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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 06:59
 
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L’énergie en 2007 et perspectives pour 2008
par Sylvie MATELLY (IRIS)



L’année 2007 de monsieur « tout le monde » aura été marquée par deux préoccupations majeures : l’inflation de sa facture énergétique et les conséquences de son mode de vie sur l’environnement. L’environnement s’est invité dans le débat français à l’occasion de la campagne présidentielle quant un Pacte écologique a obligé nos candidats à proposer des mesures écologiques réalistes et à s’engager à les appliquer s’ils étaient élus. Le Prix Nobel de la Paix accordé conjointement au GIEC et à Al Gore pour leurs engagements respectifs dans la lutte contre le réchauffement climatique fut une sorte de « cerise sur le gâteau » à cette année très environnementale.
 
Néanmoins, sans vouloir faire l’avocat du diable, l’environnement n’a-t-il pas été en 2007 un bénéficiaire collatéral du renchérissement du prix du pétrole ? Si tel est le cas, et malgré les très maigres résultats négociés à Bali début décembre, la tendance devrait se poursuivre. En effet, alors que le baril de pétrole flirte depuis plusieurs semaines avec la symbolique barre des 100 dollars, rien ne laisse entrevoir une baisse durable du cours du baril ou de l’énergie plus en général. Certes, un ralentissement de la croissance américaine peut calmer temporairement les prix, certes la valeur du pétrole est amplifiée par la spéculation mais tous les experts s’accordent toutefois sur le fait que l’ère du pétrole « bon marché » est terminée. La demande énergétique devrait en effet continuer à s’accroître avec le développement des pays émergents, Chine et Inde en tête et à un rythme difficile à suivre pour l’offre malgré les investissements réalisés ces dernières années. Cette perspective fait craindre des pénuries dans certaines régions à certains moments de l’année voire à plus long terme un épuisement de la ressources en énergie fossile.
Sans revenir sur le débat autour du « peak oil » et du moment où les réserves de pétrole seront épuisées, force est de constater que l’économie mondialisée, très dépendante du pétrole, a déjà amorcé sa transition : cette dernière ne se fera pas sans heurt et les contours en sont encore assez flous et incertains mais le processus est lancé et devrait se poursuivre en 2008. Et, même s’il est incontestable que l’épuisement des ressources pétrolières aura un impact notable sur nos modes de vie, c’est aujourd’hui plus dans sa dimension stratégique que la question énergétique peut inquiéter.
 
En effet, la dépendance des pays consommateurs vis-à-vis des pays producteurs est très importante. Elle conduit les premiers à des choix politiques, à des politiques énergétiques et/ou étrangères qui sont déterminantes des relations internationales et de l’ordre ou du désordre mondial : on pense bien sûr aux Etats-Unis en Irak ou au Moyen Orient, à la Chine au Soudan et en Afrique. C’est aussi le cas des différents opposant ces temps-ci, les Russes, les Canadiens ou les Danois (entre autres pays) quant à la propriété du gaz et du pétrole devenus exploitables… grâce à la fonte des glaces due au réchauffement climatique ! Les pays exportateurs d’énergie, ayant compris depuis longtemps l’enjeu de la question, n’hésitent plus à imposer leur point de vue, à freiner des négociations et des accords internationaux pour asseoir leurs revendications. Ce fut le cas des Russes encore cette année qui négocient leur participation à tel ou tel traité ou institution, règlent leurs comptes avec certains pays (Etats-Unis, Pologne etc.). C’est le cas également de l’Iran d’Ahmadinejab ou du Venezuela de Chavez, qui annonçaient en novembre qu’ils factureraient une partie de leur pétrole en euro. Cette annonce, outre une valeur symbolique forte, peut aussi avoir en 2008 des conséquences économiques importantes (Iran et Venezuela qui, rappelons-le, furent déjà en 1960 à l’initiative de la création de l’OPEP, à l’époque, le pétrole s’échangeait à moins de 5 dollars le baril). La diversification de nos consommations d’énergie a également une dimension stratégique essentielle. La question alimentaire par exemple a resurgi en 2007. Elle est liée à une exploitation toujours plus importante des terres agricoles pour produire des biocarburants. Cette agriculture « énergétique » modifie profondément les dépendances et les cartes de la puissance, avantageant plutôt les grands pays tempérés.
De fait donc, les relations internationales devraient encore en 2008 être dominées par la question énergétique.
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