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14 juillet 2006 5 14 /07 /juillet /2006 08:54
-Le règne des prédateurs
-Mieux vaut opter pour la dynamique unitaire
Par
HOUSSINE


Le règne des prédateurs

 

Houssine

 

           

 

A bien des égards, la situation actuelle du monde est tellement complexe qu’une analyse aussi scientifique soit - elle se bornant à étudier un seul de ces aspects ne peut se prévaloir d’en saisir tous les contours et restera en deçà d’une vision globale intégrant tous les paramètres aidant à la compréhension du présent de l’humanité pour la simple raison qu’un changement s’accompagne d’une multitude d’impacts touchant aux différents domaines de la vie humaine.

 

Le moins qu’on puisse dire est que l’humanité a outrepassé un certain modus vivendi caractérisé par ses équilibres, par sa relative stabilité et par ses utopies pour s’engager dans des sentiers labyrinthiques qui ne laissent pas se dessiner des horizons bien clairs. Le monde s’engouffre dans une période de transition dont on méconnaît la durée et les ultimes accouchements. Ce qui se trame, pendant cette phase de gestation, n’augure pas de lendemains joyeux. Ceci fait régner un climat de peur et de frayeur quant à l’avenir de l’humanité à cause de ces revirements de la pensée et des actions vers des options considérées, naguère, comme caduques et révolues. De la sorte, l’humanité se retrouve ébahie face aux tournures que prennent les événements pour en conclure par des questionnements sur « le sens du monde ». C’est ce que Jean Luc Nancy évoque comme suit : « bien loin de croire, comme beaucoup aujourd’hui, que nous vivons dans un monde de simulacres et d’irréalités frénétiques et autodestructrices, je crois que nous sommes en plein accouchement d’une nouvelle conscience et de nouvelles interrogations. Le libéralisme économique qui triomphe n’a plus grand chose de l’assurance conquérante de la bourgeoisie passée : il reste à la fois plus fou, plus débridé et plus cynique (ou à plus grande échelle), mais il est aussi plus inquiet, car de plus en plus dénudé dans la pauvre vérité de son propre développement privé de sens. C’est aussi pourquoi il nous renvoie et il se renvoie, en pleine figure, une question du « sens »(1). Il parait difficile d’appréhender tout ce dont regorge ce passage en idées et en pensées. Toujours est - il qu’il insiste sur le fait que le projet ultralibéral est « privé de sens ». Ce non - sens, qu’il véhicule, témoigne, probablement, d’une ère caractérisée par la fin des certitudes sur le devenir du monde. Il induit, également, des inquiétudes sur le sort réservé à cet ultralibéralisme et, par là, à des interrogations sur le destin de l’humanité. Cette humanité appelée à s’investir dans la quête de recouvrer un sens au monde.

 

Par la faute des ultralibéraux, le monde culmine vers la destruction de tout le patrimoine humain et humaniste bâti à force de luttes, généralement disproportionnées, pendant lesquelles le militantisme patient et persévérant du Tiers état, à travers les siècles, est confronté aux pires exactions et aux plus dures répressions. Qu’il s’agisse des progrès de la science, des libertés individuelles ou politiques, de la démocratie, ... ; le Tiers état et ses élites intellectuelles et politiques ont eu, constamment, à payer, de leurs vies et de leurs peaux, le prix de leur hardiesse et de leur courage à réclamer, en temps opportun, le changement au lieu de d’être mis devant le fait accompli et de proposer les voies de salut exigées pour sortir des situations de crise et pour bâtir le monde de demain sur d’autres bases et d’autres règles de conduite à même d’améliorer les conditions de vie de l’humanité. Le cours de l’Histoire a toujours été marqué par des scènes atroces que le Tiers état parvient, par l’âpreté de ses luttes et sa bravoure, à dépasser pour des lendemains meilleurs. Les cumuls historiques, des différentes batailles entre la réaction et le progrès, devaient conduire à un monde plus humaniste et plus réceptif des valeurs de fraternité, d’égalité, de liberté, de justice, de paix, ...

 

Or, depuis la fin des années 70 du siècle passé, les ultralibéraux, sous la conduite de Reagan, de Tatcher et de leurs théoriciens extrémistes, se sont attelés activement à contrer et à contrarier le cours de l’histoire. Ainsi, ils ont remis à l’ordre du jour des problèmes et des péripéties noires de l’Histoire de l’humanité. Ces épisodes que les humains considèrent comme de tristes souvenirs qu’ils n’auront jamais plus à rencontrer dans le futur. Les ultralibéraux ont vite fait de renouer avec l’injustice, le despotisme, les inégalités, la guerre, le colonialisme, les tortures, la répression, l’oppression, la paupérisation des peuples et des nations, la précarisation de la vie des citoyens, ... C’est-à-dire qu’ils ont fait subir au cours de l’Histoire un de ces virages réactionnaires en le renvoyant aux petits débuts de l’émergence du système capitaliste.

 

Ce qu’on observe, actuellement, comme dérives, présentées en tant que conquêtes de l’ultralibéralisme, laisse tous les humains, ne serait - ce que cela, pensifs à plus d’un titre. Ils sont effarés par ce summum de l’ « inhumanisme » et de l’anti-humanisme dont se congratulent les ultralibéraux. Ceci amène les humains à s’interroger sur les rapprochements possibles entre ces créatures inhumaines et les humains tant leurs valeurs égoїstes et leurs pratiques déshumanisantes en font des êtres anachroniques au regard du présent de l’humanité.

 

Ces créatures, avides d’argent et de pouvoir, ne reculent devant rien pour mettre à genou les humains tout en leur ôtant l’envie de vivre par suite de leur inondation par la culture de la consommation qui les transforme en des êtres sans goût pour la soif de la vie, pour l’esthétique, pour la musique, ... Si bien que les humains se sentent placés dans un monde où sévit l’absurde et dans lequel il n’existe plus de préoccupations autres que de garantir des besoins physiologiques élémentaires pour la survie. Les politiques ultralibérales, par leurs désastres et leurs atrocités, ne riment qu’à instaurer un état de fait dans lequel une minorité de prédateurs vit dans ses tours de Babel tandis que la majorité écrasante des humains fait semblant de vivre. Toutes les actions des ultralibéraux s’inscrivent dans cette perspective.

 

L’ultralibéralisme va de pair avec le darwinisme social tant à l’intérieur des pays que vis-à-vis des nations. Le darwinisme social à l’échelle des pays se traduit par des hiérarchisations des sociétés avec certaines castes minoritaires aux sommets de ces hiérarchies et la majorité de la population à la base. Les fossés existant entre les sommets et les bases sont très profonds et ils continuent à s’approfondir au fur et à mesure que les richesses nationales augmentent. Cette « sélection naturelle », au détriment des plus démunis, se traduit par l’exclusion d’un nombre de plus en plus grand de citoyens métamorphosés en laissés - pour - comptes et par l’enrichissement de plus en plus de la minorité de capitalistes ultralibéraux.

 

Le darwinisme social vis-à-vis des nations se fonde sur les mêmes procédés de marginalisation des nations sombrant dans la pauvreté proportionnellement à l’intensité de l’exploitation de leurs richesses naturelles et de leurs biens communs par les sociétés transnationales aux mains des prédateurs financiers. Par conséquent, les pays sont classés, selon des critères donnés, au niveau international en se fondant sur cette « sélection naturelle » qui postule que chaque pays doit préparer son intégration au système ultralibéral mondial pour se faire une place de choix sous peine de se voir reléguer au rang des nations exclues et des nations laissées - pour - comptes.

 

Le résultat de ce darwinisme social local ou international, suite au processus de paupérisation qui en découle, est de faire en sorte qu’une majorité de peuples et de pays soient relégués comme des laissés - pour - compte pour qu’une infime minorité d’ultralibéraux accapare toutes les ressources de la planète - Terre. Ce qui donne ce tableau noir : « le club mondial et très sélect des millionnaires (en dollars) s’est élargi de 500 000 membres en 2005, pour atteindre 8,2 millions, selon l’étude publiée, mardi 20 juin, par la banque américaine Merrill Lynch et la société de services informatiques française Capgemini. Même si certains d’entre-eux ont quitté le classement, leur nombre a augmenté de 6,5 % en un an. Et leur fortune cumulée a atteint 33 300 milliards de dollars (26 400 milliards d’euros) en hausse de 8,5 % par rapport à 2004  »(2). Voilà, donc, où mène la « sélection naturelle » chère aux ultralibéraux. Quelques millions d’individus cumulent une fortune de 33.300 milliards de dollars, sans compter leurs avoirs en immobilier, en yachts, ..., pendant que des milliards d’humains crèvent de faim. Ce montant équivaut à presque le triple du produit intérieur brut des Etats-Unis égal à 12628.80 milliards de dollars pour le premier trimestre 2006 (3) pour une population avoisinant 300 millions de personnes. Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis sont une fédération d’une cinquantaine d’Etats réputés pour être les plus riches de la planète - Terre. C’est-à-dire que le montant possédé par les riches du monde peut subvenir aux besoins d’environ 900 millions de personnes vivant au niveau de vie des citoyens des Etats-Unis. Pour les pays du Tiers - Monde, ces sommes d’argent pourraient servir à nourrir on ne sait combien d’Etats et de milliards de citoyens.

 

Parmi ces riches du monde, on dénombre « le groupe des "ultra" riches - ceux qui détiennent plus de 30 millions de dollars - s’est également élargi. Il a grimpé de plus de 10 % en 2005 pour constituer une communauté de quelque 85 400 individus »(4). Le nombre des « ultra - riches » est plus restreint et il ne représente que quelques poussières pour cent de la population mondiale dépassant les six milliards de personnes. Ce groupuscule de quelques milliers d’individus est le produit de la « sélection naturelle » à en croire les ultralibéraux.

 

Pour assurer la conservation de leur espèce, ces riches et « ultra - riches » s’appuient sur l’adage « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Ces gens sont parce qu’ils sont fortunés et parce que de multiples d’institutions militaires, financières, commerciales et autres leur rendent des services. Leurs « raisons » ne sont, en réalité, que des justifications fictives qu’ils utilisent comme prétextes pour défendre leurs intérêts de castes. Dans la plupart des cas, ces mensonges sont acceptés comme allant de soi par un nombre, plus ou moins grand, d’Etats, ... à force de pressions, de chantages, de campagnes de désinformation, ... Certains Etats se rallient aux thèses mensongères des « plus forts » et deviennent des parties prenantes de leurs aventures en les monnayant et en y participant activement. Ces « raisons » sont appréciées par cette coalition comme étant les « meilleures » même si, après coup, on découvre leurs caractères mensongers.

 

Alors que les sociétés transnationales, propriétés des riches, ambitionnent d’avoir la mainmise sur les ressources naturelles des différents pays, certains Etats mettent à leur disposition leurs arsenaux militaires et ceux de leurs alliés pour porter les coups nécessaires aux Etats récalcitrants en vue de les « assagir » et de les pousser à ouvrir leurs frontières à ces sociétés pour exploiter ces biens comme bon leur semble. Ces Etats se chargent de découvrir « la raison » permettant de mettre ces Etats « voyous » ou de « l’axe du mal », ... sous la tutelle de ces sociétés soit en les envahissant, soit en renversant leurs régimes, soit en finançant les « oppositions », ... Que d’interventions militaires ou autres ont été entreprises en confectionnant des scénarios semblables dans de nombreux pays.

 

C’est la « raison du plus fort » que les ultralibéraux présentent comme voie d’adaptation au contexte de la mondialisation sauvage. Les peuples et les pays, incapables de s’adapter, seront les proies des prédateurs financiers « sélectionnés naturellement » pour « veiller » sur les destinées de l’humanité. Les groupuscules des riches et ultra - riches prédateurs continuent de façonner le monde selon leurs désirs en ancrant leurs valeurs néfastes et en marginalisant plus d’humains de par le monde.

 

Les humains ne peuvent se retrouver dans cette « loi de la jungle » combien antagoniste des idéaux humanistes du patrimoine multiséculaire de l’humanité.

 

1 - Rien que le monde, entretien avec Jean-Luc Nancy, Vacarme 11, Printemps 2000.

 

2 - Maguy Day, Le nombre des très riches a crû de 500 000 dans le monde en 2005, Le Monde, Article paru dans l’édition du 23/06/2006.

 

3 - www.boursorama.com

 

4 - Maguy Day, Le nombre des très riches a crû de 500 000 dans le monde en 2005, Le Monde, Article paru dans l’édition du 23/06/2006.

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Mieux vaut opter pour la dynamique unitaire

 

Houssine

 

           

 

Les mouvements d’émancipation humaine sont, parfois, confrontés à des situations sociales et politiques pendant lesquelles ils sont appelés à faire des choix cruciaux pour leur avenir et pour l’avenir de leurs pays. Dans de tels moments, les choix, qui se présentent, sont ramenés à leur juste minimum de telle façon que ces mouvements ont à déterminer ce qu’ils doivent choisir à partir de cette dualité « de deux choses l’une » du fait que, en de semblables circonstances, l’enjeu est de taille. Il s’agit, ni plus ni moins, d’opter pour un choix stratégique à même de changer les paramètres de la politique officielle suivie durant des décennies et ayant acquis le statut de consensus aux regards des principales forces politiques s’alternant et partageant le pouvoir. C’est ce jeu d’alternance de façade qui demande à être dépassé en proposant une alternative autre que l’ultralibéralisme dont s’abreuvent la droite extrême et le social - libéralisme en train de s’initier à la surenchère sécuritaire.

 

Cet état de fait prévaut à des tournants sensibles de l’Histoire quand les pays se retrouvent à la croisée des chemins où il est de l’intérêt suprême des Etats de ne plus persister dans la conduite des affaires publiques suivant les vieux schémas, dans le cadre du capitalisme sauvage, ayant prouvé leur inaptitude à promouvoir la croissance, la justice sociale et l’équité dans la redistribution des richesses nationales. Pour ne pas que les Etats s’enlisent plus profondément dans les crises, un changement d’orientation s’impose afin de doter les pays de visions et d’idées nouvelles pour le sortir de ces ancrages capitalistes dans lesquels ils sont mis à mal par la faute des capitalistes sauvages et de leurs serviteurs qui se sont succédés aux commandes du pouvoir et qui ont préféré mettre leurs services au profit des prédateurs financiers. Ce qui veut dire que le problème réside dans le fait de ne pas choisir de s’aligner sur le courant capitaliste et qu’il faut embrasser d’autres horizons à contre - courant de la droite extrême et du social - libéralisme. C’est une façon de ne pas emprunter les chemins battus par les laquais du capitalisme sauvage pour s’introduire dans des chemins non - battus par les serviles serviteurs du capital pour œuvrer dans le sens de l’émancipation humaine. C’est-à-dire que les mouvements d’émancipation sont invités à un changement de cap vis-à-vis de l’ultralibéralisme et du capitalisme sauvage pour construire un monde autre au service des intérêts des citoyens.

 

Il va sans dire que le choix d’une alternative autre dépend des conditions objectives et subjectives propres aux pays et à ses forces politiques dans des phases données de leur histoire. Il s’agit, d’abord, de procéder à « une analyse concrète d’une situation concrète » permettant de bien appréhender la réalité nationale dans toute sa complexité en clarifiant ses multiples rouages sociaux et politiques. Ce travail de fond, dans lequel se côtoient des études d’essence sociologique et politique, est appelé à mettre en lumière, de façon aussi précise que possible, les dysfonctionnements du pouvoir d’un côté et tout ce qui est en gestation au sein de la société à tous les points de vue de l’autre. Il convient d’accorder une attention particulière au rapport des forces entre les organisations politiques en présence à l’intérieur des nations de telle manière que toutes les composantes politiques soient étudiées avec le plus de précision possible pour dégager les poids effectifs qu’elles représentent au niveau du champ national tout en intégrant dans cette analyse les forces politiques gouvernementales et les autres pour avoir une vue globale et proche de la réalité. Comme il faut se consacrer à l’estimation du degré de maturité du mouvement social ou du mouvement des masses et à ses capacités organisationnelles. C’est à partir des constats et des conclusions dégagées que les choix alternatifs, dans leurs grandes lignes et éventuellement dans leurs menus détails, se clarifient et deviennent de plus en plus concrets du fait de la mise en évidence de la situation objective et subjective réelle des pays.

 

Le problème des conditions objectives se rapporte au vécu des masses populaires sur les plans social, politique, économique et culturel. Les conditions de vie des citoyens résultent, en fait, des orientations politiques des équipes partisanes au pouvoir. Lorsque ces citoyens voient se dégrader leur niveau de vie et qu’ils sont démunis de leurs droits les plus élémentaires, il est bien évident qu’ils prennent leurs distances par rapport à ces gouvernants qui ne sont pas faits pour servir leurs intérêts surtout quand ils observent de leurs propres yeux que certaines castes, que servent les gouvernants, bénéficient de tous les avantages et accumulent les capitaux en exploitant les masses. Cette méfiance et cette contestation émanant des citoyens affaiblissent le pouvoir qui devient incapable de satisfaire les intérêts des classes qu’il représente. Cette faiblesse des gouvernants s’amplifie par l’affleurement de dissensions et de divergences des équipes au pouvoir résultant, essentiellement, de la contestation populaire à tel point que le pouvoir ne peut plus gouverner et que les citoyens ne veulent plus être gouvernés par ce pouvoir. Cela veut dire que, quand la situation en arrive à ce stade, les conditions objectives sont réunies pour le changement.

 

Ces conditions objectives ne peuvent seules apporter le changement espéré. Les conditions subjectives, relatives à l’organisation du mouvement social, doivent être, aussi, réunies. A ce niveau, il est question des différentes structures d’organisation de la société civile capables de mobiliser les citoyens, victimes des politiques suivies par les gouvernants, pour réaliser le changement escompté. Ceci veut dire qu’un mouvement de masses non organisé ne peut se targuer de réussir dans les tournants de l’Histoire faute de structures organisationnelles adéquates à même d’encadrer et de permettre la mobilisation des citoyens pour concrétiser le changement voulu par une vraie rupture avec les politiques antipopulaires des gouvernants à la solde du capital.

 

En ces temps de mondialisation sauvage, la véritable ligne de rupture se trouve entre les partis ultralibéraux et sociaux - libéraux d’une part et les courants militant pour une mondialisation humaniste et humaine d’autre part. Le courant social - libéral, à l’instar des ultralibéraux, ne prône pas autre chose qui aille à l’encontre du capitalisme sauvage. Au contraire, certaines tendances de ce courant s’adonnent à la surenchère vis-à-vis de la droite ultralibérale dans les domaines de la sécurité, de l’éducation, de la politique antisociale relative aux allocations familiales, ... Il est à signaler, également, qu’une rupture ne peut se concevoir au sein de la droite ultralibérale. Le slogan de rupture, clamé par la droite extrême, ne peut être compris que comme une simple divergence entre les ultralibéraux pour plus d’extrémisme en matière d’adoption et d’application de lois ou de mesures conduisant à l’instauration d’un capitalisme pur et dur et au sujet de « tactiques » à suivre pour mieux servir les intérêts des capitalistes sauvages.

 

La rupture, par rapport à la mondialisation ultralibérale, est assimilable à un tournant historique en ce sens qu’elle s’insurge contre son essence capitaliste. Elle se veut une alternative au capitalisme dans le cadre de la mondialisation tout en se fixant, comme objectif ultime, l’émancipation de l’Homme. Elle ne peut être que l’œuvre des diverses tendances partisanes et associatives luttant contre la mondialisation ultralibérale et pour les intérêts des citoyens qui souffrent des retombées de cette machine sauvage sur leurs conditions d’existence. De cette manière, nul ne doit se faire des illusions à propos des forces politiques porteuses d’espoir de changement. C’est à celles ayant un projet altermondialiste clair que revient d’assumer leur entière responsabilité pour cette noble alternative.

 

Lorsque la rupture transparaît et qu’elle devient même visible dans le vécu quotidien de la nation, les forces altermondialistes n’ont d’autre choix à faire que de préparer l’avènement de cette rupture. Pour être à la hauteur de leurs taches historiques, il importe que ces forces élèvent les intérêts de la nation et des citoyens au dessus de toutes les considérations partisanes ou individuelles. Ces considérations qui ne vont paraître que telles des vues égoїstes ou politiciennes étroites et, par ailleurs, de moindre importance relativement aux attentes des citoyens en pareilles circonstances. Les divergences idéologiques ou politiques, de surcroît secondaires tant que tout le monde s’accorde sur la lutte contre la mondialisation ultralibérale, ne doivent pas empêcher ces forces d’unir leurs efforts, lors de tous les combats et de toutes les échéances politiques, pour que les citoyens reprennent confiance dans leurs potentialités et leurs capacités créatrices et qu’elles adhèrent activement au processus de changement souhaité. Cette dynamique unitaire, dans la lutte contre la mondialisation ultralibérale, ne fera que renforcer et crédibiliser le camp des forces altermondialistes et des citoyens conscients de mener un combat salutaire pour leurs nations et pour l’humanité entière. Dans de telles étapes, le repli ou l’isolement dans de telles étapes, pour cause de particularisme ou de surenchère partisane, n’aboutira qu’à l’avortement des prémisses de changement que les citoyens, affectés durement par les conséquences de la mondialisation ultralibérale, appellent de leurs vœux.

 

Les forces altermondialistes, celles se réclamant de la gauche de la gauche en particulier, commettront des « fautes mortelles », selon l’expression du martyr Mehdi Ben Barka, si chacune d’elles « fait cavalier seul » dans un contexte dans lequel toutes les conditions objectives et subjectives, décrites brièvement auparavant, sont réunies qu’il s’agisse de manifestations ou d’élections présidentielles. Dans de telles conjonctures caractérisées par l’affaiblissement du pouvoir, par l’existence de plusieurs réseaux formés d’organisations et d’associations altermondialistes et par des manifestations mobilisant des millions de citoyens lors des luttes contre les lois ultralibérales visant à la précarisation de leurs situations, les nuances et les points de désaccord doivent être évalués à leur juste valeur et ils ne doivent, en aucun cas, être pris pour des justifications conduisant à s’écarter de la dynamique unitaire et pour ne pas se consacrer aux taches incombant aux forces altermondialistes. Dans de semblables occasions, l’échec de la dynamique unitaire sert, objectivement, les ultralibéraux en même temps qu’il affaiblit les forces altermondialistes et qu’il crée un climat de désespoir parmi les citoyens.

 

C’est pour cela qu’il faut que les forces politiques et associatives doivent se garder de prendre des positions isolationnistes qui sapent la dynamique unitaire dans les périodes prometteuses pour le changement pendant lesquelles les citoyens démontrent, par la recrudescence et l’intensité de leurs actions militantes, qu’ils croient fermement qu’ « un autre monde est possible ». Contrairement à ces attitudes contre l’unité du mouvement altermondialiste, toutes ces forces se doivent d’unir leurs forces et agir ensemble, lors des présidentielles par exemple, en faisant d’un fort esprit de militantisme pour se mettre d’accord sur un candidat unique, non obligatoirement membre d’un parti, en vue de vaincre les présidentiables défenseurs de la mondialisation sauvage. C’est là la tache prioritaire et le défi auxquels les forces altermondialistes doivent relever pour sauvegarder les intérêts de la nation et des citoyens des désastres de la mondialisation sauvage.

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14 juillet 2006 5 14 /07 /juillet /2006 08:52
Pourquoi le foot me fait si peur...
Mohamed MOURAS


Voici quelques semaines la coupe du monde de football débutait...et les calculs « politico-migratoires » aussi.

Pour un grand nombre de personnes, le mondial est synonyme de joie, de célébrations, d’argent ou peu importe. Pour ma part, outre le fait que cette année les matchs sont d’une qualité plus que moyenne, je me dois de commencer à faire mes petits calculs politiques.

La France, nation de football (enfin c’est ce qu’on nous rabâche à tous les JT, moi ce que j’en dis...), semble fortement lier politique et ballon rond. Lorsqu’il est mention de politique il faut comprendre politique d’immigration et non pas seulement politique.

Nous avons tous encore à l’esprit la déconfiture qu’à subie notre équipe nationale lors de la dernière coupe du monde en Corée-Japon, or il se trouve qu’un an auparavant le front national réalisait une percée historique dans le paysage politique français, une entrée des plus impressionnantes mais aussi et surtout des plus inquiétantes.

Ce mondial, fort mal entamé, me force à me poser des questions. Que va-t-il advenir des prochaines présidentielles, dans un an justement ? Si lorsque la France porte haut la flamme du FN, l’équipe de France se retrouve à rentrer au bercail au premier tour que pourrait-il bien advenir lorsque la France, quatre ans plus tard, réitère le même scénario footballistique. D’aucuns diront que nous ne sommes sûr de rien pour le moment, je répondrais de revisionner les matchs France-Suisse et France-Corée.

Si le même scénario footballistique est donc réitéré, il y a fort à parier que le même schéma politique le sera aussi.

Cela ne peut apparaitre qu’étant plus évident encore parce que cette fois les calendriers sont inversés. Si les « petits étrangers » de l’équipe de France ne prouvent pas qu’ils font bien partie du lot des « bons immigrés », il est quasi certain que nombres d’électeurs vont exprimer leur mécontentement, en votant massivement pour l’extrême-droite. Ainsi la France n’aura plus à subir ces maudits Zidane mais pourra enfin mettre en œuvre sa politique d’immigration choisie.

La France à malheureusement maintes fois prouvé qu’elle ne supportait les « étrangers » que lorsqu’ils marquaient des buts. L’icône Zidane est démodé. A vrai dire il est à remarquer que 4000 voitures brulées ont fait réagir la France infiniment plus que trois buts marqués en phase finale de coupe du monde. Il est fort agréable de sentir que dans son propre pays on ne vous considère que lorsque vous êtes utile, et j’entends par là corvéable exclusivement. Il est fort agréable de sentir que dans son propre pays on s’évertue à ne vous reconnaitre que des devoirs, sans jamais ou presque reconnaitre vos droits. Le droit de vivre simplement, sans devoir prouver que l’on est ceci ou que l’on n’est pas cela.

 

 

Ecce homo interger !...
Voici l’homme intègre !...

Michel Berthelot



 

Quand on sait l’honnêteté, la correction, la droiture, la rigueur, la rectitude, le sens de la retenue, que Zinédine Zidane a montré et démontré tout au long de sa carrière de footballeur... On imagine assez aisément ce que cet "enfoiré de tatoué transalpin" a dû lui susurrer lâchement à maintes reprises, lui signifier en gestes odieux et lui cracher en termes abjectes pour le mettre hors de lui et le faire sortir ainsi de ses gonds lui le modeste, le sobre, le réservé, le timide...

Quelle force de caractère dans l’insupportable, quelle maîtrise de soi dans l’inacceptable... Réagir juste ce qu’il faut pour laver l’outrage sans blesser l’immonde qui l’insultait dans ce qu’il a de plus cher... Alors qu’il lui suffisait de hausser simplement d’un cran le coup de boule en pleine gueule au lieu de la poitrine pour lui éclater la tronche et lui interdire de se moucher pendant plusieurs semaines !...

Je sais, je sais !... D’aucuns que j’entends bien me précisent astucieusement "qu’il aurait dû attendre d’être de retour dans les vestiaires pour lui casser abondamment la gueule parce que sur le terrain c’est indigne d’un grand sportif !... Que sans cette expulsion il pouvait faire gagner l’équipe de France en fin de prolongation ou lors des tirs au but... Et qu’ensuite quel départ avec panache... Quelle retraite glorieuse !..."

Bien sûr et pourquoi pas un panache avec des plumes dans le cul pour ajouter à la beauté du spectacle... Et mettre par-ci, par-là une légère touche de brio, de clinquant et d’allant supplémentaires... La cerise sur le glaviot en quelque sorte !... Après tout, comme l’a si bien dit un précédent empanaché : "Paris vaut bien une messe !"... Donc, logiquement, "Enculé d’arabe, va niquer ta mère", ça tu le mets paisiblement dans la poche de ton short afin d’être pour de bon cet enculé qu’on te demande d’être juste le temps que ton pays soit champion du monde... Tu comprends bien que c’est ça l’important... Tape dans le ballon comme tu le dois, jongle avec la baballe pour le prix qu’on te paie... C’est primordial, le reste... Au vestiaire !... Ta fierté, au vestiaire !... Ta mère, au vestiaire !... Ton honneur, au vestiaire !... Ta vie, au vestiaire !...

Ce qui importe c’est que le ballon tourne rond pour ta patrie... Alors comprends-le et sois cet enculé juste le temps de gagner, cela seul est méritoire et fait bander le citoyen... Meurs de honte et d’humiliation s’il le faut mais surtout que la France gagne... Ça c’est honorable... Et que le spectacle soit à la hauteur de nos investissements en téléviseurs "HD Ready" afin d’amortir le contenant par le contenu... À propos de contenu, Patron, resservez-nous donc avant le coup de sifflet final !...

Tandis que là... C’est Cyrano, c’est d’Artagnan, c’est Ruy Blas, C’est le Cid... Victor Hugo, Molière, Dumas auraient été fiers de ce français-là... Quant à Shakespeare il en aurait aussitôt fait une nouvelle tragédie pour les tréteaux du Globe avant que Ben Jonson ne lui soufflât le sujet... C’est beau... C’est rare... C’est humain comme ça n’ose plus assez l’être de nos jours... C’est même très politiquement incorrect... C’est d’ailleurs pour cela que le président Chirac l’a immédiatement soutenu et réconforté...

Je dois dire que j’ai si peu eu l’occasion depuis douze ans d’être en phase et en harmonie avec notre monarque que je n’ai pas boudé mon plaisir !... En effet, l’hommage dithyrambique à François Mitterrand lors de son décès et le soutien à Zinédine Zidane auront probablement été tout au long de ces douzes interminables années de règne les deux uniques satisfactions que m’aura apporté Jacques Chirac !... C’est donc suffisamment exceptionnel et inattendu pour que je le note ici... Que voulez-vous je suis ainsi fait... Provocateur né, j’adore choquer à la fois le bourgeois et le crypto-communiste... Je suis un vilain petit canard boiteux de l’altermondialisme... Pourtant on me l’a répété plusieurs fois... "Fais pas le con, t’as une bonne place !"... Mais c’est plus fort que moi, faut que je la ramène !...

"On n’ose plus être simplement humain de cette façon de nos jours", disais-je avant que vous ne me forciez à vous confier mes plaisirs honteux, mes turpitudes ignominieuses et mes satisfactions contre nature en la douteuse compagnie de notre monarchie présidentielle...

Moi j’aime l’intégrité de cet homme simple aux jambes intelligentes et aux pieds magiques... Pour lequel l’image médiatique, le ballon rond, l’intérêt financier, la vaine gloriole régressent brusquement au second plan au bénéfice de ce qui lui importe le plus finalement dans sa vie : sa famille et sa qualité d’homme qu’il ne tolère pas qu’on avilisse, qu’on bafoue et qu’on humilie impunément...

Michel Berthelot

 

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Le football aux footballeurs » - 9 juillet 2006 - par PROPOS RECUEILLIS PAR FAOUZI MAHJOUB Avec les programmes PAF, Goal et « Gagner en Afrique avec l’Afrique », vous avez, depuis votre accession à la présidence de la Fifa, lancé une sorte de plan Marshall à destination des fédérations africaines. Est-ce le meilleur moyen de venir en aide au football du continent ?

Joseph S. Blatter : Ces trois programmes ne sont pas des projets à court terme, mais bien des outils de développement du football inscrits dans la durée. La Fifa assure un suivi permanent des infrastructures réalisées. Elle participe aussi à la formation des cadres qui en ont la gestion. Notre objectif est de donner à l’Afrique tous les moyens de se prendre en charge dignement. La philosophie de nos programmes intègre la notion de durabilité.

À l’occasion de la 38e session ordinaire du comité exécutif du Conseil supérieur du sport en Afrique (CSSA), Yahia Guidoum, le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports, qui préside actuellement le CSSA, a dénoncé « la position inique, unilatérale et expéditive de la Fifa à l’endroit de certaines fédérations nationales de certains pays africains, dont l’Algérie ». Le leader libyen Mouammar Kaddafi, considère, lui, la Fifa comme un organe opaque au service des intérêts de quelques-uns et le football comme la source de bien des fléaux comme le racisme, la corruption ou l’esclavage moderne. Les relations ne semblent pas s’améliorer entre vous et un certain nombre de pays africains…

Soulignons d’abord que la Fifa respecte évidemment la souveraineté des États. Mais en autorisant leur fédération à rejoindre notre institution, ces derniers acceptent aussi de limiter le pouvoir dont ils disposent sur leur football. Personne n’est contraint d’adhérer à la Fifa et donc d’en respecter les principes et d’en suivre les décisions. En outre, les compétences ne doivent pas être confondues. Le foot doit être géré par les gens du foot et non par les politiques, qui ont d’autres objectifs. Tout se passe bien du reste dans la majorité des pays. Il n’y en a que peu où les ministres des Sports ne réalisent pas qu’ils ne sont pas « ministres du Football ».

Les fléaux dénoncés par Mouammar Kaddafi ne trouvent pas leur origine dans le football, mais dans nos sociétés. Le racisme n’est pas « dans » le football, mais « autour » du football. J’ajouterais même que le foot est un exemple d’intégration. Ce qui n’empêchera pas la Fifa de poursuivre sa lutte contre cette dérive. Nous avons récemment frappé fort pour bouter le racisme hors des stades et nous allons continuer aussi longtemps qu’il le faudra pour l’éradiquer. Enfin, comment Mouammar Kaddafi peut-il nous accuser d’esclavagisme avec les joueurs africains, alors qu’en organisant la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud nous manifestons notre attachement à ce continent et à son football ?

La Fifa exige plus particulièrement des fédérations nationales démocratie et bonne gouvernance. Ces pratiques sont-elles exportables ?

Depuis trois ans, nous faisons un énorme effort de réorganisation des fédérations sur tous les continents : indépendance, élections, refonte et démocratisation des statuts, élimination des dirigeants malhonnêtes, association des acteurs du foot aux mécanismes de décision, etc. Tout n’est pas parfait, mais les progrès sont notables.

À plus ou moins long terme, envisagez-vous de faire réviser les statuts de la Fifa dans le sens d’une plus grande démocratisation (rotation entre les continents à la tête de l’organisation, limitation des mandats du président et des membres du comité exécutif, parité entre les continents au CE) ?

Depuis sa fondation en 1904, la Fifa s’adapte régulièrement pour épouser les évolutions du football. Ainsi l’Afrique y a-t-elle gagné la place qu’elle mérite. De futurs amendements sont, par conséquent, envisageables. La démocratie au sein de la Fifa, elle, est déjà forte et vivante. L’équation « une fédération égale une voix au congrès » en est la meilleure illustration. Mais je ne suis pas en faveur de la rotation. Je préfère que le candidat en qui le congrès se reconnaît l’emporte, quelle que soit son origine géographique. Je suis également opposé à la limitation des mandats. Pourquoi se priver d’un président compétent à partir du moment où le congrès peut en changer quand il le juge opportun ?

D’un côté, vous menez une lutte sans merci contre le racisme dans le foot. De l’autre, vous êtes en faveur de l’identité locale, régionale ou nationale au sein des clubs et avez critiqué ceux qui disposent d’une ossature à forte dominance étrangère. Vous avez même proposé que soit instaurée la règle du 6 (nationaux) + 5 (étrangers). Pour l’organisateur de spectacles sportifs qu’est la Fifa, le talent ne compte donc pas plus que les passeports ?

Il n’y a aucune contradiction. Dans le football européen, le nombre moyen de joueurs étrangers s’élève à 45 % alors que ce chiffre n’atteint que 8 % à 9 % au sein de la population de l’Union européenne. Le football est donc très en avance sur ce plan. En fait le « 6+5 » vise à rééquilibrer le niveau entre les clubs, les plus riches - ou présumés tels - privilégiant le recrutement des meilleurs joueurs de la planète au détriment de la formation des jeunes, du travail à long terme et finalement de l’incertitude de la compétition.

Pourquoi les chaînes de télévision nationales d’Afrique du Nord n’ont-elles pas eu droit à la gratuité des images du Mondial 2006, comme le reste du continent (sauf en Afrique du Sud) ? Pourquoi la Fifa a-t-elle négocié un contrat avec un opérateur privé propriétaire d’une chaîne à péage ?

La Fifa n’a pas négocié directement

 

 

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14 juillet 2006 5 14 /07 /juillet /2006 08:51
TARIK RAMADAN

Quel humanisme pour l’islam ?

par Tariq Ramadan

 

Le rôle de la Révélation

Après avoir évoqué tous ces aspects de l’homme, il reste, en ce qui concerne l’humanisme, une véritable question dont on parle d’ailleurs assez peu dans les traditions philosophiques ou religieuses de l’Occident, catholique ou protestant.

Quel est le rôle de la Révélation ?

On ne peut pas parler de l’homme et de l’humanisme sans se poser cette question. Quelle est en effet l’autonomie de l’homme ? On vient de parler de limites. On vient de dire que la raison est libre, mais qui fixe la limite ? Est-ce uniquement la raison qui s’autorégule ou est-ce qu’il y a une "révélation" qui régule notre pratique rationnelle ? Pour l’Islam, la seconde éventualité demeure la plus vraie, car c’est le Coran qui contient cette Révélation.

Mais faut-il considérer qu’on est enfermé dans les Ecritures parce qu’on les cite sans arrêt ? Tout dépend de la façon dont on cite ; est-ce pour s’enfermer ou pour s’orienter ? grande différence. On peut citer un texte en perdant son humanité ou en la valorisant : en perdant mon humanité, c’est que le texte m’ignore ; en valorisant mon humanité, c’est que le texte appelle chez moi une humanité à faire, et non une humanité à nier.

La question, en vérité, n’est pas la fréquence des citations mais le contexte dans lequel elles sont insérées. Si l’on ne comprend pas le type de proximité que les musulmans ont avec le texte, on ne les comprendra pas. Une des choses les plus importantes dans la tradition musulmane est l’acquisition du texte et son assimilation. Il y a des centaines de milliers de gens qui connaissent tout le Coran par cœur : c’est l’aspect de la connaissance du texte, connaissance par le cœur, dans le cœur et pas seulement dans la tête (un enseignant musulman dans une banlieue française s’indignait : ils savent un dixième du Coran et ce sont des délinquants !). Un texte acquis dans le cœur illumine le réel, il n’enferme pas. Toute la question est donc bien de savoir comment on cite.

Cela étant dit quant à la place et au rôle du texte, que dit la Révélation et comment s’exprime-t-elle ?

La Révélation est d’abord une confirmation.

On ne peut pas comprendre le rôle de la Révélation selon la tradition musulmane si l’on n’a pas compris tout ce qui a été dit plus haut sur la conception de l’homme. Nous sommes ici à mille lieues de toute la pensée existentialiste, au premier rang de laquelle on peut mettre celle de Kierkegaard. Rien n’est plus étranger à la pensée musulmane que la pensée de Kierkegaard, ne serait-ce que par le statut qu’il donne à la Révélation (celui d’une interpellation surnaturelle adressée à l’homme et qui intervient de l’extérieur, en rupture avec l’ordre de la nature)

Pour la pensée musulmane, la Révélation n’est pas un événement qui sort de l’ordre naturel, mais au contraire le confirme : Lumière sur lumière, dit une formule coranique ; la lumière de la Révélation vient confirmer la lumière du cœur. Il faut s’attacher à une formule tout à fait intéressante de Abu Hâmid al-Ghazali : le message, dans sa lettre, est une révélation extérieure ; la raison est une révélation intérieure. En d’autre termes, mon intelligence m’apporte une révélation qui vient de l’intérieur et qui est confirmée par la Révélation ; je porte en moi une révélation que la Révélation vient confirmer. Cette façon de voir est très importante dans la tradition musulmane.

Montaigne, par exemple, nous parle du "Grand Livre du Monde". Cette idée provient en fait d’une tradition orientale qui est reprise dès le VIIIème siècle dans la tradition musulmane et qui met en évidence l’idée d’un livre révélé (le Coran, qui comprend la Bible hébraïque, la Torah,, les psaumes, L’évangile et qui reconnaît tous les prophètes) et l’idée d’un livre déployé qui est l’Univers. Tout ce qui rappelle Dieu dans l’Univers est un signe ; et tous les versets de la Bible et du Coran sont stipulés comme étant également des signes (c’est le même mot). Le signe du texte écrit renvoie au signe du "texte" créé, c’est-à-dire la création. Il y a tout un jeu de correspondances entre le microcosme et le macrocosme.

La Révélation est donc une "lumière" qui vient confirmer une autre lumière et qui doit stimuler l’intelligence. C’est pourquoi, à maintes reprises, Dieu interpelle dans le Coran ceux qui sont doués d’intelligence. Qu’est-ce que le discernement : c’est voir avec le cœur ce que la raison voit comme élément. Le cœur ajoute la dimension du signe. Tous les mots, dans le Coran, renvoient à cette idée de la confirmation de ce qui nous habite déjà.

La Révélation est ensuite une orientation

La Révélation oriente ce qui nous appelle. Nous cherchons ; elle nous oriente. Par rapport à Dieu il y a des exigences. Par rapport au monde, la Révélation va nous donner des orientations dans quatre domaines (pour simplifier).

- le rapport au Divin

La Révélation oriente dans le rapport que l’on a avec le divin. Raison pour laquelle le terme Islam signifie avant tout soumission à Dieu (qui dépasse d’ailleurs le cadre des seuls musulmans : Abraham était soumis à Dieu). L’Islam se traduit par un acte de foi, et non par la référence à un homme, ni à un peuple, ni à une tradition. Par cet acte lui-même, par l’acte par lequel le cœur reconnaît ce qui l’appelle, l’homme revient à son origine. C’est le chemin vers la Source vive. Lors de la mort d’une personne, nous disons : nous sommes à Dieu, c’est vers Lui que nous retournons. Dans cette première orientation, ce que nous trouvons dans le texte, c’est le rappel du rapport au Divin : comment être avec Dieu ? se connaître pour cheminer vers la Source. Pour devenir musulman, il faut reconnaître qu’il n’y a qu’un Dieu et que le dernier prophète est Son prophète.

Ensuite il nous faut savoir comment être musulman, c’est-à-dire comment revenir à cette Source : Il faut se chercher, retourner à son cœur, s’analyser et faire un bilan de conscience, ce qui est véritablement renvoyer l’homme à lui-même.

Dans la tradition musulmane il n’est pas déclaré que l’homme soit à l’image de Dieu. Dieu est au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. Rien ne Lui est semblable et rien ne peut s’approcher de Lui. On peut s’orienter intellectuellement vers la compréhension de Ses qualités mais jamais dans la définition de Son Etre. Ce qui nous rapproche de Dieu c’est une réflexion sur l’étincelle qu’Il a mise en nous, mais jamais pour Le définir, toujours pour nous rapprocher. Le rapport à Dieu n’est jamais un rapport de définition ou de captation intellectuelle, mais un rapport de proximité spirituelle. On doit sentir cette proximité : c’est toute la tradition soufie, mais c’est aussi la tradition orthodoxe.

- le rapport de soi à soi

Il va y avoir ici, systématiquement, une valorisation de la dimension de l’homme, au nom de son innocence, au nom de sa responsabilité, avec l’exigence de son humilité. En permanence on relèvera dans la confiance les qualités que l’homme a, mais dans le souci d’être méfiant. chacun d’entre nous sait que certaines de ses qualités, dans certaines conditions, peuvent devenir des défauts. L’émotion et la sensibilité sont en soi positives. Mais une sensibilité mal placée peut se retourner et devenir un défaut. Une générosité peut devenir un défaut si elle est excessive. C’est là un aspect fondamental de ce que l’on peut appeler l’humanisme musulman : mettre en évidence une valorisation importante de ces qualités, mais avec le souci de cette maîtrise à tous les niveaux. Il nous faut reconnaître que nous sommes avant tout un don de celui qui nous a créés. La tradition prophétique dit que notre corps ne nous appartient pas et que chaque élément de notre être a des droits sur nous.

C’est la raison pour laquelle l’Islam commence toujours par l’universalité de la responsabilité avant l’universalité du droit. C’est la source d’un débat sur la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. On peut reconnaître sa valeur universelle en matière de droits. Mais on peut s’interroger sur sa pertinence à guider les hommes en matière de responsabilité.

Nos religions, en effet, nous enseignent que c’est notre responsabilité qui oriente nos droits. Si, en revanche, seul le droit circonscrit la responsabilité, chaque homme peut devenir, au nom de son droit, un être des plus destructeurs, qui légitime tout au nom du droit, ce que l’on a appelé la dictature du droit. Or nous sommes effectivement aujourd’hui dans une société du droit. Mais la vraie question est alors que, si nous avons des droits, quelle est la responsabilité qui habille notre droit ? Un droit "non habillé" de responsabilité est au risque de l’orgueil. Nous avons la responsabilité de la liberté de notre corps. Nous ne pouvons pas faire n’importe quoi de notre corps. C’est là une orientation éthique.

- le rapport de soi à sa famille

On ne peut que souligner avec force que le noyau de l’humanisme islamique n’est pas l’individu seulement. L’être humain est un être de sociabilité et sa première sociabilité est la famille. Lorsqu’on dit en occident que l’autonomie de la raison et le primat de l’individu sont deux fondements de la modernité, cela pose un problème en Islam. Il n’y a pas pour l’Islam de primat de l’individu en ce sens qu’il serait dégagé de tout lien d’humanité ; son premier lien d’humanité est le lien avec la famille. Il y a omniprésence de cette préoccupation : un humanisme au cœur même de la première relation sociale qui est celle de la reconnaissance des père et mère. Ce sont des valeurs déterminantes. Le droit de l’individu ne peut jamais faire fi de la responsabilité familiale. Reste à voir comment tout cela peut être géré, car cela peut devenir oppressant. Toute la question est de savoir où est l’équilibre.

- le rapport de soi à la société

Nous n’entrerons pas dans tous les détails. Il ne peut y avoir non plus ni science ni économie sans orientation, c’est-à-dire sans éthique. Ce qui gêne aujourd’hui dans tout le débat actuel sur la mondialisation, c’est qu’il faudra bien que l’on exige véritablement du consommateur et de l’ordre économique, d’aller plus loin. Il va falloir s’interroger non seulement sur le primat de l’économique au regard de tout autre type de rapport humain, mais finalement aussi sur l’éthique en économie. Au nom de quoi fait-on ce que l’on fait ? peut-on dégager d’aussi importantes sommes de bénéfices ?

La culture nous interpelle aussi profondément : Y a-t-il, ou non, une éthique en matière culturelle ? Peut-on, au nom de la liberté d’expression, admettre n’importe quelle expression et dire : libre est mon expression et elle peut dépasser tout limite éthique ? Sans doute l’expression artistique a son domaine spécifique. Mais quand une société est questionnée, de façon profonde, sur la liberté d’expression, au niveau de la sexualité par exemple, quand elle est placée en face d’un certain public, un public d’enfants ou d’adolescents notamment, elle ne peut pas systématiser un mode unique d’expression. Nous ne nous cachons pas de poser les vraies questions, quitte à paraître réactionnaires, alors que nous aimerions plutôt nous dire responsables. Quels principes gèrent la production culturelle ? Est-ce-que ce ne sont que des principes financiers ? Nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes.

Pour terminer, nous dirons que cet humanisme musulman, fondé sur une orientation, aboutit à la plus difficile des notions : en toutes choses, entre l’innocence, la raison et les choix que nous sommes amenés à faire, la position de l’équilibre est déterminante ; ne rien nier de ce que nous sommes, mais savoir nous maîtriser, pour tendre vers ce que nous voulons être. C’est une humanité qui fait face à elle-même, qui se valorise en connaissant les risques mais en exigeant de maîtriser ces risques et de maîtriser les excès.

Telles sont les lignes essentielles de l’humanisme musulman, qui se traduit au travers de la philosophie, au travers de la théologie et aussi au travers des perspectives, et qui recoupe dans ses conclusions, beaucoup de ce que l’on trouve dans les traditions chrétiennes et dans les traditions juives. Mais il est vrai qu’aujourd’hui - et nous y insistons beaucoup - au nom de la conception de l’homme, il est extrêmement difficile, au cœur même de l’Occident, pour quelqu’un de tradition musulmane, d’accepter sans réagir l’affirmation d’une primauté absolue des droits des êtres humains, sans qu’il soit insisté, en rapport précisément avec la Transcendance, sur l’obligation d’une responsabilité active.D’où les débats et les confrontations intéressantes et possibles entre les deux traditions.

 

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Avec le Prophète Muhammad (Paix soit sur lui)

 

La douceur, l’attention et l’amour

 

Par Tariq Ramadan

 

La douceur, l’attention et l’amour

Dans son quotidien, alors qu’il était préoccupé par les attaques, les trahisons et la soif de vengeance des ennemis, il restait attentif aux détails de la vie et aux attentes de chacun mêlant de façon permanente la rigueur et la générosité de la fraternité et du pardon. Ses compagnons l’observaient prier durant de longues heures de la nuit, seul, loin des hommes, isolé dans le murmure de ses prières et de ses invocations qui nourrissaient son dialogue avec l’Unique. `Aïsha, son épouse, en était impressionnée et étonnée : « Ne t’imposes-tu pas trop [d’actes de dévotion] alors que Dieu t’a déjà pardonné tes fautes passées et futures ? Et le Prophète de répondre : Comment pourrais-je ne point être un serviteur reconnaissant [qui remercie] ? »[1] Il n’imposait point à ses compagnons ce qu’il s’imposait de pratiques, de jeûnes, de méditations. Au contraire, il exigeait d’eux qu’ils allègent leur fardeau et qu’ils évitent l’excès : à certains compagnons qui voulaient mettre un terme à leur vie sexuelle, prier durant les nuits entières ou jeûner sans discontinuer (comme ‘Uthmân ibn Maz’ûn ou ‘Abd Allah ibn ‘Amr ibn al-‘As), il disait : « N’en fais rien ! Mais jeûne certains jours et mange certains jours. Dors une partie de la nuit et veille une autre partie en accomplissant la prière. Car ton corps a sur toi des droits, tes yeux ont sur toi un droit, ta femme a sur toi un droit, ton hôte a sur toi un droit... »[2] Il s’exclama un jour, et répéta trois fois : « Malheur aux exagérateurs [rigoristes] !!! »[3] et, en une autre circonstance : « La modération, la modération ! Car c’est seulement par la modération que vous arriverez à bon port. »[4]

Il n’avait de cesse d’apaiser la conscience des croyants qui avaient peur de leurs faiblesses et de leurs manquements. Un jour, le compagnon Handhala al-Usaydî rencontra Abû Bakr et lui confia être persuadé de sa profonde hypocrisie tant il se sentait traversé de sentiments contradictoires : dans la présence du Prophète, il n’était pas loin de voir le paradis et l’enfer mais lorsqu’il s’en éloignait, il était distrait par sa femme, ses enfants et ses affaires. Abû Bakr lui confia à son tour qu’il vivait les mêmes tensions. Ils s’en allèrent voir le Prophète et le questionner sur cet apparemment triste état de leur spiritualité. Handhala lui exposa la nature de ses doutes et Muhammad lui répondit : « Par Celui qui détient mon âme entre Ses mains, si vous aviez le pouvoir de demeurer dans l’état [spirituel] où vous êtes en ma compagnie et dans le souvenir permanent de Dieu, les anges vous serreraient la main dans vos lits et sur les chemins. Mais il n’en est rien, Handhala, il est une heure pour cela [la dévotion, le souvenir] et une heure pour cela [le repos, la distraction]. »[5] Il n’y avait donc là aucune des dimensions de l’hypocrisie mais simplement la réalité de la nature humaine qui se souvient et oublie, qui a besoin de se souvenir justement parce qu’elle oublie. Parce que les humains ne sont point des anges.

En d’autres circonstances, il les surprenait en affirmant que c’était au cœur même de leurs besoins les plus humains, dans l’humble reconnaissance de leur humanité, que s’exprimait la sincérité d’une prière, d’une aumône ou d’un acte d’adoration. « La prescription du bien est une aumône, la proscription du mal est une aumône. Dans vos relations sexuelles avec vos épouses, il y a une aumône. » Ses compagnons, surpris, lui dirent : « O Messager de Dieu, quand l’un de nous satisfait son désir [sexuel] et il en reçoit en plus une récompense ? » Muhammad répondit : « Dites-moi, si l’un d’entre vous avait eu une relation illicite, n’aurait-il point commis un péché ? C’est pourquoi lorsqu’il a une relation licite, il en reçoit la récompense. »[6] Ainsi les invitait-il à ne rien nier ou mépriser de leur humanité mais il leur enseignait qu’il s’agissait, au fond, d’apprendre à se contrôler. La spiritualité c’est à la fois accepter ses instincts et les maîtriser : vivre ses désirs naturels à la lumière de ses principes est une prière. Jamais une faute, encore moins de l’hypocrisie.

Le Prophète détestait entretenir chez ses compagnons un inutile sentiment de culpabilité. Il leur répétait de ne jamais cesser de dialoguer avec l’Unique qui est l’Infiniment Bon, le Miséricordieux qui accueille chacun dans Sa grâce et Sa bonté et aime la sincérité des cœurs qui regrettent et reviennent à lui. C’est le sens profond de « at-tawba » offerte à chaque conscience : le « retour sincère à Dieu », après un oubli, un écart, une faute. Dieu aime ce retour sincère auprès de Lui et Il pardonne et purifie. Le Prophète en donnait l’exemple lui-même en de nombreuses circonstances. Un Bédouin vint un jour uriner dans la mosquée et les compagnons se précipitèrent sur lui et voulurent le battre. Le Prophète intervint et leur dit : « Laissez-le en paix et versez simplement un seau d’eau sur son urine. Dieu ne vous a suscités que pour faciliter les obligations et non point pour les rendre difficiles. »[7] `Aïsha rapporte par ailleurs qu’un homme vint un jour trouver le Prophète et lui dit : « Je suis perdu ! » Le Prophète lui demanda « Pourquoi donc ? » Celui-ci lui confia : « J’ai eu commerce avec ma femme pendant les heures de jeûne du mois du Ramadan ! » Muhammad lui répondit : « Fais donc l’aumône ! » à quoi l’homme répondit : « Je ne possède rien ! » puis il s’assit non loin du Prophète. Un homme vint alors apporter au Prophète un plat de nourriture[8]. Le Prophète appela : « Où est donc l’homme perdu ? - Ici, répondit-il. » Muhammad lui dit : « Prends cette nourriture et va la donner en aumône ! - A plus pauvre que moi ? Mais ma famille n’a rien à manger ?! - Alors mangez-la vous-mêmes. » répondit le Prophète en souriant.[9] Cette douceur et cette bonté étaient l’essence même de son enseignement et il répétait : « Dieu est doux (Rafîq) et Il aime la douceur (ar-rifq) en toute chose »[10] en ajoutant : « Il donne pour la douceur ce qu’Il ne donne pas pour la violence ou toute autre chose. »[11] Il confia à l’un de ses compagnons : « Il y a en toi deux qualités que Dieu aime : la clémence (al-hilm) et la longanimité [la grandeur d’âme, la tolérance] (al-anâ) »[12] et il invitait tous les compagnons à ce constant effort de la douceur et du pardon : « S’il te parvient de ton frère une chose que tu désapprouves, cherche-lui une à soixante-dix excuses. Si tu ne trouves pas, dis [persuade-toi] que c’est une excuse que tu ne connais pas. »[13]

Autour de la mosquée, à proximité de la demeure du Prophète, s’étaient installés certains nouveaux convertis à l’islam qui n’avaient pas de toit et étaient souvent privés de nourriture. Démunis (parfois volontairement car certains désiraient vivre l’ascèse loin des biens du monde), leur subsistance dépendait des aumônes et des dons des musulmans : leur nombre ne cessait d’augmenter et ils furent bientôt appelés « ahl as-suffa » (les gens du banc).[14] Le Prophète était très concerné par leur situation et manifestait une solidarité permanente à leur égard. Il les écoutait, répondait à leurs questions et était attentif aux besoins de chacun. C’était une des particularités de sa personnalité et de ses enseignements avec ahl as-suffa comme avec l’ensemble de sa communauté : à la même question sur la spiritualité, la foi, l’éducation ou le doute, il apportait des réponses différentes et adaptées qui tenaient compte de la psychologie, du vécu et de l’intelligence de celle ou de celui qui l’apostrophait. Ceux-ci se sentaient vus, respectés, compris, aimés et, en effet, il les aimait, le leur disait et leur conseillait, en sus, de ne jamais oublier de se confier mutuellement leur amour : « Quand quelqu’un aime son frère [sa sœur] qu’il lui fasse part de son amour pour lui [elle]. »[15] Au jeune Mu’âdh ibn Jabal, qu’il saisit un jour par la main, il murmura : « O Mu’âdh, par Dieu, je t’aime. Et je te conseille, ô Mu’âdh, de ne pas oublier de dire, à la suite de chaque prière rituelle : ‘O Dieu, aide-moi à me souvenir de Toi, à Te remercier et à parfaire mon adoration à Ton égard’ »[16] Le jeune homme s’est ainsi vu offrir en un seul élan et l’amour et l’enseignement spirituel et ce dernier était d’autant plus profondément assimilé qu’il était enveloppé de cet amour.

[1] Hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim

 

[2] Hadîth rapporté par al-Bukhârî.

 

[3] Hadîth rapporté par Muslim

 

[4] Hadîth rapporté par al-Bukhârî

 

[5] Hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim

 

[6] Hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim.

 

[7] Hadîth rapporté par al-Bukhârî

 

[8] Selon une version, il s’agissait de dattes. Un autre transmetteur, du nom de ‘Abd ar-Rahmân, indiquait quant à lui ne pas savoir de quoi il s’agissait exactement.

 

[9] Hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim

 

[10] Hadîth rapporté par al-Bukhârî et Muslim

 

[11] Hadîth rapporté par al-Bukhârî

 

[12] Hadîth rapporté par Muslim

 

[13] Hadîth rapporté par al-Bayhaqî

 

[14] Un banc avait été installé à leur intention à proximité de la mosquée. Certains commentateurs, cherchant l’origine du mot « sûfî » (sufisme), l’ont lié à ces « ahl as-suffa » dont certains avaient fait le choix délibéré de la pauvreté et de l’éloignement du monde, des désirs et de la possession.

 

[15] Hadîth hassan (bon) rapporté par Abû Dâwud et at-Tirmidhî

 

[16] Hadîth rapporté par Abû Dâwud et an-Nasâ’î

 

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14 juillet 2006 5 14 /07 /juillet /2006 08:48
ISLAM EN MOUVEMANT
Federal Judge Says Government Must Act on Muslim Scholar’s Visa Request
par ACLU



NEW YORK — A federal judge today ruled that the government cannot continue to stonewall the visa application of Tariq Ramadan, a prominent European Muslim scholar, and that the government cannot bar non-citizens from the United States simply because of their political views. The decision comes in a lawsuit brought by the American Civil Liberties Union and the New York Civil Liberties Union challenging a part of the Patriot Act known as the “ideological exclusion” provision.

 

 

 

“Today’s ruling reaffirms that the government cannot use the immigration laws to silence and stigmatize its political critics,” said Jameel Jaffer, Deputy Director of the ACLU’s National Security Program and lead attorney in the case. “As the court recognized, the ideological misuse of the immigration laws has significant effects on the freedom of academic and political debate inside the United States.”

The ACLU brought the lawsuit on behalf of the American Academy of Religion, the American Association of University Professors and PEN American Center. The groups say that the government’s refusal to allow Ramadan into the country is violating their right to hear constitutionally protected speech.

In 2004, Ramadan accepted a tenured position at the University of Notre Dame, but the government later revoked his visa, referring to a provision of the Patriot Act that applies to non-citizens who have “endorsed or espoused terrorism.” In the decision issued today, however, Judge Paul A. Crotty of the U.S. District Court for the Second Circuit noted that Ramadan “shuns violence as a form of activism and has consistently spoken out against terrorism and radical Islamists.” Judge Crotty also pointed out that, “while the United States has not granted Ramadan a visa to enter the country, Great Britain, its one staunch ally in the battle against terrorism, has not only admitted him into England so that he may teach at Oxford, but has enlisted him in the fight against terrorism.”

Ramadan submitted a new visa application in September 2005 but the government has not acted upon it, arguing that Ramadan might make future comments that would render him inadmissible under the Patriot Act provision. Judge Crotty emphatically rejected that argument.

“Allowing the government to wait for ‘possible future discovery of statements’ would mean that the government could delay final adjudication indefinitely, evading constitutional review by its own failure to render a decision on Ramadan’s application. The Court will not allow this,” wrote Judge Crotty.

Throughout his ruling, Judge Crotty underscored the need for judicial review in this case, stating that the government may not invoke national security “as a protective shroud to justify the exclusion” of people whose political views it disfavors.

“While the Executive may exclude an alien for almost any reason, it cannot do so solely because the Executive disagrees with the content of the alien’s speech and therefore wants to prevent the alien from sharing this speech with a willing American audience,” wrote Judge Crotty.

“Americans have a right to meet with foreign scholars and to hear speech that is protected by the First Amendment,” said ACLU attorney Melissa Goodman. “The free exchange of ideas is a fundamental cornerstone of our democracy that should not be abandoned simply because the administration is afraid of its critics.”In addition to Jaffer and Goodman, attorneys in the case are Judy Rabinovitz and Lucas Guttentag of the ACLU Immigrants’ Rights Project ; Arthur N. Eisenberg of the NYCLU ; and New York immigration lawyer Claudia Slovinsky. The lawsuit was brought against Department of Homeland Security Secretary Michael Chertoff and Secretary of State Condoleezza Rice.

Source : ACLU

 

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DECLARATION D’ISTANBUL

 

(Topkapı Declaration)

In the Name of God, the Compassionate, the Merciful.

 

“O mankind ! Behold, We have created you from a male and a female, and have made you into nations and tribes, so that you might come to know one another. Verily, the noblest of you in the sight of God is the most pious among you.. Behold, God is All-Knowing, All-Aware.” (Al-Hujurat, 49:13).

• Islam’s presence in Europe is not a new phenomenon but a historically long and culturally rich one. Its interaction with European society sparked a flowering in knowledge. Large numbers of Muslims have continuously inhabited the Balkans, Eastern and Central Europe for hundreds of years. Muslims have played an important role in the transfer and production of knowledge to and in Europe. They have subsequently helped to rebuild the economies of a war torn continent in the 1950s, arriving as immigrants seeking employment and settling to make Europe their home. In almost every field of life Muslims have thus been an integral part of the European tapestry. European Muslims today are at home in Europe ; they have been contributors to Europe ’s past and are stakeholders in its future.

• We recognise that European societies value openness, inclusiveness and democracy. European Muslims have a great opportunity to flourish as citizens in a pluralistic environment benefiting from access to education, prosperity and development. As citizens Muslims are obliged by Islamic law to obey the legislation of their countries particularly when they enjoy freedom of worship and benefit from social justice. As loyal citizens they are obliged to defend their countries against aggressors.

• Similarly in accordance with the teachings of Islam, Muslims also have a duty to promote social harmony and good relations with their neighbours. The virtues of decency, goodness and ethical conduct in all aspects of life are espoused repeatedly in the Holy Qur’an. They are given primary importance and govern Muslim behaviour in all roles of life including that of active citizenship. Following the teachings of the Holy Qur’an and the high standard which it sets, Muslims can enrich Europe as exemplary members of society and role models of decency and goodness ( ma’ruf ), as the Holy Qur’an stipulates :

 

“Behold, God enjoins justice, and the doing of good, and generosity towards one’s fellow-men” (Al-Nahl, 16:90).

• One of the principles of a democratic society is freedom of religion. Islam also recognises freedom of religion, and like Europe today, gives this ethical ethos particularly strict importance. As stated by God in the Holy Qur’an , people cannot be coerced into belief :“There is no compulsion in religion. The right direction is henceforth distinct from error” ( Al-Baqarah, 2:256).“Then whosoever will, let him believe, and whosoever will, let him disbelieve” (Al-Kahf, 18:29).

• As full and dynamic citizens aware of their rights as well as their responsibilities, European Muslims have the right to criticise, dissent and protest, as do all European citizens. This right is in accordance with the democratic processes of Europe and in accordance with their faith. Islam calls upon all Muslims to promote the common good and welfare ( maslaha) of society as a whole and prevent what is wrong ( munkar).

• However, we witness with great sadness the challenges that face many European Muslims, who suffer at the hands of those who resent their presence in Europe or those whose crude sentiments leave no place for people of different colour, culture or creed. It is a challenge to which we must all rise. We condemn Islamophobia and discrimination in all their forms. If Europe’s Muslims are treated as second class citizens, or seen as a burden or even a threat to society, then the level of trust built up over the centuries which is essential for the establishment of peace across the world will be jeopardised. There have also been problems of disenfranchisement and poverty particularly amongst Muslim youth. European Muslim youth should be seen as a positive force, which can benefit the labour force and social fabric of Europe.

• We strongly urge European governments to promote inclusiveness and dialogue. This should be done through measures such as education, to encourage greater mutual knowledge and understanding, as well as social programmes to tackle socio-economic disadvantage. We applaud those European governments who have taken active measures to stem racism and who have legislated against overt and institutionalised forms of discrimination against minorities. We also acknowledge that the media has a role in ensuring accurate and responsible coverage.

• Terrorism in all its forms is an affront to our humanity. Under no circumstances does Islam permit terrorism and the killing of civilians. Terrorism is in direct contravention to the principles of Islam and the vast majority of Muslims remain faithful to these teachings. We condemn and abhor the violent actions of a tiny minority of Muslims who have unleashed violence and terror-by distorting the teaching of Islam-upon innocent neighbours and fellow citizens. The Holy Qur’an clearly declares that killing an innocent person is tantamount to killing all of mankind and likewise saving a single life is as if one had saved the life of all mankind ( Al-Mai’dah, 5:32 ). This is both a principle and a command.

• We remain committed to working to ensure that the voice of the peaceful majority of Muslims overcomes that of the tiny minority who seek to promote distorted misinterpretations of Islam. We join our voices to those of scholars from across the world to say that we reject the cancer of terrorism. We pray for the guidance of those to whom extremism and violence may seem an attractive route.

• We also call on the world to work harder and more consistently to eliminate the injustices and grievances, like in Palestine , that have contributed to the hopelessness and despair of many Muslims and peoples across the world. Wars are not the way to solve conflict and we should work together to find a humane and moral ways to solve problems.

• Finally, we concur with and respect the Amman Message of November 2004 ; with the Final Declaration issued by the International Islamic Conference held in Jordan in July 2005 ; with the statements and fatawa of numerous scholars from across the Muslim world that preceded this conference and upon which this conference was based ; with the Makkah Declaration and Final Summaries of the OIC Summit held in December 2005, the final statement of the Islamic Fiqh Academy held in Jordan in June 2006 ; as well as the 15 th session of the European Council for Fatwa and Research in its declaration concerning engagement with society and positive integration and the declaration of European Muslims made by the Supreme Council of the Islamic Community of Bosnia and Herzegovina of 2005 - in essence to develop solidarity amongst Muslims and establish justice. We recognise that solidarity of the Ummah is a key priority for all Muslims - both in Europe and throughout the world. We join our fellow Muslims the world over to challenge those who seek to misuse our faith corrupting its message. We call for solidarity between us and the upholding of Islam’s universal vision of peace, fraternity, tolerance and social harmony.

2 July 2006, Istanbul

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Des responsables musulmans européens affichent leur rejet du terrorisme.

ISTANBUL,

 

 

 

Quelque 180 responsables musulmans ont affirmé la volonté des musulmans d’Europe d’être des citoyens à part entière et leur rejet de la violence et du terrorisme, lors d’une conférence ce week-end à Istanbul.

Dans une déclaration adoptée à l’issue de leurs travaux dimanche soir, ils ont souligné que les quelque 15 millions de musulmans européens « sont aujourd’hui chez eux en Europe » et condamnent « les actions violentes d’une petite minorité de musulmans qui ont déclenché la violence et la terreur en détournant les enseignements de l’islam ».

« Nous rejetons le cancer du terrorisme », poursuit le texte, « l’islam n’autorise en aucune circonstance le terrorisme et le meurtre de civils ».

Après les attentats de Londres et de Madrid et la controverse sur les caricatures de Mahomet, ce message va dans le sens de déclarations similaires, faites notamment au sommet de l’Organisation de la conférence islamique en décembre.

La conférence, organisée avec le soutien du Foreign Office, réunissait des sensibilités musulmanes très diverses.

Outre l’influent cheikh qatari d’origine égyptienne Youssouf al-Qaradaoui, président du Conseil européen de la fatwa, le professeur suisse Tariq Ramadan, qui enseigne à l’université britannique d’Oxford, le prédicateur égyptien Amr Khaled, le grand mufti de Bosnie Moustapha Ceric étaient présent.

Les responsables de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) Lhaj Thami Breze et Fouad Alaoui, également vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), le cheikh soufi Khaled Bentounes, l’ancien Premier ministre de Malaisie Anouar Ibrahim ou le Tunisien Rachid Ghannouchi y participaient également.

La déclaration finale souligne que l’islam reconnaît la liberté de religion. Les musulmans se doivent d’assumer « une citoyenneté active » avec droit de critique et d’être « des citoyens loyaux obligés de défendre leurs pays en cas d’agression ».

Mais beaucoup souffrent d’islamophobie et de discriminations, en particulier les jeunes, regrette le texte, appelant à éliminer « les injustices, comme en Palestine, qui ont contribué au désespoir de nombreux musulmans et populations à travers le monde ».

« Il y a une véritable réticence politique en Europe à reconnaître la visibilité des musulmans dans l’espace citoyen », a noté Mohamed Mestiri, responsable de l’Institut international de la pensée islamique, soulignant la nécessité de prendre en compte la pluralité des identités musulmanes. « Le radicalisme est l’expression d’une frustration identitaire ».

De son côté, le cheikh Qaradaoui s’est élevé contre toute idée de vie retranchée pour les musulmans européens. « Notre présence en Europe n’a rien d’étrange, le monde est devenu un village », a-t-il poursuivi. Mais « nous voulons vivre sur cette terre comme des musulmans », avec notamment l’obligation selon lui de porter le voile pour la femme musulmane.

« L’intégration religieuse est faite, maintenant il est temps d’apporter notre contribution à la société » en aidant à créer « un nouveau Nous pour réconcilier nos sociétés avec leurs propres valeurs », a estimé Tariq Ramadan, également président de l’European Muslim Network (EMN).

Il a appelé les musulmans à « éviter le piège de la victimisation », soulignant que « notre nouvelle visibilité soulève des questions légitimes pour nos concitoyens, nous devons y répondre ».

 

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Youssouf Al-Qaradawi, président du Conseil européen de la fatwa

 

"Les aspects politiques de la loi islamique ne s'opposent pas à la démocratie"

LE MONDE

Le Conseil européen de la fatwa et de la recherche, que vous présidez, vient de consacrer sa session annuelle - du 3 au 9 juillet, à Istanbul - à la participation des musulmans à la vie politique en Europe. Quelles sont les questions qui lui ont été posées par des musulmans européens ?

 

La première porte sur la participation : les musulmans peuvent-ils voter ? Se présenter aux élections ? Les autres concernent des aspects plus particuliers. Les musulmans doivent-ils participer à la vie politique en tant qu'individus ou en tant que groupe ? Misent-ils sur un parti existant ou doivent-ils en créer un ? La réponse dépend de la situation et du système politique.

 

Certains courants, comme les salafistes et le Tabligh (mouvement prosélyte et piétiste) estiment qu'il ne faut pas participer à la vie politique ?

 

La position des salafistes ne s'applique pas qu'à l'Europe, mais aussi au monde musulman. Ils refusent la démocratie, affirment que c'est un péché, une impiété. Pour moi, les aspects politiques de la loi islamique (charia) ne s'opposent pas à la démocratie. La démocratie réelle signifie qu'un groupe peut choisir ses représentants. C'est ce que l'islam demande.

 

Dans les pays européens, pour quels partis les musulmans doivent-ils voter ? Selon quels critères ?

 

D'abord, le programme. Est-il proche des valeurs islamiques ? Pas seulement la morale islamique, mais aussi la justice sociale, l'aide aux plus démunis, l'environnement. La défense des causes justes, comme la cause palestinienne. Et aussi la critique de la politique américaine actuelle. Ensuite, vient la dimension personnelle : le candidat est-il honnête, droit ?

 

Entre un candidat musulman et un non-musulman, pour qui un musulman européen doit-il voter ?

 

Si le musulman est honnête et qu'il remplit les critères que j'ai énumérés, il faut voter pour lui. Sinon, il n'y a aucun mal à choisir un non-musulman.

 

L'islam penche-t-il vers la droite de l'échiquier politique ou vers la gauche ?

 

L'important, ce sont les critères que je viens d'évoquer. Parfois, la droite défend les valeurs morales, mais elle est favorable aux discriminations et hostile aux droits des minorités. Dans ce cas, il est préférable de voter pour d'autres partis.

 

Que pensez-vous d'un parti qui défendrait les droits des musulmans, mais serait favorable, par ailleurs, au mariage des homosexuels, comme, par exemple, le parti des Verts en France ?

 

Le fait qu'ils défendent le mariage homosexuel représente un obstacle. Un musulman ne peut pas voter pour eux. Toutes les religions sont d'accord là-dessus. Le parti dont vous me parlez doit être un parti faible, qui cherche uniquement à capter les voix des musulmans par intérêt...

 

Pourquoi n'y a-t-il pas de femmes au Conseil européen de la fatwa ? Et pas de musulmans européens de la deuxième génération non plus ?

 

Je n'ai rien contre la participation des femmes. Malheureusement, nous n'en trouvons pas assez qui aient fait des études de droit musulman en Europe. J'ai bon espoir qu'il y en ait un jour. Pour les musulmans de la deuxième génération, c'est la même chose. Cela dit, certains Européens vont se former à l'université Al-Azhar, au Caire, ou dans les instituts islamiques en Europe. Je pense qu'ils pourront un jour entrer au Conseil.

 

Pour la première fois, le 18 mars 2005 à New York, une femme musulmane, Amina Wadud, a dirigé la prière du vendredi. Pourquoi avoir condamné cette initiative ?

 

Une femme peut jouer le rôle d'imam dans son foyer, dans sa famille. Mais elle ne peut pas être imam devant des hommes. Pendant la prière, le corps de la femme va pratiquer certains mouvements. C'est une question de décence. Quand pendant la prière, on pense à Dieu, on ne doit pas contempler le corps d'une femme. Cette position n'est pas propre à l'islam. Je crois savoir qu'il n'y a pas de femmes cardinal dans l'Eglise catholique...

 

Propos recueillis par Xavier Ternisien

 


 

Définition


 

Le Conseil européen de la fatwa et de la recherche est une instance théologique composée de 32 membres, dont 4 Français. Constitué par cooptation autour de son président, le Qatari Youssouf Al-Qaradawi, prédicateur vedette sur la chaîne Al-Jazira, il répond aux questions qui lui sont adressées par des musulmans vivant en Europe. Il se donne pour mission d'"émettre des fatwas [avis juridiques] qui répondent aux besoins des musulmans en Europe, qui résolvent leurs problèmes, conformément aux règles et aux objectifs de la charia [loi musulmane]." Il prend pour base la notion de "fiqh de minorité", c'est-à-dire le minimum de droit musulman qui peut s'appliquer dans une situation où l'islam est minoritaire.

La référence du conseil est la wassatiyya ("voie du juste milieu"), proche de la pensée des Frères musulmans.

 

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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 19:22
Audit et Dépendances
Par
L’anti-Zinetron Posse.


Vraiment il est plus que jamais temps , que certains  caciques qui ont basés leur petite carrière sur du vent , s’écartent d’eux même et emportent avec eux leur sale impoge d’imposture , qu’ils se dégrisent  de l’ivresse que leur donnait leur pouvoir de nuisance, , le temps de faire oublier leur rôle au sein « du club des usurpateurs » et de reprendre d’autres délires rémunérateurs qui ne nuiront plus aux intérêts vitaux  de l’opposition démocratique tunisienne , il faut mobiliser contre ces gens là  et faire le tri  entre le bon grain et l’ivraie , dans le fond ils sont aussi nuisibles  que les services amorphes de la dictature.

En cette période post grève de la faim du 18 octobre , encore et toujours pour les cons qui veulent dégommer cette excellente initiative , il faut le reconnaître grâce entre autre  à la réaction tunisienne et certains caciques incompétentes de l’opposition nous sommes toujours  au même point .Encore ,   Nous plongeons dans l’inconnu. Avec optimisme ou pessimisme ?le débat des idées est une  Alternative superflue penseront d’aucun : la réalité commande ; les états d’âme n’importent guère. Nous sommes beaucoup à ne pas partager  ce fatalisme , mais aussi nous sommes beaucoup à ne plus être naïfs et avaler n’importe quoi : une révolution authentique qui sera  vécue avec bonheur, pour nous ,  ne se déroulera  pas comme si elle avait l’angoisse pour toile de fond. Au jeu sans fin des paris pascaliens nous misons , pour notre  part, sur l’optimisme, et les capacités  des tunisiens  au pragmatisme et à la responsabilité , Notre société et depuis  50ans  est  cette société sans élite traditionnelle,depuis les ethnocides  sournois du mégalomane Bourguiba ,elle est  donc sans nous,elle est encore à conquérir .  Les pseudos  élites stéréotypés et salonnards, la plus part thuriféraires ,  sont vomies par le peuple tunisien. La raison est pourtant simple : parce que celui-ci n’a plus les moyens de vivre honorablement, qu’il voit avec angoisse augmenter inexorablement la violence et l’insécurité, la misère, la haine de soi  et toutes sortes de catastrophes provoquées, et qu’il comprend que ceux qui l’ont dirigé pendant plus de cinquante ans  et beaucoup qui voulaient donner l’illusion mercantile de s’opposer à eux ,  sont entièrement responsables de ce chaos.

La dictature, tous ceux qui en vivent et tous ceux qui en profitent ont pillé toutes les richesses produites par ceux qui croient aux vertus du travail, de l’effort et de l’épargne. La Tunisie n’est plus qu’un champ de ruines, alors que, libre, démocratique  bien gouvernée , elle aurait été prospère. Voilà pourquoi la Tunisie des bouges, la Tunisie profonde ne veut plus se soumettre et payer le  tribut de l’infâmie à la horde des prédateurs. Le tocsin a sonné chez les tunisiens opprimés dans tous les sens du mot : ils se rassembleront dés qu’une visibilité responsable et intègre se prononce et plus rien ne les arrêtera.

 BIJU

 

Depuis plus de cinquante ans déjà, en Tunisie, la politique ne ressemble plus à rien, ne rassemble plus grand monde. Sauf quelques caciques d’un parti unique habitués aux cirques organisés et aux marches soûlantes et titubantes d’un cérémonial propagandiste qui ferait honte à la dernière des républiques bananières sur cette incroyable planète , la « politique » de la dictature , c’est l’éradication de toute forme de politique et toute expression de sa noblesse , la « politique » de l’opposition , à quelques exceptions prés , mes sympathies premières vont à des gens comme SI(s) KARKER , MANAÏ , MARZOUKI ,M.YAHYAOUI , est la gestion des frustrations , des apparats et l’occupation du vide par l’ego et le dérisoire. L’éloge de la décadence morale, de la déchéance citoyenne, aux Unes des uns et des autres. En plus de quelques militants RCD , et surtout de certains chefs de famille désargentés , alimentaires qui profitent de cette permanente kermesse, organisée de fil en aiguilles par un régime qui tient de l’insoluble et l’incurie , mendigote et indigne pour tuer leur temps imparti au prorata de leur ignominie et de leur trahison , en compagnie de leurs enfants, éduqué dans la soumission et le culte de la personnalité d’un chef qui sent le sapin et la pitié , que le bal des casquettes , des bottes et des matraques , et des slogans griffonnés par des mains tremblantes et filantes sur des morceaux de toile de jute amusent. Le rêve d’indépendance et de liberté d’antan, celui de nos fellagas et de nos âmes résistantes, inscrites sur le livre de l’éternité s’est défilé, peut-être, à jamais de nos souffles.
Un constat qui au lieu d’inquiéter l’opposition et les intellectuels les réjouissent ! Alors que d’aucuns admettent que la mort des actions initiatrices aux actions de masse , encore une fois comme le mouvement du 18 octobre , ou YEZZI FOCK qui semble avoir été une OPA pour flatter le cul des vaches , et les ego de quelques uns qui se donnent une importance qu'ils n'ont pas par rapport aux figures politiques de l'opposition démocratique ,figures qui même vieillissantes , ces dernières restent quand même emblématiques , elles ont faits et font leurs preuves depuis toujours , même dans la lueur , même dans la brise et la rumeur , quand même ils FONT , même si c'est timide et peu ; après celle des politiques et des médias , est du terrain béni laissé aux « marchands du temple ». . Surtout que ceux qui pensent que la soi-disant société civile tunisienne, composée-en réalité- d’opportunistes en mal de publicité et d’arrivistes presque tous habillés de vestes réversibles, se trompent gravement. Mieux : les démocrates tunisiens , sous cette pluie acide du renoncement et des incompétences qui les cerne que ce soit dans le visuel ou le virtuel, encore conscients et en activité vont connaître le même sort que leurs camarades qui ont tout perdu, et leurs armes et leurs esprits dans les oubliettes de ben Ali , pour eux , les derniers des Mohicans , les rues de Tunis en sont une réplique grandeur nature, demandez un peu à M.YAHYAOUI , M.MARZOUKI , HOSNI , HAMAMMI , MAATAR , ZOUARI , JEBALI ce qu'est leur vie en Tunisie.

 

NASSER HAMAMMI

 

La voix des tunisiens, un levier unique pour moderniser l'action de l'opposition démocratique
Le vrai moteur de la modernisation de l’opposition en Tunisie sera l'engagement régulier et responsable des tunisiens relayé par des élites politiques légitimées et efficaces. Les nouvelles technologies et le net en premier, permettront aujourd'hui de canaliser cet engagement, c'est-à-dire de retrouver l'exercice de la démocratie directe que nous n’avions jamais connus.
L'adaptation de notre sphère militante à un environnement économique, social et techno logique en pleine mutation est un enjeu capital pour démocratiser efficacement notre pays.
Les déterminants de l'action selon que l'on s'intéresse au pouvoir à tout prix et avec n’importe quel moyen , ou à la démocratisation de la Tunisie ne sont pas à la même échelle , c’est déjà à ce niveau , au jour d’aujourd’hui qu’on doit définir et donner un sens à notre combat , et surtout une bonne fois pour toute lui donner une adresse et un visage de références pour éviter les malentendus et la perte de temps , notre seule faiblesse , et la l’unique force de ben Ali , qui joue de notre suffisance comme sur du velours. L'organisation actuelle de notre opposition consacre la décharge de la responsabilité du tunisien vers sa seule responsabilité. La timidité des hommes politiques de l’opposition, du bloc démocratique à agir, de peur de troubles sociaux et de réaction violente de la machine répressive de ben Ali, reflète notre réticence collective au changement, ou tout au moins la perception que nous en avons.
Tous nos efforts doivent porter sur la recherche d'un consensus encore plus fort et plus déterminant à l’intérieur du bloc démocratique qui, seul, permettra la mise en oeuvre d’actions adaptées et acceptées. Or, dans nos courants et partis de plus en plus diverses et fragmentées, il est difficile d'obtenir un tel consensus. Et parallèlement, les tunisiens dans leur immense majorité ne peuvent plus accepter l'exercice d'un pouvoir autoritaire sans concertation démocratique, il est donc vital et urgent de pallier à ces faiblesses, et cela ne pourra se faire que dans la cohérence et la concertation.

La démocratie directe, outre sa vertu légitimatrice, a un rôle fonctionnel à jouer dans la gouvernance des affaires publiques , elle doit donc pour l’efficacité de nos actions voir le jour à l’intérieur même du bloc démocratique et éviter les arrangements , les captations et les dérives claniques comme se fut le cas dans le parasitage du mouvement de grève du 18 octobres par les habituels opportunistes et autres arrivistes qui vraiment dans notre cas épuisent bien plus les services de ben Ali tout travail transparent et ordonnés des personnalités intègres au sein du mouvement démocratique. Elle nous permettra de sortir de l'impasse des discours idéologiques stériles relayés par certains sites et autre porte-parole autoproclamés qui salissent par réputation toute image de marque quelque soit sa stature, et de rechercher des solutions concrètes. Les responsables politiques du bloc démocratique pourront ainsi trouver dans l'expression directe à grande échelle de tunisiens responsables et engagés, un stimulant et un guide de leur action. C'est une vraie chance de disposer des moyens d'y parvenir aujourd'hui.
Dans le concert des cris d'offrais et d'examens de conscience propre à l'humeur du temps, pour certains désaxés, il n'est pas inutile de faire entendre un son de voix un peu optimiste en cette fin de déroute. La Tunisie va très mal, sauf que les tunisiens se maintiennent malgré tout debout et ont la rage plus que jamais. La Tunisie va très mal va mal, sauf qu'il existe encore un sens, une vitalité du bonheur tunisien qui fait peur à la dictature , et que les opposants , trop puérils pour beaucoup d’entre eux , n’ont pas réussi à déchiffrer.

 

Je crois que le fait d’être extrêmement mal dans son quotidien , son pays , sa terre , ses proches , ses rêves , ses visions et ses projections, c’est quand même l’ état le plus primitif , le plus bestial et dégradant de la nature humaine , c’est la cas de la majorité des tunisiens , qui par la force des choses et l’horreur de la dictature , vivent dans le renoncement , la lâcheté et l’imposture . Je crois que c’est cette habitude au compromis , à l’arrangement , à une certaine forme d’atavisme socioculturel qui nous le donne , et c’est la société humaine qui nous entoure,celle , minoritaire de l’excellence , et l’autre majoritaire de la déchéance , encore plus que nous , c’est notre regard soumis porté sur eux qui nous le donne et nous fige dans la suffisance ,la surenchère , l’autosatisfaction , la frilosité et la prudence qui sont véritablement les chaînes qui nous clouent à la passivité mortelle , et à ce laisser aller , ce laisser mourir qui frappent toutes les classes et toutes les générations confondus de cette Tunisie formatée, pour toutes les desiderata du système, paupérisée sous vide, et face à ça, je ne suis pas seule dans ce cas à tourner en rond , je lis des textes limitatifs et stylistiques qui ne veulent rien dire ,des textes inquisiteurs et qui ne proposent rien , ne poussent à rien d’autre qu’à donner l’illusion de déranger les espaces lunaires de notre chère opposition , des textes réquisitoire où il est question d’islamisme et de laïcité , de lâcheté, résignation et double pensée , des discours pédants à dégorger toutes et les rares bonnes volontés .Des textes qui dénoncent évidemment comme toujours chez les autres , leurs propres tares , la facilité est aussi une forme de lâcheté et de résignation et tient toujours sans aucun doute de la multiplicité des discours. Moi qui fais partie des inexpérimentés néophytes en tout, je vois tellement d’esquisse de projets défiler,de délires avortés ect…mais ce que je vois bien , surtout, c’est qu’il n’y a que les jeunes tunisiens qui vivent la réalité tunisienne , les hittistes , les diplômés , les chômeurs , et comble de l’horreur les « harragua » les kamikaze d’un genre nouveau , notre Intifada à nous les tunisiens , qui se sacrifient pour essayer de nous libérer de cet autre colonialisme qui nous spolie de nos vies , je crois qu’il n’y’a pratiquement que ces jeunes là qui vivent vraiment le cancer qui peu à peu se généralise chez nous , et qui ont une conscience d’eux-mêmes , et de notre patrie , qui est une conscience flamboyante et dramatique. La plupart des tunisiens sont « assassinés » sur place. La plupart, ça ne les rend même pas irréductibles parce qu’ils n’ont pas conscience d’être assassinés sur place, tout cela est devenu naturel et coule de source pour eux. Même l’immonde et l’inacceptable quand ils sont matraqués finissent par trouver leur place dans le décor des peuples faibles, nous sommes un peuple faible, par manque de reconnaissance à la vie tout simplement, et par manque de respect envers nous-même.

Nous ne sommes pas né tunisiens , proclamés par le sang et la terre et le destin tunisien , pour être esclave de ce despotisme abject , pour le regarder ou pour le subir ; notre destin n’est pas la servitude , nous sommes morts à nous laisser aller à ce pernicieux fatalisme des lâches , ainsi nous nous trahissons , nous trahissons notre pays , les nôtres , la bonté et l’humanité dans tout ce qu’elle a de meilleur et de divin en elle ; il n’ y a que l’ action qui peut prendre appui sur ce qui est , pour faire exister ce que nous voulons être ; ce que nous devons être à l’instar de la beauté et de la lumière ; maintenant et plus que jamais renoncer à nos scories , à nos faiblesses et à nos égoïsmes .Comprendre que nous sommes des naïfs et des frileux est déjà un pas hors de la condition de naïveté et de la frilosité, et surtout comprendre pourquoi nous le sommes en est déjà un deuxième , pour surtout arrêter de tourner ridiculement en rond à dilapider nos énergies et à désespérer nos forces vives. Il faut comprendre et digérer une bonne fois pour toute et passer à autre chose , cet autre chose qui ne doit être que l’essentiel ( le dernier texte de M.M est assez éloquent pour cela , malgré la critique confuse et aberrante , de certains qui n’apportent rien au débat , du verbiage limité aux humeurs de ceux qui réfléchissent avec les pieds , défoncent des portes ouvertes et rêvent la Tunisie d’une façon passéiste , dépassée , archaïque , figée dans des combats d’arrière garde qui feraient sourire toutes les momies de l’histoire , de Napoléon à MAO, ,consternant !!!qu’au au-delà d’une activité non consciente de ses vraies fins et de ses résultats réels, au-delà d’une technique qui d’après des stratégies cohérentes et exemplaires sur le plan de la tolérance et de l’intégrité des sentiments des uns et des autres modifie un objet sans que rien de nouveau en résulte, il peut et il doit y avoir une praxis historique qui transforme le pays en se transformant elle-même, qui se laisse éduquer en éduquant, qui prépare le nouveau en se refusant à le prédéterminer car elle sait que les hommes font leur propre histoire.

 

biju
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les structures de l’action libre qui nous incombe aujourd'hui en tant que tunisiens libres , refusant le despotisme et la dictature de ben Ali et ses maffias, doivent être le credo de tous les courants du mouvement patriotique et démocratique tunisien


c’est une question de survie et de bon sens , conduire n’importe quelle action susceptible d’ébranler un tant soi peu la dictature de ben Ali, alors on dois rassembler un certain nombre de conditions matérielles , humaines et intellectuelles , qui tiennent aussi bien à nos aptitudes , à nos possibilités , à nos raisonnement et à nos vérités qu’aux choses mêmes et/ou aux réalités du vécu tunisien ,
La justice , l'institution fondamentale qui doit accomplir notre futur de l'après dictature est l’outil d’articulation des libertés : ma liberté ne s’arrête pas là où commence celle de l’autre, mais au contraire commence là où, plus exactement au moment où commence celle de l’autre. Si une loi n’augmente pas la liberté collective, elle est illégitime et peut entraîner un devoir de désobéissance, mais plutôt de résistance et de révolte, le pouvoir dans une démocratie tunisienne future doit être confronté à cette vérité, c'est à cela que que aurions acquis, nous tuniiens, la culture citoyenne, républicaine, et que nous serions devenus des hommes libres.
Tout interdit ne peut alors se justifier que par ce qu’il autorise : les « devoirs » sont la conséquence de l’exercice effectif des droits.Ni plus, ni moins en toute égalité et en toute légalité.

 

DERBALI

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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 19:20
Les arabes se sont mis d’accord...
... pour ne jamais se mettre d’accord !...


Cette « blague » que j’ai entendu pour la première fois dans la bouche d’un humoriste algérien, Fellag, est on ne peut plus criante de vérité, même à une époque où tout bon média qui se respecte (qu’il soit occidental ou oriental d’ailleurs) veut faire croire à une « unité » des peuples arabes ou plutôt arabo-musulman. Pour les télévisions occidentales, tout bon arabe de par la planète se doit d’applaudir lorsqu’il regarde deux tours new-yorkaises s’effondrer. Il exulte lorsque les « impies » sont frappés « dans leur cœur ».

Pour commencer, il ne serait même pas bon de discuter de la véracité de tel propos mais bien de débuter en se demandant qu’est ce qu’un arabe ? Un musulman ? pas forcément, il est vrai que les deux sont très liés, nous le reconnaissons, mais il existe des arabes chrétiens ou encore juifs.Le fait est que le mot arabe est une simplification extrême qui arrange toutes lesadministrations et tous les médias. Tout occidental est amené à penser la relation qu’ilentretient avec LES arabes comme une sorte de « dualité » de laquelle on ne peut raisonnablement s’extraire. On peut résumer ce combat manichéen par la phrase : « c’est eux contre nous ».

Pour faire court les arabes, il y en a très peu. Les musulmans, il y en a beaucoup. Les deux sont intimement mêlés du fait des différentes politiques et des différents médias qui peuvent leur « asséner » l’information. D’un coté comme de l’autre, les dirigeants ont tout intérêt à prôner cette unité. La réalité est tout autre. L’unité, elle est avant tout un fantasme ancré au plus profond de l’esprit de ceux qui la prônent en premier lieu et de ceux qui veulent bien y croire bien évidemment. Tout d’abord le problème est un problème d’appellation.

Un algérien ou un égyptien peut-il être appelé « arabe » ? Les algériens et les égyptiens n’en doutent pas ! Les « vrais » arabes leurs contestent ce « privilège ». Pour un saoudien ou un koweïtien, le terme arabeleur est exclusivement réservés, à tort ou à raison là n’est pas le problème. Or pour ces vrais arabes, l’algérien et l’égyptien sont tout deux exclusivement Africains et non pas arabe. Deuxième partie du problème, est-ce que les asiatiques (quels qu’ils soient) peuvent se permettre d’être appelé arabes ? On commence a voir les limites du ridicule, n’est ce pas ? ils ne le veulent pas et ne le demandent même pas ! Pourtant il s’agit là d’une véritable contradiction, l’Asie est aujourd’hui la plus grande réserve de musulmans au monde. Encore une fois le problème de la confusion orchestré entre les arabes et la religion musulmane.

L’unité, certains prétexteront qu’elle se fait dans les cœurs, sous la bannière de l’Islam. Peut-être pour le peuple alors mais certainement pas pour les dirigeants. Tout comme pourl’occident chrétien, l’orient musulman (blanc ou noir à vous de choisir) n’a plus rien à voir avec le sommet de leurs institutions. Toute personne doué d’un semblant d’intelligence à compris qu’un Bush ou un Sarkozy ont arrêté depuis longtemps de travailler pour leur pays respectif, ils se sont mis à leurs comptestout simplement, avec l’argent du peuple comme assurance pour leur avenir. Eh bien c’est tout aussi vrai dans le monde arabe. Les pays arabe (ici nous parlons de l’acception populaire de ce mot) ont des intérêts qui divergent, et cela va de la petite divergence à la très grande. D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? Comment un africain qui souffre mille misères pour manger à sa faim tous les jours pourrait-il avoir les mêmes problèmes ou encore les mêmes centres d’intérêt qu’un Saoudien qui ne sait plus quoi faire de ses pétrodollars ?

La réalité est que dans cette grande folie qu’est la diabolisation de l’orient afin de servir « la guerre contre le terrorisme », les dirigeants mais aussi les médias ne souffrent pas de grandesquestions qui induiraient obligatoirement des réponses encore plus grandes. Le combat se doit d’être double, comme il est écrit plus haut, un combat manichéen, c’est eux contre nous, en clair le Bien contre le mal. Dans une guerre pas très propre avec des enjeux pas très clairs, les longs discours ne sont pas les bienvenus. Bush contre (son meilleur ami) Ben Laden, voilà qui sonne bien. Cette simplification n’a qu’un seul et unique but faire accepter une sale guerre avec des moyensinhumains à un maximum de personnes. Tout est fait pour que les événements relayés passent directement dans le cœur, foyer des passions plutôt que par le cerveau, foyer du raisonnement. Un homme qui se laisse aller à ses passions ne peut plus réfléchir de manière lucide et c’est exactement ce que nos dirigeants veulent, d’un coté comme de l’autre !

 

LE PROBLEME, C’EST LE CHOIX

 

Cette phrase résonne... personne n’a vraiment le choix ! Nous nous occupons non par choix mais par obligation. Il est vrai que cette vie n’offre pas beaucoup de choix, sinon de faux choix. Des choix dictés par des obligations.

Lorsque la vie nous laisse vraiment le choix, c’est rare, mais cela arrive, il est à remarquer que l’homme choisi bien souvent, trop souvent la passion. La passion est ennemie de la raison et en conséquence n’entraîne pas que de bons choix. Le cœur sans la tête ne s’occupe que très rarement des conséquences. La tête sans le coeur ne s’encombre que très rarement de sentiments, d’humanité, d’amour ou d’amitié. Les deux vont de pair, personne n’a vraiment le choix.

La vérité est que si nous avions vraiment le choix, nous ferions probablement les mauvais choix. Nous avons déjà choisi de nous en remettre à d’autres pour choisir à nos places. Un choix que personne ne contestera, cela va de soi ! Les grands choix entraînent indubitablement de grandes conséquences et donc d’irrémédiables responsabilités, c’est certain personne n’en voudrait !

Causes - Effets, Actions - Réactions. C’est ainsi, si nous avions le choix personne n’assumerait ses mauvais choix. Et c’est là le cœur du problème, le vrai ! Personne ne peut rien obtenir sans donner avant, c’est une loi et non pas un choix.

Contrevenir à cette loi revient à faire le pire des choix parce que les conséquences d’un tel choix sont telles les ondes que provoque un galet sur la surface d’un étang en pleine montagne. Personne ne peut les prévoir et encore moins calculer leurs effets. Nous dirons que tout le monde récolte ce qu’il à préalablement semé, pas le choix !

La nature humaine agit puis oublie. C’est ainsi ! La nature (dans son acception la plus globale), elle, n’oublie rien, jamais !

Il est à noter que les peuples qui ornent cette terre n’ont pas tous été élevés à notre niveau de vie...occidental. Pensez-vous qu’ils avaient le choix ? Nos sociétés se sont construites sur les ruines des leurs, pensez-vous que nous avions le droit ? DIEU donne et DIEU reprend ! C’est une vérité ! Mais ce que ces peuples n’ont plus, seul l’homme peut se targuer de leur avoir enlevé. DIEU est justice, c’est une vérité !

DIEU ne respecterait-il pas SA loi ? Toute cause, même la plus minime entraîne IRREMEDIABLEMENT une conséquence proportionnelle et de même ordre que la cause.

Notre civilisation ne s’est pas contentée de jeter un galet dans un étang, mais elle a remué tous les fonds marins de cette planète, provoquant autant de perturbations à la surface de ces gigantesques étendue d’eau !

Nous avons bâti notre satisfaction sur leur insatisfaction, nos joies sur leurs peines, nos réussites sur leurs échecs. Ne croyez pas que les remous que subissent nos « glorieuses » civilisations occidentales aujourd’hui ne sont que les fruits d’obscurantistes, de fanatiques, d’extrémistes, appelez les comme il vous siéra, vous avez le choix !

Tout bon festin se termine IRREMEDIABLEMENT par une facture ! Celle que l’occident à accumulé est TRES salée !

 


Mohamed MOURAS
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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 19:19
Le corollaire de l’Islam politique
Par
Derbali


Les clichés donnent souvent à l’islam une image de doctrine strictement religieuse et c’est plus qu'un tort, c'est un arbitraire négationniste de l'essence même du message de cette religion révélée. La plupart des pseudos analystes tunisiens considèrent que c’est son seul domaine d’existence. Or, l’islamisme, ou l’islam politique moderniste est avant tout une philosophie réaliste et pragmatique dans la gestion sociétale d’un pays , et du quotidien de la vie de la cité , elle est un tout , et doit être considérée en tant que telle dans la confrontation , le débat politique naturel et normal qui définie une société démocratique , une société civilisée où toutes les forces en présence auraient accepté les fondamentaux de la démocratie moderne et libérale , c'est à dire l'alternance , les urnes , la souveraineté du peuple , la primauté de la constitution et des institutions , la justice , le droit , le dialogue , la paix et la tolérance.
Par ailleurs, beaucoup des tenants de la philosophie laïcarde (dans le cas tunisien pratiquement toujours aliénée , belliciste , diffamatrice ) affirment que le pouvoir politique est au-dessus des sentiments culturels et historiques du peuple , que l’éthique ne fait pas partie de son champ d’investigation , et qu'il revient non pas au législateur légitimé par la souveraineté populaire de fixer les règles et les moyens de l'application du programme politique sur lequel il a été élu , dans les limites de la constitution bien sûr , mais dans une sorte d'arrangements édulcorés , des compromis entre les appareils qui répondent aux habituels intérêts impérialistes des uns , et privés des autres. Les uns comme les autres par le chantage du chaos et leurs pouvoirs de nuisance essaient toujours par ces moyens indignes de confisquer les victoires et les choix les plus intimes du plus grand nombre .Dans notre pays une partie du RDC et la grande majorité de cette petite minorité sont sur cette ligne opportuniste et aussi illégitime que le pouvoir de ben ALI , une sorte de KEMALISME qui fera ad libitum de la Tunisie une république bananière et un état vassal où les élus du peuple tunisien ne seront que des potiches.Ces tunisiens là sont dans la compromission avec les stratégies néocoloniales et à leurs façon , comme la dictature , au service du néocolonialisme , ils combattent la Tunisie arabo-musulmane. Tout au plus expriment-ils que l’éthique est une question de choix personnel, alors que dans la société arabo-musulmane , dans la grande majorité de cette population , ce choix personnel est fait depuis très longtemps, autrement nous n'aurions jamais résisté à l'ethnocide et dans certains cas au génocide programmé par les forces colonialistes (du Yémen à la Mauritanie).Aujourd'hui encore , plus encore sous la pression conjuguée des dictatures et du néocolonialisme , nous sommes dans l'affirmation d'une culture singulière par son cosmopolitisme et évidente par ses signes de reconnaissance et ses sources , oui par les mouvements , les échanges et les occupations des espaces , par la diversité des attitudes , des engagements et l’intégration des populations musulmanes à travers , les cultures , les sociétés , les pays et les continents , quoiqu’en disent les loosers et les éternels oiseaux de mauvaise augure , le temps est à l’optimisme .
En définissant le concept d’éthique dans notre supra culture , faite de plusieurs cultures ,et qui dépasse les limites du cadre strictement religieux et ses ordonnances, la réalité est toute autre , tout , de plus en plus est dans la demande de la transparence , de la morale choisie et l’éthique.
L’éthique est la science qui s’appuie sur le comportement humain en relation avec les valeurs, les principes et les normes morales, l’islam de l’origine, l’islam Mouhamétan ne dit pas, n’affirme pas et n’ordonne pas autre chose,c’ est aujourd’hui plus que jamais , cette façon de voir et de faire qui oblige à la réforme et au progrès et qui est totalement POLITIQUE. L’éthique intervient donc dans tous les domaines de la société et également dans tous nos choix personnels , ceci est dans la logique de l’islam social , celui des pratiques de la cité , volontaire et solidariste , avec ses penseurs et ses militants et qui est totalement différent de celui de la pratique strictement religieuse , celui des mosquées et celui qui inspire certains caciques hors –jeu , comme certains anciens cadres tunisiens , souvent autoproclamés et toujours liberticides du mouvement ENNAHDA par exemple , cet islam qui est politique et par exigence moral , culturel , social . En effet,pour nous il est impossible de séparer l’acte libre du jugement éthique, car tout acte libre et conscient possède un contenu qui n’est jamais indifférent ou neutre objectivement. On agit forcément pour quelque chose, sur quelque chose ou en direction de quelqu’un , c’est vivre en société , défendre ses idées et faire le choix de réunir le plus grand nombre de citoyens autour de ses idées , c’est somme tout et d’une façon basique la pratique élémentaire de la citoyenneté et de la démocratie , acceptée intellectuellement et philosophiquement par tous les militants musulmans réformateurs .ces derniers dans tout le sens du mot font figures de révolutionnaires par rapport à la pensée générale de tous les courants de l'espace arabo-musulman ,qui depuis des siècles de décadence nous ont maintenu à l’écart du monde qui s’affirme et qui s’impose, c’est un islam libre , humaniste et révolutionnaire , car il résiste dans le même élan à deux sortes d'archaïsmes qui servent d'alibi et nourrissent les ambitions des uns et des autres , celui d'une dictature qui ne survit que par ses/NOS contradictions ignobles, celui des idéologies aliénés , rétrogrades et assimilatrices d'ordres destructeurs et liberticides , et celui d'un islam fanatique contre ses propres valeurs, rétrograde , momifié et mortifié par les impostures et la barbarie.Pour revenir à la question morale et essayer de faire comprendre sa signification citoyenne pour l'islam politique , et que certains esprits faibles et malades , d'autres usurpateurs et diffamateurs la limitent à la consommation et à l'apparence , à la mini jupe , la consommation de l'alcool ect ….. Ces choix de vie personnels, qui dans le fond quand c'est dans le respect de la loi et la vie collective tiennent de l'intime conviction et sont plus que secondaires.
A chaque fois que nous devons prendre une décision, notre choix est toujours précédé d’un jugement moral qui va guider notre volonté , c’est la sève même de la pensée musulmane, toute déviance à ce principe de base a de graves conséquences , et l’acte politique pour un musulman civilisé et respectueux de l’esprit et de la lettre du saint Coran doit être conforme à cela : « ce que je veux faire est-il conforme à ma conscience ? » , c’est la question que se pose , ou doit se poser chaque militant honnête de n’importe quel parti d’ailleurs, pourquoi les musulmans engagés en politiques n’auraient-ils pas le droit de se la poser même si leurs « consciences » à eux ne se limite pas à la charte idéologique d’un parti , mais aux textes saints , je dis bien le texte saint et je parle de société , de gestion de la cité et d’évolution dans l’espace et le temps , j’entends d’ici les cris d’offrais des pleureuses professionnelles du poulailler tunisien , oui je parle de textes saints et non de traditions et de Charia qui de mon point de vue n’ont rien à voir avec la politique , et qui quelques part sont dépassés par les événements , les structures et l’histoire , seul le saint Coran m’impose , seul le Coran m’oblige.Pourquoi les musulmans politiques doivent-ils éviter de démarcher les tunisiens pour ce faire , au nom de quoi ? De quelle logique ? De quelle démocratie ?
De la même manière, les décisions politiques, économiques, etc.. font nécessairement appel à un jugement moral pour les musulmans , et rien dans une constitution qui se respecte et qui obéit aux principes des libertés et du droit , entre autre celui des droits de l’homme , ne peut le leur interdire , autrement s’installera dans le pays un ersatz de démocratie ,une filouterie de plus , un cirque et une mascarade que certains clans d’arrivistes tunisiens espèrent de tout leur cœur ; où à la place de la dictature de ben Ali , nous aurons à subir celle de cette frileuse coalition des arrivistes et des opportunistes , des gauchistes éradicateurs et des femmes pas démocrates du tout , ce que je ne saisis pas c’est pourquoi cette haine et cet étalage des interdits qui leur sert de petite pensée politique , pire que celui de ben Ali à l’encontre de des tunisiens en général et de l’islam politique en particulier qui subit depuis toujours leurs traitements de faveur sous la flagornerie de quelques uns et des moindres.Quand on se dit démocrates , le plus simple et le plus logique pour eux c’est simplement d’essayer de convaincre les autres partis du bloc démocratique qui font alliance avec les islamistes de briser cette alliance , exclure par principe les islamistes et former avec eux un bloc sans ces derniers , dans ce cas de figure il n’y aurait vraiment aucun problème d’éthique et de rigueur politique , mais je doute fort que cela puisse advenir , les leaders du bloc démocratiques qui se sont alliés avec l’islam politique savent bien sa valeur patriotique et de mobilisation , ses ambitions démocratiques et sa représentativité , et connaissent les forfaitures de ces quelques parasites qui instrumentalisent le combat et les souffrances des autres quitte à servir indirectement ben Ali (ce blaireau , lâche et inculte de BOUJEDI me fera toujours rire , l’imbécile n’a même pas le « courage » alimentaire d’un taré comme SAHBI et sa suffisance). L’éthique est donc une exigence qu’il n’est pas possible de supprimer de la vie humaine et principalement de celle des tunisiens qui restent avant toute chose un peuple profondément arabo-musulman. Elle est présente dans tous les actes de leur humanité même mise sous contrôle et écrasée par les bottes policière d’un népotisme d’un âge ténébriste.
Les individus comme les décisionnaires d’institutions ou de formations politiques peuvent avoir une conception différente de la morale qui les amène à prendre des options répondant à une logique propre. C’est pourquoi il est nécessaire de clarifier le débat moral dans notre recherche en tant que peuple tunisien opprimé dans notre combat contre l’une des dictatures les plus brutales que l’humanité n’a jamais connue.
La morale dans l’islam ne peut se baser sur des valeurs objectives ou transcendantes, mais seulement sur les choix autonomes du croyant. En fait, le choix est le fondement de l’agir moral, comment alors le musulman pourrait-il se détourner de la gestion de la cité, de l’engagement social et politique, et comme pourra –t-il s’engager à défendre d’autres valeurs qui sont souvent contraires à sa morale ? Comme le lui signifient certains politiciens , sous le fallacieux prétexte que nés musulmans dans une société musulmane ,pour les musulmans tunisiens l’islam doit être maintenu hors de l’espace politique et des affaires citoyennes , c’est non seulement aberrant , mais c’est liberticide et contraire à toute pratique démocratique , le musulman moderne qui respecte le pacte démocratique , les institutions et le jeu politique est dans l’obligation de défendre ses valeurs . La seule limite à cette action politique revendiquée est la liberté d’autrui. La liberté est le point de référence suprême mais aussi le but ultime dans notre engagement, l’islam réformateur n’a pas d’autres objectifs.
Il existe une difficulté pour ce courant d’opportunistes à poser une norme sociale en particulier pour ceux qui au nom du principe d’autonomie n’acceptent que l’autocontrainte. Pour éviter de recourir à la fonction coercitive de l’état Léviathan, ils proposent « le principe de tolérance » ou le critère « d’absence de dommage important » à autrui. Il s’agit en fait de renoncer au fondement rationnel de la morale et cela pour les militants musulmans est inacceptable, c’est un des problèmes qui a poussé beaucoup d’entre nous à nous éloigner d’ENNAHDA par exemple ( je ne parle pas pour moi , n’ayant jamais été militant encarté d’aucun parti je ne soumets mon jugement et mon analyse à aucune subjectivité , à ce propos ma fraternité à SALAH KARKER pour son grand courage de militant , d’esprit libre et son honneur face à la maladie).

Il faut différencier le fondamentalisme musulman du traditionalisme, partout où l'islam politique moderne et réformateur a des ambitions, car il est en butte avec des contradictions énormes , des contradictions qui portent en elles des nuisances et des dérives dramatiques pour lequel l'environnement religieux est encore proche mais en train de disparaître. Le fondamentalisme aujourd’hui est une volonté politique de rebâtir un ordre religieux lorsqu'il n'y a plus de traditions. C'est un signe de la profonde « dé traditionalisation » du monde musulman. Le choc de la modernité a ébranlé ces sociétés. L'une des autres raisons de la force du mouvement est la proximité historique de l'islam avec le judaïsme et le christianisme la modernité,  la modernité dont il fut une des sources importantes. L'islam se voit et se vit au quotidien comme la révélation la plus aboutie, le « sceau de la prophétie ». D'où l'intensité de cette rivalité , mais au-delà de la religiosité , la pratique , l’exercice des responsabilités civiques et humaines de la cité doivent être prise en charge par l’action et la participation des musulmans .
La démocratie s'est longtemps affrontée à l’islam puisqu'elle portait atteinte à son autorité globale sur les phénomènes humains. Aujourd'hui, cette bataille est largement derrière nous. La démocratie fait place aux religions, à leur libre expression et l’islam porte en lui certaines de ses valeurs les plus fondamentales , l’islam politique à partir de là ne peut être et exister que dans la pratique démocratique et libérale des institutions .Car comme l’Islam la démocratie libérale et sociale ignore et combat les lourdeurs idéologiques et les hégémonismes prédateurs , tout est contenu dans une morale et une éthique politique qui donne un sens aux libertés et aux respects des limites naturelles des uns et des autres.

À la fin du XIXe siècle,pour limiter  la pensée  à l’occident moderniste dont,  qu’on le veuille ou non , l’islam en générale et surtout sa réforme est désormais dépendant , il est devenu pour nous et par la force des choses un modèle , il s’agit surtout pour nos élites de s’inspirer  des bons côtes et des apports  valorisants et humanistes de cet occident  et de refuser ses déchéances et ses horreurs , cela est plus que possible pour nous aujourd’hui  grâce au progrès  et à nos potentialités humaines , donc  la science a eu pour ambition de se substituer à la vision religieuse de l'Univers , elle a échouée , plus que jamais le religieux est au centre de tout , il s’agit pour nous justement de le positiver dans son sens original et sa grandeur et barrer la route aux forces rétrogrades  qui le minent , le détruisent et nous détruisent avec lui. Nous n'en sommes plus là pour la majorité des musulmans civilisés mais le danger  d’un repli sur soi existe et il faut demeurer vigilant. Aujourd'hui la science n'a pas vocation à remplacer les religions comme système ultime et global d'explication de ce qui est, au contraire une  entente cordiale et une coexistence pacifique  existent désormais entre eux. La science a toujours présenté  une image de la réalité, mais ne dit pas le sens de ce qui est .Tout au long de son histoire et son apogée, l’islam fut scientifique à sa manière, c'est-à-dire qu’il a toujours encouragé et reconnu  le pouvoir scientifique en donnant une image de la réalité et en donnant un sens à ce qui est non pas par la contrainte, mais par l’exemple et l’engagement. Les sciences sont spécialisées, elles ont une validité circonscrite. Elles sont en avancée permanente. Elles ne parlent pas de l'ensemble de la culture , mais à l’essentiel de la vie publique et l’islam politique aussi. Science et religion sont deux démarches distinctes qui sont vouées à coexister malgré tout.l'islam politique  est une réalité parallèle à ces deux évidences car il est dans la réalité de l’humain et dans le mouvement. 

La démocratie et l’islam politique ne sont pas incompatibles, au contraire. La démocratie fournit le meilleur cadre à la liberté politique et celle de la  conscience, à l’exercice de la foi et au pluralisme des idées et des engagements. De son côté, l’islam , de par son engagement moral , éthique et  les valeurs qu’il  défend, son sens critique et son expression culturelle, peut être une partenaire valable de tous ceux qui sont partie prenante de cette réalité

Si l’islam  relève, pour l'essentiel, d'un choix de la conscience individuelle, il  n'en appartient pas moins au domaine public dans notre espace culturel et social, car le rituel religieux a une dimension sociale et, à ce titre, interfère dans le domaine public, c'est-à-dire politique et il doit s’assumer en tant que tel sans aucun renoncement. Par ailleurs, le choix religieux des individus engendre des comportements dont on mesure les conséquences sociopolitiques, et toute démocratie qui se respecte doit les respecter. Qu'on le veuille ou non, l’Islam  a une fonction sociale et politique, parce que l'homme est un tout et qu'il ne peut faire arbitrairement abstraction de ses convictions religieuses dans son comportement citoyen. Pour l’islam politique  la religion en général, le fait religieux et la  démocratie ne sont pas deux entités  distinctes et différenciées,  leurs rapports s'harmonisent de plus en plus  grâce à l’ouverture et à la modernité dans une configuration originale. Cette exception qui se perpétue ne peut qu'alimenter la réflexion en la matière et tempérer les ardeurs de tous ceux qui veulent reléguer le fait religieux dans le domaine de la vie privée, quand ce n'est pas dans les limbes de l'histoire. Avec la démocratie, l’islam politique s'ouvre, s'articule mieux sur la liberté des individus, alors que dans les dictatures qui oppriment le monde arabe et musulman en général et en Tunisie en particulier ,  cette liberté élémentaire n'est pas honorée , elle est au contraire combattue , niée  et bafouée stratégiquement. C'est donc bien la condition concrète de l'homme qui se joue dans la démocratie comme dans l’islam politique, ainsi que les possibilités d'un progrès culturel et humaniste qui tient de l’universel. Or il se trouve que cette démocratie, véritable espace citoyen de la liberté humaine, si elle est pratiquée  d’une façon loyale et transparente ne peut avoir de  problèmes avec l’islam politique, celui de la réforme et de la lumière, face à qui  elle n’a nul besoin à se situer, il est vivant en elle et elle en lui.

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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 19:18
Femmes en pays musulmans

A l’occasion d’un sondage organisé en 2005 par l’Institut Gallup auprès de 8 000 personnes de huit pays musulmans (1) (tous les entretiens ont eu lieu en tête à tête, dans la demeure des intéressés), la grande majorité des femmes ont affirmé qu’elles devaient avoir le droit de voter sans influence extérieure, de travailler en dehors de la maison et d’occuper des postes à responsabilités. L’étude montre que les femmes ne considèrent pas les questions liées à leur situation comme prioritaires. Elles pensent que les problèmes essentiels sont ceux de la désunion des pays musulmans, de la violence extrémiste et de la corruption politique et économique. Elles ne se considèrent pas comme conditionnées pour accepter une statut de « seconde classe », ni comme « opprimées ». La question du foulard ou de la burqa, remarque la journaliste américaine Helena Andrews (2), « n’a jamais été mentionnée par les répondantes durant les longs entretiens avec elles ». Bien que 78 % des Marocaines, 71 % des Libanaises et 48 % des Saoudiennes associent égalité juridique des sexes et Occident, une majorité ne pense pas qu’adopter les valeurs occidentales aiderait le progrès économique ou politique des pays musulmans. Une écrasante majorité des femmes interrogées estiment que l’aspect le plus positif de leur société est son « attachement aux valeurs morales et spirituelles » ; 53 % des Pakistanaises et 59 % des Egyptiennes voient dans l’amour de la religion le trait le plus positif de leur pays.
A la question « est-ce que les femmes devraient être autorisées à occuper des positions dirigeantes au gouvernement ou au parlement », les proportions de réponses positives chez les femmes sont les suivantes : 45 % en Arabie saoudite, 61 % en Jordanie, 63 % au Pakistan, 67 % en Egypte, 74 % en Iran, 89 % en Turquie, 93 % au Maroc, et 93 % au Liban. Dans sept de ces huit pays, la même question posée à des hommes aboutit à des résultats inférieurs (les différences les plus importantes avec les positions des femmes apparaissent au Maroc et en Egypte, où seulement 54 % et 41 % des hommes pensent que les femmes devraient pouvoir occuper des positions de responsabilité). En Iran, en revanche, les hommes sont 83 % à l’accepter. L’étude montre aussi qu’il n’y a pas de grande différence selon les classes d’âge, et que les jeunes ne sont, en général, pas plus favorables que leurs aînés à l’obtention par les femmes de postes à responsabilités.

 


(1) Ces pays sont la Jordanie, l’Arabie saoudite, l’Egypte, l’Iran, le Pakistan, la Turquie, le Maroc et le Liban. « What women want : Listening to the Voices of Muslim Women », http://poll.gallup.com
(2) Lire The New York Times, 8 juin 2006.


 
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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 19:17
L’ALGERIE ET SON PETROLE :
TO BE OR NOT TO BE




24 février 1971 - 24 février 2006 : 35 années se sont déjà écoulées depuis la nationalisation du pétrole et du gaz en Algérie !

1956 - 2006 : cela fait aussi 50 ans depuis que les premiers barils de pétrole sont sortis des entrailles de la Terre à Edjeleh !

C’est généralement à l’occasion de ces dates anniversaires mythiques, qui se terminent par des zéros ou des cinq, que l’on établit des bilans. Est-ce le bon moment pour faire celui de l’industrie pétrolière algérienne ? La réponse est oui. Il aurait été certainement bon que toute personne ayant eu des responsabilités éminentes dans le secteur, durant cette période, apportât sa contribution à l’établissement d’un tel bilan.

 

Pour ce qui me concerne, c’est une autre question qui me turlupine et à laquelle je voudrais tenter de répondre dans les lignes qui suivent. Au Moyen Orient, on a coutume de se demander si le pétrole est un bienfait (ni’âma)ou un malheur (niqma) pour les pays qui en possèdent. Comment ce dilemme shakespearien s’applique-t-il à l’Algérie ? Plus exactement, comment les différentes équipes qui se sont succédées au pouvoir ont-elles géré cette manne céleste ? En ont-elles fait profiter le peuple ou l’ont-elles utilisée à des fins de pouvoir ? Suivant le cas le pétrole est un bienfait ou un malheur.

Un départ réussi

 

A Evian, les Algériens avaient obtenu l’essentiel : l’indépendance avait été arrachée et l’intégrité du territoire garantie. Dans d’autres domaines, dont celui du pétrole et du gaz, ils avaient du concéder pas mal de choses. Le texte des accords prévoyait, entre autres, que « … l’Algérie confirme l’intégralité des droits attachés aux titres miniers et de transport accordés par la République Française, en application du Code pétrolier saharien … » Un peu plus loin, il y était dit qu’elle s’engageait également « … à respecter le droit pour le détenteur de titres miniers et ses associés de transporter ou faire transporter sa production d’hydrocarbures liquides ou gazeux … et le droit du concessionnaire et de ses associés de vendre et de disposer librement de sa production ». En clair, le nouvel Etat algérien s’engageait, avant même sa naissance, à ne rien modifier à l’édifice juridique préétabli du Code pétrolier saharien, lequel accordait des droits et privilèges absolument exorbitants aux compagnies pétrolières au détriment de l’administration. Dans un domaine aussi vital, l’Etat français pouvait se permettre d’accorder une vaste délégation de pouvoirs au bénéfice des compagnies pétrolières, à partir du moment où celles-ci étaient, dans leur très grande majorité, des sociétés françaises. Afin de garantir l’indépendance énergétique de l’Hexagone, le gouvernement français avait adopté, dès la découverte du pétrole au Sahara, une politique très protectionniste dans ce secteur, au point qu’en 1962 seules trois petites compagnies étrangères - une allemande et deux américaines - étaient présentes en Algérie et y avaient des intérêts minoritaires sur des champs pétroliers au potentiel extrêmement limité.

 

Afin de verrouiller totalement le dispositif mis au point à Evian, la partie française avait imposé la création d’un organisme mixte algéro-français de gestion et de contrôle de l’industrie pétrolière algérienne, dénommé Organisme Saharien et au sein duquel les deux pays étaient représentés par un nombre égal d’administrateurs. C’est donc à une structure administrative échappant complètement à la souveraineté nationale qu’était dévolue la tutelle du secteur pétrolier.

 

La seconde grosse difficulté, à laquelle allait se trouver confronté le jeune Etat était celle du mode de représentation paritaire retenue, qui imposait l’accord des deux parties pour l’adoption de toute décision. Le gouvernement avait donc les mains bel et bien liées pour ce qui est de l’exploitation des richesses pétrolières du pays, alors même que les caisses du Trésor public étaient vides et, qu’une fois les lampions de la fête de l’indépendance éteints, il fallait trouver les ressources nécessaires pour donner à manger aux neuf millions d’Algériens de l’époque. Rajoutons à cela que les compagnies pétrolières n’étaient tenues de payer qu’un impôt calculé sur la base d’un prix officiel affiché, dit prix posté, inférieur au prix réel du baril de pétrole sur le marché et que cet impôt était grevé d’énormes investissements d’exploration encore loin d’être amortis.

 

Où trouver l’argent pour faire démarrer la machine Algérie, si ce n’est en tirant profit au maximum de l’exploitation du pétrole et du gaz ? Pour cela, il fallait d’abord briser le carcan du Code pétrolier saharien, il fallait remettre en question les accords d’Evian, dont l’encre n’avait pas encore séché. Le gouvernement de l’époque, sous la houlette du président Ahmed Benbella, allait s’engouffrer dans la brèche créée par l’affaire de la TRAPAL et déclencher une renégociation du chapitre hydrocarbures de ces accords. De quoi s’agit-il ?

 

Dès la mise en exploitation du champ de Hassi Messaoud, les entreprises concessionnaires avaient construit le premier pipeline algérien destiné à transporter le pétrole extrait jusqu’au port de Béjaïa. Mais très vite cet oléoduc avait été saturé, d’autant que de nouveaux gisements avaient été découverts et devaient être mis en production. Les compagnies pétrolières concernées avaient alors créé une nouvelle entité dénommée la TRAPAL, à laquelle elles ont confié la tâche de construire un nouveau pipeline dont le terminal serait Arzew. Pour réaliser leur projet, l’accord du gouvernement algérien leur était nécessaire. Or, ne voilà-t-il pas que ce dernier avait rejeté leur demande. Qui plus est, malgré la jeunesse et l’inexpérience des responsables politiques et des cadres de l’époque, malgré le manque cruel de spécialistes en matière pétrolière, Ahmed Benbella et son équipe décidaient de se lancer dans l’aventure industrielle et de prendre en charge la construction de l’ouvrage. Le prestige de l’Algérie dans le monde était tel que le financement n’a posé aucun problème. L’Etat du Koweit avait fourni les fonds nécessaires et une entreprise britannique, probablement ravie de faire la nique au coq gaulois, était chargée de la réalisation.

 

Faisant jouer les dispositions des accords d’Evian, la TRAPAL faisait porter l’affaire devant un tribunal international; c’était l’occasion rêvée, celle que le pouvoir algérien attendait pour tout remettre à plat. Après maintes tergiversations, de nouvelles négociations algéro-françaises étaient engagées et aboutissaient aux “ Accords d’Alger” , signés dans la capitale algérienne le 29 juillet 1965. Petit détail d’histoire à signaler; cette signature aurait pu intervenir plus tôt, n’eût été le coup d’Etat du 19 juin de cette même année.

Les relations entre les deux pays dans le domaine du pétrole et du gaz étaient revues de fond en comble. La France et l’Algérie avaient innové et lancé une initiative, unique et très avant-gardiste pour l’époque, de coopération en matière pétrolière. Elles décidaient de créer une association dite “ Association coopérative” à laquelle était attribuée une énorme superficie à travers le Sahara, sur laquelle les compagnies pétrolières nationales des deux pays, la SONATRACH d’un côté et l’ERAP de l’autre ( l’ancêtre de Total - Elf - Fina ), se lançaient avec des pourcentages égaux de 50/50 dans l’exploration et la production. La grande innovation du système mis en place est que les deux entreprises se répartissaient, à parts égales aussi, le rôle d’opérateur pour les opérations de recherche et pour l’exploitation des champs découverts. C’était la première fois qu’une compagnie pétrolière du Tiers Monde se lançait dans des opérations sur le terrain, non seulement pour elle-même, mais aussi pour le compte d’une grande société internationale. C’est ainsi que la SONATRACH allait subir, quelques années plus tard, son baptême du feu en mettant en exploitation le champ d’El Borma, à la frontière algéro-tunisienne.

 

Dans le domaine du gaz, les accords d’Alger en attribuait le monopole du transport, de la distribution et de la commercialisation à l’Algérie. A partir de cette date, toute compagnie qui venait à découvrir du gaz était tenue de le céder à la seule SONATRACH, qui se chargeait de le transporter et de le commercialiser, aussi bien sur le marché intérieur que sur le marché international. Ceci était valable aussi pour les gisements déjà existants, notamment celui de Hassi R’Mel. Le prix de cession du mètre cube était lui-même figé dans une formule de calcul annexée aux accords.

 

Toujours dans le domaine du gaz, la SONATRACH se lançait dans l’aventure industrielle, au travers d’une compagnie mixte algéro-française créée pour l’occasion, chargée de la réalisation et de l’exploitation de l’usine de liquéfaction de Skikda.

 

Pour ce qui est du transport des hydrocarbures, l’affaire TRAPAL était complètement oubliée. L’Algérie avait eu gain de cause, la SONATRACH avait terminé la construction de l’oléoduc d’Arzew et avait pris en mains son exploitation. Elle se lançait même dans la réalisation d’un nouveau gazoduc reliant Hassi R’Mel à Skikda.

 

Enfin, s’agissant de la pétrochimie, la partie française s’était engagée à assister les Algériens dans la création d’un nouveau pôle d’activités, autre innovation pour l’époque, grâce à la réalisation d’une usine de production d’ammoniac à Arzew.

Pour mener à bien toutes ces tâches, le gouvernement algérien avait décidé la création de sa propre compagnie pétrolière nationale, qui allait voir le jour, sur le papier tout au moins, le 31 décembre 1963. Cette compagnie, prévue à l’origine pour faire face à l’urgence du moment, à savoir la réalisation et l’exploitation du pipeline d’Arzew allait prendre le nom de SO.NA.TRA.C.H. pour SOciété NAtionale de TRAnsport et de Commercialisation des Hydrocarbures.

 

Pour juger de la masse des actes accomplis en un laps de temps aussi bref, il faut se replacer dans la situation et l’ambiance du moment. L’Algérie était un pays qui venait de renaître après 132 années de sommeil colonial, un pays qui comptait au total à peine quelques 800 cadres diplômés d’université, dont moins d’une dizaine d’ingénieurs pétroliers, un pays dont l’âge moyen de ses leaders politiques était de l’ordre de la trentaine, un pays dont l’armée constituée de moudjahidines, tout juste descendus des maquis et dotés de moyens rudimentaires, un pays en bonne partie détruit par la guerre, dont les populations rurales avaient été chassées de leurs terres et de leurs gourbis; bref un pays fier de son nouveau drapeau, mais sans infrastructures, aux moyens matériels et humains parcimonieux, les rares cadres étant cependant animés d’une foi inébranlable en l’avenir, une foi qui pouvait transporter des montagnes.

 

Il fallait avoir un sacré courage, une réelle volonté politique, une profonde confiance en soi et des convictions inébranlables pour oser remettre en question une disposition fondamentale d’un accord international, telle que celle de refuser à une entreprise pétrolière le droit de “ transporter par canalisations sa production d’hydrocarbures” comme cela avait été prévu à Evian. Il ne faut surtout pas voir une flagornerie quelconque dans ce propos, car il ne se rapporte pas à une personne déterminée; il s’agit simplement de reconnaître combien tous ceux qui ont participé de près ou de loin à cet épisode de l’Histoire contemporaine de l’Algérie, étaient sincères dans leurs accomplissements et animés d’un grand amour pour leur pays.

 

La nouvelle loi sur les hydrocarbures, adoptée au début de l’année écoulée contient des dispositions similaires à celles des accords d’Evian. Quel est ce pouvoir algérien, l’actuel ou à venir, qui aurait demain le courage de s’opposer au droit au transport de sa production de l’une de ces grandes compagnies pétrolières américaines qui viendront, nous dit-on, remplir les caisses de l’Etat et rendre l’Algérie plus compétitive au plan international ? Certains parmi ceux qui ont participé, voire présidé à la création de l’industrie pétrolière algérienne, nous disent aujourd’hui qu’il n’y a pas de tabou en économie, que la loi sur les hydrocarbures n’est pas le Coran et que l’on peut faire marche arrière si l’on se rend compte que l’on a fait fausse route. Ces gens-là sont encore sur leurs nuages des années soixante. Ils oublient que les évènements, auxquels ils ont participé à cette époque, se sont déroulés à un moment où les Tito, Nasser ou Nehru dominaient de leurs statures de géants la scène internationale, à un moment où les voix des damnés de la Terre portaient loin et faisaient trembler la planète. Pensent-ils pouvoir remettre en question un engagement que prendrait l’Algérie vis-à-vis d’Exxon Mobil par exemple, à un moment où l’OMC gouverne le monde, où le FMI gère les finances du pays, où la Banque Mondiale rédige la loi sur les hydrocarbures et où le président des Etats-Unis se sent investi d’un pouvoir divin qui l‘autorise à dire qui fait partie de l’axe du Bien et balance des bombes sur la tête de quiconque ne lui plait pas? Fadaises que tout cela !

Alors, le pétrole sous Benbella, bienfait ou malheur ?

L’épanouissement

Puis vint Boumédiène. Les accords du 29 juillet 1965 avaient permis à l’Algérie de cesser d’être un simple percepteur d’impôts, de remettre en cause le système de concessions et de se lancer dans l’aventure industrielle en prenant directement en mains, sur le terrain, les opérations d’exploration et de production. Cette dernière mesure était de loin la plus importante puisque c’est grâce à ce rôle d’opérateur que le pays finira par exercer une souveraineté totale sur les richesses de son sous sol. Les buts assignés à la Sonatrach, en tant qu’outil de l’Etat dans le domaine des hydrocarbures, au lendemain de l’entrée en vigueur des accords d‘Alger, étaient extrêmement ambitieux. Il s’agissait « d’assurer la présence effective de la Sonatrach à tous les stades de l’industrie pétrolière, de mettre en place le schéma organique de fonctionnement de la société, d’augmenter le potentiel national des réserves de pétrole et de gaz, en maintenant un rythme soutenu de travaux d’exploitation et de développement des gisements découverts, de développer les exportations de pétrole et de gaz, dans les conditions les plus favorables au pays, tout en assurant en priorité les besoins du marché intérieur ».

 

Il fallait aussi « opérer le transfert de technologie nécessaire et partant, la formation des cadres algériens, grâce à la création de sociétés mixtes contrôlées par la Sonatrach, assurer la fourniture des services demandés par l’industrie pétrolière par l’intermédiaire de ces mêmes filiales, contribuer au développement de l’économie nationale au travers des effets induits par l’activité pétrolière, développer au maximum l’industrie du gaz, qui était jusque là le parent pauvre, alors que l’Algérie est avant tout un pays gazier et au plan international, intégrer l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OPAEP), afin de faire entendre la voix de l’Algérie au travers de ces deux forums ».

 

Six mois à peine après avoir revêtu les habits d’opérateur, la Sonatrach effectuait sa première découverte. C’était le tout début de l’année 1966 quand elle obtenait, en test, un débit de 20 mètres cubes/heure de pétrole sur le premier forage d’exploration, réalisé de A à Z par des moyens humains et matériels nationaux, sur le champ de Oued Noumer dans la région de Ghardaïa.

La guerre du Moyen Orient de juin 1967 fournissait au régime du président Houari Boumédiène l’occasion de créer la première brèche dans le front des compagnies concessionnaires, en vue de la reprise en mains des réserves pétrolières. Par solidarité avec les pays arabes engagés dans le conflit, le gouvernement décidait de mettre sous contrôle de l’Etat les compagnies pétrolières américaines présentes dans le pays. La levée de la mesure, quelques mois plus tard, aboutissait à la cession par Getty Oil à la Sonatrach de 51% de ses intérêts sur le champ de Rhourde El Baguel. Le résultat financier était très modeste puisque ces intérêts ne représentaient que 5% de la production du champ, déjà faible en elle-même. Il était par contre extrêmement important au plan des relations entre pays producteurs et compagnies exploitantes. Pour la toute première fois, une compagnie pétrolière internationale cédait à une entreprise nationale, la majorité des avoirs et donc le contrôle des opérations à l’intérieur de la joint venture créée à l’occasion par les deux parties. Ce premier pas allait constituer un précédent dans les relations futures avec d’autres partenaires et sera pris comme modèle par d’autres pays pétroliers du Tiers Monde.

 

La seconde conséquence, également très importante, de la mise sous contrôle de l’Etat des sociétés américaines a été la cession par El Paso Natural Gas à la Sonatrach de petits intérêts qu’elle détenait sur le champ de Rhourde Nouss et surtout la signature d’un contrat de gaz fabuleux, par lequel cette compagnie texane s’engageait à acheter 20 milliards de mètres cubes de gaz algérien pendant 25 ans. Il s’agissait, en fait, d’une opération énorme dans laquelle se lançait la jeune entreprise nationale. Elle s’y associait avec El Paso Natural Gas, Distrigas et d’autres dans une chaîne qui devait démarrer sur le champ de Hassi R’Mel, englober un gazoduc jusqu’à Arzew, une usine de liquéfaction située dans cette même ville, se poursuivre par la création d’une flotte de méthaniers, gérée par une entreprise mixte algéro-américaine, avant d’aboutir à une usine de re gazéification au terminal de Cove Point aux Etats-Unis. La signature de ce contrat était d’autant plus importante qu’elle intervenait après une série de fins de non recevoir signifiées par d’autres clients potentiels à la Sonatrach. Ses représentants avaient fait le tour de l’Europe, de l’Italie à l’Allemagne et de l’Espagne à l’Autriche et essayé de placer des ventes de gaz, mais sans succès. La réponse était la même partout : « Le gaz que vous voulez nous vendre appartient à des compagnies françaises auxquelles nous nous adresserons, si nous décidons de nous approvisionner en gaz en provenance de votre pays ». Les responsables algériens de l’époque en avaient tiré la conclusion que derrière cette réponse se cachait en réalité une opposition formulée par les compagnies françaises concessionnaires de gisements de gaz en Algérie, voire par l’Etat français lui-même. Les Américains, de leur côté, voyaient dans cette affaire une opération commerciale juteuse, mais aussi une action politique d’envergure qui leur permettrait de prendre pied de manière sérieuse en Algérie et d’essayer, par là même, de damer le pion aux intérêts français dans la région. C’était pour eux une occasion de prendre une revanche face à la politique d’indépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis, menée jusque là par le général De Gaulle. L’Histoire étant un éternel recommencement, on assiste aujourd’hui à un scénario à peu près identique, avec cependant une différence de taille; le régime algérien actuel a complètement cédé aux demandes américaines, il a même devancé leurs désirs, en adoptant une législation inspirée et écrite par des organismes US, qui permettra, à l’avenir, aux majors américains de contrôler l’énorme majorité de la production et des réserves pétrolières et gazières de l’Algérie.

 

Une autre chaîne de livraison de gaz avait aussi été mise en place dans le courant des années 1968 et 1969. Ce sont des quantités beaucoup plus modestes (1.5 milliards de mètres cubes par an) qui devaient être livrées à Gaz de France, toujours depuis le champ de Hassi R’Mel, puis liquéfaction à Skikda et transport par méthaniers jusqu ’à Fos sur Mer.

 

Afin d’affirmer son indépendance vis-à-vis des puissances les plus influentes en Algérie, les Etats-Unis et la France, le régime de Houari Boumediene avait tissé des liens de coopération très denses avec l’Union Soviétique également. Grâce à des études entreprises par des spécialistes de l’Académie des sciences de l’URSS et à leur assistance dans les négociations de la Sonatrach avec ses partenaires, la production du pays était passée de 34 millions de tonnes par an en 1966, à plus de 50 millions en 1972 .

 

 

Afin de situer les enjeux, il faut rappeler que le prix du baril de pétrole tournait à l’époque aux alentours des 2 dollars. On était bien loin des 60 dollars le baril actuels, avec cette différence fondamentale que les recettes engrangées, soit par les ventes directes de la Sonatrach, soit par l’impôt perçu par l’Etat étaient entièrement consacrées au développement du pays. Il ne faut pas pour autant tomber dans l’angélisme et penser qu’il n’y avait pas de corruption, ni que certains barons du régime d’alors n’avaient pas essayé d’utiliser la manne pétrolière à des fins personnelles. Mais ces phénomènes étaient extrêmement limités et ne concernaient qu’une infime frange de personnes qui évoluaient dans les hautes sphères. Si l’on devait comparer la situation de l’Algérien moyen de cette époque à celle qui est la sienne aujourd’hui, on peut affirmer à coup sûr qu’il était alors beaucoup plus heureux, malgré des recettes annuelles tirées de l’exploitation des hydrocarbures 40 à 50 fois inférieures à celles d’aujourd’hui. Le citoyen disposait de revenus certes très maigres et ne possédait pas tous les biens matériels dont il pouvait rêver; il acceptait cependant sa situation, car il constatait que finalement tout le monde était logé à la même enseigne. Avec ses 60 milliards de réserves financières, l’Algérie d’aujourd’hui est un pays riche, mais les citoyens eux, sont en majorité pauvres, voire miséreux. Il y a bien sûr ceux que le pétrole a rendu très riches, non pas grâce à la sueur de leurs fronts, mais de par la « dîme » qu’ils touchent sur les transactions pétrolières, qu’il s’agisse de ventes de pétrole et de gaz ou d’attributions de marchés en tous genres. Ce n’est pas pour rien que Transparency International a classé, en 2005, l’Algérie en 97ème position pour ce qui est de la corruption, avec un taux de confiance de2,8 sur 10.

 

L’industrie pétrolière mondiale avait enregistré en 1914, un phénomène qui était considéré depuis comme une rareté. Mr. Calouste Gulbenkian, un Arménien originaire d’Anatolie, avait su user de son entregent pour obtenir 5% de participations dans toutes les opérations des compagnies pétrolières anglo-saxonnes en Irak, ce qui lui avait valu le surnom de Mister 5% qu’il a gardé jusqu’à sa mort en 1955. Monsieur Gulbenkian a légué sa fortune à des œuvres caritatives arméniennes qu’il a lui-même créées et à des musées. Ce n’est certainement pas le cas des nombreux Gulbenkian algériens qui ont réussi à s’introduire comme des maillons dans la longue chaîne des opérations pétrolières, en usant des portions de pouvoir qu’ils se sont mutuellement attribuées, en vue du partage du grand gâteau.

 

Arriva le moment où il fallait renégocier l’accord d’Alger. Les négociations commencèrent en novembre 1969, dans l’espoir qu’elles aboutiraient à la date anniversaire de juillet 1970. Abdelaziz Bouteflika, ministre des affaires étrangères effectua de très nombreux va et vient entre Alger et Paris pour y rencontrer son homologue, le ministre français de l’industrie Xavier Ortoli, en charge du dossier. Une année après, aucune avancée n’ayant été constatée, le président Boumediene décida finalement, en novembre 1970 de mettre fin à la tentative de règlement par voie diplomatique, dessaisit le ministère des affaires étrangères du dossier et donna pour instructions au secteur de l’énergie de se préparer à prendre en mains l’exploitation pétrolière du pays. La grande décision tomba, le 24 février 1971, lors d’un discours mémorable prononcé devant les cadres de l’UGTA. Après avoir dressé un constat d’échec des discussions algéro-françaises menées jusque là, il annonçait :

 

« … Je proclame officiellement, au nom du Conseil de la révolution et du gouvernement, que les décisions suivantes sont applicables à compter de ce jour :

1/ - la participation algérienne dans toutes les sociétés pétrolières françaises est portée à 51 pour cent, de façon à en assurer le contrôle effectif;

2/ - la nationalisation des gisements de gaz naturel;

3/ - la nationalisation du transport terrestre, c’est à dire de l’ensemble des canalisations se trouvant sur le territoire national ».

Le 12 avril suivant, il prenait, encore une fois de manière unilatérale, une autre décision hautement importante, à savoir que les opérations sur tout champ de pétrole ou de gaz ne seraient dorénavant menées que par l’entreprise nationale Sonatrach.

 

Il serait trop long et trop fastidieux de détailler ici toute la cascade d’évènements qui allaient suivre ces décisions, notons-en simplement les résultats. A partir de ce moment, l’Algérie contrôlait, au travers de sa compagnie pétrolière nationale, 4 milliards de tonnes de réserves pétrolières sur un total estimé de 5, des réserves de gaz de 4000 milliards de mètres cubes, toutes les réserves de condensat, estimées à l’époque à 600 millions de tonnes et un réseau de 8 gazoducs et oléoducs d’une longueur totale de 3500 kilomètres. La part de la Sonatrach, qui avait été jusque là de 30 pour cent de la production, passait à 77 pour cent.

 

Il faut noter également que les décisions du 12 avril avaient mis les cadres algériens devant leurs responsabilités. De quelques centaines, sans expérience pratique réelle qu’ils étaient à l’époque, ce sont des milliers qui sont arrivées au commandes durant les 35 années écoulées, dont les talents et capacités sont aujourd’hui appréciés et recherchés par les plus grandes compagnies pétrolières au monde. C’est grâce à ces décisions courageuses, prises dans des conditions extrêmement difficiles, que se sont forgées une tradition et une âme de pétroliers parmi les ingénieurs et techniciens algériens, qui permettent aujourd’hui aux responsables du secteur de l’énergie de se flatter de la présence de la Sonatrach sur des opérations aussi diverses et des terrains aussi éloignés que le Pérou, la Corée du Sud ou la Libye.

 

Rien de tout cela ne serait arrivé si l’Algérie avait gardé en place le système de concessions, c’est à dire celui-là même qui est redevenu aujourd’hui la règle depuis l’adoption de la loi sur les hydrocarbures en 2005. Grandeur et décadence !

 

Il faudrait enfin consigner ces deux commentaires flatteurs du journal Le Monde. Dans le premier, paru dans un numéro du mois de mars 1971, il y était dit : « L’Algérie est devenue le porte-drapeau des pays pétroliers désireux de s’émanciper de la tutelle des sociétés. Partie dernière dans la course à la récupération des richesses, elle est en passe d’arriver première ».

Le 2 juillet de la même année, après avoir analysé les accords du 29 juillet 1965, qu’il considérait comme novateurs et extrêmement importants, le quotidien français écrivait: « Tout autre pays que l’Algérie se serait satisfait pour longtemps de ce régime novateur, demeuré encore aujourd’hui à l’état de prototype. L’équipe du colonel Boumediene n’en a pas jugé ainsi. L’impatience d’acquérir l’indépendance économique, la hâte d’arracher aux compagnies françaises des moyens supplémentaires pour financer un plan industriel méritoire, ont amené les Algériens à chercher à abattre ce qu’ils considéraient comme le paravent du colonialisme ».

 

Dans le secteur pétrolier, ce plan allait englober dans les années qui suivirent, la création des deux énormes pôles industriels à Arzew et Skikda, deux centres de développement de la pétrochimie à Chlef et Sétif, un boum dans l’exploitation des ressources gazières de Hassi R’Mel et leur transport par le premier gazoduc sous marin jamais posé en Méditerranée jusqu’en Italie ainsi qu’un énorme développement du champ de Hassi Messaoud. La ville qui y était prévue devait être le Houston de l’Algérie. Il n’en fut rien et le projet capota, alors même que toutes les études pour sa réalisation n’attendaient que le feu vert des différentes autorités. La raison ? Le commandant, porte parole de la 4ème région militaire sur ce dossier, avait exigé d’inclure une prison dans le plan d’aménagement de la ville qui devait voir le jour, ce qui avait été jugé inacceptable par les autres partenaires au projet.

 

Depuis la mort de Houari Boumediene en décembre 1978, énormément de personnes se sont prononcées sur sa gestion du pays. Des controverses en tous genres sont nées à propos, par exemple, de son traitement du secteur de l’agriculture ou de l’absence de libertés individuelles sous son “ règne” , pour ne citer que ces deux domaines. Cependant très peu de critiques ont été entendues quant à son action dans le secteur des hydrocarbures, ce qui en soi-même constitue une réponse à la question lancinante posée au début de ce papier. Houari Boumediene a-t-il utilisé le pétrole au profit du peuple ou comme instrument de son pouvoir ? Le fait que l’Algérie ait été prise par la suite comme modèle par des régimes aussi différents que celui de l’Arabie Saoudite, ou ceux de tous les autres pays arabes du Golfe qui ont fait appel à son assistance technique ou encore par l’Irak, l’Iran et la Libye, nous fait dire que, durant ces années-là, le pétrole a été une “ ni’âma” pour le pays.

Le début de la descente aux enfers

 

Avec l’arrivée de Chadli Bendjedid au pouvoir en 1979, ce sont les règlements de comptes qui ont pendant quelques années fait office de politique de gestion des affaires de l’Etat. Ces règlements de comptes ont démarré d’abord au plus haut niveau de la sphère du pouvoir, puisque Chadli n’a eu de cesse que de harceler et de liquider tous ses anciens compagnons du Conseil de la révolution. Pourquoi une telle attitude ? Est-ce par esprit de revanche de sa part, lui qui avait été marginalisé à l’époque de Boumediene ? Est-ce parce qu’il craignait que ces mêmes compagnons ne se liguent contre lui et ne s’en débarrassent à la première occasion ? Quelque soit la raison, le résultat en fut que toute l’équipe précédente avait été chassée du pouvoir, voire menacée de poursuites judiciaires pour malversations. C’est l’époque où a été créée la cour des comptes, qui a tournée à plein régime et actionné des instructions contre tous les barons de l’ancien régime.

 

Cet esprit de règlements de comptes n’avait pas tardé à faire tâche d’huile et à se propager à toutes les structures de l’Etat. On avait l’impression que les nouveaux ministres avaient été retenus sur la base d’un critère fondamental, celui précisément d’avoir été marginalisés durant la période Boumediene. Ils étaient en majorité animés de rancœurs qu’ils ont extériorisées une fois arrivés au pouvoir. Ce fut, entre autres, le cas du nouveau ministre de l’énergie qui avait occupé, quelques années auparavant, le poste de directeur de l’énergie et des carburants, dont il avait été chassé par le ministre de l’époque.

 

On a alors assisté, à compter de 1979, à une chasse aux sorcières menée contre tous les cadres du secteur de l’énergie, dont ceux de la Sonatrach tout particulièrement. Le président directeur général, tous les vice présidents, tous les directeurs centraux et nombre de directeurs opérationnels furent tour à tour dégommés sans ménagement. Le harcèlement ne s’est pas limité au limogeage de la personne. Certains ont eu leurs salaires coupés, d’autres ont été mis d’office à la retraite, des fois sans même que la pension correspondante ne leur soit attribuée. La persécution s’est étendue, bien des fois, jusqu’à la vie privée des individus.

 

Une telle attitude vindicative eut des répercussions profondes sur le fonctionnement des hydrocarbures. Toute l’expérience accumulée pendant une quinzaine d’années par des dizaines d’ingénieurs, de financiers, de juristes et autres cadres supérieurs était brocardée, perdue définitivement, les intéressés ayant été vidés de leurs postes comme des malpropres, sans qu’il n’y ait eu passations de pouvoirs, encore moins transmissions de connaissances et d’expérience. Qui plus est, les nouveaux responsables désignés avaient souvent été choisis à l’extérieur, ou très bas dans l’échelle hiérarchique des structures dont ils prenaient la charge. On avait connu par le passé des limogeages quand un ministre, par exemple, était remplacé par un autre; jamais par contre, jusqu’à cette date, on n’avait connu le phénomène au niveau technico-économique. Le plus étonnant dans l’affaire est que ces bouleversements n’étaient pas dus à l’instauration d’une nouvelle politique économique; il n’était pas question de remplacer - tout au moins pas à cette date - une option socialisante par une autre plus libérale, non, il s’agissait simplement d’assouvir la vengeance d’une personne contre une autre; cela s’était répercuté sur tout un secteur économique hautement stratégique et avait touché des gens qui n’avaient rien à voir avec les querelles d’antan.

 

La chasse aux sorcières menée à l’intérieur du secteur pétrolier a été une sorte de galop d’essai pour une action plus grande et plus officielle de domestication des cadres au sein de l’appareil économique, mais aussi dans les rouages de l’Etat, intervenue quelques temps après. On se souvient de la mise en application de cette disposition si controversée, selon laquelle on ne pouvait occuper un poste de responsabilité que si l’on était membre du FLN, parti unique et dont le résultat funeste a été que l’on a chassé énormément de compétences de leurs fonctions, mais très souvent du pays lui même.

 

Le second “ coup d’éclat” qu’avait connu le secteur des hydrocarbures durant la période 1979/1981, qui avait causé des dégâts encore beaucoup plus importants à l’économie, a été la liquidation des fabuleux contrats de vente de gaz passés par la Sonatrach avec des clients américains, dont celui avec El Paso Natural Gas. Dans cette affaire aussi, ce sont de vils sentiments de vengeance qui avait prévalu sur l’intérêt national, bien que les arguments officiellement invoqués étaient que les prédécesseurs avaient bradé le gaz et qu’il fallait, par ailleurs, garder des réserves pour les générations futures. De nouvelles négociations de prix furent engagées avec les dirigeants d’El Paso Natural Gas. Le nouveau prix exigé par les Algériens était environ trois fois supérieur à celui agréé auparavant et environ le double du prix généralement admis sur le marché d’alors. Le marché mondial du gaz en était à ses premiers balbutiements et il n’existait pas encore de prix de référence par zone géographique; il y avait néanmoins une logique marchande qui ne fut pas respectée.

 

Les exigences algériennes démesurées en matière de prix, auxquelles étaient venues s’ajouter des remarques pernicieuses quant au rôle de l’Algérie dans le dénouement de l’affaire des otages de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, allaient au final causer la rupture définitive de tous les contrats avec les acheteurs américains. Ce sont des livraisons de 45 milliards de mètres cubes de gaz par an, pendant au moins 25 ans qui avaient ainsi disparus du tableau de vente de la Sonatrach, sur ordre du président Reagan en personne, semble-t-il. Evidemment derrière, Mexicains, Canadiens et Vénézuéliens étaient heureux de combler le vide laissé par les Algériens.

 

La présidence de Chadli Bendjedid avait été également marquée par le scandale dit des 28 milliards de dollars, révélé par le premier ministre Abdelhamid Brahimi. Ce scandale ne représentait que le début de l’ère des détournements de fonds à grande échelle dans laquelle s’engageait l’Algérie et celui de l’enrichissement illicite des puissants du régime, qui usant et abusant de leur pouvoir allaient entamer la mise en coupe réglée de l’économie nationale, avec une concentration particulière sur la rente pétrolière. L’exemple le plus frappant, rapportés d’ailleurs par tous les journaux de l’époque, est celui de cet homme d’affaires libyen, un certain Omar qui, associé à un premier ministre italien et à de hautes personnalités algériennes, s’étaient constitué des fortunes à l’occasion de la signature de contrats de vente de gaz à l’Italie, via le gazoduc sous marin.

A partir du moment où les ressources pétrolières et gazières étaient devenues l’objet de convoitises de ce que l’on appellera plus tard la mafia politico-financière, le fossé entre les puissants et les faibles, les riches et les pauvres, les gouvernants et les gouvernés allait commencer à se creuser. Ce phénomène a participé, comme on le sait, à l’éclosion de la révolte de la rue en 1988 et à l’avènement d’une autre forme de rejet du système, celle de la puissante affirmation du FIS sur la scène politique durant la période 1989/1991. Les conséquences autrement plus graves de cet état de fait sont connues de tous, l’Algérie n’étant pas encore à ce jour, totalement sortie de la spirale de violence dans laquelle elle s’est engouffrée au lendemain de l’interruption, par l’armée, du processus électoral en cours, en janvier 1992.

 

La seule lueur d’espoir entrevue à l’époque a été la proposition du gouvernement de Mouloud Hamrouche d’apporter un peu plus de transparence dans les comptes de l’entreprise Sonatrach. Il était prévu que ces comptes feraient l’objet d’un audit annuel par un cabinet spécialisé de renommée internationale. Toutes les compagnies pétrolières de renom, les américaines en particulier procèdent à des audits similaires de manière à éviter les dérives, comme celle mise à jour récemment à l’intérieur du groupe Enron. L’idée n’avait pas emballée la classe politique; d’ailleurs de tous temps, les hauts dignitaires du régime algérien ont préféré l’opacité à la lumière, afin de mettre à l’abri des regards indiscrets leurs agissements pas toujours très orthodoxes. L’initiative est tombée à l’eau avec le départ de Mouloud Hamrouche et son équipe. Quant aux gouvernements qui lui ont succédé, ils n’ont plus manifesté aucune velléité pour une disposition similaire. Dommage.

 

Revenons maintenant à notre question de départ : le pétrole a-t-il été une “ ni’âma ” ou une “ niqma” sous Chadli Bendjedid ? Il est fort probable que si la rente pétrolière n’avait pas existé, les convoitises de certains n’auraient pas été attisées, au point qu’obnubilés par la satisfaction de leurs seuls intérêts matériels personnels et de leurs ambitions de pouvoir, ils aient été aveugles devant la grande détérioration de la situation politique, économique et sociale du pays. Hélas l’Algérie n’en était encore qu’au début de la descente aux enfers.

Au royaume des copains et des coquins

 

Entre le départ de Chadli et l’arrivée de Bouteflika, les priorités étaient ailleurs. La lutte contre le terrorisme, les massacres et les attentats, avaient permis de détourner les regards vers d’autres sujets autrement plus vitaux pour le citoyen. Il était beaucoup plus important pour tout un chacun de préserver sa vie et celle de sa famille et d’assurer le pain quotidien de ses enfants, plutôt que de penser à ce qui se passait derrière la vitrine, dans le secteur des hydrocarbures. Pendant ce temps, les profiteurs de guerre, eux, ne dormaient pas. La gangrène des pots-de-vin et de la corruption avait commencé à s’étendre jusqu’à atteindre les proportions qui sont aujourd’hui de notoriété publique. On se souvient du scandale du fer à béton irradié lors de la catastrophe de Tchernobyl, mis sur le marché, ou des cargaisons de sucre commandées, payées, mais jamais livrées, pour ne citer que ces deux exemples plus appréhensifs pour l’Algérien moyen. Le secteur pétrolier est lui beaucoup plus opaque et les intérêts immenses : ils se chiffrent en milliards de dollars. Pour situer les idées, citons quelques chiffres. Durant la décennie 90, les recettes tirées par l’Etat de l’exploitation du pétrole et du gaz se sont élevées bon an mal an à une quinzaine de milliards de dollars, auxquels il faut rajouter une somme au moins équivalente pour ce qui est des bénéfices réalisés par les compagnies pétrolières; c’était donc une manne d’une trentaine de milliards de dollars qui faisait l’objet de convoitises. Il n’y a bien sur pas de corrompus sans corrupteurs. Les compagnies pétrolières sont disposées à octroyer des largesses à quiconque leur garantira leur part du pactole; plus cette personne est puissante, mieux c’est. Aux Etats-Unis, jusqu’à une date récente, la pratique de verser des commissions à des dignitaires étrangers était normalement admise à défaut d’être officiellement permise. Une loi très hypocrite l’interdisant, sauf cas particuliers, a été passée, il n’y a pas très longtemps. On peut donc imaginer que le secteur pétrolier algérien, comme celui de nombreux autres pays d’ailleurs, a été et continue d’être le royaume des copains et des coquins. Prenez le chiffre de 30 milliards de dollars, cité plus haut et multipliez le par un pourcentage quelconque, aussi minime soit-il et vous aboutirez à un montant qui donne le tournis.

L’Algérie a-t-elle atteint le fond ?

 

A l’avènement de Abdelaziz Bouteflika, on avait pensé, compte tenu de ses premières déclarations publiques, que les choses allaient changer, sur ce point tout au moins. Ce ne fut, hélas, pas le cas puisque ce n’est qu’aujourd’hui, en 2006, que l’Algérie s’est dotée d’une loi anti corruption, encore qu’elle soit très boiteuse. Pour ce qui est du pétrole et du gaz, il est fort à craindre que les choses risquent même d’empirer avec la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui va ouvrir totalement le secteur aux entreprises étrangères. On peut imaginer que les nouveaux arrivants vont se battre au couteau pour arracher telle ou telle part de marché qui devait aller à la Sonatrach ou qui lui appartient déjà. Se battre au couteau signifie aussi acheter des soutiens en usant de tous les moyens, dont le levier de la corruption n’est pas le moindre. Il n’y a d’ailleurs pas que les nouveaux arrivants qui useront de tels procédés, les sociétés déjà présentes ne seront certainement pas en reste.

 

Parlons maintenant de cette loi qui ramène l’Algérie d’aujourd’hui au point où elle se trouvait en 1962. J’ai eu personnellement l’occasion de la dénoncer à maintes reprises. Je voudrais juste rappeler encore une fois qu’aucun pays pétrolier, membre de l’OPEP ou pas, n’a osé, à ce jour, renoncer à sa souveraineté sur ses propres richesses pétrolières et les livrer aussi facilement aux intérêts étrangers. Ni les Saoudiens, que l’on avait pris l’habitude, en Algérie, d’accuser de servilité vis-à-vis des Américains, ni le colonel Kadhafi que l’on a si souvent brocardé et accusé de nuire aux intérêts pétroliers des autres de par sa stratégie déroutante, ni les Mexicains, frontaliers du géant américain et de ce fait particulièrement sensibles aux pressions du voisin du nord, aucun de ces trois pays, cités à titre d’exemple simplement n’a osé franchir aussi allègrement le pas franchi par les Algériens.

 

Examinons maintenant quelques évènements qui se sont déroulés sur la scène pétrolière mondiale depuis l’introduction de cette loi.

 

Au début de l’année 2005, l’Etat russe avait repris le contrôle de la compagnie Youkos, propriété du milliardaire emprisonné Khodorovsky. Dans la foulée et afin de se prémunir de toute surprise en provenance de l’étranger, le président Poutine avait fait adopter par la Douma une nouvelle législation qui interdisait dorénavant toute participation majoritaire étrangère dans toute entreprise russe du domaine de l’énergie.

 

Au mois de mars de la même année, la compagnie chinoise CNOOC faisait une offre de rachat de 18,5 milliards de dollars, de la compagnie UNOCAL (Union Oil of California), dépassant de loin la proposition de 16,5 milliards de dollars de Texaco - Chevron. Une hystérie politique saisissait alors le Congrès et la Maison Blanche, tandis que la panique s’emparait du gendarme de la bourse américaine, la SEC (Security Exchange Commission). La CNOOC est certes contrôlée à 70% par l’Etat chinois, mais les 30% restants sont détenus par des capitaux privés dont les actions sont en vente libre à Hong Kong et New York. Mais qu’à cela ne tienne, la Chambre des représentants a quand même adopté, le 30 juin, une résolution selon laquelle l’OPA chinoise représentait un danger pour la sécurité nationale et a demandé à l’administration Bush de bloquer la cession vers laquelle on se dirigeait. Le Congrès a alors rajouté en catastrophe une disposition à la loi sur l’énergie, instaurant un moratoire de 4 mois supplémentaires pour étudier la politique énergétique de la Chine, ce qui a permis de bloquer temporairement l’offre d’achat de la CNOOC. La saga n’a pris fin qu’en août quand l’offre de Texaco - Chevron a finalement été retenue, bien qu’elle n’était que de 17,6 milliards de dollars, c’est à dire encore inférieure de près d’un milliard à celle de la CNOOC. Face à cette levée de boucliers, cette dernière a préféré renoncer à cet achat.

 

Ceci se passait donc en 2005, aux USA pays de l’ultra libéralisme, sous la présidence de George W. Bush, celui-là même qui, nous a-t-on dit, a imposé à l’Algérie la loi sur les hydrocarbures, faute de quoi il lui aurait fait subir le sort de l’Irak. Question 1 : le patriotisme économique n’est-il de mise que quand il concerne les intérêts stratégiques américains ? Question 2 : l’Algérie, n’a-t-elle réellement aucun moyen de s’opposer à ce genre d’injonction ? Et pourtant d’autres pays, ne disposant de guère plus de moyens qu’elle, osent défier les Etats-Unis dans ce même domaine des hydrocarbures.

 

L’exemple le plus frappant est celui du président vénézuélien Hugo Chavez qui, après avoir remis en cause la législation plus libérale qui existait dans son pays, est allé jusqu’à menacer, en août 2005, d’interrompre les livraisons de pétrole brut à destination des USA. Peu de temps auparavant, son administration avait sommé trois multinationales pétrolières de régulariser les fraudes fiscales de plusieurs centaines de millions de dollars auxquelles elles s’étaient livrées.

L’autre exemple plus récent, puisqu’il ne date que de janvier de cette année, est celui du président bolivien nouvellement élu, Evo Moralès, qui a engagé un autre bras de fer avec les multinationales. La nouvelle loi bolivienne sur les hydrocarbures est à l’exact opposé de l’alg

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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 19:15
L'éloge DE LA MEDIOCRITE
Par
Maha


L’enseignement dans le système tunisien a une mission plus que capitale, il  doit préparer la population à la dictature. Une école qui forme de bons citoyens est un obstacle à la dictature. En fait, il reste des écoles privées destinées aux élites dirigeantes, aux futurs technocrates dictateurs qui recevront la Tunisie par héritage, mais l’école populaire doit seulement  préparer les futurs esclaves à leur sort.

Cette école populaire est vidée de toute sève, elle est  un simple parking pour conditionner, mater et surveiller  les masses. Absence de maîtrise de la langue,  on ne discute pas de philosophie ou de droit avec des borborygmes et des onomatopées, ou en pratiquant l’écriture phonétique.

L’Histoire du pays  déstructurée: il faut faire disparaître la ligne chronologique de l’Histoire propre aux tunisiens qui porte en elle  leurs propres vérités  contraires  à tous les discours du régime. L’individu ne doit pas se situer dans le temps de manière à lui éviter de pouvoir se projeter dans le futur , c’est aussi simple que cela , le tunisien est la créature  du putsch du 7 novembre et ben Ali est le combattant suprême , le guide et le père du peuple.

Tant dans 1984 d’Orwell, que dans le meilleurs des mondes de Huxley, l’histoire n’existe plus: on ne vit que dans l’éternel présent, ce présent des tunisiens codifié et tracé par un pouvoir absolu et sans aucune limite  dans le crime et la forfaiture.

L’information philosophique, sociale, culturelle,  politique et économique, quand elle existe doit être purement orientée d’une façon policière,  on sombre dans le manichéisme. Il y a le Bien et le Mal: ce dernier est personnalisé par la démocratie  Et bien sûr, on ne discute pas avec un démocrate!c’est le mal absolu

Il faut éviter tout enseignement de la logique, qui permet d’élaborer un raisonnement critique. La mémoire est privilégiée par la menace et le chantage, la terreur et le clientélisme.

 L’école de la réussite d’après  les stratèges policiers de la dictature de ben Ali, doit permettre à tous d’obtenir un diplôme. L’école n’opère donc plus une sélection des meilleurs éléments en fonction de leur intelligence, de leurs compétences et de leurs efforts. La sélection s’opérera donc sur la base d’autres critères, le népotisme, l’origine sociale ou la servilité au système.

Il faut former des avachis , des légumes , des moutons , des tunes digestifs ; l’initiative , la créativité , la curiosité , la recherche  l’effort , la méthode  et la discipline  pour le respect et l’application des théories universalistes et humaniste  sont à proscrire

 

Le système d'éducation postcolonial, de la responsabilité de la seule dictature,  encourage la paresse et la facilité, méprise l'existence d'aptitudes supérieures, néglige la poursuite de l'excellence et, par conséquent, décapite les forces vives de la société tunisienne.

les gouvernements imposés des deux dictatures ont toujours  fait le choix de privilégier les moins aptes à se hisser au sommet des différentes disciplines universitaires , c’est la logique  du pouvoir et du parti unique   de contrôler la société  tunisienne par ses éléments les plus soumis et les plus faibles , et pour ce faire  ils ont  favorisé l'émergence d'une véritable dictature des importuns ,  Celle-ci commence à peser lourd, surtout au moment où l'on s'apprête à se donner , grâce à la résistance de l’opposition des forces démocratiques ,  un pays qui pourra normalement fonctionner dans le concert des nations libres et civilisées. Comment pouvons-nous en effet espérer nous imposer au niveau de ces  nations si nous n'alimentons pas nos meilleurs éléments,  Bâtir un pays, ça commence d'abord et avant tout par établir un bon système d'éducation.

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