-Mieux vaut opter pour la dynamique unitaire
Par
HOUSSINE
Le règne des prédateurs
Houssine
A bien des égards, la situation actuelle du monde est tellement complexe qu’une analyse aussi scientifique soit - elle se bornant à étudier un seul de ces aspects ne peut se prévaloir d’en saisir tous les contours et restera en deçà d’une vision globale intégrant tous les paramètres aidant à la compréhension du présent de l’humanité pour la simple raison qu’un changement s’accompagne d’une multitude d’impacts touchant aux différents domaines de la vie humaine.
Le moins qu’on puisse dire est que l’humanité a outrepassé un certain modus vivendi caractérisé par ses équilibres, par sa relative stabilité et par ses utopies pour s’engager dans des sentiers labyrinthiques qui ne laissent pas se dessiner des horizons bien clairs. Le monde s’engouffre dans une période de transition dont on méconnaît la durée et les ultimes accouchements. Ce qui se trame, pendant cette phase de gestation, n’augure pas de lendemains joyeux. Ceci fait régner un climat de peur et de frayeur quant à l’avenir de l’humanité à cause de ces revirements de la pensée et des actions vers des options considérées, naguère, comme caduques et révolues. De la sorte, l’humanité se retrouve ébahie face aux tournures que prennent les événements pour en conclure par des questionnements sur « le sens du monde ». C’est ce que Jean Luc Nancy évoque comme suit : « bien loin de croire, comme beaucoup aujourd’hui, que nous vivons dans un monde de simulacres et d’irréalités frénétiques et autodestructrices, je crois que nous sommes en plein accouchement d’une nouvelle conscience et de nouvelles interrogations. Le libéralisme économique qui triomphe n’a plus grand chose de l’assurance conquérante de la bourgeoisie passée : il reste à la fois plus fou, plus débridé et plus cynique (ou à plus grande échelle), mais il est aussi plus inquiet, car de plus en plus dénudé dans la pauvre vérité de son propre développement privé de sens. C’est aussi pourquoi il nous renvoie et il se renvoie, en pleine figure, une question du « sens »(1). Il parait difficile d’appréhender tout ce dont regorge ce passage en idées et en pensées. Toujours est - il qu’il insiste sur le fait que le projet ultralibéral est « privé de sens ». Ce non - sens, qu’il véhicule, témoigne, probablement, d’une ère caractérisée par la fin des certitudes sur le devenir du monde. Il induit, également, des inquiétudes sur le sort réservé à cet ultralibéralisme et, par là, à des interrogations sur le destin de l’humanité. Cette humanité appelée à s’investir dans la quête de recouvrer un sens au monde.
Par la faute des ultralibéraux, le monde culmine vers la destruction de tout le patrimoine humain et humaniste bâti à force de luttes, généralement disproportionnées, pendant lesquelles le militantisme patient et persévérant du Tiers état, à travers les siècles, est confronté aux pires exactions et aux plus dures répressions. Qu’il s’agisse des progrès de la science, des libertés individuelles ou politiques, de la démocratie, ... ; le Tiers état et ses élites intellectuelles et politiques ont eu, constamment, à payer, de leurs vies et de leurs peaux, le prix de leur hardiesse et de leur courage à réclamer, en temps opportun, le changement au lieu de d’être mis devant le fait accompli et de proposer les voies de salut exigées pour sortir des situations de crise et pour bâtir le monde de demain sur d’autres bases et d’autres règles de conduite à même d’améliorer les conditions de vie de l’humanité. Le cours de l’Histoire a toujours été marqué par des scènes atroces que le Tiers état parvient, par l’âpreté de ses luttes et sa bravoure, à dépasser pour des lendemains meilleurs. Les cumuls historiques, des différentes batailles entre la réaction et le progrès, devaient conduire à un monde plus humaniste et plus réceptif des valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté, de justice, de paix, ...
Or, depuis la fin des années 70 du siècle passé, les ultralibéraux, sous la conduite de Reagan, de Tatcher et de leurs théoriciens extrémistes, se sont attelés activement à contrer et à contrarier le cours de l’histoire. Ainsi, ils ont remis à l’ordre du jour des problèmes et des péripéties noires de l’Histoire de l’humanité. Ces épisodes que les humains considèrent comme de tristes souvenirs qu’ils n’auront jamais plus à rencontrer dans le futur. Les ultralibéraux ont vite fait de renouer avec l’injustice, le despotisme, les inégalités, la guerre, le colonialisme, les tortures, la répression, l’oppression, la paupérisation des peuples et des nations, la précarisation de la vie des citoyens, ... C’est-à-dire qu’ils ont fait subir au cours de l’Histoire un de ces virages réactionnaires en le renvoyant aux petits débuts de l’émergence du système capitaliste.
Ce qu’on observe, actuellement, comme dérives, présentées en tant que conquêtes de l’ultralibéralisme, laisse tous les humains, ne serait - ce que cela, pensifs à plus d’un titre. Ils sont effarés par ce summum de l’ « inhumanisme » et de l’anti-humanisme dont se congratulent les ultralibéraux. Ceci amène les humains à s’interroger sur les rapprochements possibles entre ces créatures inhumaines et les humains tant leurs valeurs égoїstes et leurs pratiques déshumanisantes en font des êtres anachroniques au regard du présent de l’humanité.
Ces créatures, avides d’argent et de pouvoir, ne reculent devant rien pour mettre à genou les humains tout en leur ôtant l’envie de vivre par suite de leur inondation par la culture de la consommation qui les transforme en des êtres sans goût pour la soif de la vie, pour l’esthétique, pour la musique, ... Si bien que les humains se sentent placés dans un monde où sévit l’absurde et dans lequel il n’existe plus de préoccupations autres que de garantir des besoins physiologiques élémentaires pour la survie. Les politiques ultralibérales, par leurs désastres et leurs atrocités, ne riment qu’à instaurer un état de fait dans lequel une minorité de prédateurs vit dans ses tours de Babel tandis que la majorité écrasante des humains fait semblant de vivre. Toutes les actions des ultralibéraux s’inscrivent dans cette perspective.
L’ultralibéralisme va de pair avec le darwinisme social tant à l’intérieur des pays que vis-à-vis des nations. Le darwinisme social à l’échelle des pays se traduit par des hiérarchisations des sociétés avec certaines castes minoritaires aux sommets de ces hiérarchies et la majorité de la population à la base. Les fossés existant entre les sommets et les bases sont très profonds et ils continuent à s’approfondir au fur et à mesure que les richesses nationales augmentent. Cette « sélection naturelle », au détriment des plus démunis, se traduit par l’exclusion d’un nombre de plus en plus grand de citoyens métamorphosés en laissés - pour - comptes et par l’enrichissement de plus en plus de la minorité de capitalistes ultralibéraux.
Le darwinisme social vis-à-vis des nations se fonde sur les mêmes procédés de marginalisation des nations sombrant dans la pauvreté proportionnellement à l’intensité de l’exploitation de leurs richesses naturelles et de leurs biens communs par les sociétés transnationales aux mains des prédateurs financiers. Par conséquent, les pays sont classés, selon des critères donnés, au niveau international en se fondant sur cette « sélection naturelle » qui postule que chaque pays doit préparer son intégration au système ultralibéral mondial pour se faire une place de choix sous peine de se voir reléguer au rang des nations exclues et des nations laissées - pour - comptes.
Le résultat de ce darwinisme social local ou international, suite au processus de paupérisation qui en découle, est de faire en sorte qu’une majorité de peuples et de pays soient relégués comme des laissés - pour - compte pour qu’une infime minorité d’ultralibéraux accapare toutes les ressources de la planète - Terre. Ce qui donne ce tableau noir : « le club mondial et très sélect des millionnaires (en dollars) s’est élargi de 500 000 membres en 2005, pour atteindre 8,2 millions, selon l’étude publiée, mardi 20 juin, par la banque américaine Merrill Lynch et la société de services informatiques française Capgemini. Même si certains d’entre-eux ont quitté le classement, leur nombre a augmenté de 6,5 % en un an. Et leur fortune cumulée a atteint 33 300 milliards de dollars (26 400 milliards d’euros) en hausse de 8,5 % par rapport à 2004 »(2). Voilà, donc, où mène la « sélection naturelle » chère aux ultralibéraux. Quelques millions d’individus cumulent une fortune de 33.300 milliards de dollars, sans compter leurs avoirs en immobilier, en yachts, ..., pendant que des milliards d’humains crèvent de faim. Ce montant équivaut à presque le triple du produit intérieur brut des Etats-Unis égal à 12628.80 milliards de dollars pour le premier trimestre 2006 (3) pour une population avoisinant 300 millions de personnes. Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis sont une fédération d’une cinquantaine d’Etats réputés pour être les plus riches de la planète - Terre. C’est-à-dire que le montant possédé par les riches du monde peut subvenir aux besoins d’environ 900 millions de personnes vivant au niveau de vie des citoyens des Etats-Unis. Pour les pays du Tiers - Monde, ces sommes d’argent pourraient servir à nourrir on ne sait combien d’Etats et de milliards de citoyens.
Parmi ces riches du monde, on dénombre « le groupe des "ultra" riches - ceux qui détiennent plus de 30 millions de dollars - s’est également élargi. Il a grimpé de plus de 10 % en 2005 pour constituer une communauté de quelque 85 400 individus »(4). Le nombre des « ultra - riches » est plus restreint et il ne représente que quelques poussières pour cent de la population mondiale dépassant les six milliards de personnes. Ce groupuscule de quelques milliers d’individus est le produit de la « sélection naturelle » à en croire les ultralibéraux.
Pour assurer la conservation de leur espèce, ces riches et « ultra - riches » s’appuient sur l’adage « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Ces gens sont parce qu’ils sont fortunés et parce que de multiples d’institutions militaires, financières, commerciales et autres leur rendent des services. Leurs « raisons » ne sont, en réalité, que des justifications fictives qu’ils utilisent comme prétextes pour défendre leurs intérêts de castes. Dans la plupart des cas, ces mensonges sont acceptés comme allant de soi par un nombre, plus ou moins grand, d’Etats, ... à force de pressions, de chantages, de campagnes de désinformation, ... Certains Etats se rallient aux thèses mensongères des « plus forts » et deviennent des parties prenantes de leurs aventures en les monnayant et en y participant activement. Ces « raisons » sont appréciées par cette coalition comme étant les « meilleures » même si, après coup, on découvre leurs caractères mensongers.
Alors que les sociétés transnationales, propriétés des riches, ambitionnent d’avoir la mainmise sur les ressources naturelles des différents pays, certains Etats mettent à leur disposition leurs arsenaux militaires et ceux de leurs alliés pour porter les coups nécessaires aux Etats récalcitrants en vue de les « assagir » et de les pousser à ouvrir leurs frontières à ces sociétés pour exploiter ces biens comme bon leur semble. Ces Etats se chargent de découvrir « la raison » permettant de mettre ces Etats « voyous » ou de « l’axe du mal », ... sous la tutelle de ces sociétés soit en les envahissant, soit en renversant leurs régimes, soit en finançant les « oppositions », ... Que d’interventions militaires ou autres ont été entreprises en confectionnant des scénarios semblables dans de nombreux pays.
C’est la « raison du plus fort » que les ultralibéraux présentent comme voie d’adaptation au contexte de la mondialisation sauvage. Les peuples et les pays, incapables de s’adapter, seront les proies des prédateurs financiers « sélectionnés naturellement » pour « veiller » sur les destinées de l’humanité. Les groupuscules des riches et ultra - riches prédateurs continuent de façonner le monde selon leurs désirs en ancrant leurs valeurs néfastes et en marginalisant plus d’humains de par le monde.
Les humains ne peuvent se retrouver dans cette « loi de la jungle » combien antagoniste des idéaux humanistes du patrimoine multiséculaire de l’humanité.
1 - Rien que le monde, entretien avec Jean-Luc Nancy, Vacarme 11, Printemps 2000.
2 - Maguy Day, Le nombre des très riches a crû de 500 000 dans le monde en 2005, Le Monde, Article paru dans l’édition du 23/06/2006.
3 - www.boursorama.com
4 - Maguy Day, Le nombre des très riches a crû de 500 000 dans le monde en 2005, Le Monde, Article paru dans l’édition du 23/06/2006.
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Mieux vaut opter pour la dynamique unitaire
Houssine
Les mouvements d’émancipation humaine sont, parfois, confrontés à des situations sociales et politiques pendant lesquelles ils sont appelés à faire des choix cruciaux pour leur avenir et pour l’avenir de leurs pays. Dans de tels moments, les choix, qui se présentent, sont ramenés à leur juste minimum de telle façon que ces mouvements ont à déterminer ce qu’ils doivent choisir à partir de cette dualité « de deux choses l’une » du fait que, en de semblables circonstances, l’enjeu est de taille. Il s’agit, ni plus ni moins, d’opter pour un choix stratégique à même de changer les paramètres de la politique officielle suivie durant des décennies et ayant acquis le statut de consensus aux regards des principales forces politiques s’alternant et partageant le pouvoir. C’est ce jeu d’alternance de façade qui demande à être dépassé en proposant une alternative autre que l’ultralibéralisme dont s’abreuvent la droite extrême et le social - libéralisme en train de s’initier à la surenchère sécuritaire.
Cet état de fait prévaut à des tournants sensibles de l’Histoire quand les pays se retrouvent à la croisée des chemins où il est de l’intérêt suprême des Etats de ne plus persister dans la conduite des affaires publiques suivant les vieux schémas, dans le cadre du capitalisme sauvage, ayant prouvé leur inaptitude à promouvoir la croissance, la justice sociale et l’équité dans la redistribution des richesses nationales. Pour ne pas que les Etats s’enlisent plus profondément dans les crises, un changement d’orientation s’impose afin de doter les pays de visions et d’idées nouvelles pour le sortir de ces ancrages capitalistes dans lesquels ils sont mis à mal par la faute des capitalistes sauvages et de leurs serviteurs qui se sont succédés aux commandes du pouvoir et qui ont préféré mettre leurs services au profit des prédateurs financiers. Ce qui veut dire que le problème réside dans le fait de ne pas choisir de s’aligner sur le courant capitaliste et qu’il faut embrasser d’autres horizons à contre - courant de la droite extrême et du social - libéralisme. C’est une façon de ne pas emprunter les chemins battus par les laquais du capitalisme sauvage pour s’introduire dans des chemins non - battus par les serviles serviteurs du capital pour œuvrer dans le sens de l’émancipation humaine. C’est-à-dire que les mouvements d’émancipation sont invités à un changement de cap vis-à-vis de l’ultralibéralisme et du capitalisme sauvage pour construire un monde autre au service des intérêts des citoyens.
Il va sans dire que le choix d’une alternative autre dépend des conditions objectives et subjectives propres aux pays et à ses forces politiques dans des phases données de leur histoire. Il s’agit, d’abord, de procéder à « une analyse concrète d’une situation concrète » permettant de bien appréhender la réalité nationale dans toute sa complexité en clarifiant ses multiples rouages sociaux et politiques. Ce travail de fond, dans lequel se côtoient des études d’essence sociologique et politique, est appelé à mettre en lumière, de façon aussi précise que possible, les dysfonctionnements du pouvoir d’un côté et tout ce qui est en gestation au sein de la société à tous les points de vue de l’autre. Il convient d’accorder une attention particulière au rapport des forces entre les organisations politiques en présence à l’intérieur des nations de telle manière que toutes les composantes politiques soient étudiées avec le plus de précision possible pour dégager les poids effectifs qu’elles représentent au niveau du champ national tout en intégrant dans cette analyse les forces politiques gouvernementales et les autres pour avoir une vue globale et proche de la réalité. Comme il faut se consacrer à l’estimation du degré de maturité du mouvement social ou du mouvement des masses et à ses capacités organisationnelles. C’est à partir des constats et des conclusions dégagées que les choix alternatifs, dans leurs grandes lignes et éventuellement dans leurs menus détails, se clarifient et deviennent de plus en plus concrets du fait de la mise en évidence de la situation objective et subjective réelle des pays.
Le problème des conditions objectives se rapporte au vécu des masses populaires sur les plans social, politique, économique et culturel. Les conditions de vie des citoyens résultent, en fait, des orientations politiques des équipes partisanes au pouvoir. Lorsque ces citoyens voient se dégrader leur niveau de vie et qu’ils sont démunis de leurs droits les plus élémentaires, il est bien évident qu’ils prennent leurs distances par rapport à ces gouvernants qui ne sont pas faits pour servir leurs intérêts surtout quand ils observent de leurs propres yeux que certaines castes, que servent les gouvernants, bénéficient de tous les avantages et accumulent les capitaux en exploitant les masses. Cette méfiance et cette contestation émanant des citoyens affaiblissent le pouvoir qui devient incapable de satisfaire les intérêts des classes qu’il représente. Cette faiblesse des gouvernants s’amplifie par l’affleurement de dissensions et de divergences des équipes au pouvoir résultant, essentiellement, de la contestation populaire à tel point que le pouvoir ne peut plus gouverner et que les citoyens ne veulent plus être gouvernés par ce pouvoir. Cela veut dire que, quand la situation en arrive à ce stade, les conditions objectives sont réunies pour le changement.
Ces conditions objectives ne peuvent seules apporter le changement espéré. Les conditions subjectives, relatives à l’organisation du mouvement social, doivent être, aussi, réunies. A ce niveau, il est question des différentes structures d’organisation de la société civile capables de mobiliser les citoyens, victimes des politiques suivies par les gouvernants, pour réaliser le changement escompté. Ceci veut dire qu’un mouvement de masses non organisé ne peut se targuer de réussir dans les tournants de l’Histoire faute de structures organisationnelles adéquates à même d’encadrer et de permettre la mobilisation des citoyens pour concrétiser le changement voulu par une vraie rupture avec les politiques antipopulaires des gouvernants à la solde du capital.
En ces temps de mondialisation sauvage, la véritable ligne de rupture se trouve entre les partis ultralibéraux et sociaux - libéraux d’une part et les courants militant pour une mondialisation humaniste et humaine d’autre part. Le courant social - libéral, à l’instar des ultralibéraux, ne prône pas autre chose qui aille à l’encontre du capitalisme sauvage. Au contraire, certaines tendances de ce courant s’adonnent à la surenchère vis-à-vis de la droite ultralibérale dans les domaines de la sécurité, de l’éducation, de la politique antisociale relative aux allocations familiales, ... Il est à signaler, également, qu’une rupture ne peut se concevoir au sein de la droite ultralibérale. Le slogan de rupture, clamé par la droite extrême, ne peut être compris que comme une simple divergence entre les ultralibéraux pour plus d’extrémisme en matière d’adoption et d’application de lois ou de mesures conduisant à l’instauration d’un capitalisme pur et dur et au sujet de « tactiques » à suivre pour mieux servir les intérêts des capitalistes sauvages.
La rupture, par rapport à la mondialisation ultralibérale, est assimilable à un tournant historique en ce sens qu’elle s’insurge contre son essence capitaliste. Elle se veut une alternative au capitalisme dans le cadre de la mondialisation tout en se fixant, comme objectif ultime, l’émancipation de l’Homme. Elle ne peut être que l’œuvre des diverses tendances partisanes et associatives luttant contre la mondialisation ultralibérale et pour les intérêts des citoyens qui souffrent des retombées de cette machine sauvage sur leurs conditions d’existence. De cette manière, nul ne doit se faire des illusions à propos des forces politiques porteuses d’espoir de changement. C’est à celles ayant un projet altermondialiste clair que revient d’assumer leur entière responsabilité pour cette noble alternative.
Lorsque la rupture transparaît et qu’elle devient même visible dans le vécu quotidien de la nation, les forces altermondialistes n’ont d’autre choix à faire que de préparer l’avènement de cette rupture. Pour être à la hauteur de leurs taches historiques, il importe que ces forces élèvent les intérêts de la nation et des citoyens au dessus de toutes les considérations partisanes ou individuelles. Ces considérations qui ne vont paraître que telles des vues égoїstes ou politiciennes étroites et, par ailleurs, de moindre importance relativement aux attentes des citoyens en pareilles circonstances. Les divergences idéologiques ou politiques, de surcroît secondaires tant que tout le monde s’accorde sur la lutte contre la mondialisation ultralibérale, ne doivent pas empêcher ces forces d’unir leurs efforts, lors de tous les combats et de toutes les échéances politiques, pour que les citoyens reprennent confiance dans leurs potentialités et leurs capacités créatrices et qu’elles adhèrent activement au processus de changement souhaité. Cette dynamique unitaire, dans la lutte contre la mondialisation ultralibérale, ne fera que renforcer et crédibiliser le camp des forces altermondialistes et des citoyens conscients de mener un combat salutaire pour leurs nations et pour l’humanité entière. Dans de telles étapes, le repli ou l’isolement dans de telles étapes, pour cause de particularisme ou de surenchère partisane, n’aboutira qu’à l’avortement des prémisses de changement que les citoyens, affectés durement par les conséquences de la mondialisation ultralibérale, appellent de leurs vœux.
Les forces altermondialistes, celles se réclamant de la gauche de la gauche en particulier, commettront des « fautes mortelles », selon l’expression du martyr Mehdi Ben Barka, si chacune d’elles « fait cavalier seul » dans un contexte dans lequel toutes les conditions objectives et subjectives, décrites brièvement auparavant, sont réunies qu’il s’agisse de manifestations ou d’élections présidentielles. Dans de telles conjonctures caractérisées par l’affaiblissement du pouvoir, par l’existence de plusieurs réseaux formés d’organisations et d’associations altermondialistes et par des manifestations mobilisant des millions de citoyens lors des luttes contre les lois ultralibérales visant à la précarisation de leurs situations, les nuances et les points de désaccord doivent être évalués à leur juste valeur et ils ne doivent, en aucun cas, être pris pour des justifications conduisant à s’écarter de la dynamique unitaire et pour ne pas se consacrer aux taches incombant aux forces altermondialistes. Dans de semblables occasions, l’échec de la dynamique unitaire sert, objectivement, les ultralibéraux en même temps qu’il affaiblit les forces altermondialistes et qu’il crée un climat de désespoir parmi les citoyens.
C’est pour cela qu’il faut que les forces politiques et associatives doivent se garder de prendre des positions isolationnistes qui sapent la dynamique unitaire dans les périodes prometteuses pour le changement pendant lesquelles les citoyens démontrent, par la recrudescence et l’intensité de leurs actions militantes, qu’ils croient fermement qu’ « un autre monde est possible ». Contrairement à ces attitudes contre l’unité du mouvement altermondialiste, toutes ces forces se doivent d’unir leurs forces et agir ensemble, lors des présidentielles par exemple, en faisant d’un fort esprit de militantisme pour se mettre d’accord sur un candidat unique, non obligatoirement membre d’un parti, en vue de vaincre les présidentiables défenseurs de la mondialisation sauvage. C’est là la tache prioritaire et le défi auxquels les forces altermondialistes doivent relever pour sauvegarder les intérêts de la nation et des citoyens des désastres de la mondialisation sauvage.