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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 11:44

 

 

LA GUERRE CONTRE L’IRAN N’AURA PAS LIEU !

La guerre contre l’Iran n’aura pas lieu… pour le moment. La guerre d’Iran n’aura pas lieu de sitôt même si ‘Pierrot le fou’ - Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël - crie « Aux loups, aux loups » à la Knesset - parlement israélien - pendant qu’Ahmadinejad – le Président iranien – ne l’écoute pas, ne l’entend pas, et pour cause, l’Iran connaît parfaitement les plans de l’hyène américaine et l’Ayatollah Khamenei sait également que le renard israélien ne commande pas au loup états-unien. C’est plutôt l’inverse (1).

Tout ce que la Terre porte d’analystes, d’observateurs, d’experts militaires se sont émus la semaine dernière à l’annonce qu’un porte-avions de la Ve flotte américaine, furetant dans le secteur du détroit d’Ormuz, loin de son port d’attache, avait été chassé de la région par un exercice militaire iranien. Le navire risquait en effet de provoquer un incident-accident entre les deux belligérants se disputant le Golfe persan (2).

L’incident n’était pourtant qu’un exercice de réchauffement avant la conflagration à venir. Après avoir assisté à ce coup monté, dites-vous que l’une des prochaines fois sera la bonne et que cet incident provoqué déclenchera non pas la ‘troisième guerre mondiale’ mais l’attaque américano-israélienne contre l’Iran que l’Amérique attend depuis si longtemps.

Pourquoi pas cette fois, ni la prochaine, mais la suivante seulement ? Et pourquoi en 2013 et pas avant ? Pour répondre à ces questions il faut savoir pourquoi les USA en veulent tant à l’Iran. Si l’on ne sait pas répondre à cette question préalable, on en est réduit à conjecturer – à spéculer – à colporter les papiers d’intoxication médiatique des éditorialistes américains et israéliens.

Posons d’abord une prémisse évidente. Neuf pays de par le monde possèdent l’arme atomique. Ce sont les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël – entre 100 et 200 ogives – (3). Y a-t-il plus criminel que le gouvernement états-unien ? Y-a-t-il plus hystérique que le gouvernement israélien ? Y-a-t-il plus instable que le gouvernement pakistanais ? Y-a-t-il plus imprévisible que le gouvernement coréen ? Y-a-t-il plus soumis que le gouvernement du Royaume-Uni ? Y-a-t-il plus cynique que le gouvernement de Russie ? Y a-t-il plus agité que le gouvernement de Sarkozy ? Pourtant, ni l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) ni l’ONU ne suggèrent le désarmement nucléaire de ces gouvernements menaçants et incompétents.

Il faut en conclure que la propagande à propos du danger nucléaire iranien n’est qu’un faux-semblant qui cache autre chose, d’autant plus que celui qui s’en dit le plus préoccupé-menacé est justement le seul qui ait utilisé l’arme atomique deux fois plutôt qu’une (Hiroshima et Nagasaki) et qu’il menace encore une fois de l’utiliser contre l’Iran – bombes de type Blu-117 – (4). Qui plus est, les États-Unis possèdent 2 200 têtes nucléaires et 800 vecteurs, de quoi détruire la planète toute entière (5). Que feront les deux ou trois bombes nucléaires iraniennes – à supposer qu’elles existent – montées sur des missiles Shihab-3 – 2 200 km de portée maximum – alors que les États-Unis se situent à 11 000 kilomètres du Golfe persique ? Moins d’une heure après une prétendue attaque iranienne, mille bombes nucléaires américaines pulvériseraient l’Iran ne laissant plus une âme qui vive (77 millions d’habitants). Espérons que nous en avons terminé avec cette fadaise de la menace nucléaire iranienne tout juste bonne à effrayer les retraités des salons de thé.

Mais alors qu’est-ce qui justifie l’acrimonie états-unienne à l’encontre de la destinée iranienne ? Dans un papier, il y a tout juste une année, nous avions répondu à cette question – « Regardez du côté du détroit d’Ormuz », disions-nous (6).

L’Iran a commis le crime de lèse-majesté de ne pas trembler quand Georges W. Bush l’a désigné à la vindicte de sa ‘communauté internationale’. L’Iran a l’outrecuidance de développer sa propre politique nationale plénipotentiaire. L’Iran a le culot de vendre son pétrole à la Chine en devises souveraines iraniennes. L’Iran s’approvisionne en armement auprès de la Russie honnie. L’Iran a choisi le camp de l’impérialisme chinois – l’ennemi irrédentiste de l’impérialisme américain. Enfin, l’Iran a le mauvais goût de posséder une frontière sur le détroit d’Ormuz par où transite près de 35 % du pétrole mondial, point de passage pétrolier que les États-Unis entendent bien entraver ou faire entraver !

Pour que ce plan machiavélique fonctionne, les États-Unis doivent cependant colmater au moins deux brèches dans le dispositif de verrouillage pétrolier de la région du Golfe persique. Le projet Nabucco, un oléoduc irano-irako-syrien destiné à acheminer le pétrole iranien et irakien jusqu’en Méditerranée via le territoire syrien et le projet d’oléoduc des Émirats Arabes Unis destiné à contourner le détroit d’Ormuz pour l’acheminer directement jusqu’au port de Foujeirah (7). Pour ce dernier oléoduc ce ne sera pas compliqué ; les Émirats Arabes Unis sont sous protectorat américain et leur pétrole sera acheminé aux clients que Washington aura accrédités ; pour le premier cependant, rien n’est assuré et la subversion récemment entreprise contre la Syrie vise justement le contrôle de cet oléoduc.

Dans un récent article nous demandions pourquoi la France et l’Euroland endossent la stratégie américaine visant leur propre étranglement pétrolier (8) ? En effet, si le détroit d’Ormuz est interdit à la navigation, c’est la Chine et l’Europe qui seront privées de carburant et non les États-Unis qui s’approvisionnent autrement. Ceci nous amène à conclure que l’Union Européenne devrait réviser ses politiques vis-à-vis de la Syrie et de l’Iran prochainement.

L’agression américaine contre la Syrie et l’Iran s’inscrit comme une étape de la guerre que se livrent les trois grands camps de l’impérialisme mondial – le camp états-unien – le camp de l’Euroland allié au camp américain jusqu’au 8 décembre dernier et dont il tente dorénavant de s’éloigner pour ne pas couler avec le dollar plombé – et le camp chinois, la superpuissance industrielle montante à laquelle sont associées l’Iran, la Syrie et la Russie. Un expert affirme que ce que nous décrivons ci-haut : « ce modèle militaire mondial du Pentagone en est un de conquête du monde » (9). Les États-Unis n’envisagent nullement de conquérir le monde. Leur puissance technico-militaire est énorme mais leur capacité militaire conventionnelle – humaine – est bien en-deçà de telles ambitions. Les Américains souhaitent simplement détruire les infrastructures urbaines, les infrastructures portuaires et les raffineries iraniennes de façon à punir ce pays pour sa dissidence ; faire un exemple auprès de tous les autres pays en voie de développement qui caressent des rêves d’indépendance nationale.

Les États-Unis ne cherchent pas à s’emparer du pétrole iranien, ils en seraient bien incapables puisqu’ils ne songent nullement à débarquer des détachements de Marines et à s’installer à Téhéran. Quand on est impuissant à mater les talibans afghans, on ne songe même pas à occuper l’Iran. Les États-Unis cherchent plutôt à provoquer une crise économique, financière, monétaire mondiale qui frappera toutes les puissances impérialistes, dépréciera leurs monnaies (le Yuan et l’Euro – le Dollar, lui s’en va déjà à vau-l’eau) et les rendront dépendantes des marchés boursiers et des ressources énergétiques du monde anglo-saxon (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada) où la valeur des entreprises pétrolières s’élèvera de façon vertigineuse en même temps que la valeur de l’or noir (Golfe du Mexique, Alaska, Sables bitumineux de l’Alberta et Mer du Nord).

Ce coup de « poker » démentiel et meurtrier ne provoquera pas la ‘troisième guerre mondiale’ – les deux autres blocs impérialistes concurrents ne sont pas encore prêts à engager un affrontement militaire contre la superpuissance nucléaire américaine représentant la moitié des dépenses militaires de la planète (10).

Les peuples du monde souffriront énormément de cette crise économique profonde accompagnée d’une inflation importante, d’une hausse du chômage déjà catastrophique, d’une déprime boursière, de l’effondrement des hedge funds et des caisses de retraite des travailleurs ; cette crise enclenchera des soulèvements ouvriers, des grèves et des occupations d’usines jalonneront la guerre de classe – travail contre capital – sur le front économique que les opportunistes petits-bourgeois auront mission de liquider en proposant divers slogans réformistes pour sauver le système capitaliste.

L’attaque américano-israélienne contre l’Iran n’aura pas lieu en 2012 – année d’élection américaine. Le sort de la Syrie doit d’abord être tranché ; pour Méphisto Obama et pour le Minotaure Netanyahu rien ne presse. Après l’élection il sera temps d’ouvrir les portes de l’enfer et de libérer les Cerbères des Guerres puniques contemporaines.

Un indice pour ceux qu’il presse de savoir quand cela surviendra : il suffit de compter les grands navires de guerre américains qui mouillent dans le Golfe persique ; quand il n’en restera plus aucun, le combat de l’Armageddon tonnera dans la fournaise persane.


(1) « Déclarations d’Hillary Clinton et du secrétaire à la Défense Leon Panetta : « aucune option n’est écartée ». Panetta a toutefois indiqué qu’« Israël ne devrait pas envisager d’action unilatérale contre l’Iran », tout en soulignant que « toute opération militaire d’Israël contre l’Iran doit être appuyée par les États-Unis et coordonnée avec eux ». (Déclaration de Leon Panetta le 2 décembre au Saban Center, cité dans U.S. Defense Secretary : Iran could get nuclear bomb within a year – Haaretz, 11 décembre 2011. C’est l’auteur qui souligne.).

(2) Il faut souligner toutefois que la flotte de guerre iranienne est chez-elle près des côtes d’Iran alors que la Ve flotte américaine est une intruse à 11 00 kilomètres des côtes américaines. 3.1.2012. http://www.lemonde.fr/proche-orient...

(3) Mordechaï Vanunu en entrevue avec Silvia Cattori. 2005. « non seulement on ne s’en prend pas à Israël, mais on aide même ce pays en secret. Il y a une coopération secrète entre Israël et la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis. Ces pays ont décidé de contribuer à la puissance nucléaire d’Israël afin de faire de ce pays un État colonial, dans le monde arabe. Ils aident Israël, parce qu’ils veulent que ce pays soit à leur service, en tant que pays colonialiste contrôlant le Moyen-Orient, ce qui leur permet de s’emparer des revenus pétroliers et de maintenir les Arabes dans le sous-développement et les conflits fratricides. Telle est la principale raison de cette coopération. ». http://www.silviacattori.net/articl...

(4) Michel Chossudovsky 6.1.2012. Mondialisation. « (…) attaque contre l’Iran, mais aussi que cette attaque pourrait inclure l’utilisation d’armes nucléaires tactiques antiblockhaus ayant une capacité explosive allant de trois à six fois celle d’une bombe d’Hiroshima. » http://www.centpapiers.com/l%E2%80%...

(5) http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Mon...

(6) La guerre contre l’Iran aura-t-elle lieu ? 14.01.2011. http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar... et dans cet écrit datant de novembre dernier, Menacer l’Iran préparer l’invasion de la Syrie. 17.11.2011. http://mondialisation.ca/index.php?...

(7) http://www.voltairenet.org/Les-Etat... et http://www.cyberpresse.ca/internati...

(8) Deux mille douze avant et après ? http://www.centpapiers.com/deux-mil...

(9) Pierre Khalaf. Guerre au Proche-Orient : anatomie d’une menace. 24.10.2011. http://www.voltairenet.org/Guerre-a...

(10) Manlio Dinucci. Les USA ‘tournent’ la page et s’apprêtent à de nouvelles guerres. 7.1.2012. http://mondialisation.ca/index.php?...

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 11:36

 

Etre musulmane et féministe à la fois n'est pas incompatible

Qu'ils soient musulmans ou non-musulmans, les gens me disent souvent que je ne peux pas être à la fois musulmane et féministe. D'ailleurs, il y a peu, lors de la lecture d'un livre dans l'Oregon, un homme dans la salle m'a demandé: ''Comment cela est-il même possible?

         
 

Qu'ils soient musulmans ou non-musulmans, les gens me disent souvent que je ne peux pas être à la fois musulmane et féministe. D'ailleurs, il y a peu, lors de la lecture d'un livre dans l'Oregon, un homme dans la salle m'a demandé: ''Comment cela est-il même possible? Ces questions prouvent que les idées fausses sur l'islam et le féminisme sont bien ancrées dans les esprits. Beaucoup pensent que les deux notions sont incompatibles. En réalité, en tant que musulmane féministe, je pense qu'elles ont bien plus en commun qu'on ne l'imagine, surtout en matière de justice sociale.

Ethos – l'esprit fondamental qui guide ma foi – est plus important pour moi que des décrets ou des dogmes absolus; aussi, quand apparaissent des questions d'ordre religieux, je m’en remets aux thèmes principaux. L'un des grands thèmes de l'islam est celui de l'équité et de la justice. Le Coran énumère des procédures de divorce loyales, le traitement équitable des orphelins et une conduite juste à l'égard des prisonniers de guerre – des situations dont les détails et les circonstances varient de nos jours mais qui sont souvent teintées d'inégalités et d'injustice. Lorsque je lis le livre saint, les thèmes de justice et de dignité pour l'humanité m'interpellent.

Ces thèmes sont les mêmes idéaux que ceux que m'inspire le féminisme. Certains imaginent que le féminisme ne s'intéresse qu'à la protection et à la promotion des femmes mais en tant que musulmane issue de deux cultures, je ne peux ignorer combien les différentes catégories sociales, comme les hommes, les femmes et les ethnies, interagissent et sont étroitement liés. Mon féminisme est préoccupé par la dignité et les droits de chacun. Quels que soit notre sexe, notre nationalité, notre religion, nos compétences ou toute autre chose, nous sommes tous dignes de contrôler nos vies, d'être rétribués de manière égale pour le travail que nous accomplissons et d'avoir les mêmes chances de connaître le bonheur et le succès.

Pour ces raisons, je ne vois pas, sur un plan général, de contradictions entre l'islam et le féminisme. L'islam et le féminisme se font mutuellement écho. Bien que l'islam porte sur la soumission à Dieu, une part importante de cette soumission est une soumission à ce qui est juste. Ainsi, tant l'islam que le féminisme guident ma pensée et mon travail.

En 2007, j'ai fondé Muslimah Media Watch, un site web qui porte un oeil critique sur les images de musulmanes diffusées par les médias du monde entier. J'écris aussi pour Racialicious qui examine les questions relatives à la culture pop et à la ''race'' et suis une ancienne de American Muslim Civil Leadership Institute qui travaille avec des dirigeants de la société civile au sein de la communauté musulmane américaine. Je me sers de mes qualités de rédactrice pour prêcher ce que je considère être bien.

Il y a une quantité d'écrits sur l'islam et le féminisme. Margot Bradan, écrivain et universitaire, s'est beaucoup penchée sur les musulmanes et le féminisme islamique. Dans un article publié dans le journal égyptien Al-Ahram Online, elle déclare: ''Le féminisme islamique, dont la compréhension et l'autorité découlent du Coran, recherche les droits et la justice pour les femmes, et pour les hommes, dans l'ensemble de leur existence... Le féminisme islamique défend les droits des femmes, l'égalité des sexes et la justice sociale, faisant du discours islamique son discours prédominant, bien que ce ne soit pas nécessairement le seul.''

Les universitaires ne sont pas les seules à combiner islam et féminisme dans leur existence et leur manière de penser. Amina Wadud est une érudite musulmane, auteur de plusieurs ouvrages sur l'islam considéré d'un point de vue féministe, également activiste cherchant à briser le rôle très limité des femmes à la mosquée en dirigeant la prière.

Sisters in Islam, groupe à but non lucratif de musulmanes en Malaisie, défend dans un cadre légal et médiatique, les droits légaux et sociaux des femmes et des enfants en Malaisie. Un réseau indépendant géré par des étudiants, Mideast Youth, se lance dans des projets utilisant des médias numériques qui luttent pour les droits des groupes marginalisés dans les pays majoritairement musulmans pour ''développer des voix différentes et progressistes revendiquant le changement à travers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord''. Ces personnes et organisations savent que l'égalité dans le savoir et les idées est essentielle pour combattre différents types d'oppression sur le terrain.

Ecrire et m'engager avec les médias à travers Muslimah Media Watch a été le plus grand geste que j'ai accompli pour unir mon islam à mon féminisme. Il y a toutes sortes de manières d'être musulmane et féministe: en écrivant, en soutenant des causes et en vivant les interprétations féministes du Coran. Toutefois, une chose est sûre: l'islam et le féminisme ne sont pas incompatibles.

 

En partenariat avec le CGNews

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 10:42

 

Le scandale de la police des polices, Oumma va plus loin

Le 12 janvier, « Le Monde » révélait que la police des polices avait truqué en 2007 une procédure pour mouiller des fonctionnaires peu favorables à Nicolas Sarkozy. Parmi eux, Yannick Blanc, directeur de la police générale. A la même époque, ce haut fonctionnaire était dans la ligne de mire des éditions Flammarion.

         
 

Le 12 janvier, « Le Monde » révélait que la police des polices avait truqué en 2007 une procédure pour mouiller des fonctionnaires peu favorables à Nicolas Sarkozy. Parmi eux, Yannick Blanc, directeur de la police générale. A la même époque, ce haut fonctionnaire était dans la ligne de mire des éditions Flammarion.

L’affaire, particulièrement grave, peut se résumer ainsi : l’inspection générale des services, la « police des polices », est suspectée d’avoir sciemment truqué une enquête judiciaire. Il s’agissait de mouiller dans un faux trafic de titres de séjour des fonctionnaires de police qui avaient pour principal défaut de ne pas soutenir Nicolas Sarkozy. Certains étaient jugés trop proche du Parti socialiste. Parmi eux, Yannick Blanc, directeur de la police générale à la préfecture de police de Paris. Ces cinq personnes mises en cause ont été innocentés par la cour d’appel de Paris.   

A la même époque, je préparai un ouvrage sur Tariq Ramadan pour les éditions Flammarion. J’avais croisé Yannick Blanc lors d’une conférence à Paris. Nous avions échangé des e-mails, et il m’avait reçu au ministère de l’Intérieur, en compagnie de Didier Leschi, chef du Bureau central des cultes. Ce haut fonctionnaire français avait alors eu le courage d’affirmer clairement que Tariq Ramadan n’entretenait pas de liens avec le terrorisme.   

 Pas de lien avec une “organisation radicale“  

Il faut se souvenir qu’à cette époque de multiples pseudo-spécialistes du terrorisme, comme Caroline Fourest, Jean-Charles Brisard, ou Mohamed Sifaoui, présentaient pratiquement Tariq Ramadan comme le bras droit d’Oussama Ben Laden ! Dans le documentaire « Qui est donc Tariq Ramadan ? », diffusé sur France 2, Mohamed Sifaoui évoquait (sans apporter de preuves) une rencontre à Genève entre Tariq Ramadan et  Ayman Al-Zawahiri, l’actuel chef d’Al-Qaida !

Yannick Blanc m’avait alors déclaré : « Je n’ai jamais eu connaissance d’information établissant un lien entre Ramadan et une “organisation radicale“. Je n’ai pas accès, loin de là, à toutes les informations policières sur les milieux islamiques radicaux, mais le simple bon sens permet de comprendre que, si un tel lien existait, il y a longtemps que Ramadan serait interdit de territoire français ».     

  Flammarion s’en prend à Yannick Blanc  

Naïvement, j’imaginai que les propos de Yannick Blanc intéresserait mon éditeur. Ils ont eu l’effet inverse. Le 30 juin 2006, Thierry Billard, le directeur littéraire de Flammarion, refuse mon manuscrit sur Tariq Ramadan, considérant l’entretien avec Yannick Blanc, comme la goutte qui avait fait déborder le vase.               

Après avoir affirmé que des « jeunes gens enclins au terrorisme [qui] ont suivi les cours de Ramadan », et notamment « Djamel Beghal, condamné dans une procédure terroriste », Thierry Billard, hors de lui, écrit : « Apothéose, le chapitre “Le ministère de l’Intérieur blanchit l’islamologue“. Le lecteur y apprend que Yannick Blanc, un garçon très connu comme chacun sait, chef de service à la sous-direction des affaires politiques et associatives, dédouane Tariq Ramadan de toutes les accusations proférées contre lui (…) Cela occulte les rapports de la DST, des RG, les propos du ministre de l’Intérieur, sur votre personnage principal ». Thierry Billard fait référence au ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy.    

 Truquer des procès-verbaux

Avec le recul, les propos du directeur littéraire de Flammarion prêtent à sourire. Plus personne, pas même Caroline Fourest ou Antoine Sfeir, n’ose accuser Tariq Ramadan de liens avec le terrorisme. En revanche, on peut se demander pourquoi le directeur littéraire d’une grande maison d’édition parisienne s’est ainsi déchaîné contre Yannick Blanc.  Savait-il que celui-ci était déjà dans le collimateur de Nicolas Sarkozy ? Il faut rappeler que l’opération menée pour discréditer des fonctionnaires de police est allée jusqu’à truquer des procès-verbaux, des retranscriptions d’écoutes téléphoniques, à déformer des déclarations, et à faire pression sur des témoins…     

C’est Nicolas Sarkozy lui-même, devenu président de la République, qui a mis fin aux « fonctions de directeur de la police générale à la préfecture de police » de Yannick Blanc. Depuis, ce dernier, âgé aujourd’hui de 56 ans, est devenu directeur-adjoint du cabinet (PS) du conseil régional d’ìle-de-France, Jean-Paul Huchon. Quant à mon livre, refusé chez Flammarion, il est paru aux éditions Favre, préfacé par le chercheur Vincent Geisser. Les propos de Yannick Blanc s’y retrouvent, en pages 325 et 326 (*)  

Dans nos échanges de e-mails, Yannick Blanc, parlant des religions en général, déclarait : « Aucune règle de droit ou de police ne permet d’exiger d’une religion qu’elle soit “modérée“ ! Vous viendrait-il à l’idée de vous demander si Jean-Paul II fut un pape “modéré“ ? ».

(*) Ian Hamel, « La vérité sur Tariq Ramadan. Sa famille, ses réseaux, sa stratégie ». Editions Favre, 2007

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 10:37

Premier anniversaire de la révolution tunisienne

 



Ce samedi 14 janvier 2012 a marqué les célébrations du premier anniversaire de la révolution tunisienne. Il y a un an, après l’immolation tragique de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, le peuple tunisien sortait dans les rues et chassait du pouvoir le président Ben Ali et son clan. Un an plus tard, c’est entre espoir et interrogations que des milliers de Tunisiens se sont rassemblés sur l’avenue Habib Bourguiba, dans le centre de la capitale. Si l’ambiance est restée plutôt festive, elle s’est aussi teintée de revendications politiques. Les drapeaux rouges du parti au pouvoir Ennahda côtoyaient ceux, noirs, du parti salafiste Hizb al Tahrir, aux côtés des portraits de Che Guevara et de Nasser brandis par le Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT). Dans le cortège, il n’était pas rare d’entendre des Tunisiens pointer une vive inquiétude quant à la situation économique et sociale du pays, à lire les divers témoignages recueillis par la presse internationale.  

 
Cet anniversaire a aussi été l’occasion, pour Abdelaziz Bouteflika, de répondre à l’invitation de son homologue Moncef Marzouki, avec qui il a eu un entretien, et de se joindre aux célébrations. « Il m’a été agréable de participer avec le peuple tunisien frère à la célébration du premier anniversaire de sa révolution, partant de la fidélité de l’Algérie, qui souhaite davantage de progrès et de prospérité à votre pays et aux autres pays du grand Maghreb arabe, et de sa reconnaissance envers la Tunisie pour son rôle historique que les Algériens n’oublieront jamais », a dit le président lors d’une brève allocution, rapporte l’APS. Le président algérien s’est incliné « devant la mémoire des martyrs de la glorieuse révolution de la Tunisie », estimant que le peuple tunisien « mérite notre admiration pour la détermination et l’enthousiasme dont il a fait montre pour prendre en main les rênes de son destin conforté en cela par un consensus national inébranlable et irréversible ». 
 
Alors que Marzouki avait réservé à la Libye sa première visite de chef d’État à l’étranger, l’invitation de Bouteflika est l’occasion, pour les deux pays, de resserrer les liens, de s’appuyer sur des relations « fraternelles exceptionnelles », selon les mots du chef de l’État algérien. À la fin de son allocution, il a transmis de nouveau ses félicitations et ses vœux de succès et de réussite à l’ensemble des dirigeants de la Tunisie, leur souhaitant « un franc succès dans la réalisation des aspirations du grand peuple tunisien ».  
 
 
Polémique autour de la présence de l’émir du Qatar  
 
Ce déplacement à Tunis a aussi permis au président algérien de redire sa volonté de relance de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Pour lui, les changements à l’œuvre dans la région sont un pas vers davantage de « prospérité » et de « stabilité » : « Nous saluons les étapes franchies par la démocratie dans notre grand Maghreb arabe tout en étant convaincus qu’elles sont susceptibles d’ouvrir la voie devant la relance de l’édification de l’Union maghrébine ».  
 
M. Bouteflika a ensuite pris part au déjeuner officiel pendant lequel il a pu rencontrer l’Émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa al‑Thani, le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz et le président du CNT (Conseil national de transition) libyen Mustapha Abdeldjalil. La présence à Tunis de l’émir du Qatar Hamad ben Khalifa al‑Thani, soupçonné de financer Ennahda, a d’ailleurs soulevé un tollé, rapportent divers journaux de la presse internationale. Plusieurs Tunisiens avouent voir en lui un « agent de l'Amérique » et reprochent au Premier ministre Hamadi Jebali d’« avoir vendu la Tunisie pour des dollars ».
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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 10:29
La Tunisie fête une année sans Ben Ali

LEMONDE 

 

TUNIS, ENVOYÉE SPÉCIALE - Quelques milliers de Tunisiens défilaient toujours, samedi soir 14 janvier, sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis pour commémorer le premier anniversaire de la chute de l'ancien régime et la fuite, le même jour, il y a exactement un an, de l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali.

Dès le matin, la foule avait commencé à se rassembler. Mais ce n'est pourtant pas l'euphorie qui règne ici, plutôt une confusion entre les différents groupes de manifestants, les islamistes d'un côté, les communistes et les forces de gauche de l'autre. Entre les deux camps, les échanges agressifs ont parfois fusé, voire quelques coups de coups de poing.

 

De nombreuses manifestations de partis et de tendances différentes se font face sur l'avenue Habib Bourguiba pour cette commémoration.

De nombreuses manifestations de partis et de tendances différentes se font face sur l'avenue Habib Bourguiba pour cette commémoration.Nicolas Fauque

" Hé, tu viens de Bolivie ? ", a ainsi été apostrophé un militant du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT) par un autre d'Ennahda, le parti islamiste désormais au pouvoir. Devant les marches du théâtre national, salafistes, drapeaux noirs à la main, et islamistes ont chanté et repris en chœur " Mort à Israël ! ". Plus haut sur l'avenue, au balcon de leur local, le nouveau syndicat de la police chantait l'hymne national. À côté du ministère de l'intérieur, une stèle portant le nom de 13 policiers tués pendant la révolution a été inaugurée presqu'en catimini, loin de la foule.

PRÉSENCE OFFICIELLE DU QATAR ET DE L'ALGÉRIE

L'ambiance était plus solennelle dans l'après-midi au palais des congrès de Tunis, à l'endroit même où avait été annoncé le résultat des premières élections libres du 23 octobre 2011.

Devant un parterre d'ambassadeurs, d'élus tunisiens et d'invités, les trois têtes du nouvel exécutif tunisien, le président Moncef Marzouki, le président de l'Assemblée consitituante Mustapha Ben Jaafar, et le chef du gouvernement Hamadi Jebali ont tour à tour salué la révolution et ses martyrs devant des hôtes de marque quasiment exclusivement arabes.

 

Arrivée de Abdelaziz Bouteflika, dirigeant de l'Algérie, au Palais des Congrès.

Arrivée de Abdelaziz Bouteflika, dirigeant de l'Algérie, au Palais des Congrès.Nicolas Fauque

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, s'est notamment dit " content de partager cette révolution. (...) La reconstruction est un grand défi pour [les Tunisiens], mais vous en êtes bien capables !". À sa suite, l'émir du Qatar, dont la présence a suscité à l'extérieur, dans la rue, quelques réactions négatives avec des pancartes " Dégage Qatar ! ", a lui aussi félicité le peuple tunisien et annoncé la création d'un fonds qatari pour aider les familles des martyrs.

Le président mauritanien, le vice-président turc, le chef du conseil national de transition libyen, se sont ensuite succédés à la tribune. Mais l'on peut s'interroger sur ce que pensaient secrètement tous ces dirigeants arabes qui n'ont, à l'exception de la Libye, pas été concernés par le printemps arabe. Surtout, lorsque le président tunisien Moncef Marzouki a conclu son discours par ces mots : " Je souhaite pour vos peuples qu'ils trouvent la liberté".

Isabelle Mandraud

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 10:28
Syrie: une intervention de l’OTAN est envisagée

Plusieurs articles dans les médias britanniques confirment que les Forces spéciales britanniques (UKSF) entraînent les rebelles syriens.Le modèle sous-jacent est similaire à celui de la Libye où les Special Air Services (SAS) britanniques étaient sur le terrain avant le lancement de l’intervention militaire de l’OTAN.

         

Plusieurs articles dans les médias britanniques confirment que les Forces spéciales britanniques (UKSF) entraînent les rebelles syriens.Le modèle sous-jacent est similaire à celui de la Libye où les Special Air Services (SAS) britanniques étaient sur le terrain avant le lancement de l’intervention militaire de l’OTAN.

Une intervention de l’OTAN, calquée sur celle de la Libye, est envisagée en vertu de la responsabilité de protéger (R2P). L’Armée syrienne libre (ASL) est une création paramilitaire de facto de l’OTAN. Les reportages confirment que des agents de l’armée et du renseignement sont déjà sur le terrain en Syrie :

Il ya de plus en plus de rumeurs indiquant que les Forces spéciales britanniques assistent d’une manière quelconque les forces alignées contre le régime syrien.

Des reportages de la fin novembre de l’an dernier mentionnent que les Forces spéciales britanniques ont rencontré des membres de l’Armée syrienne libre (ASL), le bras armé du Conseil national syrien. Le but apparent de ce contact initial était d’établir la puissance des forces rebelles et d’ouvrir la voie à toute forme future d’opération d’entraînement.

Des reportages plus récents ont indiqué que des Forces spéciales britanniques et françaises ont entraîné activement des membres de l’ASL sur une base en Turquie. Certains reportages mentionnent qu’un entraînement a lieu également en Libye et au nord du Liban. Des agents du MI6 britannique et du personnel de l’UKSF (SAS/SBS (Special Boat Service)) auraient entraîné des rebelles pour le combat en zone urbaine et leur auraient fourni des armes et de l’équipement. Des agents de la CIA et des forces spéciales des États-Unis apporteraient de l’aide aux rebelles dans le secteur des communications. (British Special Forces Training Syrian Rebels?, Elite UK Forces, 5 janvier 2012. C’est l’auteur qui souligne.)

Ces reportages confirment sans équivoque une interférence étrangère dans les affaires d’un État souverain.Il ne s’agit pas d’une révolte populaire. L’insurrection ainsi que les meurtres de civils ont été commandités dès le début par des puissances occidentales.

Des agents des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Turquie fournissent des armes aux rebelles, en violation du droit international. Des reportages confirment que les rebelles sont des tireurs qualifiés et des membres d’organisations associées à Al-Qaïda.

La Grande-Bretagne se prépare à un combat en Syrie qui pourrait être plus important et plus sanglant que la bataille contre Kadhafi. Le ministre de la Défense dresse des plans secrets pour une zone d’exclusion aérienne sous l’égide de l’OTAN, mais celle-ci doit d’abord être appuyée par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Alors que les troubles et les tueries s’intensifient au sein de l’État arabe en crise, un représentant de la sécurité a révélé que des agents du MI6 et de la CIA sont déjà en Syrie pour évaluer la situation.

Des forces spéciales discutent également avec des soldats dissidents.

Ils veulent savoir de quelles armes et de quels instruments de communications les forces rebelles auront besoin si le gouvernement décide de les aider.

Une source bien placée a affirmé : « Le MI6 et la CIA sont en Syrie pour infiltrer et connaître la vérité.  ».

« Nous avons les SAS et les SBS qui ne sont pas très loin. Ils veulent savoir ce qui se passe et se renseignent surl’équipement dont les soldats dissidents ont besoin. (Deborah Sherwood, Syria will be bloodiest yet, Daily Star, 1er janvier 2012. C’est l’auteur qui souligne.)

Article original en anglais publié le 7 janvier 2012 : SYRIA: British Special Forces, CIA and MI6 Supporting Armed Insurgency. NATO Intervention Contemplated

Traduction Julie Lévesque pour Mondialisation.ca 

 

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 10:25
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Dans un entretien accordé  à la  chaîne américaine CBS News, l'émir du Qatar, Hamad ben Khalifa al-Thani a proposé l'envoi en Syrie   de  plusieurs unités  militaires arabes  "pour mettre fin aux meurtres et à l'effusion de sang". Cette proposition  n'est rien d'autre qu'une ingérence militaire, prônée également par certains experts proches des milieux israéliens et américains. Mais l'émir ne dit rien sur la provenance de ces unités. Quel pays arabe pourrait  accepter de prêter ces troupes pour  une telle expédition militaire?

Certainement  le Qatar,  comme pour la guerre contre la  Libye,   avec  bien sûr l'aide  incontournable de l'OTAN.   Le Qatar avait  en effet reconnu   avoir envoyé des centaines de soldats en soutien aux rebelles libyens qui ont renversé, avec les forces militaires de l'OTAN,  le régime de Kadhafi. Le chef d’état-major qatarien, le général-major Hamad bin Ali al-Atiya, avait  déclaré à ce sujet à  l'AFP : « Nous étions parmi eux et le nombre de Qatariens sur le terrain se chiffrait par centaines dans chaque région. La formation et les communications étaient gérées par des Qatariens. Le Qatar a supervisé les plans des rebelles parce c’était des civils qui n’avaient pas suffisamment d’expérience militaire. Nous avons assuré la liaison entre les rebelles et les forces de l’OTAN. »

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 22:24
La chute de Ben Ali, un an après

Le 14 janvier 2011, le chef de l'État tunisien Zine el-Abidine Ben Ali est contraint de quitter le pouvoir sous la pression populaire après 23 ans de règne. Réfugié à Djeddah en Arabie saoudite, le président déchu sera jugé par contumace dans plusieurs procès. Retour sur une journée historique


Les Tunisiens célèbrent le premier anniversaire de la révolution

À Tunis, dans une ambiance à la fois festive et revendicative, des milliers de personnes ont fêté, ce samedi, le premier anniversaire de la révolution. Le président Moncef Marzouki a assuré que la Tunisie poursuivrait "sa marche vers la liberté".

Par Sammy BERRAHMOUN 
 

AFP - Des milliers de Tunisiens se sont rassemblés samedi sur l'emblématique avenue Bourguiba à Tunis pour fêter le premier anniversaire de la chute de Ben Ali, tandis qu'une cérémonie officielle avait lieu à quelques encâblures en présence de dirigeants arabes.
              
Dès le matin, hommes, femmes et enfants, souvent enroulés dans le drapeau national, avaient commencé à converger sur la grande artère de la capitale tunisienne pour célébrer "la révolution de la dignité".

"Bon débarras Ben Ali!" chantaient des manifestants avant de reprendre en choeur le célèbre "Dégage" qui a marqué la révolution tunisienne.
              
Un manifestant portant un masque de Ben Ali, enchaîné et habillé d'un costume traditionnel saoudien (l'ancien président est réfugié en Arabie Saoudite), accompagné d'une marionnette représentant Leïla, l'épouse honnie, arpentait l'avenue.
              
Toute la journée, les manifestants ont chanté, scandé des slogans, ou se sont tout simplement promenés sur l'avenue, dans un sens puis dans l'autre.
              
"En fait, c'est la première fois que nous fêtons la révolution. Nous n'avions pas eu l'occasion jusqu'à présent, avec tous les problèmes qui se sont succédés", expliquait une jeune femme.
              
Des barrières interdisaient un large périmètre devant le ministère de l'Intérieur, symbole de l'ancien régime devant lequel avait commencé la dernière manifestation avant la fuite de Ben Ali, il y a tout juste un an.
              
Enfants enroulés dans le drapeau tunisien, chants, sourires, l'ambiance était festive, mais également revendicative.
              
"Travail, liberté et dignité", "Le travail est un droit", "Tunisiens restez debout", "Nous allons continuer la bataille", scandaient des manifestants.
              
"Nous avons fait cette révolution contre la dictature pour imposer notre droit à une vie digne, et non pour aider certains opportunistes à réaliser leurs ambitions politiques", s'indignait Salem Zitouni, 33 ans.
              
D'autres réclamaient la reconnaissance pour les "martyrs" abattus lors du soulèvement du décembre 2010-janvier 2011, qui a fait selon l'ONU quelque 300 morts et 700 blessés.
              
Un groupe de jeunes agitant le drapeau noir des salafistes parcourait également l'avenue aux cris de "Tunisie islamique!".
          
Le Qatar invité de marque, conspué par certains
             
D'autres manifestants chantaient à tue-tête: "le peuple tunisien est libre et ne veut pas de l'ingérence américaine ni de celle du Qatar!"
              
Le Qatar et le parti islamiste tunisien Ennahda, vainqueur des élections du 23 octobre, entretiennent des relations étroites, et l'émirat est parfois qualifié de "banquier d'Ennahda" par ses détracteurs.
              
L'émir qatari, Hamad ben Khalifa Al-Thani, était l'invité de marque des autorités tunisiennes, en compagnie d'autres leaders arabes dont le président algérien Abdelaziz Bouteflika, et le chef du Conseil national de transition libyen, Moustapha Abdeljalil.
              
Ces derniers ont participé, dans une atmosphère beaucoup plus compassée, à la cérémonie officielle au Palais des Congrès de Tunis, à quelques centaines de mètres de l'avenue Bourguiba.
              
A l'ouverture de cette cérémonie, le président tunisien Moncef Marzouki a assuré que son pays poursuivrait "sa marche vers la liberté" et estimé que le 14 janvier marquait "la fin d'une période sombre, d'un régime autoritaire et corrompu".
              
"Les peuples de la nation arabe aspirent à des jours meilleurs, et je suis sûr qu'ils vont s'inspirer de la révolution tunisienne qui promeut la liberté et la dignité", a déclaré pour sa part l'émir du Qatar, avant d'annoncer la contribution de son pays au fonds de soutien aux "martyrs" de la révolution.
              
M. Bouteflika a de son côté fait part de "l'optimisme" des Algériens après la "victoire" de la révolution tunisienne.
              
Et le chef du Conseil national de transition libyen Moustapha Abdeljalil a estimé que l'exemple tunisien avait été "un facteur essentiel" de la réussite du soulèvement libyen.

http://www.france24.com/fr/20120114-tunisie-premier-anniversaire-revolution-chute-ben-ali-commemoration-celebration

 

 

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 14:22

 

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Tunis, 14 janvier 2011, des milliers de tunisiens envahissent l’avenue Bourguiba, dans la capitale tunisienne. Des hommes, des femmes, des avocats, des médecins, des citoyens qui ont vaincu la peur et se rendent au ministère de l’Intérieur pour demander haut et fort le départ de Ben Ali.

Nabil, ce jour là, exhultait: “Nous espèrons que c’est le début de la démocratieQue nous allons élire notre président, pas quelqu’un parachuté de l‘éxtérieur. Ce n’est pas à manger, pas du travail que nous voulons, nous voulons qu’il parte, seulement qu’il s’en aille, lui, sa famille et son entourage”“

Le discours du despote, la veille à la télévision n’a pas convaincu. Ben Ali a promis de quitter le pouvoir en 2014, mais il va le faire par la petite porte, en fuyant le pays, dans l’après-midi du 14, pour se réfugier en Arabie Saoudite avec son épouse, Leila Trabelsi.

Lorsqu’il se fait photographier au chevet de Mohamed Bouazizi à l’hôpital, le président Tunisien n’imagine pas que l’immolation de ce jeune vendeur ambulant signera la fin de ses 23 ans de règne.

Le sacrifice de mohamed, poussé à bout par les humiliations policières répétées, va déclencher les protestations contre la vie chère et le chômage. Il deviendra le premier martyre de la révolution tunisienne.

Cette révolution qui déclenche le printemps arabe, a eu aussi ses victimes : selon l’ONU, 300 tunisiens y ont laissé leur vie, 700 ont été blessés.

Dans le quartier populaire de El Kram El Gharbi, a quelques pas du palais de Carthage, il y a eu 15 morts. Beaucoup attendent encore les 10 000 euros d’indemnités, c’est le cas des parents d’Atef Leabaoui, un ouvrier de 23 ans. Mais surtout,

ils veulent que les responsables de sa mort soient jugés. Leur chagrin est inmense.

“Un jeune du quartier est venu en courant m’informer que Atef était touché, se souvient la mère d’Atef. Je lui ai demandé: où est-il touché? Il m’a dit: t’inquiète pas, il est touché au pied. Son petit frère est allé voir, un peu plus tard il est revenu me voir pour me dire qu’il était touché au coeur. Il est mort. Ce que je veux d’abord pour mon fils, c’est que justice soit faite. La justice est plus importante que les réparations, elles viennent après. Je me battrai pour ça jusqu‘à mon dernier souffle.”

Mohamed Boughamni, 38 ans, blessé par balle, lui a reçu 1500 euros d’indemnités, mais il a dépensé 6 000 euros en deux opérations. Endetté, il a dû arrèter les soins faute d’argent. Lui aussi est en colère : “Si on n’avait pas été là, personne ne serait sorti de prison ! Ceux qui étaient en exil n’auraient pas pu rentrer au pays. Quand ils sont revenus, le travail été déjà fait. Ceux qui sont aux pouvoir maintenant doivent le savoir, le Président de la République et Jebali, le Premier Ministre. S’ils ne nous donnent pas ce à quoi on a droit, il y aura une autre révolution. La révolution précédente, nous l’avons fait avec des pierres, mais cette fois-ci il y aura plus que des pierres. Qu’ils en tiennent compte!”

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 14:20
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TUNIS — Plusieurs dirigeants arabes, dont l'émir du Qatar, pays proche du parti islamiste tunisien Ennahda, sont attendus à partir de vendredi à Tunis pour participer aux commémorations marquant samedi le 1er anniversaire de la chute de Ben Ali et le coup d'envoi du "printemps arabe".

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, l'émir du Qatar, Hamad bin Khalifa Al Thani, et le chef du Conseil national de transition libyen, Moustapha Abdeljalil, sont les principaux invités de la Tunisie.

Des représentants du Maroc, des Emirats Arabes Unis, de Bahrein, du Koweït et de l'autorité palestinienne sont également attendus pour la cérémonie officielle qui se déroulera samedi au Palais des Congrès à Tunis, selon le porte-parole du gouvernement Samir Dilou.

Principal hôte de marque, l'émir Hamad bin Khalifa Al Thani arrive vendredi midi et aura un tête à tête avec le Premier ministre islamiste Hamadi Jebali.

Neuf mémorandums d'entente seront signés entre les deux pays, dans les secteurs du raffinage du pétrole, de l'électricité ou de la coopération bancaire, marquant l'importance accrue des relations entre les deux pays.

Le Qatar est le premier pays étranger qu'avait visité le chef islamiste Rached Ghannouchi, après la victoire de son parti Ennahda aux élections du 23 octobre en Tunisie.

Ennahda a souvent été accusé pendant la campagne électorale d'être financé par les pays du Golfe, ce que le parti a toujours démenti.

Autres invités d'importance : les responsables algérien et libyen, deux pays voisins de la Tunisie et stratégiques pour son économie et sa stabilité.

Les relations entre Tunis et Alger sont délicates, et de récentes déclarations du président Moncef Marzouki ont hérissé l'Algérie. Lors d'une visite début janvier à Tripoli, M. Marzouki avait, selon la presse algérienne, estimé qu'un bain de sang aurait été évité dans ce pays si le premier tour des élections législatives remportées par les islamistes dans ce pays n'avait pas été annulé en 1992.

La présidence tunisienne a publié en début de semaine un communiqué pour assurer "le respect total et absolu par la Tunisie de la souveraineté de l?Algérie" et réitérer "l?importance des relations entre les deux pays frères".

Enfin, la Libye est un autre partenaire crucial pour la Tunisie, notamment économique. Avant le soulèvement libyen de février 2011, la Libye était le deuxième partenaire commercial de la Tunisie avec des échanges estimés à 1,25 milliard de dollars fin 2009, selon la Banque africaine de développement.

Par ailleurs, Tunis détient l'ex-Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al Mahmoudi, réclamé par Tripoli. Le président Marzouki a déclaré lors de son voyage en Libye qu'il ne s'opposerait pas à son extradition si un procès équitable était garanti.

Les invités arabes de Tunis participeront samedi à une cérémonie au palais des Congrès, au cours de laquelle interviendront le président Marzouki, le chef du gouvernement Hamadi Jebali et le président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar.

Plus de mille prisonniers seront également graciés samedi par le président tunisien Moncef Marzouki à l'occasion de cette célébration. La priorité sera accordée aux personnes âgées et aux adolescents, d'autres détenus bénéficieront de mise en liberté conditionnelle ou de réduction de peines.

A côté des festivités officielles, des appels à manifester sur l'avenue Habib Bourguiba, emblématique de la révolution tunisienne, ont été lancés sur les réseaux sociaux. Des manifestations artistiques sont également prévues sur l'avenue, afin de "revivre l'instant Dégage!".

Le 14 janvier 2011, des milliers de Tunisiens s'étaient rassemblés sur l'avenue Bourguiba et devant le ministère de l'Intérieur pour crier: "Ben Ali dégage!". En fin d'après-midi, Ben Ali, son épouse Leïla et quelques proches s'envolaient pour l'Arabie Saoudite, où ils sont toujours réfugiés.

Son départ, annoncé le 14 janvier en début de soirée, marquait la fin de 23 années de règne et constituait le point d'orgue de plusieurs semaines de contestation et de manifestations sans précédent en Tunisie.

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