Tunisie : L’OMCT ouvre une consultation nationale sur la prévention de la torture et des mauvais traitements
Tunis-Genève, le 9 février 2012
Hier, l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) a ouvert une consultation nationale sur la prévention de la torture en Tunisie. La cérémonie a été formellement ouverte par le Vice Président de l’OMCT, M. Dick Marty, qui a rappelé que la torture et les mauvais traitements ne peuvent jamais être justifiés et doivent toujours être combattus où qu’ils se produisent.
Lors de son allocation, il a déclaré : “Il y a un an, le monde a été le témoin du courage extraordinaire des Tunisiens ordinaires qui ont brandi leur appel à la liberté et à la justice dans les rues. Aujourd’hui nous sommes ici pour apporter notre soutien à nos partenaires de longue date dans une Tunisie nouvelle qui essaie de vaincre l’un des héritages les plus sombres de la période de Ben Ali : les pratiques généralisées et systématiques de torture et de mauvais traitements”.
Il a formulé l’espoir que la consultation marquera une étape dans le renforcement du système juridique et constitutionnel contre la torture et les mauvais traitements, ainsi que dans la réforme du secteur judiciaire. Il a rappelé notamment les droits des victimes à obtenir réparation et souligné que la réconciliation ne peut pas exister sans vérité ni justice. Enfin, il a souligné que la lutte contre la torture est un enjeu central pour tous les Etats, y compris ceux de longue tradition démocratique, et qu’il n’est donc pas question de donner des leçons mais bien de soutenir tous les efforts allant vers un système plus respectueux des droits humains en Tunisie.
M. Mokhtar Trifi, Président d’honneur de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, a souligné : “Il est temps de construire maintenant un système de protection efficace contre la torture et les mauvais traitements. Sans cela, le processus démocratique en cours demeurera inachevé”.
Il a également relevé le besoin de lever la prescription pour le crime de torture, l’importance d’assurer l’accès à un avocat sans autorisation préalable d’un juge d’instruction, et ce dès le moment de l’arrestation. Il a aussi souligné l’importance de mettre en œuvre le Protocole facultatif à la Convention contre la torture et de ne plus retarder la création d’un mécanisme national de prévention. Enfin, il a réitéré l’obligation de l’Etat d’ouvrir des enquêtes pour toute allégation de torture.
Lors de son discours d’ouverture, M. Semir Dilou, récemment nommé Ministre des Droits de l’Homme et de la Justice Transitionnelle, a rappelé que la pratique de la torture était un outil systématique de répression politique sous le régime de Ben Ali. Il a souligné le besoin de poursuivre la lutte contre la torture et a affirmé la volonté du nouveau gouvernement d’engager des réformes afin d’éradiquer la torture et les mauvais traitements.
La conférence, qui se déroulera sur trois jours, réunira des représentants du gouvernement et de la société civile, ainsi que des experts nationaux et internationaux pour discuter des futures réformes destinées à éradiquer la torture et les mauvais traitements en Tunisie. Elle vise à développer une base commune eu égard aux réformes législatives et judiciaires à venir et en vue de garantir le principe de responsabilité et la culture du respect des droits de l’homme, notamment au sein de l’appareil judiciaire, afin de garantir la pleine conformité avec la Convention des Nations Unies contre la Torture et son Protocole facultatif, ratifié par la Tunisie après la révolution.
La conférence s’achèvera vendredi après-midi et sera suivie d’un débriefing auprès de la presse à l’hôtel Belvédère à 17h le vendredi 10 février 2012.
Pour plus d’informations, veuillez contacter:
- Pierre-Henri Golly, chargé de programme à l’OMCT, Genève, + 41 22 809 49 29
- Anouar Moalla, Tunis, +216 98 363 803