique et chantés. Il fait irruption en 1954 avec un premier volume « Enfance d'une poitrine », qui rompt avec le conservatisme ambiant. Très marqué par le suicide de sa sœur, qui refusa d'épouser un homme qu'elle n'aimait pas, il deviendra un poète féministe, écrivant souvent du point de vue d'une femme. Vivant à Londres depuis 1967, il y fonde une maison d'édition après la défaite arabe de 1967. Mais il reste attaché à Damas, sa ville natale, dont il chante le « parfum de Jasmin ». Et il sera diplomate
pendant trente ans, représentant son pays. Au fil des années, sa poésie deviendra de plus en plus politique et contestatrice. Un vers de lui est célèbre : « Oh Sultan, mon maître, si mes vêtements sont déchirés et en lambeaux, c'est parce que tes chiens ont la permission de me mettre en pièces. » Une tragédie a endeuillé la dernière partie de sa vie : sa seconde épouse Balkis Arrawi, une enseignante irakienne, fut victime à Beyrouth d'un attentat à la bombe attribué à un groupe pro-iranien. Nizar Qabbani est mort à Londres en 1998.
Original : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=2373&lg=ar
Traduit de la size=1>version anglaise d'Adib S. Kawar par Fausto Giudice, membres de
Tlaxcala, le réseau de traducteurs
pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l'intégrité et d'en mentionner sources et auteurs.
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Illustrations de Ben Heine, Tlaxcala


Nizar Qabbani


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12 août 2007 7 12 /08 /août /2007 15:49

L'épouventail.

Par

ABDOU

Les terroristes, ou ceux qui sont désignés en tant que tel dans un élan  conformiste et unanimiste  par  la classe "politique" arabe dans son ensemble, reprochent aux puissances dominantes du monde, et à juste titre d’ailleurs, qu’ils sont responsables du maintien des régimes tyranniques qui les gouvernent, accusation qui est vraie, n'en déplaise aux flagorneurs et aux inquisiteurs.

 

Si on croit la propagande officielle, celle que débitent sans aucune vergogne  les officines de propagande de ben Ali par exemple, le terrorisme serait le fait d'organisations radicales d'inspiration politique et religieuse, jalouses de la liberté et du bien-être dont jouit la civilisation occidentale, et par voie de conséquence, son prétendu représentant,  le régime qui écrase la Tunisie de toute son horreur. Cette civilisation occidentale dont il est un des fleurons bien entendu, c'est d'autant plus absurde  qu'une dictature comme celle de ben Ali  est plus proche éthiquement des délires d'un Oussama ben Laden, de la Chine , de la Corée du nord, des royaumes artificiels et maffieux du golfe que d'autres chose. Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur cette fameuse "liberté", sur ce "bien-être" et sur cette "civilisation" occidentale, aussi, mais c'est une autre affaire... Quoi qu'il en soit, pour un esprit sain et lucide,  la jalousie des terroristes selon l'infâme ben Ali n'explique pas grand-chose, sinon qu'il n'est qu'un vulgaire tyran  qui maîtrise plus ou moins les ficelles de la propagande la plus abrutissante. L'envieux convoite les biens d'autrui ou cherche à se les approprier par des moyens légaux ou illégaux, mais pourquoi irait-il les détruire ? C'est d'autant plus absurde que les chefs terroristes comme Oussama Ben Laden, les dictateurs arabes et quelques autres sur cette pauvre terre disposent eux-mêmes de plus de richesses et de liberté que la plupart des habitants de la planète, ce que les dictateurs arabes et leurs  maîtres essaient de démontrer , ou plutôt à établir comme une vérité immuable , c’est que les exploités  seront toujours des extrémistes, même s’ils se mobilisent  selon les règles établies par la charte des droits de l’homme , une manifestation contre la vie chère dans une quelconque démocratie est décrite comme une manifestation pour les droits citoyens, une manifestation pour les mêmes motifs, pour la cherté de la vie, le prix du pain, la liberté de la presse à Tunis ou au Caire est décrite comme une manifestation d’extrémistes manipulées par les terrorisme international.

 

 

De toute évidence, le monde musulman cultive d'autres valeurs que celles qui obnubilent l'Occident. Contrairement à lui, et quelle qu'en soit la raison, il est certain que "le cul et le fric" ne sont pas des sujets de conversation prioritaires dans l'univers islamique, c'est vrai que dans beaucoup de situations ce qui veut apparaître comme de la pudeur, ou de la morale, n'est que de l’hypocrisie. Aussi anachronique que cela puisse paraître, principes et idéaux y ont encore un certain poids. Même si, hélas, l'extrémisme et l'obscurantisme qu'elle véhicule en constituent le centre, mais il s'agit plus d'un problème sociétal que spirituel ou religieux.

 

 

La société occidentale avec bien entendu tous ses trésors,  invoque sans cesse la liberté, mais il s'agit toujours de la "liberté" pour les autres de s'aligner sur elle. Il est évident que cet impérialisme culturel entraîne chez nous qui en sommes victimes frustration et révolte.

 

 

Une autre cause de révolte réside dans l'agression étrangère permanente à laquelle sont soumis nos peuples, occupation des territoires palestiniens, guerre contre l'Irak, interventions militaires multiples un peu partout dans le monde. L'impuissance face à la brutalité et à l'arrogance de l'agresseur, et ses représentants qui nous oppriment,  conduit infailliblement à des actes de désespoir.

 

 

Le terrorisme est donc souvent - mais pas toujours - un signe de faiblesse qui se manifeste lorsque tous les autres moyens de lutte collective sont inexistants ou inefficaces. Il émane en général d'une organisation, aussi rudimentaire soit-elle, et n'est que rarement l'acte d'un individu isolé.

 

 

Quand, par exception, un homme seul frappe un grand coup, on crie aussitôt à la démence. Quand c'est l'acte collectif d'un groupe, on crie au terrorisme, tout cela manque de sérieux et n'augure rien de bon 

 

 

Comme la frustration nationale et la frustration culturelle, la frustration sociale peut elle aussi déboucher sur une riposte violente, cela coule de source, ignorer cela aussi, c'est prendre d'énormes risques pour l'avenir du monde.

 

 

 

Dans un monde Orwellien où les puissants prétendent agir au nom de la "démocratie" et des "droits de l'homme", où la mise en condition de la population est permanente, et où l'on peut faire croire n'importe quoi à n'importe qui, dès lors qu'on dispose des médias, l'histoire remet rarement les choses en place.

 

 

 

Les dictatures arabes mises en place et protégées par l'occident et leurs appareils ne se contentent pas de combattre la dissidence verbalement ils évoluent dans une stratégie globale et collective. Ils interviennent depuis toujours sur le terrain, partout : mise en place ou infiltration de groupes terroristes, préparation et organisation d'attentats, provocation, désinformation... quand des intellectuels ont osé dire que la cause du terrorisme est ultimement la misère du monde, entre autres dans le but de ralentir le va-t-en-guerre, on les a trouvés pathétiquement hors d'ordre, au pire on les a taxés d'irresponsables qui ne savent pas être reconnaissant envers la démocratie de pouvoir dire de telles sornettes.

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12 août 2007 7 12 /08 /août /2007 15:08

 

Les mouches ont changé d'âne

 
train Alors que tous les regards de la finance internationale sont tournés vers le subprime et le risque de "credit crunch", il se peut qu'ils ratent, du coup, une menace bien plus importante encore. Car tout au bout de ce gigantesque système de crédit, il y a... l'économie US dans son ensemble, et le financement de sa dette, en particulier par la Chine.
 
Les récentes déclarations de He Fan (de l'académie chinoise des sciences sociales) suggérant que la Chine pourrait vendre ses bons du Trésor US et de Xia Bin (Directeur du centre de recherche sur le développement), traitant au passage les sénateurs américains d'idiots, ont provoqué une vague de réactions, (articles dans des blogs spécialisés et jusqu'au Washington Post) allant jusqu'à une intervention du secrétaire d'Etat au trésor, Paulson, et du président Bush.
 
C'est qu'on ne parle plus ici de quelques "pour cent" de plus ou de moins en bourse, mais bien du financement de la première économie au monde.
 
Comme le fait très justement remarquer Brad Setser, "une des leçons de la théorie des jeux est qu'une menace n'est couteuse que si elle échoue". Peu importe, dès lors, de disserter sur la probabilité que le gouvernement chinois mette ou pas cette menace à exécution. Le fait est qu'elle existe et qu'elle aboutit, de mon point de vue, à une redistribution majeure des cartes de la puissance mondiale.
 
La vraie nouvelle, dans cette histoire, n'est en effet pas la dépendance croissante de l'économie US vis-à-vis des financements étrangers (qu'on suit sur ce blog depuis près de deux ans), ni même le risque (qui existe pourtant) qu'un des créanciers ne cesse d'alimenter la pompe. La vraie nouvelle, c'est, aussi fou que ça puisse paraitre, que les pouvoirs publics US commencent à s'en rendre compte !
 
En quelques lignes, Xia Bin vient juste de démontrer au monde entier (quelques "silly senators" en tête), que les Etats-Unis n'étaient plus en mesure de réclamer quoi que ce soit à la Chine, que le gouvernement chinois les tenaient, en gros, par les c..., et que leur leadership mondial était, de fait, terminé.
 
Chine
 
Il va sans dire que les conséquences de cette prise de conscience sont immenses. Je vois mal, par exemple, les Etats-Unis se lancer dans un conflit avec l'Iran, fournisseur de pétrole à la Chine, sans l'accord de leur banquier... Nul doute aussi, que le capitalisme vient là de se trouver un nouveau maitre, et qu'il semble finalement prospérer beaucoup plus vite dans une bonne vieille dictature que dans nos pseudos démocraties occidentales. Dès lors, ceux qui rêvaient encore d'un alignement "par le haut" des conditions sociales, sanitaires, environnementales peuvent revoir leur copie.

 
On ne s'aligne que sur le leader, et il vient de changer.

 

Ceci n'est pas un exercice

ça chauffe sévère sur les marchés. Je passe rapidos sur les montagnes russes des indices boursiers ces derniers jours, le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne sont pas franchement sereins les p'tits gars !

Aujourd'hui, les freins crissent suite à une annonce de la BNP (Ouais !! cocorico, un truc français à la télé mondiale !). La bande à Pébereau qui avait annoncé qu'elle n'était pas vulnérable à la désormais célèbre crise du subprime, a finalement suspendu 3 fonds. ça fait désordre, grave.

Dans les news rigolotes du jour, d'abord l'intervention conjointe de la BCE et de la Fed. La BCE a injecté 94,8 Mds d'euros, soit un montant supérieur à leur intervention après le 11 septembre ! quand je vous dis que c'est la foire ! On notera au passage que les boss de la Fed ET de la BCE avaient annoncé, eux aussi, il y a quelques jours, que "Ouais, pas grave, c'est rien, aucun risque, tout ça". Et paf, intervention !

Enfin, une dépeche AFP, repérée par Carnets de nuit (merci !). descente dangereuse

Bush et Paulson mettent en garde la Chine contre toute vente de Bons du Trésor US. Elle est bien bonne... Moi je lis : "La Chine pourrait donc bien vendre des bons du trésor US et c'est le branle-bas de combat à la maison Blanche, qui ne trouve rien d'autre à dire que "Hé ! euh... non, faisez pas les cons les gars !". Tout ça parce que des petits gars chinois ont estimé que si ils voulaient faire chier, ils pouvaient.

Alors où est la vraie news là-dedans ? Que des gens, dont des chinois, le pense, c'est pas nouveau, c'est évident. Qu'ils le disent, ok ; qu'un canard anglais décide de le relayer, pourquoi pas... mais qu'on mobilise un président US et son secrétaire d'Etat pour répondre à un "responsable de l'académie chinoise des sciences sociales", voilà qui est étonnant ! Surtout s'ils se déplacent pour dire que c'est "absurde" !

Mais alors pourquoi une telle mobilisation, messieurs ? Ne serait-ce pas précisément parce que ce n'est pas du tout aussi absurde, que vous voulez bien le dire ? J'en connais une qui doit bien se fendre la poire en ce moment.

 

L'aveu implicite de l'ambassadeur US au Japon

Si l'économie n'est pas tout, loin de là, la puissance économique sert bien souvent de soutien à la puissance militaire et politique. Ainsi, la relative déconfiture actuelle de l'économie US s'accompagne de bugs de plus en plus nombreux dans leur leadership politique.

Après les camouflets successifs infligés par la dame de fer chinoise à Henry Paulson, secrétaure d'Etat US au trésor, c'était ce matin au tour de l'ambassadeur US au Japon d'être sèchement renvoyé dans les cordes. Le tout récent chef de l'opposition, Mr Ozawa, a en effet déclarer à propos de la participation du Japon aux opérations militaires US en Afghanistan :

"Si nous étions en mesure de prendre une décision (gouvernementale), j'ai le regret de dire que le Japon ne participerait pas à une opération conduite par les forces américaines", a carrément déclaré M. Ozawa à son hôte.

"Cependant, le Japon participerait activement à une opération de maintien de la paix autorisée par les Nations unies", a-t-il ajouté.

"Je crois que les Etats-Unis devraient d'abord faire des efforts pour obtenir le consensus de la communauté internationale. Ils ne peuvent pas agir tout seuls", a souligné M. Ozawa. (source : AFP)

Dur, dur, d'être diplomate américain quand on n'est plus soutenu par une économie triomphante... Du coup, ça donne lieu à quelques dérapages. Voici en effet en quels termes notre bon ambassadeur justifie l'intervention des forces US et essaie de persuader son interlocuteur :

"Nous croyons que le Japon peut non seulement contribuer à la sécurité internationale mais aussi à sa propre sécurité parce que 90% du pétrole qu'il utilise transitent à travers cette zone (l'Océan indien)".

De quoi éclairer d'une lumière nouvelle les motivations réelles de cette intervention, non ? Evidemment, on s'en doute, mais le voir ici, de façon aussi explicite dans la bouche d'un diplomate US en exercice, ça relève à mon avis de la bonne grosse gaffe !
De quoi donner franchement à réfléchir aux quelques-uns qui croiraient encore aux arguments du type "la démocratie", les "droits de l'homme", les "femmes afghanes", la "burka", etc.

Quand les US parlent d'un "monde plus sur", de "guerre contre le terrorisme", etc., il s'agit, non pas de la sécurité de l'humanité mais de celle de leurs approvisionnements en pétrole. Point barre.

Qui avait cru autre chose ?

 

La grande trouille

Bref, en ce moment, LE truc, le mot clé du moment, c'est "l'aversion au risque". C'est balaise, non, comme terme, l'aversion au risque ? ça fait tout de suite sérieux. En clair, ça signifie tout simplement... la trouille.
Les investisseurs ont la trouille.
Les foies quoi, la pétoche...

Et comme ces braves gens ont des indices pour absolument tout (les chiffres, ça les rassure, ça parait tout de suite plus rationnel quand c'est chiffré), ils en ont aussi un pour ça ! Son nom savant, c'est l'indice Vix de volatilité du Chicago Board Options Exchange. A vos souhaits. Il est surnommé plus simplement "l'indice de la peur". Et il vient de bondir de plus 16,5% fin juillet !

Evidemment, vu d'ici, on ne peut que sourire de ces tentatives de rationnalisation d'un des trucs les plus subjectifs qui soient : la confiance.

Le salaire de la peur Il se trouve que cette petite chose est aussi, à bien y regarder, le ciment ultime du système capitaliste. Vous allez bosser le matin parce que vous pensez que vous serez payés à la fin du mois. Vous laissez vos thunes sur un compte en banque pare que vous avez confiance dans le fait qu'elles y seront toujours si vous venez les cherchez. Vous pouvez payer avec des bouts de plastique ou de papier parce que le commerçant a confiance. Et les banques prêtent des thunes (qu'elles n'ont pas) à tout le monde parce qu'elles ont confiance.
Or il y a évidemment des boites qui font faillite, des gens, voire des entreprises, des banques ou des etats, qui ne peuvent plus rembourser, etc.

Ce système ne fonctionne que parce que certains prennent (ou ignorent) le risque.
Au bout de cette chaine, et en simplifiant à outrance, il y a l'économie US. Elle fonctionne totalement à crédit et on lui prête parce qu'on a confiance. Non pas qu'ils pourront rembourser hein, faut pas rêver, mais que quelqu'un continuera à leur prêter pour qu'ils puissent continuer... à emprunter.

Enlevez ce petit truc, la confiance, et tout s'effondre.
C'est dans une certaine mesure, ce qui est en train de se passer.

Wall Street en chute libre, et plus si affinités ?

La fameuse cloche a retenti il y a dix minutes et personne n'en est encore revenu. Le Dow Jones vient de faire une fin de séance en chute libre. A plus de 13450 points deux heures avant la cloture, il perd alors près de 300 points pour venir s'affaler en dessous des 13200... -2.10% en une séance, le Nasdaq et le SP 500 faisant encore pire (au-delà de -2.50%).

En cause ? en apparence, les tensions de ces derniers jours ravivés par deux mauvais chiffres dans la journée, notamment sur l'emploi. Mais les investisseurs avaient encaissé ces nouvelles jusqu'à... une pauvre conférence de presse d'une petit directeur financier( celui de Bear Stearns qui a connu des soucis avec ses fonds "subprime"). Ce bon monsieur a annoncé tranquillement que la situation actuelle était pire que celle de la bulle Internet. Evidemment, il y a là de quoi rappeler quelques sueurs froides à tout ce petit monde et dans le contexte hyper tendu actuel, il n'en fallait pas plus pour déclencher une vague de panique.

Mais on peut même se demander si cette petite histoire (avec un peu de recul) de subprime, ne va pas aller beaucoup plus loin. Ce que craignent les investisseurs, c'est le report des très nombreuses opérations financées par le crédit. En gros, de quasiment toutes les opérations financières actuelles. Ce qui mettrait un coup de frein colossal à l'économie américaine. Un coup de frein, et peut-être plus, car ce sont finalement, on le sait, les US dans leur ensemble qui tournent à crédit...

Et si finalement, tout venait de commencer ?

Le retour de Monsieur Coué

On se rassure comme on peut au royaume du capitalisme. En quelques jours, les plus grands pontes de la finance mondiale sont montés au créneau, avec un discours unique : "restez calme".

Avec une telle débauche de communication, il y aurait presque de quoi inquiéter les plus confiants !

Après Bernanke, ce sont tour à tour Paulson (secrétaire US au trésor), le FMI (sans tête), Trichet, le bien nommé boss de la BCE et Noyer, son homologue de la Banque de France qui y sont allés de leur petit commentaire rassurant, dans le genre "la crise du subprime ne DEVRAIT pas se généraliser...". Généralement sans l'ombre d'un argument, si ce n'est la respectabilité de leurs cravates respectives.

Dans le même temps, "American Home Mortgage", société de prêt immobilier hypotécaire (mais pas particulièrement subprime) annonce ce matin qu'elle cesse ces activités et licencie immédiatement 7000 personnes.

De quoi réduire à néant en un clin d'oeil, les beaux efforts des pontes suscités.

Hommage à Emile Coué

Alain Séchas. Hommage à Emile Coué, 2005. Spirale en rotation, bande sonore «Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. Every day, in every way, I’m getting better and better». 144 x 130 x 22 cm.

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12 août 2007 7 12 /08 /août /2007 10:03


 

Témoignage d’un chrétien sur l’Islam

Par Pierre Lavoisy

Participant au dialogue intereligieux à Saint Amand-les-Eaux depuis 1995, j’ai eu la chance de faire connaissance avec des musulmans qui m’ont permis d’approfondir mes quelques connaissances de l’Islam. J’en avais eu une première approche au Centre Spirituel du Haumont dans les années 1993 puis par des contacts amicaux au sein d’associations qui luttèrent pour le respect des droits de la personne humaine, en particulier au moment de la purification ethnique en Bosnie.

Chrétien membre de l’Église Réformée de Valenciennes-Saint Amand, je précise que tousmes propos n’engagent que moi et moi seul et s’il m’arrivait de choquer certains des lecteurs, je leur prie à l’avance de m’excuser et de croire que tel n’est pas mon but. En outre les bribes de savoir que j’ai, pourront m’amener à dire des aberrations sur l’Islam et je serai reconnaissant que l’on me les signale.

Dans le témoignage qui suit, je parlerai des enrichissements divers que j’ai eu la chance de vivre au contact des nombreux échanges, et j’achèverai par évoquer brièvement ma prise de position religieuse vis-à-vis de l’Islam.

Premiers contacts

Mes premières lectures de la traduction par Denise Masson du Coran me donnèrent une impression de flou artistique et de répétitions et mes habitudes de lecture de la Bible se heurtaient à l’absence quasi-totale de narration.

Puis la formation au centre du Haumont et la lecture des commentaires de Jacques Berque dans sa traduction du Coran me révélèrent une architecture textuelle dont j’ai saisi vaguement les arcanes.

À partir de ce moment, j’ai classé le Coran dans la catégorie des poèmes épiques et des chansons de geste. Cette conception m’avait été également suggérée par l’ancienne émission religieuse sur l’Islam, le dimanche matin sur France 2, et plus particulièrement par la psalmodie d’introduction qui m’envoûtait.

La beauté, l’un des plus beaux noms de Dieu ?

La conversion de Maurice Béjart m’intriguait, jusqu’à ce que je fis le rapprochement avec les pas de danses, la chorégraphie et les arabesques des calligraphies. J’y trouvais une unité plastique en harmonie avec les psalmodies du Coran.

C’est ainsi que le contact de l’Islam m’amena à faire de la beauté, au sens esthétique du terme, un nom de Dieu. Et il m’est arrivé de dire à des amis musulmans que leur religion était belle.

L’élégance et la noblesse

Ne comprenant pas la dimension rituelle des prières (sâlat), des discussions sur le savoir-vivre ensemble amenèrent tout naturellement à parler de la politesse et de la correction dans les échanges. Ces civilités qui nous distinguent de l’état animal s’imposent encore plus dans les contacts avec une personne importante : on s’habille bien, on ne le fait pas attendre,on est poli et déférent … Et que dire lorsque nous avons rendez-vous avec le Seigneur des Mondes ! Je retrouvais ainsi la coutume de mettre ses habits du Dimanche et d’arriver à l’heure pour aller au culte ou à la messe. La salât est donc un acte de déférence à l’égard du Créateur.

En outre dans nos échanges avec Lui, il nous est demandé d’être nous-même : en fait nous ne sommes jamais aussi nus que sous l’oeil de Celui qui sonde les cœurs et les reins. Or les psychotropes, alcool en particulier, créent une situation mentale non authentique, ne parlet’on pas de paroles d’ivrognes ? Et les amis musulmans, que je fréquente, me semblent vivre en permanence sous le regard de Dieu, ce qui justifie théologiquement le refus de la consommation d’alcool.

L’Islam m’apparaît ainsi comme une belle et noble religion qui demande, pour paraphraser Jacques Berque, à l’homme de pratiquer le bel agir. Vous comprendrez pourquoi les souillures provoquées par les agissements criminels de fanatiques islamistes radicaux me sont insupportables : ils blasphèment les beaux noms de Notre Créateur.

Le devoir de témoignage et le refus de l’enfouissement

Le courant laïciste français a pour volonté de maintenir l’expression religieuse dans le domaine privé et domestique et de l’exclure de toute manifestation publique. Il avait eu pour effet de complexer les chrétiens qui vivaient leur foi comme une maladie honteuse à ne pas exhiber dans les discussions et rencontres mondaines diverses. Ce profil bas, dit d’enfouissement, occultait l’obligation pour tout croyant ayant accepté le don de la Révélation de ne pas s’en cacher et de témoigner de sa foi.

Or les musulmans ne cachaient pas leurs convictions et demandaient de bénéficier d’un espace public dans la cité pour leurs pratiques cultuelles, ils ont ainsi fait sauter le verrou en imposant une interprétation libérale traditionnelle de la législation française sur la laïcité. Ils ont ainsi contribué à réveiller un certain nombre de chrétiens en leur rappelant leur devoir de témoignage.

Le péché contre l’Esprit et le dénégateur (kâfir)

Dans les Évangiles de Matthieu, Marc, Luc il est dit que le blasphème, ou péché, contre l’Esprit, est le seul à ne pas être pardonné. C’était pour moi incompréhensible et je n’étais satisfait par aucune note lue. Puis au cours d’une discussion sur le Coran , j’établi le lien avec« celui qui occulte la Vérité après l’avoir reçue » (interprétation littérale de Jacques Berque).

Il m’apparut évident que refuser le don de la Révélation, après qu’elle fut personnellement offerte par le Créateur, amène une telle créature à jouir du mal qu’elle commet à l’égard de leurs semblables. Et je songe à certains personnages historiques tristement célèbres En d’autres termes les dénégateurs sont des croyants qui font alliance avec le mal et j’en ai déduit qu’un être humain n’avait pas le droit d’accuser quiconque d’être kâfir.

L’amitié

Un des plus beau cadeau que j’ai reçu est certainement l’amitié de musulmans, dans le respect de nos convictions, sans lesquels je n’aurai sans doute pas eu une telle approche enrichissante de l’Islam. Je sais que ces amitiés vont bien au-delà de nos personnes et qu’elles sont la manifestation de notre Dieu dont la Paix est un des noms.

Conclusion

Je n’ai pas abordé les problèmes théologiques liés à la Révélation chrétienne que je confesse, par exemple l’incarnation divine ou le dogme chrétien du Dieu unique Trinitaire, non par gêne, mais parce que c’est un autre sujet. Mais je puis dire que je ne suis pas en accord avec le magistère catholique qui voit dans la religion musulmane une forme incomplète de la Révélation et qui affirme, dans « Dominus Iesus », que seule l’Église catholique accède à la plénitude de la Vérité divine.

De même je n’ai pas exposé mon point de vue sur la naissance d’un islam français et européen intégrant les Lumières du XVIIIième, naissance liée à la tragédie du déchaînement fanatique. J’ai simplement tenté de montrer en quoi la Révélation Coranique, cet hymne thawîd, est, pour le chrétien que je suis, un Rappel et une source d’enrichissement. Je souhaiterais achever ce témoignage par un passage du verset 48 de la sourate V du Coran où je fus particulièrement interpellé par le mot « don » :

« … Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté. Mais Il a voulu vous éprouver Par le DON qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpassez les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour à tous, se fera vers Dieu ; Il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends. »

Amis lecteurs et lectrices, connus et inconnus, que l’Unique vous accompagne dans la vie de tous les jours.

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11 août 2007 6 11 /08 /août /2007 19:52

 

الخلاص الفردي ومشاريع العودة... أين الخلل ؟  [1/3]

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[الجزء الأول]

 

د. خــالد الطــراولي

ktraouli@yahoo.fr

 

كل صغير سوف يكبر وكل مهاجر سوف يرجع، وكل غائب سوف سيعود، ألا ترى الشمس وهي تغادرنا ليلا وفي الفجر نلاقيها من جديد... وقد قيل لأعرابية أي أبنائك أحب إليك؟ قالت المريض حتى يشفى والصغير حتى يكبر، والغائب حتى يعود... ولقد مثلت الغيبة أو الغياب محطة هامة للهجرة في حياة أفراد وفرق وشعوب وحتى حضارات... وغلبت على مشاريع الهجرة والغيبة الإكراه والتشريد، ودخلت مواطن الحسابات والمواجهات والمقاومة واستبعاد الخصم عن مواطن الفعل المباشر والتخلص منه، فكانت غيبة أهل الكهف وهجرتهم ملاذا من الاستبداد الديني، وكانت غيبة المهدي لدى الشيعة ملاذا من الاستبداد السياسي.

لقد مثلت الهجرة ملاذا وإطارا لتواصل وجود فكرة ووجود حامليها، ولقد كان للمكان الآمن التي يجده أصحابها دفعا لعدم الموت وحتى للإبداع والتفوق، فكانت هجرة الرسول الكريم صلى الله عليه وسلم حالة فريدة ولا شك، ولكنها تندرج عبر طابعها الإنساني في هذه الإرادة على البقاء وعلى الحياة وعدم قبول الأمر الواقع وقوفا وتواصلا وإبداعا ونجاحا.

النمـــوذج التونسي ورحلــة العـذاب

وفي عصرنا هذا تواصلت محن المَهاجر بالنسبة لعديد الأقوام بعد أن لفظتهم مواطنهم ظلما وعدوانا، وكانت تونس ولا تزال إحدى هذه البقاع الصغيرة التي غادرها في ليلة عابسة قمطريرة مجموعة من الشباب بعد تدافع سياسي رهيب، لم يترك لهم من خيار سوى القضبان أو الحدود، فغادرت البلاد ونسيم الأوطان بمرارة ومغلوب على أمرها، دفعات متتالية من خيرة الشباب، مختفية عن صولة الجلاد، وعبرت الصحاري والوديان، حاملة معها أحزانها ومشروعها،  حتى أرسى بها ترحالها في أكثر من 50 بلد لم تطأ بعض أرضه قدم تونسية من قبل...

الحالة التونسية ليست فريدة عن مثيلاتها العربية، ولكنها كانت أكثر إيلاما وعنفا وعددا، وحملت سناريوات حزينة لهذه السفرة الطويلة نحو المجهول، هربا بفكرة ومشروع، قبل الهروب بالأجساد!

عقدين من الزمن البعيد أو ما يقاربهما تتالت بسلبها وإيجابها، بأفراحها المقتضبة وأحزانها، بعيدا عن الأهل، بعيدا عن العشيرة، بعيدا عن زقاق المدينة ورفاق الدراسة وأتراب الحي، بعيدا عن الوطن... تداخلت خلالها أبعاد وتطورات، دخل الأبناء على الخط وحتى الأحفاد وبقيت السفينة رغم ثقل حملها تواصل طريقها في بحر الظلمات، جاء الاستقرار يترنح مستمدا وجوده من طول الرحلة وتقدم الأعمار وتوسع الأسر، وابتعد نسيم حي البلفيدير وصياح باعة سوق الحلفاوين والمدينة العتيقة... وبعدت القيروان بمقروضها الجميل، الطيب عرضا وذوقا..، وخرجت سوسة والمهدية والمنستير بأسوارهم العالية ورباطاتهم رويدا رويدا من ذاكرة تذوب...، و أخذت نابل والحمامات أشجارها وقوارصها بعيدا عن مد اليد والعين..، ورست قوارب قرقنة وجرجيس بعيدا عن مرمى الذاكرة وهي تحاول استيعادها من جديد..، وبقيت جربة الجميلة في المخيلة تبحث عن "عطار" يذكرنا بها ونحن نعبر أسواق بارباس في باريس، وظلت صفاقس وقابس وقفصة تدافع بقوة الحديد والفسفاط والكبريت المنبعث من أرجائه عن تاريخ عتيد ووجود في الذاكرة يضمحل...

تلك تونس الجميلة التي حملها الجميع معه وهو يراها بعد حين من الزمن تضمر ولكنها ظلت صامدة تحاول البقاء والثبات رغم طول الرحلة وعناء السفر..، عقدين من الزمن يمران ويبقى الحنين نحو الوطن قائما صلبا لا تضاهيه غير صلابة الإسمنت، إرادة للبقاء وأمل في العودة راسخ رسوخ الجبال... ومرت الأيام.... وبدأ دافع العودة وحنين الوطن يتجدد من حين لآخر عند البعض... وبدأت رحلة أخرى مع الضمير حينا، ومع الواقع حينا آخر تحاول طرح سؤال لم يغب عن الذاكرة ولكنه ظل مختفيا حياء أو موضوعية أو كلاهما... متى نعود ولماذا لا نعود؟؟؟

النمــوذج التونسي وقــرار العـودة

وبدأت قوافل العودة تطل بأنفها محتشمة في البداية، ممثلة في بعض الأفراد  منذ أوائل هذه الألفية عبر المعالجات الشخصية التي فتحت لها القنصليات أبوابها شراعا لتطبيق ماصطلح عليه بتصحيح الوضعيات، لتتسارع خطاها منذ ردهة من الزمن، وكانت هذه الصيفية مثالا حيا لتوسع هذه الظاهرة حيث طالت بعض الوجوه المعروفة على الساحة الإسلامية والمنتمية إلى حركة النهضة. وإذا كان التوجس والاعتراض والرفض هو الموقف الغالب من هذا المسعى، إلا أن تغيرا في المواقف قد بدأ يلوح عند بعض القيادات والتي يبدو أنها لم تعد ترى داعيا لهذا التحفظ بل سارعت إلى مباركته ولا ترى مانعا من هذا الخلاص، وهذا ما يستبان من حديث الدكتور النجار في مقاله الأخير في قوله : " وأخيرا، فها هي بعض من أشعّة نور بدأت تبدّد الظلام: .. وعدد من المهجّرين يعودون إلى أرض الوطن، وقد علمنا أنّ أكثرهم قد تجاوزوا الحدود بكرامة محفوظة، وإن يكن بعض من رفاقهم لم يُمكّنوا بعد من جوازات سفرهم وقد قدّموا مطالبهم منذ مدد طويلة... " [1]

 وقفة تأمل ونقطة نظام تفرض نفسها على هذه المنهجية الجديدة في التعامل مع ملف اللاجئين والمشردين. لقد ذكرت سابقا ومنذ مبادرة المصالحة المعروفة سنة 2003 أن من الأسباب التي دعتني لإطلاقها حينذاك هو تفشي ظاهرة الخلاص الفردي والحديث الذي طالها داخل الكهوف والدهاليز، فأردنا تعرية المستور خطأ حتى لا نبني في الظلام، وكان خوفي غلى ضمور المشروع الإصلاحي ذي المرجعية الإسلامية بضمور عدد حامليه وانسحابهم هو الدافع لتلك الوقفة، ولم أتخل منذ ذلك الحين عن التذكير بأهمية العنصر المهجري وتلازمه مع العنصر الداخلي، وأن خلاصه لا يكون إلا ضمن خطة جماعية تطال المساجين السياسيين وحالة البلد إجمالا...[2]

هـــوامش :

[1] د.عبد المجيد النجار "أما لهذه المأساة من نهـاية" نونس نيوز 04.08.2007

[2] انظر مثال ذلك خالد الطراولي "المصالحة الوطنية والنجاة الفردية خطان لا يلتقيان" رسالة اللقاء رقم 6  بتاريخ 15 أفريل 2006 موقع اللقاء الإصلاحي الديمقراطي www.liqaa.net

أوت 2007

ـ يتبـــع ـ

المصدر :  موقع اللقاء الإصلاحي الديمقراطي

 

 

                                                                                         *

 

 الخلاص الفردي ومشاريع العودة... أين الخلل ؟  [2/3]

 

[الجزء الثاني]

د. خــالد الطــراولي

ktraouli@yahoo.fr

 

لمـــاذا الخلاص الفردي ؟

لنحدد الفضاء الذي نتعامل فيه، ولبعض البقاع الرمادية التي يمكن أن تلوح في الأفق وتعكر صفو الحديث وتنحرف به في مستنقعات وفخاخ... ليس إطارنا عقديا ولا إيمانيا، وليس إطار مزايدات على الوطنية وتنابز بالتخوين واللاوطنية، ولكنه إطار اجتهادي خالص تحتمل ضفتاه الخطأ والصواب لكل دعاته وممارسيه، وقد زعمت دائما ولا أزال وبكل تواضع صواب حديثي اللاحق وخطأ التنظير والممارسة لمنهجية الخلاص الفردي والنجاة الشخصية. ولا يمكنني في هذا الإطار الخلافي حتى الاستنكار والتنديد، فلكل تبريراته واجتهاداته وخلوصه منفردا إلى حكومة ضميره، ولكني أسعى للتذكير والتحذير من تفشي ظاهرة الخلاص الفردي وإبراز خطورة ما يحدث من مباركات وصمت وقبول ضمني لها، على تواصل ونجاعة وحتى وجود المشروع السياسي الإصلاحي ذي المرجعية الإسلامية، والذي ينبني أساسا في هذه الحالات الاستثنائية على وفاق أقصى بين الداخل والخارج.

عند الحديث مع بعض الإخوة الذين عقدوا العزم على الرحيل، أو تسمع من هنا وهناك عن أصحاب هذه المواقف والتصورات، أو تقرأ لهم بعض النصوص، يتبين لك رغم زوايا التداخل والتشابك، وجود أربعة أصناف من اللاجئين العائدين :

 

الصنف الأول : هم جماعة طال عليهم الأمد وعظم الحنين والشوق لديهم للوطن والأهل، يرون أبناءهم تنمو قاماتهم وسيل من الشعر الأبيض يغزو الذقون والرؤوس وليس لهم باع في السياسة عن قرب، فقد طلقوها منذ سنين بعد أن وطئت أقدامهم ديار المهجر. ليس لهم كبير علاقة بالمشروع وكأنهم زُجَّ بهم زجا فيه فتركوه على الحدود، ولكنهم بقوا يحملون تبعات هذا الانتماء، وتركوا الشأن العام واعتنوا بالشأن الخاص، من أهل ومعيشة واسترزاق، فلما فُتحت الأبواب دفعوها بهدوء ومروا مرور الكرام!

الصنف الثاني : لم يكن دوما على وصال مع حركته، فهو مجمد أو مبعد أو مستقيل دون رسالة استقالة، يعيش العزلة السياسية ولا يرى له مكانا تحت الشمس، وليس الخلاص الفردي بالنسبة إليه إلا تغييرا للتراب الذي يقف عليه، فهو منسحب من المشروع التنظيمي وإن كان لا يزال يعيش ويحلم بالمشروع السياسي. فحالة الانسحاب والعدمية التي يعيشها في المهجر، لن تتغير، فالأولى أن يعيش على الهامش وهو على أرض الوطن وليس خارجه.

الصنف الثالث : فهو محبط يائس، بعضهم يعيش الانتماء التنظيمي والمشروع السياسي، وبعضهم يعيش المشروع فقط، ولكنه نتيجة خيبة عارمة وانسداد الآفاق وفشل مشروع الشباب الذي كان يحلم به وعجز المشروع الإصلاحي عن الوصول إلى مبتغاه، زيادة على طول رحلة الهجرة وحنين الأوطان ووعرة الطريق وتسابق سنين العمر، مع بعض النجاحات الاقتصادية من هنا وهناك، كل ذلك ساهم في إحداث النقلة الأخيرة والقرار النهائي بأن قطار العودة قد لاح وأن محطة النزول قد برزت، وأن الاعتراف بالفشل ونهاية المشروع قد تأكدت...

الصنف الرابع : وهو أصعبهم علي، فهم مجموعة لم يفقدوا الأمل في المشروع السياسي ولكن حسموا أمرهم في الانتماء التنظيمي وفي عدم فعالية وجدوى العمل المهجري، لكن حنينهم إلى العمل والنضال باق، غير أنهم يمنّون أنفسهم أن عودتهم إلى أرض الوطن ستمكنهم من العمل المباشر ولو في القليل القليل بداية من الأسرة والحيّ، يرون أن التاريخ هو عبارة عن مراحل تتجدد ولعلها تعاد، فالأولى العمل من جديد ولو في بساطة الجماعة الإسلامية الأولى، من وعظ وإرشاد محدد ومعين، والمراهنة على الزمن في التغيير الذاتي والنفسي ثم السياسي.

 

الحـالة العدميـة للمهجـر

هذه الأصناف الأربعة على اختلافها وتشابك أطرافها، ومع احترامنا لجميعها، تبرز حقيقة مكوّن أساسي يوحّدها ويميزها، وهو حالة العدمية والفراغ التي تجمعها وتعيشها، حيث كان هؤلاء ضحية فضاء تنظيمي وسياسي لم يكن في مستوى الاستجابة لتطلعاتهم وهمومهم ومشاكلهم، فعاشوا على الهامش ولم يكن خيارا، ولكنه غياب خطة توظيف واضحة وممنهجة لهذه الطاقات. ونحن مع ذلك لا ننكر صعوبة الواقع المهجري المحيط في الإمساك بكل أطراف هذا الإشكال.

إن المنطلق الأساسي للخلاص الفردي هو الحسم الذاتي في نهاية مرحلة جماعية وبداية أخرى ذاتية، هو اعتبار لحالة خاطئة يعيشها الفرد من إحباط وعدمية ويأس من المشروع، وعدم كبير ثقة في دوره ومكانه منه، وهو اعتراف بنهاية مشوار نضالي أتت عليه السنين، وأن المطلوب منه قد أداه وزيادة، ولا بد من تقاسم التضحيات مع أجيال أخرى، عليها أن تحمل المشعل وتواصل المسيرة...

هذه الحالة العدمية والسلبية وغير الطبيعية التي يعيشها هذا الفرد المنتظم أو المتعاطف، يتفق الجميع على تشخيصها، ونحن كما ذكرنا نعتبرها حالة خاطئة وغير سليمة، غير أن هذا الفرد يعالجها بحالة خاطئة أخرى، وهي التخلص من هذا الحمل، والرجوع إلى ارض الوطن، وا

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11 août 2007 6 11 /08 /août /2007 16:02

 

 

 

 

 

Auprés de Dieu, ils ne sont pas morts.

Par

Biju.

 

La mort d’OMAR  dans la lointaine et complexe SOMALIE  a été douloureusement ressentie en TUNISIE. J’ai eu l’occasion ces derniers jours  d’en parler avec plusieurs amis  résident au  Bled où je passe mes vacances. La dictature bien sûr jubile sur l’air de « on vous l’a bien dit », « on avait raison de réprimer les « terroristes de JARJISS », salauds d’assassins, ignobles assassins faiseurs de cadavres et de zombis. Malheureusement ce n’est pas seulement les sicaires de ben Ali qui  nous chantent cette  chanson, dans leurs torchons de propagande, mais beaucoup  de « branleurs », d’opportunistes abrutis  se donnent a cœur joie dans  ce genre de morbides spéculations, et on diabolise l’événement à tire larigot en jettent en pâture a l’ignominie et la bassesse,  tout ce que la Tunisie , le monde arabe et le monde tout court compte de prés ou de loin, d’islamistes, de musulmans ou même  de simples démocrates qui luttent pour les droits civiques, et qui ne conçoivent pas la démocratie sans la participation de la majorité des individus qui se reconnaissent en elle, et respectent ses fondamentaux, qu’ils soient de gauche, de droite, du centre, communistes, islamistes, agnostiques  ou enculeurs de mouches.
Les jeunes de SOLIMAN sont morts au combat, OMAR est mort en SOMALIE volontaire pour des oeuvres caricatives selon ses proches, ses compagnons sont prisonniers de la soldatesque Ethiopienne, des dizaines de jeunes tunisiens meurent chaque années de drogues, de violences, de « hargua », sur les routes par excès d’alcool , dans le doute par un trop plein de manque d’amour et de tendresse, d’humanité,  et de rage de survivre dans la TUNISIE diabolique de ben Ali, cette camisole de force pour un peuple poussé a la folie et au désespoir. Tous ces morts sont des morts innocents  de toute injustice, tous ces morts, moi, je les réclame à cette dictature barbare, qui pousse tous ces jeunes dans la haine d’eux-mêmes, OMAR comme tous ses frères morts et nous survivants, nous ne demandons que de  vivre, chez nous, ou ailleurs, dans l’idée et la certitude que notre Tunisie est libre, ouverte , tolérante et juste,cette certitude qui nous peut que pousser les tunisiens a l’excellence, a la tolérance, a la liberté, a l’affirmation du droit et de la justice, a son amour, a son recours et au progrès.
Plus que le crime, Ben Ali et son système sont des pousse-au-crime, ce sont les seuls et uniques coupables et avec préméditation, ces salauds entretiennent le feu dans les forges de la mort, d’où sortiront de plus en plus de nouveaux tunisiens qui n’auront d’autres horizons que le mépris de la vie.
Paix a OMAR et a tous les autres et ceux a venir, qu’ils reposent en paix, les criminels qui ont brûlé leur innocence et leur jeunesse diffament encore et pour longtemps la TUNISIE.

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RACHED:
J'avais connu l'espace d'une journée cette homme  que j'avais rencontré à l'infermerie pénitentiére.J'étais un peu plus âgé que lui et pourtant  je fus frappé par sa lucidé et sa gentillesse, il était trés étonné de parler avec un franco-tunisien, et s'étonnait que je vivais en Tunisie, et surtout qu'un ancien éléve de la terminale S de mutuelleville, l'école de la mission française soit un musulman pratiquant.Que Dieu le bénisse en son saint paradis, nous sommes qq uns ici en Tunisie à l'avoir connu et sommes en état de choc  par sa mort, mais  nous sommes à Dieu et c'est à lui que nous appartenons, qu'ALLAH de sa  trés haute miséricorde protége ses compagnons.
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DECES D’OMAR CHLENDI

 

 

Omar a été détruit par le système carcéral Tunisien !

Après sa libération, il n’a pas pu s’intégrer dans une vie « dite normale » !

Il a voulu se retrouver et donner un sens à son existence en ayant le courage de s’engager bénévolement auprès d’une Association Humanitaire pour aider et soigner les blessés et les personnes dans la misère dans un Pays de pauvreté et en guerre, la Somalie, où meurent chaque jour des centaines d’innocents !

Omar me disait : « …nous autres Européens avons beaucoup de chance de vivre dans un Pays tel que le nôtre car en Somalie, les gens meurent d’une misère épouvantable ou sous les balles de la guerre… ! « ….je suis heureux de pouvoir aider les gens… »

En voulant donner un sens à sa vie et aider plus malheureux que lui, en voulant sauver des tas de personnes, il a payé un lourd tribut en y laissant sa vie.

Il est tombé sous les balles des Armées occupant le Pays..

La personne ayant vécu auprès d’Omar les derniers instants de sa vie, m’a rapporté le témoignage suivant : « Cela a été un honneur pour moi d’avoir connu ce grand homme plein de courage et d’humanité.
Il était très instruit et d’un grand respect envers les autres.
Je me souviendrai toute ma vie de cet homme, « il restera gravé dans ma mémoire à jamais ».

Ainsi s’achève le destin de mon fils

De là haut, Omar prie pour que la paix revienne dans tous ces Pays en guerre et que tous les gens mangent à leur faim, c’était certainement son plus grand souhait.

Térésa Chopin
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Que faisait l’internaute de Zarzis tué en Somalie ?
 

Omar Chlendi, l’un des six « internautes de Zarzis » détenus entre février 2003 et février 2006 et pour la libération desquels plusieurs organisations humanitaires internationales avaient fait campagne, a été tué en Somalie.

À Tunis, on estime qu’il était parti dans ce pays pour combattre au côté d’éléments liés à al-Qaïda. On rappelle qu’en 2004 un tribunal tunisien avait reconnu les six « internautes de Zarzis », dont Chlendi, coupables d’avoir téléchargé sur un site Web un mode d’emploi pour la fabrication d’explosifs.

C’est la mère de Chlendi, Teresa Chopin, qui a récemment pris connaissance des circonstances de la mort de son fils en février 2007. Il tentait de s’enfuir vers le Kenya quand il a été tué lors d’une embuscade tendue par l’armée éthiopienne. Laquelle est intervenue en Somalie, comme on le sait, pour appuyer le « gouvernement provisoire » contre les « Tribunaux islamistes ».

Trois compagnons tunisiens de l’internaute auraient été faits prisonniers. Après sa sortie de prison en février 2006, Chlendi avait quitté la Tunisie et s’était rendu en France où il se trouvait encore en juin 2006. Depuis, on avait perdu sa trace.

(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2430 du 5 au 11 août 2007)
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