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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 17:22

Tunisie : L’OMCT ouvre une consultation nationale sur la prévention de la torture et des mauvais traitements 

 

  

Tunis-Genève, le 9 février 2012

 

  

Hier, l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) a ouvert une consultation nationale sur la prévention de la torture en Tunisie. La cérémonie a été formellement ouverte par le Vice Président de l’OMCT, M. Dick Marty, qui a rappelé que la torture et les mauvais traitements ne peuvent jamais être justifiés et doivent toujours être combattus où qu’ils se produisent.

  

 

Lors de son allocation, il a déclaré : Il y a un an, le monde a été le témoin du courage extraordinaire des Tunisiens ordinaires qui ont brandi leur appel à la liberté et à la justice dans les rues. Aujourd’hui nous sommes ici pour apporter notre soutien à nos partenaires de longue date dans une Tunisie nouvelle qui essaie de vaincre l’un des héritages les plus sombres de la période de Ben Ali : les pratiques généralisées et systématiques de torture et de mauvais traitements.

  

 

Il a formulé l’espoir que la consultation marquera une étape dans le renforcement du système juridique et constitutionnel contre la torture et les mauvais traitements, ainsi que dans la réforme du secteur judiciaire. Il a rappelé notamment les droits des victimes à obtenir réparation et souligné que la réconciliation ne peut pas exister sans vérité ni justice. Enfin, il a souligné que la lutte contre la torture est un enjeu central pour tous les Etats, y compris ceux de longue tradition démocratique, et qu’il n’est donc pas question de donner des leçons mais bien de soutenir tous les efforts allant vers un système plus respectueux des droits humains en Tunisie.

  

 

M. Mokhtar Trifi, Président d’honneur de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, a souligné : Il est temps de construire maintenant un système de protection efficace contre la torture et les mauvais traitements. Sans cela, le processus démocratique en cours demeurera inachevé.

 

 

Il a également relevé le besoin de lever la prescription pour le crime de torture, l’importance d’assurer l’accès à un avocat sans autorisation préalable d’un juge d’instruction, et ce dès le moment de l’arrestation. Il a aussi souligné l’importance de mettre en œuvre le Protocole facultatif à la Convention contre la torture et de ne plus retarder la création d’un mécanisme national de prévention. Enfin, il a réitéré l’obligation de l’Etat d’ouvrir des enquêtes pour toute allégation de torture.

 

 

Lors de son discours d’ouverture, M. Semir Dilou, récemment nommé Ministre des Droits de l’Homme et de la Justice Transitionnelle, a rappelé que la pratique de la torture était un outil systématique de répression politique sous le régime de Ben Ali. Il a souligné le besoin de poursuivre la lutte contre la torture et a affirmé la volonté du nouveau gouvernement d’engager des réformes afin d’éradiquer la torture et les mauvais traitements.

 


La conférence, qui se déroulera sur trois jours, réunira des représentants du gouvernement et de la société civile, ainsi que des experts nationaux et internationaux pour discuter des futures réformes destinées à éradiquer la torture et les mauvais traitements en Tunisie. Elle vise à développer une base commune eu égard aux réformes législatives et judiciaires à venir et en vue de garantir le principe de responsabilité et la culture du respect des droits de l’homme, notamment au sein de l’appareil judiciaire, afin de garantir la pleine conformité avec la Convention des Nations Unies contre la Torture et son Protocole facultatif, ratifié par la Tunisie après la révolution.

 

 

La conférence s’achèvera vendredi après-midi et sera suivie d’un débriefing auprès de la presse à l’hôtel Belvédère à 17h le vendredi 10 février 2012.

 

 

Pour plus d’informations, veuillez contacter:

  • Pierre-Henri Golly, chargé de programme à l’OMCT, Genève, + 41 22 809 49 29
  • Anouar Moalla, Tunis, +216 98 363 803
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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 09:12

Les Anonymous démasquent la fachosphère

owni

Anonymous s’est lancé dans une nouvelle bataille, après le soutien symbolique aux révoltes arabes et les protestations contre la fermeture du site de téléchargement MegaUpload. Le collectif informel a attaqué des sites d’organisations d’extrême-droite en Europe et aux Etats-Unis. En France, l’opération Blitzkrieg a donné lieu à un curieux chassé-croisé. Les piratages de cinq sites d’extrême-droite et d’un site se réclamant anti-fasciste ont tous été revendiqués par des Anonymous.

Un message laissé sur antifasciste.info prétend que le site a été piraté et le contenu modifié (défacé) par les Anonymous. Ils auraient ainsi agi en représailles des actions menées contre les sites d’extrême-droite :

Début Janvier 2012, plusieurs sites appartenant à la mouvance d’extrême droite ont été piratés.
Ces actes ont été signés par Anonymous antifa ou Antifanonymous et n’ont aucun rapport avec notre mouvance.
Nous condamnons ces actes là. En agissant ainsi les script kiddies qui ont réussi à détourner des sites de débutant ont agit contre la liberté d’expression pour laquelle Anonymous se bat à travers le Monde et ne valent pas mieux que les dictatures qui exercent un pouvoir totalitaire et une censure sur l’opinion du peuple.

Une accusation étonnante au vue de l’éthique, certes fluctuante, du groupe éthéré et décentralisé que constituent les Anonymous. Le collectif n’a pas de colonne vertébrale, mais un socle de valeurs communes, au sommet duquel trône la liberté d’expression. Lors de l’opération contre les sites officiels des autorités iraniennes, de longues discussions avaient eu lieu pour déterminer si le site d’une agence de presse pouvait être pris pour cible. Celui-ci diffusait les photos de manifestants et appelait les lecteurs à la délation. Cet outrage le privait de sa qualité de média, qualité qui le prémunissait jusqu’alors des attaques des Anonymous.

Un label sans monopole

Iraient-ils jusqu’à défendre la liberté d’expression de sites de droite radicale ? Probablement pas, mais personne n’a le monopole du label Anonymous. Pour pallier les difficultés rencontrées, notamment dans les relations avec les médias, certains Anonymous ont structuré la prise de parole publique. Des règles sont à l’essai pour “réaliser des interviews dont les réponses sont écrites collectivement”, ce afin d’éviter “la course à l’échalote dans le choix des intervenants” lorsque les médias manifestent de l’intérêt.

L'anthropologue Gabriella Coleman, spécialiste reconnue des Anonymous, étale sa science. La chercheuse a été la première ...


Reste qu’Anonymous, par définition, ne communique pas uniquement par ce biais. En réponse au prétendu défacement du site antifasciste.info, une vidéo a été brièvement mise en ligne. Sur La jeunesse emmerde le Front national des Bérurier Noir défilaient des images du parti d’extrême-droite français et des montages apposant le visage d’Hitler sur le corps de Marine Le Pen. La vidéo n’est plus accessible, car “c’était un pavé dans la marre” nous a expliqué la personne qui a posté la vidéo.

Le blog Fafwatch, connu pour surveiller et parfois révéler des informations personnelles sur des militants d’extrême-droite, s’est fait l’écho d’une autre interprétation. Un article paru sur le blog affirme que le site antifasciste.info appartient au Groupe Union Défense (GUD), un mouvement d’extrême-droite. Ils auraient procédé à un faux défacement du site pour prétendre que les Anonymous étaient de leur côté. Au terme de recherches en ligne approfondies, Fafwatch affirme avoir identifié l’auteur du piratage de antifasciste.info et qu’il s’agit bien d’un militant d’extrême-droite, irrité par l’opération Lyon Propre lancée en janvier contre la fachosphère française.

#OpBlitzkrieg

Le 14 janvier, la “Jeunesse nationaliste” avait défilé à Lyon derrière Alexandre Gabriac, exclu du FN pour avoir posé faisant le salut nazi, et Yvan Benedetti, chef du groupuscule d’extrême-droite “Oeuvre française”. Cinq sites de la fachosphère sont alors pris pour cibles par les Anonymous : oeuvrefrançaise.com, six-fevrier.com, yvan-benedetti.fr, jeune-nation.com et la-flamme.fr. Comme à l’accoutumé, une vidéo est mise en ligne pour revendiquer, signer et donner quelques informations supplémentaires sur l’opération.



Le dernier coup d’éclat en date fut le piratage du compte email de Steven Bissuel, chef de la section lyonnaise du GUD. Parmi les documents figurent le compte-rendu d’une réunion interne qui confirme l’existence d’une branche étudiante, l’Union défense de la jeunesse. “Le combat nationaliste” détaille la liste des bonnes actions qu’un militant du GUD se doit d’effectuer chaque jour.

En Allemagne aussi, l’extrême-droite s’est fait déshabiller par les Anonymous, associant attaques par déni de service (saturation des serveurs sous les requêtes) et piratages de données, publiées ensuite sur des plateformes. Nommée avec ironie #OpBlitzkrieg, elle consistait à mettre hors-ligne puis récupérer et faire fuiter des données sur la blogosphère néo-nazie allemande. Des informations embarrassantes pour le parti d’extrême-droite allemand, le NPD, avait ainsi circulé : leur liste de donateurs, des emails internes, les identités de clients de boutiques néo-nazies entre autres.

Aux Etats-Unis, le collectif de hackers a découvert des liens entre le candidat à l’investiture républicaine Ron Paul et un réseau suprématiste blanc. Un portail permettant de faire des recherches par mot-clés dans les documents récupérés a été mis en ligne.

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 09:05
La télé tunisienne, sans transition

 


Audiovisuel . Malgré la chute de Ben Ali, la chaîne publique Wataniya 1 a du mal à faire sa propre révolution.



C’est le grand rencard de l’information en Tunisie depuis la révolution : le JT de 20 heures de Wataniya 1 («Nationale 1»), principale chaîne de télé publique, attire chaque soir 3,5 à 4 millions de téléspectateurs, selon l’institut Sigma, contre 500 000 seulement sous Ben Ali. «Les gens sont avides d’information sur le pays, maintenant, estime Riadh Ferjani, chercheur spécialiste des médias. Mais s’il y a un endroit où on peut mesurer le recul de la révolution, c’est bien dans le JT de Wataniya.» Résistances au changement, pressions des islamistes, Wataniya 1 est prise entre deux feux.

Rapport. «La maison de la télévision» se dresse, carrée, massive, sur une hauteur de la capitale. La nuit, les soucoupes qui surplombent chacun des coins s’illuminent de rose. «C’était la couleur qui se rapprochait le plus du mauve», teinte fétiche de Ben Ali, sourit un journaliste. Les 1 200 fonctionnaires censés y travailler sont introuvables. Quasi personne dans l’immense hall, les couloirs sont plongés dans le noir, beaucoup de bureaux sont fermés. Un rapport de la Cour des comptes a confirmé l’étendue de la mauvaise gestion et de la corruption au sein de l’établissement.

Dans un coin de la rédaction, ils ne sont qu’une petite dizaine de journalistes (sur une soixantaine) à préparer le 20 heures. Hamadi Ghidaoui, le chef d’édition du jour, déroule le conducteur, les journalistes débattent dans la confusion : sur quoi ouvrir ? La vague de froid exceptionnelle, ou bien l’expulsion de l’ambassadeur syrien sur décision du président Marzouki ? D’ailleurs, faut-il accepter la proposition du Président d’intervenir en direct ? Neige, Syrie, de quoi veut-il parler ? Information institutionnelle, peu de reportages sur le terrain… «On reste tributaires des fax, il n’y a pas de ligne éditoriale», regrette Hamadi Ghidaoui, qui représente le syndicat des journalistes. Reporter depuis 2001, Fadwa Chtourou est dépitée : «Il nous manque une planification. On espérait faire des reportages de proximité, approfondir des thèmes. Mais je n’ai plus le goût de proposer des sujets. C’est toute une chaîne à revoir, je ne peux pas le faire seule. On a besoin de quelqu’un qui apporte un vrai changement au JT».

A la va-vite, dans le week-end suivant la chute du dictateur, Tunisie 7 - en référence au chiffre fétiche de Ben Ali, arrivé au pouvoir le 7 novembre 1987 - a opéré sa mutation : changement de nom pour celui de Wataniya 1, de logo, de couleur. Mais la dynamique peine à aller au-delà du cosmétique. Le conducteur n’est certes plus dicté par les autorités et les reporters sont envoyés en formation. Mais la rédaction navigue à vue. Livrés à eux-mêmes, les journalistes, dont une partie conteste la rédactrice en chef, accumulent bourdes et dérapages. Sur le terrain, ils travaillent sous pression populaire : il faut parfois enlever le logo du matériel pour éviter l’agression. Beaucoup continuent de tenir rigueur à Tunisie 7 pour son rôle aux côtés de Ben Ali.

«Piliers». Particulièrement virulents, les islamistes fustigent des médias «de gauche» et anti-Ennahda. Les plus hauts responsables du parti y sont aussi allés de leur critique. «Ennahda n’a pas beaucoup de tribune médiatique, c’est vrai. Les médias manquent parfois d’objectivité», reconnaît la blogueuse Emna El Hammi. Le bras de fer avec Wataniya 1 est d’autant plus fort que la rédaction persiste à qualifier le gouvernement de «provisoire». Ce qui a inspiré à un avocat une plainte pour abus lexical. Le seul journaliste qui a renoncé à ce terme est chaudement félicité sur des pages Facebook pro-Ennahda, refuge des partisans islamistes. «Ennahda critique les médias, mais ne propose comme alternative que des médias à la botte», déplore le chercheur Riadh Ferjani.

L’ombre d’une allégeance de Wataniya au pouvoir islamiste suscite inquiétudes et fantasmes. Nourris par des nominations sans concertation à la tête des médias publics. Et par la suspension, fin janvier, d’un chroniqueur de la chaîne pour sa virulence envers Ennahda… sur sa page Facebook personnelle. Sadok Bouabène, ancien directeur de la chaîne sous Ben Ali et de nouveau aux manettes depuis janvier : «Il faut donner l’idée que nous sommes neutres.» «Tout pouvoir politique a la tentation du contrôle. Il faut donc mettre des garde-fous», juge Larbi Chouikha, membre de l’Instance de réforme de l’information et de la communication (Inric) chargée d’adapter les médias tunisiens à la démocratie. L’Inric préconise la création d’une autorité de contrôle indépendante. Pour Larbi Chouikha, «les journalistes sont le pilier de l’édifice, c’est à eux de défendre leur neutralité, de définir des chartes rédactionnelles, etc.» Ainsi les journalistes de Wataniya 1 espèrent pouvoir élire un comité de rédaction qui dirigerait et réformerait l’info sur la chaîne. Et comme le dit Hamadi Ghidaoui, «c’est urgent».

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 08:58
La torture se poursuivrait en Tunisie
AFP

La pratique de la torture a continué en Tunisie après le 14 janvier, date de la chute de l'ancien président tunisien, a affirmé aujourd'hui le ministre des Droits de l'Homme et porte-parole du gouvernement Samir Dilou.  "L'ancien régime a chuté mais la torture existe encore. Les pratiques de tortures existent même après la révolution", a-t-il dit à l'ouverture d'une "consultation nationale pour prévenir et éradiquer la torture et les mauvais traitements, à l'initiative de la Mission de l'Organisation mondiale contre la Torture (OMCT) en Tunisie.

Selon M. Dilou, "une décision politique ne peut pas mettre fin à ces pratiques qui étaient la politique de l'ancien régime de Ben Ali (...) il faut du temps et beaucoup d'effort pour que tous les services sécuritaires appliquent et respectent la loi". "Il faut aussi attendre un peu de temps pour que toutes les législations soient conformes aux conventions internationales", a ajouté M. Dilou qui a emprisonné sous le régime de Ben Ali.

Dévêtir les prisonniers, les appeler par des chiffres, les forcer à regarder leurs amis en train de subir la torture, figuraient dans "l'un des chapitres de la torture pratiquée sous l'ancien régime", a décrit M. Dilou. "Au nom de la lutte contre le terrorisme, des pays de longues traditions démocratiques ont commis ces dernières décennies des abus absolument inacceptables", a déploré de son côté Dick Marty, vice président de l'OMCT. "La démocratie et le respect des droits de l'Homme sont des valeurs qu'il faut reconquérir jour après jour", a-t-il ajouté soulignant qu'"il n'y aura pas de réconciliation sans un travail de mémoire et de justice"

Selon lui, la Tunisie qui est sur le chemin d'une véritable démocratie, à la chance de pouvoir devenir le pays phare et une référence pour toute la région". Ce séminaire qui va réunir à Tunis pendant deux jours des experts et des représentants des ONG, vise à échanger les réflexions sur le thème de la torture, a indiqué M. Marty. Militant des droits de l'Homme, M. Marty a participé à l'enquête du Conseil de l'Europe sur les vols et les prisons secrètes de la CIA.

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 08:40


Après avoir été l'instigateur du printemps arabe, la Tunisie a inauguré l'hiver islamiste. © Fethi Belaid / AFP

 

  • Par Patrice Gouy

"Je ne suis pas tunisien et n'ai aucun droit à m'exprimer en leur nom. Quoi de plus irritant que cette hypocrite mission que se fixent certains plumitifs de donner la parole à ceux qui ne l'ont pas ?" À l'inverse de nombre de spécialistes - arabophones ou non - qui se sont précipités pour décrypter la révolution du Jasmin, alors qu'ils ne l'avaient pas vue venir, l'écrivain français Christian Giudicelli, qui s'autoproclame "spécialiste de rien", a préféré attendre. Six mois, quatorze ans même, avant d'écrire à nouveau une ligne sur un "pays qu'il aime tant".

En 1998, Giudicelli nous avait dévoilé bien avant d'autres, dans Fragments tunisiens, la réalité de la Tunisie de Ben Ali. Des site

"Je ne suis pas tunisien et n'ai aucun droit à m'exprimer en leur nom. Quoi de plus irritant que cette hypocrite mission que se fixent certains plumitifs de donner la parole à ceux qui ne l'ont pas ?" À l'inverse de nombre de spécialistes - arabophones ou non - qui se sont précipités pour décrypter la révolution du Jasmin, alors qu'ils ne l'avaient pas vue venir, l'écrivain français Christian Giudicelli, qui s'autoproclame "spécialiste de rien", a préféré attendre. Six mois, quatorze ans même, avant d'écrire à nouveau une ligne sur un "pays qu'il aime tant".

En 1998, Giudicelli nous avait dévoilé bien avant d'autres, dans Fragments tunisiens, la réalité de la Tunisie de Ben Ali. Des sites, des villes, mais aussi des voix, épiées, traquées, qui chuchotaient leur mal-être, priant pour échapper à une police corrompue faisant régner la terreur, jusqu'au coeur des familles tunisiennes. Un pays aux mille et une histoires, tant drôles que tragiques, qu'il a retrouvé en juin 2011, dès que les médias du monde entier ont délaissé Sidi Bouzid pour les chars de Benghazi, bien plus photogéniques.

Pourtant, note l'auteur, sous l'apparent retour au calme, c'est tout un pays qui revit, avec ses instants de grâce, son lot d'incertitudes, mais aussi de danger. Dès les premières pages, le lecteur est prévenu : "La Tunisie de la révolution, c'est celle qui se tenait derrière le décor", lance un étudiant. Au volant de sa Renault Symbol grise, l'auteur se met alors en tête de retrouver les personnages qui l'avaient tant fait vibrer quatorze ans plus tôt. Et de comprendre ce que la révolution a changé en eux.

La "faiblesse" de Bouazizi

Son récit, morcelé en plusieurs tableaux, ou séquences de tonalités variées, nous offre un portrait intime de cette Tunisie sans Ben Ali. De Bizerte à Tunis, de Sousse à Sidi Bou Saïd, en passant par les ruines d'Utique, ce sont autant de jeunes bacheliers, marchands, petites danseuses, garçons élégants, ou même policiers, à qui Giudicelli vole quelques instants d'une histoire, encore à son début. Sa mission, vérifier sur place que le mouvement démocratique engagé depuis décembre 2011 est irréversible. Et ce sont autant de témoins qui vont se charger de faire voler en éclats les clichés sur la révolution tunisienne.

Véritable icône du Printemps arabe, Mohamed Bouazizi, le jeune marchand ambulant diplômé qui s'est immolé par le feu en décembre 2011 à Sidi Bouzid, ne susciterait pas autant d'admiration chez ses compatriotes que chez les Occidentaux. Tout d'abord parce qu'il est loin d'être seul. Six mois après sa mort, 111 autres Tunisiens se seraient également donné la mort, dont 69 par le feu. Un geste que beaucoup de jeunes révolutionnaires qualifient davantage de "faiblesse". "Le courage d'affronter la vie leur semble beaucoup plus louable que celui de se donner la mort", raconte l'auteur. Vous l'aurez compris, l'heure n'est plus à la fête.

Fini, "l'élan de solidarité" de la foule tunisoise en liesse avenue Bourguiba, qui rappelle volontiers à ses acteurs les "plus beaux jours de leur vie". La révolution achevée, un seul mot revient : l'ennui, déjà omniprésent sous l'ère Ben Ali. "Y'a rien à foutre à Bizerte, et ailleurs, c'est pas mieux", grondent deux jeunes habitants bizertins, bière à la main, à l'auteur qui déclare pourtant sa flamme à leur ville. "Où sont passés les Tunisiens ? L'histoire décisive à laquelle ils ont contribué (...) a-t-elle cessé de les interpeller ?" s'exclame Christian Giudicelli, à la sortie de la projection à Tunis de Plus jamais peur sur la révolution du Jasmin, dont il est l'unique spectateur.

Absence des femmes

Pour combattre cet ennui, la jeunesse se réfugie dans les mêmes artifices que par le passé. D'interminables parties de cartes, les matchs de football, et surtout l'alcool, qui ferait des "ravages" dans le pays. "Rien, on vous a dit, rien..., la révolution n'a rien changé", reprennent à l'unisson les jeunes de Bizerte. Ils ont tort : la méfiance et l'autocensure, qui étaient la règle sous l'ex-dictateur, ont bel et bien disparu. Au café, les autochtones s'expriment enfin à haute et intelligible voix, "métamorphosant l'arabe rugueux en une langue de fête". Assis à côté, un type revêtu d'un treillis blasphème en toute liberté.

Il en va de même pour la corruption, en apparence en tout cas. Symbole de l'arbitraire du régime Ben Ali, la police ne vous arrête plus au milieu de la rue pour vous réclamer le traditionnel bakchich. Pire, l'agent de la paix qui interpelle l'auteur en voiture pour un flagrant délit de sens interdit et préfère lui indiquer le bon chemin plutôt que de le verbaliser.

Dans un ton libre et épuré, où Giudicelli n'hésite pas à interpeller le lecteur ("Qu'on se rassure, je ne me transformerai pas en rédacteur de Guide bleu"), alliant à souhait l'autodérision ("soyons pédant jusqu'au bout") aux aveux personnels ("Toutes les personnes que j'ai aimées, je les ai soumises à un humour que certains ont interprété à l'envers"), l'auteur n'en oublie pas pour autant d'être lucide, notamment sur certaines réalités inquiétantes. Quasiment absentes de son récit, les femmes sont également exclues de la Tunisie nouvelle. Pourtant aussi actives que leurs homologues mâles durant les jours des révoltes, les étudiantes et intellectuelles tunisiennes sont désormais pratiquement absentes des partis politiques, alors qu'elles demeurent parmi les citoyennes les plus avancées du monde arabe.

Autre motif d'inquiétude, la pauvreté. Si c'est elle qui a déclenché la révolution du Jasmin, c'est encore elle qui dicte l'avenir politique du pays, au grand dam des protagonistes de Giudicelli. Seul parti à y avoir trouvé une réponse, les islamistes "modérés" d'Ennahda, interdits sous Ben Ali, qui ont bénéficié du retour d'exil de leur leader, Rachid Ghannouchi. "Ghannouchi. Il se balade partout dans le pays. Au départ, on le jugeait pas dangereux. Erreur : il s'agite, il distribue de l'argent...il grignote des voix auprès des pauvres dans les campagnes avec un discours plein de sucre : l'islam par-ci, l'islam par-là... Un hypocrite", lance Salem, jeune bachelier. "Il se proclamera démocrate tant que ça lui servira", renchérissent de leur côté Bilam, Hichem et Saïd, trois étudiants inséparables de Bizerte. "Parvenu à ses fins, il ôtera le masque." Quatre mois plus tard, Ennahda remportera haut la main les premières élections de la Tunisie libre, sonnant l'avènement de l'hiver islamiste.

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Tunisie, saison nouvelle, de Christian Giudicelli, (éditions Gallimard)

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 00:12
Tunisie-Maroc : Marzouki le Marocain

Actuellement en visite au Maroc, le président tunisien dit être dans son pays. Après avoir passé son adolescence sur le sol du Royaume chérifien avec un père installé pendant 33 ans au pays de Mohamed VI, Moncef Marzouki entend relancer l’Union du Maghreb Arabe (UMA).

Le Président tunisien, Moncef Marzouki

Pour sa première sortie officielle, le président Tunisien Moncef Marzouki a choisi le Maroc. Arrivé mercredi à Rabat, cette visite marque le début d’une tournée qu’il effectuera dans tout le Maghreb arabe. Après le Royaume chérifien, ce sera le tour de l’Algérie, la Lybie et la Mauritanie.

Lien affectif

Le président Moncef Marzouki se considère chez lui sur le sol marocain. Dans une interview accordée à la MAP, il confie: « Au Maroc, je suis dans mon pays ». Il a tenu à rappeler qu’il a vécu pendant plusieurs années au Maroc où il a d’ailleurs obtenu son Baccalauréat au lycée Regnault de Tanger en 1964. Son père avait été naturalisé Marocain par Hassan II. M Marzouki précise: « Mon père a vécu et travaillé durant 33 ans au Maroc où il est enterré. La moitié de ma famille est marocaine. J’ai trois demi-frères (consanguins) qui sont marocains et qui vivent dans ce pays. C’est pourquoi ma visite revêt un caractère très intime ».

Forte volonté politique…

Egalement au cœur de la visite de Moncef Marzouki, l’Union du Maghreb Arabe. Le leader politique tunisien entend faire sa part afin de revitaliser les relations entre les pays frères, souhaitant que cette année soit « l’année de l’Union maghrébine ». Ce déplacement est « très important pour la Tunisie, en ce sens que nous allons œuvrer cette année à rétablir la cohésion avec nos frères algériens, marocains, libyens et mauritaniens, dans le but de ressusciter le grand rêve de l’Union maghrébine, gelée depuis des années », estime-t-il.

….mais, Il ne faut pas se leurrer

S’il est vrai que M.Marzouki est très engagé et se dit décidé à tout mettre en œuvre pour une union du Maghreb, il faudrait prendre les choses avec beaucoup plus de réalisme, selon le politologue Mohamed Darif. « Déjà, c’est un président provisoire. Il faut prendre en considération cette réalité. Je crois qu’il faut attendre les élections présidentielles en Tunisie pour parler des compétences de Marzouki », explique-t-il à Yabiladi. Par ailleurs, « la nature du régime politique tunisien est à considérer. On se dirige vers un régime politique parlementaire. Le président de la république ne bénéficie pas des prérogatives décisionnaires… C’est le premier ministre qui devrait avoir le pouvoir d’engager ce genre de cause », a-t-il ajouté.

Tout dépend de l’Algérie

« Le problème de l’UMA n’est pas lié à la volonté d’un seul Etat », soutient M Darif. Pour lui, il faudrait que tous les autres pays en général et l’Algérie en particulier affichent le même engagement. « Le président Marzouki pense à une UMA à cinq pays excluant le pseudo Etat du Sahara. Hors, la réalité politique fait qu’il faudrait régler la question du Sahara qui oppose le Maroc à l’Algérie. Une résolution sans laquelle, il sera difficile de parler d’une véritable union entre ces pays », insiste-t-il.

Même si le ministre marocain des affaires étrangères, M. Saad Dine El Othmani, a récemment effectué une visite à Alger, même s’il s’agissait de sa première sortie officielle depuis sa nomination et même si le gouvernement a exprimé une volonté de se rapprocher davantage de son voisin algérien, le politologue Mohamed Darif émet des réserves. « Il faut tout de même se doter d’un réalisme politique, la redynamisation de l’UMA dépend plus de la volonté algérienne que de celle du président Tunisien », a-t-il conclu.

Pour rappel, l’Algérie s’est récemment opposée à l’ouverture temporaire des frontières pour le Tour cycliste marocain. Une décision tombée en pleine visite de M.El Othmani à Alger et au lendemain de la visite à Fès d’un groupe d’investisseurs algériens désirant nouer des partenariats commerciaux avec leurs homologues marocains. Les échanges entre acteurs économiques dans les deux pays sont de plus en plus envisagés, sans que le problème de le frontière ne soit résolu. Ce qui entraine un grand manque à gagner pour ces terres au potentiel énorme.

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 00:10


Réflexions sur le cyberespace et les Anonymous
Par Maxime Pinard, chercheur à l'IRIS (Lemonde.fr, 08 février 2012)



Depuis quelques temps déjà, le cyberespace est en ébullition. Les révolutions arabes l'ont médiatisé à outrance via l'action des nombreux blogueurs et autres internautes qui s'en sont servis pour faire connaître leur cause et organiser leurs mouvements. A présent, une autre actualité le met sur le devant la scène avec les attaques des Anonymous contre diverses entités : entreprises (Sony), structures étatiques (ministère de la défense)…

Leur nom est à la fois signe du secret qu'ils revendiquent et manque d'informations disponibles pour mieux les cerner. Leur vendetta a commencé juste après l'arrestation de Kim Schmitz, le fondateur de Megaupload, un site légal en lui-même mais facilitant les échanges de fichiers illégaux. Pour dénoncer l'action des instances policières et judiciaires américaines qui, il est vrai, pose de sérieuses questions quant à la mainmise des Etats-Unis sur le Web, ils ont procédé à des attaques informatiques plus ou moins puissantes et complexes, celle contre Sony étant la plus remarquable dans son élaboration et les résultats obtenus : pendant plusieurs heures, le contenu musical du géant japonais était téléchargeable gratuitement. Ce succès témoigne de leur volonté et surtout de leur capacité à s'en prendre aux plus grands, les faisant passer pour des contestataires du virtuel, voire les promoteurs d'un nouveau système politico-sociétal.

Il est vrai qu'il est difficile de comprendre ce qui les relie tant leurs actions revêtent des perspectives éloignées : quel est le lien entre une attaque contre l'Eglise de la Scientologie, les cartels mexicains ou des sociétés du Web (PayPal par exemple) ? Cette pluralité d'initiatives est à mettre sur le compte de l'hétérogénéité même des Anonymous qui ont des intérêts personnels, ou dans le meilleur des cas, partagés par des petits groupes de cyberactivistes. De cette réalité on peut en caricaturant à peine comparer les Anonymous à la nébuleuse terroriste Al-Qaïda, dans le sens où l'intérêt est dans l'appartenance à une franchise célèbre qui confère une relative légitimité. Ainsi émergent des groupes Anonymous dans de nombreux pays, à l'instar de la France, où un groupe dénommé Anonymous France a revendiqué plusieurs attaques, qui n'ont rien de comparable en terme de puissance à leurs homologues anglo-saxons.

C'est d'ailleurs le danger qui guette les Anonymous : l'absence de structure même souple, gage jusqu'à présent de leur sécurité, ne les prémunie pas de campagnes de désinformation opérées par des usurpateurs ou les services de sécurité des Etats touchés. Plusieurs appels à entreprendre des piratages de sites web n'ont pas été suivis des faits (projets contre Wall Street, Facebook…), les "vrais" Anonymous ayant du publier des démentis pour expliquer que l'initiative ne venait pas d'eux. Ces communications médiatisées mais mal maîtrisées constituent le talon d'Achille des Anonymous qui pourtant sont fondamentaux pour la construction progressive de notre cyberespace.

En effet, à travers leurs initiatives diverses, ils cherchent à alerter l'opinion sur deux problèmes majeurs qui ont des conséquences aussi bien dans le virtuel que dans le monde réel. Il y a en premier lieu le retard conceptuel de nombreux pays européens qui laissent les Etats-Unis et la Chine principalement modeler le cyberespace à leur image, le cloisonnant et transposant dans le virtuel des considérations géopolitiques du monde réel. Le pouvoir des Etats-Unis de couper quand ils le souhaitent un site internet hébergé dans n'importe quel endroit du monde fait réfléchir quant à la dimension universaliste et démocratique du cyberespace revendiquée par certains.

Dans une perspective différente mais parallèle, la Chine a procédé à une "frontiérisation" du cyberespace, le censurant pour museler des contestataires toujours plus nombreux, avec un certain succès jusqu'à présent. Mais surtout, ce à quoi les Anonymous cherchent à nous mettre en garde, c'est le manque criant de sécurisation de l'information, qu'elle soit professionnelle ou personnelle, sur la Toile. Par l'intermédiaire des réseaux sociaux, nous mettons en ligne toujours plus d'informations ayant trait à nos modes de vie, pensant qu'elles sont protégées et accessibles que de nous seuls.

Or, la présence inévitable de failles de sécurité informatique, sans cesse mise en exergue par les Anonymous, est une donnée exploitable par des organisations mafieuses qui se développent sur Internet. En agissant ainsi, les Anonymous nous incitent à ne pas voir dans le cyberespace un monde à part mais bien un espace aux connectivités multiples avec le monde réel.

Contact presse
Gwenaëlle SAUZET
Responsable de la communication
carcanague@iris-france.org
01 53 27 60 87
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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 17:15
Comment Mehadrin incarne l'imaginaire du sionisme du XXIème siècle néo-libéral

Il ne fait aucun doute que la liquidation d’Agrexco déclenchée par la campagne BDS Européenne a poussé Mehadrin à enlever toute trace concernant l’origine des produits et des phrases du genre « les dates medjoul sont cultivées en israël dans la vallée du Jourdain » ont disparu.

 
 

Le 26 novembre 2011, plus de 60 actions de boycott ont eu lieu dans 13 pays européens contre le N°1 de la production et de l’exportation des agrumes (jaffa) et des avocats (TOP), l’entreprise israélienne : Mehadrin, sur le thème « pas d’apartheid au menu ! », « Mehadrin hors d’Europe !». Dans le mois qui a suivi, le géant israélien accuse réception du lancement de cette campagne par un remaniement complet de son site web dont certaines pages sont encore en construction (http://www.mehadrin.co.il).

Il ne fait aucun doute que la liquidation d’Agrexco déclenchée par la campagne BDS Européenne a poussé Mehadrin à enlever toute trace concernant l’origine des produits et des phrases du genre « les dates medjoul sont cultivées en israël dans la vallée du Jourdain » ont disparu.

Mais en supprimant certaines informations concernant l’origine des produits, et donc la colonisation, et en renouvelant les illustrations, la nouvelle version du site réaffirme ostensiblement l’imaginaire d’un « Mehadrin nouveau », pionnier blanc de la modernité occidentale. Ce faisant Mehadrin reprend et illustre la métaphore raciste d’Ehud Barak : « Israël est une villa encerclée par la jungle ». Espérant neutraliser le boycott de ses produits, Mehadrin offre au BDS de nouvelles armes pour combattre, pas seulement les produits, l’entreprise mais le sionisme !

En voulant éradiquer toute trace de Palestinien et même d’arabité de l’imagerie de son site, Mehadrin efface tout élément humain et même contextuel pouvant évoquer la Palestine. La rupture est consommée avec la nostalgie des « paysages bibliques » comme référence « historique » aux origines d’un prétendu « peuple juif ». C’est un ciment trop contesté, qui se délite et dont l’avenir est compromis. L’acier des gratte-ciel (et des chars) est plus sûr.    

L’espace du nouvel imaginaire sioniste en construction dans le très néo-libéral XXIème siècle est donc un espace nettoyé de tout contenu historique, culturel ou religieux moyen oriental. C’est un espace quasiment virtuel, sans frontière et en apparence illimité. Mais ici l’infini de l’horizon est ramené à la limite du champ, à un simple bornage. C’est donc un faux horizon, il est plat, sans perspective ni sans à-venir puisque limité. Nous entrons dans un espace artificiel, déshumanisé, dénaturalisé et clos. C’est l’espace de la serre ou mieux de la bulle géante, à l’image de ces espaces dits de loisirs où sous une cloche de verre géante on recrée un climat et une végétation tropicaux où on consomme du « loisir ».    

Ici pas de « nouvelle alliance » possible avec la nature, la terre n’est plus que le substrat bio-chimique dont la composition est totalement fabriquée et contrôlée par la science qui saura en tirer le maximum. Le rapport humain, charnel et culturel à la terre est remplacé par un rapport au substrat qui trouve dans la « culture hors sol », c’est à dire en milieu totalement artificiel, son modèle idéal d’accomplissement.    

Le nouvel imaginaire qui émerge du nouveau site de Mehadrin est intéressant à deux titres au moins :

- Il révèle l’horizon borné et indépassable du sionisme en tant que modèle de « culture hors sol » artificiel et exporté en Palestine. Du coup la métaphore raciste d’Ehud Barak : « Israël est une villa encerclée par la jungle » ne serait pas seulement à lire comme métaphore d’Israël entité victime d’un encerclement hostile mais plutôt comme accomplissement du sionisme en tant que projet d’enfermement…

- Il montre que malgré les changements de contenus, l’essence des idées sionistes est préservée : « une terre sans peuple », « des espaces vierges et illimités à développer », «une terre où des pionniers européens blancs feront fleurir le désert grâce à la technologie occidentale ». On notera que la conquête de nouveaux territoires (colonisation) est évacuée, pas de nouvelles terres à conquérir, mais des substrats disponibles, ni sauvages ni hostiles, dont il faut juste organiser et gérer le rendement. Une constante cependant : l’existence des palestiniens et la résistance du peuple palestinien sont totalement niées.

Voici les 4 images clés du « sionisme nouveau » selon Mehadrin.

L’agriculture industrielle et la technologie au service de l’environnement et de « la bio » ( !)

Et partout l’horizon comme limite et bornage d’un espace maîtrisé

 

Nouvelle version du : « Nous ferons fleurir le désert » 

Il n’y a plus de désert à conquérir mais des espaces conquis à exploiter 

De grands espaces disponibles vides prêts à rentabiliser

 

- J’ai beau chercher, je ne vois rien, c’est vraiment une terre sans peuple !

Jeunes cadres dynamiques à la pointe de la modernité occidentale faite de verre et d’acier !

 

 

 

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 17:13
Algérie : la CIA finance 4 associations "des droits de l’homme"

         

 
 

La secrétaire générale du parti des travailleurs algérien Louisa Hanoune a accusé l’agence des renseignements américains CIA de financer quatre associations des droits de l’homme. Selon le site en ligne du quotidien arabophone londonien « al Quds al Arabi », Hanoune a affirmé détenir des documents qui attestent ses accusations nommant parmi ces quatre organisations «  l’Association Nationale pour la Défense des Droits de l’homme » et « SOS disparus ».

Elle en a appelé à couper la voie  aux tentatives d’Etats et d’organisations étrangères pour financer les campagnes de candidats aux élections qui devraient être organisées le mois de mai prochain. « Ceci aboutira à servir des intérêts et des enjeux étrangers, dans une tentative d’assimiler la situation en Algérie à celle de la Tunisie et d’Egypte », explique-t-elle.

Et d’ajouter que certaines administrations «  l’ont contactée lui demandant d’envoyer des députés et des élus de son parti en Amérique pour prendre des leçons, entre autre sur les facultés d’orateurs et la façon de s’adresser au public ». Mais elle a dit constater «  que le responsable d’un parti politique en Algérie est rentré des Etats-Unis avec un discours totalement différent de ce qu’il était ».

Le mois de décembre denier, cette dirigeante syndicaliste avait dévoilé que Washington a préparé un Conseil transitoire pour l’Algérie avec la complicité de parties intérieures, précisant avoir recueilli ses informations du dirigeant de l’Union syndicale des travailleurs aux Etats-Unis, Alain Benjamin. Elle en a appelé à l’introduction de véritables réformes afin « de ne pas donner l’occasion aux puissances occidentales de venir, prétextant le rendez-vous des élections législatives prochaines, s’ingérer dans nos affaires internes.” Hanoune suspecte le CNT libyen d’être de mèche avec les Américains.

Al Manar

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 09:18
Le "défi sécuritaire" au menu d'un périple maghrébin du président tunisien

 
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TUNIS (AP) — Les problèmes sécuritaires au Maghreb, accentués par la prolifération des armes issue de la guerre civile en Libye, seront au centre d'un périple qu'entame mercredi le président tunisien Moncef Marzouki dans trois pays de la région.

Au cours de ce voyage, la Tunisie proposera d'accueillir au printemps prochain un sommet pour relancer l'Union du Maghreb arabe (UMA) en panne notamment depuis les attentats de Marrakech en 1994.

M. Marzouki se rendra d'abord au Maroc, avant de s'envoler deux jours après pour la Mauritanie et clore sa tournée par une importante étape algérienne. "Les discussions seront axées sur la situation au Maghreb et surtout les défis sécuritaires et économiques auxquels est confrontée la région", a confié à l'Associated Press le porte-parole de la présidence tunisienne, Adnène Mancer.

Selon lui, "les dirigeants maghrébins sont convaincus qu'aucun pays n'est en mesure à lui seul de faire face à ces défis qui nécessitent impérativement une action commune pour y parer". "Le défi sécuritaire exige des pays de la région d'agir de concert pour enrayer le trafic d'armes et la menace terroriste", a martelé M. Mancer.

Pour lui, le problème dépasse le cadre maghrébin et constitue un sujet de préoccupation à l'échelle continentale. Aussi, a-t-il été l'un des principaux sujets débattus lors du sommet de l'Union africaine tenu fin janvier dernier à Addis Abeba en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Aux yeux de Tunis, le danger ne se limite pas au réseau d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), mais englobe également le trafic d'armes et de stupéfiants et les opérations d'enlèvements. M. Mancer a avancé un "besoin pressant d'instaurer une coopération sécuritaire entre les pays du sud et ceux du nord du Sahara qui sont confrontés aux mêmes menaces".

"Nous préférons que les pays concernés assument eux-mêmes ce rôle pour ne pas donner lieu à des interventions étrangères sous prétexte de lutte contre le terrorisme", a-t-il fait valoir.

Au niveau maghrébin, le porte-parole a estimé que "les menaces sécuritaires ont pris plus d'ampleur encore après le violent conflit en Libye", faisant état de "craintes de voir une partie de l'armement qui circule dans ce pays infiltrée dans les pays voisins (dont la Tunisie, l'Algérie et le Mali) et utilisée par des bandes de trafiquants professionnels et dans des actes terroristes".

Ces derniers mois, les incidents provoqués par des Libyens armés se sont multipliés la frontière tuniso-libyenne. Le dernier en date a opposé la semaine dernière les forces tunisiennes à un groupe non identifié composé de trois individus munis de fusils Kalachnikov, faisant deux tués parmi les membres du groupe et quatre blessés, dont trois militaires et un agent de la Garde nationale, côté tunisien.

"Le danger terroriste est bien réel et il persistera encore plus avec l'instabilité qui prévaut chez le voisin libyen", a mis en garde Adnène Mancer.

Il a estimé néanmoins qu'il n'y avait "pas lieu de verser dans l'alarmisme et la paranoïa", en évoquant des mesures prises pour renforcer le système sécuritaire au niveau des frontières tunisiennes et doter l'armée et les forces de sécurité des moyens nécessaires.

Au-delà de l'aspect sécuritaire, M. Mancer juge impératif de s'attaquer aux "causes objectives" qui favorisent la propagation des réseaux de trafiquants et de terroristes, en l'occurrence "la fragilité socio-économique" des zones frontalières.

"D'où la nécessité pour les pays de la région de lancer des projets de développement durable dans ces zones", suggère-t-il.

La relance de l'UMA sera un "axe majeur" au programme du voyage du président tunisien. Entravée déjà par le problème du Sahara-Occidental, cet ensemble maghrébin créé en 1985 regroupe la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie. Il n'a pas tenu de sommet depuis près de vingt ans.

"Aujourd'hui, le contexte est favorable pour un nouveau départ de l'UMA après l'amélioration des relations entre le Maroc et l'Algérie et que le nuage qui a assombri les rapports entre la Libye et l'Algérie commence à se dissiper", a relevé M. Mancer en mettant l'accent sur "l'aspiration de la Tunisie de jouer un rôle actif" pour aplanir les différends inter-maghrébins.

"Quels que soient les différends, ils ne doivent pas nous détourner de l'essentiel, à savoir que nos intérêts et notre destin sont communs", a insisté le responsable tunisien. AP

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