Terrorisme, intégrisme, totalitarisme...
par Anny Paule
Le président Bush, à partir des événements du 11 septembre 2001, a déclaré la guerre au « terrorisme »… « guerre du Bien
contre le Mal, guerre au nom de la Démocratie »… si l’on prend à la lettre son discours !
Ainsi, nous avons assisté à la mise en scène d’Oussama Ben Laden, déclaré ennemi public numéro 1, et consécutivement, à la guerre punitive en Afghanistan, puis à celle contre l’Irak, hélas loin
d’être terminée. Nous avons également assisté à un soutien inconditionnel à Israël dans ses attaques répétées contre la Palestine et le Liban, en même temps que des menaces récurrentes vis-à-vis
de l’Iran et de ses droits (ou plutôt, non droits) à disposer de « l’arme atomique ».
Ces événements extrêmement graves ont été très largement médiatisés et il ne s’est pas passé un instant sans que la « Vérité », à laquelle nous sommes sommés de
croire, ne nous ait été assénée. Cette « Vérité » est très simple, très manichéiste : il y aurait d’un côté les « Bons »,
défenseurs de la « Démocratie », (Américains, Israéliens, Européens, entre autres), et de l’autre, les « Méchants », les Afghans,
les Irakiens, (ou plutôt, certains Irakiens), les Palestiniens du Hamas, les Libanais du Hezbollah, les Iraniens, ou encore, les Farcs de Colombie…
Tous ceux-là, selon la version officielle à laquelle nous devrions adhérer, si nous suivions bien le discours dominant, savamment distillé sur toutes les ondes, et dans certaines presses
quotidiennes, incarneraient le « Mal » absolu, le « totalitarisme », le « terrorisme »,
l’« intégrisme »...
Ce sont ces appellations, ces désignations qui nous questionnent :
« Totalitarisme », selon le dictionnaire Robert, signifie « système politique des régimes totalitaires », c’est-à-dire,
« des régimes à parti unique, n’admettant aucune opposition organisée, dans lequel le pouvoir politique dirige souverainement et même tend à confisquer la totalité des
activités de la société qu’il domine ».
« Terrorisme » (voir annexes ci-dessous), selon la même source, renvoie, pour son origine, à la « Terreur » des années
1793-94, en France, c’est-à-dire, non seulement à une « peur collective qu’on fait régner dans une population, un groupe pour briser sa résistance », mais aussi
« au régime, au procédé politique fondé sur cette peur, sur l’emploi de mesures d’exception et de la violence ». Le « terrorisme »
se définit alors comme « l’emploi systématique de mesures d’exception, de la violence pour atteindre un but politique (prise, conservation, exercice du pouvoir…) et
spécialement, l’ensemble des actes de violence (attentats individuels ou collectifs, destructions) qu’une organisation politique exécute pour impressionner la population et créer un climat
d’insécurité ».
Quant à l’« intégrisme », le même dictionnaire Robert le comprend comme une « doctrine qui tend à maintenir la totalité d’un système,
et plus spécialement, d’une religion, et qui refuse toute évolution ».
Ces trois définitions présentent le mérite de redonner du sens aux événements cités, surtout si l’on précise, en parallèle, ce qu’est la « Démocratie »
(voir annexes ci-dessous) : c’est une « Doctrine politique d’après laquelle la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens ; organisation politique
(souvent la République) dans laquelle les citoyens exercent cette souveraineté. (…) Un État démocratique est un État pourvu d’institutions démocratiques, et le suffrage universel est la
démocratie elle-même. » (Dictionnaire Robert).
Si nous confrontons ces éléments sémantiques à la situation nationale et internationale qu’il nous est donné de vivre, si nous nous replaçons, plus particulièrement dans le contexte du
Moyen-Orient, de l’Irak, d’Israël, de la Palestine et du Liban, de l’Iran, nous sommes en droit de nous interroger sur l’exercice de la Démocratie, et sur l’existence du Terrorisme, de
l’Intégrisme, du Totalitarisme, (tels qu’ils sont désignés), et sur leurs lieux et places :
Que l’Irak de Saddam Hussein ait été un État totalitaire, nous en conviendrons… Mais il existe théoriquement un principe des « États à disposer d’eux-mêmes », et
un principe de « non ingérence ».
Si le Peuple irakien de Saddam Hussein en avait appelé à l’aide internationale pour se défaire de son tyran, alors il aurait peut-être été légitime de lui venir en aide pour le conduire vers un
régime démocratique appelé de ses vœux. Or, il n’en est rien… et la guerre menée par Bush et ses acolytes, sous prétexte de restaurer la Démocratie en Irak, et de détruire des armes des
destruction massive (armes jamais trouvées), a déjà fait plusieurs centaines de milliers de morts dans la population civile, soit énormément plus que ceux de Saddam Hussein, considérés comme des
« crimes contre l’humanité », et qui, selon l’instigateur, avaient en partie motivé la dite guerre !
Quant à la question Israëlo-Libano-Palestinienne, elle reste d’autant plus complexe que les Peuples Libanais et Palestiniens avaient démocratiquement élu leurs représentants… Il n’est donc pas
possible, en fonction des définitions énoncées plus haut, de les qualifier ni de « totalitaires », ni de « terroristes », ni
d’« intégristes ».
Que les questions religieuses opposent les populations des trois pays, c’est sûr, que des questions territoriales soient génératrices du conflit, c’est certain… Mais la question qui n’a jamais
été tranchée est celle des territoires : Qui possédait quoi, à l’origine ? Qui au terme de combats meurtriers, a dépossédé l’autre, les autres ? Qui use sans cesse de la force
pour imposer sa loi ? Qui refuse de reconnaître les gouvernements démocratiquement élus ? Qui interdit aux autres le droit d’exister et de vivre en toute liberté ? Qui conteste la
possession de certaines armes, dites « interdites » et utilise de son côté un armement des plus sophistiqués et des plus diaboliques ? Qui massacre
gratuitement et en toute impunité des femmes, des enfants, des vieillards ? Qui, en un mot, a entamé une forme nouvelle de génocide ? Et au nom de quoi ? De quelle
légitimité ?
La dernière guerre mondiale avait atteint un des plus hauts degrés de la barbarie totalitaire avec un génocide sans précédent vis-à-vis des ressortissants juifs. La communauté internationale
avait cru se dédouaner de ce crime inqualifiable en installant les rescapés et ceux des juifs qui le souhaitaient sur le territoire d’Israël. Le bon sens et la sagesse auraient voulu, que fort
des leçons du passé, ce nouveau territoire ait été exemplaire, ait été le havre de la paix enfin reconquise. Cela a existé… pas très longtemps ! Il est des haines ancestrales que nul n’avait
voulu prévoir ! Il est, dans les hommes quels qu’ils soient, des instincts de domination, de volonté de pouvoir qui avaient été sous estimés… Nous avons vécu cette histoire récente et nous
avons pu prendre la mesure de ces instincts belliqueux…
Dès lors, il serait bon de recentrer les débats et de considérer que la vision simpliste et purement manichéenne de la réalité qu’on tient à nous imposer est une vision quelque peu erronée. Dans
ces combats, il n’y a pas des « Bons » et des « Mauvais », il y a des prédateurs, qui se donnent tous les droits (cela relève du
totalitarisme), qui refusent aux autres celui de vivre leur propre religion (cela s’apparente à de l’intégrisme), et qui usent de la violence pour atteindre leur but (cela ressemble à du
terrorisme)… et il y a ceux qui cherchent des moyens de résister, ceux qu’on maintient dans la misère et auxquels on interdit la possession de certaines armes, (armes possédées par leurs
adversaires), et ce sont ceux-là qu’on désigne comme responsables de tous les maux et auxquels on applique les trois qualificatifs sus nommés.
Ce qui est extrêmement grave, dans cette affaire, c’est que la totalité de la communauté internationale ne soit pas capable, ou n’ait pas la sagesse de calmer les élans destructeurs de la
super-puissance américaine, de son féal israélien et de quelques alliés européens… Actuellement, et à cause de ces conflits, nous encourons, tous, les pires des dangers… mais, de cela, on ne nous
parle surtout pas… on se contente d’avoir désigné des coupables et de les avoir présentés comme tels en les taxant de « terroristes »,
« totalitaires », « intégristes »… Peut-être serait-il bon de retourner la proposition, et de s’interroger sur la
légitimité de ces conflits… sur leur cause réelle, et sur ceux qui en portent la responsabilité. Peut-être, alors, découvrirait-on où se situent réellement le terrorisme, l’intégrisme et le
totalitarisme.
La réflexion amorcée sur le « Bushisme » et sa politique guerrière, nous pourrions la transposer sur les questions latino-américaines, sur ceux qui sont
présentés comme les « bons » et ceux qu’on désigne comme les « méchants », sur les commentaires relatifs aux gouvernants de
certains pays : il suffit de comparer le « traitement médiatique » appliqué au président Chavez et au président Uribé pour mesurer l’impartialité de
l’information qui nous est distribuée sur ces pays. Uribé y est toujours considéré comme plus légitime que Chavez, souvent taxé de totalitaire… sur quels critères objectifs ? La question des
FARC, quant à elle, est plus délicate à appréhender, leur résistance guerrière reste excessivement violente, peut s’apparenter à du terrorisme, mais le régime colombien, de son côté, est-il un
véritable régime démocratique ?
Nous pourrions également mettre en parallèle notre analyse des trois concepts de « Terrorisme », « Intégrisme » et
« totalitarisme » avec les discours et les « actes » auxquels nous assistons, dans notre propre pays, depuis plusieurs
mois :
Stigmatisation de tout ce qui n’est pas conforme à la pensée dominante (autrement dit au « Bien » nommé comme tel par notre actuel président).
Négation de la demande populaire, mais cadeaux à ceux qui écrasent le peuple travailleur et font que cette demande n’est autre qu’une exigence légitime.
Lois iniques sur l’immigration, sur la sécurité, sur la solidarité, sur la disparition programmée des services publics.
Retour en force de la « croyance » religieuse (symbolisée par le passage au Vatican de Nicolas Sarkozy) et mise à mal du principe de laïcité pourtant indissociable
des principes fondateurs de notre République.
Refus de donner la parole au peuple sur un traité qui engage notre avenir commun (refus d’autant plus cynique que notre président reconnaissait lui-même, le 14 novembre dernier, à Bruxelles
que : « Des référendums sur le nouveau traité européen seraient dangereux et perdants en France, en Angleterre et dans d’autres pays. Il y a un gouffre entre les
peuples et leurs gouvernements »).
Mise en scène permanente de la personne du président et confiscation de la réflexion politique au profit d’effets d’annonces (annonces souvent contredites ou contradictoires).
Soutien inconditionnel à Bush et à sa mégalomanie.
Utilisation de la peur sans que ce qui pourrait la fonder obéisse à des raisons objectives …
La liste serait longue des éléments à charge qui nous conduisent à nous interroger sur les dérives de notre Démocratie et sur les nouvelles formes de terrorisme, d’intégrisme et de totalitarisme
en train de s’installer de façon insidieuse.
Reconnaître qu’il existe « un gouffre entre les peuples et leurs gouvernements » suffit à éclairer la politique en route : elle se fera
sans le peuple (sans les peuples à l’échelle européenne), à ses dépens, au nom d’un totalitarisme financier qui n’hésitera pas à utiliser les armes de l’intégrisme et du terrorisme.
A N N E X E S
1.Terrorisme et Résistance
Les définitions liminaires et succinctes données pour ces deux concepts appellent quelques précisions propres à en préciser les nuances.
Si, aujourd’hui, le terme de Terrorisme est connoté péjorativement, s’il est perçu comme « l’arme des faibles contre les forts », dans une forme de guerre
asymétrique, si ses actions sont parfois confondues avec la guerre, la guérilla, le banditisme, il peut aussi être le fait des Etats eux-mêmes, comme le souligne Noam Chomsky qui n’hésite pas à
parler de Terrorisme d’Etat.
Quoi qu’il en soit, les actions terroristes ont toutes une constante : faire pression sur un Etat pour en changer la politique ou forcer un gouvernement à prendre certaines mesures, ou, au
contraire, à s’en abstenir. Ainsi, les formes du terrorisme peuvent être multiples, être le fait d’individus isolés ou d’organisations, répondre à certains types de doctrine ou d’idéologie,
répondre à des exigences d’ordre religieux, mais, dans tous les cas, elles visent les populations civiles.
Ceci fait que la distinction entre Terrorisme et Résistance reste très ténue, très difficile à appréhender.
La Résistance est définie par Henri Michel (Fondateur du Comité d’Histoire de la seconde Guerre mondiale) comme : « L’ensemble des combats menés au nom de la liberté de la patrie et de
la dignité humaine » contre l’occupant et ses aides.
D’une certaine manière, même si ses méthodes sont une violation des lois, même s’il s’associe à des crimes sur des civils, des non combattants, le terroriste est quelqu’un qui lutte pour une
cause qu’il estime juste ou bonne.
Une interrogation est alors nécessaire sur ce qui fonde et ce qui évalue son action : Qui est plus légitime que l’autre ? Le faible opprimé qui mène un combat ? L’ordre en place
qui maintient l’oppression ?
De ce fait, entre Terrorisme et Résistance, les différences seront essentiellement d’ordre éthique : la Résistance aurait « un but légitime » (M. Duverger), tandis que le
Terrorisme serait illégitime. Or, certaines formes de terrorisme peuvent avoir une fonction tyrannicide, visant à sanctionner l’irrespect du « souverain » vis-à-vis des règles
auxquelles, théoriquement, sa fonction le soumet, et estimant que l’ordre en place et ses règles iniques doivent être détruits.
Les Terrorismes, par ailleurs, peuvent se revendiquer de forces diverses :
Terrorisme d’extrême gauche, souvent appelés lutte armée par ceux qui le pratiquent. Or, les membres de ces groupes se nomment eux-mêmes des résistants (ou combattants, ou partisans), car ils
considèrent qu’ils luttent contre l’oppression du pouvoir en place ou mènent des actes de libération, qu’ils comparent souvent à celles des membres de la Résistance, en France, pendant
l’occupation nazie.
Terrorismes islamistes, (Djihad), combattants de Dieu, menant une guerre sainte.
Terrorisme d’extrême droite, tels le Klu-Klux-Klan aux Etats-Unis, jusque dans les années soixante, ou encore celui qui est à l’origine des attentats aux jeux d’Atlanta.
Terrorisme d’Etat, souvent organisé par les services secrets à des fins politiques, tels les actes menés par les services secrets français contre le FLN et l’OAS pendant la guerre d’Algérie, ou
encore, Le Rainbow Warrior, en Nouvelle Zélande par les mêmes services secrets, en 1987.
Terrorisme économique, visant à déstabiliser, désorganiser la stabilité économique d’un Etat, d’un groupe d’Etats, ou d’un société , souvent mené par des entités transnationales ou non
gouvernementales.
Les Terrorismes dont il est le plus souvent question actuellement sont les terrorismes d’extrême gauche et les terrorismes islamistes.
2. Démocratie
Le concept de « Démocratie », quant à lui, mériterait un article en soi.
Si le principe de « la souveraineté du peuple, du gouvernement de tous » est admis comme exemplaire de la Démocratie depuis la période de la démocratie athénienne,
(démocratie directe), si Montesquieu a établi le principe de « la séparation des pouvoirs » en se basant sur les « gouvernés »
(est-ce que le Politique peut assurer la Liberté des sujets ?), l’évolution des classifications politiques fait que la « Démocratie » est devenue
« un système politique », et non plus, simplement un régime ; c’est-à-dire, une « organisation sociale où le peuple, ou un organe élu
par lui, détient la souveraineté ».
Par extension, le terme de « Démocratie » qualifie un pays appliquant les règles démocratiques sus nommées dans son fonctionnement.
La démocratie peut prendre plusieurs formes :
On dit qu’elle est « directe » quand le peuple adopte lui-même les lois et décisions importantes et choisit lui-même les agents d’exécution. (Cas de la
démocratie athénienne, au V° siècle, possible quand le nombre des citoyens est limité).
On la dit « indirecte » ou « représentative » quand le rôle du peuple se borne à élire ceux qui le représentent.
(Cas de la France et de nombre de démocraties occidentales).
Les « démocraties indirectes » peuvent, à certains moments, prendre une forme « semi directe », quand le peuple est appelé
à statuer sur certaines lois par référendum, par veto populaire ou par initiative populaire. (Cette forme semi directe est plus « juste » que la forme
« indirecte » ou « représentative », car plus proche de la vox populi).
La « démocratie participative », quant à elle, vise à accroître la participation des citoyens dans le débat public, et la prise de décision qui s’en suit.
Elle est inspirée par les formes d’organisation mises en place dans certaines entreprises dans les années soixante.
Opposée à la « démocratie indirecte », ou « représentative », ou encore « délégative » ou « élective », elle permet un système mixte dans lequel le peuple a délégué ses pouvoirs aux élus, mais le conserve
grâce à une forme d’interactivité, grâce à des débats publics de proximité. (A condition qu’il ait voix au chapitre et qu’il ne soit pas seulement présent pour accompagner ou cautionner).
Dans une véritable « démocratie participative », toutes les idées constructives et nouvelles des habitants devraient être examinées de façon
efficace ; le découragement des citoyens, quand ce système est mis en place, est le plus souvent lié à l’échec d’expériences lié à une mauvaise prise en compte par les élus. Le sens du bien
commun, l’implication citoyenne devraient être indissociables des prises de décisions politiques.
Il existe, enfin, une nouvelle forme de la « Démocratie » que nous nommerons « démocratie d’opinion ». Fondée sur les
sondages, elle joue de tout : par calcul, par cynisme, elle utilise toutes les peurs, tous les préjugés, toutes les haines qui traversent nos sociétés. On peut l’apparenter à une sorte de
« dérèglement démocratique ». Ainsi, N. Sarkozy a pu faire appel à la face la plus obscure des sentiments de « la France
profonde », flirter avec un bonapartisme de bon aloi, un populisme plébiscitaire… afin de gagner les élections présidentielles.
Par ce nouveau système, nous assistons à une personnalisation du pouvoir, à la phobie des corps intermédiaires, le président devient « souverain », le Parlement
est réduit à un rôle de figurant, les syndicats deviennent squelettiques et les partis discrédités. (cf. Editorial d’Alain Duhamel, Libération, du 20. 12. 2006).
Repris et retravaillé à partir de l’encyclopédie Wikipedia.