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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 08:49

Hadopi, Acta : les lois qui surveillent Internet se multiplient. Mode d’emploi à l’usage des non-geeks pour utiliser le Web sans laisser de traces.

[Martin Untersinger - Rue 89 - 02/02/2012]

Naviguer sur Internet, c’est comme sauter à pieds joints dans du béton frais : on laisse des traces (presque) indélébiles partout. C’est aussi ce que dit Bruce Schneier, expert en sécurité informatique :

« Si vous pensez que la technologie peut résoudre vos problèmes de sécurité, alors vous n’avez rien compris aux problèmes ni à la technologie. »

L’informatique, et plus particulièrement Internet, est un formidable moyen de liberté d’expression, mais aussi une machine à surveiller. Or, surfer anonymement peut être souhaitable pour des tas de raisons, et pas seulement pour les paranos. On peut être amené à vouloir être anonyme sur Internet à un moment de sa vie. Liste non exhaustive et non exclusive :

  • échapper au flicage de son patron ;
  • éviter les yeux indiscrets de sa femme/son mari ;
  • déjouer la surveillance des autorités (cela ne vaut que si on habite dans un pays autoritaire, bien entendu), comme le font tant de dissidents, de la Biélorussie à la Syrie ;
  • empêcher de grandes entreprises – de préférence américaines – de collecter une foule de données personnelles ;
  • protéger son travail ou ses sources (si on est journaliste ou militant).

Renforcer son anonymat sur Internet, ce n’est pas « un truc de geek » : on dit souvent que la solution (ou le problème) se trouve entre la chaise et le clavier.

On peut agir, très simplement et toujours gratuitement, pour protéger sa vie privée et surfer anonymement sur Internet. Les solutions qui suivent ne sont pas à appliquer « en bloc », mais sont davantage un catalogue dans lequel piocher en fonction de ses besoins.

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Le navigateur

L’historique

C’est parfois aussi simple que cela. La plupart des navigateurs stockent toutes les pages sur lesquelles vous vous rendez. Autant d’indiscrétions sur vos activités en ligne pour ceux qui ont accès à votre ordinateur (patron, conjoint(e)…).

Accessible dans les options ou en tapant Ctrl(Pomme)+H sur la plupart des navigateurs, il est également possible de supprimer l’historique avec le raccourci Ctrl(Pomme)+Maj+Suppr.

Les cookies

Ce sont des petits fichiers créés par certains sites que vous visitez et qui sont stockés dans votre navigateurs. Ils fourmillent (entre autres) de détails personnels : certains mémorisent l’identifiant et le mot de passe (afin que vous n’ayez pas à le ressaisir), d’autres stockent un panier d’achats sur un site d’e-commerce.

Ils sont autant de traces et vos passages sur le Web. Il est possible de les désactiver ou de les supprimer (via le menu « préférences » de votre navigateur).

La plupart des navigateurs modernes disposent d’une fonctionnalité qui permet de naviguer sans laisser de trace (historique et cookies). Mais attention, ce mode de connexion n’a aucun impact sur votre logiciel d’envoi d’e-mails ou de messagerie instantanée, seulement sur l’historique et les cookies de votre navigateurs.

2

La connexion

Pour afficher une page web, c’est le protocole HTTP qui est le plus souvent utilisé (oui, celui qui est dans votre barre d’adresse) : les données qui circulent avec ce protocole ne sont pas chiffrées.

Parfois, notamment sur les sites de commerce en ligne, un « s » vient s’ajouter au « HTTP » dans la barre d’adresse. Cela signifie que la communication entre votre ordinateur et le site web est chiffrée, donc beaucoup plus sécurisée.

Mais, afin d’éviter de voir son identité compromise sur Internet, cette précaution ne doit pas être cantonnée aux services de commerce en ligne. En 2010, un développeur mettait au point un petit programme, que l’on pouvait rajouter au navigateur Firefox, qui permettait par exemple, notamment via le réseau WiFi, de dérober les identifiants Facebook ou Twitter de tous ceux qui se connectaient au réseau.

Une précaution simple pour éviter ce genre de déconvenues, l’installation de l’extension Firefox « HTTPS everywhere », qui porte bien son nom : elle force tous les sites à communiquer avec votre ordinateur de manière chiffrée. Un bon moyen d’éviter que des yeux indiscrets sachent ce que vous faites avec votre connexion. Attention, certains sites n’autorisent pas une connexion sécurisée (vérifier le cas échéant la présence d’un petit cadenas dans la barre d’adresse ou celle du « s » après « HTTP »).

Cependant, la sécurité de la navigation en HTTPS réside dans des certificats, qui authentifient les sites utilisant cette technologie. Ces certificats sont de plus en plus volés et falsifiés, poussant même WikiLeaks à changer de système de soumission de ses documents confidentiels.

3

L’adresse IP

L’adresse IP est un élément central à comprendre afin d’être discret sur Internet.

C’est un peu la carte d’identité de votre ordinateur : tous les sites ou services que vous visitez conservent une trace de votre connexion (plus ou moins longuement selon la législation du pays où ils sont implantés) – les « logs » : il est donc possible de savoir qui s’est connecté, où et quand.

Lorsque vous laissez un commentaire ou postez une photo en ligne, l’adresse IP est « mémorisée ». Les fournisseurs d’accès sont généralement capables de faire le lien entre une adresse IP et une identité bien réelle (en France, le délai de conservation des « logs » est généralement d’un an).

Heureusement, plusieurs solutions existent pour se faire discret.

Le proxy

Un proxy est un ordinateur par lequel va transiter votre connexion, afin de masquer votre adresse IP.

Reporters Sans Frontières, dans son guide pour bloguer anonymement,explique (à travers l’exemple de Sarah, une fonctionnaire qui veut dénoncer les travers de son patron en utilisant un proxy) :

« Au lieu de se connecter directement à Hotmail.com, elle se connecte d’abord au proxy, qui lui-même se connecte à Hotmail. Quand Hotmail lui envoie une page, celle-ci est dans un premier temps reçue par le serveur proxy, qui la lui renvoie. »

C’est l’adresse IP du proxy, et non celle de son ordinateur qui est semée un peu partout sur Internet.

Le proxy présente quatre problèmes :

  • c’est le proxy qui stocke les adresses IP : ce qui n’est pas sans poser problème ;
  • un proxy se paramètre directement depuis son navigateur web ou certaines applications (e-mail, messagerie instantanée…) : ces dernières ne prévoient pas toutes cette fonctionnalité (il est cependant possible de les forcer à le faire) ;
  • la navigation devient plus lente, puisque la connexion fait sans cesse des aller-retours ;
  • les communications avec le proxy ne sont généralement pas chiffrées.

Une liste de proxys (ainsi que les moyens de les installer) est accessible sur cette plateforme collaborative.

Le réseau Tor

Tor est un réseau composé de multiples nœuds (ou couches, d’où son nom, qui signifie « oignon » en anglais). Un ordinateur qui s’y connecte accède à Internet (sites web, mais aussi messagerie, mails…) à travers un « chemin » tracé aléatoirement dans ces nœuds : cela permet de ne pas savoir d’où la connexion – chiffrée, bien évidemment – provient, ni ce qu’elle contient.

C’est un système souvent utilisé par les dissidents dans les pays où Internet est très surveillé.


Schéma de fonctionnement de Tor (Torproject/CC)

Tor se présente sous la forme d’un logiciel assez facile à installer. Il est très largement utilisé dans les pays autoritaires, a même été financé par le gouvernement américain et a été utilisé par WikiLeaks. Problèmes :

  • la navigation utilisant ce logiciel est parfois lente ;
  • la sécurité de Tor n’est pas totale, et des failles ont été découvertes.
4

La cryptographie

Jusqu’à la toute fin des années 90, les logiciels de cryptographie étaient considérés comme une arme de guerre, et donc soumis à une régulation très stricte.

Depuis, n’importe qui peut chiffrer ses communications (e-mail, tchat, ou même ses fichiers et son disque dur tout entier).

Plusieurs solutions existent pour chiffrer ses communications.

La messagerie instantanée

De nombreux « plugins » (petits modules qu’on ajoute à des logiciels) dit OTR(« off the record ») permettent d’activer le chiffrement des communications.

Quelques logiciels sur lesquels cette fonctionnalité peut être activée : Adium,PidginMiranda

Les e-mails

Les e-mails sont très souvent surveillés. Même chose que pour la messagerie instantanée : des plugins peuvent être activés sur de nombreux logiciels, dont le célèbre Thunderbird.

La plupart du temps, c’est le logiciel PGP qui est utilisé et qui offre le rapport qualité/facilité d’utilisation le plus intéressant.

Les fichiers

Le logiciel TrueCrypt permet de chiffrer très facilement un fichier, un dossier ou même son disque dur tout entier.

C’est souvent l’algorithme AESagréé par la NSA (un des services de renseignement des Etats-Unis) pour le chiffrement des informations top-secrètes du gouvernement américain, qui est utilisé. Officiellement, on commence à peine à trouver des failles à cet algorithme, réputé inviolable.

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Précautions diverses

Un système d’exploitation ultra discret sur clé USB

Il est possible d’utiliser un ordinateur sans y laisser aucune trace. Tails est une variante du système d’exploitation Linux, qui combine les outils mentionnés précédemment pour chiffrer les e-mails et naviguer sur Internet anonymement.

Il se lance très simplement depuis un CD ou une clé USB, sans laisser la moindre trace de son passage sur l’ordinateur utilisé.

Les logiciels libres

De manière générale, pour renforcer sa confidentialité, il est conseillé de privilégier les logiciels libres. Leur code source est disponible et modifiable à souhait : les dizaines de milliers de programmeurs qui constituent la « communauté du libre » ont décortiqué et analysé la plupart de ces logiciels.

Il y a donc beaucoup moins de chances que ces programmes contiennent des fonctionnalités « malveillantes » comme des « portes dérobées », qui pourraient menacer l’anonymat ou la sécurité. A l’inverse, seules les entreprises qui ont développé des logiciels dits « propriétaires » ont accès aux codes sources de ces derniers.

Le site Framasoft entretient une liste de plus de 1 500 logiciels libres.

Les services payants et le « cloud computing »

A des fins d’anonymat, il faut évidemment éviter tous les services qui exigent des coordonnées bancaires. Problème : beaucoup de services gratuits (comme Gmail ou Facebook) sont soumis au droit américain (et notamment à son Patriot Act), et peuvent être amenés, sur demande de la justice, à transmettre des données personnelles (à l’instar de Google, qui communique beaucoup sur cette question).

Beaucoup des services payants sont des services de « cloud computing » – un terme à la mode. Ces techniques, qui consistent à héberger et à traiter des données en ligne plutôt que sur son propre ordinateur (Gmail ou Google Docs en font par exemple partie), sont évidemment à utiliser avec prudence.

Les données « sur le cloud » ne vous appartiennent plus totalement, et vous n’avez pas une parfaite maîtrise sur qui en fait quoi et n’êtes pas à l’abri d’un bug ou d’une négligence.

Plusieurs identités numériques

Une autre précaution, si vous utilisez de nombreux services différents, est de recourir à un grand nombre de pseudos et d’adresses mail différentes, afin de rendre plus compliqué le croisement entre les bases de données et la compromission de l’anonymat.

Les métadonnées

Des détails contenus dans les fichiers Word, PDF, Excel ou les images peuvent compromettre l’identité du créateur du document ou de son émetteur.

C’est ce qu’on appelle les « métadonnées » : ces dernières peuvent indiquer quel ordinateur a créé le document, quel logiciel a été utilisé, voire qui est son propriétaire ! Des moyens existent pour effacer [PDF] ces données peu discrètes.

Impossible d’être parfaitement anonyme

Ces précautions peuvent paraître inutiles. Pourtant, les menaces sur les libertés des internautes se sont multipliées :

  • la DCRI (contre-espionnage français) est capable de rentrer dans n’importe quel ordinateur ;
  • WikiLeaks a révélé la capacité de certaines entreprises à surveiller Internet à l’échelle d’un pays entier ;
  • et les initiatives comme Hadopi et Acta accroissent la surveillance de l’Etatet des entreprises sur les internautes.

Malgré toutes ces techniques, l’anonymat et plus généralement la sécurité informatique ne sont pas des notions absolues : il est impossible d’être parfaitement anonyme sur Internet, comme le note le journaliste spécialisé Jean-Marc Manach :

« La sécurité est un processus, pas un produit, et rien n’est pire qu’un faux sentiment de sécurité engendré par une accumulation de “trucs” ou parce qu’on a acheté tel ou tel “produit” ou logiciel de sécurité. »

http://www.rue89.com/2012/02/02/vie-privee-le-guide-pour-rester-anonyme-sur-internet-228990

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 08:45

La marche égyptienne sur YouTube

Popwni

La photo d’un soldat tabassant un civil flotte dans les airs. Entourées d’une centaine de personnes, deux jeunes femmes brandissent fermement l’image. Une passante, choquée, fonce sur elles et hurle :

Partez, partez ! On ne veut pas de vous ici !

Vendredi, 19 heures, sur la place du marché d’Ard El Lewa, un quartier populaire de Gizeh, l’ambiance est électrique. Un écran, érigé au centre de la place, diffuse des vidéos de militaires qui brutalisent des civils. Certains piétons, intrigués, s’arrêtent pour regarder. D’autres, anxieux, préfèrent passer leur chemin. De grosses enceintes diffusent un son puissant, qui peine a masquer les bruits des cafés et des vendeurs d’oranges.

Menteurs

Depuis trois semaines, des dizaines d’événements semblables investissent les rues du Caire, d’Alexandrie ou d’Assiout. Tous relèvent de l’initiative “Kazeboon”, comprendre “Menteurs”. Le projet est simple : organiser des projections de vidéos sur la voie publique pour attiser la curiosité des passants et “rétablir la vérité” sur les confrontations entre civils et militaires. Désormais, la révolution se joue à coup de vidéo-projecteurs et de clips estampillés YouTube.

Après la diffusion d’une vidéo par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) montrant des civils en train de défoncer consciencieusement un bâtiment, des jeunes ont réagi à ce qu’ils considèrent comme une manipulation en projetant à leur tour des vidéos chocs. Au détour des rues du Caire, des écrans montrent ainsi des militaires armés qui tirent sur des jeunes, qui asphyxient les manifestants à la lacrymo ou qui frappent à coups de bâton des femmes à terre.

Sur la place du marché, la tension monte et les débats sont passionnés. Les slogans volent, les insultes aussi. “A bas le CSFA !”. “Taisez-vous, c’est vous les menteurs !”. “Arrêtez avec vos bêtises, laissez-nous vivre en paix !”, lance un père accompagné de ses enfants. Mais la vingtaine d’organisateurs ne se laisse impressionner ni par l’hostilité de certains passants furieux, ni par le risque de représailles de l’armée. “Je ne céderai pas à la peur, car il faut bien que certains d’entre nous agissent” assure Wahel Mohamed, l’un des responsables de l’initiative.

Il sait pourtant que rares sont ceux qui restent assis pendant le générique dans ce genre de projections. Celle organisée quelques jours auparavant à Zamalek, un quartier huppé du Caire, avait par exemple dû être interrompue après seulement quelques minutes de diffusion, une dizaine de personnes ayant provoqué une bagarre au tout début de la séance. “Probablement des personnes payées par l’armée ou la police” suppose Ahmed El Lozy, journaliste et organisateur de l’événement.

 


 

 

Un an jour pour jour après les premiers soubresauts de la révolution égyptienne, initiée le 25 janvier 2011, le climat politique est à l’orage. Un fossé s’est en effet creusé entre les Égyptiens qui ne soutiennent plus la révolution et qui souhaitent un retour au calme et la minorité qui continue de manifester inlassablement pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils. Et si les incidents entre manifestants et passants se multiplient lors des marches organisées dans les rues du Caire pour appeler les citoyens à se soulever, certains activistes admettent avoir une part de responsabilité dans ce rejet. Ahmed El-Lozy :

Nous ne sommes pas des criminels, c’est un mensonge du Conseil suprême des forces armées. Mais nous n’expliquons pas assez aux gens ce pour quoi nous nous battons. La seule chose qu’ils retiennent, ce sont les embouteillages que nous générons. Par ailleurs, les blogs, Twitter et Facebook, c’est très bien, mais les gens qui s’y intéressent sont déjà acquis à nos idées. Or, il est vain de se battre pour un état de droit si le peuple n’est pas derrière nous.

Pour renouer le lien avec la population, les activistes ont donc décidé de faire descendre YouTube dans la rue et de privilégier les actions de proximité. Dans les quartiers populaires, où l’accès à Internet est encore rare, des projections publiques sont organisées. Dans les quartiers plus riches, des DVD gravés sont distribués afin de permettre aux habitants de les visionner en toute discrétion. Des Comités de défense de la révolution sont présents dans chaque quartier du Caire.

Leurs membres vont à la rencontre des habitants, pour expliquer leurs revendications. “Souvent, lorsque ces gens réalisent qu’ils connaissent l’un des manifestants de la Place Tahrir, ils mettent un visage sur notre mouvement et cessent de nous voir comme une masse d’excités”, explique Wahel Mohamed, qui participe au Comité du quartier d’Ard El Lewa.

Les habitants eux-mêmes sont incités à devenir acteurs du mouvement : la page Facebook de Kazeboon appelle toute personne ayant été témoin de violences militaires à partager ses documents. Et l’initiative prend de l’ampleur, dépassant mêmes les frontières. Depuis deux semaines, Londres, Rome, Paris et les grandes villes américaines ou canadiennes ont vu débarquer sur leurs murs les vidéos de « Kazeboon ». Aucune n’était hébérgée sur Megavideo.


Initialement publié sur The Ground sous le titre Egypte : la révolution sera télévisée
Photos par Marion Lippmann et Brice Lambert, au Caire, Égypte.

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 19:44

 

Médecins sans Frontières épingle la Libye de l’après-Kadhafi
         
 

Médecins sans Frontières, Amnesty International, même théâtres d’opération, même combat, et en l’occurrence même constat accablant au sujet de la Libye, dont la foudroyante croisade occidentale devait briser toutes les chaînes, et qui, livrée à elle-même, se retrouve prisonnière de la barbarie à visage humain.

Libérée, la Libye ? A en juger par le chaos qui y règne, et la torture qui sévit de plus belle, il semble bien qu’elle ait troqué ses fers d’hier contre d’autres plus répressifs encore.

Le nouveau gouvernement libyen peut toujours se draper dans une respectabilité immaculée, son autorité morale est souillée par les révélations des atrocités commises sur des prisonniers, anciens partisans de Kadhafi, dont plusieurs ont été torturés à mort.

C'est au tour de Médecins sans Frontières (MSF) de s’en faire l’écho, après avoir soudainement mis un terme à sa mission dans la ville de Misrata, quand des hauts fonctionnaires libyens l’ont approché pour soigner des détenus, victimes de sévices, afin de leur permettre de poursuivre leurs interrogatoires musclés sur certains d’entre eux.

La sonnette d’alarme a été tirée par les ONG, comme le relate le journal britannique The Independent, n’ayant de cesse d’alerter  sur les nombreuses violations des droits de l’homme perpétrées par les collectivités locales, qui ont reçu la torture en héritage, et la perpétuent par habitude. Ainsi, les Africains subsahariens, accusés d’être des mercenaires pendant le conflit, sont particulièrement dans la ligne de mire du pouvoir.

MSF a, pour sa part, traité 115 individus dont les blessures portaient les stigmates de terribles supplices, tous ayant fait l’objet d’un rapport circonstancié transmis aux autorités libyennes. Depuis janvier, des patients remis aux centres d’interrogatoires ont été de nouveau martyrisés, à la consternation des représentants de MSF : « Quelques officiels ont cherché à exploiter et à entraver le travail médical de MSF » a vivement déploré Christopher Stokes, directeur général de l’organisation,  avant de s’indigner : « les patients nous été amenés pour bénéficier de soins médicaux entre deux séances d’interrogatoires, pour qu’ils soient de nouveau sur pied et en subir d’autres. Ceci est inacceptable. »

Le représentant des Nations Unies en Libye, Ian Martin, hausse le ton également  pour dénoncer une hémorragie de violences : « L’ancien régime a certes été renversé, mais pour autant la réalité à laquelle est confrontée la population reste effroyable, et  profondément enracinée dans un lourd héritage » a-t-il déclaré.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères anglais exige que le Conseil National de Transition libyen se penche urgemment sur les rapports alarmants de MSF : « Les faits relatés par MSF sont choquants, et il incombe aux autorités libyennes d’examiner les lourdes allégations qui pèsent contre elles. Nous condamnons toutes  les violations des droits de l’Homme, et nous insistons sur le fait que le gouvernement transitoire doit se conformer aux règles internationales en vigueur et rompre définitivement avec le passé »  a indiqué un porte-parole officiel.

Les Zorros du nouvel ordre mondial ont fait de l’élimination du colonel enturbanné, Mouammar Kadhafi, un casus belli, sous l’oriflamme de la "guerre humanitaire", un concept belliqueux à l’oxymore retentissant, mais qui n’a choqué ni les antichambres du pouvoir, ni ému dans les chaumières... Les conséquences désastreuses de leurs hauts faits d’armes sauront-elles à tout le moins éveiller les consciences internationales ?

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 19:42

 

Les sex toys en vogue au Maroc, mais sous le manteau
        
 
 

Parmi les secteurs d’activité qui font un pied de nez à la crise, et révolutionne les mentalités, le business des sex toys, jadis honteux, brise tous les tabous, à travers une démocratisation licencieuse et lucrative en diable.

Ce commerce florissant, qui a traversé toutes les époques, le plus souvent vendu sous le manteau, est devenu le phénomène en vogue du moment, renvoyant l’affligeant reflet d’une société qui évalue sa liberté à la dépravation affichée de ses mœurs. Un reflet néanmoins très tendance, qui a produit son petit effet au Maroc...

Les jouets intimes affriolants et insolites, mais destinés à des petits plaisirs encore inavouables au Royaume de l’Atlas, ont conquis la fine fleur marocaine, selon le site Biladi,  qui n’a d’autre alternative que de se les procurer clandestinement.

Hymens artificiels à 150 dirhams (un best des ventes selon le quotidien "Al Ahdat Al Maghribia" qui a enquêté sur les sex-shops clandestins),  poupées grandeur nature à 20.000 dirhams au succès grandissant, vibromasseurs à 2 000 dirhams, ou encore des vagins, des pénis artificiels et des produits érotiques susceptibles de combler  tous les fantasmes, l’éventail est large, mais la discrétion est de rigueur, et ce sont les Chinois qui en sont les grands pourvoyeurs, par contrebande.

Alors que notre société occidentale s'y adonne sans modération, sans complexe et en toute légalité, c'est dans  le secret des arrière-salles de certains magasins de prêt-à-porter féminin et de jouets pour enfants, que le marché de l’érotisme prospère au Maroc, déjouant ainsi tous les interdits du pays, moraux et légaux.

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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 08:21
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vendredi 3 février 2012
par Mohamed Belaali
Mon cœur abrite toute la tristesse d’une vie entière
Mais si j’me laisse faire , c’est un aller direct au cimetière
(Manu Key)
 [1]

Ali Ziri, 69 ans ; Mohamed Boukrourou, 41 ans ; Abou Bakari Tandia, 38ans ; Pascal Taïs, 32 ans ; Abdelkarim Aouad, 30 ans ; Wissam El-Yamni, 30 ans ; Mohammed Saoud, 26 ans ; Abdelilah El Jabri, 25 ans ; Malik Oussekine, 22 ans ; Hakim Ajimi, 22 ans ; Zied et Bouna 17 et 15 ans… La liste des hommes morts dans les commissariats, ou lors des interpellations policières est longue, trop longue. Et il ne s’agit là que de quelques noms des victimes connues et répertoriées. D’autres morts viendront, hélas, s’ajouter à cette interminable liste macabre. Car la police n’est qu’un instrument parmi tant d’autres que la bourgeoisie utilise pour asseoir sa domination de classe. L’ordre bourgeois, défendu par les forces de l’ordre, a constamment besoin pour se maintenir d’inventer des boucs émissaires. Chaque période, chaque crise produit ses propres victimes. Aujourd’hui en France, les enfants et les petits-enfants des travailleurs immigrés parqués dans des ghettos entourant les grandes métropoles industrielles sont l’une des cibles privilégiées de la classe dirigeante, ce qui lui permet de mieux masquer son désastre économique, social et politique.

La brutalité exercée sur cette partie de la population fragilisée par le chômage de masse [2] n’est pas seulement le fait de la police. La propagande médiatique présente souvent les jeunes des quartiers populaires comme des « voleurs », « dealeurs », «  violeurs », etc. Cette stigmatisation généralisée facilite par la suite la tâche des hommes politiques en mal de voix d’une frange de la population élevée dans la haine de l’autre. Il faut nettoyer au « Kärcher » les cités de ces « sauvageons » et de cette « racaille » qui troublent la paix des « honnêtes gens ». Il faut reconquérir ces « zones de non droit ». Les tribunaux, où les verdicts sont connus d’avance, prennent la relève des hommes politiques. La présomption d’innocence est rarement respectée. Les peines d’emprisonnement ferme et les comparutions immédiates où les droits de la défense sont moins garantis, restent largement supérieures à la moyenne nationale. [3] La rapidité avec laquelle les jeunes des quartiers ouvriers sont jetés en prison n’a d’égale que la lenteur des procédures impliquant des policiers.

En France, il est difficile pour cette partie de la population d’obtenir la condamnation d’un policier. C’est une constante inscrite non pas dans un quelconque code, loi ou constitution, mais dans les faits. « Il vaut mieux être policier que simple citoyen. Ils sont couverts » disait Boubaker Ajimi, père d’Hakim Ajimi mort, victime des violences policières. [4] Amnesty International constate les faits suivants : « Insultes racistes, recours excessif à la force, coups, homicides illégaux – telles sont les allégations de violations des Droits humains commises par certains policiers français ». L’organisation dénonce « un système qui favorise l’impunité des policiers accusés de ces actes ». [5] Il s’agit d’une véritable justice de classe. L’indépendance de la justice est une chimère que le discours dominant a du mal à masquer. Police, justice, médias et hommes politiques sont ainsi unis, sans jamais le reconnaître, dans leur croisade contre les jeunes des cités populaires. Ce sont eux qui attisent la haine entre citoyens pour mieux les diviser en jouant sur les préjugés nationaux, raciaux et religieux. Ce sont eux qui fabriquent des coupables en utilisant la délation rémunérée. Et ce sont toujours eux qui présentent les jeunes des cités comme responsables des malheurs de la France pour mieux masquer la faillite économique, sociale et morale de la bourgeoisie qu’ils servent.

Paupérisés, marginalisés et méprisés par une bourgeoisie qui n’a plus besoin de leur force de travail, les jeunes des cités se révoltent à intervalles réguliers. Leur rage et leur colère jaillissent, comme les flammes des voitures qu’ils brûlent, des conditions matérielles d’existence inhumaines. Leur révolte n’est pas dirigée uniquement contre les brutalités policières ; elle embrasse l’ensemble des symboles et institutions de l’ordre bourgeois qui les opprime au quotidien à commencer par l’école. Celle-ci n’est que le reflet d’une société de classe. Le tri, le classement, la hiérarchisation et la sélection restent, pour l’essentiel, son mode de fonctionnement. L’école broie celles et ceux qui ne possèdent pas ou qui ne maîtrisent pas les codes culturels eux-mêmes déterminés par le milieu social malgré le courage et le dévouement de ses personnels qui travaillent dans des conditions difficiles. Même les experts d’une organisation libérale comme l’OCDE le reconnaissent : « En France plus qu’ailleurs, la réussite dépend du milieu économique ». [6] La révolte des cités n’est pas seulement le fait des jeunes. Nombre d’adultes témoignent de leur solidarité à l’égard des émeutiers, sans parler des familles qui soutiennent leurs enfants, car elles subissent les mêmes problèmes et les mêmes humiliations.

Ces humiliés ont montré à plusieurs reprises qu’ils sont capables de se mettre en colère, de se révolter et de se dresser contre un ordre injuste contrairement à un lumpenproletariat qui se trouve souvent du côté de la classe dominante. Leur révolte est un acte social et politique dirigé contre un État policier qui opprime et punit les plus fragiles de la classe ouvrière même si l’on s’obstine à ne pas le reconnaître. Pour la classe dirigeante, il ne s’agit que de « voyous » et de bruleurs de voitures organisés en bandes qui troublent l’ordre public et qu’il faut impitoyablement réprimer. « le rétablissement de l’ordre public était un préalable (...) Nous faisons face à des individus déterminés, à des bandes structurées, à de la criminalité organisée, qui ne recule devant aucun moyen pour faire régner le désordre et la violence » déclarait Dominique de Villepin dans un ton aristocratique devant un hémicycle de l’Assemblée Nationale comble. [7] « La racaille » va alors payer cher son audace et son insolence à vouloir secouer cet ordre qui l’humilie et la méprise en permanence. Après les émeutes de 2005, la police a procédé à des milliers d’interpellations et les tribunaux ont distribué des années de prison ferme. Le gouvernement a même proclamé l’état d’urgence et le couvre-feu qui l’accompagne ; décision rare dans l’histoire récente de la France. En fouillant dans son passé, la République bourgeoise a trouvé une loi, celle de 1955, conçue pour imposer l’ordre colonial en Algérie. Cinquante ans après, elle l’exhume pour mater la révolte des enfants et des petits-enfants des travailleurs immigrés ! Aux problèmes sociaux et politiques, l’État français répond par des mesures guerrières !

Cet État qui mobilise des moyen répressifs extraordinaires pour briser les révoltes d’une population qui n’aspire qu’à vivre dignement, montre une grande faiblesse complice face par exemple aux marchés financiers qui détruisent l’économie de tout un peuple ! La bonne société bourgeoise qui s’indigne tant de la violence des jeunes des quartiers ouvriers s’accommode très bien de la brutalité autrement plus profonde des vautours de la finance internationale. Cette révolte a eu au moins le mérite de montrer au grand jour la lâcheté de la bourgeoisie et les valeurs hypocrites de sa République. Les forces du progrès ne doivent pas abandonner les habitants des ghettos-cités aux forces obscures et réactionnaires. Les travailleurs immigrés, leurs enfants et leurs petits-enfants qui sont nés sur le sol de ce pays font partie intégrante, pour la grande majorité d’entre eux, de la classe ouvrière. Ils subissent plus que les autres les ravages du chômage, de la précarité et les affres des humiliations en tout genre.

Cette insécurité et cette violence permanentes exercées sur cette fraction vulnérable et fragile de la société par une bourgeoisie arrogante et brutale, montrent à l’évidence que leur révolte est légitime. Ses morts, nombreux et anonymes, ne sont pas reconnus et encore moins décorés par la République. Leur combat doit être celui de toutes les forces qui s’opposent à cet ordre injuste. Prolétaires, précaires et chômeurs de tous les quartiers unissez-vous contre votre ennemi commun, la bourgeoisie.

Mohamed Belaali

belaali.over-blog.com

 

[1] Manu KEY, Karl et Yezy L’Escroc : « Dans nos têtes et dans nos coeurs »

[2] ville.gouv.fr

[3] Voir l’intéressante étude de Fabien Jobard et Sophie Névanen « La couleur du jugement » cairn.info

[4] lmsi.net

[5] amnesty.org

[6] france24.com

[7] lemonde.fr

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 11:13

La Tunisie tente de développer le tourisme religieux auprès des musulmans français

 

À l’occasion de la chute du régime de Ben Ali, une cinquantaine de responsables d’associations musulmanes françaises se sont envolés vers la Tunisie pour une semaine, à l’invitation de tour-opérateurs tunisiens. Ils en sont revenus dimanche 22 janvier, chargés de prospectus à distribuer autour d’eux.

« Les professionnels du tourisme qui nous ont invités nous ont expliqué vouloir compenser l’hémorragie actuelle de touristes en ciblant la clientèle des musulmans européens, plus ou moins pratiquants », raconte M'hammed Henniche, participant à ce voyage, et responsable de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93).

« Ils savent que même si ce n’était pas leur choix, ils vont devoir vivre avec un gouvernement Ennahda pour cinq à six ans et que désormais le pays a une connotation “islamiste”. Ils doivent faire une croix sur la clientèle en string : même sans milice sur les plages, elle ira ailleurs. Ces hommes d’affaires ont donc décidé de prendre les devant et ont testé sur nous un nouveau circuit plus religieux. »

Un volet politique

Venus essentiellement d’Île-de-France mais aussi de Moselle, la petite cinquantaine de responsables musulmans – représentant une quarantaine de mosquées – s’est rendue à Tunis où elle a pu rencontrer Mustafa Ben Jafaar, président de l’Assemblée constituante, des députés de tous bords – mais surtout du parti du président, Moncef Marzouki – et même assisté à une séance de travail de l’Assemblée constituante depuis la tribune des journalistes. « Ils se coupaient la parole, certains ont claqué la porte. C’était brouillon mais vivant ! », s’enthousiasme le secrétaire général de l’UAM 93.

Toujours selon lui, l’ambassadeur de France à Tunis leur a confié – en arabe classique – que « la France avait pris un coup après la révolution du jasmin, parce qu’elle ne l’avait pas accompagnée depuis le premier jour » et qu’il comptait sur eux « pour dire que les musulmans étaient bien traités en France, que la France acceptait l’islam ».

Les responsables français ont d’ailleurs été invités à revenir fin mars lors d’un colloque organisé par l’ambassade de France destiné à stimuler « la vie associative tunisienne » sur des sujets tels que la citoyenneté, la place de la femme ou encore le microcrédit.

Un circuit touristique proposé dès le mois de mars

En plus de ce volet politique, le voyage comportait également un important volet culturel et surtout religieux. À Tunis, la délégation a visité l’université et la mosquée Zeitouna, où elle a été reçue par l’imam.

Puis, elle a pris la direction d’Hammamet – haut lieu du tourisme tunisien, au nord-est du pays – et surtout de Kairouan, « une ville qui était le centre de la vie religieuse aux premiers siècles de l’islam », rapporte M'hammed Henniche. Au programme : visite de l’école coranique et du centre universitaire, où les responsables religieux tunisiens ont confié à leurs homologues français « qu’ils sortaient d’un tunnel, que le régime Ben Ali leur mettait des bâtons dans les roues mais qu’ils commençaient maintenant à redresser la tête ».

« Nous avons beaucoup apprécié, c’était très beau », reconnaît M'hammed Henniche, lui-même d’origine algérienne. Les organisateurs du voyage souhaitent proposer ce circuit touristique sous forme de forfait à compter du mois de mars, et devraient ouvrir une agence de voyage en région parisienne dès février. À charge pour les responsables musulmans français d’en « parler autour d’eux ».

« Ils nous ont dit qu’ils s’inspiraient de ce qui se fait déjà en Turquie, avec des formules sans alcool, avec piscine non-mixte », poursuit le secrétaire général de l’UAM 93. Cette proposition est-elle susceptible de marcher auprès des musulmans français ? « Peut-être oui, répond-il. Mais je ne crois pas que cela compensera la perte des autres touristes ».

Source : LA CROIX

 


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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 11:12

 

Le malentendu de la philosophie occidentale sur la critique de Dieu ou de la religion

Il reste un grand malentendu lorsque dans mes discussions philosophiques je fais référence à la religion ou à ce qu'on appelle communément Dieu. Très souvent, mes interlocuteurs font référence au Dieu chrétien ou à la figure du christ sur la croix à l'instar de Michel Onfray avec son livre "traité d'athéologie", renvoyant à la fameuse citation de Nietzsche "Dieu est mort".

 

Il reste un grand malentendu,  lorsque dans mes discussions philosophiques,  je fais référence à la religion ou à ce qu'on appelle communément Dieu. Très souvent, mes interlocuteurs font référence au Dieu chrétien ou à la figure du christ sur la croix à l'instar de Michel Onfray avec son livre "traité d'athéologie", renvoyant à la fameuse citation de Nietzsche "Dieu est mort".

En effet, Nietzsche oppose la figure de l'antéchrist, ou celle de Dionysos, le dieu Grec, à celle du Dieu chrétien incarné par la figure du Christ sur la croix.

Pour ce qui est de la définition de Dieu chez les juifs et selon le Talmud, elle est plus proche, voire similaire à la non représentation qu'en donne l'Islam: déterminé par son Existence ou sa Proximité, son Unité, son Immatérialité, son Omniprésence, son Omnipotence, son Omniscience, son Éternité, sa Justice et sa Miséricorde, sa Paternité, sa Perfection, son nom ineffable (JHVH chez les juifs ou le centième nom chez les mystiques musulmans: Allah).

Quant à Dionysos pour Nietzsche, il symbolise la force vitale, parfois douloureuse, mais toujours joyeuse, suprêmement innocente car entièrement étrangère au sentiment de péché et à la mauvaise conscience, que l'on retrouve dans la rédemption chrétienne.

Nietzsche a philosophé à coup de marteau en critiquant la croyance en un idéal séparé du monde, l'idée de salut de l'âme, le bien et le mal... Mais sa critique ne peut se percevoir et se comprendre qu'à partir de son univers de référence (occidental et allemand de la fin du XIXème siècle).

Néanmoins, le point sur lequel Nietzsche en partie a raison lorsqu'il dit que "Dieu est mort", c'est que la société occidentale repose de moins en moins sur des valeurs religieuses, même si l'éthique et la Laïcité d'un point de vue Spinoziste ne peuvent se départir d'un vernis résiduel et individualiste du religieux, relégué dans la sphère du privé et non plus de la communauté. Quoique, à la base le droit reste imprégné de commandements religieux, comme tu ne tueras point, tu ne voleras point ...

Nietzsche avait prévu ce que Marcel Gauchet aura expliqué quelques années plus tard: le désenchantement du monde (chrétien). Il pensait que l'Homme ne peut se surmonter lui-même,  s'il continue à croire aux dérisoires fables de l'arrière-monde.

Mais qu'en est-il de la perception islamique? Le malentendu est bien là. Qui connaît les textes élogieux de Nietzsche sur l'islamisme et son prophète Mohammed, religion authentique qui ne reconnait pas de ressentiment au sens chrétien, de rédemption (à chacun sa responsabilité,  car pas de péché originel qui marquerait de malédiction le reste de l'Humanité)?

Il y voyait des Hommes héroïques dans le sens du romantisme allemand à la façon d'un Goethe, en phase avec leur époque et avec leur histoire, sensuels, ouverts sur le monde. Mais ce qu'il y a de plus déterminant, c'est cette figure de surhomme dont l'incarnation n'en est que le modèle prophétique Mohammadien. Quel est l'homme, comme se le demandait Lamartine, qui peut se prévaloir d'être en phase avec ses actes et ses dires? Le plus grand génie de l'Humanité.

Nietzsche lui-même critiquait les ascètes,  alors qu'il en était un malgré lui à la fin de sa vie. Il faisait l'éloge de la jouissance du corps et de l'esprit à travers son Dionysos ou son Zarathoustra (fondateur du premier monothéisme au passage), alors que pour le corps il n'aura pas connu l'amour ou l'étreinte d'une femme (Andréa Lou Salomé). Que de contradictions! Tout comme Platon et Heidegger, l'un voulant aider le tyran de Syracuse et le second admirant les mains d'Hitler, qui ont cédé à la tentation de "changer leur séjour" (le monde philosophique) et de "s'insérer" dans le monde des affaires humaines (la réalité), en se fourvoyant dans l'illusion de la masse et de la tyrannie.

Quel est cette homme qui a le mieux concilié cette dimension de l'être et celle de l'étant, qui à partir du néant (désert) a donné à la dimension de l'être toutes ses dimensions de noblesse, si ce n'est Mohammed?

L'islam en cela est l'incarnation de cet accomplissement où les idoles sont anéanties, jusqu'à la plus dangereuse, celle de l'égo ou du nafs. Cette prétention qu'ont les clercs, les philosophes, les scientifiques, les hommes de toutes obédience de détenir la vérité ou de juger leur prochain. Le plus détestable dans la religion, est ce qu'en ont fait les hommes, ce que feu M. Arkoun appelait de ses vœux: sortir des clôtures dogmatiques.

Revenir au principe originel, à l'expérience du prophète Mohammed face à lui-même dans la grotte de Hira, seul dans le désert. Ou à celle de Moïse face au buisson ardent. Loin des Hommes, loin des prétentions puériles, des richesses, des orgueils, des vices. Retrouver la pureté originelle que décrit Rousseau à travers l'enfant: la Fitra ou pureté de l'être (notion islamique).

Ce que Mohammed avait réalisé, n'est ni plus ni moins, ce que Sartre avait ressenti, une acceptation totale qui est aux antipodes de la résignation. "C'est par moi que le monde vient à l'être", dit Sartre, ainsi, dans "l'humilité de la finitude", je retrouve "l'extase de la création divine". et Sartre d'ajouter "l'absence de Dieu est plus divine que Dieu". Ici est résumée la quintessence de la perception du Dieu en Islam et dans le judaïsme, immatériel, omniprésent et omniscient.

 

Ce que Heidegger pressentait dans son être et étant mais sauf que le Dieu chrétien qui est "étant" car incarné par Jésus sur la croix est en opposition avec le Dieu du judaïsme et de l'Islam incarné par l'Être immatériel. En effet, partant de ce postulat, la métaphysique (occidentale) est l'oubli de l'être au profit des "étants". Là est le malentendu fondamental! La vérité comme dévoilement de l'être, voilà ce que les mystiques et les prophètes ont ressenti.

Ceux qui n'en ont pas fait l'expérience, qui ne vivent que par procuration, à travers les clercs et les textes, ne peuvent comprendre le Dawq (le goût) de cette expérience unique qui font que l'être et l'étant se retrouvent en phase, à la façon de ce que pressentaient Nietzsche, Heidegger, et Sartre. Sauf, que ceux qui viennent d'un monde de référence occidental et matérialiste, dont l'Église à fait du sang et la chair le paradigme, et l'ostentation de ses richesses et la puissance du Vatican que Jésus aurait sûrement rejeté, le Roi des juifs, le Roi des pauvres, Saint parmi les saints, dans la lignée des saints prophètes. Voilà le malentendu!

Moïse, Jésus, et Mohammed sont bien issus de la même école, celle où l'étant et l'être ne font qu'un. Mais les Hommes ont souvent trahi ce message et cette réalité, créant des institutions religieuses qui souvent agissent à l'opposé de ce Message.

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 12:27

Une personne née en Italie = un ITAL-ien, une personne habitant en Ile-de-France, un FRANCIL-ien, un Français de souche ? Un “SOUCHE-ien” et non pas un “sous-chien” comme le connards d’extrème droite veulent nous faire croire. Les clébards n’ont rien à voir là-dedans…





« Souchiens », relaxe de Houria Bouteldja. 



Houria Bouteldja, porte-parole du PIR, a été relaxée des accusations de racisme « anti-blancs » dont elle a fait l’objet à la suite d’une plainte déposée par l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française (AGRIF), une association partie prenante de la mouvance nationaliste-chrétienne d’extrême-droite, dirigé par Bernard Antony, un ancien responsable du Front national.

Le Tribunal devait statuer sur le caractère « raciste » prêté par cette association au néologisme « souchiens » employé par Houria Bouteldja lors d’une émission de France3 en juin 2007 pour désigner les Français de souche.

Reprenant un certain nombre d’arguments développés avant lui par Marianne, Eric Zemmour, le président de SOS Racisme Dominique Sopo, le Bloc identitaire, Riposte laïque ou encore Alain Finkielkraut, Bernard Antony a prétendu lors du procès que notre porte-parole entendait en réalité injurier les « vrais » Français en les traitant de manière plus ou moins masquée de « sous-chiens ».

Une extrapolation parfaitement gratuite comme nous l’avons signifié maintes et maintes fois et sur laquelle il n’est plus besoin de revenir.

Le tribunal de Toulouse a en effet relaxé Houria Bouteldja, renvoyant tous ceux, de droite comme de gauche, qui avait tenté de discréditer le PIR par des accusations infamantes à leurs élucubrations désormais vaines. C’est pour nous une victoire importante. Non pas parce que la Loi aurait le dernier mot et le mot juste mais parce que la décision prise à Toulouse témoigne que les arguments racistes tels que ceux formulés par l’AGRIF sont encore loin de faire l’unanimité en France. C’est pour nous une victoire importante parce qu’elle montre également que les batailles que nous avons menées, avec d’autres organisations antiracistes, peuvent porter leurs fruits.

C’est une victoire importante aussi parce que la relaxe de Houria Bouteldja est une gifle donnée à tous ceux qui se prétendent antiracistes, qui défendent les droits humains et la liberté d’expression quand il s’agit de Charlie-Hebdo, et qui pourtant n’ont pas jugé bon de défendre notre sœur, prise pour cible par l’extrême-droite sur la base d’accusations fallacieuses. Nous saisissons cette occasion pour remercier par contre toutes celles et ceux et ils furent nombreux qui ont exprimé leur solidarité avec Houria Bouteldja et se sont battus avec nous.

C’est une victoire importante, enfin, parce que, au-delà de la personne de Houria Bouteldja et de notre parti, le PIR, l’enjeu de ce procès du point de vue de nos adversaires était non seulement de faire prohiber l’utilisation du néologisme « souchiens » mais surtout de légitimer la notion de « racisme anti-blancs » qui permet aux racistes d’inverser les relations réels de pouvoir et de prendre la posture de victimes. Le discours du « racisme anti-blancs » est ainsi de plus en plus utilisé depuis la révolte des quartiers en novembre 2005 pour stigmatiser les résistances des populations issues de l’immigration et des quartiers. Selon ce point de vue, la lutte contre le racisme aurait pour conséquence le développement d’un « racisme anti-blancs » qui serait la véritable menace qui pèse sur la « cohésion sociale » de ce pays. Grâce à notre détermination à ne pas reculer sur l’utilisation du terme « souchiens », le soutien dont nous avons bénéficié et la décision prise par le tribunal de Toulouse, l’arme raciste du « racisme anti-blancs » s’est enrayée. Nous ne pouvons que nous en féliciter.

Ce n’est cependant qu’une première bataille de gagnée. Nos adversaires ne rateront pas une occasion pour imposer la notion de « racisme anti-blancs » dans le langage politique et discréditer nos résistances. Nous saurons, quant à nous, rester vigilants.

http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=1573

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 12:20
La Tunisie met en vente les palais de Ben Ali

 

Pour tenter de libérer des fonds pour la création d'emplois, la Tunisie veut se débarrasser des excès de l'ère Ben Ali.

Par Monia Ghanmi pour Magharebia à Tunis – 27/01/12

[AFP/ Fethi Belaid] Les anciens palais présidentiels seront mis en vente aux enchères publiques, a annoncé le Président tunisien par intérim Moncef Marzouki.

[AFP/ Fethi Belaid] Les anciens palais présidentiels seront mis en vente aux enchères publiques, a annoncé le Président tunisien par intérim Moncef Marzouki.

Le Président tunisien par intérim Moncef Marzouki a annoncé le mois dernier l'intention de son gouvernement de vendre la majorité des palais présidentiels autrefois détenus par le dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali. Les recettes de ces ventes seront ensuite utilisées pour la création d'emplois destinés aux jeunes chômeurs du pays.

"Les palais présidentiels, à l'exception du palais de Carthage, seront dans un premier temps restitués à l'Etat", a déclaré Marzouki le 16 décembre. "Dans une seconde phase, ils seront vendus aux enchères publiques en toute transparence et clarté, et les recettes générées par cette vente seront injectées dans les fonds pour les mécanismes de financement pour l'emploi."

Marzouki a de plus annoncé que la gestion du palais de Carthage réduira les dépenses et permettra de mettre en oeuvre "une austérité maximale, afin que le Présidence puisse contribuer à la guerre sacrée contre la pauvreté et le chômage dans le pays".

Selon les chiffres officiels les plus récents, le taux de chômage en Tunisie est estimé à 18 pour cent, soit 800 000 personnes sans emploi. Marzouki s'était engagé à traiter le problème au lendemain de son élection.

"Le navire ne coulera pas ; la Tunisie ne coulera pas, et les sacrifices de nos enfants ne seront pas en vain", a-t-il déclaré. "Oui, la Tunisie réussira."

Ben Ali possédait de nombreux palais luxueux dans plusieurs villes tunisiennes, dont les plus importants étaient le palais Sidi Dhrif à Sidi Bou Said, le palais d'Hammamet, le palais Mornag, le palais d'Ein Darahem, le palais de Sousse et le palais de Chypre.

Pour un grand nombre de Tunisiens, la vente de ces palais est une option meilleure que leur conservation au titre de propriétés présidentielles ou d'Etat, notamment au vu de la situation actuelle de l'économie tunisienne. Ils estiment que les recettes de ces ventes pourront être utilisées pour venir en aide aux institutions industrielles et lancer de nouveaux projets, stimulant ainsi la croissance économique et la création d'emplois.

"Il est nécessaire de se débarrasser des palais présidentiels et des biens laissés par Ben Ali, afin que leur valeur puisse être transférée au Trésor, et que de nouveaux projets puissent être lancés pour créer des emplois pour les chômeurs", a commenté Abdessalam Dakhlaoui, un jeune sans emploi.

Pour Saoussen Ramdhane, c'est une étape dans la bonne direction. "A l'exception du palais historique de Carthage, Ben Ali a construit tous ces palais avec l'argent du peuple tunisien, et il est temps qu'ils soient restitués à leur vrai propriétaire et utilisés pour le bien du peuple."

D'autres estiment que la vente de ces palais présidentiels incitera moins les futurs responsables à abuser des ressources publiques.

Mohamed Abirig se dit favorable à la décision de Marzouki. "De cette manière, les futurs Présidents ne pourront profiter du luxe et de l'extravagance de leurs prédécesseurs dans des biens qui appartiennent au peuple tunisien, et ils seront ainsi plus proches du peuple, de ses souffrances et de ses besoins."

Certains groupes critiquent néanmoins cette décision. C'est ainsi que l'Association tunisienne de transparence financière a publié un communiqué affirmant que ces palais étaient la propriété de l'Etat tunisien et que le Président par intérim ne pouvait se débarrasser d'eux. Cette association affirme qu'elle n'hésitera pas à se tourner vers les tribunaux pour empêcher la vente des biens publics.

Sami Remadi, le président de ce groupe, a expliqué dans un message adressé au gouvernement et au Président par intérim que la situation actuelle de la Tunisie requiert plus de sagesse et de transparence dans la vente des biens du peuple.

Pour sa part, le Parti national libre a exprimé sa surprise en apprenant que Marzouki envisageait de vendre les palais présidentiels. Dans un communiqué, ce parti se demande de quels pouvoirs dispose le Président par intérim pour disposer ainsi des biens historiques de l'Etat tunisien.

Pour leur part, un grand nombre de Tunisiens affirment ne pas vouloir vendre ces palais, les considérant comme une composante historique du patrimoine de la nation. D'autres suggèrent de faire de ces opulentes demeures des attractions touristiques ou des lieux culturels.

"Pourquoi vendre ces palais qui appartiennent au peuple tunisien ?", s'interroge Hassna Chiboub. "Nous pourrions en faire des hôtels, des musées ou des studios et les commercialiser comme tels. Je suis certaine qu'ils rapporteraient bien plus que leur prix. De plus, les recettes de la vente de ces palais ne résoudront pas le problème du chômage, qui exige une planification et des investissements à long terme dans tous les secteurs."

Mohamed Amine Chabbi s'oppose lui aussi à la vente de ces palais. "Le Président par intérim aurait dû demander la restauration de l'argent gaspillé, qui dépasse le budget de l'Etat tunisien et qui pourrait en partie contribuer à résoudre le problème du chômage des jeunes."

Pendant ce temps, Ben Ali continue de vivre dans un palais en Arabie saoudite, en dépit des demandes d'extradition répétées de la Tunisie pour des charges de meurtre.

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 11:23

 

De l’insécurité à l’éducation

Une ruse démagogique visant à conditionner l’esprit des électeurs dans l’illusion d’une atmosphère d’insécurité en façonnant un ennemi potentiel, notamment le délinquant musulman issu de l’immigration

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L’insécurité est sans aucun doute le sujet le plus rentable politiquement. La grande majorité des partis politiques l’a compris. L’instrumentalisation de la peur des citoyens en surfant particulièrement sur la vague idéologique du Front National est devenue la stratégie électoraliste la plus efficace. Une ruse démagogique visant à conditionner l’esprit des électeurs dans l’illusion d’une atmosphère d’insécurité en façonnant un ennemi potentiel, notamment le délinquant musulman issu de l’immigration.

En d’autres termes, créer, voire provoquer, un virus social pour mieux vendre le remède politique. Piteuse Manœuvre faisant écho aux méthodes cruelles employées dans le domaine de la santé à des fins purement économiques : déclencher une épidémie pour vendre des vaccins et ainsi créer du profit. Petite parenthèse à ce titre, le virus du Sida,  qui de façon biscornue sévit particulièrement en Afrique comme s’il s’agissait d’une population dégradée et souillée, pose question.

En effet, selon certains analystes, cette pandémie y aurait été volontairement introduite par l’Occident par le biais de certaines immunisations pour réduire la population mondiale et de ce fait pérenniser et cristalliser davantage l’impérialisme occidental. Bref…  Fermons la parenthèse. Restons cependant lucides.

La politique de l’épouvante est de nouveau à l’ordre du jour. Une fois n’est pas coutume. A une centaine de jours du premier tour des élections présidentielles, il est apparu capital pour certains protagonistes de la scène politique de dresser un bilan sur le problème de l’insécurité. En effet, dans une récente conférence de presse, Claude Guéant a indiqué que le taux de délinquance aurait baissé de 0,34 % en France en 2011 par rapport à l’année précédente.

Un constat controversé et contesté virulemment par le Parti Socialiste qui accuse le ministre de l’intérieur de « s’être encore livré à un exercice de maquillage des faits de délinquance. »  L’UMP, fidèle à lui-même, tente d’enjôler l’électorat français en dressant l’étendard de la sécurité. En outre, Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière à la présidentielle s’est élevée contre les propos scandaleux de Claude Guéant l’accusant de Xénophobie et de ministre de la chasse aux voix du Front National. 

Ce dernier a en effet usé d’un notoire procédé démagogique en collant certains délits sur le dos de l’immigré. Une contorsion intellectuelle au profit d’une théorie devenue primitive : Immigration-chômage-insécurité. Cette équation simpliste que l’on dénomme plus commodément en psychologie sociale « illusion de corrélation » vise à déresponsabiliser de façon abjecte les responsables politiques du malaise de la société et des injustices sociales.

Autrement dit, il s’agit de jeter l’opprobre sur une composante de la société pour garder les mains politiquement propres… Cette volonté de raviver les flammes de l’insécurité à la vieille des présidentielles est par ailleurs curieusement concomitante de l’avalanche islamophobe provoquée par une grande partie de la classe politique – la Droite et la Gauche participant de la même hypocrisie – en jetant le discrédit à l’endroit des musulmans, en l’occurrence les femmes voilées.[1]

A défaut désormais d’avoir des Pièces maitresses, il va falloir, sur l’échiquier politique, compter sur quelques pions pour protéger notre société du Mat… Et pourquoi pas créer des ouvertures… Pour ce faire, soyons extrêmement lucides au moment de glisser le bulletin de vote dans l’enveloppe… L’avenir de la France se jouera derrière les rideaux des bureaux de vote en avril prochain !

Le problème de la délinquance, en outre, ne se résoudra pas avec des normes, des sanctions, en construisant des prisons ou en équipant plus solidement les forces de l’ordre – notamment la police municipale – comme le propose la majorité des candidats à la présidentielle[2], excepté Europe Ecologie Les Verts qui partage une vision plus pédagogique et moins basée sur le rapport de force.

La dissuasion n’est pas forcément la méthode la plus adéquate. Ce qu’il faut c’est de la persuasion. Plus clairement, persuader avec sagesse le public de sa capacité à faire le bien plutôt  que de le dissuader par la force de commettre le mal. La sécurité se gagnera donc par un travail d’éducation positif. Que proposent à ce sujet les candidats ?

Rangeons-donc les flashballs, et dégainons plutôt des actions pédagogiques concrètes et efficaces. C’est particulièrement sur la question de l’éducation que tout doit se jouer car il en va de l’avenir de la France. Quel projet éducatif global offre les politiques à la jeunesse pour favoriser son épanouissement ?

L’éducation est la clé de la réforme ! Nous avons besoins d’éducateurs et de réformateurs compétents non pas de Cowboys armés jusqu’aux dents ! Aussi, la société doit-elle s’investir davantage dans l’éducation en repensant au préalable les principes et les finalités.

Car il ne s’agit pas uniquement de leur apprendre à avoir de bonnes notes, un diplôme, et une profession, mais surtout de développer leur intelligence émotionnelle, leur donner les moyens de surmonter les échecs et de gérer les épreuves de la vie. Plus encore, de cultiver l’optimisme et leur apprendre à atteindre leurs objectifs. Eduquer, affirmait Rousseau dans l’Emile, c’est apprendre à vivre[3]. Pas seulement, c’est surtout apprendre à exister.

L’éducation c’est permettre à chacun d’exister, d’être une valeur ajoutée, une richesse pour sa société. C’est, à notre sens, dans cette perspective que doit se penser les principes et les finalités de l’éducation. D’autant que nous vivons dans une société qui ne laisse plus le temps à la jeunesse en particulier de s’appartenir, tellement occupée et tiraillée, ici et là, par la mode, le divertissement, le bruit, et toutes ces séries télévisées abêtissantes.

On contribue de cette façon davantage à entretenir la jeunesse dans une espèce de léthargie intellectuelle et spirituelle qui semble arranger les responsables politiques. En effet, une jeunesse éveillée et perspicace nuirait profondément aux intérêts des hommes du pouvoir et de leurs thuriféraires. Comment voulons-nous bâtir les Hommes de demain dans de telles conditions ?! La plus grande chose du monde,écrit Montaigne, c’est de savoir être à soi.[4]

Eduquer en somme c’est donner du sens, permettre à la jeunesse d’accéder à sa liberté intérieure, lui offrir les moyens de se libérer des jougs de son égo. Le contrat social ne suffit pas à garantir la liberté de chacun, car point de sécurité extérieure sans paix intérieure… Quel candidat serait donc prêt à relever le défi pour donner un nouveau souffle à la République ? L’entreprise semble utopique, certes. Mais il faut viser la lune pour obtenir une étoile…

[1] Le 17 janvier 2012, le Sénat, passé à Gauche depuis peu, a adopté une loi    discriminatoire stigmatisant la femme musulmane. Consulter à ce sujet le site du CCIF.

[2] Le Front National a carrément proposé un référendum pour réinstaurer la peine capitale !

[3] Jean Jacques Rousseau, Emile ou de l’Education.

[4] Montaigne, Les essais, Livre 1, « sur la solitude »

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