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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 11:57

Rapport sur les Droits de l'Homme

TUNISIE - Mars 2008

La Tunisie est une république constitutionnelle comptant quelque dix millions d’habitants, qui est dominée par un seul parti politique, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). M. Zine El Abidine Ben Ali en assure la présidence depuis 1987. Lors de l’élection présidentielle tenue en 2004, le président Ben Ali s’était présenté contre trois candidats de l’opposition et il avait remporté le scrutin avec environ 94 % des suffrages. Le taux de participation avait dépassé les 90 %, encore que de l’avis d’observateurs ces chiffres soient considérablement exagérés. Au cours des élections législatives qui s’étaient déroulées en même temps, le RCD avait remporté 152 des 189 sièges à pourvoir. Les élections indirectes de 2005 pour la Chambre des conseillers, l’un des deux organes législatifs du pays, avait donné une large majorité au RCD. En règle générale, les autorités civiles exercent un contrôle effectif sur les forces de l’ordre.

Le droit des citoyens de changer leur gouvernement a été assorti de restrictions importantes. Selon des organisations non gouvernementales (ONG) tant nationales qu’internationales, les forces de sécurité auraient torturé ou maltraité des personnes incarcérées ou détenues et elles auraient procédé à des arrestations et à des détentions arbitraires. Ces forces ont agi dans l’impunité et avec l’approbation d’officiels de haut niveau. La détention prolongée au secret et avant les procès demeure un problème grave. Le gouvernement a porté atteinte aux droits des citoyens relatifs au respect de la vie privée et il a maintenu d’importantes restrictions à la liberté d’expression, de la presse, de réunion et d’association. Le gouvernement a continué de faire preuve d’intolérance envers les critiques publiques et il a eu recours à des manœuvres d’intimidation, à des enquêtes judiciaires, au système pénal, à des arrestations arbitraires, à des assignations à résidence et à la restriction des déplacements afin de dissuader les militants des droits de l’homme et de l’opposition de le critiquer. Par ailleurs, la corruption demeure préoccupante.


RESPECT DES DROITS DE L’HOMME

Section 1 Respect de l’intégrité de la personne, y inclus la protection contre :

a. Mise à mort arbitraire ou illicite

Aucune exécution à caractère politique n’a été commise par le gouvernement ou l’un de ses agents.

En mars 2006, selon l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Bechir Rahali, le chef du commissariat de la Cité Ennour à El Ouradia IV, Tunis, aurait causé la mort de Tarek Ayari en lui assénant un coup sur la tête avec le manche d’une pioche alors qu’il tentait d’échapper à une descente de police. Abandonné sur les lieux sans qu’aucun secours ne lui soit porté, il est ultérieurement décédé des suites de ses blessures. Aucune enquête n’a été ouverte et officiellement aucune plainte n’aurait été portée.

b. Disparition

Aucune disparition à caractère politique n’a été signalée.

c. Torture et autres formes de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants

De telles pratiques sont interdites par la loi ; pour autant, selon les organisations de défense des droits de l’homme, les forces de sécurité auraient torturé des détenus pour les forcer à faire des aveux et décourager toute résistance. Les formes de torture qui auraient été pratiquées regroupent les sévices sexuels ; la privation de sommeil ; les chocs électriques ; la submersion de la tête sous l’eau ; les coups assénés avec la main, des bâtons ou des matraques ; la suspension de la victime, parfois les mains menottées, à la porte d’une cellule ou à une barre métallique jusqu’à la perte de conscience ; et des brûlures de cigarettes. D’après Amnesty International (AI) et Human Rights Watch (HRW), des policiers et des gardiens de prison ont eu recours à des agressions sexuelles, ou menacé de le faire, à l’encontre de l’épouse ou des filles de prisonniers afin d’obtenir des informations de ces derniers, de les intimider ou de les punir.

Les accusations de torture concernant des cas précis étaient difficiles à prouver, et en règle générale les autorités n’ont pas pris les mesures nécessaires pour enquêter sur les allégations ou punir les coupables. Souvent, les autorités auraient empêché les victimes d’actes de torture d’avoir accès à des soins médicaux tant qu’il restait des traces de sévices. Le gouvernement affirme qu’il enquête sur toutes les plaintes de torture et de mauvais traitements qui sont déposées auprès du Procureur de la République et il note que les personnes qui se disent victimes d’actes de torture accusent parfois la police sans porter plainte ; or le dépôt d’une plainte est une démarche indispensable à l’ouverture d’une enquête. Cependant, selon des avocats de la défense et diverses organisations nationales et internationales des droits de l’homme, la police a régulièrement refusé d’enregistrer ces plaintes. En outre, les juges ont classé des affaires sans ordonner d’enquêtes et ils ont accepté comme preuves à charge des aveux qui auraient été obtenus sous la torture. En l’absence de plainte en bonne et due forme, le gouvernement a toujours la possibilité de mener une enquête administrative sur les allégations de torture ou de mauvais traitement de détenus ; lorsque le cas s’est produit, les conclusions de l’enquête n’ont pas été rendues publiques ni communiquées aux avocats des prisonniers concernés.

Dans la mesure où le recours à la torture vise à obtenir des informations ou des aveux, les allégations de torture étaient plus fréquemment associées aux interrogatoires, aux autres phases initiales de l’instruction et aux centres de détention provisoire plutôt qu’aux centres pénitenciers. Des militants des droits de l’homme, citant des témoignages de prisonniers, ont dit que la torture était le plus souvent pratiquée dans des locaux du ministère de l’Intérieur. Les prisonniers politiques, les Islamistes et les détenus accusés d’activités liées au terrorisme seraient soumis à un traitement plus sévère que celui qui est réservé aux autres prisonniers et détenus.

Plusieurs ONG nationales et internationales ont signalé de multiples cas de torture tout au long de l’année.

Selon le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), entre décembre 2006 et le 22 janvier 2007, les autorités auraient ligoté Mohamed Amine Jaziri après lui avoir bandé les yeux et elles l’auraient battu à coups de câbles électriques quand il était en garde à vue. Aucun élément nouveau n’était disponible à la fin de l’année.

Le 6 avril, selon l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), des agents de la prison de Mornaguia ont roué de coups sur la tête et sur le corps Oualid Layouni, qui était détenu à la prison depuis le 16 janvier. Il aurait été confiné dans un espace restreint, sans lumière naturelle ni aération, et il aurait été soumis à des privations de sommeil.

Dans un communiqué de presse en date du 2 novembre, Amnesty International accuse des gardiens de prison d’avoir torturé
Ousama Abbadi, Mohammed Amine Jaziri, Ramzi el Aifi, Oualid Layouni et Mahdi Ben Elhaj Ali, le 16 octobre, alors qu’ils étaient en détention provisoire à la prison de Mornaguia, accusés d’actes liés au terrorisme. Des gardiens les auraient ligotés et frappés à coups de poing et de pied. Chez Ousama Abbadi, ces mauvais traitements ont entraîné une hémorragie interne à l’œil droit et une blessure ouverte à la jambe.

En outre, dans son communiqué de presse du 2 novembre, Amnesty International ajoute que d’autres personnes détenues à la prison de Mornaguia ont été traînées dans un couloir, nues. Un prisonnier aurait été violé par insertion d’un bâton dans l’anus.

Le 30 décembre, le Tribunal de première instance de Tunis a condamné trente Tunisiens qui étaient accusés d’actes liés au terrorisme. Les condamnations s’échelonnaient entre cinq ans d’emprisonnement et la peine de mort. Selon des informations de presse, de nombreux accusés ont nié les faits qui leur étaient imputés et ils ont dit n’avoir signé des aveux qu’après avoir été torturés par les forces de sécurité.

Aucun élément nouveau n’a été signalé en juin 2006 au sujet de l’affaire Aymen Ben Belgacem Dridi. La section de Bizerte de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH)a rapporté qu’Aymen Dridi, accusé d’actes liés au terrorisme et détenu à la prison de Borj er-Roumi, aurait été agressé par des agents à coups de poing et à coups de pied et il aurait subi le supplice de la falqa (coups infligés sur la plante des pieds).

Tout au long de l’année, la police a agressé des militants des droits de l’homme et des membres de l’opposition.

L’hebdomadaire d’opposition en langue arabe al-Mawqif a rapporté que le 13 juin, la police avait attaqué des syndicalistes à Kasserine lors d’une manifestation. Des policiers auraient infligé des blessures à Khaled Barhoumi, dirigeant syndicaliste à l’échelon régional, qui a été traité pour fracture du crâne.

Le 24 août, selon l’organisation Reporters sans frontières (RSF), dix policiers en tenue civile ont agressé le journaliste Aymen Rezgui alors qu’il quittait une conférence de presse du Parti démocratique progressif (PDP), qui est un parti de l’opposition. Le journaliste aurait été blessé à la main, et toutes ses notes et son équipement auraient été confisqués.

En mai 2006, selon de multiples témoins et groupes de défense des droits de l’homme, des policiers ont agressé des avocats qui participaient à un sit-in de trois semaines organisé pour dénoncer l’adoption d’une nouvelle loi portant création d’un institut de formation des avocats. À cette occasion, des agents auraient attaqué plusieurs avocats, dont Ayachi Hammami, Abderraouf Ayadi et Abderrazak Kilani, lesquels ont tous été hospitalisés, selon un communiqué du CNLT.

 Conditions dans les pénitenciers et centres de détention

En règle générale, les conditions carcérales n’étaient pas conformes aux normes internationales. La surpopulation et l’accès limité aux soins médicaux ont gravement compromis la santé des prisonniers. Au cours de l’année, certaines sources ont fait état de cas où des prisonniers blessés ou malades se seraient vu refuser un accès rapide à des soins médicaux ont été signalées. Le gouvernement autorise le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), mais pas d’autres observateurs indépendants en matière de droits de l’homme, à visiter les institutions carcérales.

Selon les organisations des droits de l’homme, les conditions carcérales ne répondent toujours pas aux normes acceptables minimales. L’hygiène est déplorable, et les prisonniers ont rarement accès à des douches et à des robinets. Une quarantaine, voire une cinquantaine, de prisonniers seraient couramment entassés dans une seule cellule de 18 m2, et jusqu’à 140 dans une cellule de 30 m2. La plupart des prisonniers étaient contraints de partager un lit ou de dormir à même le sol. D’anciens prisonniers et d’autres encore incarcérés ont dit qu’en raison de l’insuffisance des installations sanitaires jusqu’à cent détenus devaient utiliser le même robinet et le même coin d’aisances, ce qui créait de graves problèmes au plan de l’hygiène. Les maladies contagieuses, particulièrement la gale, sont répandues et les prisonniers n’ont pas accès à des soins médicaux adéquats. En outre, l’imposition de mesures discriminatoires et arbitraires, telle la restriction des visites familiales, rend les conditions carcérales encore plus pénibles, surtout pour ceux qui demandent réparation en raison des mauvais traitements et des conditions de détention qui leur sont infligés.

Par suite du rapport que l’organisation Human Rights Watch a rendu public en 2005 et dans lequel elle décrit la pratique de l’isolement cellulaire prolongé à laquelle sont soumis les prisonniers politiques, le gouvernement a déclaré en 2005 qu’il avait éliminé cette pratique. Pour autant, HRW a indiqué que le gouvernement continuait à isoler en petits groupes certains prisonniers politiques, dont la plupart étaient des dirigeants du parti islamiste non reconnu An-Nahdha.

D’après les témoignages de prisonniers et de détenus, les conditions de détention des femmes sont généralement meilleures que celles des hommes. Les détenues et les condamnées seraient traitées de la même façon.

Le CNLT rapporte que des prisonniers de droit commun avaient reçu l’ordre de se tenir à l’écart des prisonniers politiques et qu’ils avaient été sévèrement punis pour être entrés en contact avec eux.

Le CICR a poursuivi ses visites dans les établissements pénitenciers et les centres de détention du pays. Conformément aux modalités prévues par le CICR, les observations et recommandations des délégués sont communiquées aux autorités sur une base confidentielle et bilatérale. Le gouvernement n’a pas autorisé les médias à visiter ces établissements ni à évaluer les conditions de détention.

En novembre 2006, le gouvernement a renforcé les attributions du Comité supérieur des droits de l’homme et des libertés fondamentales en autorisant les visites sans préavis et les inspections des établissements du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Justice. Les rapports du Comité ne sont pas rendus publics.

d. Arrestation ou détention arbitraires

L’arrestation et la détention arbitraires sont interdites par la loi, mais les autorités ne se conforment pas à cette interdiction.

Selon l’AISPP, des centaines de personnes auraient été arrêtées depuis 2003 pour avoir consulté des sites Internet liés au terrorisme et elles ont été détenues sans bénéficier d’une procédure régulière ou sans preuves suffisantes établissant la commission d’actes criminels.

D’après Amnesty International et des organisations nationales des droits de l’homme, la police a procédé à l’arrestation de dizaines de personnes à partir de la fin décembre 2006, suite à des opérations sécuritaires visant à perturber une cellule armée qui préparait des attentats terroristes. Des familles ont essayé d’obtenir des informations sur leurs proches, mais les autorités ne leur en auraient donné aucunes. Selon Amnesty International, il est à craindre que ces personnes ne soient gardées au secret dans des locaux des services de sécurité de l’État au ministère de l’Intérieur, où elles courent le risque d’être torturées ou maltraitées. Selon des informations de presse, trente personnes soupçonnées de porter atteinte à la sécurité de l’État ont été accusées et reconnues coupables, mais on ne sait pas combien sont détenues en attente d’un procès.

Le 24 mai, selon RSF, la police a mis en garde à vue pendant une douzaine d’heures un membre fondateur de l’AISPP, Lassaad Jouhri, pour l’interroger sur son intention d’accompagner des représentants de deux ONG internationales, Human Rights First (HRF) et Frontline, à la prison d’El Kef.

Le rôle de police et des forces de sécurité

Plusieurs organismes de maintien de l’ordre relèvent du ministère de l’Intérieur, notamment : la police, compétente au premier chef dans les grandes villes ; la Garde nationale, qui intervient dans les petites villes et en milieu rural ; et les structures de la Sûreté nationale, chargées de surveiller les groupes et les individus que le gouvernement considère comme dangereux, par exemple les partis d’opposition et leurs dirigeants, les médias, les intégristes et les militants des droits de l’homme.

D’une manière générale, les organismes de maintien de l’ordre sont disciplinés, organisés et efficaces ; néanmoins, des cas de petite corruption et de brutalités policières ont été signalés. Les forces de l’ordre opèrent dans l’impunité et avec l’appui de la hiérarchie. La police a attaqué des dissidents et des opposants.

La Haute Institution des forces de sécurité intérieure et de la douane, qui relève du ministère de l’Intérieur, supervise les agents chargés de l’application de la loi au ministère de l’Intérieur et à la Direction générale des douanes. Sa mission déclarée est de renforcer le respect des droits de l’homme et d’améliorer le maintien de l’ordre ; toutefois, on ne dispose d’aucune information sur son fonctionnement non plus que sur les éventuelles mesures disciplinaires qui auraient pu être prises à l’encontre d’agents de l’ordre ou de gardiens de prison.


 Arrestation et détention

La loi stipule que la police doit être munie d’un mandat d’arrêt avant d’arrêter un suspect, sauf en cas de crime grave ou de flagrant délit ; des arrestations et des détentions arbitraires ont malgré tout été signalées. Le code pénal fixe à six jours le délai de la garde à vue entre l’arrestation et l’inculpation, le suspect pouvant être détenu au secret. Toutefois, cette règle n’est pas observée de manière systématique. Par exemple, un rapport publié au cours de l’année par le CNLT fait état de vingt-quatre cas dans lesquels la garde à vue aurait dépassé les six jours autorisés. La police a l’obligation d’informer tout suspect de ses droits au moment de son arrestation, de notifier immédiatement sa famille et de prendre scrupuleusement note de la date et de l’heure de ces communications, mais ces règles sont parfois ignorées. Des personnes arrêtées ont pu communiquer avec leur famille lorsqu’elles n’étaient pas détenues au secret, encore que le gouvernement n’ait pas toujours aidé les familles à localiser leurs proches.

Les détenus ont le droit d’être informés des faits qui leur sont reprochés avant leur interrogatoire et de demander à passer une visite médicale. En revanche, ils n’ont pas le droit d’être représentés par un avocat pendant la garde à vue. Des avocats, des défenseurs des droits de l’homme et des personnes interpellées affirment que les autorités prolongent illégalement le délai de garde à vue en falsifiant la date d’arrestation. Certains policiers extorqueraient de l’argent aux familles de personnes innocentes, en échange de quoi ils abandonneraient les accusations émises contre elles.

La loi autorise la mise en liberté sous caution, et les personnes arrêtées ont le droit d’être représentées par un avocat pendant la lecture de l’acte d’accusation. Le gouvernement octroie une aide judiciaire aux indigents. Au moment de la lecture de l’acte d’accusation, le juge d’instruction peut autoriser la mise en liberté de l’accusé jusqu’au procès ou l’astreindre à la détention provisoire.

Lorsqu’il s’agit de crimes passibles de plus de cinq ans d’emprisonnement ou qui affectent la sûreté nationale, la détention provisoire peut atteindre six mois, cette période initiale pouvant être prolongée deux fois par les tribunaux pour une période supplémentaire de quatre mois à chaque fois. Lorsqu’il s’agit de crimes pour lesquels la peine maximale prévue par la loi est inférieure à cinq ans d’emprisonnement, un tribunal ne peut prolonger la détention provisoire initiale qu’une seule fois, et pour trois mois seulement. Pendant la phase de la détention provisoire, un juge instruit l’affaire, entend les plaidoyers, verse au dossier les pièces à charge et à décharge qui lui sont communiquées par les parties et décide de la suite à donner à leurs requêtes. La prolongation abusive du délai de détention provisoire a été couramment dénoncée.

Amnistie

Des juges et le gouvernement ont exercé le droit qu’ils ont d’ordonner l’élargissement de prisonniers ou de suspendre leur peine, souvent dans le cadre d’une libération assortie d’une mise à l’épreuve.

Le 24 juillet, le président Ben Ali a ordonné l’élargissement de 21 prisonniers en prévision de la fête nationale du 25 juillet commémorant l’établissement de la République tunisienne. Au nombre des personnes libérées figurait Maître Mohammed Abbou, incarcéré pour avoir publié sur Internet un article critique à l’égard des prisons tunisiennes et du président Ben Ali. Les autres prisonniers libérés étaient affiliés au parti intégriste non reconnu An-Nahdha.

Le 5 octobre, selon l’ONG non enregistrée Liberté et Égalité, les autorités ont relâché vingt-sept prisonniers incarcérés à Borj Er Roumi et à Mornaguia. Deux d’entre eux, Aymen Mejri et Anouar Hannachi, avaient été condamnés à purger une peine de prison, et ils ont été placés sous contrôle administratif pendant cinq ans. Les vingt-cinq autres étaient en détention provisoire et, partant, non assujettis au contrôle administratif après leur libération.

Le 7 novembre, selon des informations de presse, le président Ben Ali a gracié sept prisonniers à l’occasion du vingtième anniversaire de son arrivée au pouvoir. Il s’agissait de
Karim Harouni, d’Ali Chniter, de Lotfi Senoussi, de Mohamed Salah Tsouma, de Sakher Fatmi, d’Abdellatif Bouhjila et de Ramzi Bettibi.

e. Déni d’un procès équitable et public

La loi garantit l’indépendance du pouvoir judiciaire ; pour autant, le pouvoir exécutif et le président exercent une forte influence sur l’appareil judiciaire, surtout dans les affaires à caractère politique. Le pouvoir exécutif a un droit de regard indirect sur le système judiciaire dans la mesure où il décide de la nomination, de l’affectation, de la titularisation et du transfert des juges, rendant ainsi l’appareil judiciaire sensible aux pressions. En outre, c’est le président de la République qui est à la tête du Conseil supérieur de la magistrature, dont la plupart des membres sont nommés par lui.

La loi donne aux citoyens le droit de recours devant un tribunal administratif pour porter plainte contre un ministère, encore que les responsables du gouvernement respectent rarement les avis du tribunal, du reste non contraignants. Le gouvernement a autorisé des observateurs affiliés à des missions diplomatiques et des journalistes étrangers à assister à des procès. La décision de permettre à des observateurs d’assister à des audiences de tribunaux militaires est laissée à la discrétion du tribunal.

À la fin de l’année, l’Institut de formation des avocats, dont la création avait été entérinée par une loi signée en 2006 par le président Ben Ali, n’était toujours pas opérationnel. L’Ordre national des avocats est hostile à ce projet parce que la création de cet institut – et le contrôle gouvernemental des admissions à cet établissement – saperait l’indépendance du judiciaire en donnant au gouvernement le pouvoir de contrôler les admissions au barreau. L’Ordre national des avocats a demandé aux autorités qu’elles le laissent participer à la gestion de l’établissement. En mai 2006, la police a agressé des membres de l’Ordre qui participaient à un sit-in pour dénoncer la nouvelle loi.

Le système des tribunaux civils comporte trois niveaux hiérarchiques. À la base de la hiérarchie juridictionnelle, on trouve les tribunaux cantonaux, au nombre de 51, à juge unique. Au deuxième niveau, on trouve les tribunaux de première instance, qui sont au nombre de 24. Ils sont la juridiction d’appel des jugements des tribunaux cantonaux, mais ils ont aussi compétence en premier ressort pour les crimes. La Cour de cassation (l’équivalent de la Cour suprême des États-Unis) est la cour d’appel de dernier ressort. Elle statue sur le droit et non sur le fond. L’organisation du système des tribunaux pénaux est calquée sur celle des tribunaux civils. Dans la plupart des cas, le tribunal, composé d’un ou de plusieurs magistrats, domine le déroulement du procès, et la défense a peu d’occasions d’intervenir de façon substantive.

Les tribunaux militaires relèvent du ministère de la Défense. Ils sont compétents pour les affaires mettant en cause du personnel militaire et des civils accusés de porter atteinte à la sûreté de l’État. Les personnes condamnées par un tribunal militaire peuvent se pourvoir en appel devant la Cour de cassation. Au cours de l’année, selon Amnesty International, les tribunaux militaires ont condamné au moins 15 civils à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 10 ans.

Par ailleurs, un tribunal administratif traite les litiges entre les citoyens et le gouvernement.

Déroulement des procès

La loi confère les mêmes droits à tous les citoyens, y compris le droit à un procès équitable ; pour autant, des ONG nationales et internationales affirment que ce principe n’est pas toujours respecté.

Les procès devant les tribunaux ordinaires de première instance, ainsi que ceux devant les cours d’appel, sont ouverts au public. La loi confère à l’accusé le droit d’être présent à son procès, d’être défendu par un avocat et d’interroger les témoins ; dans la pratique, toutefois, les juges ne respectent pas toujours ces principes. La loi permet l’ordonnance de contumace, c’est-à-dire le jugement d’un accusé en son absence quand celui-ci fuit la justice. L’accusé comme le ministère public peuvent faire appel d’un jugement rendu par un tribunal inférieur.

La loi garantit la présomption d’innocence ; toutefois, ce principe a été parfois négligé dans la pratique, en particulier dans les affaires délicates au plan politique. Le défendeur peut demander le remplacement du juge qui instruit son procès s’il estime que celui-ci n’est pas impartial ; toutefois, les juges ne sont pas tenus de se récuser.

Les atermoiements excessifs sont demeurés préoccupants. Le droit à la diligence de la procédure judiciaire n’est pas reconnu, et il n’existe aucune limite légale à la durée de l’instruction. Des avocats de la défense se sont plaints du fait que les juges les empêchaient parfois de faire entendre des témoins à décharge ou de procéder au contre-interrogatoire des principaux témoins à charge. En outre, ils ont affirmé que les tribunaux tardaient souvent à les informer de la date des procès ou qu’ils ne leur laissaient pas suffisamment de temps pour préparer leur dossier. Selon certaines allégations, des juges auraient restreint l’accès des avocats aux pièces à conviction et aux dossiers pertinents du tribunal, allant dans certains cas jusqu’à obliger tous les avocats chargés d’une même affaire à se présenter tous en même temps dans leur cabinet pour examiner les documents, sans les autoriser à en faire de copies.

Selon des avocats et des organisations des droits de l’homme, les tribunaux refusent régulièrement d’enquêter sur les allégations de torture et de mauvais traitements, et ils acceptent à titre de preuves les aveux obtenus sous la torture. En outre, ces groupes affirment que la nature sommaire des audiences des tribunaux a parfois empêché les délibérations de se faire dans la sérénité et que le caractère erratique du calendrier et des procédures des tribunaux a eu pour effet de décourager la présence d’observateurs aux procès politiques.

Nonobstant la codification du droit de la famille, dispositions relatives à l’héritage incluses, il arrive que les juges de droit civil appliquent la charia (droit islamique) dans les affaires intéressant la famille lorsqu’il y a conflit entre les deux systèmes. Il y a des parents qui établissent des contrats de vente en bonne et due forme entre eux et leurs enfants pour s’assurer que leurs filles recevront une part d’héritage égale à celle de leurs fils : c’est une façon pour eux de se soustraire à l’application de la charia dans ce domaine.

Prisonniers et détenus politiques

Le gouvernement a nié détenir des prisonniers politiques et, s’il y en a, on n’en connaît pas le nombre. Selon des organisations des droits de l’homme, environ 2 000 personnes auraient été arrêtées et emprisonnées depuis 2005 pour avoir commis des actes terroristes ou avoir eu l’intention d’en commettre, et ce en l’absence de preuves suffisantes en la matière. D’après des avocats et des militants des droits de l’homme, un grand nombre de ces personnes auraient été torturées dans des locaux du ministère de l’Intérieur et contraintes de signer des aveux.

D’après l’AISPP, il resterait parmi les prisonniers politiques vingt-quatre personnes qui faisaient partie d’un groupe d’islamistes arrêtés à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Très peu d’entre eux avaient été reconnus coupables d’avoir commis des actes violents. La plupart des personnes considérées comme des prisonniers politiques ou d’opinion par les organismes internationaux de défense des droits de l’homme avaient été arrêtées pour avoir enfreint les lois interdisant l’adhésion à des organisations non reconnues et répandu de fausses informations visant à troubler l’ordre public. Beaucoup avaient été arrêtées pour avoir diffusé des informations émanant d’An-Nahdha ou d’autres organisations du même genre. D’anciens prisonniers politiques ont déclaré que le marquage de leurs pièces d’identité les exposait à un traitement plus sévère.

Le CICR et le Comité supérieur des droits de l’homme et des libertés fondamentales ont été autorisés à visiter les prisons et les centres de détention.

Procédure judiciaire civile et voies de recours

Il existe des tribunaux pour recevoir les plaintes de violation des droits de l’homme, mais l’indépendance et l’impartialité de l’appareil judiciaire ont été compromises dans les affaires où le gouvernement était impliqué. Les recours administratifs étaient possibles par requête auprès du médiateur de la République tunisienne et du tribunal administratif, mais les avis rendus par ces instances ne sont pas juridiquement contraignants et ils sont souvent ignorés par les ministères et autres organismes publics.

f. Immixtions arbitraires dans la vie privée, la famille, le domicile ou la correspondance

La Constitution interdit de telles actions « sauf dans les cas exceptionnels prévus par la loi » ; mais dans la pratique, le gouvernement n’a pas respecté cette interdiction. Il est arrivé à la police de procéder à des perquisitions sans être munie du mandat obligatoire si les autorités considéraient que la sûreté de l’État était en jeu. Des ONG nationales et des militants en faveur de la société civile ont dit que des membres des forces de sécurité s’étaient introduits par effraction dans leurs bureaux quand il n’y avait personne pour y perquisitionner sans mandat.

Les autorités peuvent invoquer la sûreté de l’État pour justifier les écoutes téléphoniques. Selon de nombreux cas signalés par des ONG, des organes de presse et des diplomates, les autorités auraient intercepté des messages transmis par télécopieur ou par courrier électronique. La loi n’autorise pas explicitement de telles activités, mais le gouvernement argue que le Code de procédure pénale confère implicitement cette autorité aux juges d’instruction. Les opposants politiques ont fait état d’interruptions fréquentes, et parfois prolongées, des services de téléphonie, de télécopie et d’accès à Internet, à leur domicile comme sur leur lieu de travail. Les militants des droits de l’homme ont accusé le gouvernement d’utiliser le Code des services postaux, qui interdit de manière vague et large tout courrier de nature à menacer l’ordre public, pour intercepter leur courrier et les empêcher de recevoir des publications venant de l’étranger. Les forces de sécurité surveillent régulièrement les activités, les appels téléphoniques et les communications par Internet des membres de l’opposition, des islamistes et des militants des droits de l’homme, dont certains ont été mis sous surveillance policière.

Selon des militants des droits de l’homme, les autorités auraient puni des membres de la famille de militants islamistes en faisant en sorte que ceux-ci se voient refuser un emploi, des possibilités en matière d’éducation, un permis d’ouverture de commerce ainsi que le droit de se déplacer, et ce en raison des activités de leurs proches. En outre, les membres de la famille des militants sont soumis à une surveillance policière et à des interrogatoires.

Selon des militants des droits de l’homme, les anciens détenus soupçonnés d’être membres d’An-Nahdha ont eu du mal à trouver un emploi après leur libération à cause des agissements des autorités. D’autres prisonniers politiques, une fois libérés, ont eu du mal à obtenir du ministère de l’Intérieur le document prouvant qu’ils avaient un casier judiciaire vierge et, même lorsqu’ils n’avaient pas été emprisonnés, les militants politiques et les islamistes se sont vu confisquer leur carte d’identité, ce qui leur a occasionné des problèmes lorsqu’ils voulaient avoir accès aux soins de santé, signer un contrat de bail, acheter ou conduire une voiture, avoir accès à leur compte en banque ou toucher une pension. La police peut procéder à des vérifications d’identité quand bon lui semble et toute personne qui n’est pas en mesure de présenter sa carte d’identité peut être détenue par la police jusqu’à ce que son identité soit établie par cette dernière. Lasaad Johri, membre de l’AISPP, n’a pas de carte d’identité depuis 1999.


Section 2 Respect des libertés civiles, y inclus :

a. Liberté d’expression et de la presse

La Constitution garantit une mesure limitée de liberté d’expression et de la presse mais dans la pratique, le gouvernement n’a généralement pas respecté ce principe. Il a restreint la liberté de la presse et poussé les journalistes, les directeurs de rédaction et les éditeurs à pratiquer l’autocensure. Les forces de sécurité ont étroitement surveillé les activités de la presse étrangère et nationale.

Conformément à la loi, la presse écrite n’est pas soumise à une autorisation administrative, mais elle est strictement contrôlée à travers l’autorisation que doivent détenir les imprimeurs. La presse écrite doit faire une demande d’enregistrement de droit d’auteur auprès du ministère de l’Intérieur, lequel délivre un récépissé valable pendant un an et qui constitue en fait une autorisation officielle de publication. Le Code de la presse stipule que ce récépissé doit être délivré avant qu’une publication ne puisse être imprimée, ce qui revient à interdire les publications non autorisées. En outre, le Code de la presse met les éditeurs dans l’obligation d’avertir le ministère de l’Intérieur en cas de changement d’imprimeurs. Les imprimeurs et les éditeurs qui contreviennent à ces règles sont également passibles d’amendes individuelles substantielles pour chaque exemplaire tiré.

De même, les médias électroniques sont contrôlés à travers l’attribution ou le refus d’une bande de fréquence par l’Agence tunisienne des fréquences, laquelle relève du ministère des Technologies de la communication. Ces licences, ou agréments, font l’objet de strictes restrictions.

La loi interdit aux citoyens de discuter des dossiers de politique nationale sur les stations de radio et chaînes de télévision étrangères durant les deux semaines qui précèdent des élections nationales.

Les forces de sécurité questionnent souvent les citoyens qui ont été vus en train de parler à des étrangers, que ces derniers soient de passage ou qu’ils résident dans le pays, et en particulier lorsqu’il s’agit de journalistes et de membres d’organismes de défense des droits de l’homme. Le gouvernement a tenté d’empêcher la tenue de réunions privées avec des diplomates étrangers et d’influencer des réunions publiques en faisant encercler les lieux par des dizaines de policiers en civil. Lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse, par exemple, une haie de policiers en civil avait été formée tout au long de la rue menant au siège de la RTT (Radio et Télévision tunisienne, organisme étatique) pour bloquer une manifestation qui devait avoir lieu en faveur de la liberté de la presse.

Le gouvernement a déclaré que 950 publications et journaux étrangers étaient distribués dans le pays et que 90 % des journaux tunisiens étaient « privés » et « jouissaient de l’indépendance éditoriale ». Toutefois, sur les huit grands quotidiens en circulation, deux sont la propriété du gouvernement, deux autres appartiennent au parti au pouvoir et deux autres, bien que supposément privés, reçoivent des consignes de hauts responsables du gouvernement. Tous les médias sont soumis à d’intenses pressions gouvernementales en matière de contenu.

On a dénombré sept journaux d’opposition à faible circulation. Cinq d’entre eux ont reçu des subventions publiques en vertu d’une loi qui accorde des crédits aux journaux affiliés à des partis d’opposition dont des membres siègent au parlement. Deux autres, al-Mawqif et Mouwatinoun, n’ont pas bénéficié d’une telle assistance du fait que leurs partis respectifs ne sont pas représentés au parlement. Le 10 janvier, le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL), qui est un parti d’opposition, a commencé à publier le journal Mouwatinoun.

S’il a autorisé les critiques publiques dans les journaux d’opposition, le gouvernement y a mis des entraves à ces mêmes critiques dans la presse de grande diffusion. Certains particuliers et certains groupes ont subi des représailles pour avoir tenu des propos critiques à l’égard du pouvoir. Le 9 mars, par exemple, les autorités ont condamné par contumace le journaliste et défenseur de la liberté de la presse Mohamed Fourati à quatorze mois de prison parce qu’il était membre du parti An-Nahdha, non reconnu. Ce journaliste avait participé antérieurement à la rédaction du journal d’opposition al-Mawqif pour lequel il avait rédigé plusieurs articles peu flatteurs envers le gouvernement. Dans un premier temps, le tribunal l’avait acquitté, mais le ministère public a interjeté appel deux fois, jusque devant la Cour de cassation, et Mohamed Fourati a fini par être reconnu coupable. Il vivait à l’étranger lorsqu’il a été condamné.

Les 2, 16 et 28 août, le journaliste Omar Mestiri a dû comparaître au tribunal avant que les autorités n’acceptent d’abandonner l’accusation de diffamation qui pesait contre lui. Mohamed Baccar, un avocat, avait porté plainte contre le journaliste qui avait émis des doutes, dans un article, sur les circonstances dans lesquelles l’avocat avait réadmis au tableau de l’Ordre alors qu’il en avait été rayé après avoir été reconnu coupable de fraude et d’usage de faux. De l’avis des militants, l’accusation portée contre Osmar Mestiri avait une motivation politique ; celui-ci avait publié deux articles sur la corruption au sein du gouvernement peu de temps avant que Mohamed Baccar ne porte plainte contre lui.

En octobre 2006, le leader politique de l’opposition Moncef Marzouki a été mis en examen pour activités « de nature à troubler l’ordre public », suite à sa participation, début octobre, à des émissions d’al-Jazira au cours desquelles il avait critiqué le gouvernement et prôné la désobéissance civile. Moncef Marzouki a quitté le pays avant l’ouverture de son procès. Aucun élément nouveau n’était signalé à la fin de l’année.

Il n’a été signalé aucun cas d’arrestation de journalistes liée exclusivement à l’exercice de leur métier ; toutefois, certains journalistes impliqués dans des activités d’opposition ont été détenus et interrogés.

Le 30 novembre, selon des informations de presse, les autorités ont arrêté deux journalistes qui travaillaient pour la chaîne de télévision privée al-Hiwar et qui couvraient une réunion syndicale. Les autorités les ont remis en liberté après un interrogatoire de deux heures.

Le 9 avril, selon le Comité pour la protection des journalistes), quinze policiers auraient encerclé le journaliste Lotfi Hajji à sa sortie d’une réunion du parti d’opposition PDP et ils l’auraient violemment bousculé. Le 29 juin, selon la section tunisienne de la Campagne internationale pour le respect des droits de l’homme, la police aurait pris à partie Lotfi Hajji et son confrère Aymen Rezki alors qu’ils tentaient de se rendre à un séminaire sur la liberté d’expression qu’organisaient conjointement le PDP et le FDTL. Selon RSF, à trois occasions entre le 20 et le 27 septembre, les autorités ont empêché Lotfi Hajji, de force, d’entrer dans les bureaux du PDP où il voulait se rendre pour couvrir une grève de la faim.

Le 6 juin, les autorités ont prolongé de vingt-six mois la durée de l’exil interne imposé au journaliste Abdullah Zouari, lequel a travaillé à une époque pour Al-Fajr, l’hebdomadaire du parti An-Nahdha. Abdullah Zouari est sous contrôle administratif et en exil interne depuis 2004. Selon RSF, aucune explication n’a été donnée pour la prolongation de son exil.

Le 4 décembre, le tribunal cantonal de la banlieue de Sfax a condamné le journaliste Slim Boukhdir à un an de prison et à une amende de cinq dinars pour « outrage à fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions », « atteinte aux bonnes mœurs » et « refus de présenter ses papiers d’identité à la police ». Le 26 novembre, il a été arrêté alors qu’il se rendait au commissariat de police de Khaznadar pour achever les formalités de demande de passeport ; il avait fait une grève de la faim de quinze jours, début novembre, pour obtenir le droit d’avoir un passeport. Le 4 décembre, il a été condamné à un an de prison pour avoir, selon les chefs d’accusation, insulté un policier, utilisé un langage ordurier et refusé de présenter sa carte d’identité nationale à des agents de la sécurité. Les organisations de défense des droits de l’homme et de la liberté de la presse ont condamné son arrestation et sa condamnation, motivées selon elles par des considérations politiques. Dans un communiqué de presse en date du 4 décembre, RSF affirme qu’ « en Tunisie, on emprisonne les journalistes sous des motifs souvent sans rapport avec leur profession pour se prémunir contre toute accusation de censure ». Le gouvernement continuerait à refuser de délivrer une carte de presse à Slim Boukhdir. En 2005, le quotidien de langue arabe Ash-Shourouq a cessé de publier les articles de celui-ci et a gelé son salaire en février 2006. En avril et en mai 2006, Slim Boukhdir a été l’un des deux journalistes de ce quotidien à faire une grève de la faim pour dénoncer le comportement de la direction à leur égard.

En janvier 2006, le président de la République a signé une loi abolissant la formalité du « dépôt légal », qui exigeait que tout document écrit soit approuvé par le gouvernement avant sa publication ou sa diffusion. L’annulation du dépôt légal met fin à la censure officielle et ouverte de la presse écrite nationale, mais pas à l’autocensure ni à l’ingérence manifeste du gouvernement, ainsi que le prouve la publication simultanée dans trois journaux de langue arabe d’éditoriaux similaires critiquant les militants de la société civile qui fréquentent les ambassades étrangères.

Le 7 novembre, le président Ben Ali a annoncé que l’examen préalable des publications étrangères et des livres relèverait désormais non plus du ministère de la Justice, mais du ministère de l’Intérieur. Avant cette date, tous les livres et toutes les publications étrangères faisaient l’objet de restrictions, qui pouvaient aller jusqu’au refus d’impression et de distribution. Le ministère de l’Intérieur a exigé des exposants qui participaient aux foires aux livres qu’ils lui remettent au préalable la liste complète des titres qu’ils comptaient présenter. Nombreux sont les livres dont la présentation n’a pas été acceptée lors de la foire aux livres qui s’est tenue du 27 avril au 5 mai.

Le gouvernement a régulièrement saisi et interdit la distribution de journaux tunisiens contenant des articles ou des photos contraires à ses politiques. Le 24 mars, par exemple, les autorités auraient acheté tous les exemplaires de l’hebdomadaire d’opposition al-Mawqif à cause de la publication d’une photo de parlementaires tunisiens et israéliens qui participaient à une réunion du Conseil parlementaire euro-méditerranéen à Tunis. De même, elles ont empêché la parution du numéro d’al-Mawqif du 22 juin parce qu’il contenait un article sur une manifestation syndicale tenue à Kasserine le 13 juin ainsi qu’une photo du responsable régional de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Khaled Barhoumi, qui aurait été blessé par la police.

La loi stipule que la publication, l’introduction et la circulation d’ouvrages étrangers peuvent être soumises à des restrictions. Les autorités ont ainsi empêché le public de se procurer en temps voulu des publications étrangères qui contenaient des articles jugés hostiles au pays ou de nature à porter atteinte à la sécurité.

Selon un communiqué de RSF en date du 27 février, le gouvernement a interdit de diffusion l’édition du quotidien français Le Monde du 23 février ainsi que les éditions de l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur des 8 et 21 février parce qu’ils contenaient des articles très critiques envers le président Ben Ali. RSF a signalé que le gouvernement avait censuré au total trois éditions du Monde en février, l’une d’elles comportant un entretien du président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), Mokhtar Trifi.

La réglementation en vigueur oblige les correspondants étrangers à obtenir une autorisation écrite pour faire des enregistrements vidéo en public. Le gouvernement contrôle la transmission par satellite des reportages réalisés par des correspondants tunisiens pour des chaînes de télévision étrangères en refusant d’octroyer des licences aux correspondants et en les obligeant à utiliser les connexions satellitaires du gouvernement.

La loi punit les auteurs de propos diffamatoires d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans s’ils visent le président et jusqu’à trois ans s’ils concernent des corps constitués, tels la Chambre des députés, la Chambre des conseillers, les conseils constitutionnels, l’administration, les membres du gouvernement ou leurs adjoints.

Selon de nombreux journalistes ainsi que d’autres sources, de hauts responsables du gouvernement téléphonent régulièrement aux directeurs de services d’informations et aux rédacteurs en chef pour leur indiquer les sujets à ne pas aborder ni à publier ainsi que pour guider le contenu des éditoriaux et la couverture des nouvelles. L’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) a fait respecter ce principe et d’autres mécanismes officieux de censure en achetant des espaces pour la publication d’annonces gouvernementales aux publications qui ont sa faveur. Quant aux entreprises privées, elles ne voulaient pas acheter d’espaces publicitaires dans les journaux boudés par le pouvoir de crainte de donner l’impression qu’elles soutenaient des médias faisant l’objet de sanctions du gouvernement.

Les directeurs et les propriétaires de médias privés, de même que les journalistes travaillant pour le gouvernement et le parti au pouvoir, pratiquent l’autocensure à un degré très poussé. Les journalistes de la presse de grande diffusion se sont régulièrement abstenus de mener des enquêtes sur certaines questions nationales. Seule la presse d’opinion à tirage limité a abordé régulièrement des sujets controversés d’intérêt national.

Le gouvernement a souvent fait pression sur les journaux pour qu’ils impriment la version officielle de tel ou tel événement, même lorsque ses propres journalistes étaient présents. Selon un communiqué de presse de RSF en date du 5 novembre, les reporters de médias privés ont pour consigne de ne traiter que les informations émanant de l’agence officielle Tunis Afrique Presse (TAP). Selon un rapport du Syndicat des journalistes tunisiens (SJT) de mai 2006, les autorités auraient interdit à des journalistes de rendre compte d’une grève des fonctionnaires des postes en janvier 2006 et des enseignants du secondaire en avril 2006. Certains journaux dont l’État est propriétaire ont accusé ce syndicat d’inciter à la discorde  et de manquer de patriotisme.

Le CNLT a produit le journal/magazine électronique Kalima sans autorisation, mais il n’était accessible que de l’étranger. Le ministère de l’Intérieur a continué de bloquer l’enregistrement de cette publication. Selon des ONG internationales des droits de l’homme, ce refus du gouvernement serait dû aux commentaires défavorables au pouvoir que contient la publication.

 Liberté d’accès à l’Internet

Selon le gouvernement, aucun site Internet n’est bloqué ni censuré, à l’exception des sites à contenu pornographique ou de nature à troubler l’ordre public, c’est-à-dire ceux qui contiennent « des appels à la haine, à la violence, au terrorisme et à toutes formes de discrimination et de sectarisme contraires à l’intégrité et à la dignité de la personne humaine » ou qui sont « préjudiciables à l’enfant et à l’adolescent ». Pour autant, le gouvernement a bloqué l’accès à un certain nombre de sites Internet. Il a ainsi rendu inaccessibles pratiquement tous les sites appartenant à des organismes tunisiens de défense des droits de l’homme, à l’opposition et aux mouvements islamistes. Quelques sites étrangers ont été bloqués par intermittence, notamment ceux d’Amnesty International, de RSF et de HRW (page consacrée à la Tunisie). Les sites d’actualités maintenus par l’opposition et des forums de discussion ont eux aussi été bloqués.

Selon le profil établi en 2006 par l’Initiative OpenNet (ONI), le nombre d’internautes en Tunisie s’élève à environ un million. Les tests effectués par l’ONI ont révélé que le gouvernement bloquait très largement les sites des groupes d’opposition politiques, des actualités présentées par l’opposition, des organisations de défense des droits de l’homme, ainsi que les sites pornographiques et certains sites qui seraient critiques à l’égard du Coran et de l’islam. Selon l’ONI, le gouvernement a bloqué systématiquement des sites en utilisant un logiciel commercial de filtrage installé sur ses serveurs qui lui permet de bloquer l’accès des 12 fournisseurs de services Internet (FSI) du pays.
Deux décrets datant de 1997 couvrent en partie les services liés à l’Internet et aux télécommunications. Tous les FSI sont tenus d’obtenir un agrément du ministère des Technologies de la Communication. Les demandes d’agrément sont étudiées par la Commission des services de télécommunication, laquelle inclut parmi ses membres des représentants des ministères de la Défense et de l’Intérieur ainsi que de hauts fonctionnaires travaillant dans le secteur des communications, de l’information et de l’informatique.
D’après un rapport établi en 2005 par HRW sur la censure en ligne, chaque FSI est tenu de désigner un directeur qui sera responsable du contenu des sites sur la toile qu’on lui demande d’héberger. Les internautes ainsi que les administrateurs de sites et de serveurs doivent eux aussi assumer la responsabilité des infractions à la loi. Chaque FSI doit soumettre mensuellement la liste de ses abonnés à l’Agence tunisienne d’Internet (ATI), organisme quasi-gouvernemental. En cas de cessation d’activité, le FSI doit immédiatement remettre un jeu complet de ses archives. Le directeur d’un FSI doit constamment surveiller le contenu des sites hébergés sur ses serveurs pour s’assurer que son système ne contient aucune information contraire « à l’ordre public et aux bonnes mœurs ».
Le 24 juillet, Mohamed Abbou a bénéficié d’une grâce présidentielle et il a été libéré de prison à l’occasion de la fête nationale du 25 juillet. En 2005, cet avocat avait été déclaré coupable d’avoir publié sur Internet des propos « de nature à perturber l’ordre public » ; il avait dénoncé la torture pratiquée dans les prisons du pays et comparé le sort des prisonniers tunisiens à celui des prisonniers irakiens à Abou Ghraib.

 Liberté académique et événements culturels

Le gouvernement impose des restrictions à la liberté académique et encourage l’autocensure dans le milieu universitaire. Il a maintenu sous étroite surveillance les administrateurs, les enseignants et les étudiants en vue de déceler la moindre activité politique. La présence de policiers en uniforme et en civil sur les campus avait pour but de dissuader le corps estudiantin d’exprimer ouvertement des idées dissidentes.

En octobre 2006, Abdelhamid Sghaïer, étudiant en troisième cycle, a été condamné à verser une amende pour avoir pris la défense d’étudiantes de l’université de Tunis qui revendiquaient le port du hijab. Abdelhamid Sghaïer a fait une grève de la faim de vingt jours pour protester contre la décision du tribunal et exiger le renouvellement de son passeport, dont il faisait la demande depuis six mois. Le gouvernement aurait agi ainsi en raison de ses activités politiques.

Les autorités ont exigé que les auteurs de tout travail universitaire obtiennent une autorisation préalable pour le publier, et les bibliothèques universitaires se sont abstenues d’acheter des livres étrangers ou de s’abonner à des revues étrangères jugées hostiles au gouvernement. L’étroit contrôle gouvernemental des fonds de recherche universitaire a empêché les administrateurs d’octroyer ou de solliciter des subventions pour financer des travaux sur des sujets que le gouvernement jugerait inadmissibles. Les professeurs se sont gardés d’enseigner des cours sur des sujets considérés comme délicats, tels les cours de droit sur les systèmes politiques ou les cours sur les libertés civiles. Ils ont souvent évité de discuter les sujets suffisamment névralgiques pour attirer l’attention du gouvernement, et des membres du corps enseignant ont indiqué qu’ils hésitaient à se rencontrer en dehors des salles de cours. Les enseignants étaient tenus d’obtenir la permission du ministère de l’Enseignement supérieur pour organiser des conférences et ils devaient accompagner leur demande de la liste des sujets qui seraient abordés et de celle des personnes invitées.

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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 11:33

b. Liberté de réunion et d’association pacifiques

La loi garantit la liberté de réunion et d’association, mais dans la pratique, le gouvernement a imposé de sévères restrictions à ce droit.

 Liberté de réunion

La loi exige que les groupes désireux d’organiser une réunion publique, un rassemblement ou une manifestation obtiennent une autorisation auprès du ministère de l’Intérieur ; la demande doit être faite au plus tard trois jours avant la date de l’événement prévu et être accompagnée de la liste des participants. En règle générale, les groupes qui soutiennent les positions du gouvernement obtiennent facilement cette autorisation, contrairement aux groupes dissidents qui se la voient généralement refuser. Comme les années précédentes, les responsables d’ONG ont indiqué avoir eu des difficultés à louer des espaces pour y tenir de grandes réunions. Ils ont affirmé que la police faisait pression sur les gérants des locaux pour les dissuader de répondre favorablement à la demande des ONG. Les gérants d’hôtels et les propriétaires d’entreprises ont nié avoir reçu des consignes spécifiques concernant la location d’espaces à des groupes de l’opposition ; toutefois, ils ont reconnu qu’ils coopéraient avec le ministère de l’Intérieur et qu’ils essayaient de satisfaire ses demandes dans la mesure du possible.

Le 27 août, le PDP a tenu une conférence de presse pour dénoncer l’annulation à la dernière minute de la réservation qu’il avait faite dans un hôtel où il comptait tenir une université d’été à l’intention de la jeunesse. La direction de l’hôtel a invoqué des travaux en cours. Pour leur part, les militants affirment que le gouvernement a fait pression sur la direction afin qu’elle annule la réservation, coupant ainsi l’herbe sous le pied au PDP.

Le 20 septembre, la secrétaire générale du PDP, Maya Jribi, et son ancien secrétaire général, Nejib Chebbi, ont entamé une grève de la faim pour protester contre ce qu’ils considéraient comme des tentatives à mobile politique visant à les expulser du siège de leur parti à Tunis et à provoquer des expulsions quasi-simultanées dans un grand nombre de ses bureaux locaux. Leur grève de la faim a duré plus d’un mois avant que le PDP ne parvienne à un accord avec le propriétaire des locaux à la suite de l’intervention de la présidence.

Le gouvernement a régulièrement empêché la LDTH de tenir des réunions à son siège à Tunis comme dans ses bureaux régionaux. Le 9 novembre, la police aurait ainsi bloqué la tenue d’une réunion organisée par les membres du comité directeur de cette organisation. Le 10 juin, elle aurait empêché les membres de la section régionale de la LTDH de Kairouan de se rendre au siège régional de l’UGTT où ils comptaient commémorer le trentième anniversaire de la fondation de leur organisation.

Le gouvernement a eu recours à la police et à d’autres forces de sécurité pour surveiller, encadrer et parfois disperser les manifestations. En règle générale, ni la police ni les manifestants n’ont eu recours à la violence ; toutefois, quelques exceptions sont à signaler, comme les échauffourées entre les forces de l’ordre et les manifestants qui essayaient de passer à travers les barrages de police bloquant l’accès à des lieux de manifestations ou qui n’obéissaient pas à l’ordre de la police de se disperser.

En juillet 2006, le gouvernement a interdit la tenue de plusieurs manifestations. Des groupes d’opposition, des ONG des droits de l’homme, l’UGTT et des étudiants avaient demandé l’autorisation d’organiser de multiples manifestations visant à dénoncer les actions d’Israël au Liban. À Sfax, à Gabès et à Kairouan, la police aurait eu recours à la violence pour disperser des manifestations non autorisées qui avaient été organisées pour protester contre le conflit israélo-libanais du mois de juillet 2006. Une seule manifestation, autorisée et organisée par le gouvernement, a pu avoir lieu.

Liberté d’association

La loi garantit la liberté d’association, mais dans la pratique le gouvernement n’a généralement pas respecté ce droit. La loi exige que les nouvelles ONG soumettent au gouvernement une demande d’agrément. Si le gouvernement ne rejette pas la demande dans les 90 jours, l’ONG est automatiquement considérée comme étant agréée. Le gouvernement a régulièrement refusé d’agréer de nouvelles ONG en refusant de leur délivrer un récépissé accusant réception de leur dossier. Sans ce récépissé, les ONG ne peuvent pas démentir les affirmations du gouvernement selon lesquelles elles n’avaient pas déposé de demande d’agrément et ne pouvaient donc pas entrer en activité. Si elles passaient outre, elles pouvaient être fermées, leurs biens saisis et leurs membres poursuivis pour « appartenance à une organisation non reconnue ».

Au cours de l’année, un grand nombre de membres du RCD auraient essayé d’adhérer à des ONG indépendantes dans l’intention manifeste de limiter l’indépendance de ces organismes en se faisant élire aux organes de direction pour en assumer le contrôle ou en perturber le fonctionnement. Dans certains cas, les membres du RCD ont exploité les statuts des ONG ; dans d’autres, ils ont fait jouer une disposition de la loi sur les associations qui oblige les organisations à caractère général à accepter tous les postulants.

Le 17 février, un tribunal a une fois de plus statué que la LTDH ne pouvait pas tenir son congrès national du fait qu’une action en justice avait été intentée par sept de ses adhérents qui seraient solidaires du RCD.

En 2005, le gouvernement a procédé à l’éviction des dirigeants de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), apparemment parce que la présidente à l’époque avait publié un communiqué dans lequel elle proposait de nouvelles initiatives pour la réforme du système judiciaire et faisait état d’irrégularités dans le procès de Mohammed Abbou. En septembre 2006, la nouvelle direction de l’AMT, loyale au RCD, a rédigé une règle interne réduisant le nombre des membres du comité directeur et excluant les membres des bureaux régionaux. Peu de temps auparavant, plusieurs autres membres du comité de direction avaient été transférés de Tunis vers des villes de province, ce qui a été notamment le cas de l’ancienne présidente de l’AMT, selon toute apparence pour mettre fin aux velléités d’indépendance de cette organisation.

c. Liberté de religion

La Constitution protège le libre exercice des cultes, sous réserve qu’il ne trouble pas l’ordre public ; toutefois, le gouvernement a assorti l’exercice de ce droit de certaines restrictions et il aurait commis des abus.

L’islam est la religion d’État, et la loi stipule que le président doit être musulman.

Le gouvernement reconnaît toutes les organisations religieuses chrétiennes et juives créées avant l’indépendance en 1956. Le gouvernement autorise toutes les églises chrétiennes à fonctionner librement, mais seule l’Église catholique est officiellement reconnue par le gouvernement. Ce dernier assimile le bahaïsme à une secte hérétique de l’islam et il n’autorise ses membres à pratiquer leur religion qu’en privé.

Bien qu’il n’y ait pas de loi contre le changement de religion, il y a eu quelques cas où les autorités ont traité de manière discriminatoire des musulmans qui s’étaient convertis à une autre religion, et ce par le recours à des moyens administratifs visant à décourager les conversions. Par exemple, les musulmans qui avaient changé de religion se sont heurtés à l’ostracisme social. Selon le droit coutumier fondé sur la charia, les musulmanes ne sont pas autorisées à se marier en dehors de leur religion. Le gouvernement a obligé des non-musulmans à se convertir à l’islam avant d’épouser une musulmane. Le gouvernement n’a pas autorisé certains couples mariés à faire inscrire leurs enfants sur les registres de l’état civil sous des noms non islamiques.

Le gouvernement interdit le prosélytisme qui cible les musulmans. Les autorités n’ont pas déporté d’étrangers soupçonnés de prosélytisme, mais elles n’ont pas renouvelé le visa de personnes soupçonnées d’être des missionnaires. Comme l’année dernière, il n’a été signalé aucun cas d’action officielle à l’encontre de personnes suspectées de prosélytisme.

L’éducation religieuse islamique est obligatoire dans les écoles publiques du pays. Le programme officiel d’éducation religieuse dans l’enseignement secondaire inclut également l’histoire du judaïsme et du christianisme.

Le gouvernement n’a pas autorisé la formation de partis politiques à caractère religieux et il a invoqué cette interdiction pour continuer à refuser de reconnaître le parti islamiste An-Nahdha et à poursuivre en justice les personnes soupçonnées d’y adhérer en les accusant « d’appartenance à une organisation non reconnue ». Le gouvernement a continué à surveiller étroitement les islamistes et les activités au sein des mosquées.

La loi stipule que seules les personnes nommées par le gouvernement sont autorisées à diriger des activités au sein des mosquées, et c’est le gouvernement qui paie le salaire des imams. Sur ordre du gouvernement, les mosquées doivent être fermées en dehors des heures de prière ou de la tenue de cérémonies religieuses, mariages ou enterrements par exemple. Selon des avocats défenseurs des droits de l’homme, les autorités interrogent les personnes qui prient fréquemment dans les mosquées. Les autorités donnent des instructions aux imams pour qu’ils abordent et soutiennent dans leurs prêches les programmes sociaux et économiques du gouvernement.

Le gouvernement a essayé de réprimer les signes extérieurs de religiosité. Par exemple, les autorités ont déclaré que le hijab était « un habit d’origine étrangère ayant des connotations sectaires » et elles ont cherché à en restreindre le port dans les établissements publics. En septembre 2006, selon des informations de presse, la police a intensifié ses efforts relatifs à l’application des « décrets » circulaires n° 108 et n° 102, respectivement de septembre 1981 et d’octobre 1986, interdisant toutes les tenues sectaires (tel le hijab) dans les bâtiments publics, les établissements scolaires et les universités. Au cours de l’année, des femmes ont été interpellées dans des lieux publics, détenues et sommées d’enlever leur hijab. En octobre 2006, lors d’une réunion de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), ONG loyale au gouvernement, des dirigeantes de l’organisation ont exigé que toutes les femmes présentes enlèvent leur voile, n’hésitant pas à l’occasion à tirailler les foulards des récalcitrantes et à les insulter. Dans plusieurs établissements scolaires, des administrateurs ont infligé des sanctions disciplinaires pour punir les élèves qui portent le voile et ils ont essayé, pour les dissuader de récidiver, de leur faire signer un engagement écrit de renoncer au port du hijab. En décembre 2006, un tribunal de première instance a déclaré la circulaire n° 102 d’octobre 1986 contraire à la Constitution, mais sa décision n’est pas juridiquement contraignante pour le ministère.

Il a été allégué que la police interpellait et harcelait parfois des hommes portant une barbe considérée comme « islamique » et les forçait à se raser. Ces allégations se sont multipliées dans la foulée des opérations sécuritaires menées en décembre 2006 et janvier 2007 contre des terroristes islamistes présumés. Selon des ONG internationales et des organisations nationales de défense des droits de l’homme, ces opérations se sont soldées par l’arrestation de plus d’un millier de jeunes gens accusés de terrorisme. Les groupes de défense des droits de l’homme affirment que dans certains cas, les individus arrêtés avaient été ciblés en raison de leur apparence islamique, de leur fréquentation régulière des mosquées ou d’autres actions liées à la pratique de l’Islam.

Les publications religieuses sont soumises aux mêmes restrictions de liberté d’expression et de presse que les publications laïques. Les groupes chrétiens ont pu diffuser des publications à caractère religieux, mais uniquement lorsqu’elles étaient rédigées en anglais et qu’elles n’étaient pas distribuées en public. Seuls les groupes islamiques autorisés peuvent diffuser de la documentation religieuse. Le gouvernement assimile la diffusion de ce type de documents par d’autres groupes à une action de nature à « troubler l’ordre public ». C’est le gouvernement qui détermine quels citoyens peuvent faire le hadj, le gouvernement de l’Arabie saoudite imposant des quotas nationaux qui fixent le nombre de ressortissants que chaque pays peut envoyer en pèlerinage.

 Abus et discrimination au sein de la société

Les chrétiens et les juifs vivant dans le pays, étrangers y compris, représentent moins de 1 % de la population. Selon les autorités ecclésiastiques, la communauté de chrétiens pratiquants comptait environ deux mille personnes parmi lesquelles quelques centaines de citoyens de naissance qui s’étaient convertis au christianisme. La population juive se chiffrait à environ 1 100 personnes, dont 900 vivaient à Djerba et les autres à Tunis.

Le gouvernement assure la liberté de culte des juifs et des chrétiens qui ne font pas de prosélytisme et il autorise la communauté juive à avoir ses propres écoles religieuses. Quelques chrétiens ont indiqué avoir été victimes de harcèlement administratif sous forme de surveillance et d’interrogatoires. Il a été signalé des cas d’interpellation de chrétiens par la police et les forces de sécurité, qui ont interrogés ces personnes sur leur conversion au christianisme. En 2006, selon certaines allégations, le renouvellement de passeports a pris des retards inhabituels pour certains chrétiens, bien que ces documents aient fini par être délivrés.

Les chefs de la communauté juive ont indiqué que le gouvernement assurait la protection des synagogues, en particulier pendant la période des fêtes juives. Le gouvernement permet aux juifs de pratiquer librement leur culte et il paie le salaire du Grand rabbin. Il participe par des subventions au financement des frais de restauration et d’entretien de synagogues. Le Comité directeur provisoire de la communauté juive se réunit toutes les semaines et il entreprend des activités religieuses et caritatives, bien qu’il ne soit pas encore enregistré de manière permanente. Les enfants juifs de l’île de Djerba ont le droit de partager leurs journées entre l’école publique laïque et une école religieuse privée.

Des caricatures présentant les juifs sous les stéréotypes traditionnels ont été publiées dans certains journaux de grande circulation pour dépeindre l’État d’Israël et les intérêts israéliens. Elles étaient l’œuvre de caricaturistes étrangers et elles ont été reproduites dans le pays.

En mars 2006, selon la presse et des témoins, une centaine d’étudiants de l’université de la Manouba près de Tunis auraient lancé des slogans anti-israéliens et anti-juifs au cours d’une cérémonie organisée en mars pour célébrer le legs de livres de la bibliothèque personnelle de feu Paul Sebag, historien juif tunisien. Après l’incident, le syndicat des étudiants de la Manouba, des journalistes de la presse à grande circulation et la LTDH ont vigoureusement dénoncé le caractère antisémite de la manifestation.

Le gouvernement a encouragé l’enseignement du respect et de la tolérance par le biais d’une série de conférences sur la tolérance religieuse.

Pour des renseignements complémentaires sur ces questions, voir le Rapport 2007 sur la liberté religieuse dans le monde.

d. Liberté de déplacement, personnes déplacées, protection des réfugiés et apatrides

La loi garantit la liberté de déplacement à l’intérieur du pays, les voyages à l’étranger, l’émigration et le rapatriement, et le gouvernement a généralement respecté ces droits dans la pratique ; toutefois, il a refusé de délivrer, de renouveler, de modifier ou d’accepter le passeport de certains dissidents, d’islamistes et de leurs proches. En outre, le gouvernement peut astreindre certains anciens prisonniers à une période de « contrôles administratifs » pouvant aller jusqu’à cinq ans, ce qui revient à imposer un exil interne.

La loi autorise les tribunaux à décider du retrait de passeports ; elle contient de larges dispositions qui permettent de confisquer les passeports pour des raisons de sécurité nationale, sans que les citoyens aient le droit de présenter des arguments contre la confiscation de leur passeport ou de faire appel de la décision du juge. De par la loi, le ministère de l’Intérieur est tenu de présenter ses requêtes de retrait ou de non-délivrance de passeport au tribunal par l’intermédiaire du procureur de la République ; pour autant, le ministère de l’Intérieur déroge souvent à cette procédure, et ce en toute impunité.

En vertu de la Constitution, aucun citoyen ne peut être contraint à l’exil ni se voir interdire le droit de retourner au pays.

Beaucoup de citoyens tunisiens, en particulier des journalistes, ont dit avoir eu des difficultés à faire une demande de passeport ou à faire renouveler leur passeport et ils ont accusé le gouvernement de bloquer leurs demandes uniquement pour des raisons politiques. Des Tunisiens convertis au christianisme ont fait état de retards inexpliqués en ce qui concerne les demandes de passeport ou de renouvellement. Sedki Labidi, ancien dirigeant d’An-Nahdha, est privé de passeport depuis onze ans, et ce en l’absence d’une décision judiciaire.

Les mesures de contrôle administratif, qui s’appliquent dès qu’un prisonnier est remis en liberté, sont apparentées aux mesures de libération conditionnelle, à cette exception près qu’elles peuvent rester en vigueur même une fois que le prisonnier a purgé sa peine. Le gouvernement oblige les personnes visées par ces mesures à rester « dans leur région de résidence », laquelle est choisie par le gouvernement et peut être n’importe où dans le pays. En outre, ces personnes peuvent être tenues de se présenter régulièrement au commissariat, souvent tous les jours et à une heure fixée la veille seulement. Là, elles peuvent attendre des heures avant de pouvoir signer le registre de présence, ce qui fait qu’il leur est impossible d’avoir un emploi normal. De nombreux islamistes libérés de prison ces dernières années sont soumis à ce type de punition.

Selon des ONG internationales et nationales, plusieurs prisonniers libérés le 24 juillet en prévision de la commémoration de la fête nationale du 25 juillet ont été victimes de harcèlement administratif et leurs déplacements ont été restreints. Le 24 août, selon RSF, le gouvernement aurait refusé à Mohammed Abbou, l’un des 21 prisonniers libérés, la permission de quitter le pays. Le 11 novembre, il s’est également vu refuser le droit de se rendre à l’étranger pour assister à une conférence sur les droits de l’homme.

En vertu de la loi, le contrôle administratif ne peut être imposé qu’au moment du prononcé de la peine ; or un ancien professeur de lycée, Nouri Chniti, a dit être soumis à un contrôle administratif depuis 1991, alors que cette mesure n’avait pas été imposée au moment de sa condamnation, l’enseignant ayant été condamné cette année-là à une peine avec sursis pour appartenance au mouvement An-Nahdha. Certains opposants politiques qui étaient partis en exil volontaire à l’étranger n’ont pas pu se procurer de passeport ni le faire renouveler pour rentrer au pays. En 2005, des Tunisiens résidant à l’étranger et qui s’étaient vu refuser un passeport ont créé l’organisation « Tunisiens sans passeport », laquelle, dans ses communiqués, exhorte le gouvernement à délivrer un passeport à tous les citoyens.

Protection des réfugiés

La loi contient des dispositions relatives au droit d’asile ou au statut de réfugié qui sont conformes à la Convention de l’ONU relative au statut des réfugiés (1951) et à son protocole (1967). En règle générale, le gouvernement a coopéré avec le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés et d’autres organisations humanitaires dans le cadre de l’aide accordée aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, venus principalement d’Afrique subsaharienne. Pour autant, il n’a pas établi de système visant à assurer la protection des réfugiés ni des étrangers qui ne répondent pas aux critères établis par la Convention de 1951 et son Protocole de 1967, mais qui auraient besoin d’une forme quelconque de protection internationale. Dans la pratique, le gouvernement n’a pas fourni de protection contre le refoulement, c’est-à-dire le renvoi de personnes dans un pays où l’on a des raisons de penser qu’elles risquent d’être persécutées.


Section 3 Respect des droits politiques : le droit des citoyens de changer leur gouvernement

Le droit des citoyens de changer leur gouvernement est sujet à des limitations considérables. Le président et les membres de la Chambre des députés sont élus au suffrage direct par les citoyens pour un mandat de cinq ans, mais de fréquentes irrégularités ont entaché la légitimité des élections. Le parti au pouvoir est en place depuis l’indépendance du pays, en 1956. Il domine le cabinet et la législature ainsi que les instances gouvernementales régionales et locales.

 Élections et participation politique

Lors des élections nationales de 2004, le président Ben Ali s’est affronté à trois autres candidats en lice et il a été réélu pour un quatrième mandat avec 94,9 % des suffrages exprimés, selon les chiffres officiels. Le troisième candidat de l’opposition, Mohamed Halouani du parti Et-Tajdid, a invoqué les restrictions imposées par le gouvernement et d’autres irrégularités pour expliquer pourquoi il avait obtenu moins de 1 % des voix. D’après les résultats officiels des élections, le taux de participation des électeurs inscrits a dépassé 90 % ; en revanche, des ONG indépendantes le situent aux alentours de 30 %.

Le déroulement du scrutin a été entaché d’irrégularités. Une coalition de trois ONG locales indépendantes – la LTDH, le CNLT et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) — a relevé un certain nombre de problèmes graves, tels que le manque d’accès des candidats de l’opposition aux médias pendant la campagne et le parti-pris des médias en faveur du parti au pouvoir. En outre, les candidats de l’opposition et d’autres observateurs ont fait état d’intimidation des électeurs ainsi que de restrictions imposées à la distribution de prospectus électoraux et à l’organisation de manifestations électorales.

Le Code électoral de 2004 limite considérablement le nombre de personnes présentant les conditions requises pour se porter candidates à la présidence. Pour faire acte de candidature, il faut être musulman et parrainé par trente députés ou présidents de conseils municipaux. La loi stipule que 20 % des sièges de la Chambre des députés doivent revenir aux partis de l’opposition. La dominance exercée par le parti au pouvoir sur les institutions publiques et les activités politiques est telle que toute tentative visant à défier le parti au pouvoir par le biais des urnes manque de crédibilité et ne risque pas d’aboutir.

En 2005, l’Observatoire national des élections, mis en place en 2004 pour observer toutes les étapes des élections de 2004, a remis son rapport dans lequel il conclut que l’opération électorale s’est déroulée de manière équitable et conforme à la loi. Dans son rapport, l’Observatoire évoque les critiques exprimées par l’opposition et les ONG, notamment le fait que des membres des partis d’opposition n’aient pas reçu leur carte d’électeur, l’avantage du parti au pouvoir en matière d’accès aux médias, le manque de transparence dans les bureaux de vote et le secret du dépouillement. Bien qu’ils rejettent ces allégations, les auteurs du rapport émettent douze propositions concrètes visant à remédier à certains problèmes. De l’avis de militants indépendants en faveur des droits de l’homme, le but réel de l’Observatoire était de contrer les critiques concernant l’absence d’observateurs indépendants ou internationaux.

En 2005, le gouvernement a organisé des élections pour choisir les 126 membres de la Chambre des conseillers, la deuxième chambre législative du pays créée en 2002 en vertu d’un amendement à la Constitution. L’électorat se composait de 4 555 officiels, regroupant les conseillers municipaux, leurs adjoints, les maires et les 189 membres de la Chambre des députés. Sur ces 4 555 votants, seuls 305 étaient membres d’un parti d’opposition. L’amendement constitutionnel portant création de la nouvelle chambre stipule que les sièges dont elle dispose doivent être répartis entre diverses organisations régionales et professionnelles, 14 sièges devant notamment être attribués à l’UGTT ; or cette dernière a refusé de nommer des candidats, invoquant le manque d’indépendance et de démocratie qui caractérise le processus de sélection des candidats. Quarante et un membres sont nommés directement par le Président. La plupart des membres de la nouvelle chambre sont des adhérents ou des sympathisants du parti au pouvoir, le RCD.

Le Président nomme le premier ministre, les membres du cabinet et les vingt-quatre gouverneurs du pays. On note une forte intégration entre le gouvernement et le parti ; tous ceux qui occupent ou ont occupé un poste de haut niveau au gouvernement occupent les échelons supérieurs de la hiérarchie du RCD. Le Président de la République est aussi le président du parti, et le vice-président et le secrétaire général du parti ont rang de ministre. Tous les membres du bureau politique du RCD ont rang de ministre, compte tenu de leurs états de service, passés ou actuels, dans la fonction publique.

L’adhésion au RCD confère des avantages tangibles. Par exemple, on entend très souvent dire que les membres du parti et leur famille sont les mieux lotis en matière d’éducation et de logement, d’attribution de permis concernant les entreprises et de dérogations à la réglementation en matière de zonage.
 
Pour compenser les avantages dont jouit le parti au pouvoir, le Code électoral stipule que 20 % des sièges de la Chambre des députés (soit 37 sur 189) doivent être occupés par les sept partis d’opposition officiellement reconnus, ces sièges devant être attribués proportionnellement aux partis qui ont obtenu au moins un siège au scrutin direct. Lors des élections de 2004, cinq des partis d’opposition ont obtenu des sièges en vertu de cette disposition. Les 152 sièges restants sont revenus au RCD.

En mars 2006, les autorités ont autorisé l’établissement du Parti vert pour le progrès (PVP), premier  parti politique à être créé depuis 2002. Le gouvernement a refusé de reconnaître le parti écologique « Tunisie verte », bien que ce dernier ait soumis depuis longtemps une demande de reconnaissance officielle.

Le gouvernement finance partiellement les partis politiques reconnus. Il a relevé le montant de la contribution publique aux coûts de fonctionnement des partis politiques d’opposition, qui a été porté à 75 000 dinars (61 500 dollars) par an. En outre, les partis d’opposition représentés à la Chambre touchent une somme supplémentaire de 7 500 dinars (6 150 dollars) par siège. Ceux qui publient aussi un journal bénéficient d’aides supplémentaires. Le 22 novembre, le président Ben Ali a signé une loi fixant à 240 000 dinars (196 930 dollars) la subvention annuelle octroyée par le gouvernement aux partis politiques qui publient un quotidien ou un hebdomadaire. Ceux qui publient un mensuel ont droit à 60 000 dinars (50 000 dollars). Le journal du parti d’opposition du PDP, al-Mawqif, n’a rien touché puisque ce parti n’était pas représenté à la Chambre.

En application de la loi, le gouvernement interdit l’établissement de partis politiques sur la base de la religion, de la langue, de la race ou du sexe.

On note la présence de 50 femmes parmi les 301 membres de la législature, de 2 femmes parmi les 25 ministres et de 5 femmes parmi les 18 secrétaires d’État (membres « juniors » du cabinet). À la suite des municipales de 2005, plus du quart des conseillers municipaux élus sont des femmes. Trois femmes ont été présidentes d’une chambre de la Cour de cassation, et deux ont siégé au Conseil supérieur de la magistrature, qui se compose de 15 membres.

 Corruption et transparence dans les activités gouvernementales

Selon les indicateurs mondiaux de la gouvernance publiés par la Banque mondiale, la corruption des agents publics pose problème. Treize articles du code pénal traitent de ce sujet, et les autorités poursuivent régulièrement des contrevenants en justice.

Le 31 mai, un tribunal de Tunis a condamné à quatre ans de prison deux fonctionnaires impliqués dans une affaire de corruption. L’un d’eux, qui travaillait à l’aéroport de Tunis, a touché 1 500 dinars (1 235 dollars) pour avoir aidé l’autre à se rendre de Tunis à Marseille avec un faux passeport.

Le 21 novembre, la police a arrêté un fonctionnaire du Centre national pédagogique pour corruption et détournement de devises étrangères. À la fin de l’année, le tribunal de Tunis n’avait pas encore rendu son verdict.

En juillet 2006, un journal a rapporté que la Garde nationale avait arrêté un contrôleur régional des impôts soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin de certains commerçants et l’avait remis à la justice pour poursuites judiciaires. Ce fonctionnaire, dont l’identité n’a pas été révélée, n’a pas été condamné, mais il est en détention.
 
La Haute Institution des forces de sécurité et de douane a pour mission non seulement de veiller au respect des droits de l’homme et d’améliorer l’application de la loi, mais aussi de réduire la corruption. Il n’y a eu aucun rapport public sur ses activités au cours de l’année. Il n’existe aucune loi qui permette aux citoyens d’avoir accès à des documents du gouvernement. Les fonctionnaires ne sont pas soumis à l’obligation de divulguer les informations financières les concernant.


Section 4 Attitude du gouvernement concernant les enquêtes internationales et non gouvernementales sur les allégations de violations des droits de l’homme

Le ministère de la Justice et des Droits de l’homme est le principal organisme gouvernemental chargé des questions relatives aux droits de la personne, mais d’autres ministères se sont eux aussi dotés de bureaux en la matière. Le ministère n’a publié aucun rapport concernant les plaintes qu’il aurait reçues ou les cas sur lesquels il aurait enquêté. Le Comité supérieur des droits de l’homme et des libertés fondamentales, organisme créé et financé par le gouvernement, a reçu, pris en charge et parfois résolu des plaintes de violations des droits de l’homme, qu’il s’agisse des conditions d’emprisonnement, des demandes d’amnistie déposées par les familles de prisonniers ou d’autres questions connexes. Le Comité soumet ses rapports, qui sont confidentiels, au président lui-même. Le gouvernement gère plusieurs sites web d’information qui contiennent une section sur les droits de l’homme, mais ces sites ne sont pas identifiés comme étant des sites officiels du gouvernement. Par ailleurs, le gouvernement a continué à bloquer l’accès aux sites d’organisations nationales des droits de l’homme et, dans certains cas, à ceux d’organisations internationales.

Le gouvernement s’est attaché à dissuader les organisations nationales et internationales des droits de l’homme d’enquêter sur les allégations de violations ; en règle générale, ces organisations ont pu mener leurs enquêtes et publier leurs conclusions, mais non sans mal. Le gouvernement a cherché à surveiller et à limiter les activités de certaines ONG étrangères à l’œuvre dans le pays. On a dénombré une dizaine d’ONG nationales de défense des droits de l’homme, la moitié d’entre elles seulement étant officiellement reconnues. Certaines ONG progouvernementales ont reçu des fonds publics. Le gouvernement a eu des contacts avec des ONG locales officiellement reconnues et, de temps à autre, a donné une suite favorable à leurs requêtes ; en revanche, il s’en est pris à certaines personnes, qu’il a harcelées et poursuivies en justice.
 
Le 7 décembre, selon HRW, la police a appréhendé Samir Ben Amor, cofondateur de l’AISPP et membre de son comité directeur. Selon HRW, elle lui aurait dit, avant de le relâcher, qu’il devait cesser ses activités en rapport avec l’AISPP. Le gouvernement refuse d’enregistrer cette association depuis qu’elle a été créée, en 2002.

Le gouvernement a invoqué une décision judiciaire selon laquelle la LTDH n’était pas autorisée à tenir son Congrès national pour empêcher cette dernière, tout au long de l’année, d’organiser des réunions et d’autres activités. La LDTH, qui dispose de 41 sections réparties sur l’ensemble du territoire, a toujours été l’une des organisations militantes indépendantes parmi les plus actives du pays, même si le blocage imposé par le gouvernement a réduit son efficacité opérationnelle. La Ligue a reçu des plaintes d’atteintes aux droits, a mené des enquêtes et a dénoncé les violations constatées, mais le gouvernement a rarement réagi à ses communiqués. Le gouvernement a continué à bloquer un don octroyé à la LDTH par l’Union Européenne, se retranchant derrière une loi sur les ONG qui empêche celles-ci de recevoir des fonds sans l’autorisation du gouvernement. En octobre 2006, le gouvernement a informé officiellement toutes les missions diplomatiques présentes à Tunis que la LTDH était sous le coup d’une décision judiciaire de 2001  « lui interdisant toute activité ». Pour autant, cela n’a pas empêché la LTDH de mener des activités un peu partout dans le pays depuis 2001.

Depuis 1998, le gouvernement refuse d’autoriser l’enregistrement du CNLT en tant qu’ONG.  Ce dernier a publié des communiqués dans lesquels il critique vivement les pratiques du gouvernement en matière de droits de l’homme. De son côté, le gouvernement a accusé les membres du Conseil de contrevenir à la réglementation sur les publications pour avoir publié des communiqués sans l’autorisation préalable des autorités.

Le 18 mai, l’Association mondiale des journaux a rapporté qu’entre une trentaine et une soixantaine de policiers en civil avaient bloqué l’entrée des bureaux du journal électronique Kalima. Cette barricade avait été mise en place après que des représentants de la publication s’étaient entretenus avec des membres de deux ONG internationales, à savoir Frontline International et Human Rights First ; l’accès a été bloqué pendant plus de six semaines.

Le 15 juin, la police aurait soumis à un interrogatoire le président de la section tunisienne d’Amnesty International au sujet de la constitution d’une coalition contre la peine de mort, annoncée la veille. La police aurait qualifié d’ « illégale » cette démarche d’Amnesty International.

En avril 2006, le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (IFEX-TMG), coalition d’ONG internationales qui œuvrent en faveur des droits de l’homme et de la liberté d’expression, a mené des enquêtes sur le terrain. L’IFEX-TMG a dit avoir fait l’objet d’une surveillance policière étroite et a déploré l’ingérence du gouvernement dans sa mission. La police a empêché les traducteurs et les simples citoyens qui se déplaçaient avec le groupe de participer à certaines réunions.

En mai 2006, Yves Steiner, membre du comité exécutif de la section suisse d’Amnesty International, en visite dans le pays, a été arrêté et expulsé. Selon AI, il aurait prononcé un discours ce mois-là devant les membres d’une section locale d’AI dans lequel il condamnait les violations des droits de l’homme de plus en plus nombreuses dans le pays, notamment les atteintes à la liberté d’expression et d’association. Selon des médias internationaux citant une source proche du gouvernement, Yves Steiner aurait constitué une menace à l’ordre public.

Selon des informations dignes de foi, la police aurait empêché certains parents de prisonniers de se rendre dans les bureaux du CICR et aurait surveillé et parfois harcelé les familles qui consultaient cette organisation.

Section 5 Discrimination, abus au sein de la société et trafic d’êtres humains

La loi stipule que tous les citoyens sont égaux devant la loi, et le gouvernement a généralement respecté ce principe, encore que les dispositions sexospécifiques du code civil pénalisent les femmes en matière d’héritage et de droit de la famille.

Les femmes

Le code pénal prohibe expressément le viol, y compris entre époux, et le gouvernement a vigoureusement appliqué les lois en la matière, les cas de viol recevant une large couverture médiatique ; toutefois, il n’a été signalé aucun cas de poursuites judiciaires pour viol conjugal. Le viol accompagné de violence ou commis sous la menace d’une arme est puni par la peine capitale ; toute autre forme de viol est punie par la réclusion à perpétuité.

Les lois qui répriment les violences intrafamiliales punissent les agressions commises par un conjoint ou un autre membre de la famille par des amendes et des peines de prison qui sont le double de celles infligées aux agresseurs non apparentés à leurs victimes ; cependant, l’application de la loi n’est pas systématique car la police et les tribunaux considèrent généralement que la violence au foyer est une affaire de famille.

La violence contre les femmes, y compris aux mains d’un conjoint, est une réalité, mais l’absence de statistiques empêche de mesurer l’ampleur de ce phénomène. L’UNFT, organisme sous le parrainage du gouvernement qui gère un centre d’accueil à l’intention des femmes et des enfants en détresse, a organisé des campagnes nationales de sensibilisation.

La prostitution est prohibée par le Code pénal, mais les infractions se soldent rarement par des condamnations judiciaires. On a noté la présence de maisons closes sanctionnées par les autorités, et ce bien que la prostitution soit punie de peines de prison pouvant atteindre deux ans. La loi s’applique aux femmes aussi bien qu’aux hommes et à leurs complices. Il n’a été signalé aucun cas de traite ou de prostitution forcée impliquant des femmes.

Le harcèlement sexuel a posé problème, encore que l’étendue du phénomène soit impossible à mesurer du fait de l’absence de données détaillées. Des groupes de la société civile ont critiqué la loi qui criminalise le harcèlement sexuel, la jugeant trop vague et ouverte aux abus. 

Les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes, et le gouvernement s’est employé à promouvoir ces droits, particulièrement ceux qui ont trait au divorce et à la propriété. La loi stipule explicitement qu’à tout travail égal doit correspondre un salaire égal. Il n’y a pas de statistiques sur les salaires moyens des deux sexes, mais des données anecdotiques indiquent que les femmes et les hommes touchent le même salaire quand ils effectuent le même travail. Le nombre de femmes inscrites dans des établissements d’enseignement supérieur dépasse légèrement celui des hommes.

En janvier, une nouvelle loi a donné à certaines catégories de fonctionnaires de sexe féminin la possibilité de travailler à temps partiel et de toucher les deux tiers de leur salaire. Selon le gouvernement, cette loi visait à répondre au désir exprimé par les femmes de concilier vie familiale et vie professionnelle. Pour les militantes féministes, dont l’ATFD, le fait d’établir une distinction juridique entre les femmes et les hommes fait faire un grand bond en arrière aux droits de la femme sur le lieu de travail.

Les femmes occupent des postes de haut rang dans le gouvernement, parmi les ministres et les secrétaires d’État, et le président Ben Ali a nommé la première femme gouverneur en 2004. Les femmes représentaient 37 % des effectifs de la fonction publique et 24 % des juristes. Pour autant, elles ont continué à se heurter à la discrimination sociale et économique.

Le droit civil se fonde sur le Code napoléonien, encore que les juges appliquent souvent la charia dans les affaires de famille et d’héritage. La plupart des biens acquis après le mariage, y compris ceux qui sont acquis exclusivement par la femme, sont enregistrés sous le nom du mari. À la signature du contrat de mariage, les futurs époux ont le choix entre le régime matrimonial de la communauté ou celui de la séparation des biens et des acquêts. Le droit coutumier basé sur la charia interdit aux musulmanes d’épouser un non-musulman. L’application de la charia en matière d’héritage demeure une source de discrimination contre les femmes, et l’on constate l’existence d’un système de deux poids, deux mesures, en fonction du sexe et de la religion : en effet, une femme qui n’est pas musulmane et son époux musulman ne peuvent pas hériter l’un de l’autre. Les enfants nés de tels couples sont considérés comme musulmans et ils ne peuvent pas hériter de leur mère. La nationalité se transmet par la mère, quelle que soit la nationalité du père.

Le ministère des Affaires de la femme, de la famille, de l’enfance et des personnes âgées a parrainé plusieurs campagnes médiatiques visant à sensibiliser l’opinion aux droits de la femme. Le gouvernement soutient et finance l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) et les associations professionnelles de femmes. Plusieurs ONG se sont concentrées sur la défense des droits de la femme et sur la recherche relative à la condition féminine, et un certain nombre de procès en matière d’affaires familiales ont été intentés par des femmes.

Les enfants

Le gouvernement a fait preuve d’un ferme attachement à l’enseignement public gratuit et universel, lequel est obligatoire de 6 à 16 ans. Selon l’UNICEF, 95 % des garçons et 93 % des filles étaient scolarisés dans l’enseignement primaire, et environ 73 % et 76 % respectivement dans le secondaire. Les statistiques officielles, en revanche, situent le taux de scolarisation aux alentours de 99 %. Durant l’année, le taux de réussite au baccalauréat était plus élevé pour les filles que pour les garçons. Il existe également des établissements d’enseignement pour certains groupes religieux.

En ce qui concerne l’accès aux soins médicaux, il n’y a pas de différence entre les garçons et les filles. Le gouvernement a parrainé un programme de vaccinations ciblant les enfants d’âge préscolaire et il a fait état d’un taux de vaccination supérieur à 95 %.

La loi réprime sévèrement l’abandon de mineurs et les voies de fait à leur encontre. Aucune tendance de maltraitance des enfants n’a été observée dans la société.

Le problème du travail des enfants et de la prostitution enfantine ne s’est pas posé de manière importante. Le MAFFEPA et le ministère de la Jeunesse, de l’Enfance et des Sports se partagent la responsabilité de la protection des droits des enfants. Ils sont l’un et l’autre secondés dans cette tâche par un secrétariat d’état qui leur est attaché.

 Trafic de personnes

La loi n’interdit pas toutes les formes de trafic de personnes, mais le code pénal réprime la prostitution forcée. Il n’a été signalé aucun trafic de personnes en direction de la Tunisie, à partir de ce pays ni à l’intérieur du territoire.

En 2004, la législature a adopté des amendements à la loi de 1975 relative aux passeports et aux documents de voyage. Les nouvelles dispositions punissent « quiconque aura renseigné, conçu, facilité, aidé ou se sera entremis ou aura organisé par un quelconque moyen, même à titre bénévole, l'entrée ou la sortie clandestine d'une personne du territoire tunisien, par voie terrestre, maritime ou aérienne ». Les infractions sont assorties de peines d’emprisonnement allant de 3 ans à 20 ans ainsi que d’amendes comprises entre 80 000 dinars et 100 000 dinars (65 650 dollars et 82 000 dollars). Ces amendements sont venus compléter la ratification par la Tunisie du Protocole des Nations Unies visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes. Les trafiquants peuvent être poursuivis pour infractions aux lois qui interdisent le travail forcé, la prostitution forcée, la participation forcée à un conflit armé et le déplacement forcé de personnes. De même, toute autre forme de servitude est illégale.

C’est au ministère de l’Intérieur et du Développement local ainsi qu’au ministère des Affaires Sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger qu’il incombe de réprimer la traite des personnes. Le gouvernement n’a pas organisé de campagnes visant spécifiquement à prévenir ce trafic, mais il a œuvré en étroite collaboration avec ses voisins européens pour contrer les activités de contrebande, dans lesquelles peut s’insérer le trafic de personnes. Toutefois, le gouvernement n’a pas de mécanisme en place qui lui permette d’établir une distinction entre les victimes de la traite et les candidats volontaires à la migration illégale.

Les handicapés

La loi interdit la discrimination contre les personnes atteintes de handicaps physiques ou intellectuels et elle stipule qu’un pour cent au moins des emplois des secteurs public et privé doivent leur être réservés ; pour autant, selon les responsables d’ONG dédiées à l’assistance aux handicapés, cette loi ne serait pas suffisamment respectée et beaucoup d’employeurs en ignoreraient même l’existence. Il n’y a pas eu de cas majeurs de discrimination à l’encontre des handicapés en matière d’emploi, d’éducation, d’accès aux soins de santé ou autres services publics. Tous les bâtiments publics construits depuis 1991 doivent être accessibles aux insuffisants moteurs, et cette consigne est respectée. Le gouvernement délivre des cartes d’invalidité qui confèrent certains avantages à leur titulaire, dont le droit de stationnement illimité, la priorité en matière de soins médicaux, des places réservées dans les transports publics et l’obtention de remises dans les magasins. Le gouvernement accorde des avantages fiscaux aux entreprises qui embauchent des handicapés moteurs, de même qu’il appuie généreusement les ONG qui œuvrent en faveur des handicapés.

Plusieurs ONG répondent aux besoins des enfants et des jeunes adultes atteints de déficits intellectuels en matière d’éducation, de formation et de loisirs. Le gouvernement et diverses organisations internationales ont financé plusieurs de leurs programmes. C’est au ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger qu’il appartient de protéger les droits des handicapés.


Section 6 Droits des travailleurs

a. Droit d’association

La loi reconnaît aux travailleurs le droit de s’organiser et de former des syndicats, et le gouvernement a généralement respecté ce droit dans la pratique. L’UGTT est la seule centrale syndicale du pays. Le Syndicat des journalistes tunisiens est une organisation indépendante et non reconnue. Environ 30 % des travailleurs – fonctionnaires et employés d’entreprises publiques y compris – adhèrent à l’UGTT, et une proportion encore bien plus importante des travailleurs est couverte par des conventions collectives. Les syndicats ne peuvent être dissous que par décision judiciaire.

D’un point de vue juridique, l’UGTT et les syndicats qui la constituent sont indépendants du gouvernement et du parti au pouvoir ; toutefois, ils sont soumis à une réglementation qui limite leur liberté d’action. Les adhérents à l’UGTT sont issus de toutes les tendances politiques. Celle-ci tire ses revenus des modestes cotisations de ses membres et des activités d’une compagnie d’assurance et d’un hôtel dont elle est propriétaire ; elle touche en outre un certain pourcentage des cotisations annuelles qui sont versées à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le gouvernement a fait don à l’UGTT d’un terrain et de subventions pour la construction de son nouveau siège. En règle générale, la direction de l’UGTT poursuit une politique de coopération avec le gouvernement pour ce qui touche à son programme de réformes économiques. Son conseil national a pris des positions indépendantes sur les questions économiques et sociales et en faveur du développement de la démocratie dans le pays. En 2005, l’UGTT a refusé de désigner des candidats aux quatorze sièges qui lui ont été attribués au sein de la Chambre des conseillers qui venait d’être créée, invoquant le manque d’indépendance et de démocratie de la procédure de sélection et la répartition inéquitable des sièges. Elle a apporté son soutien à la LTDH et a mis ses locaux à la disposition des bureaux régionaux de la Ligue pour que cette dernière y tienne des conférences et des réunions.

La loi interdit toute discrimination par les employeurs à l’encontre des travailleurs syndiqués ; pour autant, l’UGTT a fait état de mesures antisyndicales prises dans le secteur privé, tels que le licenciement de délégués syndicaux et l’embauche d’intérimaires, qui ne peuvent pas se syndiquer. Dans certains secteurs, dont le textile, l’hôtellerie et le bâtiment, les intérimaires forment la plus grande partie de la main-d’œuvre. Le Code du travail protège cette catégorie de travailleurs, mais les lois pertinentes sont plus difficiles à appliquer que celles qui visent les autres salariés. Une commission présidée par un responsable de l’Inspection du travail doit approuver tous les licenciements. Cette commission se compose de représentants du ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger, de l’UGTT et de l’employeur.

b. Droit au syndicalisme et à la négociation collective

La loi garantit le droit au syndicalisme et à la négociation collective, et le gouvernement a respecté ce principe dans la pratique. Les salaires et les conditions de travail font l’objet de négociations triennales entre les syndicats membres de l’UGTT, le gouvernement et le patronat. De nombreuses conventions collectives fixent les normes du travail dans le secteur privé, dont elles couvrent 80 % de la main-d’œuvre.

Le droit de grève est reconnu à tous les syndicats, y compris à ceux de la fonction publique, à condition que toute décision de grève soit précédée d’un préavis de dix jours adressé à l’UGTT et approuvée par cette dernière. La Confédération syndicale internationale (CSI) a dénoncé l’exigence de l’aval de l’UGTT qu’elle assimile à une violation des droits des travailleurs, mais dans la pratique l’approbation de l’UGTT est rarement sollicitée. La loi interdit les représailles contre les grévistes, et le gouvernement a généralement respecté cette disposition. Les conflits du travail sont résolus par des commissions de conciliation composées d’une façon paritaire de représentants des travailleurs et du patronat. En cas d’échec de la conciliation, des commissions régionales d’arbitrage tripartites prennent la relève.

Les zones franches industrielles sont soumises à la législation du travail.

c. Interdiction du travail forcé ou obligatoire

La loi interdit le travail forcé ou obligatoire, y compris celui des enfants, et il n’a été signalé aucun cas d’infraction à cette loi. Toutefois, certaines familles ont placé leurs filles adolescentes comme domestiques et ont touché leur salaire.

d. Interdiction du travail des enfants et âge minimum d’admission à l’emploi

La loi interdit l’embauche des moins de 18 ans dans tous les types d’emplois susceptibles de présenter des dangers graves pour la santé, la sécurité et la moralité des enfants. L’UGTT et la CNSS ont effectué des visites d’usines et des sites industriels pour vérifier l’application de la loi.

La loi interdit le travail des enfants de moins de 16 ans, soit l’âge de fin de scolarité obligatoire, et des inspecteurs du ministère des Affaires Sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger ont contrôlé les registres tenus par les employeurs pour s’assurer du respect de cette interdiction. Toutefois, il n’a été signalé aucun cas de sanctions infligées à des contrevenants. L’emploi d’enfants est aussi une réalité dans le secteur non structuré, où il est présenté comme une forme d’apprentissage, en particulier dans l’artisanat.

L’âge d’admission des enfants au travail léger dans les secteurs non industriel et agricole, en dehors des heures de classe, est fixé à 13 ans. Les travailleurs âgés de 14 à 18 ans doivent avoir douze heures de repos par jour, lesquelles doivent être comprises entre 22 heures et 6 heures. Dans les secteurs non agricoles, les enfants âgés de 14 à 16 ans ne peuvent pas travailler plus de deux heures par jour. La durée totale passée par les enfants à l’école et au travail ne peut pas dépasser sept heures par jour. Pour autant, de jeunes enfants effectuent parfois des travaux agricoles ou travaillent comme vendeurs de rue en milieu urbain, essentiellement durant les vacances scolaires d’été.

e. Conditions de travail acceptables

Le Code du travail impose un salaire minimum garanti dans divers secteurs. En août, le gouvernement a porté le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 240 dinars (200 dollars) par mois pour une semaine de travail de 48 heures et à 208 dinars (173 dollars) celui d’une semaine de travail de 40 heures. Dans le secteur agricole, le salaire minimum garanti était de 7,84 dinars (6,53 dollars) pour les ouvriers agricoles spécialisés. Lorsqu’on lui ajoute l’indemnité de transport et les allocations familiales, le salaire minimum permet à un travailleur et à sa famille d’avoir un niveau de vie acceptable, mais qui couvre seulement les dépenses essentielles. Plus de 500 000 personnes travaillent dans le secteur non structuré, secteur auquel la législation du travail ne s’applique pas.

Les inspecteurs régionaux du travail veillent à l’application de la loi relative au salaire horaire. Ils contrôlent la plupart des entreprises environ une fois tous les deux ans. Le gouvernement a souvent du mal à faire respecter l’âge minimum d’admission à l’emploi, en particulier dans les secteurs non syndiqués de l’économie. Le Code du travail impose un régime uniforme de 48 heures de travail par semaine dans la plupart des secteurs et exige une période de repos de 24 heures par semaine.

Les emplois dangereux, par exemple dans l’industrie minière, le génie pétrolier et le bâtiment, font l’objet d’une réglementation spéciale, et le Ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger est responsable de l’application des normes relatives à la santé et à la sécurité sur le lieu de travail. Dans l’ensemble, les conditions et les normes de travail sont meilleures dans les entreprises à vocation exportatrice que dans celles qui produisent exclusivement pour le marché intérieur. Les salariés ont le droit de refuser de travailler dans des conditions dangereuses et ils peuvent porter plainte contre leur employeur qui prendrait des mesures de représailles à leur encontre pour avoir exercé ce droit.

ps:


En 2009 année des élections organisées à ses mesure par le tyran BEN ALI? les choses se sont encore aggravées d'une façon dramatique, pour preuve le nombre de tunisiens qui fuient la TUNISIE au péril de leur vie.La mort par étouffement de la société civile et de l'opposition démocratique, la mise au pas totale par la violonce de toute pensée ou initiative hors du cadre du parti unique et des mises en scène du régime dictatorial.

 

 
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21 avril 2009 2 21 /04 /avril /2009 11:04
Les fonds spéculatifs s’attaquent à l’agriculture

par Nadia Djabali


 

Après avoir provoqué la crise financière, les fonds spéculatifs commencent à s’intéresser au foncier. Du Brésil à l’Indonésie, de Madagascar à l’Ukraine, ils accaparent des millions d’hectares, aux côtés de multinationales ou d’États fortunés en manque de terrains à cultiver. La course à l’accaparement des terres semble lancée. Les petits paysans expropriés et les communautés autochtones réprimées sont les premiers à en subir les conséquences. Et demain ?

Un nouveau problème alarme les organisations paysannes et non gouvernementales : la course à l’acquisition de vastes surfaces de terres cultivables lancée par des États, des multinationales et, depuis quelques mois, des fonds spéculatifs. L’ONG Grain (pour Genetic Resources Action International), basée à Barcelone, a ainsi mis en place une veille mondiale quotidienne et un blog recensant les articles de presse publiés sur ce sujet.

Rentabilité de 400%

Des millions d’hectares sont actuellement achetés ou loués dans les pays pauvres par des gouvernements, des multinationales et des investisseurs privés. Conséquence de ce vaste mouvement : les terres fertiles sont privatisées et concentrées au main d’un seul propriétaire, avec à la clé l’expulsion des petits exploitants agricoles et la disparition de leurs moyens de subsistance. L’heure est grave, surtout lorsque l’on sait qu’au niveau mondial, la faim est la principale cause de mortalité et qu’elle est liée principalement aux difficultés d’accès à la terre. Mi-septembre 2008, le directeur général de la FAO, le Sénégalais Jacques Diouf a annoncé que 920 millions de personnes souffraient de la faim contre 850 millions avant la flambée des prix. 70% sont des paysans. Dans le même temps, l’aide alimentaire internationale est tombée en 2008 à son niveau le plus bas depuis 40 ans.

Gouvernements, grandes entreprises et fonds spéculatifs n’ont pas les mêmes objectifs. Les premiers - Chine, Corée du Sud, Japon, Inde, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, pour les principaux - souhaitent assurer une sécurité alimentaire pour leur population en se lançant dans la production céréalière et de viande plutôt que de recourir aux importations dépendantes des fluctuations des cours mondiaux. Les multinationales et les fonds spéculatifs, crise financière aidant, ont déserté les marchés dérivés pour se tourner vers ce nouvel eldorado. « Dans de nombreux endroits du monde, les prix alimentaires sont élevés et les prix des terres faibles, explique l’ONG Grain. On peut donc clairement gagner de l’argent en prenant le contrôle des meilleurs sols, proches des ressources en eaux. » L’horizon de placement est de 10 ans en moyenne avec bien sûr l’obligation d’exploiter les terres et de construire les silos et les routes nécessaires à l’exportation des récoltes. Les retours sur investissements sont évalués entre 10 et 40 % par an pour les fermes situées en Europe et peuvent atteindre 400 % en Afrique. Ce sont les gouvernements qui, dans un premier temps, négocient les accords de « coopération agricole » avec les pays pourvoyeurs de terres. C’est le secteur privé qui sera chargé de leur mise en œuvre.

Pétrole contre nourriture

La Chine a ainsi acquis 2,1 millions d’hectares (soit l’équivalent de la Slovénie) en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Australie. L’empire du Milieu voit ses surfaces agricoles disparaître à mesure que l’industrie gagne du terrain et sollicite de plus en plus de ressources en eau. Avec des réserves de devises estimées à 1800 milliards de dollars, la Chine a suffisamment d’argent pour honorer la trentaine d’accords de coopération agricole conclus ces dernières années. Du Kazakhstan au Queensland (Australie) et du Mozambique aux Philippines, les entreprises chinoises cultivent riz, soja, maïs, canne à sucre, manioc, sorgho, en échange de technologies, de formation et de fonds de développement d’infrastructures.

Les monarchies du golfe possèdent désormais environ 3 millions d’hectares au Soudan, au Pakistan ou en Indonésie. Suite à l’augmentation des prix alimentaires sur le marché mondial et à la chute du dollar, les pays du Golfe persique ont vu, en cinq ans, la facture de leurs importations bondir de 8 à 20 milliards de dollars. L’Arabie Saoudite a annoncé le 23 février dernier vouloir investir en Afrique du Sud et aux Philippines pour cultiver bananes, mangues, ananas, riz, maïs et viande bovine. Toutes ces denrées seraient destinées au marché saoudien. Israël prépare une visite officielle le 16 mars au Cambodge. « Je pense qu’ils cherchent des terres arables pour faire pousser du riz et des légumes », a commenté Nguon Meng Tech, le directeur général de la chambre de commerce cambodgienne.

Gentlemen farmers ?

Côté entreprises et fonds spéculatifs, l’acquisition de propriétés est une nouveauté. Cette évolution date de quelques mois, lorsque les marchés financiers se sont effondrés. La Deutsche Bank et Goldman Sachs possèdent des fermes et des usines de viande en Chine. La banque d’investissement Morgan Stanley est propriétaire de 40 000 hectares en Ukraine, grenier à blé de l’Europe. Le fonds spéculatif russe Renaissance Capital possède 300 000 hectares, toujours en Ukraine. L’entreprise lituanienne Agrowill, les Suédois Alpcot Agro et Black Earth Farming investissent massivement en Russie. Le fonds d’investissement américain Black Rock vient d’annoncer la constitution d’un fonds spéculatif agricole de 300 millions de dollars, dont 30 millions sont dédiés à des acquisitions de terre. Le britannique Dexio Capital souhaite acheter 1,2 million d’hectares de steppes russes. La société française Louis Dreyfus Commodities qui possède 60 000 hectare au Brésil est actuellement intéressée par l’achat ou la location de terres au Nigeria et en Afrique subsaharienne. La carte de ces récentes acquisitions a été dressée par l’ONG Grain :

« La terre est devenue une ressource rare. Le changement climatique entraîne une désertification à un rythme accéléré. Des centaines de milliers d’hectares de terres arables vont disparaître dans les prochaines années, expliquait au quotidien en ligne Mediapart, Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation. D’autre part, la terre cultivée est épuisée, conséquence d’une agriculture intensive et d’un recours systématique aux engrais chimiques. Parallèlement, la demande de matières premières agricoles progresse, en raison de l’accroissement de la population mondiale, mais aussi de la modification des habitudes alimentaires. » Ce qui est rare étant cher, cela se traduit pour les prévisionnistes des marchés par une augmentation des prix des denrées, par un fructueux placement et par une pression accentuée pour obtenir plus de terres agricoles.

Manne financière pour les pays du Sud ?

Les gouvernements pourvoyeurs de terre voient ce phénomène d’un très bon œil. Ils défendent ces projets en expliquant à leur population que cette manne financière permettra la construction de routes et d’infrastructures. La plupart des accords de coopération comprennent aussi des programmes de recherche en vue d’améliorer les rendements agricoles. Dans un contexte de crise alimentaire mondiale, la rhétorique utilisée est celle du « gagnant-gagnant » qui valorise les politiques de développement. Or, ici, il ne s’agit ni de développement rural ni de souveraineté alimentaire mais de développement agro-industriel. Selon Grain, celui-ci « a engendré pauvreté et destruction de l’environnement et a exacerbé la perte de la biodiversité, la pollution par les produits chimiques agricoles et une contamination des cultures par les organismes génétiquement modifiés ».

Les mauvaises nouvelles n’arrivant jamais seules, la Banque mondiale et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) regardent le mouvement avec beaucoup d’intérêt et conseillent aux gouvernements de modifier leur législation foncière pour que les investisseurs étrangers puissent acquérir des terres plus facilement. Pourtant, de nombreux pays cibles sont, à l’instar du Kenya, de la Tanzanie ou de Madagascar, importateurs nets de denrées alimentaires. « Le Cambodge qui loue pour 600 millions de dollars au Qatar et au Koweït a bénéficié du Programme alimentaire mondial de 35 millions de dollars pour soulager la famine », assène Grain.

4% des propriétaires possèdent la moitié des terres

À Madagascar, 600 000 personnes dépendent de l’aide alimentaire. Les récentes émeutes qui ont embrasé l’île ont été déclenchées par l’annonce de la location de 1,3 million d’hectares - la superficie de l’Ile-de-France - pendant 99 ans par l’entreprise Sud-Coréenne Daewoo Logistics qui souhaitait y produire 4 millions de tonnes de maïs et 5 millions de tonnes d’huile de palme par an pour le marché sud-coréen. Pour l’heure, Daewoo a suspendu ses pourparlers avec le gouvernement et ses négociateurs sont partis sans laisser d’adresse. Pour combien de temps ?

L’affaire pose le problème de la propriété de la terre. Dans de nombreux pays africains, et même sud-américains, les titres de propriété n’existent pas |1|. Les exploitants courent donc le risque d’être expropriés d’une terre qu’ils occupent depuis plusieurs générations. Ces paysans sans terre viendront grossir les bidonvilles qui ceinturent les grandes métropoles du tiers-monde. « Il faut explorer des régimes alternatifs de propriété, qui reconnaissent par exemple des droits communaux sur la terre. On pourrait imaginer que les droits des cultivateurs soient reconnus, afin de les protéger de l’expropriation, tout en leur interdisant de vendre leur terre sans l’assentiment préalable de la municipalité ou de la communauté. », ajoute Olivier de Schutter.

Au niveau mondial, 4% des propriétaires fonciers sont à la tête de la moitié des terres cultivées. Pourtant, la kyrielle d’études produites dans le domaine agricole ont prouvé que les petites exploitations sont plus rentables que les grandes exploitations industrielles. Une étude a démontré qu’en Turquie, les fermes familiales de moins d’un hectare produisent proportionnellement vingt fois plus que les exploitations de plus de 10 hectares.

Que deviendront les mouvements qui luttent pour une véritable réforme agraire et pour le droit des populations autochtones ? Au Chili, par exemple, les indiens Mapuche se battent depuis des décennies pour défendre la forêt, qui est leur seul moyen de subsistance. Ils sont en conflit avec les multinationales forestières et sont victimes d’assassinats, d’arrestation, de torture et de surveillance constante. En Indonésie où les mouvements paysans sont criminalisés, ce sont 22 millions de foyers qui ont été chassés de leur terre.

Pour l’heure, Grain s’interroge. Quelles seront les conséquences économiques, sociales et environnementales à long terme de ce phénomène d’accaparement des terres ? Trop tôt pour le dire. Mais cette nouvelle tendance est inquiétante, surtout lorsqu’on connaît les projets de privatisation et de manipulation génétique des semences que caressent certaines multinationales.

Source : Basta !


Notes

|1| Au Brésil, un projet de « cartographie sociale » de l’Amazonie vise, entre autres, à empêcher les expropriations de communauté indienne ou rurale qui occupe une zone. 

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 13:18

http://www.imemc.org/attachments/apr2009/detainees_v.jpeg

Sami Shihab : l’honneur de la résistance

Cirepal (Centre d’Information sur la Résistance en Palestine)


 

Sami Shihab, jeune résistant du Hizbullah, est devenu, depuis plus d’une semaine, la « bête noire » du régime égyptien et des médias pro-américains dans le monde arabe. Sami Shihab, jeune résistant du Hizbullah n’a fait que son devoir, celui de soutenir la résistance palestinienne dans la bande de Gaza, en mettant en place une aide logistique, pour l’acheminement des armes et des vivres pour la population assiégée de Gaza, depuis plus de deux ans. Sami Shihab, résistant du Hizbullah, a été arrêté par le régime égyptien, au mois de novembre 2008, avant même la guerre meutrière sioniste contre la résistance et la population de la bande de Gaza. Il est accusé aujourd’hui, par le régime égyptien, d’avoir monté une cellule du Hizbullah en Egypte en vue de « déstabiliser le régime et de diffuser le shiisme ». Une infâme campagne médiatique est menée depuis plus d’une semaine contre Sami Shihab, et au-delà, contre le dirigeant de la résistance, Sayyid Hassan Nasrullah et contre le parti de la résistance, le Hizbullah, mettant en cause le principe même du soutien à la lutte du peuple palestinien, du soutien à la résistance en Palestine et le principe même de la résistance. Une campagne infâme orchestrée par les pouvoirs arabes en place qui ne supportent plus, depuis la guerre meurtrière israélienne contre les Palestiniens à Gaza, le climat de colère qui agite les rues des capitales arabes.

 

Arrêté au mois de novembre 2008 par le pouvoir égyptien, ce n’est que depuis une dizaine de jours que la campagne virulente et mensongère a été lancée, ce qui montre bien qu’il s’agit d’une opération politico-médiatique orchestrée. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que des résistants sont arrêtés par les régimes arabes (la Jordanie, par exemple), surtout depuis le déclenchement de l’Intifada al-Aqsa, en 2000. Mais les régimes se contentaient de les jeter en prison. Aujourd’hui, le régime égyptien, mais aussi le régime jordanien, se lancent dans une aventure inespérée en faisant de l’arrestation de résistants une affaire sécuritaire, qui toucherait leurs propres Etats, tout en voilant les véritables enjeux et les véritables motivations : soutenir la résistance armée du peuple palestinien contre l’ennemi commun, l’Etat sioniste.

 

Le régime égyptien met en avant sa propre souveraineté, accusant le Hizbullah de la transgresser parce qu’il a mis en place, sur le sol égyptien (Rafah), les moyens d’acheminer armes et vivres vers la bande de Gaza. Deux logiques s’affrontent : celle de la légitimité de la lutte du peuple palestinien et des peuples arabes contre l’entité sioniste d’une part, et celle de l’abandon de toute revendication de libération et la soumission aux plans américano-sionistes soutenus par ce qui s’appelle la communauté internationale, dont le Quartet. Pour la première, tant qu’il y a occupation, tant que l’Etat sioniste colonisateur est installé en Palestine, la résistance, sous toutes ses formes, est légitime, elle est un devoir et un droit et doit être soutenue. Pour la seconde, la communauté internationale impose les règles du « jeu » : si jamais il devrait y avoir un Etat palestinien, il serait accordé conformément au désir de cette communauté, ce qui signifie la soumission aux intérêts impérialo-sionistes, que ce soit dans la forme et la nature de cet Etat, comme si la lutte avait pour but de constituer un Etat et non de libérer un pays.

Si Sami Shihab a été arrêté au mois de novembre 2008, pourquoi le régime égyptien a-t-il lancé son attaque contre le Hizbullah et sa direction au mois d’avril 2009 ? Si le résistant Sami Shihab a été arrêté pour son soutien logistique à la résistance palestinienne, pourquoi les accusations publiques portent sur la tentative de déstabiliser le régime, avec la création de cellules et diffusion du shiisme etc ? Sayyid Hassan Nasrullah, dans une allocution, a expliqué les tenants de l’affaire, rejetant les accusations du régime égyptien et conseillant au procureur d’exercer, lorsqu’il sera à la retraite, le métier de scénariste, au vu du thriller mis en place et repris à la lettre par certains médias arabes à la solde du régime et des impérialo-sionistes.

Pour quelles raisons le régime égyptien a-t-il lancé son attaque ?

 

1 – L’Egypte fait porter la responsabilité du piètinement des négociations interpalestiniennes au Hamas et à la ligne de la résistance. A cause de son histoire, mais aussi de sa géographie, l’Egypte considère qu’elle a un rôle primordial dans toute négociation dans la région, palestinienne interne ou entre les pays arabes et l’Etat sioniste. Or, depuis la guerre meurtrière contre Gaza, le régime égyptien semble de plus en plus isolé. Les rapprochements entre pays arabes au sommet de Doha l’ont exclus, même s’ils sont de surface. Son impopularité à cause de son attitude lors de la guerre meurtrière consistant à fermer la voie de Rafah, à appliquer à la lettre les décisions impérialo-sionistes contre la population et la résistance, lui est devenue insupportable. Il lui fallait une voie de sortie, diriger les regards vers un « ennemi » responsable de tous les maux arabes, le Hizbullah « shiite », « aventuriste », pro-iranien »….

De plus, l’Egypte se considère gardienne de la bande de Gaza : même si le régime l’a détourné au profit des impérialo-sionistes, le droit qu’il exerce sur le passage de Rafah, il le veut exclusif…

 

2 – Se venger contre le Hizbullah, dont le secrétaire général avait réclamé du régime égyptien l’ouverture, dès le début de la guerre sioniste, l’ouverture du passage de Rafah. Dès les premiers jours de cette guerre, en décembre dernier, sayyid Hassan Nasrullah avait supplié le régime égyptien de ne pas collaborer avec l’agresseur, en ouvrant au moins la frontière, afin d’acheminer les vivres et médicaments. Il avait conseillé aux patriotes égyptiens d’exercer des pressions sur leur régime pour aller dans ce sens. A l’époque, la presse et le pouvoir égyptien étaient montés sur leurs grands chevaux, considérant qu’il s’agissait d’une intervention dans les affaires internes d’un pays « souverain », certains avocats serviles étant même allés plus loin, menaçant de porter plainte contre Sayyid Nasrullah devant les tribunaux internationaux, pour « incitation à la violence contre un Etat souverain ». L’arrestation du résistant Sami Shihab, pourtant avant l’agression et le discours, va donner l’occasion de régime égyptien de se venger.

 

3 – Les difficultés internes égyptiennes : la crise financière et économique qui secoue les pays du Golfe risque de ramener au pays des centaines de milliers d’Egyptiens, sans emploi, qui s’ajouteront à une population déjà appauvrie et marginalisée dans un Etat qui ne vit que de l’aide américaine et qui n’a fait que miroiter à son peuple depuis les accords de Camp David, soit 30 ans, que « la paix » avec Israël permettra le développement économique du pays. Or, rien du tout, au contraire. Ce sont trente années de perdues, pour tout le monde, sauf pour Israël. Ni développement, ni croissance, ni dignité récupérée, mais au contraire, répression, pauvreté et dépendance accrues. Il fallait trouver, pour la population et les nouveaux arrivants, un ennemi extérieur de taille, capable de rassembler l’énergie égyptienne, responsable de tous ses maux, puisque le régime découvre que sa souveraineté a été blessée. Or le régime égyptien a laissé les bombardiers israéliens passer sur son sol, il y a presque un mois, pour aller frapper le Soudan. Là, il n’est pas question de souveraineté ! Or, l’arrestation de Sami Shihab et d’autres Palestiniens et Egyptiens, accusés de servir de cellule du Hizbullah, a eu lieu suite aux informations fournies par les services israéliens, ce qui signifie collaboration entre l’Etat sioniste et le régime égyptien. Là, pas question de souveraineté ! Les services de renseignements sionistes pullulent dans le pays, soit un touriste sur deux, mais là, le régime égyptien ferme les yeux et ne parle pas de souveraineté ! Sans parler du rôle des ambassades étrangères et de leurs accessoires, militaires, culturels, éducatifs, etc…. Dans ce domaine, pas question de souveraineté ! Ce qui menacerait la souveraineté de l’Egypte, c’est Sami Shihab, un résistant du Hizbullah dont le but a été l’acheminement d’armes et de vivres à la résistance palestinienne à Gaza.

 

4 – L’enlisement égyptien dans un processus où, malgré les accords de Camp David, il n’avait jamais été aussi loin. Les accords de Camp David, signés il y a trente ans, ont normalisé les relations entre le régime égyptien et l’Etat sioniste, sans que la population le suive, préservant un minimum de positions nationales au pays. Les dernières guerres meurtrières déclenchées par les sionistes contre les résistances au Liban et surtout à Gaza ont écartelé le pays, entre le régime soutenu par une couche pro-américaine haineuse et vengeresse et le reste du pays. Si certains Etats peuvent encore masquer leur alignement pro-américain, le régime égyptien, à cause de sa géographie et de son histoire, ne le peut plus. Il s’enlise de plus en plus dans le plan américano-sioniste, même si par certaines déclarations de ses dirigeants, il cherche à se convaincre du contraire. Par exemple, après que la presse sioniste ait dévoilé que les renseignements sur le résistant Sami Shihab ont été fournis par les services israéliens, le ministre égyptien des affaires étrangères déclare refuser de recevoir Lieberman, le colon-ministre sioniste. Même la presse sioniste l’a compris : il s’agit juste d’une manœuvre pour se dédouaner publiquement d’une telle alliance contre le Hizbullah.

 

5 – La popularité croissante du Hizbullah en Egypte : depuis la libération en mai 2000, le peuple égyptien, toutes tendances confondues, affiche sans crainte son admiration et enthousiasme pour une résistance arabe dont le but dépasse la manœuvre politique pour aller au fond : contre l’occupation, seule la résistance paie. La guerre meutrière sioniste en juillet-août 2006 et la victoire du Hizbullah ont élargi sa popularité, malgré les tentatives du régime et de ses acolytes d’en faire un bras iranien shiite. Les faits ont prouvé qu’il n’en était rien. La guerre meutrière contre Gaza et la victoire de la résistance armée ont confirmé, une nouvelle fois, que rien ne vaut la résistance, seule capable de répondre aux aspirations des masses arabes. Dans l’affaire du résistant Sami Shihab, le régime égyptien a d’abord essayé de mettre en cause le Hizbullah, sans s’attaquer au Hamas, voulant insister sur le caractère shiite, donc jouer le jeu de la sédition entre musulmans. Mais le soutien affirmé, affiché et proclamé de la résistance palestinienne, toutes tendances confondues, et même des Brigades des martyrs d’al-Aqsa (Fateh) au Hizbullah et à son rôle dans le soutien à la résistance, a excédé le régime égyptien. Lui qui pensait diviser entre musulmans, entre nationalistes, son scénario diabolique s’est avéré impuissant. Ne le soutiennent, comme l’a affirmé un journaliste égyptien, que ceux qui le soutiennent depuis longtemps. Sa campagne a échoué.

 

6 – Affaiblir le Hizbullah au Liban : en lançant son attaque déloyale contre le Hizbullah, le régime égyptien cherche à intervenir dans les élections législatives libanaises, espérant séparer une partie de l’électorat de l’opposition, du parti et de ses amis. En montrant que le parti du Hizbullah est un parti qui cherche à déstabiliser un Etat « puissant » comme l’Egypte, qu’il joue le rôle du bras iranien dans la région, l’Egypte espérait séparer le général Aoun et d’autres partenaires, du Hizbullah. Mais il semble bien que cette tentative a échoué. En réalité, le régime égyptien intervient dans ces élections, comme d’autres puissances, les Etats-Unis par exemple, pour faire pencher la balance du côté du pouvoir actuel. Il y a de fortes chances que l’opposition emporte les élections, malgré toute la corruption financière mise en place depuis des mois.  

 

De plus, la découverte récente d’un réseau de traîtres travaillant au service d’Israël, découverte due aux renseignements fournis par le Hizbullah aux forces de la sécurité intérieure libanaise, a de nouveau rappelé aux Libanais la réalité de leur pays : les sionistes agissent toujours pour détruire l’équilibre du pays, leurs visées n’ont pas cessé et la résistance est toujours menacée. Cette nouvelle affaire de traîtres balaie, dans une grande mesure, toute la tentative égyptienne et consolide le camp de la résistance, au Liban.

 

La guerre médiatique et politique menée par le régime égyptien, suivi par le régime jordanien, contre la résistance, là le Hizbullah, là-bas le Hamas, risque de se poursuivre, le temps nécessaire pour faire plier ou se faire plier, le bras. La dernière guerre meurtrière israélienne se poursuit : ce que les sionistes n’ont pu obtenir par leurs destructions sauvages et leurs massacres épouvantables, les régimes arabes, égyptien et jordanien, en tête, essaient de l’obtenir par d’autres moyens : arrestations de résistants, campagnes de dénigrement, blocus renforcé et pressions.

Mais la résistance, au Liban et en Palestine, du moins, se renforce : elle acquiert des armes, elle forme les combattants, elle a défini sa stratégie, la libération de la Palestine. En face, l’Etat sioniste ne survit que par les massacres qu’il commet, les cris de guerre qu’il pousse, le soutien épuisant qu’il réclame de « la communauté internationale » mais surtout le rôle de gendarme que jouent pour lui les régimes arabes, et aussi l’Autorité palestinienne. Jusqu’à quand ???

 

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 16:01
La vraie force d’Israël : Ses lobbys

l par Prof. Chems Eddine Chitour

« Ou bien je définis la politique sur le Moyen-Orient ou bien c’est l’Aipac qui le fait. »
Zbigniew Brzezinski, conseiller à la National Security de l’administration Carter

On a tout dit d’Israël, "peuple sûr de lui et dominateur !" pour reprendre l’expression du général de Gaulle. On est tenté à première vue de convoquer la religion pour expliquer comment cette « religion du Livre » se veut singulière à nulle autre pareille. La logique actuelle d’Israël et de ses lobbys est de diaboliser au nom de l’antisémitisme- qui ne concerne pas les Arabes, autres sémites pourtant - toute tentative de critique d’Israël. La moindre critique de l’Etat d’Israël et de la doctrine sioniste est ipso facto traitée d’antisémitisme. La liste des victimes de cet oukase ne s’arrête pas de s’allonger. Souvenons-nous des procès de la Licra contre l’abbé Pierre, Garaudy, même le philosophe Edgard Morin, juif de naissance dont Esther Benbessa a dit, à juste titre, que c’était un « Juste parmi les Justes ».

On l’aura compris : personne n’échappe à la censure même les juifs de naissance et il s’en trouve, qui n’acceptent pas cette chappe intolérable qui veut que tout ce qui critique Israël est assimilé à une critique des juifs. C’est à croire que toute l’énergie de ces inconditionnels est de traquer les contrevenants à la « Loi ». Si malgré leur meilleure volonté, les gardiens du « Temple » ne peuvent trouver nulle part des actes antisémites, alors il leur faut réanimer les horreurs du passé en rappelant qu’elles peuvent se reproduire à tout moment.Cela explique le flot ininterrompu de films et d’émissions de TV toujours neufs sur l’antisémitisme du national-socialisme et des efforts zélés pour mettre au pilori de réels ou imaginaires néo-nazis. A la base de toute la tradition juive on trouve l’idée que les juifs tout au long de l’histoire ont été continuellement torturés et persécutés Le traumatisme résultant de la peur de voir à nouveau se répéter ces atrocités est exploité à fond par les sionistes.

On rappelle quotidiennement aux juifs qu’ils vivent dans un monde hostile( !), que la peur et la crainte font partie de leur identité, de leur nature. De nombreux juifs souffrent de cette peur continuelle. Ils voudraient, disent-ils, vivre comme des hommes normaux, psychiquement sains,psychiquement équilibrés...Alors intervient le sionisme ! et ce sionisme les sermonne, l’index levé : « Pensez que vous êtes juifs !, que vos prochains vous détestent et qu’ils peuvent à chaque moment fomenter de nouveaux pogroms et vous pousser dans de nouvelles chambres à gaz. Votre seule protection consiste à posséder votre propre patrie, Israël, et à y trouver refuge. Pour cela, Israël doit survivre malgré ses ennemis. » Cette peur irrationnelle touche particulièrement les juifs qui s’engagent en faveur du sionisme alors que ceux qui sont pour le socialisme et surtout ceux qui participent au domaine scientifique et médical y sont moins sujets. Le fait que le sionisme considère l’assimilation comme le danger le plus mortel ressort des mises en garde continuelles des dirigeants sionistes le boss sioniste Nahum Goldman a dit le 30 décembre 1964 lors du 26e Congrès sioniste mondial à Jérusalem : « L’assimilation représente pour l’existence éternelle du peuple juif un danger plus grand que ne l’ont été dans le passé les persécutions, inquisitions, pogroms et l’holocauste » (cité d’après le Monde du 1.1.1965).

Cette citation prouve l’existence d’un traumatisme racial mélangé d’anxiété chez les sionistes. En son temps, la publication du livre Le juif international de Henry Ford, en 1920, a eu l´effet d´une bombe sur la scène politique américaine. Dans son livre, il révèle que les juifs contrôlent plus de 90% des médias aux USA et qu´ils abusent de ce pouvoir pour imposer aux non-juifs une réelle dictature à l´échelon mondial. « Les politiciens et les généraux américains sont menés par le puissant lobby juif israélien aux USA », révèle déjà le titre d’un intéressant article du Herald Tribune du 7 juillet 1987. Selon cet article, le lobby juif est devenu aux États-Unis, d’année en année, de plus en plus puissant et dominant. Le seul président des États-Unis qui osa braver le pouvoir sioniste, au moins dans un cas important, fut Dwight D. Eisenhower. Celui-ci jouissait en tant qu’ancien général des Forces Alliés du plus haut prestige dans son pays. En 1956, lors de la Guerre de Suez, Eisenhower força Israël avec les Français et les Anglais à se retirer des territoires occupés, faute de quoi il menaça de couper immédiatement toute aide des États-Unis. (...)

« Personne, écrit Rodrigue Tremblay, ne peut comprendre ce qui se passe politiquement aux USA sans être conscient qu’une coalition politique des principaux groupes pro-Likoud, des intellectuels néo-conservateurs pro-israéliens et des sionistes chrétiens, exerce une influence terriblement forte sur le gouvernement US et ses politiques. Avec le temps, ce vaste lobby pro-israélien, dont le fer de lance est l’American Israël Public Affairs Committee (AIPAC), a étendu l’ensemble de son emprise sur de grandes parties du gouvernement US, y compris le bureau du vice-Président, le Pentagone et le département d’État, en plus du contrôle de l’appareil législatif du Congrès. Il est assisté dans sa tâche par de puissants alliés au sein des deux principaux partis politiques, des grands médias et quelques boîtes à idées ("think-tanks") richement financés, comme l’American Enterprise Institute, la Heritage Foundation, ou le Washington Institute for Near East Policy. Les techniques de l’AIPAC sont si efficaces qu’on peut facilement avoir l’impression que c’est "un gouvernement parallèle" à Washington DC. (...) Ainsi, qui pourrait blâmer l’AIPAC d’être convaincue qu’elle tient en laisse le Congrès US ? Si l’AIPAC était une entreprise, l’AIPAC a une telle emprise sur Washington que quelquefois on peut être pardonné de confondre Tel-Aviv et Washington DC. »

« Un exemple récent : L’ AIPAC a rédigé une résolution de soutien à Israël dans ses bombardements sauvages et illégaux sur le Liban. Le 20 juillet 2006, la résolution fut votée à l’unanimité par les 100 membres du Sénat, et le vote de la Chambre fut de 410 à 8. L’affaire est entendue.(1) « Pendant de nombreuses années, l’influence du lobby resta indécelable, ignorée ou dissimulée par les médias qu’il contrôlait et par la plupart des commentateurs. Pourtant, le 10 mars 2006, deux respectés spécialistes américains, les professeurs Stephen Walt de l’université de Harvard et John Mearsheimer de l’université de Chicago publièrent une étude dans The London Review, intitulée The Israël Lobby and U S Foreign Policy, au sujet de l’influence disproportionnée que ce lobby d’intérêts particuliers a sur la politique étrangère US. Un autre exemple du type de pouvoir que le lobby détient de nos jours à Washington DC est son succès dans l’établissement au sein du département d’État, avec l’argent des contribuables, d’une agence d’intérêts particuliers, appelée l’Office of global anti-Semitism consacrée à la surveillance autour du monde des cas, entre autres choses, de critique d’Israël ou des politiques US pro-israéliennes. »(1) La même technique existe en France puisque le ministère de l’Intérieur « coordonne avec le Crif » la traque aux actes antisémites.

Dernière prouesse en date de l’AIPAC : L’administration Obama avait choisi le diplomate Charles W.Freeman pour occuper le poste de président du « National Intelligence Council », qui émet des avis à la Maison-Blanche sur les questions de sécurité. Il vient de renoncer à ce poste en accusant les lobbys pro-israéliens d’avoir mené une violente campagne contre lui. Le New York Times a donné cette nouvelle le lundi 10 mars. Dans un message publié mardi 11 octobre sur le site du Foreign Policy magazine, Freeman a blâmé les lobbys pro-israéliens. « La tactique de ces lobbys, a-t-il dit, touche le fond du déshonneur et de l’indécence. Elle procède de l’assassinat de la personnalité, de la citation inexacte et sélective, de la distorsion volontaire de l’enregistrement, de la fabrication de mensonges, et d’un total mépris de la vérité. » Al Jazeera pour sa part, a publié une déclaration de Freeman mardi 11 mars : « Il est facile de voir d’où viennent les e-mails diffamatoires qui me concernent. Ceci montre qu’un puissant lobby est déterminé à empêcher d’émettre tout autre point de vue que le sien. Le but de ce lobby est de contrôler le processus politique. Pour cela il exerce un véto sur la nomination de personnes qui contestent la validité de ses points de vue, il remplace l’analyse politique par ce qu’il juge politiquement correct, et pour préparer les décisions de notre gouvernement il exclut toutes les options autres que celles qui ont sa faveur. »

En fait, dans chaque pays occidental les lobbys veillent au grain. A titre d’exemple, La Fédération Sioniste de Grande-Bretagne et d’Irlande « The Zionist Federation of Great Britain and Ireland » créé en 1899 a pour but non seulement de veiller sur les juifs britanniques mais aussi de faciliter leur « Alya » vers Israël. Un homme qui a été agressé, lundi 19 janvier, à Londres a amené Jonathan Hoffman, vice-président de la « Zionist Federation of Great Britian », l’équivalent du CRIF en Angleterre, à déplorer que le gouvernement britannique ne s’investisse pas outre mesure dans le combat contre la montée de l’antisémitisme dans le pays. Le CRIF n’est pas en reste, il semble que le président du CRIF ait téléphoné au président Sarkozy pour s’opposer à la nomination de Hubert Védrine, trop proche des Arabes. A la place, un forcing a été fait pour le porteur de sac de riz devant les caméras. On l’aura compris : il s’agit de Bernard Kouchner.

Le dîner 2009 du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) le 2 mars, écrit Dominique Vidal aura, battu tous les records, d’affluence (plus de 1000 participants), de représentativité (le Premier ministre François Fillon et le gros du gouvernement comme de la classe politique, sauf le PCF et les Verts, non invités), d’oecuménisme (les dignitaires des principales confessions, Islam compris). Même le président de la République, dont l’Elysée avait annoncé l’absence, a fini par passer une demi-heure, de retour d’Egypte. Le président Richard Prasquier et, à sa suite, le chef du gouvernement, auront, hélas, battu un autre record : celui de la manipulation politique et idéologique. Rien de plus légitime, pour le CRIF, que d’appeler à la vigilance contre les manifestations d’antisémitisme, qui se sont multipliées, explique-t-il, pendant l’offensive israélienne contre Gaza. L’expérience du début des années 2000 incite toutefois à manier prudemment les chiffres, à ne pas mélanger courriels, graffitis et violences contre des fidèles ou des lieux de culte, à ne pas accuser en bloc et sans la moindre preuve les jeunes Français d’origine arabe ou de religion musulmane, eux-mêmes victimes de nombreuses agressions racistes ou islamophobes - sans oublier la répression au faciès...(2)

Faisant dans l’amalgame, le président actuel du CRIF tire sur tout ce qui bouge. Là où la légitimité s’arrête, poursuit Dominique Vidal, c’est quand M. Prasquier, malheureusement suivi par le Premier ministre, dénonce comme antisémites les participants aux défilés de solidarité avec Gaza, allant jusqu’à exclure de son dîner les Verts et le Parti communiste français - PCF (1), accusés de « ne pas s’être élevés contre le kidnapping (sic) des manifestations par des mouvements islamistes, avec des slogans antijuifs ». Quiconque y a pris part sait pourtant que ces débordements furent à la fois marginaux et unanimement condamnés. Quant à l’issue d’un cortège du CRIF, le 7 avril 2002, les nervis du Betar et de la Ligue de défense juive (LDJ) s’en prirent aux passants d’origine arabe, accusa-t-on M.Roger Cukierman, alors président du CRIF, d’avoir conduit une « ratonnade ? Question toujours d’actualité : qui protège la LDJ, interdite aux Etats-Unis et en Israël, mais autorisée en France malgré ses violences récurrentes ? Loin d’être un signe de force, ces dérapages du CRIF révèlent sa faiblesse. Ses dirigeants n’ont certes pas renoncé à pratiquer le chantage à l’antisémitisme pour mieux défendre la politique israélienne. Dernière preuve en date : dans le climat du dîner, M.Fillon s’est cru obligé de menacer de boycotter la seconde conférence des Nations unies sur le racisme à Durban, si Israël y était « stigmatisé » ! (2)

A juste titre, des juifs citoyens français se sont soulevés contre cette politique de racisme. Écoutons le témoignage suivant : « L’antisémitisme est une abomination. Il est synonyme de racisme envers les musulmans et les Juifs, tous deux sémites. Et justement, je reviens au sujet du jour, une question me taraudait : pourquoi les émissions religieuses sur France 2 accordaient-elles à l’époque 45 mn aux juifs, et seulement 30 aux Musulmans, alors qu’ils étaient presque dix fois plus nombreux ? (...) Donc, les musulmans et les juifs sont sémites. Le racisme est une abomination. Ce sont les politiques que je juge. L’obscurantisme est trop souvent le lot des Arabes, et les potentats locaux ne se comptent plus parmi eux. Mais ils sont rarement impérialistes, ils provoquent peu de guerres, ils n’ont jamais persécuté les individus comme nous l’avons fait notamment à travers la Shoah, ils ne divisent pas pour régner... »(3)

« Or, le repas du Crif vient d’avoir lieu. Saviez-vous qu’il s’agit d’une institution bien française, très parisienne ? L’Angleterre de Sa Majesté, par exemple, n’a pas son repas communautariste annuel. (...) Drôle de République, en vérité ! La communauté juive a tous les droits, tous les honneurs, on se prosterne devant elle, c’est la vache sacrée française. Pas touche mon Juif ! (...) A quatre pattes devant la communauté juive. Toutes les portes s’ouvriront. Rachida Dati ou Fadela Amara sont des musulmanes qui ont compris qu’il était plus important, aujourd’hui, de faire sa révérence devant un membre du CRIF que de la communauté musulmane ou noire. C’est ainsi. Et le must du must, c’est de montrer sa frimousse au repas annuel du CRIF. Tous les politiques, toutes les célébrités, y vont. Même à contrecoeur ! Il faut se montrer. Passage obligé. Malheur aux absents ! »(3)

Chacun comprend en définitive que la politique des puissances occidentales se décide au sein des puissants lobbys juifs dont le pouvoir repose sur l’argent, les médias et l’intelligence. Il faut le reconnaître, une grande partie des prix Nobel est de confession juive. Imaginons pour rire le président Sarkozy et tout son staff au diner de l’UOIF, sans conteste ce sera la révolution de la laïcité, dira-t-on, qui en a pris un coup. Les biens pensants crieront à la nécessité d’un nouveau Poitiers pour arrêter cette peste brune, pour reprendre les mots d’un président du Crif.

1. Rodrigue Tremblay : Aipac.

2.Dominique Vidal : Dérapages du CRIF, relaxe pour Siné Le Monde diplomatique 7 mars 2009

3. [Eva Le dîner du CRIF-> http://r-sistons.over-blog.com/article-28607690.html 4 mars 2009

Pr Chems Eddine CHITOUR
Ecole Polytechnique Alger

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 10:52

http://www.web-libre.org/medias/img/articles/361440528766bbaaaa1901845cf4152b-2.jpg

Le Soudan : les dessous de Darfour.

 

Par MIZAANOUN


Les bombardements de caravanes de camions au Soudan

Les bombardements aériens dont on a parlé tout dernièrement, qui ont eu pour cible, une ou deux caravanes des camions au Soudan et qui se sont déroulés aux mois de janvier et février 2009 derniers incitent, une fois de plus, à la réflexion sur le danger de ces activités militaires suspectes qui se déroulent dans l’arrière cour de l’Égypte.

Certes on ne connaît pas encore tous les détails d’une manière définitive, mais certains aspects de l’opération sont d’une certitude indiscutable, bien que les rumeurs continuent bon train sur la nature des caravanes et de leurs chargements. Pour les uns il s’agirait de trafic de contrebandes d’armes et pour d’autres il s’agirait d’armements iraniens destinés à la résistance à Gaza.

http://www.palestine-info.cc/Fr/DataFiles%5CCache%5CTempImgs%5C2009%5C1%5CAvion12_300_0.jpg

On ignore aussi si les avions étaient américains ou israéliens bien que Washington ait nié toute implication dans cette opération, contrairement à Tel Aviv qui maintient l’ambigüité comme toujours. On n’a ni confirmé ni infirmé, l’exécution de l’opération dans sa totalité ni la participation dans celle-ci avec une puissance tierce. Mais si on se tient aux déclarations de l’ex-premier ministre Ehud Olmert qui a réaffirmé à l’intention de certains intéressés le « long bras militaire » israélien, ça donne bien l’impression que l’état sioniste soit l’auteur en solitaire de l’opération de A à Z. Car à la vue des moyens militaires dont dispose le Soudan ou tout autre pays arabe, les sionistes ne nécessitent réellement d’aucune aide pour leurs incursions, surtout aériennes, proches ou lointaines. Tout au plus ils s’attendent à la complaisance des puissances occidentales et à la justification de toute action qu’ils entreprennent. Une telle attitude occidentale est garantie dans les 100% des cas implicitement ou explicitement. Non seulement mais avec le passage du temps, les sionistes se passent de l’une et de l’autre. Ils se sentent suffisamment « adultes » pour ignorer le monde entier.

D’ailleurs on a eu en  octobre 2007 le bombardement de la Syrie. Des installations militaires à Deir Ezour auraient été anéanties, sans que la défense anti-aérienne syrienne n’ait eu la moindre chance de réagir. Et dire que la Syrie serait mieux équipée dans ce domaine de défense que le Soudan.

D’autres versions de ce bombardement, du Soudan parlent de trois attaques et non pas un, qui ont eu lieu dans les deux derniers mois (février et mars 2009). Ainsi que d’autres rumeurs qui évoquent deux embarcations chargées d’armes qui auraient été coulées dans les eaux de la Mer Rouge. Il est question, selon différentes sources, d’entre 50 et 8.00 morts.

D’autre part un autre côté de cette opération reste intrigant : Les lieux d’où auraient décollé les avions militaires. Est-ce qu’il s’agit de l’Érythrée, de Djibouti ou tout simplement du haut d’un porte-avions ancré en Mer Rouge ? Alors qu’une toute dernière version à ce sujet indique que les avions militaires sionistes seraient partis effectivement d’une base aérienne du sud de l’état israélien, survolant une bonne partie de la mer rouge et ainsi auraient couvert la distance de 1750km, avec approvisionnement de kérosène en plein vol. Hors cette distance est pratiquement la même distance qui les sépare des installations nucléaires iraniennes. Donc en même temps l’opération sur le Soudan serait considérée comme un essai de l’opération, qui devient de plus en plus plausible, contre l’Iran. Ce que ne cessent de répéter Netanyahu, Lieberman et toute la nouvelle équipe qui vient de prendre la relève aux commandes de l’état sioniste.   

En tout cas sur certains points, il n’y a plus de discussion possible. Comme par exemple que l’information révélée par le journal « Achourouk » et reprise par la suite par différents journaux dans le monde soit digne de foi. Dans la mesure où les avions militaires israéliens ne seraient partis comme on vient de le voir du sud de l’état sioniste, ça serait la première fois qu’ils auraient décollé de quelque part dans cette partie de l’Afrique de l’est pour aller frapper une caravane qui transporterait des armes et qui se dirigeait vers le Sinaï. Notons qu’une telle opération soit réalisée juste à la suite des accords de dernières minutes signés entre les israéliens et l’Administration Bush dans le cadre de la coopération entre les deux pays pour empêcher toute contrebande d’armes vers Gaza qu’ils venaient juste de réduire en décombres.  

Ces avions ont donc pénétré dans l’espace aérien soudanais  vulnérant par conséquent la souveraineté du Soudan, tout comme ils l’ont fait avec la Syrie, le Liban ainsi que d’autres pays arabes et qu’ils ne manqueraient pas de le refaire à chaque fois qu’ils le jugent utile et nécessaire, sans soulever la moindre réprobation de la « Communauté Internationale », la même communauté qui considèrent les « cris » des enfants de Gaza comme des menaces potentielles contre la sécurité des colons sionistes.  

Un énorme réseau de bases militaires et de postes d’observations.

D’autre part et en revenant sur l’opération du Soudan, il reste certain, d’une manière ou d’une autre, que les deux parties, l’israélienne et l’usaméricaine, soient les seules à l’origine des choses. Il importe peu qui des deux ait planifié et qui aurait exécuté les bombardements comme il importe peu si les avions soient partis de Djibouti, de l’Érythrée ou de tout autre endroit en Mer Rouge. Mais ce qui importe, par contre, c’est qu’on a affaire à des postes d’observations situés en Mer Rouge et au sud de l’Égypte qui contrôlent toute la région et sont préparés à frapper tout mouvement qu’ils considèrent contraire à leurs intérêts. Donc l’observation à partir des ces postes n’est pas orientée uniquement vers le Soudan mais aussi vers l’Égypte. Et c’est le point le plus important dans cette analyse.

http://www.geostrategie.com/cms/wp-content/themes/mimbo2/images/yapb_cache/monde_sionyankee_nm.b75v2baryjcckgk0gso444oc0.1n4kr7rgh18gs08gcg0csw4kg.th.jpeg

Cette affaire des postes d’observations au sud de l’Égypte et en Mer Rouge, n’est pas nouvelle, mais la nouveauté réside dans le fait que les lumières projetées sur cette question, juste à la suite des derniers bombardements ont fait l’effet d’une sonnerie d’alarme dont les échos ont été entendus dans tout le monde arabe. Peut-être finit-on par se réveiller et prendre au sérieux tout ce qui est en train de se préparer et s’organiser autour du monde arabe depuis une belle lurette.

Ça serait bien étonnant que l’Égypte en particulier se tienne en simple spectateur devant tous ces préparatifs et organisations que tisse Israël depuis presque un demi-siècle dans sa profondeur stratégique. Sans qu’elle ne donne aucun signal clair sur ces plans israéliens et l’attitude ferme à adopter avec toutes ses implications afin de faire face à tous les effets négatifs de cette présence sur la sécurité nationale du pays.   

L’étude faite en 2003[1] par le Centre de Recherche Dayan, de l’université de Tel Aviv concernant le Moyen Orient et l’Afrique sous le titre « Israël et les mouvements de libération du Sud du Soudan » est bien éclairante. Elle a été réalisée par un haut officier en retraite du Mossad. Dans cette étude il est bien question d’une stratégie suivie par Israël juste après la création de l’état hébreux et dont les lignes générales ont été déjà tracées par le premier ministre David Ben Gourion. Trois objectifs, selon lui, sont d’une importance capitale :

Le premier consiste à chercher par tous les moyens à affaiblir les états arabes et ce en s’infiltrant à l’intérieur des ces pays pour soutenir les sectes et les groupes ethniques non arabes, comme par exemple, le nord de l’Irak (les kurdes) au Liban (Les maronites) et au Soudan (Les noirs africains). Ajoutons les pays arabes du Maghreb où fleurissent ces derniers temps les revendications des Berbères, des Kabyles et des Amazighs au Maroc et en Algérie. Suivant cette pensée méphistophélique sioniste aucun pays ou région arabe ne soit homogène et par conséquent tout le monde arabe est exposé à des déstabilisations et des secousses sociales et politiques dont les clefs se trouvent entre les mains des services appropriés sionistes. En plus ils seraient déjà sur place avec tous les moyens nécessaires pour activer l’uns ou l’autre de ces démons selon la convenance des sionistes et la déstabilisation est garantie.

Contrôle des « Extrémités et de la Mer Rouge »

Le deuxième point, selon les israéliens, consiste à tenir «les extrémités» sous contrôle, et ce, à travers une politique d’alliance de voisinage ou l’alliance à espace circulaire. C'est-à-dire créer des ponts avec les pays qui entourent le monde arabe et coopérer avec eux dans le but d’exercer sur lui  les pressions nécessaires et ainsi concourir à son affaiblissement. Et ces pays sont au nombre de trois. L’Éthiopie, l’Iran et la Turquie. Pour l’’Éthipie, après la disparition du Négus Hailé Sélassié et tant de changements de gouvernements en Éthiopie, les relations avec l’état sioniste ne semblent pas avoir souffert. Pour ce qui est de la Turquie, malgré les positions politiques du parti de M. Ardogan au pouvoir et les condamnations de ce dernier de la politique sioniste envers les palestiniens, les relations restent pour le moment inchangées et la coopération militaire reste intacte. Il n’y a que l’Iran qui semble sortir de cette équation et les efforts acharnés entrepris, par les israéliens et les occidentaux pour faire tomber le gouvernement actuel pour le remplacer par un gouvernement de leur convenance ne se relâchent nullement.

Le troisième point concerne la Mer Rouge. Ce que les israéliens considèrent une ouverture vitale qui casse le siège formé autour d’eux par les pays arabes. À cet effet, l’auteur de l’étude rapporte sur David Ben Gourion ou DBG le suivant : « La domination par Israël de certains points précis, en Mer Rouge, seront d’une importance capitale. Tous ces points seront de grande utilité pour Israël pour se débarrasser de toute tentative de blocus ou de son encerclement par les ennemis. Non seulement mais ils seront des bases militaires pour attaquer nos ennemis dans leurs propres foyers bien avant qu’ils ne commencent à nous attaquer. » C’est exactement ce qu’avait affirmé le même personnage dans une déclaration similaire : «Si on arrive à prendre des positions vitales en Mer Rouge, nous serons toujours en mesure de percer le siège instauré autour de nous par les arabes et nous les surprendre par  leur arrière et les démolir.»

Dans les années cinquante DBG avait mis sur pied un groupe constitué par cinq experts, pour mettre cette stratégie au point, qui sont : Israël Galilée, un expert dans les affaires stratégiques, Igal Yawin expert en affaires militaires, Moshe Sasson expert dans les affaires arabes, Youbine Schiloh expert en relations secrètes avec les minorités dans les pays arabes et finalement Golda Meier en tant que spécialiste des affaires et relations politiques.

Ce qui retient l’attention en ce moment ce sont les positions du Soudan et de la Mer Rouge dans cette stratégie sioniste mise en application au début des années cinquante. C’est parce, selon l’auteur de l’étude, le Soudan représente la situation exemplaire qui permet d’atteindre deux buts, du point de vue israélien. Le premier c’est affaiblir l’Égypte en menaçant sa profondeur stratégique dans le cas de  toute confrontation possible avec l’état sioniste. Le deuxième point consiste à provoquer la déstabilisation du pays en attirant les « rebelles » du sud et les appuyer matériellement. Ainsi la partition du pays permet d’effriter tous ses avantages stratégiques pour toute la région.

Ce qui a encore plus d’importance dans ce contexte c’est que le Soudan a une ouverture sur la Mer Rouge qu’Israël considère son deuxième poumon et sa route vers aux pays asiatiques et les pays de l’Afrique Orientale. Youri Lober, le conseiller dans les affaires arabes de DBG avait qualifié le Soudan comme le pays qui  donne une profondeur stratégique à l’Égypte en plus de ses très longues côtes, constitue inévitablement un endroit de haute considération stratégique. Ce qui exige de nous (d’Israël) d’y trouver des points d’appui tout autour et à l’intérieur même de ce pays. Et dans ce contexte que se situe l’appui aux mouvements rebelles et indépendantistes du sud. Donc l’infiltration à l’intérieur du Soudan et la création des points d’appui à travers les insurgés du sud, laisse la profondeur stratégique de l’Égypte entre les mains des israéliens. C’est ce qui incite Israël à chercher s’installer dans  trois lieux d’appui autour du Soudan qui sont : L’Éthiopie, l’Ouganda et le Kenya. Et c’est ce qui a été finalement réalisé en 1958. Golda Meier s’était elle-même chargée de cette mission. Elle avait commencé par l’Éthiopie. Et le plus grand succès remporté par les dirigeants sionistes, c’est qu’ils ont réussi à  convaincre Hailé Sélassié de leur confier l’entraînement des forces de sécurité intérieure par des instructeurs israéliens ce qui va inclure l’appareil des services de renseignements, la police et les renseignements du ministère de l’intérieur. L’expert israélien avait qualifié la prise sous contrôle de tous les services de sécurité éthiopiens, comme une affaire tout à fait indépendante de leurs plans concernant le bondissement sur le Soudan et les pays  arabes environnants. 

Ce contrôle sur l’Éthiopie va permettre aux services secrets israéliens du Mossad et particulièrement son aile militaire de concentrer leurs activités sur le Soudan et les autres pays arabes. Et à cet effet le Mossad va créer la compagnie Encoda, qui constituera sa façade commerciale pour abriter la base de ses agents et représentants au Soudan, au Yémen et à Aden. Ainsi ça leur  permet d’avoir un contact avec les membres de la rébellion directement de l’intérieur. Et effectivement ces membres ont été utilisés pour transmettre à la rébellion du Sud, l’appui matériel nécessaire.

Durant toute cette époque, l’essentiel des activités israéliennes dans ces trois régions, s’est concentré particulièrement dans le domaine militaire. Et à ce propos le nombre, des militaires israéliens qui se sont déplacés dans les années soixante en Éthiopie comme instructeurs, était de 600. Ils avaient emporté avec eux les armes israéliennes en commençant de la mitraillette Ozi jusqu’aux missiles Gabriel en passant par les avions de combat.

Et ce qui s’est passé en Éthiopie va se répéter avec l’Ouganda qui a des frontières directes avec le Soudan. Les militaires israéliens qui se sont déplacés dans ce pays étaient au nombre de 500 sous le commandement du colonel Baruch Barzevr. Effectivement ils ont pu pénétrer les rangs des forces armées avec une influence sur la direction de celles-ci. Ils se sont occupés des parachutistes dont certains seront envoyés directement en Israël pour leur entraînement.  

Et depuis cette époque avancée, ajoute l’expert israélien, Israël a persisté dans le renforcement de sa présence militaire. Il va le faire à travers la création de bases militaires orientées contre les pays arabes. Une base navale a été créée à l’embouchure sud de la Mer Rouge  dans le port de «Moussaoua». Des bases aériennes ont été aussi créées en Éthiopie et au Kenya ainsi qu’une présence aérienne en Guinée. En outre plusieurs bases aériennes avaient été aussi créées au Tchad et particulièrement dans les régions limitrophes du Soudan. Parmi ces bases on peut citer celles du lac Ayro, de l’aéroport « Azakouma » et de l’aéroport « Mafor ». À la suite de la rupture des relations avec le Tchad on s’était rendu compte que ces bases servaient surtout à maintenir une vigilance des frontières entre le Soudan et la Libye. En plus de leur utilisation contre  l’Égypte et dans le cas  échéant pour frapper des objectifs dans l’arrière du front égyptien.

Dans l’étude, il y a encore beaucoup de détails sur une telle présence militaire israélienne dans les milieux des rebelles du sud du Soudan au point de les trouver participant directement aux combats dans certaines circonstances. Le soutien israélien aux rebelles du sud a dépassé le cadre militaire pour se trouver dans les secteurs politiques et économiques.

La pénétration israélienne en Afrique s’est étendue à l’Érythrée, à l’Afrique Centrale, au Congo Démocratique entre autres. Il est clair que cette extension s’est réalisée après les accords de paix avec l’Égypte en 1979. (En 1990 le nombre des conseillers militaires israéliens en Érythrée avait atteint le chiffre de 650 et tous ont exercé au sein des services de renseignements  et l’espionnage sur le Yémen et le Soudan.

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À part tous les détails antérieurs et leur menace évidente, la présence militaire israélienne à la source du fleuve le Nil en Afrique constitue une menace non moins importante, car ça permet d’exercer des influences considérables sur l’une des questions vitales de l’Égypte.

En fin de compte quelle est la signification réelle de toutes ces informations? – En toute évidence cela veut dire qu’Israël a durant un demi-siècle consolidé sa présence particulièrement dans le sud-est africain et ainsi devenir le gendarme de la Mer Rouge. Ce qui lui permet, entre autres, d’exercer des pressions sur l’Égypte à travers l’affaiblissement du Soudan et le contrôle de la source du Nil. L’accord signé tout dernièrement, à quelques jours du départ de Georges W. Bush, pour le contrôle de passage des armes vers Gaza, n’ajoute pas grand-chose a ses renforts qui existent déjà dans l’est africain et en Mer Rouge, si ce n’est un perfectionnement de toute l’opération en l’étendant à d’autres flancs comme l’Océan Indien et Gibraltar.

Si pendant un demi-siècle les sionistes ont réussi à planifier et s’implanter solidement dans l’est africain, qu’est-ce qu’on a fait en Égypte sur le plan prioritaire pour garantir la sécurité nationale en pensant au jour où les israéliens arrivent à avoir sous leur contrôle la Mer Rouge. Sans oublier leur contrôle du lac Victoria, la source du Nil ?

Non seulement rien n’a été fait, mais avec les accords de Camp David et la « normalisation » qui dure depuis trente ans, l’Égypte est devenue par rapport au Soudan d’un côté et par rapport à la Libye de l’autre un autre point d’appui tout comme les pays de l’est africain par rapport au Soudan du côté sud. L’attitude du régime actuel en Égypte durant les derniers massacres et les bombardements de fin de monde donne une idée sur le rôle assigné à l’Égypte dans le cas où les sionistes considèrent qu’un pays arabe ou musulman en Orient ou au Maghreb nécessite un bombardement ou une destruction totale ou partielle.

Finalement la focalisation des téléobjectifs, des articles de propagandes habituels, des reportages humanitaires sur Darfour n’ont rien à voir avec l’objectif réel des sionistes…

 

 http://www.polemia.com/img/img_doc/war_in_the_soudan_2.jpg

 

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18 avril 2009 6 18 /04 /avril /2009 10:36


http://ladiesroom.fr/wp-content/uploads/2008/05/illus_journee_revolte1.jpg

نحن المذبوحون أعلاه..

أيها الغربيون نحن المذبوحون أعلاه، أطفال غزة نخاطبكم من خلف الركام، من فوق أكوام مدارس قصفت فوق رؤوسنا نحن الأطفال الذين لا نملك سوى دفاتر رسم، وكراسات ملوّنة بلون التفاح، بلون شجر الليمون والبرتقال، نحن الصغار الذين لا نملك سوى طباشير وأقلام، وبعض اللعب المحلية التي عجناها بأيدينا من الأرض والتراب في ظل التجويع والحصار، نخاطبكم من مدارسنا التي صارت حطام، امتزج فيه الاسمنت بلحم الطفولة بالأجساد الغضّة بالدماء، نحدثكم من شوارع مخرّبة وأحياء مهدّمة، من ساحات مبعثرة يتسكع فيها الحزن وأنين الغبار، نخاطبكم من مجاري المياه المنتفخة بفتاة اللحم البشري وبقايا أشلاء من أجساد، نخاطبكم من غزة مدينة المليون ساكن، الذين حوصروا أمام صمت العالم، وجوّعوا أمام  عرب المقابر، فاختاروا الوقوف بدل الجثوّ على المرافق، نخاطبكم من البيوت المفتتة، من المساجد المحطمة، من المعابر المخرّبة، من الأسواق المعطلة، من المستشفيات المعطوبة، من الثنايا والمسارب والطرقات وبيوت العطش التي انقطع عنها الكهرباء منذ أكثر من عام، نخاطبكم من غزة مدينة الشموع، لنقول لكم ببراءة الأطفال وبلكنة الصغار، الأحياء منا أو الجرحى الموزعين في المستشفيات، أو من فقدوا الأهل والجيران والخلان والآباء والأمهات، أو من طحنتهم الدبابات والمدرعات، نقول لكم نيابة عنا، ونيابة عن أطفال تحت الأنقاض وتحت تراب المقابر، الذين مزقت أجسادهم طائرات وأسلحة العدوان، نقول لكم انه زارنا " بابا نوال " مبكرا قبل الموعد بثلاثة أيام، ووزّع علينا نحن الصغار ألعابا تشبه فيما تشبه قنابل الموت والتشويه والدمار، وقدّم لنا بمناسبة أعياد الميلاد أطنانا من الصواريخ والقذائف، وقنابل فسفورية تجزّر الأجساد وتقطع الأطراف، وتزرع الحروق وتثير الغثيان، فشكرا لكم أيها الغربيون، ومن خلالكم الشكر موصول " لبابا نوال "...

 

 

نحن المشوّهون أعلاه

 

أيها الغربيون نحن المشوّهون أعلاه أطفال غزة الباقون على قيد الحياة، نيابة عنّا ونيابة عن أقراننا ممّن دفنوا في التراب وهم أحياء، ونيابة عن زملائنا الذين انظمّوا إلى معسكرات الأيتام، نقول لكم أنه كان لنا فيما مضى بيوتا وعائلات وأهالي وأمهات وأدوات مدرسية  وآباء، ننتظر قدومهم كل مساء، لنقبلهم لنمازحهم لنلعب معهم لعبة الذئب والخراف، أو لعبة الثعلب والغراب، أو لعبة السمكة والصياد، أو لعبة القط والفئران والعديد من الألعاب، كنا وكانت لنا أمهات يغطيننا بالعطف والحنان، كنا وكانت لنا بيوتا تختزن الدفء والفرح والذكريات وتحكي أقاصيص كي ينام الصغار، كنا وكانت لنا فيما مضى أعراس وحفلات مدرسية وأزقة ومساجد وبراري ومزارع وحقول، وأفران تبيع الرغيف، ودكاكين نشتري منها الحلوى والفواكه والخضار فحوّلها الغزاة إلى دمار...

 

 

نحن الطفولة المختلسة أعلاه

 

 

أيها الغربيون نحن الطفولة المذبوحة أعلاه، نحن الطفولة المختلسة أعلاه، نحن الطفولة التي أثارت ذعر الاحتلال، فجاءونا بعدة فيالق وجمعوا لنا 30 ألف محارب بين جنود وضبّاط ، وقاموا بقصفنا من البر والبحر والسماء، فسالت دمائنا البريئة وتوزعت في كل مكان، بين الطرقات في البيوت على ضفاف الجدران بين حنفيات العطش وعلى أرصفة الأزقة والشوارع  وتدفقت تسيل في كل مكان...

 

أيها الغربيون لعلكم شاهدتم وسمعتم ورأيتم عبر الفضائيات، وعبر الجرائد والمواقع صورنا المخرّبة، وأجسادنا المهشمة المتناثرة هنا وهناك، في المستشفيات، في سيارات الإسعاف، في المدارس، في المعاهد، في الملاجئ، في السهول في المنازل، وكل أحزان المساءات...

 

 

نحن ذاك الرضيع الذي قصف وهو بين أحضان أمه

 

أيها الغربيون، نحن المذبوحون أعلاه أطفال غزة، نحن ذاك الرضيع الذي يبلغ من العمر عامين، فقصف  بطائرات " الأباطشي " وهو بين أحضان أمه، تلك التي انتظرته 21 سنة وهي تحلم كما يحلم الصبية بلعبة العيد، تحلم كما يحلم الغريب بالعودة إلى الأرض ومعانقة الديار، تحلم كما تحلم الأرض الظمأى باستقبال المطر وقدوم الربيع، تحلم كما يحلم الأطفال باقتناص الفراش وأسراب الطيور، تحلم كما يحلم الغريق التائه في البحر باحتضان الشاطئ والتيمم بالتراب وسماع صياح الديكة ونباح الكلاب، لتستفيق في المستشفى وهي ممّدة على جرح عميق، سوف لن تضمده السنون ولا الأيام، لتفقد وليدها التي انتظرته مدة 21 عام، وتصيبه شظايا القنابل المنهمرة كالشقاء، وكالحقد الموزّع في كل مكان...

 

 

نحن الطفولة مع وخز الضمير

 

أيها الغربيون، نحن المذبوحون أعلاه أطفال غزة، نحن تلك الطفلة التي بترت قنابل الاحتلال ساقيها إلى حد الركبتين، وهي تروي بابتسامة تتحدّى بشاعة الصمت ورداءة الخطب وهزال الكلام، حكاية طفلة تحلم أن تواصل المشوار، تحلم أن تكتب للجرح مليون حكاية، وترسم للوطن ألف قصة، ذلك لأنها تؤمن أن الإعاقة الحقيقية، هي إعاقة الإرادة والضمير، لا إعاقة الأبدان...

 

نحن المذبوحون أعلاه أطفال غزة، نحن ذاك الطفل الذي فقد عينيه الاثنين بفعل العدوان، وشاهده الملايين عبر الشاشات، وهو يتحدث إلى وسائل الاعلام في صبر وثبات، وكأنه يقول لمعسكر الهزيمة والخذلان، أن العمى هو عمى الوعي والقلوب، لا عمى العيون والأبصار، وأن الأشجار لكي تثمر تحتاج للرياح، وأن الأرض كي تنتعش تحتاج للسّماد، وان الفجر يبزغ من خلف الظلام، وأن شدّة القهر والظلم تنجب الأوطان..

 

نحن المذبوحون أعلاه، نحن أطفال غزة، نحن تلك الطفلة التي تبلغ من العمر حوالي ثلاث سنوات وعلى وجهها أوسمة من الجراحات، وبين ذراعيها الصغيرتين أختها الرضيعة، وهي تربط على كتفيها، وتغني لها سيمفونية جريحة، لا تبكي "ماما" وتتقمص دور الكبار " نامي ماما "، لا تبكي ماما وتأرجحها بين سواعدها الغضّة في مشهد يمزق القلوب، ويرجّ ركام الصمت، لتعلن للعالم أنها تنتمي للجيل القادم، وأنها ستصرع اليتم وتنتصر على الأحزان... 

 

نحن المذبوحون أعلاه أطفال غزة، نحن تلك البنت التي فني أهلها وإخوتها، وأعمامها وجيرانها، وأبناء أعمامها أمام عينيها، وبقيت وحيدة ولم تفقد لغتها، وظلت تحكي حكاية شعب يستيقظ من خلف سعال القنابل، وتروي بصلابة الطفل الفلسطيني المقاتل، لحظات " المنشر والمحشر"

 

 

أمام منظمات حقوق الإنسان يباد الأطفال

 

أيها الغربيون، نحن المذبوحون أعلاه أطفال غزة،  ذبحنا من البر والبحر والجو والسماء وأنتم تتفرجون، وبينكم منظمات تملأ الأرض والفضاء ثغاء، من أجل قطة أو عصفور أو قنفد أو كلب أو قرد تعرّض لأبسط حادث سوء غذاء، بينكم منظمات وإعلام وتشريعات ومؤسسات تخترق جدران الصمت، عندما يختلس طفلا ويتيه عن الديار، بينكم مرشدون ومرشدات، ومراكز حقوق الطفل ورعاية الطفولة وحق الأمومة وأكداس من منظمات، وقوائم طويلة من الجمعيات المدافعة عن تسلية الحيوان...

 

 

لكم ولأبنائكم الأعياد ولنا القتل والأحزان

 

أيها الغربيون، ففي الوقت الذي كنتم تحتفلون فيه بأعياد الميلاد، وزيّنت شوارعكم ومدنكم بالأنوار والأعلام، والفوانيس وشجر الصنوبر ودقت الأجراس، وانتصبت حفلات الرقص والطرب والموسيقى والغناء، وولائم الأطعمة والمرطبات، وزينت مغازاتكم بهدايا الأطفال وأنواع الشكلاطة، ففي هذا الوقت الذي كانت فيه سمائكم تتلألأ بالفرح وفوانيس العيد،  كانت سمائنا نحن أطفال غزة تمطر قنابل الموت وتحجبها طائرات الرعب، ويغطيها ظلام القصف في كل اتجاه، لتشتعل من تحتنا الأرض ويحترق الفضاء، ويأتينا الموت من كل مكان، ونظل رهائن الرصاص المسكوب، والقصف المسعور، المنصبّ علينا في البيوت في الشوارع في الملاجئ في المدارس في الجامعات في المعاهد في المستشفيات في المقابر في الملاعب، لتحترق الأرض والتراب، ويشتعل الشجر والحجر والطيور والقطط  والفراش والأزهار، وتتهاوى المباني والصخور والاسمنت والجدران، ويبتلعنا الدخان والضباب، ويمضغنا الغبار ويطوينا الركام..            

 

 

هنا ولدنا.. وهنا باقون..

 

أيها الغربيون، نحن المذبوحون أعلاه أطفال فلسطين، أطفال التغريبة الفلسطينية، وسرديات مذابح كفر قاسم ودير ياسين وغزة وجنين والملاجئ والمخيمات، نحن المذبوحون أعلاه، أطفال حيفا والخليل والقدس وأريحا وبيت لحم والقطاع ونابلس وطولكرم، وكل تلك المدن والبقاع الموشومة بلون ذاكرة الأرض المرصّعة بفوانيس الصبر والرفض والتحدي والقهر والدماء، وتاريخ طويل من بصمات الزرع والحصاد، ومرويات عناوين ذاكرة جماعية تأبى الأفول، وترفض الذبول، لنقول لكم وللعالم أننا هنا ولدنا وهنا باقون، هنا سجنا وجعنا وهنا باقون، هنا ذبحنا وقصفنا وهنا باقون، وأننا نذكّركم أيها الصامتون، تذكّركم يا كل المتفرجين، أن أجدادنا وآبائنا تعرضوا لأبشع المجازر ومع ذلك لم تحذف فلسطين من فصول الذاكرة ولم تسقط من شرايين الضمائر،  ونحن قصفنا عبر كل المعابر فلم تبد فلسطين ولم يطوها الزمن ولم يختزلها التاريخ ولم تشطب من قواميس الخرائط، وستظل محفورة في الوجدان وعناوين الجيل القادم، ونبض الانتفاضة والرفض الذي لا يمكن أن يحال إلى المتاحف..   


 
الطاهر العبيدي
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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 19:11

مراسلة موقع الشيخ راشد الغنوشي

www.ghannoushi.net

نص مداخلة الشيخ راشد الغنوشي في" يوم فلسطين الخامس" للمنتدى الفلسطيني في بريطانيا

الحمد لله رب العالمين والصلاة والسلام على المبعوث رحمة للعالمين.
أحيي المنتدى الفلسطيني لتنظيمه هذا المهرجان احتفاء بانتصار غزة ضمن الاحتفالات التي أقيمت في أرجاء العالم من قبل أنصار المقاومة في العالم عربا ومسلمين وقوى تحررية من كل لون وملة.كما أحيي الشيخ كمال الخطيب أحد أبرز رموز الصمود على الخط الاول من أهلنا في فلسطين 48، وأحيي جمعكم الكريم،

والتحية قبل ذلك وبعده وخلاله لقلعة الشموخ والاباء والعزة في غزة هاشم، التي على صغر حجمها قد صنعت بفضل الله الحدث، محدثة  زلزالا في موازين القوى العسكرية والسياسية والاقتصادية بصمودها الاسطوري أزيد من ثلاثة أسابيع لحظة بلحظة في وجه طغيان أعتى وأحدث آلة عسكرية تدميرية تعمل في أيد متوحشة تتخذ من المجازر في حق الاطفال والنساء والعجز وتدمير البيوت على رؤوس أصحابها بالقصف العشوائي واستخدام الفوسفور الحارق، الف باء صناعتها العسكرية الهمجية، متكئة على الامداد الامريكي السخي والفيتو الامريكي الجاهز والاخطبوط الاعلامي المنبث في ارجاء العالم لتسويغ تلك الصناعة. لم تستسلم غزة كما استسلمت بقية المدن والعواصم العربية،حتى لكأن غزة وحدها المدينة ذات الاسوار العالية وغيرها بلا أسوار أصلا.لقد أثبتت غزة إمكان صمود اللحم في مواجهة السكين والايمان في مواجهة السيف والحق في مواجهة القوة والخيرالمتسلح بالعزيمة والاصرار في مواجهة الشر المدجج بالسلاح . لقد أعطت غزة الامل للشعوب المستضعفة المقهورة بميزان قوة عسكري واقتصادي وإعلامي ساحق أنها إذا تسلحت بالايمان والعزم، بما  يتجاوز حاجز الخوف من الموت الى حد عشقه ، أنها مهما كانت أسلحتها بسيطة ومهما بلغت غطرسة السلاح وعربدة القوة ، قادرة على الصمود والذب عن حقوقها وحرماتها ورد المعتدين على أعقابهم يجررون أذيال الخيبة والخزي والعاركما حصل لقطعان الصهاينة في غزة وجنوب لبنان قبل ذلك. نعم لقد أمكن للوحشية الصهيونية ولغطرسة القوة وعربدة السلاح المتوحش تدمير آلاف الاجساد الطاهرة أشلاء وتمزيق شمل آلاف العائلات وتحويل سماء غزة نارا ودورها خرابا وأرضها محرقة حتى أشجار البساتين وحتى حيوانات حديقة الحيوان لم تستبق منها قائما، ولكن شيئا من ذلك لم ينل من شموخ عماليق غزة، نساء وأطفالا وشبابا ناهيك بأبطال حماس وقيادات حماس روعة وصمودا وإبداعا.كيف يمكن لمن في عقله ذرة من انسانية أن لا يتعاطف مع أهل غزة وأن لا يغضب لأشلائهم الممزقة فوق دورهم وبساتينهم ، بله أن يصم مثل هؤلاء بالارهاب وهم يدافعون باللحم العاري عن أرضهم، وحتى أسلحتهم البسيطة  كانت من التحضر أن لم تزهق روحا واحدة في الصف المقابل؟ حقا نحن نعيش في عالم انقلبت موازينه، حتى غدا أبطال فلسطين المدافعين عن شبر الارض المتبقي في يدهم ارهابيين إذا هم تجرأوا على الدفاع عنه،وحتى غدت أية محاولة لمساعدتهم على الصمود والدفاع عن أنفسهم جريمة وإرهابا وخيانة وحتى غدا الالتزام الصارم بمحاصرتهم ومنعهم من الغذاء والدواء والماء والوقود فضلا عن السلاح قرار دوليا تلتزم به بكل حزم دول عربية كبيرة،  بينما قطعان المستوطنين المجلوبين من كل فج عميق من أطراف الارض يمثلون الشرعية الدولية والوقوف في وجه أطماعهم وغطرستهم جريمة وإرهابا . أمام سمع العالم وبصره ومنذ ستين سنة أكثر من ست ملايين فلسطيني مشردين محاصرين محرومين من وطنهم يرون مزارعهم تحرث من قبل تلك القطعان، مستمتعين بمساكنهم عابثين بمقدساتهم ،بما فيها الاقصى الشريف الذي يحرم حتى أهل الضفة الغربية بل حتى سكان القدس من التعبد فيه وتنخره ليل نهار فئران الاحتلال وتوشك أن تعلن عن انهياره لتأسيس أسطورة الهيكل على أنقاضه، يزيفون معالم التاريخ، واجدين لدى سادة الحضارة سياسيين ومفكرين وإعلاميين من يدافع عنهم لدرجة تجريم كل صوت يرتفع للذب عن حق أهل فلسطين، واصمينه بالارهاب يخمدون صوته بكل سبيل كما فعلوا معي شخصيا .
لن يرهبوننا مهما فعلوا، لن نسكت عن حق أمتنا في فلسطين، شرائع السماء شرائع الارض معنا ، دستور الاخلاق معنا، أحرار العالم معنا . وقبل ذلك وبعده الله الحق العدل البر القوي معنا.
إن قضية فلسطين قضية مباركة لأنها تدافع عن ارض مباركة، باعتبارها صحنا للأقصى المبارك الذي شرف بأن كان البيت الثاني بعد المسجد الحرام في مكة الذي وضع للناس في الارض لعبادة الله الواحد الاحد الفرد الصمد، كما شرف بمسرى آخر الرسل اليه ، حيث جمع الله له عليه السلام كل الانبياء عليهم السلام على مر التاريخ، ليؤمهم جميعا في صلاة خاشعة لله تبارك وتعالى تعبيرا عن وحدة الدين ومكانة النبي الخاتم وشرف المكان. كما كان من شرف هذه القضية أنها بصدد إحياء أمة بكاملها تبعث فيها عزة ونخوة الايمان والشوق الى الشهادة والاستقامة على نهج الاسلام ومغالبة نوازع الضعف والهوان وتأجيج جذوة المقاومة وتعبئة مقومات التوحد في مواجهة نوازع الخنوع والتشرذم والاستسلام لأعداء الامة والانسانية. لقد نجح  صمود غزة الاسطوري في مواجهة الغطرسة الصهيونية النازية في إيقاظ الامة وتحريك الشوارع على امتداد العالم مما فشلت في إنجازه كل القضايا والتحديات الاخرى، وذلك بسبب العمق الديني والاستراتيجي لهذه القضية ووضوح الحق والظلم فيها ودعما لذلك الصمود الرائع لشعبها المستضعف البطل ، واحتجاجا على النظام الدولي الجائر المتواطئ وعلى حليفه العربي المتخاذل حتى غدت غزة قلب زلزال أخذ يهز العروش ويوشك غير بعيد أن يطيح بها،أو يحملها حملا على الاصطفاف مع شعوبها بدل الاصطفاف مع الاعداء، بما جعل عطاء غزة للامة ولأحرارها يربو عن عطاء هذه لغزة. إنه لا يحيي الامم الكبرى غير التحديات الضخمة، واحتلال فلسطين هو التحدي الأعظم الذي ابتلى الله به أمتنا لإحيائها وتوحيدها ووضعها مجددا في موقعها القيادي في التاريخ . ففي مواجهته حتى التحرير الكامل لجسم الامة منه،  سيعاد بناء وتشكيل عالم الافكار والعقائد والقيم والجماعات والدول والاحزاب فلا يبقى منها غير من يصمد في معركة الامة هذه..في طريق مواجهة هذا التحدي ستتم نهضة الامة ويتم توحدها ووضعها على طريق الحضارة ، كما ستتم  إعادة بناء العلاقات الدولية على أساس انساني عادل بديلا عما تقوم عليه العلاقات الدولية اليوم من منطق الغطرسة وحق القوة بدل قوة الحق والعدل. إنه لو لم تكن للامة قضية من نوع فلسطين لوجب أن تكون ، ولكن الله أعلم بما يصلح الامة الخاتمة "خير أمة أخرجت للناس" "ألا يعلم من خلق وهو اللطيف الخبير" فاستبشروا بالمستقبل فكلما أمعن الصهاينة في الغطرسة والتنكيل بأهل فلسطين ومن حولهم ولجوا في الافساد في الارض كلما أيقظوا مزيدا من قوى الامة الهامدة وحرروا مزيدا من الطاقات المعطلة وجمعوا ضدهم مزيدا من القوى السائبة وعبؤوا في مواجهتم مزيدا من الضمائر الانسانية الحرة وهي تستيقظ يوما بعد يوم من خدرهم وتكتشف وجههم الحقيقي وجه النازي المتوحش وما توقعه بالفلسطينيين ومن يناصرهم من محارق ليس من شأنها إلا أن تأتي على مشروعيتهم الاخلاقية مشروعية مأساة الهولوكوست التي أسسوا عليها ولا زالوا مشروعية احتلال فلسطين.قال تعالى"وعسى أن تكرهوا شيئا وهو خير لكم وعسى أن تحبوا شيئا وهو شر لكم والله يعلم وأنتم لا تعلمون" صدق الله العظيم

 

 

 

مخيم "نوتنغهام" للجمعية الثقافية التونسية في بريطانيا

 

 

شارك الشيخ راشد الغنوشي في المخيم الذي نظّمته الجمعية الثقافية التونسية في بريطانيا في مدينة نوتنغهام أيام 10 - 11-  12 أفريل وشهد  المخيم أنشطة كشفية للأطفال وجولات جماعية داخل الغابة المحيطة بمركز المخيم وانشطة رياضية مثل كرة القدم ورياضة المشي بعد صلاة الصبح والمأثورات بالإضافة الى سهرات فنية  تخللتها مداخلات للشيخ راشد الغنوشي والدكتور منصف بن سالم  الذي  قدم عرضا للواقع السياسي والإجتماعي الذي تشهده البلاد مستشهدا بما يواجهه من مضايقات تواصلت لأكثر من عقدين. ومن جهته  أكد الشيخ راشد الغنوشي "ان الهجرة في تاريخ الدعوات وحركات التحرر ليست بأمرٍ غريبٍ أو شاذٍّ، فقد هاجر الأنبياء والرسل، وهاجر زعماء الحركات الوطنية، ولم تَخْلُ المهاجر منذ "الاستقلال"من مهاجرين، كما لم تَخْلُ السجون من ضيوف، وتداولت تيارات المعارضة على السجون كما تداولت على المهاجر ولقد جعل الله سبحانه لعباده الْمُهَدَّدِين بالاضطهاد في الهجرة مخرجًا"

 

وفي حديثه عن الوضع السياسي في البلاد قال الشيخ أنه "رغم نداءاتنا ونداءاتِ غَيْرِنَا الموجهةِ إلى السلطة، دعوةً إلى الانفتاح والتَّصَالُحِ مع شعبها، إلا أنها لم تُلْقِ لذلك بالًا، بل أَوْغَلَتْ فيما أدمنتْ عليه من تعامُلٍ أَمْنِيٍّ مع كل الملفات، ما أَفْضَى بالبلاد إلى حالةِ جمودٍ وانسدادٍ وتصاعُدٍ للاحتقان، بدأتْ طلائعه تتفَجَّر أحداثَ عُنْفٍ وهِزَّاتٍ اجتماعيةً وإضراباتٍ، بما يُرَجِّحُ أن التطور في البلاد ليس مُتَّجِهًا إلى مصالحةٍ وانفراجٍ ... وربما يكون ذلك جزءًا من الوضع العربي العامِّ الذي تتضاءَلُ الآمال في تَطَوُّرِهِ إلى الديمقراطية، عَبْرَ الوفاق مع الأنظمة القائمة "

 

 

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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 11:20
On est cerné......

«PLUS ON EST HABITUÉ À ÊTRE OBSERVÉ, MOINS ON EST SENSIBLE AUX ATTEINTES À LA VIE PRIVÉE»

[Antoinette Rouvroy interviewée par Sylvestre Huet - Libération du 18 novembre 2008] 
Entretien avec Antoinette Rouvroy, de l’université de Namur (Belgique), qui s’interroge sur la reconfiguration radicale de l’espace public induite par cette possibilité technologique.

Antoinette Rouvroy est chercheuse au Centre de recherche informatique et droit (Crid) à l’université de Namur.

Quelle est votre première réaction devant ce projet d’une webcam mondiale, fenêtre ouverte, et actualisée chaque semaine, sur tout endroit de la Terre?

Ces nouvelles possibilités technologiques favorisent et témoignent d’une reconfiguration de notre conception de l’espace. Et confirment l’actualité de l’analyse de Michel Foucault (1) quant au fait que «l’espace lui-même, dans l’expérience occidentale, a une histoire». Alors qu’au Moyen-Age, cette expérience passait par des notions de hiérarchies de lieux caractérisées par leur caractère sacré ou profane, d’accès ouvert ou restreint, cette possibilité d’une vision de l’espace global de la Terre met cette dernière, en quelque sorte, «à plat».

Dans le nouveau paradigme, la qualité profane ou sacrée des lieux importe moins: l’espace géographique «s’éprouve comme un réseau qui relie des points», tous équivalents, tous potentiellement signifiants. Et, étant moi-même un point dans ce réseau, je veux savoir où je suis, où je vais. De la hiérarchie des lieux, on passe à un système où tous sont comme juxtaposés dans une simultanéité. C’est alors toute l’intelligibilité du réel qui est transformée. La Terre et son image appartiendront, en apparence, à tout le monde. Mais à qui vont-elles appartenir réellement? Cela suscite un énorme intérêt… et un malaise tout aussi grand.

Pourquoi ce malaise?

A l’idée de savoir que l’on est peut-être en train de m’observer, de là-haut, même si je suis difficile à identifier, ma première idée est de m’abriter sous un toit… Surtout si l’on imagine que le croisement entre cette information spatiale et d’autres, comme le signal d’un mobile, peut permettre de savoir que je fais partie de tel groupe visible sur l’image, à tel endroit, même si je reste non identifiable parmi ce groupe.

On imagine sans peine le potentiel que représente ce type d’information pour les gouvernements, la politique sécuritaire, le marketing… Le malaise est d’autant plus grand que n’importe qui peut voir. Le contrôleur est invisible, potentiellement lointain, et je ne connais pas son interprétation de ce qu’il voit. Un tel contrôle invisible reconfigure l’architecture de l’espace public et risque d’inciter à des formes d’autocensure ou de conformisme d’autant plus strictes qu’elles s’opèrent à l’aune de normes inconnues des personnes observées. Et non plus seulement de celles, prévisibles, qui sont propres à un contexte familier.

Quels problèmes juridiques et politiques poserait une telle capacité d’observation, aussi précise et récurrente?

Il est malaisé de prévoir a priori tous les cas de figure, surtout que la technologie peut évoluer vers des images plus définies et plus souvent réactualisées. Elles exacerberaient les problèmes de protection de la vie privée dans les relations entre les personnes et l’Etat. L’Etat de droit ne suppose pas une transparence totale envers les citoyens, mais un principe de proportionnalité. S’il est légitime que l’Etat ait accès à certaines informations personnelles lorsque cela est nécessaire à la préservation d’un intérêt collectif prépondérant, cet accès doit être prévu par la loi et proportionné. Or, là, l’information semble constante et non discriminée et, bien sûr, recueillie sans le consentement des personnes. Un problème amplifié par le fait que la technique spatiale transcende les frontières politiques et juridiques. La surveillance satellitaire peut gêner la liberté d’exprimer ses opinions par une manifestation.

Comme ses images seront d’accès libre, la protection de la vie privée vis-à-vis d’autres personnes privées est en jeu. Les entreprises peuvent y voir un moyen efficace d’espionnage industriel. Quant aux relations internationales, elles seront affectées par la «transparence» auxquels seront soumis les actes des gouvernements en cas de crise, de guerre. Mais pas nécessairement dans le bon sens. Nous faisons une trop grande confiance aux images. Or leur sens réel, pour être intelligible, suppose souvent la connaissance du contexte, elles ne sont qu’une partie de l’information. Le flux d’images peut ainsi revêtir l’apparence de la transparence au service de l’opacité.

Que faire?

Les projets de ce type prennent de vitesse nos capacités à imaginer et à réguler leurs enjeux sociétaux. Personne ne dispose de la boîte à outils juridique adaptée. Il en résulte que les forces (politiques, économiques) qui déterminent l’orientation des technologies disposent d’un pouvoir immense qui échappe au contrôle démocratique. Cette dépolitisation est accentuée par l’érosion de l’attachement à la vie privée que les technologies provoquent (Internet, caméras de surveillance…). Plus on est habitué à être observé, et moins on est sensible aux atteintes à la vie privée. Les gens acceptent maintenant qu’une grande part de leur vie privée puisse faire l’objet d’une surveillance constante, allant jusqu’à exposer eux-mêmes leur vie intime sur Internet. Une question s’impose: arrive-t-on à une situation où, tant que les citoyens ne protestent pas, il ne faut pas freiner ces technologies? Faut-il les protéger sans, voire contre eux-mêmes? Cela nous oblige à repenser les rapports entre droit et technologie et, surtout, à affirmer la nécessité que ces enjeux éthiques, juridiques et politiques puissent être prises en compte dès le stade le plus précoce du design technologique. Les concepteurs ont à rendre compte de leur impact sur l’effectivité des droits et des libertés fondamentales qui conditionnent la vitalité démocratique.

(1) Michel Foucault, Dits et écrits, Architecture, Mouvement, Continuité N°5 (1984).

http://www.ecrans.fr/Plus-on-est-habitue-a-etre-observe,5712.html

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« NOUS NE POURRONS JAMAIS ARRÊTER LES GROS PIRATES QUI SE CACHENT DERRIÈRES DES PROXYS »

[L'Expansion.com - 10/04/2009]

Le réseau Tor promet une navigation anonyme sur internet.
En attendant une éventuelle adoption du projet de loi Création et Internet par l’Assemble nationale, les prestataires techniques peaufinent leur dispositif de détection de fichiers illicites. Deux d’entre eux, Advestigo et Co-Peer-Right Agency lèvent pour L’Expansion.com un coin de voile sur leurs modes opératoires. Pour eux, il s’agit surtout de décourager les internautes qui téléchargent de façon illégale en amateurs. Les pros ont toutes les chances de passer entre les mailles du filet. Car les parades existent déjà.

Le repérage d’un fichier : comment ça se passe ?

C’est le rôle des prestataires techniques chargés de protéger les actifs numériques. Leurs champs d’action ? Le web et les réseaux « peer-to-peer ». Les dispositifs mis en oeuvre sont automatisés et s’appliquent à de très larges volumes. La méthodologie est peu ou prou identique de l’un à l’autre. « Dans une première étape, nous définissons sous la responsabilité des ayants droits quels sont les fichiers, les titres audio-visuels qui doivent être surveillés à tel moment », explique Michel Roux, président d’Advestigo. Le dispositif concernera tout au plus quelques dizaines de milliers de titres autrement dit, « les 20% d’oeuvres qui font 80% de leur chiffre d’affaires », note pour sa part Eric Petit, Directeur des systèmes d’information de Co-Peer-Right Agency.

La deuxième étape porte sur la détection proprement dite. Il s’agit alors de trier le bon grain de l’ivraie à partir d’une base de référence composée de mots-clés et d’empreintes numériques : « Nous détectons sur le net ou les réseaux P2P quelles sont les copies en circulation. Il peut y en avoir plusieurs centaines se rapportant à un même titre », poursuit Michel Roux. Le dispositif entre alors dans sa troisième étape. C’est lors de ce « scan » que sont repérés les téléchargements illicites, copies d’oeuvres diffusées à partir d’une adresse IP française et correspondant à un ayant droit français. L’adresse IP de l’ordinateur en cause est alors clairement identifiée.

Quelques chiffres :
55,6 millions de titres (titres à l’unité et albums) ont été achetés l’an dernier auprès des plateformes de téléchargement légal en France, soit une progression de 48,6% par rapport à l’année précédente (Source Snep). Une enquête réalisée par l’Alpa (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle) au premier semestre 2008 estime que le film Bienvenue chez les Ch’tis a fait l’objet de 9800 téléchargements quotidiens pendant cette période. Ce long-métrage est sorti en salle le 27 février 2008. Sa première détection P2P remonte au 5 mars 2008.

Y a-t-il des protocoles ciblés en priorité ?
« À ma connaissance, rien est écrit », répond Eric Petit. « Cette surveillance est et sera évolutive », estime pour sa part Michel Roux. En fait, ce sera aux ayants droits de définir quelles sont les menaces les plus importantes ou les plus urgentes à considérer. En France, les protocoles les plus utilisés sont BitTorrent, eDonkey, Gnutella 1 et 2 pour Shareaza, OpenNap (ex-Napster). D’autres, plus exotiques sont également surveillés, certains sont en perte de vitesse, d’autres en croissance. Les récidivistes vont-ils faire l’objet d’une surveillance accrue ?

S’agissant des prestataires techniques, la réponse est non. « Jusqu’au moment où le constat d’infraction est porté à la connaissance de l’Hadopi, il comporte uniquement une adresse IP. L’Hadopi interroge alors les FAI. C’est à eux qu’il revient de dire à qui correspond cette adresse. Ce n’est qu’ensuite que l’on pourra établir si c’est un récidiviste ou pas », insiste Michel Roux. Pour sa part, Eric Petit ne se fait guère d’illusion : « Cela fait des années qu’on se bat pour dire qu’il faut cibler en priorité les premiers diffuseurs. Nous ne pourrons jamais arrêter les gros pirates qui se cachent derrières des proxys. Le piratage existe depuis le début de l’Internet. Et le P2P a simplement ouvert cette pratique au grand public ». Réseaux privés virtuels à l’instar de ThePirateBay, P2P crypté, Tor,… Les pirates n’ont-ils pas déjà pris les commandes ?

Le principe de l’escalade est réel, sans aucun doute. Tous les systèmes de sécurité ou d’anti-virus prennent en compte continuellement de nouvelles menaces. Difficile de prévoir, aujourd’hui, comment vont réagir les internautes qui téléchargent pour le plaisir ou ponctuellement, soit la grande majorité d’entre eux. « 20 à 25% n’auront pas les moyens d’aller vers des logiciels de ce type, qui sont un peu plus compliqués. Les autres vont basculer progressivement vers le chiffrage. Et il sera impossible de localiser de gros diffuseurs cryptés », estime Eric Petit.

Pour Michel Roux, la loi Création et Internet est surtout là pour faire de la prévention et de la dissuasion de masse. « Il s’agit d’une réponse modérée aux 90% d’internautes qui téléchargent. Les gros tomberont quant à eux sous le coup de la loi Dadvsi ». Ces prestataires considèrent cependant que les comportements seront infléchis dès la réception des premiers emails d’avertissement. Les coûts du repérage et de la communication des informations à l’Hadopi

« La mise en place de l’Hadopi coûtera 70 millions d’euros, en raison notamment des modifications d’infrastructures à réaliser chez les FAI. Orange estime ce coût industriel entre 15 et 20 millions d’euros », note Eric Petit. Pour Michel Roux, tout va dépendre de la politique adoptée : « Entre surveiller 20 000 morceaux de musique et 20 millions, il y a une différence. Entre dresser 1000 contrats d’infractions par jour et 100 000 contrats, il y a encore une différence ».

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-high-tech/nous-ne-pourrons-jamais-arreter-les-gros-pirates-qui-se-cachent-derrieres-des-proxys_179024.html
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Par : Abdelaziz Barrouhi, à Tunis -J.A
OPA sur Assabah

Dar Assabah, le principal groupe privé de la presse écrite tunisienne a, de manière inattendue, ouvert son capital à l’homme d’affaires Mohamed Sakhr el-Materi, par ailleurs gendre du président Zine el-Abidine Ben Ali.

El-Materi a acquis, fin mars 39,5 % de ce capital auprès de trois des six enfants du fondateur, Habib Cheikhrouhou. Il dispose donc, en théorie, d’au moins trois des sept sièges du conseil d’administration que présidait jusque-là Fatma Bakir-Cheikhrouhou. Le nom de cette dernière ne figure plus dans l’ours des quotidiens Assabah (arabophone) et Le Temps (francophone) depuis le 27 mars.

El-Materi, qui n’a pas encore rendu son acquisition publique, n’a a fortiori pas indiqué s’il comptait poursuivre cette sorte d’offre publique d’achat (OPA) amicale. Parmi ceux qui n’ont pas vendu figurent Raouf, directeur général du groupe depuis 2000, et son frère aîné Moncef Cheikhrouhou, professeur d’économie à HEC-Paris.

La direction de Dar Assabah ne confirme pas le nom de l’acquéreur, mais dans un entrefilet, paru le 3 avril, évoque l’entrée d’un « partenaire de renom » avec qui elle partage « les mêmes objectifs et valeurs en vue de promouvoir la presse indépendante ».

À 29 ans, l’homme d’affaires préside déjà Princesse El-Materi Holding, actif dans le commerce automobile, le tourisme de croisière, la banque, l’agroalimentaire et l’immobilier. Membre du conseil d’administration d’Adwya, leader de l’industrie pharmaceutique, il est aussi présent dans les médias, avec la station radiophonique Zitouna, qui diffuse des émissions religieuses dans la ligne de la tradition moderniste. Il envisagerait de lancer une chaîne de télévision.
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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 11:03
Tunisie : Le gouvernement doit honorer sa promesse d’accorder l’accès aux prisons
Human Rights Watch rejette les conditions qui limiteraient ses entretiens avec les prisonniers



(Genève, le 16 avril 2009) – La Tunisie devrait honorer son engagement à accorder à Human Rights Watch l’accès à ses prisons, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.



Dans une lettre ouverte adressée aujourd’hui aux membres du Comité des droits de l’homme de l’ONU et aux Etats Membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Human Rights Watch a indiqué que malgré l’annonce par la Tunisie il y a un an devant ces instances que l’organisation pourrait se rendre dans ses prisons, elle faisait obstruction à ces visites en fixant des conditions inacceptables. De ce fait, les négociations entre le ministère de la Justice tunisien et Human Rights Watch sur les conditions des visites ont stagné.



« La promesse faite par la Tunisie d’ouvrir ses prisons à des organisations indépendantes des droits humains est importante, mais elle finira par n’avoir aucun sens si la Tunisie n’autorise pas des personnes extérieures à observer et décrire ce qui se passe réellement à l’intérieur », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch.



Selon l’une des conditions sur lesquelles insiste la Tunisie, le représentant de Human Rights Watch ne serait autorisé à s’entretenir qu’avec un échantillon de prisonniers qui répondent à une invitation générale à être interrogés. Human Rights Watch accepte cet « échantillonnage » comme l’une des méthodes de sélection des prisonniers à interroger, mais insiste également sur le droit à demander des entretiens avec des prisonniers spécifiques choisis sur la base de son actuel suivi de la situation dans les prisons.



Human Rights Watch a indiqué dans sa lettre que seule une méthodologie mixte – utilisant à la fois l’« échantillonnage » et les listes de noms – « garantirait que la délégation puisse accéder à un échantillon large et diversifié de prisonniers ... enquêter sur les cas où il y a eu des allégations d’exactions, et s’entretenir avec des prisonniers présélectionnés que l’administration aurait pu transférer vers d’autres lieux de détention avant l’arrivée de la délégation. »



Le 19 avril 2005, les autorités tunisiennes ont pour la première fois promis à Human Rights Watch un accès à leurs prisons, mais elles ont ensuite différé cet accès au motif qu’elles autoriseraient d’abord le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à se rendre dans les prisons. Le CICR se rend dans les prisons tunisiennes depuis 2005 mais, contrairement à Human Rights Watch, rend compte de ses conclusions en privé au gouvernement au lieu de les publier. Aucune organisation indépendante des droits humains rendant ses résultats publics n’a été autorisée à entrer dans les prisons tunisiennes depuis 1991, lorsque la Ligue tunisienne des droits de l’homme avait pu visiter deux prisons.



« Les responsables du ministère de la Justice nous ont assuré à maintes reprises qu’ils n’ont rien à cacher dans les prisons », a indiqué Sarah Leah Whitson. « Il est temps qu’ils acceptent une méthodologie pour les visites qui corrobore ces affirmations, afin que les visites de Human Rights Watch puissent commencer. »





Pour consulter la lettre de Human Rights Watch aux membres du Comité des droits de l’homme de l’ONU et aux Etats Membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, veuillez suivre le lien :
http://www.hrw.org/node/82461

Pour consulter le communiqué de presse en anglais d’avril 2005 contenant la déclaration de Human Rights Watch, « Tunisia Pledges to End Long Solitary Confinement » (« La Tunisie s’engage à mettre fin à l’isolement cellulaire prolongé »), veuillez suivre le lien :
http://www.hrw.org/en/news/2005/04/19/tunisia-pledges-end-long-solitary-confinement

Pour consulter les comptes-rendus en anglais des réunions du Comité des droits de l’homme de l’ONU, détaillant la promesse faite en 2005 par la Tunisie de permettre à Human Rights Watch l’accès à ses prisons, veuillez vous reporter à :

· Compte-rendu de réunion du 17 mars 2008 : http://www.bayefsky.com/summary/tunisia_ccpr_c_sr_2512_2008.pdf

· Compte-rendu de réunion du 18 mars 2008 (1): http://www.bayefsky.com/summary/tunisia_ccpr_c_sr_2513_2008.pdf

· Compte-rendu de réunion du 18 mars 2008 (2): http://www.bayefsky.com/summary/tunisia_ccpr_c_sr_2514_2008.pdf



Pour plus d’ info rmations, veuillez contacter :

A Genève, Eric Goldstein (anglais, français) +1-917-519-4736 (portable) ou +33-6-20-67-27-27

Au Maroc, Abderrahim Sabir (arabe, anglais, français): +212-67-908-7196
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Human Rights Watch appelle la Tunisie à la laisser visiter ses prisons



GENÈVE, Suisse (AFP) — L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a appelé jeudi la Tunisie à respecter son engagement pris il y a un an devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU de laisser les ONG visiter ses prisons.

"La Tunisie devrait honorer son engagement à accorder à Human Rights Watch l?accès à ses prisons", a expliqué l'ONG dans une lettre envoyée aux membres du Comité des droits de l?homme de l?ONU ainsi qu'aux Etats membres du Conseil des droits de l?homme de l?ONU.

Selon elle, la Tunisie fait "obstruction" aux visites dans ses prisons "en fixant des conditions inacceptables", qui ont conduit à bloquer les négociations entre l'ONG et le ministère tunisien de la Justice.
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La Tunisie se dit surprise par l'attitude du Human Rights Watch


Tunis, 16 avril (Xinhua) -- La Tunisie a annoncé sa surprise envers l'attitude de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), qui a exhorté jeudi les autorités tunisiennes à laisser les ONG visiter ses prisons en Tunisie.

Selon une source officielle tunisienne, la Tunisie avait annoncé son accord de principe pour entamer des négociations avec HRW en définissant les conditions permettant à cette organisation d'effectuer des visites dans les prisons tunisiennes.

Cependant, ajoute la source officielle tunisienne dans un communiqué rendu public jeudi, au cours des négociations entamées avec HRW, "le gouvernement tunisien a été surpris par l'attitude de cette organisation tendant à poser des conditions incompatibles avec la loi tunisienne organisant les prisons, laquelle consacre l'égalité entre l'ensemble des prisonniers".

Human Rights Watch, explique la même source, a exigé l'adoption du système de listes préétablies de prisonniers, ce qui est de nature à engendrer un traitement discriminatoire entre les détenus.

L'organisation a refusé ainsi de considérer l'ensemble des détenus sur un pied d'égalité quant à leurs conditions de séjour dans les établissements pénitentiaires.

HRW a également tenté, lors des négociations, de poser des conditions incompatibles avec le respect de l'identité des prisonniers, principe garanti par la loi ainsi que par les instruments internationaux en la matière.

"Eu égard à toutes ces considérations, les autorités tunisiennes estiment que si les négociations n'ont pas abouti à un accord, c'est en raison de ces conditions contraires aux principes d'égalité et de respect de l'intégrité des prisonniers que l'organisation a essayé d'imposer''.

Il convient de signaler que Human Rigths watch, a demandé, jeudi, à la Tunisie de respecter son engagement pris il y a un an devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU d'accorder aux ONG l'accès à ses prisons.

Selon Human Rights Watch, la Tunisie fait "obstruction" aux visites dans ses prisons "en fixant des conditions inacceptables", qui ont conduit à bloquer les négociations entre l'ONG et le ministère tunisien de la Justice

"La promesse faite par la Tunisie d?ouvrir ses prisons à des organisations indépendantes des droits humains est importante, mais elle finira par n?avoir aucun sens si la Tunisie n?autorise pas des personnes extérieures à observer et décrire ce qui se passe réellement à l?intérieur", a estimé la directrice pour le Moyen Orient et l?Afrique du Nord de HRW, Sarah Leah Whitson, citée dans le communiqué.

Une des conditions posées par la Tunisie est de n'autoriser l'ONG à s'entretenir "qu?avec un échantillon de prisonniers" acceptant d'être interrogés. Human Rights Watch demande en plus la possibilité de parler avec "des prisonniers spécifiques choisis sur la base de son actuel suivi de la situation dans les prisons", explique-t-elle.

HWR rappelle que les autorités tunisiennes lui avaient promis dès avril 2005 un accès à leurs prisons avant de finalement n'autoriser que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) - dont les enquêtes ne sont pas publiées - à s'y rendre.

"Aucune organisation indépendante des droits humains rendant ses résultats publics n?a été autorisée à entrer dans les prisons tunisiennes depuis 1991", déplore encore l'ONG.

Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.
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Human Rights Watch appelle la Tunisie à la laisser visiter ses prisons

GENÈVE, Suisse (AFP) - L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a appelé jeudi la Tunisie à respecter son engagement pris il y a un an devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU de laisser les ONG visiter ses prisons.
"La Tunisie devrait honorer son engagement à accorder à Human Rights Watch l?accès à ses prisons", a expliqué l'ONG dans une lettre envoyée aux membres du Comité des droits de l?homme de l?ONU ainsi qu'aux Etats membres du Conseil des droits de l?homme de l?ONU.

Selon elle, la Tunisie fait "obstruction" aux visites dans ses prisons "en fixant des conditions inacceptables", qui ont conduit à bloquer les négociations entre l'ONG et le ministère tunisien de la Justice.


"La promesse faite par la Tunisie d?ouvrir ses prisons à des organisations indépendantes des droits humains est importante, mais elle finira par n?avoir aucun sens si la Tunisie n?autorise pas des personnes extérieures à observer et décrire ce qui se passe réellement à l?intérieur", a estimé la directrice pour le Moyen Orient et l?Afrique du Nord de HRW, Sarah Leah Whitson, citée dans le communiqué.

Une des conditions posées par la Tunisie est de n'autoriser l'ONG à s'entretenir "qu?avec un échantillon de prisonniers" acceptant d'être interrogés. Human Rights Watch demande en plus la possibilité de parler avec "des prisonniers spécifiques choisis sur la base de son actuel suivi de la situation dans les prisons", explique-t-elle.

HWR rappelle que les autorités tunisiennes lui avaient promis dès avril 2005 un accès à leurs prisons avant de finalement n'autoriser que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) - dont les enquêtes ne sont pas publiées - à s'y rendre.

"Aucune organisation indépendante des droits humains rendant ses résultats publics n?a été autorisée à entrer dans les prisons tunisiennes depuis 1991", déplore encore l'ONG.

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