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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 16:40
Bush en route vers la déroute
Par
HOUSSINE


Apparemment, Bush fait cavalier seul. Sa stratégie de « la voie en avant » est équivalente à une fuite en avant. Rien ne le retient puisqu’il rappelle à tout un chacun qu’il est le maître en disant, avec arrogance, que « c’est moi qui décide » et que, en tant que tel, il ne renonce pas à sa stratégie du « chaos destructeur » qu’il compte porter à son point culminant. Rien ni personne ne peut l’arrêter sitôt que les résidus des néoconservateurs qui l’entourent encore tels Cheney, Rice, … lui ont signifié le chemin à suivre.

Qu’il soit mis en minorité par le peuple américain du fait de sa faible côte de popularité ou par les députés et les sénateurs ou à l’intérieur du parti républicain, qu’il ressemble à la peste étant donné que tous ces fanatiques qui l’approchaient ont fini par tomber les uns après les autres alors que d’autres attendent leurs tours après avoir subi la vindicte populaire, qu’il rate l’occasion de se réconcilier avec ses concitoyens en rejetant les propositions consensuelles du rapport Baker – Hamilton émanant des démocrates et des républicains et lui offrant une issue de sortie « honorable » du bourbier irakien, qu’il voit s’élargir les cercles d’opposition à ses projets néfastes aux officiers supérieurs de l’armée américaine, qu’il voit les citoyens anti - guerre s’activer et manifester massivement pour contrecarrer ses desseins catastrophiques, … ; Bush n’entend pas s’estimer défait en optant pour une autre ligne de conduite que celle de « maintenir le cap » pour décrocher la « victoire ». Autrement, son statut d’ « élu de Dieu » et de « croisé contre la terreur et pour la démocratie » ne vaudra plus rien. La « mission divine » dont il se croit chargée va tomber à l’eau. Alors, rien dans son palmarès de boucher vaincu ne redorera son blouson. Tous ses fanatiques retiendront qu’il fut un président inapte à traduire dans les faits ce qu’il n’arrêtait pas de faire sortir de sa bouche grande ouverte. En somme, pour ces faucons, Bush personnifie le prototype d’un personnage grincheux incapable de tenir ses promesses et, lamentablement, vaincu par ses pires ennemis parce qu’il a dévié de la ligne dure qu’il s’était juré de suivre quelles que soient les circonstances et les contraintes et parce qu’il a cédé sur bon nombre de dossiers dont le Liban, la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord, ... Au lieu d’agir comme, auparavant, en Afghanistan et en Irak, Bush s’est contenté des voies diplomatiques, l’arme des faibles par ailleurs, alors qu’il fallait user de la force pour régler ces problèmes comme l’exige la véritable volonté d’intronisation des Etats-Unis en tant que seule superpuissance à laquelle il échoit d’imposer sa domination incontestable sur le monde.

Ces signes de faiblesse, émanant de Bush, vont entamer l’image de marque des Etats-Unis résidant en la toute puissance de leur force de frappe militaire et les affaiblir aux yeux de leurs ennemis et des états « voyous ». Ce qui est inacceptable pour les faucons et les néoconservateurs. Certains, parmi eux, s’empressent de dire que la formule adéquate, pour le cas de l’Irak, s’annonce comme suit : « en Irak, il faut maintenir le cap mais changer d’itinéraire »(1). Dans ce cadre, il n’est pas question de parler de rapatriement des troupes armées américaines ou de quoi que ce soit de ce genre. La colonisation directe va subsister indéfiniment en même temps que voit le jour une nouvelle division du travail entre les forces colonisatrices et les dirigeants irakiens de la façon suivante : « ma solution permet de couper la poire en deux : maintenir le cap, mais changer d’itinéraire. Je suggère d’évacuer les forces de la coalition des zones habitées d’Irak et de les redéployer dans le désert. De cette manière, les troupes peuvent rester indéfiniment en Irak, tout en évitant de subir son carnage urbain. Les troupes dirigées par les États-Unis peuvent ainsi à la fois effectuer des tâches essentielles (protéger les frontières, assurer le fonctionnement des infrastructures pétrolières et gazières, veiller à ce qu’aucun monstre du genre de Saddam Hussein ne s’empare du pouvoir) et mettre fin à leurs activités secondaires (faire régner l’ordre dans les rues, protéger leurs propres quartiers) »(2).

Ainsi, l’armée américaine va élire domicile en Irak une fois pour toutes en étant, savamment, protégée contre les attaques mortelles causant des pertes humaines parmi ses soldats. Cette situation lui offrira, aussi, le loisir d’étaler ses forces contre les pays voisins et de contrôler parfaitement l’intérieur de l’Irak. Malgré son extrême faiblesse qui a fait dire à Nouri EL Maliki, l’actuel premier ministre irakien, que « Bush n’a jamais été aussi faible », Bush s’est ressaisi dans un élan, semblable au dernier soupir d’un mourant, en défiant tout le monde tout en « gardant le cap » et en appelant à l’envoi de nouvelles troupes en Irak. En définitive, il a opté pour la stratégie de l’escalade dont les chances de réussite s’avèrent très discutables du fait que Bush, lui – même, part, dans cette aventure, d’une position de faiblesse à l’intérieur et à l’extérieur des Etats-Unis. Ce simple constat préjuge de lendemains qui déchantent pour Bush d’où l’intérêt de se pencher sur la question à la lumière des changements survenus et, de façon générale, en défaveur de Bush et de ses quelques serviteurs inconditionnels.

A ce niveau, Bush n’a pas attendu longtemps pour commencer à être la cible de plusieurs attaques provenant des députés et sénateurs républicains et démocrates, des officiers supérieurs de l’armée, de la société civile américaine, de nombreuses personnalités étrangères qui considèrent sa stratégie comme « non mûre » ou qui voient que la solution réside dans le départ des forces alliées de l’Irak dans des délais précis, … Tout ceci ne semble pas avoir raison de l’arrogance de Bush qui n’en finit pas de croire en la « victoire » là où il a échoué lamentablement depuis 2003 surtout. Il ne fait que répéter à ceux qui veulent encore l’entendre qu’il faut lui « laisser une chance » pour mener à bien ce qu’il n’a pas pu accomplir durant plus de trois années. Pour ce faire, il a besoin d’autres renforts de troupes et du financement nécessaire pour venir à bout des ennemis de « liberté » en Irak et ailleurs. C’est-à-dire qu’il s’engage à emprunter des voies pleines de risques pour le peuple irakien et pour les troupes américaines en particulier dans un contexte où même ses alliés les plus proches tels Blair, par exemple, qui annonce une diminution du nombre de soldats en Irak. Devant cet entêtement, Bush parait prendre le chemin du suicide du fait qu’un ensemble de facteurs objectifs et subjectifs ne plaident pas en sa faveur.

Il n’y a, pour cela, qu’à prendre en considération les toutes premières réactions originaires des propres rangs du parti républicain à l’encontre de Bush et de sa nouvelle stratégie en Irak. En voilà quelques unes qui en disent long sur l’isolement de Bush au sein de son camp. Des sénateurs s’expriment à haute voix pour marquer leur nette opposition avec la « ligne dure » du président et pour émettre des doutes sur ses chances de réussite. Ainsi, « le républicain Chuck Hagel estime qu’il "n’y a pas de stratégie. C’est une partie de ping-pong avec les vies américaines. Ces jeunes hommes et femmes que l’on envoie dans la province d’Anbar, en Irak, à Bagdad, ne sont pas des pions, ce sont des vies réelles. Et on ferait mieux d’être fichtrement sûr de ce qu’on fait, nous tous, avant d’envoyer 22 000 Américains de plus dans ce bourbier »(3). En réduisant à néant la « stratégie » de Bush et en faisant allusion aux dangers qui guettent le nouvelles troupes en Irak, il s’agit bien de montrer qu’un tel plan ne mène à rien et n’aura aucun effet sur l’issue de la guerre sinon d’exposer les vies des jeunes soldats à la mort. Ce qu’affirme Richard Lugar, l’ex-président républicain de la commission des affaires étrangères au sénat, en ne mâchant pas ses mots par cette déclaration : « je ne suis pas convaincu que le plan du président Bush réussisse »(4).

Le républicain George Voinovich, quant à lui, réfute l’allégation selon laquelle l’envoi d’autres troupes est de nature à assurer la sécurité nationale des Etats-Unis en disant que « après une réunion de trois heures avec de hauts responsables du renseignement, trois entretiens à la Maison-Blanche et plusieurs auditions, je suis encore plus sceptique maintenant qu’avant à propos de l’impact [du plan Bush] sur notre sécurité nationale »(5). De tels exemples rendent compte du fait que les mensonges de Bush n’arrivent plus à convaincre même ses plus proches supporters au vu des résultats de plus de trois années d’occupation de l’Irak. Pendant toute cette période, les événements ont pris une telle tournure que tous les rêves chimériques de Bush et de son équipe de néoconservateurs se sont révélés irréalisables sur le terrain des opérations et se sont soldés par des échecs cuisants contrairement aux vœux du gang Bush. D’autre part, les alliés les plus proches tels que Blair et Howard, après avoir cautionné la stratégie de Bush, se contentent de préciser qu’ils ne sont pas prêts à envoyer d’autres troupes en Irak.

Malgré tous ces indices qui doivent faire réfléchir l’administration américaine, Bush ne semble écouter que ces faucons déchus qui en appellent toujours à « maintenir le cap » même si toutes les personnes saines d’esprit s’accordent à dire que l’envoi de 21500 soldats de plus ne va rien changer à la donne et que les jeux sont faits en Irak. Par ailleurs, le financement d’une telle mésaventure perdue d’avance augmentera les coûts de la guerre en les élevant aux niveaux records enregistrés lors des guerres de Corée et du Vietnam puisque « depuis 2001, le Sénat et la Chambre des représentants ont voté en tout 503 milliards de dollars de crédits pour les guerres en Irak et en Afghanistan, selon le bureau du budget du Congrès. Les dépenses d’entretien des troupes au jour le jour ne cessent de gonfler et approchent maintenant 10 milliards de dollars par mois. Le secrétaire adjoint à la défense, Gordon England, souligne qu’après quatre ans en Irak, les hélicoptères, avions et autres véhicules blindés usés ou détruits doivent être remplacés. Douze soldats ont été tués le 20 janvier après le crash d’un hélicoptère et 13 autres dans des attaques à la veille de l’arrivée en renfort, dimanche, de 3 200 soldats. A la fin de l’année, nul doute que le coût de la guerre dépassera largement les 600 milliards de dollars approchant en termes réels ceux des conflits du Vietnam (660 milliards en dollars d’aujourd’hui) et de Corée (690 milliards)  »(6).

Chacun sait qu’une bonne partie de ce budget militaire sera financée à coups de coupes sur les secteurs sociaux, comme la santé, qui profitent aux catégories pauvres de la société américaine. C’est ainsi que Bush règle les problèmes de santé des peuples américain et irakien en tuant les irakiens et en laissant périr les américains. Son aveuglement ne peut le conduire, effectivement, qu’à l’amplification des tueries et du chaos dans les pays envahis en échange de victoires qu’il a tant souhaitées et dont il est incapable.

De la sorte, bien des observateurs considèrent que la campagne de l’administration Bush contre l’Iran est une vaine tentative pour camoufler les échecs cumulés et prévus en Irak. Mais, défait comme il est, il n’ose pas le prouver en déclarant « haut les mains » comme ses ancêtres cowboys. Son arrogance à s’estimer le maître du monde lui a coûté des critiques sévères de la part de Poutine qui a passé en revue la vision du monde selon Bush en ces termes : "qu’est-ce qu’un monde unipolaire ? Même si on essaie d’embellir ce terme, il signifie simplement un seul centre de pouvoir, un seul centre de puissance et un seul maître", a-t-il déclaré. "Cela n’a rien à voir avec la démocratie, qui veut que la majorité prenne aussi en compte l’opinion de la minorité. Il y a des gens qui n’arrêtent pas de nous donner des leçons de démocratie (...) qu’ils ne suivent pas eux-mêmes"(7). Tous les subterfuges sur la domination du monde et la propagation de la démocratie, servis par Bush et les néoconservateurs, sont dénoncés à voix haute. La mégalomanie et l’unilatéralisme qui s’en suit ont agi de telle façon que "les actions unilatérales n’ont pas résolu les conflits, elles les ont aggravés"(8). C’est là probablement que se situent les objectifs du gang Bush qui, faute de victoires annoncées auparavant, ne compte plus que semer son « chaos constructeur » dans le plus grand nombre de pays. Ne serait – ce pas là la traduction concrète de ce slogan, digne de Bush, « après moi le chaos ».

Notes
1 – Daniel Pipes, En Irak, il faut maintenir le cap mais changer d’itinéraire, fr.danielpipes.org
2 – Idem.
3 – Le Sénat américain défie George W. Bush et sa stratégie irakienne, fr.news.yahoo.com/25012007/342/le-senat-americain-defie-george-w-bush-et-sa-strategie.html, jeudi 25 janvier 2007, EuroNews.
4 – Irak : cuisant échec de Bush au sénat, Ledevoir.com
5 – Idem.
6 – Eric Leser, Le coût des guerres en Irak et en Afghanistan équivaut à 1 % du PIB américain, lemonde.fr, 22/01/2007.
7 – Vladimir Poutine dénonce une « vision unipolaire » du monde, lemonde.fr avec Reuters, 10/02/2007.
8 – Idem.

 

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Aider Israël à mourir

Le Président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney jouent inconsciemment le rôle du Dr. Jack Kevorkian en aidant l’Etat d’Israel à se suicider. C’est la conséquence inévitable de l’attaque aérienne et aux missiles prévue contre l’Iran.

Le paysage rempli d’impacts et chaotique de l’Irak, du Liban et de l’Afghanistan et les immenses files d’attente de candidats devant les bureaux de recrutement d’Al-Qaeda et d’autres terroristes témoignent avec éloquence des conséquences involontaires des politiciens myopes de Washington et de Tel Aviv.

Par Ray McGovern

http://www.altermonde-levillage.com/IMG/cache-410x336_Sharon-Bush-410x336.jpg

Photo : Sharon raconte à son ami Bush l’histoire des 3 étapes. Demandez à un Irakien ou à un Palestinien s’ils la trouvent drôle.

Hypnotisés. Malheureusement, c’est le meilleur mot pour décrire ceux d’entre nous qui se rendent compte de l’inexorable marche folle vers une guerre avec l’Iran et un danger croissant pour la sécurité d’Israel, en particulier à moyen et à long terme.

Une attaque américaine et/ou israélienne contre l’Iran libèrera les chiens de guerre. Ces chiens ne sont jamais allés à l’école de l’obéissance. Personne ne leur refusera une chance de mordre, et l’arsenal d’armes nucléaires d’Israel ne pourra rien faire pour les museler.

Selon moi, jamais depuis 1948 l’existence même d’Israel n’avait été autant en jeu. Bush/Cheney et les responsables israéliens ne sont-ils pas capables de le voir ?

Quel dommage que personne ne semble avoir lu l’avertissement de notre premier président sur les effets nocifs des alliances embrouillées.

L’ironie suprême est que dans leur ferveur à aider, comme d’habitude, Israel, Bush et Cheney semblent être dans l’ignorance totale qu’ils descendent une allée qui les mène à la falaise.

Provocation et prévention

Quand il s’agit de rejeter des discussions directes avec l’Iran ou entre Israel et la Syrie, l’influence et les motifs du vice-président sont plus transparents que ceux de Bush.

C’est sûr, Cheney a déclaré récemment à Wolf Blitzer sur CNN que la politique de l’administration concernant l’Irak serait "un énorme succès de l’histoire", mais ne croyez pas ceux qui disent que Cheney "délire".

Lui et ses amis néoconservateurs sont fous à lier. Ils ont insisté sur une confrontation avec l’Iran pendant de nombreuses d’années, et ils ont vu l’invasion de l’Irak dans ce contexte.

En faisant allusion aux récentes initiatives des militaires américains, Robert Dreyfuss a décrit correctement les néocons en disant qu’ils "croisaient les doigts dans l’espoir que l’Iran répondrait par une provocation, aggravant ainsi de façon inexorable ce qui est maintenant une guerre froide."

Mais qu’en est-il du président ? Comment expliquer sa fixation à vouloir accrocher le wagon de l’Iran ?

L’influence de Cheney sur Bush s’est toujours montrée considérable depuis que le comité de recherche composé d’un seul homme pour un candidat à la vice-présidence de 2000 a choisi Cheney.

Le vice-président peut jouer du violon à Bush. Mais quelles cordes utilise-t-il ici ? Où est la résonance ?

L’expérience a montré que le président était quelqu’un d’impressionnable avec un penchant pour accorder beaucoup d’importance à ses premières impressions et à s’accrocher à des gens supposés être des âmes soeurs - que ce soit le Président russe Vladimir Poutine (de confiance, à première vue), au directeur de la CIA, George Tenet, un type qui veut toujours se faire des amis, ou à l’ancien Premier Ministre israélien suintant de testostérone, Ariel Sharon.

Sa relation avec Ariel Sharon était d’un intérêt particulier. Le Général à la retraite Brent Scowcroft, un maître de la discrétion avec les médias, avait trouvé convenable de dire au Financial Times de Londres, il y a deux ans et demi, que Sharon avait "hypnotisé" Bush et "qu’il l’avait enroulé autour de son petit doigt."

En tant que président du prestigieux Comité Consultatif des Renseignements Etrangers sous George W. Bush et conseiller à la sécurité nationale sous son père, Scowcroft était bien placé pour le savoir - et pour tirer des comparaisons.

Il a été sommairement viré après avoir fait ses commentaires au sujet de Sharon et il est maintenant persona non grata à la Maison Blanche.

Syndrome de déficit de compassion

George W. Bush a rencontré Sharon pour la première fois en 1998, quand le gouverneur du Texas a été emmené en visite au Moyen-Orient par Matthew Brooks, à l’époque directeur exécutif de la Coalition Juive Républicaine.

Sharon était Ministre des Affaires Etrangères et il a emmené Bush faire un tour en hélicoptère au-dessus des Territoires Occupés par les Israéliens.

Le 3 août 2006, McClatchy a envoyé une histoire de Ron Hutcheson qui citait Matthew Brooks :
"S’il y a un point de départ à l’attachement de George W. Bush à Israel, cela remonte au jour, vers la fin de 1998, où il se tenait sur le sommet d’une colline où Jésus a prononcé le Sermon sur le Mont, et quand, les yeux débordants de larmes, il a lu tout haut son hymne préféré, "Amazing Grace". `Il était très ému. C’était une expérience déchirante. Il est revenu chez lui avec Israel dans son coeur. Je pense qu’il avait été profondément touché."

Bush a fait une référence gratuite mais révélatrice à ce voyage lors de la première réunion de son Conseil de Sécurité Nationale (NSC) le 30 janvier 2001.
Après avoir annonçé qu’il abandonnerait le rôle de médiateur "honnête" existant depuis des décénnies entre les Israéliens et les Palestiniens et qu’il penchait de façon prononcée pour Israel, Bush a indiqué qu’il laisserait Sharon résoudre le conflit comme il le voudrait.

À ce moment-là, il a évoqué son voyage en Israel avec la Coalition Juive Républicaine et le survol des camps palestiniens, mais en disant qu’il ne se sentait pas du tout concerné par le sort des Palestiniens.

Dans "A Pretext for War" (ndt : Un Prétexte pour la Guerre), James Bamford cite Bush : "La situation ne semblait pas bonne en bas." a-t’il dit avec un froncement des sourcils. Puis, il a dit qu’il était temps de mettre fin aux efforts de l’Amérique dans la région : "Je ne vois pas bien ce que nous pouvons faire là-bas en ce moment".

Et voilà pour le Sermon sur le Mont. La version que j’ai lue met un accent sur le fait de travailler activement pour la justice. Il n’y a aucune suggestion que les larmes suffisent.

Le Secrétaire au Trésor de l’époque, Paul O’Neill, qui était présent lors de la réunion du NSC, a rapporté que Colin Powell, le nouveau Secrétaire d’Etat, a été pris complètement par surprise devant cet abandon nonchalant de la politique de longue date. Powell a objecté, en prévenant que cela déchainerait Sharon et que "les conséquences pourraient être graves, en particulier pour les Palestiniens."

Mais selon O`Neill, Bush a juste gesticulé, en disant, "parfois une démonstration de force de la part d’un côté peut vraiment clarifier les choses". O`Neill dit que Powell a semblé "effrayé". Mais on peut parier à coup sûr que le vice-président n’a été nullement effrayé.

Un récit semblable reflétant le désordre de manque de compassion de Bush saute aux yeux en lisant "The One Percent Doctrine" (ndt : "La Doctrine du Un pourcent") de Ron Suskind.

Le Prince Abdullah, le leader de facto de l’Arabie Saoudite, était fort en colère en avril 2002 quand il est arrivé à Crawford pour contester la décision de Bush de prendre parti pour Israel et d’abandonner le rôle américain de médiateur honnête dans le conflit israélo-palestinien.

Avec l’épithète "d’homme de paix" fraîchement accordé à Sharon par Bush qui lui résonnait toujours dans les oreilles, Abdullah a commencé en insistant sur le fait que le président et ses collaborateurs regardent une vidéo de 15 minutes. Elle montrait le chaos en Cisjordanie, les tanks fabriqués aux Etats-Unis, des enfants ensanglantés et morts, des mères en larmes.

Puis, toujours sans un mot, ils sont tous entrés dans une autre pièce où les Saoudiens ont commencé à faire des demandes spécifiques, mais Bush a semblé distrait et insensible. Après quelques minutes, le président s’est tourné vers Abdullah et a déclaré : "Allons faire un tour. Juste vous et moi. Je vais vous montrer le ranch."

Bush n’était évidemment tellement pas préparé à discuter du sujet avec ses invités saoudiens que certains des collaborateurs du président ont vérifié ce qui s’était produit.

Le dossier du briefing pour le président avait été détourné vers le bureau de Cheney. Bush ne l’avait jamais eu, donc il ignorait totalement ce que les Saoudiens espéraient accomplir en faisant le voyage à Crawford. (Il y a un doute que cette expérience ait été courante au cours des six dernières années et qu’il y ait en effet deux décideurs à la Maison Blanche, l’un d’eux contrôlant la circulation des documents.)

Bush n’était pas privé de briefings de contexte. En effet, il a montré une préférence à les obtenir du premier ministre Sharon qui, avec son haut responsable militaire, le Général Yoav Galant, a informé le président à Crawford (en 2005) et dans le Bureau ovale (en 2003) du programme d’armes nucléaires de l’Iran.

Désolé si je trouve cela bizarre. C’était notre travail à la CIA. Je parie que Sharon et Galant étaient plus percutants.

Il y a, sans aucun doute, quelque chose de plus en jeu dans l’attitude de Bush et son comportement concernant Israel et la Palestine.

On n’a pas besoin d’être un psychologue pour avoir une preuve suffisante de ses tendances oedipiennes. Ce n’est pas un secret que le président a critiqué en privé ce qu’il perçoit comme étant des erreurs de son père.

Suskind, note par exemple, que Bush a défendu son penchant pour Israel en disant à un ancien employé de la politique étrangère : "Je ne vais pas soutenir mon père et tous ses copains arabes !"

Et il semble certain qu’Ariel Sharon a raconté au jeune Bush les efforts de James Baker, le Secrétaire d’Etat de son père, pour faire l’impensable ; c.-à-d., présenter une quantité de revendications arabes dans les accords qu’il a essayé de négocier entre Israel et les Palestiniens. Il semble clair que c’est l’une des raisons pour lesquelles le rapport Boulanger-Hamilton était mort à l’arrivée.

Avec des amis comme ça...

George W. Bush peut avoir les meilleures des intentions dans sa ferveur à défendre Israel, mais lui et Cheney ont la plus myope des politiques. Les responsables israéliens risquent beaucoup s’ils prennent du réconfort dans la rhétorique du président, en particulier vis-à-vis de l’Iran.

Je suis constamment stupéfait de découvrir, quand je parle dans le pays, que la grande majorité des Américains instruits pense que nous avons un traité de défense avec Israel.
C’est faux, mais on peut aisément voir à quel point ils sont trompés.

Écoutez le président il y a exactement deux ans :

"Il est clair que si j’étais le responsable d’Israel et que j’avais écouté certaines des déclarations des Ajatollahs iraniens au sujet de la sécurité de mon pays, je serais aussi préoccupé par le fait que l’Iran possède une arme nucléaire. Et, comme Israel est notre allié [sic] - et du fait que nous nous soyons très fortement engagés dans le soutien à Israel - nous soutiendrons Israel si sa sécurité est menacée.
Nous ne faisons aucune faveur aux responsables israéliens en leur donnant l’impression qu’ils ont carte blanche dans leur région - particulièrement en ce qui concerne l’Iran - et que nous les tirerons d’affaire, quoi qu’il arrive.
"

N’ont-ils rien appris du passé récent ?

Loin d’améliorer la sécurité d’Israel, l’invasion étasunienne de l’Irak et l’encouragement de Washington dans l’attaque inefficace d’Israel contre le Liban l’été dernier ont eu comme conséquence plus de pépinières de terroristes contre Israel.

Cela semblera un jeu d’enfant comparé à ce qui nous attend si les Etats-Unis et/ou Israel bombardent l’Iran.

Résultat : il y a une menace croissante d’attaques-suicide en Israel. Les deux plus dangereux travaillent à la Maison Blanche.

Ray McGovern

Source : http://www.antiwar.com
Traduction : MG pour ISM

Provenance : alterinfo.net

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Apartheid médical, les Noirs des Etats-Unis utilisés comme cobayes

 

Harriet Washington

 

 

 

Traduction intégrale de l'interview sur Democracy Now d'Harriet Washington, chercheuse en science médicale, auteur d'un livre : « Apartheid Medical : l'Histoire Sombre de l'Experimentation Médicale sur les Américains Noirs de l'Epoque Coloniale à Aujourd'hui ». Ce livre révèle la face cachée de la recherche scientifique et les racines du déficit de santé des afro américains. Il examine aussi des abus moins connus et se penche sur des pratiques médicales non éthiques et les mauvais traitements subis par les noirs aujourd'hui encore dans les établissements de soins.

 

Apartheid Medical : l'Histoire Sombre de l'Experimentation Médicale sur les Américains Noirs de l'Epoque Coloniale à Aujourd'hui

Un nouveau rapport publié par la Société Américaine sur le Cancer montre que les afro américains sont plus enclin qu'aucun autre groupe à développer et mourir d'un cancer. L'étude affirme que les facteurs socio économiques jouent le rôle le plus important dans cette disparité – les afro américains accèdent moins facilement à l'information et à l'aide médicale, ont moins de possibilité de passer des radios, et de recevoir des traitements médicaux. Un nouveau livre offre une réponse au fait que les afro américains sont profondément méfiants de la médecine américaine.

« Apartheid Médical : l'Histoire Sombre de l'Expérimentation Médicale sur les Américains Noirs de l'Epoque Coloniale à Aujourd'hui » est la première et seule histoire intelligible de l'expérimentation médicale, l'abus et la négligence à l'égard des afro américains. Le livre révèle la face cachée de la recherche scientifique et les racines du déficit de santé des afro américains. Cela commence avec les toutes premières rencontres des noirs et du système de santé pendant l'esclavage, analyse comment le darwinisme social et l'eugénisme ont été utilisés pour justifier des expérimentations de médicaments menées par l'armée et le gouvernement – et offre de nouveaux détails sur les expérimentations infâmes Tuskegee qui ont débuté dans les années 30.

« Apartheid Médical » examine aussi des abus moins connus et étudie des pratiques non éthiques et des mauvais traitements des noirs qui ont encore lieu actuellement dans les établissements médicaux. Avec nous maintenant, l'auteur du livre Harriet Washington. Elle est écrivain médical et éditrice - et chercheuse en visite à l'école de droit de l'Université de De Paul.

Transcription de l'interview

Amy Goodman : L'auteur du livre écrivain médical éditrice et chercheuse en visite à l'école de droit de l'Université de De Paul, Harriet Washington, nous rejoint maintenant, bienvenue sur Démocracy Now

Harriet Washington : Merci, je suis très heureuse d'être ici.

A G : Bien, c'est un livre fascinant. D'abord, pourquoi cette préoccupation ?

H W : Pour deux raisons : la première c'est que je suis très curieuse naturellement et quand j'étais encore étudiante en pré médecine à l'Université de Rochester, j'ai travaillé dans un hôpital et je suis tombée sur des dossiers qui montraient une disparité dramatique, une disparité raciale, concernant des personnes qui étaient en attente de dons de reins, et cela a piqué ma curiosité.

A G : Que voulez vous dire ?

H W : Bien, je suis tombée sur des vieux dossiers dans un porte document oublié, et l'un d'entre eux portait sur un homme noir, et l'un sur un blanc.

Le dossier sur l'homme blanc était épais et rempli de témoignages à sa famille bien aimée, sa compagnie d'assurance qui le soutenait, sa détermination à vivre et détaillait une tentative herculéenne de la part du personnel médical de lui trouver un rein, à l'époque la transplantation de rein étant encore relativement nouvelle.

Le dossier de l'homme noir était très fin. Le mot « Negro » apparaissant sur chaque page, et quelqu'un avait souligné son profil social, juste au dessus d'une seule ligne qui indiquait que le personnel médical planifiait de l'aider à se préparer à une mort imminente.

Juan Gonzalez : Bien, votre livre ne s'occupe pas seulement de l'époque moderne, mais vous remontez – actuellement jusqu'au début du pays –

H W : Absolument

J G : Et comment précisément ces types de disparités ont commencé à se manifester. Pourriez vous nous en dire un peu plus – spécialement sur ces premières années, pendant la période de l'esclavage ?

H W : Bien, les premières années c'était plutôt effrayant. Avant tout, c'est important de comprendre qu'il y avait une animosité scientifique appelée « racisme scientifique » qui à l'époque était simplement la science elle –même qui affirmait que les personnes noires étaient très très différentes des blancs, médicalement et biologiquement. Et cela fournissait un raisonnement et un fondement non seulement pour l'institution de l'esclavage – l'esclavage n'aurait probablement pas pu se maintenir si il n'y avait pas eu ce fondement médical – mais aussi pour l'utilisation des noirs dans la recherche.

Par exemple, il était dit que les noirs étaient moins intelligents, des sous hommes, peut être même pas tout à fait humain, qu'ils étaient insensibles à la douleur, immunisés contre les maladies comme la malaria et l'insolation qui rendaient le travail des blancs impossible dans les champs, mais qui faisait que les noirs étaient eux une main d'œuvre parfaite pour cela. Ainsi cet ensemble de croyances, de croyances scientifiques, n'était basé sur aucune donnée réelle, mais seulement par les besoins de la communauté. Et cela autorisait en fait les docteurs à acheter des esclaves pour la recherche.

Ils avaient aussi des capacités – un bon exemple est celui de la reproduction. Toutes les avancées importantes du début sur la santé en matière de reproduction ont été conçues en faisant des expérimentations sur les femmes noires ; Pourquoi ? Parce que les femmes blanches pouvaient dire non. Les femmes blanches ne voulaient pas à l'époque Victorienne avoir des médecins observants leurs parties génitales, et les femmes blanches ne voulaient pas subir des opérations douloureuses sans anesthésie, mais les femmes noires ne pouvaient pas dire non.

Ainsi cet animosité a commencé, comme vous dites, au tout début de notre République, et cela a eu un effet boule de neige jusqu'à l'époque de la guerre civile, et à partir de là les noirs ont été utilisés, presque exclusivement dans certains cas, et avec un fort taux dans d'autres, pour tout, de la conception de vaccins, à des opérations expérimentales. Et ils n'étaient jamais d'accord, on ne demandait jamais leur permission, et rarement dans un but thérapeutique. La plupart du temps c'était pour étendre le savoir médical.

A G : Nous devons nous interrompre. Quand nous reprendrons l'antenne, je veux vous demander de parler de l'expérimentation Tuskegee, que beaucoup de personnes connaissent, mais vous dites que la focalisation sur elle rejette dans l'ombre d'autres expérimentations qui ont été pratiquées ces dernières siècles. Nous parlons avec Harriet Washington, auteur du livre « Apartheid Médical. » Nous serons de retour dans une minute.

A G : Nous parlons avec Harriet Washington qui a écrit un livre plutôt remarquable « Apartheid Médical ». Ecrivain médical et éditrice, chercheuse en visite à l'école de droit à l'Université De Paul, antérieurement étudiante en Ethique médicale à l'école de Médecine de Harvard, elle a écrit pour USA Today et a aussi été étudiante à l'Université Juan de Stanford.

J G : Avant d'en venir à l'époque moderne, j'aimerai revenir sur la période de l'esclavage. Dans votre livre, vous parlez de certains - - vous produisez comme documentation des exemples de certains docteurs qui ont été impliqués dans ces expérimentations abjectes. Vous mentionnez le DC James Marion Sims et le DC Walter F Jones. Pouvez vous parler de leurs pratiques sur les esclaves à cette époque ?

H W : Bien. James Marion Sims était un chirurgien très important d'Alabama, et toutes ses expérimentations médicales ont été faites sur des esclaves. Il a pris les crânes de jeunes enfants, de jeunes enfants noirs - - seulement d'enfants noirs - - et ils a ouvert les têtes et tourner les os du crâne pour voir ce qui se passerait, soit disant pour soigner des maladies, mais il n'y avait là rien de rationnel. Il a aussi décidé d'enlever l'os de la mâchoire d'un esclave, mais cet esclave était plutôt réfractaire. Il ne voulait pas être opéré. Il a protesté très fort contre cela. Et en réponse, le docteur Sims l'a fait attaché à une chaise de barbier, et maintenir immobile tandis qu'il opérait sur lui sans anesthésie.

Mais là où il est le plus infâme c'est en ce qui concerne ses expérimentations reproductives sur les femmes noires. Il avait acheté, ou acquis d'une autre façon, un groupe de femmes noires, qu'il hébergeait dans un laboratoire, et pendant 5 ans et approximativement 40 opérations sur les seules esclaves, il a cherché un traitement pour soigner une complication natale appelée « Fistule Vesicovaginale. Ce traitement impliquait de faire des incisions sur leurs parties génitales, très douloureuses et, vous savez, très difficiles émotionnellement, comme vous pouvez l'imaginer. Et à la fin il a affirmé avoir guéri l'une d'entre elles.

Et après cela, il s'est déplacé dans le nord, où il a fait fortune médicalement. Il est devenu le chou chou du Second Empire à Paris quand il s'y est rendu pour servir de médecin personnel à l'impératrice Eugénie. Et, quand il est revenu à New York, il a été élu président de l'Association Médicale Américaine.

Je pense que c'est vraiment important, parce que bien qu'on parle souvent des chirurgiens et des docteurs qui vont des expérimentations non consensuelles, et qu'on pense à ces personnes frankensteiniennes, mais la réalité c'est qu'il y a eu un grand nombre d'adeptes qui étaient de brillants médecins. Il ont été vénérés, très respectés, au sein de leur profession de leur temps, et les gens ne connaissaient leurs travaux qu'à travers leurs propres versions expurgées. Ils ont écrit des comptes rendus publiés dans des journaux médicaux, mais ils n'ont jamais caractérisés leurs expérimentations comme étant abusives, parce qu'on acceptait d'eux qu'ils les fassent sur des esclaves qui ne pouvaient pas dire non.

A G : Parlez nous de l'expérimentation Tuskegee, bien que vous écriviez que cela maintient dans l'ombre toutes les autres. Un grand nombre de personnes ne savent rien sur Tuskegee.

H W : C'est vrai. Tuskegee est, vous savez, l'icône de l'expérimentation abusive des personnes noires, mais c'est vrai que beaucoup de gens ne savent toujours rien sur ce qui s'est passé, et il y a aussi beaucoup de malentendus là-dessus. Donc c'est vraiment une bonne question Amy.

Ce qui s'est passé, c'est qu'environ 400 hommes noirs dans le Conté de Macon en Alabama, atteint de syphilis - - qui avaient au moins été diagnostiqués comme ayant la syphilis - - ont été les sujets d'une étude pendant 40 ans par le Service de Santé Publique des Etats-Unis. Il y avait un groupe de 200 personnes non infectées qui servait de groupe de contrôle, tous des hommes noirs. Pendant toute cette période de 40 ans on a trompé ces hommes en leur faisant croire qu'ils suivaient un programme de traitement. Mais ce n'était pas le cas. On leur à donner des pilules contre la douleur, qui, comme cela a été révélé, n'était que de l'aspirine. On a fait des ponctions de moelle épinière, qui comme cela a été révélé, n'était ni bon pour leur santé, ni pour surveiller leur état de santé, mais plutôt pour s'assurer un stock de substance pour le développement d'un test sur la syphilis. Ainsi ils ont été utilisés pendant 40 ans, même après l'invention de la pénicilline. Quand la pénicilline a été reconnue comme un remède à la syphilis, ces hommes en ont été privés.

J G : Et ceci s'est passé entre - - quels sont ces quarante ans ?

H W : de 1932 à 1972

A G : Combien de personnes connaissait cette histoire à l'époque ? Comment cela s'est t-il arrêté ?

H W : Des centaines de personnes le savaient, parce qu'il y avait des rapports réguliers publiés dans des journaux médicaux, et cela a été en fait présenté lors d'une rencontre de l'Association Médicale Américaine en 1965. Il y a eu aussi de nombreuses rencontres d'agences gouvernementales, où ils demandaient périodiquement : « devons nous continuer l'expérimentation ou pas ? » et la décision était toujours : « Oui, nous devons continuer l'expérimentation. » C'est important de noter que le chirurgien en chef, Thomas Parran, avait fait de l'éradication de la syphilis sa mission, et malgré cela, quand la pénicilline a été conçue et qu'il avait le remède, il a pris la décision de continuer l'expérimentation parce qu'il a dit qu'elle représentait une opportunité qui ne se reproduirait jamais plus.

A G : Q'est –il arrivé à ces hommes non soignés ?

H W : Les hommes non soignés, comme vous pouvez l'imaginez, sont morts pour beaucoup d'entre eux de morts horribles. Vous savez, non seulement ils étaient infectés avec la syphilis, qui n'était pas traitée, mais c'était aussi des hommes très pauvres, des métayers. Leur revenu moyen était d'un dollar par jour. Mais comme métayers, ils voyaient rarement la couleur de cet argent. Et ils sont devenus débiles avant l'âge par la syphilis et un travail pénible. Par conséquent, beaucoup sont morts, vous savez, de morts atroces à cause de la syphilis. Ils ont souffert – la deuxième phase de la syphilis est très douloureuse. On a des plaies suintantes, vous savez, des anomalies cardiaques, et en phase finale la syphilis est dévastatrice, neurologiquement dévastatrice. Tout le monde n'atteint pas la phase terminale, vous savez, heureusement, mais on ne peut prévoir qui ira jusque là donc tout le monde devrait être traité.

J G : Donc, cette période de 40 ans s'est vraisemblablement déroulées à la fois sous administration démocrate et républicaine, en charge du Service de Santé Public des US. Est-ce que votre recherche découvre quelqu'un qui a effectivement lancé l'alerte, et posé des questions sur ce qui se passait - - je veux dire non pas juste demandé, « devons nous continuer » ? Mais a essayé en fait de s'y opposer, et a appelé à mettre fin à cette expérimentation ?

H W : Deux personnes. L'un était le DC Irwin Schatz *** de Détroit, qui a écrit une lettre au Service de Santé Publique, après qu'ils aient publié un article dans un journal médical connu, et il a dit : « je suis choqué et étonné que vous permettiez que ces hommes continuent à mourir à cause d'une maladie soignable. » Et il y a une note attachée à sa lettre par un médecin qui a écrit : « je ne vais pas y répondre. » Et effectivement il ne l'a pas fait.

L'autre personne c'était Peter Buxton, un jeune immigrant polonais qui a été responsable de la fin de l'étude, parce qu'il était un enquêteur du Service de Santé Publique en bas de l'échelle, et il a été choqué quand il a découvert cela. Il a posé des questions, au risque de perdre son travail. Il aurait pu facilement être licencié, simplement même pour avoir poser des questions. Et ce que je trouve particulièrement terrifiant c'est qu'il écrivait ces lettres - - très courageux de sa part - - protestant contre cela, et après qu'il en eut écrit suffisamment, ces docteurs l'on convoqué dans une pièce, où ils étaient tous assis remontés contre lui, l'intimidant, et lui faisant la leçon, lui expliquant le processus scientifique et pourquoi ils avaient raison. Buxton n'était pas d'accord avec eux. Il a quitté le Service, s'est inscrit dans une école de droit et pendant ces 3 années d'études, a continué d'écrire ces lettres. Et comme il n'obtenait pas de réponse, comme il recevait le même traitement silencieux que le DC Schatz, il a appelé un ami journaliste, et l'AP a publié l'histoire. Et le reste est de l'histoire.

J G : Et il y a-t-il encore parmi ces médecins impliqués dans ces expérimentations certains qui pratiquent encore ?

H W : Malheureusement aucun de ces médecins qui ont mené ces expérimentations n'est vivant. Je dis « malheureusement » car je pense que l'une des grandes tragédies de cette étude c'est que ces mécréants sont partis sans être punis. Je donne leurs noms à chaque fois que je peux, parce que vous ne lisez jamais les noms des personnes qui ont été les architectes de cette étude. C'était Thomas Murrell, O.C Wenger. Ces hommes et Thomas Parran, et d'autres comme eux ont perpétué l'étude et il n'y a eu vous savez aucune - - ils n'ont jamais été accusés de quoi que ce soit. Rien ne les a fustigé. Il s'en sont tiré à bon compte, et le blâme a été mis sur une infirmière, la personne en bas de l'échelle du groupe médical - - Et elle a été - - On a fait porter à Eunice Rivers la responsabilité de toute cette étude, alors que les personnes qui l'ont conçue n'ont jamais été inquiétées.

A G : Quand Clinton était président il s'est excusé auprès des survivants ?

H W : Oui.

A G : Ont-ils reçu des réparations ?

H W : Il n'y a pas eu de réparations en tant que telles, mais quelque chose de très important est sorti de cette étude matériellement, la création du Centre National de Bioéthique à l'Université Tuskegee. C'est très important, parce que c'est un centre de bio éthique dirigé et avec du personnel noir dans une université historiquement noire, et ils ont travaillé dur pour, premièrement éduquer les gens sur le vrai héritage de Tuskegee, et aussi pour impliquer des afro américains en matière de bio éthique, et particulièrement en ce qui concerne le processus de recherche médicale. Donc, cela a été un résultat très très important.

A G : Nous discutons avec Harriet Washington qui a écrit un livre, « Apartheid Médical : l'histoire sombre de l'expérimentation médicale sur les noirs américains de l'époque coloniale à nos jours ». Pouvez vous parler de la prison d'Holmesburg ? Et je pose cette question parce qu'il y a ces dernières informations sur une commission fédérale parlant de relâcher les réglementations sur les expérimentations sur les prisonniers. Donc si vous pouvez répondre sur les deux sujets.

H W : Sûrement. Je vais d'abord commencer par la commission fédérale, qui, il y a justement quelques mois a fait une recommandation pour que les prisons, qui ont été fermées à la recherche depuis les années 70, soient ré ouvertes. C'est une très mauvaise décision, et bien qu'elle ne soit pas contraignante légalement, tout indique que le gouvernement va suivre cette recommandation et rouvrir les prisons à la recherche. Et la raison pour laquelle c'est un problème, si vous vous penchez sur l'histoire de la recherche à l'intérieur des prisons, c'est là qu'il y a eu les pires abus, c'est très troublant. On y a administrés des virus en cours d'expérimentation. Des hommes ont été handicapés, tués. Il y a eu des expérimentations portant sur le contrôle de l'esprit. Et le pire dans cette affaire, c'est que le concept de consentement en prison est très problématique. La nature coercitive de la prison fait qu'il est très difficile pour un prisonnier de dire non.

J

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 16:38

Une histoire occultée qu’un livre surprenant, dévoile.

 

L’histoire des soldats Juifs d’Hitler demeure au rang des pages occultées de la seconde guerre occidentale. Cependant un ouvrage, agrémenté par de nombreux documents et divers témoignages inédits, lève le voile et retrace l’histoire de ces nombreux Allemands d’ascendance juive qui, à des degrés divers, ont rejoint l’armée allemande pour combattre et servir les idéaux et intérêts d’Hitler.

Au fil des pages, ont comprend que ces hommes ont délibérément choisit de servir les ennemis de leur peuple dans l’espoir de protéger leur famille mais aussi simplement par patriotisme.

Aujourd’hui, on estime leur nombre entre 120 000 et 160 000. Plusieurs ont d’ailleurs accédé à des grades militaires élevés (feld-maréchal, amiral, général) et ont même reçu les honneurs militaires (décorations pour actes de guerre).

Chose particulière, pour combattre pour la défense et la grandeur du Reich, il leur fallait généralement faire la demande et obtenir l’autorisation personnelle du Führer, pour être habilité à verser leur sang pour la cause des nazis.

Avec ce livre, on accède donc à des aspects insoupçonnés du régime nazi, mais on reste aussi surpris de l’attitude humaine de certains Allemands envers leurs infortunés compatriotes.

-  L’auteur :

Ancien étudiant des Universités de Yale et de Cambridge, Bryan Mark Rigg est actuellement professeur d’histoire à l’Université militaire des États-Unis.

Il a servi comme volontaire dans l’armée israélienne et comme officier dans les Marines américains.

Les soldats Juifs d’Hitler

 

Une histoire occultée qu’un livre surprenant, dévoile.

Les soldats Juifs d’Hitler

Ce qu’en dit le site juif "Koutrass" :

Une recherche a récemment permis de dévoiler le fait que 150.000 soldats d’origine juive servaient dans l’armée allemande durant la Choa, pendant que leurs proches étaient assassinés dans les camps de concentration...

Voici deux ans a paru un livre aux Etats-Unis, et déjà il a été traduit en français aux éditions de Fallois, sous le titre : La tragédie des soldats juifs d’Hitler.

C’est le côté sensationnel de l’affaire : alors que tout le système allemand s’acharnait avec une cruauté inouïe, à détruire méthodiquement toute trace du peuple juif de la surface de la terre et de dessous les cieux, des dizaines de milliers de soldats, qui servaient dans les différentes armes de l’armée allemande, étaient en fait eux-mêmes des Juifs, à part entière dans certains cas, mais surtout au tiers, au quart et à moins que cela. Ce qui donnait alors le statut très méprisant de Mischling (des métis). Un bruit court d’ailleurs que même le... Führer avait un grand-père juif...

Mais ce qui nous paraît le plus dramatique dans le tableau qui émane de ce livre, c’est le désarroi le plus complet dans lequel sont tombés ces gens, après un siècle d’une assimilation des plus galopantes. Des centaines de milliers de descendants juifs peuplaient alors l’Allemagne, et pensaient être totalement et définitivement assimilés à la société et la culture allemandes. C’est alors que les nazis arrivent au pouvoir et ils se voient bien vite mis au ban de la société, considérés comme des citoyens de seconde zone, pour finalement être jetés dans les camps de concentration, même s’ils avaient pu pendant un temps servir dans l’armée et espérer à ce compte avoir la vie sauve. Puis, après la guerre, ces gens n’ont pas réussi à réintégrer une place parmi les hommes : les uns les rejetaient du fait de leur passé nazi, les autres parce que somme toute de « véritables » Allemands, ils n’étaient pas...

Les incroyables méfaits de l’assimilation - qui ne mène donc à rien !

Le présent ouvrage ne tient pas compte de la Halakha en la matière (pour le moins... Il n’en comprend pas l’esprit) mais les nazis n’ont-ils pas fait de même : il leur suffisait qu’un seul aïeul soit juif, pour que le petit-fils soit considéré comme un Mischling, un métis...

Comment toute cette affaire a-t-elle commencé ? Bryan Marc Rigg avait vingt et un ans, quand, étudiant à l’université de Yale aux Etats-Unis, il a décidé d’abandonner pour un temps sa ville natale du Texas, ses études et ses examens, pour se rendre en Allemagne et se pencher sur les sources de sa famille, les Rigg. Au courant de l’année 1992, durant son séjour, il s’aperçoit que ses origines sont juives, et il décide avec fermeté de pousser plus loin ses investigations.

Il se rend dans la vieille bourgade où avait vécu son arrière-grand-père, et demande à quelqu’un parmi les vieilles gens de l’endroit, s’il connaît encore l’histoire de la famille Rigg, mais cette personne le dirige vers les archives de l’église locale, où toutes les naissances sont enregistrées. Et, effectivement, dans l’un de ces registres était inscrit que l’arrière-grand-mère Rigg était juive. Comme aucune trace de conversion n’apparaissait, Bryan a admis que lorsque sa famille a émigré aux Etats-Unis en 1863, silence a été fait sur ses origines, et la famille Rigg s’est présentée comme chrétienne allemande...

Bryan savait qu’il avait encore de la famille en Allemagne, mais comment la retrouver ? Ce n’est qu’après de nombreuses recherches qu’il a réussi à localiser deux personnes portant ce patronyme, qui avaient servi dans la Wehrmacht...

Ceci a renforcé Bryan dans son sentiment : il faut dévoiler ce « secret » ! Mais comment ? Se trouvant à Berlin, il eut une conversation avec un homme, d’apparence sympathique et cultivée. Ce dernier, à la grande surprise de Bryan, lui a raconté qu’il était juif, et qu’il avait servi dans l’armée allemande durant la guerre : « Je n’étais pas le seul soldat juif, lui affirma-t-il, mais le sujet reste tabou, personne ne s’y intéresse, mais si vous savez vous y appliquer, vous arriverez aux personnes concernées et aux documents qui en parlent. » Sur ces bonnes paroles, il s’en alla. Bryan resta abasourdi, mais réalisa quelques instants plus tard qu’il avait trouvé là son sujet de thèse historique.

A partir de cet instant-là, Bryan interviewa de nombreuses personnes, une partie d’entre elles ayant même prit part à la vie politique du pays après la Choa, tel le chancelier allemand Helmut Schmidt (dont certains ancêtres étaient juifs). Bryan ne parvint pas à attirer la confiance de certains d’entre eux, qui refusèrent de livrer leur secret, mais une bonne partie a accepté de parler, et d’avouer leur part dans la guerre. « Ils ne savent pas quelle est leur place, et jusqu’à présent ils n’avaient pas où s’exprimer. Personne ne veut les adopter... » écrit-il.

Dr Bryan Rigg a parcouru l’Allemagne de part en part à bicyclette, avalant quelquefois des centaines de kilomètres par jour. Des mois durant, il se nourrissait de gâteaux secs bon marché, et dormait dans un sac de couchage, dans des gares désaffectées. Puis il a été amené à voyager en Suède, au Canada, en Turquie et en Israël. Ce programme a duré six années, et il n’était armé que de son ordinateur portable et de son appareil vidéo.

Ses conclusions ont paru durant l’été 2000, sous le titre : Les soldats juifs de Hitler, l’histoire inédite des lois racistes nazies, et des soldats d’origine juive dans les lignes de l’armée allemande. Il avait effectué quatre cents interviews d’anciens soldats, il avait cinq cents heures de témoignages filmés en vidéo, trois mille photos et trente mille pages de souvenirs de soldats et d’officiers de l’armée hitlérienne. Les conclusions de Rigg sont sensationnelles : 150.000 soldats et officiers d’origine juive ont servi dans l’armée hitlérienne !

Du fait de l’intensité de l’assimilation en Allemagne dans les années qui ont précédé la guerre, avec, entre 1901 et 1929, 36.000 cas de mariages mixtes, nombreux étaient les engagés militaires dans l’armée allemande, et Hitler n’a pas pu, lorsqu’il a accédé au pouvoir, effectuer une épuration de ses troupes. Malgré les lois raciales de 1935, distinguant entre les Mischling de premier niveau (50% de sang juif) et ceux du second niveau, nombreux sont ceux qui sont restés tranquillement à servir l’armée, arrivant même aux plus hauts postes des diverses forces armées, et accédant aux plus hautes récompenses de l’armée - bien que certains vétérans se soient plaints aux oreilles de Rigg que leurs supérieurs n’étaient pas enthousiastes, lorsqu’il fallait proposer un Mischling à recevoir une quelconque décoration...

Les médias nazis ont longtemps publié en première page la photo du soldat allemand idéal, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, revêtu du casque nazi. Le nom de ce soldat, bien aryen, sonnait bien moins aryen : Werner Goldberg...

Un haut officier à la Wermacht, Robert Borhard, a reçu l’une des plus hautes décorations possibles, suite à ses initiatives salvatrices sur le front russe en 1941. Lors des combats d’El Alamein, il est tombé aux mains des Anglais, et en 1944, les autorités anglaises lui ont permis de se rendre en Angleterre pour retrouver son père... juif. En 1946, il retourne en Allemagne, non sans avoir déclaré à son père qu’il fallait bien que l’on se dévoue pour permettre la reconstruction de « notre » pays... En 1983, peu de temps avant sa mort, Borhard a déclaré face à des élèves allemands : « De nombreux demi-Juifs qui ont fait la guerre du côté allemand durant la Seconde Guerre mondiale ont pensé qu’ils devaient défendre leur patrie avec courage. »

Le colonel Walter Hollander, dont la mère était juive, a reçu personnellement de la main du Führer une attestation d’aryanisation. De nombreuses autres attestations de cet ordre, signées de la main du Führer, ont été attribuées à des dizaines d’officiers supérieurs d’ascendance juive. L’amiral Bernard Rog, dirigeant des navires de guerre allemands, était d’origine juive. Il a mis hors service un bateau de guerre anglais et a trouvé dans ses papiers le plan secret des forces alliées concernant l’Extrême-Orient. Il a transmis ces documents aux Japonais, qui l’ont remercié en lui attribuant une épée de samouraï, haute distinction nippone. De même Reinhard Heydrich, « le bourreau de l’Europe », était d’origine juive.

Ces demi-Juifs se sentaient allemands. Seuls parmi eux, certains ont déclaré se sentir être des citoyens de seconde zone. La plupart ont tout fait pour être considérés comme des aryens à part entière. De nombreux certificats d’aryanité ont été délivrés alors, ce qui leur permettait de continuer à servir dans l’armée, à sauver leurs parents ou leurs conjoints des camps et de la mort. Les candidats à ces certificats devaient ajouter à leurs demandes des photos permettant de vérifier à quel point leur apparence était proche d’une aryanité de pure souche.

Rigg prouve que des milliers de soldats ont présenté ce genre de demandes afin de pouvoir continuer à servir l’armée, et Hitler, qui était celui qui devait donner son accord, a contresigné lui-même de nombreuses requêtes. D’après Rigg, les chercheurs pensent que Hitler lui-même avait des racines juives. Il craignait que son père soit juif - ce qui n’est pas vérifié, et c’est pourquoi le sujet des Mischling le concernait particulièrement.

La guerre s’allongeant, les politiciens nazis ont décidé de renforcer l’application des lois concernant les Mischling 1, et il leur a été plus difficile d’échapper à leur triste sort. En 1940, un décret a été rendu public : les soldats dont deux grands-parents étaient juifs devaient quitter l’armée. Mais alors cette décision n’a pas été suivie. En revanche, vers la fin de la guerre, ces cas ont été étudiés avec plus de sévérité : en 1943, il a été décidé que les demi-Juifs ne pourraient plus servir dans l’armée. Nombreux parmi eux ont été déchus de leurs grades et renvoyés de l’armée, et les nazis n’ont eu de cesse jusqu’à ce qu’ils décident que ces pauvres hères pouvaient eux aussi se voir appliquer la « solution finale ». Beaucoup furent abattus, et d’autres expédiés dans les camps de concentration. En 1944, les responsables du personnel de la Wehrmacht ont préparé un rapport secret sur une liste de soixante-dix-sept généraux et officiers hauts gradés d’origine juive ou mariés avec un tel conjoint. Tous avaient obtenu un certificat d’aryanité signé de la main d’Hitler. Rigg conclut : « On aurait pu ajouter à cette liste encore soixante noms de généraux et de hauts gradés de la Wehrmacht, des armées de l’air et de la marine, sans oublier deux Feld-maréchaux.... »

Dernière question : que savaient les Mischling de la Choa ? D’après ce qui a été dit à Rigg, ces gens n’étaient pas au courant de manière claire de ce qui se passait dans les camps de concentration, alors qu’ils faisaient partie eux-mêmes de la machine d’extermination nazie, et que des dizaines, voire des centaines de membres de leurs familles ont été à cette époque exterminés, brûlés et gazés pour l’unique raison qu’ils étaient juifs. Toutefois, comme on le sait, la majorité des Allemands avaient connaissance que de telles atrocités étaient commises sur leur territoire durant la guerre.

Le travail de Rigg venait à peine de sortir des presses, que déjà des tentatives de dénaturation et de déformation ont eu lieu. Ceux qui sont bien entendu intéressés à profiter des conclusions de ce chercheur sont les historiens européens et musulmans, qui tentent de refuser l’existence de la Choa ou d’en diminuer l’importance. Ces « chercheurs » utilisent divers détails, pour en faire des gros plans trompeurs. Par exemple, ils parlent de « soldats juifs », voire de « troupes juives de Hitler », alors que Rigg ne parle que d’individus d’origine juive. La plupart des anciens de la Wehrmacht ont témoigné devant lui que lorsqu’ils se sont engagés dans l’armée, ils ne se sentaient pas juifs. Ils ont voulu prouver par leurs actes de bravoure que la théorie nazie était fausse, et qu’au contraire, leurs origines juives ne les empêchaient pas d’être de bons patriotes allemands et des soldats exceptionnels...

Ce chapitre montre, plus que tout autre, le risque humain que prend toute communauté juive qui abandonne ses propres valeurs.

Les soldats d'origine juive d'Hitler

Une recherche a récemment permis de dévoi-ler le fait que 150.000 soldats d'origine juive servaient dans l'armée allemande durant la Choa, pendant que leurs proches étaient assassinés dans les camps de concentration…

Voici deux ans a paru un livre aux Etats-Unis, et déjà il a été traduit en français aux éditions de Fallois, sous le titre : La tragédie des soldats juifs d'Hitler.

C'est le côté sensationnel de l'affaire : alors que tout le système allemand s'acharnait avec une cruauté inouïe, à détruire méthodiquement toute trace du peuple juif de la surface de la terre et de dessous les cieux, des dizaines de milliers de soldats, qui servaient dans les différentes armes de l'armée allemande, étaient en fait eux-mêmes des Juifs, à part entière dans certains cas, mais surtout au tiers, au quart et à moins que cela. Ce qui donnait alors le statut très méprisant de Mischling (des métis). Un bruit court d'ailleurs que même le… Führer avait un grand-père juif…

Mais ce qui nous paraît le plus dramatique dans le tableau qui émane de ce livre, c'est le désarroi le plus complet dans lequel sont tombés ces gens, après un siècle d'une assimilation des plus galopantes. Des centaines de milliers de descendants juifs peuplaient alors l'Allemagne, et pensaient être totalement et définitivement assimilés à la société et la culture allemandes. C'est alors que les nazis arrivent au pouvoir et ils se voient bien vite mis au ban de la société, considérés comme des citoyens de seconde zone, pour finalement être jetés dans les camps de concentration, même s'ils avaient pu pendant un temps servir dans l'armée et espérer à ce compte avoir la vie sauve. Puis, après la guerre, ces gens n'ont pas réussi à réintégrer une place parmi les hommes : les uns les rejetaient du fait de leur passé nazi, les autres parce que somme toute de « véritables » Allemands, ils n'étaient pas…

Les incroyables méfaits de l'assimilation – qui ne mène donc à rien !

Le présent ouvrage ne tient pas compte de la Halakha en la matière (pour le moins... Il n'en comprend pas l'esprit) mais les nazis n'ont-ils pas fait de même : il leur suffisait qu'un seul aïeul soit juif, pour que le petit-fils soit considéré comme un Mischling, un métis…

Comment toute cette affaire a-t-elle commencé ? Bryan Marc Rigg avait vingt et un ans, quand, étudiant à l'université de Yale aux Etats-Unis, il a décidé d'abandonner pour un temps sa ville natale du Texas, ses études et ses examens, pour se rendre en Allemagne et se pencher sur les sources de sa famille, les Rigg. Au courant de l'année 1992, durant son séjour, il s'aperçoit que ses origines sont juives, et il décide avec fermeté de pousser plus loin ses investigations.

Il se rend dans la vieille bourgade où avait vécu son arrière-grand-père, et demande à quelqu'un parmi les vieilles gens de l'endroit, s'il connaît encore l'histoire de la famille Rigg, mais cette personne le dirige vers les archives de l'église locale, où toutes les naissances sont enregistrées. Et, effectivement, dans l'un de ces registres était inscrit que l'arrière-grand-mère Rigg était juive. Comme aucune trace de conversion n'apparaissait, Bryan a admis que lorsque sa famille a émigré aux Etats-Unis en 1863, silence a été fait sur ses origines, et la famille Rigg s'est présentée comme chrétienne allemande…

Bryan savait qu'il avait encore de la famille en Allemagne, mais comment la retrouver ? Ce n'est qu'après de nombreuses recherches qu'il a réussi à localiser deux personnes portant ce patronyme, qui avaient servi dans la Wehrmacht…

Ceci a renforcé Bryan dans son sentiment : il faut dévoiler ce « secret » ! Mais comment ? Se trouvant à Berlin, il eut une conversation avec un homme, d'apparence sympathique et cultivée. Ce dernier, à la grande surprise de Bryan, lui a raconté qu'il était juif, et qu'il avait servi dans l'armée allemande durant la guerre : « Je n'étais pas le seul soldat juif, lui affirma-t-il, mais le sujet reste tabou, personne ne s'y intéresse, mais si vous savez vous y appliquer, vous arriverez aux personnes concernées et aux documents qui en parlent. » Sur ces bonnes paroles, il s'en alla. Bryan resta abasourdi, mais réalisa quelques instants plus tard qu'il avait trouvé là son sujet de thèse historique.

A partir de cet instant-là, Bryan interviewa de nombreuses personnes, une partie d'entre elles ayant même prit part à la vie politique du pays après la Choa, tel le chancelier allemand Helmut Schmidt (dont certains ancêtres étaient juifs). Bryan ne parvint pas à attirer la confiance de certains d'entre eux, qui refusèrent de livrer leur secret, mais une bonne partie a accepté de parler, et d'avouer leur part dans la guerre. « Ils ne savent pas quelle est leur place, et jusqu'à présent ils n'avaient pas où s'exprimer. Personne ne veut les adopter… » écrit-il.

Dr Bryan Rigg a parcouru l'Allemagne de part en part à bicyclette, avalant quelquefois des centaines de kilomètres par jour. Des mois durant, il se nourrissait de gâteaux secs bon marché, et dormait dans un sac de couchage, dans des gares désaffectées. Puis il a été amené à voyager en Suède, au Canada, en Turquie et en Israël. Ce programme a duré six années, et il n'était armé que de son ordinateur portable et de son appareil vidéo.

Ses conclusions ont paru durant l'été 2000, sous le titre : Les soldats juifs de Hitler, l'histoire inédite des lois racistes nazies, et des soldats d'origine juive dans les lignes de l'armée allemande. Il avait effectué quatre cents interviews d'anciens soldats, il avait cinq cents heures de témoignages filmés en vidéo, trois mille photos et trente mille pages de souvenirs de soldats et d'officiers de l'armée hitlérienne. Les conclusions de Rigg sont sensationnelles : 150.000 soldats et officiers d'origine juive ont servi dans l'armée hitlérienne !

Du fait de l'intensité de l'assimilation en Allemagne dans les années qui ont précédé la guerre, avec, entre 1901 et 1929, 36.000 cas de mariages mixtes, nombreux étaient les engagés militaires dans l'armée allemande, et Hitler n'a pas pu, lorsqu'il a accédé au pouvoir, effectuer une épuration de ses troupes. Malgré les lois raciales de 1935, distinguant entre les Mischling de premier niveau (50% de sang juif) et ceux du second niveau, nombreux sont ceux qui sont restés tranquillement à servir l'armée, arrivant même aux plus hauts postes des diverses forces armées, et accédant aux plus hautes récompenses de l'armée – bien que certains vétérans se soient plaints aux oreilles de Rigg que leurs supérieurs n'étaient pas enthousiastes, lorsqu'il fallait proposer un Mischling à recevoir une quelconque décoration…

Les médias nazis ont longtemps publié en première page la photo du soldat allemand idéal, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, revêtu du casque nazi. Le nom de ce soldat, bien aryen, sonnait bien moins aryen : Werner Goldberg…

Un haut officier à la Wermacht, Robert Borhard, a reçu l'une des plus hautes décorations possibles, suite à ses initiatives salvatrices sur le front russe en 1941. Lors des combats d'El Alamein, il est tombé aux mains des Anglais, et en 1944, les autorités anglaises lui ont permis de se rendre en Angleterre pour retrouver son père… juif. En 1946, il retourne en Allemagne, non sans avoir déclaré à son père qu'il fallait bien que l'on se dévoue pour permettre la reconstruction de « notre » pays… En 1983, peu de temps avant sa mort, Borhard a déclaré face à des élèves allemands : « De nombreux demi-Juifs qui ont fait la guerre du côté allemand durant la Seconde Guerre mondiale ont pensé qu'ils devaient défendre leur patrie avec courage. »

Le colonel Walter Hollander, dont la mère était juive, a reçu personnellement de la main du Führer une attestation d'aryanisation. De nombreuses autres attestations de cet ordre, signées de la main du Führer, ont été attribuées à des dizaines d'officiers supérieurs d'ascendance juive. L'amiral Bernard Rog, dirigeant des navires de guerre allemands, était d'origine juive. Il a mis hors service un bateau de guerre anglais et a trouvé dans ses papiers le plan secret des forces alliées concernant l'Extrême-Orient. Il a transmis ces documents aux Japonais, qui l'ont remercié en lui attribuant une épée de samouraï, haute distinction nippone. De même Reinhard Heydrich, « le bourreau de l'Europe », était d'origine juive.

Ces demi-Juifs se sentaient allemands. Seuls parmi eux, certains ont déclaré se sentir être des citoyens de seconde zone. La plupart ont tout fait pour être considérés comme des aryens à part entière. De nombreux certificats d'aryanité ont été délivrés alors, ce qui leur permettait de continuer à servir dans l'armée, à sauver leurs parents ou leurs conjoints des camps et de la mort. Les candidats à ces certificats devaient ajouter à leurs demandes des photos permettant de vérifier à quel point leur apparence était proche d'une aryanité de pure souche. Rigg prouve que des milliers de soldats ont présenté ce genre de demandes afin de pouvoir continuer à servir l'armée, et Hitler, qui était celui qui devait donner son accord, a contresigné lui-même de nombreuses requêtes. D'après Rigg, les chercheurs pensent que Hitler lui-même avait des racines juives. Il craignait que son père soit juif – ce qui n'est pas vérifié, et c'est pourquoi le sujet des Mischling le concernait particulièrement.

La guerre s'allongeant, les politiciens nazis ont décidé de renforcer l'application des lois concernant les Mischling 1, et il leur a été plus difficile d'échapper à leur triste sort. En 1940, un décret a été rendu public : les soldats dont deux grands-parents étaient juifs devaient quitter l'armée. Mais alors cette décision n'a pas été suivie. En revanche, vers la fin de la guerre, ces cas ont été étudiés avec plus de sévérité : en 1943, il a été décidé que les demi-Juifs ne pourraient plus servir dans l'armée. Nombreux parmi eux ont été déchus de leurs grades et renvoyés de l'armée, et les nazis n'ont eu de cesse jusqu'à ce qu'ils décident que ces pauvres hères pouvaient eux aussi se voir appliquer la « solution finale ». Beaucoup furent abattus, et d'autres expédiés dans les camps de concentration.

En 1944, les responsables du personnel de la Wehrmacht ont préparé un rapport secret sur une liste de soixante-dix-sept généraux et officiers hauts gradés d'origine juive ou mariés avec un tel conjoint. Tous avaient obtenu un certificat d'aryanité signé de la main d'Hitler. Rigg conclut : « On aurait pu ajouter à cette liste encore soixante noms de généraux et de hauts gradés de la Wehrmacht, des armées de l'air et de la marine, sans oublier deux Feld-maréchaux…. »

Dernière question : que savaient les Mischling de la Choa ? D'après ce qui a été dit à Rigg, ces gens n'étaient pas au courant de manière claire de ce qui se passait dans les camps de concentration, alors qu'ils faisaient partie eux-mêmes de la machine d'extermination nazie, et que des dizaines, voire des centaines de membres de leurs familles ont été à cette époque exterminés, brûlés et gazés pour l'unique raison qu'ils étaient juifs. Toutefois, comme on le sait, la majorité des Allemands avaient connaissance que de telles atrocités étaient commises sur leur territoire durant la guerre.

Le travail de Rigg venait à peine de sortir des presses, que déjà des tentatives de dénaturation et de déformation ont eu lieu. Ceux qui sont bien entendu intéressés à profiter des conclusions de ce chercheur sont les historiens européens et musulmans, qui tentent de refuser l'existence de la Choa ou d'en diminuer l'importance. Ces « chercheurs » utilisent divers détails, pour en faire des gros plans trompeurs. Par exemple, ils parlent de « soldats juifs », voire de « troupes juives de Hitler », alors que Rigg ne parle que d'individus d'origine juive. La plupart des anciens de la Wehrmacht ont témoigné devant lui que lorsqu'ils se sont engagés dans l'armée, ils ne se sentaient pas juifs. Ils ont voulu prouver par leurs actes de bravoure que la théorie nazie était fausse, et qu'au contraire, leurs origines juives ne les empêchaient pas d'être de bons patriotes allemands et des soldats exceptionnels…

Ce chapitre montre, plus que tout autre, le risque humain que prend toute communauté juive qui abandonne ses propres valeurs.

1 Renvoyons à l'introduction du dossier La Choa, magazine n° 17, où le rav Choukroun mettait en relief la conduite suicidaire des dirigeants nazis, préférant à ces moments critiques de la guerre devenir plus strictes sur le plan de l'antisémitisme, au détriment même de leurs capacités de guerre…

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 16:37

Les musulmans et la gauche

par Salma Yaqoob.

Salma Yaqoob est membre fondateur de la coalition Respect et est connue comme militante contre la guerre en Grande Bretagne. Elle était candidate au parlement à Birmingham pour la coalition Respect aux élections générales de 2005 et est arrivée en deuxième position avec 27% des voix. Ceci est son discours lors de Marxism, la série de conférences et de débats organisée chaque année par le Socialist Workers Party à Londres, quelques jours après les attentats du 7 juillet 2005 - cet événement était bien entendu au centre du débat politique à ce moment.

Ma présence à ce meeting est quelque chose que je ressens d’une façon vraiment particulière. Je pensais que nous célébrerions le travail fantastique accompli depuis l’année dernière par le mouvement anti-guerre et par Respect. Mais bien entendu, les attentats récents de Londres ont changé cela.

Pendant que je regardais les évènements se dérouler à la télé, je me suis souvenue de ce que j’avais ressenti, le 11 septembre 2001, en regardant le déroulement d’évènements similaires. Et en comparant ma réaction aux deux situations, j’ai réalisé à quel point j’avais changé - un changement intérieur qui ne peut être déconnecté de votre impact sur moi.

Après le 11 septembre 2001, je ne pouvais pas de débarrasser de la peur. Je ressentais un grand pessimisme vis-à-vis du futur. Avec mes amis, nous avons commencé à nous demander si en tant que musulmans, nous étions en sécurité en Grande-Bretagne. Et si nous devions partir, dans quel autre pays pourrions nous aller ? Même si je me considérais comme une personne relativement intégrée, étant une psychologue, ayant été à l’université et ayant divers amis non-musulmans, j’ai commencé à me demander combien de non-musulmans nous comprenaient vraiment, nous faisaient confiance, nous défendraient ? Bien que tout le monde portait le deuil des victimes du 11 septembre, d’une certaine façon, ma compassion ne comptait pas autant que celle des non-musulmans. Je savais que j’allais être forcée de condamner les attentats, encore et encore, d’une façon qui n’était pas exigée de mes concitoyens.

Après les attentats du 7 juillet 2005, il y a eu beaucoup de similarités avec la manière dont la communauté musulmane a été diabolisée après le 11 septembre mais il y avait aussi une différence importante. Cette fois, je ne me suis pas sentie seule. Cette fois, je n’ai pas ressenti ce pessimisme écrasant. Cette fois, je savais qu’il y aurait des dizaines de milliers de personnes qui comprendraient que lorsque notre gouvernement fait exploser des bombes dans les pays d’autres personnes, cela augmente la probabilité que quelqu’un fasse exploser des bombes dans nos rues en représailles. Le fait qu’un le sondage d’opinion dans le Guardian a montré que les deux tiers des londoniens ont vu un lien direct entre les explosions de Londres et l’invasion de l’Irak, malgré les dénégations désespérées de Blair, a montré la valeur des militants anti-guerre dans leur formation et information de la culture politique de ce pays. Le fait que la vague de racisme juste après les attentats n’a pas été aussi grave qu’elle aurait pu l’être montre la valeur du travail du mouvement anti-guerre pour aider à renforcer les barrières contre le racisme dans ce pays. Tout ces choses, et d’autres encore, montrent la valeur du travail des simples militants du mouvement anti-guerre à travers tout le pays. Grâce à la collaboration entre la gauche et la communauté musulmane au sein du mouvement anti-guerre, vous m’avez redonné espoir et je vous en remercie.

J’ai décrit à de nombreuses reprises le soulagement que j’ai ressenti en croisant des socialistes (ndt : au sens de militants de gauche et d’extrême-gauche) faisant campagne contre la guerre. Cela a marqué pour moi le début d’un nouveau voyage. Mais ce voyage n’a pas été sans ses hauts et ses bas. Au tout début, quand la coalition Stop The War (ndt : « Stoppons La Guerre ») s’est formée, j’ai été confrontée à des socialistes qui se sont constitués en fraction contre la participation des musulmans au mouvement anti-guerre. Ils disaient « nous ne voulons pas de Salma Yaqoob à la tribune, parce qu’elle porte un voile » ; que la seule présence visible de musulmans à des positions proéminentes dans la coalition Stop The War minait d’une certaine façon sa nature de mouvement large et laïque ; que l’expérience de la révolution iranienne prouvait que la gauche et les musulmans ne pouvaient ni ne devaient jamais travailler ensemble. Je ne pouvais pas comprendre leur réaction. Je pensais : Qu’est-ce que l’Iran a à voir avec moi ? Pourquoi sont-ils si obsédés par un bout de vêtement sur ma tête ? Pourquoi ne peuvent-ils voir les musulmans que comme un bloc monolitique et réactionnaire ? Ces attitudes ont été surmontées mais elle ont fait des dommages. De nombreux musulmans qui sont venus aux premières réunions sont partis quand ils ont vu les gens se lever et dire qu’ils ne voulaient pas travailler avec les musulmans. Ils ont dit si vous ne voulez pas travailler avec les musulmans, alors nous ne voulons pas travailler avec vous. Cela a été un recul sérieux, cette perception existe encore dans les communautés musulmanes de ce que signifie travailler avec la gauche.

Je me suis souvenue de cette expérience la semaine dernière en croisant par hasard Tarik Ramadan. Il a commencé à me raconter ce qu’il se passait en France entre la gauche et les musulmans - et je n’arrivais pas y croire. Les arguments idéologiques qui sont avancés par des personnes qui ne sont pas à la marge, mais bien au centre de notre mouvement global. Des personnes comme Bernard Cassen, qui est un des directeurs du Monde Diplomatique, et président d’honneur d’ATTAC. Il a même attaqué le SWP et Respect, en disant que la gauche compromettait ses principes les plus fondamentaux en travaillant avec les musulmans de la façon dont nous l’avons fait en Grande-Bretagne. En disant au fond qu’il ne voulait pas contaminer la partie européenne de notre mouvement avec l’expérience britannique.

Je veux parler de ces questions parce que je pense qu’il est vraiment important que nous participions activement aux débats en Europe. Cette présentation mono-dimensionnelle des musulmans comme un bloc monolithique et réactionnaire doit être contestée. Comme toute communauté, la communauté musulmane est une mosaïque de différentes communautés, expériences et points de vue politiques. Par exemple, quand j’ai été candidate à Birmingham aux dernières élections générales, la plupart des candidats rivaux étaient des musulmans. Il y avait un candidat musulman libéral-démocrate, un candidat musulman indépendant et un candidat musulman conservateur, tous se présentant contre moi. J’ai été aussi celle qui a été la plus attaquée par les extrémistes musulmans qui allaient autour de la mosquée avec des tracts, dans des camions munis de haut-parleurs, disant que je n’étais plus musulmane puisque je travaillais avec des athées et que c’était haram (interdit religieux, en arabe dans le texte). D’un autre coté, j’étais sujette à des attaques d’un autre groupe de musulmans très anxieux qui veulent désespérément, parce qu’ils se sentaient très effrayés et vulnérables, et de façon très compréhensible parce que c’est la réalité dans laquelle nous vivons, être acceptés par le courant dominant. Ils veulent se réfugier derrière un grand parapluie comme le Parti Travailliste et ils disent que moi et mes semblables, en parlant franchement comme je le fais, augmentons la menace qui pèse contre la communauté musulmane,

Par exemple, le même samedi où j’ai rencontré Tariq [Ali], j’intervenais dans une table ronde lors d’un meeting à l’université d’Oxford. La plupart des autres intervenants étaient musulmans. J’ai été calomniée, non par la salle qui s’est révélé pleine de sympathie à mon encontre, mais par des intervenants de la table ronde, membres éminents du Parti Travailliste et des Libéraux-Démocrates, tous musulmans, qui disaient que j’amenais les musulmans dans un cul-de-sac. Que travailler avec ces extrémistes (c-a-d des gauchistes), n’était pas ce que les musulmans devraient faire dans l’immédiat. Nous avons assez d’ennuis comme ça. Donc, nous ne devrions pas nous allier avec ces autres marginaux. J’ai dit oui, je sais que nous sommes marginaux et qu’ils sont marginaux en termes de politique conventionnelle, mais nos valeurs ne sont pas marginales. Nos valeurs de paix et de justice sociale sont partagées par une grande majorité de gens et c’est précisément sur ces valeurs que l’on peut s’unir. Et de toute façon, toutes les positions politiques de principe commencent invariablement par être marginales à l’extérieur, avant d’être plus largement adoptées. L’opposition à la guerre de Bush contre la terreur a commencé avec ses projets d’attaque de l’Afghanistan et nous étions alors très marginaux dans notre opposition. Ce n’était pas une position très populaire ! Mais à partir de cette opposition politique de principe, nous avons posé les fondations d’un mouvement anti-guerre immense, global.

La difficulté dans la construction de mouvements sociaux et d’alternatives politiques plus fortes est de ne jamais perdre de vue ce qui nous unit et je crois que les gens comme Cassen et d’autres dans la gauche française, sont devenus aveugles en ce qui concerne ce point élémentaire. A l’échelle de l’Europe, plus la gauche laissera tomber ses préjugés sur les musulmans, et développera clarté et courage politique pour s’engager avec les musulmans, plus notre mouvement sortira renforcé, pas affaibli.

Je pense que nous avons fait de ce coté, des pas importants en Grande-Bretagne et que d’autres pourraient en apprendre quelque chose. Je pense que c’était un échec tragique de la gauche française de ne pas faire de même et que c’était un des facteurs les plus importants qui explique pourquoi leur mouvement anti-guerre n’a pas atteint les niveaux de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce. Je ne crois pas en l’argument qui consiste à dire que le fait que les français n’ont pas envoyé leurs troupes était un facteur défavorable à la construction d’un mouvement large parce qu’on aurait pu dire ça aussi de la Grèce et pourtant leur mouvement était l’un des plus impressionnants en Europe. Un des problèmes clés a été un manque de clarté sur comment construire des alliances avec les musulmans, sur certains principes.

Quand je parle aux musulmans, je suis très consciente que je dois amener les gens à mon niveau. Pour faire ça de façon efficace, on doit évidemment établir un rapport avec les gens, à partir de là où ils en sont. Et cela signifie être capable de parler à partir d’un paradigme qui leur parle et qui me parle. Cela veut dire creuser en profondeur dans les sources coraniques, à propos de la vie du Prophète, à propos de la solidarité, de la justice, parce qu’elles sont toutes là. Exactement comme dans toute idéologie ou religion, vous avez des schismes et des interprétations différentes, et je crois comprendre que c’est la même chose avec la gauche ! La centralité du combat pour la justice dans ma foi a été central pour mon engament dans une lutte politique plus large. Plus je lis le Coran, plus je deviens convaincue que c’était non seulement quelque chose que je voulais faire politiquement, mais quelque chose que je devais faire en tant que musulmane. Que ce n’est pas compromettre mes principes mais l’expression de mes principes de travailler avec des non-musulmans de cette manière. Que la ligne de division la plus importante est entre ceux qui se soulèvent contre l’oppression et ceux qui approuvent l’oppression, que ce soit dans notre famille, dans notre communauté ou notre société dans son ensemble. On ne peut être que d’un coté ou de l’autre de cette ligne.

L’ironie du sort, c’est que ces gens qui se considèrent comme des musulmans tellement purs qu’ils ne peuvent pas travailler avec des athées, ont en fait beaucoup plus en commun avec ces gens à gauche qui se considèrent comme des laïques tellement purs qu’ils ne veulent pas que nous, les croyants, les polluions. Donc je pense qu’être dogmatique n’est pas le seul privilège des personnes religieuses.

Ce qui est dangereux c’est que si nous mettons ces barrières dans notre esprit, si nous devenons des idéologues puritains, nous sommes à coté de la plaque. Parce que dans l’immédiat, au coeur de l’ordre du jour néo-libéral, une des choses qui lui permet d’avancer, ce sont les attaques contre les musulmans, et l’islamophobie qui la justifie. Nous ne pouvons pas ignorer cette réalité. Donc, si la gauche tombe dans ce piège, et s’empêtre dans cet argument de savoir si on peut travailler avec des personnes non-laïques, quand en réalité ce sont les personnes qui sont opprimées dans l’immédiat, ce sera un échec.

Si nous voulons que notre mouvement soit fort, si nous voulons créer la plus grande force possible contre le vrai ennemi actuel, alors nous devons avoir une base unitaire réelle pour ça. Cela implique que les personnes religieuses et les personnes non-religieuses agissent ensemble sur un programme politique clair. Je ne parle pas d’une approche à l’eau de rose du genre « tenons-nous par la main ».

A présent je me retrouve dans la curieuse position d’avoir plus en commun avec des militants athées et socialistes qu’avec quelques uns de mes frères et soeurs musulmans. Mais pour moi, ce n’est pas un compromis. Pour moi, c’est vraiment l’expression de ce que je comprends de la notion islamique de la justice. Si vous voulez appeler ça internationalisme socialiste et que j’appelle ça notion islamique de solidarité fraternelle, ce n’est pas important pour moi, pour autant que cela signifie que nous travaillons pour la solidarité avec tous ceux qui sont opprimés dans le monde.

Et vous savez, quand je me tiens ici et que je dis que je crois qu’un autre monde est possible, je ne parle pas seulement du paradis, je parle de ce monde, ici et maintenant. Je suis fière de dire que je suis une des fondatrices de Respect - et c’est une expérience intéressante. Je ne savais pas moi-même où ça irait. J’ai juste senti que nous devions faire quelque chose de ce genre. Je savais que j’avais plus en commun avec des syndicalistes, avec ces gens qui luttent pour l’environnement, avec ces gens qui se battent pour les droits des travailleurs, avec ces gens qui font une campagne incessante contre la guerre, qu’avec ceux qui prétendent parler en mon nom, dans le Parti Conservateur, ou dans le gouvernement Travailliste, ou ces gens insipides du parti Libéral-Démocrate. C’est pour ça que Respect existe. C’est pour une alternative à la politique de l’impérialisme et du néo-libéralisme. C’est très clair que c’est cela notre point commun, et ce que nous mettons de côté, nous le mettons de côté de façon consciente.

Je sens que cette expérience a porté des fruits. Quelques fois, cela signifie aller dans l’inconnu, et ce que nous créons est un peu inconnu. Je ne peux pas vous dire exactement comment tout ça va se goupiller. Mais ce que nous ne devons pas faire, c’est dire que l’état socialiste idéal est comme ceci, et l’état islamique idéal est comme cela, et que par conséquent les deux ne peuvent jamais commencer à travailler ensemble, que par conséquent les musulmans et les socialistes ici ne travaillent pas. Je ne pense pas que ce soit la bonne approche. Et je pense qu’en allant dans l’inconnu avec des bases claires et de principes, en mettant l’accent sur notre terrain commun, nous commençons à construire de vraies relations et nous allons forger une vraie alternative politique à la politique des guerres et des privatisations. C’est la base selon laquelle nous opérons dans Respect et je crois que nous avons établi un modèle important d’engagement politique.

Je vais terminer avec une citation du Coran : elle dit "Défends la justice, même si c’est contre toi-même, ta famille, qu’ils soient riches ou pauvres". Ce que je lis dans ce verset, c’est que c’est facile d’être juste avec les gens qui sont comme nous. Le vrai test c’est se battre pour des personnes qui sont différentes de nous, et qui ne croient pas nécessairement dans les mêmes choses que nous. Et j’entends un écho de cette idée en lisant ce que Lénine a écrit en 1902 quand il disait que quand les gens se soulèvent pour une augmentation des salaires, ce sont de bons syndicalistes, mais quand ils se soulèvent pour empêcher que les juifs soient attaqués, alors ce sont de vrais socialistes.

Notre solidarité est notre force,

Merci beaucoup.











 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Féministe et de culture musulmane dans la société française. Une identité sous contrôle

Par Saïda Rahal-Sidhoum




Féministe et de culture musulmane. Voilà un credo qui risque d’être compris comme un paradoxe visant la provocation. Il n’en est rien. C’est, bien au contraire, une affirmation identitaire imposée par un vécu dans une société qui s’arroge le droit de traiter dédaigneusement tout ce qui relève de l’islamité. Si paradoxe il devait y avoir, il se situerait ailleurs, dans le fait d’être, pour tout ce qui touche à la Méditerranée du Sud, en plus grande difficulté pour se situer hors du champ religieux dans une société laïque qu’en pays musulman.

Ainsi, il est plus malaisé pour la pensée de se déployer de façon critique en France — censée être neutre institutionnellement à l’égard des appartenances confessionnelles — lorsqu’est questionnée l’articulation entre société, religion et rapports sociaux de sexes, que dans un pays tel que l’Algérie où l’islam est à la fois religion d’Etat, otage des stratégies de maintien ou de prise de pouvoir et alibi d’un patriarcat méditerranéen fortement contesté.

Face à une mise en accusation permanente de la culture musulmane par les discours dominants, de l’essence délétère attribuée à l’islamité, la mise à distance nécessaire pour objectiver les faits sociaux et leur donner du sens est difficile pour quiconque ne veut pas renier son enracinement dans une mémoire et dans une histoire, c’est-à-dire dans cette islamité entre autres.

Nous sommes nombreuses à ne pas être dupes et à vivre un malaise, pour ne pas dire une souffrance (y compris lorsque nous débattons avec des féministes des pays du Nord avec qui pourtant nous devrions être — par nature et par projet — en proximité) face à la sommation implicite — parfois même explicite — qui nous est faite d’énoncer un reniement à l’égard de l’islam comme preuve d’une bonne conduite garante d’une position juste.

Dès lors, la confrontation d’idées dévie du champ du féminisme vers le champ d’un civilisationnel dans lequel les critères discriminants se confondraient avec l’appartenance à la chrétienté, à la judaïté ou à l’islamité, ces référents culturels étant posés a priori comme facteurs explicatifs et anhistoriques de la nature des rapports sociaux de sexe qui prévalent dans un groupe humain.

Les présupposés du féminisme occidental

Dès qu’il s’agit des femmes des pays où la religion musulmane est majoritaire, nombreuses sont les féministes des pays du Nord (là où une autre expression du monothéisme domine) qui ont une fâcheuse tendance à se désintéresser de l’étude des rapports homme-femme — fondement même du féminisme — dans la société considérée, à ne pas chercher à connaître de l’idéologie en présence — qui en devient secondaire —pour se focaliser sur la mise en accusation de l’islam. La vérification de l’adhésion aux valeurs du féminisme n’est plus de mise, l’essentiel étant que leurs interlocutrices tiennent les discours convenus, à propos notamment de la nocivité de l’islamisme(1). Dès lors, ce qui est attendu des femmes de l’aire musulmane est la désignation de l’islamité comme continent obscur et obscurantiste où se consacre l’infériorisation des femmes(2), quitte, si on prend le cas de l’Algérie pour exemple, à légitimer a posteriori la conduite coloniale instituant le code de l’indigénat et l’exclusion de la citoyenneté des musulmans des deux sexes au prétexte du statut des femmes musulmanes(3).C’est à un véritable arbitrage péremptoire, qui ressemble à une guerre idéologique dont l’enjeu est tout sauf féministe, que l’on est confronté, où sont nominées les "vraies femmes", porteuses d’une émancipation, sans qu’en soient énoncés les critères, et ignorées d’autres femmes, quel qu’en soit le nombre, au prétexte qu’elles seraient aliénées et manipulées (c’est connu, les femmes, autres que celles de l’avant-garde, n’ont pas d’idées propres !). Dès lors, la valeur d’un témoignage, d’une interview, d’un livre, d’une militance, ne s’évalue plus à l’aune des idées et des faits mais en fonction de sa capacité de nuisance à l’égard de l’islam... ce qui ne peut manquer d’interroger les présupposés du féminisme occidental.

Comment ne pas voir que la systématisation des discours réducteurs sur l’islam et les généralisations abusives sur les sociétés de culture musulmane renforcent les stéréotypes réciproques qui conduisent inéluctablement à la défaite de l’universel ?

Comment ne pas s’interroger sur les prises de position variables en fonction des moments et des protagonistes, au-delà même des principes censés être défendus ?

Comment ne pas faire le lien et ne pas s’interroger sur l’indifférence à l’égard des luttes féministes en pays musulman quand le contexte dans lequel sont menées ces luttes ne se prête pas à un discours anti-islamiste ?

Un exemple significatif ? La période qui va de 1980 à 1983 en Algérie et qui se conclura par la promulgation du Code de la famille algérien en 1984(4). Nous étions quelques centaines à combattre publiquement — dans un pays où la possibilité de se réunir en dehors des structures du parti unique le FLN était réprimée par la loi — différentes mesures prises contre les femmes, dont l’interdiction de sortir seules du territoire algérien, et contre les avant-projets du statut personnel qui circulaient ou étaient débattus à l’Assemblée Nationale composée de députés et députées du FLN. Je me souviens que, malgré les manifestations où s’associaient des femmes, y compris pour défendre leurs droits(5), malgré la répression subie, les arrestations et les mises en accusation par une cour spéciale —concernant aussi des femmes ayant connu, en tant que résistantes, les geôles coloniales —, il n’y eut aucune campagne de presse ni aucun mouvement de solidarité en Europe. Le féminisme en Algérie n’était pas à l’ordre du jour de l’internationalisme militant !

Ni le mouvement féministe français, ni les mouvements civiques n’ont condamné la promulgation du Code de la famille organisant systématiquement l’infériorisation juridique des femmes, tout en se mettant en porte-à-faux tant avec la constitution algérienne prônant l’égalité des sexes qu’avec le droit musulman classique protecteur à l’égard des mères ayant la charge des enfants après le divorce, en matière notamment d’aliments et de logement.

C’est pourquoi aujourd’hui je reste dubitative quand je m’aperçois que, après une décennie d’indifférence, le Code de la famille algérien devient prétexte à clamer des solidarités avec les femmes algériennes. J’avoue ma suspicion à cet intérêt soudain surtout quand il s’accompagne de discours dénonçant l’inégalité essentialiste de l’islam ? Je ne suis pas pour ce Code de la famille ; j’ai été l’une de ses farouches adversaires à Alger entre 1980 et 1983. Je n’adhère pas non plus à un projet de société islamiste dans lequel je ne me reconnais pas. Je ne devrais pas avoir à le dire. Pourtant, me voilà, malgré moi, cédant à l’injonction du contrôle d’identité. N’est-ce pas là l’indicateur d’une société où sévit, pour certaines questions — et ce qui relève de l’islamité est de celles-là — le "prêt-à-penser" ? Me faut-il comme préalable énoncer les valeurs qui sont miennes pour pouvoir poser l’exigence du droit à l’expression pluraliste, c’est-à-dire du droit de toutes et de tous à produire de la parole publique, à participer à l’univers symbolique et à la production de sens, y compris pour les femmes de la mouvance islamiste ?

Un autre exemple ? Si on analyse les mouvements de solidarité qui s’expriment en Europe à l’égard des femmes algériennes, il est frappant de voir combien cette "solidarité" est généralement orientée. Ce sont les femmes dont la langue d’usage, l’apparence, l’aspect vestimentaire, le mode de consommation, sont similaires à ceux d’ici, qui sont écoutées. Les autres femmes n’intéressent guère, même quand elles se montrent, pour certaines d’entre elles, soucieuses de la participation des femmes à la vie publique. Elles ne préoccupent pas non plus quand elles font l’objet de la répression étatique, subissent la torture, voire des exactions sexuelles(6) (7) . Pour quelles raisons ? Parce que leurs idées sont jugées irrecevables car entachées d’islamisme, et cela même si elles n’ont commis aucune infraction.

Le rôle des femmes islamistes

Pour ma part, je ne veux me reconnaître que dans un projet de société qui se fonde sur le pluralisme politique, l’égalité de droits entre les hommes et les femmes, le respect des droits de la personne, la liberté de conscience, la sécularisation des institutions, la mise en œuvre de règles de jeu et de procédures qui s’appliquent à toutes et à tous. Cet idéal m’impose de reconnaître la légitimité de penser et de dire des femmes, de toutes les femmes, et de leur droit inaliénable à se faire entendre, au-delà de leurs idéologies respectives. Ce sont ces principes qui me facilitent la compréhension des dynamiques à l’oeuvre dans le corps social algérien et des aspirations dont sont porteuses les Algériennes, y compris islamistes.

En tant que féministe, ce qui m’intéresse c’est d’arriver à identifier et à reconnaître les valeurs dont sont porteuses les femmes quand elles luttent, y compris quand elles le font dans un cadre de références explicitement religieuses. Je veux être capable de comprendre en quoi les femmes, qui considèrent que l’islam est pour elles émancipateur, participent à cette dynamique. Je souhaite voir se confronter nos idées et repérer comment elles participent à la modification des rapports sociaux de sexe en Algérie.

Cette posture intellectuelle est loin d’être confortable à une époque où il est difficile de savoir si l’on est en train d’assister au remake des croisades, à celui de l’enlèvement des Sabines ou au fameux choc des civilisations cher à Samuel P. Huntington(8) qui voit dans "l’islam et la Chine des risques de déclin pour l’Occident."

On se retrouve ainsi dans une contradiction insupportable pour la féministe que je suis : les féministes du Nord se retrouvent entre elles pour interroger les rapports sociaux de sexe, pour construire des solidarités féminines qui subsument les contradictions de projets de société, pour mobiliser la féminitude dans sa diversité afin de faire évoluer les pratiques sociales et le droit(9). Par contre, dès qu’il s’agit des femmes du Sud, et particulièrement des femmes de l’espace musulman, le débat s’enferre dans l’anathème et le slogan. Le discours dominant traite peut-être de "la lutte entre les lumières et les ténèbres" mais ne prend guère en considération les dynamiques en cours ou à impulser pour que le féminin ne soit plus jamais subordonné au masculin. Ce passage du débat sur les rapports sociaux de sexes vers la place à accorder ou pas à la mouvance islamiste a été le piège qui s’est refermé sur le mouvement des femmes en Algérie. Nombre d’entre elles se sont fait l’écho de fureurs intéressées, devenant ainsi otages d’enjeux ne les concernant guère en tant que citoyennes. Il est vrai que cela a permis à quelques-unes de se faufiler par la porte de service pour accéder à quelques illusions de pouvoir payées au prix fort, la rançon étant l’image du mouvement des femmes pour l’égalité des droits dont la crédibilité a été bien mise à mal auprès de l’opinion publique algérienne.

Faute d’avoir su raison garder, l’instrumentalisation des contestations féminines s’est opérée d’autant plus rapidement que le mouvement des femmes, miné par des jeux de pouvoir et des plans de carrière, a été dans l’incapacité de penser stratégie. Il était pourtant porteur d’espérances, ce mouvement, pluraliste dans ses expressions et dans ses aspirations, ferment démocratique d’une société qui, cas unique parmi les Etats de la Ligue arabe, reconnaissait aux femmes, toutes tendances confondues, le droit de s’accaparer la rue pour y exprimer leurs revendications.

Il est vrai que, à partir de 1989, les rassemblements à l’initiative du mouvement des femmes ont été nombreux et revendicatifs, qu’ils ont mobilisé, dans plusieurs manifestations, quelques centaines de milliers de personnes. Il est également indéniable que d’autres rassemblements ont regroupé des milliers de femmes qui se reconnaissaient dans la mouvance islamiste, et notamment le FIS. Ils étaient tout autant légitimes d’autant qu’ils démontraient, eux aussi, au-delà même de visées politiques immédiates, que la question des femmes dans la société algérienne ne pouvait plus être confinée au domestique ou à des débats d’initié(e)s(10).

Pour ne pas avoir su comprendre ce bouleversement des mœurs comme il le méritait, les actrices du mouvement femmes se sont condamnées à ne pas saisir cette lame de fond qui consacrait, y compris chez les militants islamistes, l’irruption du féminin dans la sphère publique, voire politique. Comme de nombreux observateurs, peu au fait de la sociologie algérienne, s’ingéniant à minimiser le rôle des femmes islamistes dans le jeu politique, de trop nombreuses Algériennes, parmi celles qui s’expriment sur la scène publique, n’ont pas voulu s’interroger sur ce phénomène et ses implications.

Cette incapacité à se penser en tant que mouvement de femmes, à construire des alliances, peut s’expliquer par l’inexpérience des militantes n’ayant connu l’euphorie du pluralisme et de la légalité que durant une courte période, de 1989, année de la loi sur le droit d’association, au début de l’an 1992, où l’arrêt des élections avant le deuxième tour pour empêcher l’arrivée du FIS majoritaire à l’Assemblée Nationale(11) a discrédité pour longtemps le jeu démocratique. L’analyse des mouvements féminins en Algérie reste à faire, à travers notamment les liens organiques des premières associations leaders avec les différents partis politiques, existant avant l’agrément, desquels sont issues de nombreuses militantes, quand on n’a pas purement et simplement eu affaire à des commissions femmes de partis se déclarant sous forme d’association légale(12).

C’est cette inexpérience des règles de jeu du pluralisme qui facilite l’instrumentalisation du combat féministe tant par le pouvoir en place en Algérie, maître en matière de manipulation, que par les diverses mouvances politiques algériennes, peu crédibles dans leur adhésion réitérée à la cause des femmes (il suffit d’étudier la place réservée aux femmes dans les partis), et par les différents courants activant en France se recréant du consensus autour du nouvel adversaire : l’islamisme. Cette captation, peu nombreux sont ceux et celles qui sont prêts à l’étudier pour la seule raison de la priorité accordée à la lutte contre la mouvance islamiste. Ceci ne profite pas à la lutte pour l’égalité entre les sexes.

L’enracinement dans la culture musulmane

Féministe et de culture musulmane. Le premier terme de cette assertion est déjà tout un programme dont la complexité n’a d’égale que les ambivalences qu’elle induit, notamment quand on adhère au courant féministe qui ambitionne une société dans laquelle les femmes et les hommes, égaux en droits et en pouvoir de faire, ne se vivent pas comme adversaires mais comme membres de la même communauté humaine. Quant à l’enracinement dans la culture musulmane, c’est une complexité supplémentaire qui, loin d’être une mutilation, est une prise en compte d’un des attributs de mon identité personnelle dans ce qu’elle a d’unique mais aussi d’expression collective. Minimiser la dignité de cette partie de mon humanité me contraint à la défendre. Amalgamer islamité et dangerosité, c’est nier la générosité, c’est nier toute la spiritualité que portent en eux, à l’instar des autres humains, les gens de culture musulmane. C’est en même temps s’arroger le droit exorbitant de réduire autrui à n’avoir d’autres aspirations que celles d’être conforme à l’autre. Ce n’est favorable ni à la communauté humaine en général, ni à la féminitude en particulier.

C’est ainsi qu’est déniée aux femmes musulmanes la capacité de s’emparer du verbe à l’instar de ce que firent d’autres femmes comme celles du Mouvement jeunes femmes en France, d’obédience protestante, qui favorisa une relecture féministe des Évangiles, à travers la théologie féministe de la libération, ou celles des groupes de femmes juives qui osèrent s’emparer de l’étude du Talmud jusque-là réservée aux hommes. N’est-ce pas à ces femmes que le protestantisme comme le judaïsme doit l’existence de femmes pasteur et de femmes rabbin ? N’est-ce pas par la subversion du système mis en place par les ayatollahs que des femmes iraniennes revendiquent aujourd’hui, en Iran même, pour elles-mêmes et en tant que musulmanes, d’autres droits ? Pour ma part, je fais le pari de l’intelligence des femmes musulmanes et défends d’autant plus facilement l’hypothèse de leur faculté d’influencer positivement l’islam que ce dernier a le double avantage de mettre l’homme et la femme sur un pied d’égalité s’agissant de leurs responsabilités et de ne pas édicter de "restrictions quant à l’acquisition du savoir religieux par les femmes ni à leur prise en charge de fonctions religieuses importantes"(13) . L’aire musulmane a déjà eu à connaître des femmes telles que Shuhda bent El Ibari reconnue pour sa pensée critique et sa compétence à vérifier la validité d’un hadith (14) (15). J’ai la conviction raisonnée que ce type de femmes inspirera celles qui pensent trouver dans l’islam les armes de leur salut... terrestre.

Cette espérance, je la nourris de cette culture algérienne dans laquelle j’ai été élevée, dont l’islam est une des dimensions incontournables, quelle que soit par ailleurs la foi que l’on a... ou pas, et qui m’a permis d’être ce que je suis. Nul ne pourra me convaincre que cette culture dans laquelle s’est forgée ma personnalité, qui a produit tant de femmes et d’hommes de qualité et de toutes croyances, soit réductible à quelques clichés. Certes, c’est une société qui n’en peut plus du tribut de sang et de larmes, certes c’est une société qui a connu et connaît des inquisiteurs, des profiteurs et des renégats. Mais c’est aussi une société qui sait chanter la liberté, et ce chant-là, nombreuses sont les femmes qui s’en sont emparé.

Saïda Rahal-Sidhoum

Notes :

1. Faut-il souligner que le suffixe "isme" dont la neutralité sémantique se vérifie pour désigner une communauté de croyance — christianisme, judaïsme, bouddhisme, taoïsme, hindouisme... communisme, socialisme, etc.— se voit perverti dès qu’il s’agit de l’islam pour laisser croire à un prosélytisme, voire une dangerosité.

2. Analyser la subordination du féminin au masculin comme résultant de l’islam, outre l’étroitesse intellectuelle que cela révèle, ne permet pas de construire des stratégies politiques propices au combat d’idées (et non d’extermination physique ou de bannissement) et à l’égalité entre les sexes. Ainsi, si on analyse avec rigueur les textes du FIS en Algérie, on s’aperçoit que le discours développé ne traite guère de l’infériorité des femmes. Il pose par contre le principe d’espaces sexués, ce qui n’est pas la même chose. On a alors affaire à l’habituelle ségrégation sexuelle chère au patriarcat méditerranéen. La condamnation de la promiscuité sexuée relève moins de l’ordre musulman, réduit à la fonction d’alibi légitimateur, qu’à une visée non-avouée de main-mise sur le corps féminin pour s’assurer dans une société confrontée aujourd’hui à une mixité intolérable à certains... Pourtant, l’analyse du patriarcat algérien est reléguée au prétexte de la mouvance islamiste.

3. Statut par ailleurs organisé par l’Etat français qui continue à le mettre en oeuvre à Mayotte, territoire français, où le statut local permet la subordination du féminin au masculin par la grâce notamment de l’article 75 de la constitution française encore en vigueur de nos jours.

4. Je m’érige contre le mythe qui court dans les milieux féministes ou médiatiques en France et qui consiste à voir dans le code de la famille algérien de 1984 un "cadeau fait aux islamistes" alors qu’il ne s’agit — hélas — que de la codification d’une perception dominante des rapports familiaux dans lesquels la femme continue à être pensée normativement comme dépendante du père ou du mari (voir, en 1983, le n° 4 de la revue Sou’al, dirigée par Claude Sixou et Mohamed Harbi, sur Les femmes dans le monde arabe et notamment le texte de Rabia Abdelkrim Chikh intitulé "Une seule question : être autonome ou pas") .

5. Lors des manifestations d’avril 1980 à la Place du 1er mai à Alger (pendant ce que d’aucuns appelleront plus tard "le printemps berbère" alors qu’il s’agissait aussi de revendications pluralistes), quatre banderoles féministes (dont une immense, portée par deux hommes du fait de son poids, qui proclamait : Les femmes ne délèguent leurs paroles à personne) n’intéressèrent apparemment que les forces de police qui s’en emparèrent très vite au contraire des partis de l’opposition algérienne indifférents à la question, des amies féministes françaises dûment informées et des journalistes étrangers qui ne mettaient en avant que la dimension de la revendication culturelle et linguistique qui alors faisait événement.

6. Approuvant ainsi de fait Abelhak Brerhi, sénateur algérien nommé par le président Zeroual et ancien ministre de l’Enseignement supérieur qui déclarait lors d’une émission sur l’Algérie à France Culture en mai 1998, après qu’une intervenante l’eut interrogé sur les viols commis par les forces spéciales, qu’il n’y avait pas à comparer l’horreur des viols qui ont lieu dans les maquis à ceux des commissariats (sic !).

7. Voir notamment les rapports successifs d’Amnesty International qui par ailleurs fournit régulièrement des listes de femmes traitées arbitrairement, du simple fait de leur appartenance propre ou de celle de leur mari ou autre membre de leur famille à la mouvance islamiste.

8. Professeur à l’Université Harvard aux Etats-Unis, il dirige un Institut d’études stratégiques et est l’auteur du livre édité en France par les éditions Odile Jacob, Paris, novembre 1997.

9. Il suffit à cet égard d’observer comment, autour des enjeux de la parité , se sont développées des réflexions et mises en place des stratégies.

10. Le mérite du FIS aura été de rendre incontournables deux questions de société fondamentales pour le devenir de l’Algérie : le rapport entre religion et gouvernance, la nature des rapports sociaux de sexe à établir. Il n’est pas aujourd’hui une Algérienne ou un Algérien qui n’ait un point de vue sur ces questions. Tombées dans le domaine public, ces interrogations indiquent à la fois une sécularisation de la société et une redéfinition des rôles traditionnels.

11. Il faut rappeler que la justification de cet arrêt des élections, par ceux-là mêmes qui les avaient perdues, élections décidées par le pouvoir après qu’il eut reconnu le FIS comme parti légal, était que le FIS arrivant en majorité à l’Assemblée modifierait la Constitution en vigueur. C’était faux. Il suffit de relire la Constitution de 1989 qui ne permettait pas à l’Assemblée Nationale d’amener à sa révision. Art. 163 : La révision constitutionnelle est décidée à l’iniative du Président de la République, votée par l’Assemblée Nationale, soumise par référendum à l’approbation du peuple et promulguée par le Président de la République. Art.164 : Lorsque de l’avis motivé du Conseil constitutionnel, un projet de révision constitutionnel ne porte aucunement atteinte aux principes généraux régissant la société algérienne, aux droits et libertés de l’homme et du citoyen, ni n’affecte d’aucune manière les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions, le Président de la République peut directement promulguer la loi portant révision constitutionnelle, sans la soumettre à référendum, si elle a obtenu les trois quarts des voix .

12. La loi organisant les associations dites "à caractère politique" date de février 1989. La première association de femmes à l’utiliser fut "Emancipation". Agréée en mars 1989, son noyau sera constituée de militantes troskystes issues de ce qui est aujourd’hui le Parti socialiste des travailleurs (ex-G.C.R.) autour desquelles s’agrègeront d’autres femmes. La deuxième association déclarée a été "Promotion" créée par des militantes du Parti communiste algérien (intitulé alors PAGS et devenu depuis Ettahadi) et de l’UNFA (organisation féminine du FLN). La troisième fut propulsée par des femmes militantes ou proches d’un autre courant trostkyste, connu aujourd’hui sous le nom de Parti des Travailleurs (ex-OST) et prendra pour nom "Egalité" (selon ses dirigeantes, elle se serait constituée, de fait, dès 1985). Elle connaîtra rapidement une scission. Le nouveau regroupement déclaré prendra pour nom "Triomphe du droit des femmes" et se rapprochera du RCD, parti s’inscrivant dans la mouvance berbériste. Dès décembre 1990, on pouvait dénombrer 17 associations de femmes agréées, dont une de femmes islamistes. A leur côté, de nombreuses autres, d’audience plus locale, se sont activées tout en restant souvent des regroupements de fait.

13. Andezian Sossie, "Femmes et religion en islam : un couple maudit ?", revue Clio Histoire, femmes et société, n° 2 de 1995 consacré à Femmes et religions, Presses universitaires du Mirail, Toulouse.

14. Hadith : propos attribué au Prophète par une lignée de témoins.

15. Voir l’ouvrage cité en note 13.

 

Post Scriptum :

in "Confluences Méditerranée", N°27, Automne 1998

 

 

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 16:35

 

 

عند النظر الى ايران والدور الايراني في المنطقة العربية، لا بد من الاعتراف اولا باشكالية وتعقيد هذه المسألة وتشابكاتها المختلفة:

         فمن جانب، ايران ليست جمهورية موز، ونظامها ليس نظام دمى او نظاما عميلا للامبريالية، وهي تملك مشروعا اقليميا وتعمل من أجله بكل جدية، وتملك اوراقا مهمة جدا تستعملها بذكاء في سياق سعيها لتحقيق مشروعها، ومن هذه الاوراق: برنامجها النووي، علاقاتها الوثيقة مع النظام السوري، علاقاتها الوثيقة مع حزب الله في لبنان، علاقاتها الوثيقة مع حماس والجهاد الاسلامي في فلسطين، علاقاتها التجارية والاقتصادية الوثيقة مع دول مؤثرة دوليا مثل روسيا وألمانيا، وعلاقاتها الوثيقة مع "تحالف الشمال" في افغانستان، اضافة الى النفط، واخيرا (وهذه اهم ورقة) دورها في العراق، وعلاقاتها وتأثيرها القويين على الاحزاب والميليشيات والقوى السياسية السائرة في ركاب الاحتلال الامريكي.

         ومن جانب آخر، ايران ليست مشروعا مناهضا للامبريالية، اي انها ليست "فنزويلا" الشرق الاوسط (مع تحفظنا طبعا على مصطلح "الشرق الاوسط")، ولا تحمل برنامجا تحرريا لشعوب المنطقة يقوم على القضاء على الهيمنة والاستغلال، وبسط سيادة الشعوب على ارضها ومواردها، بل هي مشروع ذو طابع قومي طائفي توسعي براغماتي، لا يجد غضاضة مثلا بالاستعانة بعدوه الايديولوجي الاول (الولايات المتحدة) في حرب "احتواء مزدوج" مع العراق (فضحية ايران-كونترا جيت)، او بمساعدته استخباريا ولوجستيا في العدوان على افغانستان، وهي تلعب دورا بالغ السوء في العراق من خلال تمكين ودعم الحكومة والعملية السياسية العميلة برمتها للامريكان، ودعم وتمكين الاحزاب والميليشيات الطائفية التي كانت مقراتها الاساسية في ايران قبل احتلال العراق (مثل المجلس الاعلى للثورة الاسلامية وميليشيا جيش بدر التابعة لها وحزب الدعوة والميليشيا التابعة لها، وغيرها) وتتلقى اسلحتها وعتادها وتدريبها ومعلوماتها الاستخبارية من ايران، وبالتالي فهي تدعم بشكل واضح الحرب الطائفية في العراق.

         ومن جانب ثالث، تبدي ايران في سياق سعيها لتحقيق مشروعها، تصرفات متناقضة اذا ما نظرنا اليها بعين عربية، لكنها متسقة اذا نظرنا اليها في سياقها الايراني: ففي حين تدعم ايران حزب الله الذي خاض معارك شرسة ضد الكيان الصهيوني ومن خلفه الولايات المتحدة وانتصر عليهما مرتين (2000 و 2006)، وينادي رئيسها احمدي نجاد بتدمير "اسرائيل" وازالتها من الوجود؛ تساعد ايران الولايات المتحدة في غزو افغانستان وفي تدمير وتفتيت العراق وتحويله الى ساحة حرب وابادة طائفية.

 

مع وجود كل هذه التشابكات والتعقيدات، كيف يكون الموقف العربي من ايران؟

         لا بد من الاقرار اولا بان هناك غيابا كاملا لمشروع عربي في المنطقة العربية سواءا على المستوى الرسمي (الانظمة) او مستوى التنظيمات الشعبية المختلفة (احزاب، نقابات، وغيرها).

         فالانظمة العربية غير قادرة على التأثير باي شكل من الاشكال على مجريات الامور لا دبلوماسيا ولا عسكريا، وهو ما ينطبق على الاطار "التنسيقي" للنظام الرسمي العربي، اي "جامعة الدول العربية". الدلالة الاكبر والاهم على هذا الامر هو فشل الاستراتيجية العربية الرسمية التي دامت حتى الان ما يقارب الـ60 عاما في مواجهة اهم خطر في المنطقة: اي الكيان الصهيوني، وباعتراف امين عام جامعة الدول العربية الذي اعلن :"موت عملية السلام" اثناء العدوان على لبنان؛ فالاستراتيجية التي كان يتبناها النظام الرسمي العربي للستين عاما الماضية (وما زال يحكم بها حتى الان وللمستقبل) لم تكن فقط فاشلة عربيا، بل كانت ناجعة وناجحة صهيونيا وامريكيا! بمعنى انها لم تكن اساسا "استراتيجية عربية" بل كانت امريكية صهيونية بامتياز.

         اما على الصعيد الشعبي العربي، فالمقاومات العربية الثلاث الرئيسية في العراق ولبنان وفلسطين ليست "تكاملية"، ولا تنسق بعضها مع بعض، بل قد يصل الامر (وللأسف) الى ان لا يعترف بعضها بالآخر كمقاومة وطنية (المقاومتان العراقية واللبنانية)؛ اما القوى المعارضة "المنظمة" (مثل الاحزاب والنقابات) فهي مشغولة بالحفاظ على وجودها السياسي لا بالنضال السياسي او الايديولوجي؛ والشارع العربي رغم وضوح بوصلته الا انه غير منظم وغير قادر بالتالي على التأثير الحقيقي.

         في منطقتنا العربية هناك ثلاث قوى رئيسية (الولايات المتحدة/اسرائيل، ايران، وتركيا بمسافة ابعد)، ومشروعين (امريكي/صهيوني، وايراني)، وليس للعرب شيء سوى اسم الجغرافيا التي تتصارع عليها هذه القوى/المشاريع.

 

         في لعبة التاريخ، يستطيع من يملك المشروع ان يوظف الحدث، وليس العكس. ولا يملك صانع الحدث (في ظل غياب مشروعه) ان يوظف حتى الحدث الذي يصنعه (في المدى القريب). ماذا يعني هذا؟ يعني انه في ظل انعدام لوجود مشروع عربي، فليس هناك مجال غير ان توظف القوى المتصارعة على الجغرافيا العربية (ايران والولايات المتحدة) الاحداث لصالح مشاريعهما.

 

هل هذا يعني ان على العرب اختيار الاصطفاف اما في المعسكر الايراني او في المعسكر الامريكي؟

         قطعا لا، ليس هذا هو المحدد هنا للخروج من الازمة. المحدد الرئيس هو (وكما كان دوما) تحديد التناقض الرئيسي والتناقض الفرعي، والتناقض الرئيسي هو دائما مع الامبريالية الاكبر والتي تعمل على مستوى عالمي: انها ليست سوى الولايات المتحدة وحليفتها الاولى "اسرائيل".

         ان العدو الاول للمشروع التحرري العربي حاليا هو الامبريالية الامريكية، والصهيونية، وينبغي ان لا تتوه البوصلة عن هذا العدو، واية تناقضات أخرى مع مشاريع أخرى تأتي في مرتبة ادنى منها، ومن هنا فان القول بأن "ايران أشد خطرا من الولايات المتحدة" او ان "ايران اشد خطرا من اسرائيل" او ان "الولايات المتحدة هي عدو زائل بينما ايران هي عدو مقيم" هي كلها تشخيصات تجانب الصحة بمسافة كبيرة، بل انها تخدم الامبريالية الامريكية من حيث:

 

1-     تغليب المعركة مع ايران وتوظيفاتها الطائفية والتفتيتية على المعركة مع الولايات المتحدة والكيان الصهيوني وتوظيفاتها الوحدوية والتحررية والطبقية.

2-     امكانية تحويل الولايات المتحدة او "اسرائيل" الى "حلفاء مرحليين" او قوى "يمكن التفاهم معها" في مواجهة "الخطر الايراني"،وهو خطاب بتنا نسمعه وللأسف من بعض الاطراف العراقية، وتدعمه انظمة عربية مثل النظامين السعودي والاردني.

3-     تفكيك المقاومات العربية في العراق وفلسطين ولبنان بعضها عن بعض، ووضعها في مواجهة بعضها بدلا من ان تكون في خندق واحد.

4-     توجيه العداء الشعبي العربي بعيدا قليلا عن الولايات المتحدة و"اسرائيل" باتجاه اهداف اقل اولوية بالنسبة للمشروع التحرري العربي.

 

هل هذا الكلام يعني ان نتحالف مع ايران في مواجهة الولايات المتحدة؟

 

         ينبغي التمييز هنا بين مستويين: المستوى الشعبي وضرورة تشكيل جبهة تضم جميع شعوب المنطقة (عرب-أكراد-اتراك-ايرانيين) في مواجهة الامبريالية الامريكية والصهيونية التي تتضرر منها جميع تلك الشعوب؛ لكن ذلك لا ينطبق على صعيد الانظمة، فالقوتين الاخريين في المنطقة العربية (ايران وتركيا) ليستا مناهضتين للامبريالية، بل تملكان مشاريع هيمنة أخرى، وتعملان في سياق مصالحهما لا في سياق مصالح الشعوب، وبالتالي لا يمكن البحث عندهما عن تحالفات.

         الانظمة الوحيدة التي تأخذ الشكل المناهض للامبريالية في عالمنا المعاصر توجد الآن في امريكا الجنوبية، وبالتحديد في كوبا وفنزويلا وبوليفيا ونيكاراغوا، وهذه تشكل رافعة حقيقية لبقية دول القارة للتحول الى اليسار الراديكالي بصيغته الشعبية المتعارضة كليا مع مشاريع الهيمنة والسيطرة، ومن الضروري جدا البدء بخطوات حقيقية باتجاه تشكيل تحالف شعبي عربي مع ذلك المحور.

 

ما هو موقفنا اذا من قوى المقاومة العربية المتحالفة مع ايران، وحزب الله بالتحديد؟

         بعد اعدام الرئيس الشهيد صدام حسين، والاخراج الطائفي الذي ميز ذلك الاعدام، تصاعدت الاصوات في العراق وسائر الاقطار العربية، تشن هجوما واضحا ومباشرا على ايران، آخذة معها في هذا الهجوم حزب الله ايضا، ونسي الكثيرون المعركة التي خاضها هذا الحزب قبل أشهر قليلة ضد "اسرائيل" والولايات المتحدة، وأخذوا يحاكمونه فقط من خلال "السياق الايراني" والطائفي. كما لا بد من ملاحظة ان هذا الامر تدعمه الانظمة بشكل واضح، ففي الاردن مثلا حيث تحدثت السلطة مبكرا عن "هلال شيعي" ووصفت اسر الجنديين الصهيونيين قبل العدوان على لبنان بـ"المغامرة"، كانت الشعارات ذات التوجه الطائفي والمهاجمة لحزب الله واضحة في المسيرة التي خرجت في عمان احتجاجا على اعدام الرئيس الشهيد صدام حسين، ومن قبل الاحزاب المحسوبة على الحكومة والنظام!

         من غير الممكن او المعقول ان نتحدث عن دعم "مقاومة على مزاجنا" وبالمحددات الدقيقة التي نريدها ان تكونها فقط، وبدون ذلك فاننا لا ندعمها ولا نعترف بها!! ان هذا الكلام الذي نقوله الآن عن حزب الله الحليف لايران، هو نفسه الذي قلناه ونقوله للاوروبيين المترددين في اعلان دعم المقاومة العراقية لانها "بعثية" أو "اسلامية". لا يمكن اختراع مقاومة في رأسك وتقول لن ادعم سوى تلك المقاومة (الموجودة فقط في رأسك)!!! ومن غير المعقول القول بانه ان لم تكن المقاومة تتطابق مع المعايير القياسية التي أضعها لها فانني أمتنع عن دعمها وآخذ موقفا حياديا في معركتها ضد الامبريالية والصهيونية!! ان مثل هذا الموقف هو موقف غير موضوعي وغير مادي. في المعارك المصيرية، لا يمكن الوقوف على الحياد، بل ان "الحياد في زمن الصراع تواطؤ" كما يقول الروائي السوري حيدر حيدر.

 

         المقاومات الموجودة على الارض الآن هي نتاج حراك اجتماعي وتاريخي وسياسي وتمتلك مشروعية وجودها ولولا ذلك لما وجدت اصلا! ولذلك فان الموقف الموضوعي هو دعم المقاومة كانت من تكون ما دام عدوها واضحا ومحددا دون لبس: الامبريالية والصهيونية. اما اذا تغير هذا العدو او استعدت للتفاهم معه فعندها تتوقف عن كونها مقاومة اصلا. وعليه فدعم حزب الله في مواجهة الولايات المتحدة والكيان الصهيوني هو أمر ضروري واساسي بغض النظر عن تحالفه مع ايران او توظيف ايران لمعارك حزب الله مع اسرائيل. العدو الاساسي للمشروع التحرري العربي هو الامبريالية الامريكية والصهيونية، وما دامت بنادق حزب الله تطلق النار في ذلك الاتجاه، وما دام الحزب يطرح موقفا علمانيا لا طائفيا فالواجب هو الدعم لا التخوين.

         ما يثير الاستغراب حقا هو أن هذ الشحن الطائفي غير المسبوق قد تصاعد بعد ان نجح حزب الله في خوض معركة قومية الطابع وبخطاب قومي معاد للطائفية. فقد التفت الجماهير العربية بالكامل حول حزب الله "الشيعي" في مواجهة الكيان الصهيوني. وكان السيد حسن نصر الله قد اشار الى قومية المعركة في المؤتمر الصحفي الذي عقده بعد أسر الجنديين الصهيونيين مباشرة وقبل بدء العدوان حيث قال ان "العملية جاءت لتعيد للعالم بأسره ما فقده من اخلاق وكرامة وصمت على الجرائم التي ترتكب وبشكل يومي بحق الفلسطينيين"، وانها "تشكل دعما كبيرا ومساندة كبيرة للفلسطينيين...[و] قد تكون مخرجا كون الإسرائيليين لا يريدون التفاوض مع حركة المقاومة الإسلامية حماس، إلا أنهم سيتفاوضون مع حزب الله في النهاية لأنهم فعلوها في السابق". اذاً بعد النجاح الجزئي لمعركة لبنان في تعزيز الشعور القومي والتغلب على الشرخ الطائفي، تعود الامبريالية وتابعيها (المسؤولين مباشرة عن اعدام الرئيس الشهيد صدام حسين) لطرح تخريجة للاعدام تضمن تكسير هذا النجاح الجزئي على المذبح الطائفي اياه.

 

تبقى ملاحظتان اثنتان نوجههما الى حزب الله:

         راجيا أن يتحمل 

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27 février 2007 2 27 /02 /février /2007 16:32

Religious Diplomacy in Western Sahara

 

Younes Abouayoub

Ph.D. Candidate in Political Sociology - New York

                       

 

 

Recently, the General Assembly of the United Nations adopted a resolution on the right of self-determination for the populations of the Western Sahara :70 votes in favor against 122 abstentions. This conflict has been going on for decades, taking a heavy toll of human life and causing suffering and economic problems besides being a stumbling block in the face of consolidating the Maghreb Union. In the face of this result, both the Algerian and the Moroccan governments had divergent interpretations. Nevertheless, an objective reading indicates a weakening of the Moroccan position which has advocated the granting of an autonomy status to this geographic area lying in the southern parts of Morocco and bordered by both Mauritania and Algeria. During the last years, there have been many articles in the Moroccan press warning that the Moroccan diplomacy has been weakening since the death of the former king Hassan II and the changes made by his successor Mohamed VI in the diplomatic staff. No doubt that the international setting has changed. The cold war, used diplomatically by Morocco to win the Western bloc’s support for his position, is over. The war on terrorism does not carry the same weight since both Algiers and Rabat can use it as an argument to win support for their respective positions. Yet in the diplomatic arena, King Hassan II had more than one ace in his sleeve. One of them was religion.

 

Indeed, religious brotherhoods were in the heart of the Moroccan diplomacy, with a main focus on Tijania brotherhood in Western Africa. This religious movement can be traced back to late 18th century. It was founded by a Sufi named Sheikh Ahmed Tijani, hence the name of Tijaniya movement. It spread first in North Africa then in the Southern parts of the continent by early 19th century. Sheikh Ahmed Tijani was born in 1738 in Ain Madhi, a small desert town in Algeria, not far from a town called Laghouat, where the Algerian government organized recently a controversial international symposium on the life of the Sheikh. Ahmed Tijani travelled extensively throughout the Maghreb and settled to study theology in the Moroccan city of Fez, at the Qaraouiyine University. He died in Morocco in 1817 and his tomb is still nowadays a place of pilgrimage for all the followers of this Sufi movement from different parts of Africa. For the Algerian government, this movement is an Algerian one since the Sheikh was born in an Algerian village, while the Moroccans oppose such an argument by contending instead that the Tijaniya is a Moroccan brotherhood since the Sheikh spent most of his life in Fez, where he was educated and started his movement. what this new controversy shows is that religion is also one, sometimes even a main component of an effective diplomatic strategy, hence the new attempts by Algiers to use it after it has underestimated its efficiency for decades of socialism. In fact, the Algerian government has attempted during the 1980s to organize a similar seminar but Hassan II intervened swiftly to nip this attempt in the bud. Conversely to the new king, he has always been aware of the importance of religious symbols in the construction of a national identity and in building alliances internationally. He was thus the Commander of the Faithful nationally and President of the Al-Quods Committee internationally, Jerusalem being highly symbolic for Muslims all over the world.

 

Millions of Tijaniya followers live in Sub-Saharan Africa and mainly in Senegal, a traditional ally of Morocco, where they represent 90% of the Muslim population. Besides, the expansion of the movement in Western Africa started from Senegal during the nineteen century. The best proof of the strong lobbying role played by this movement is what happened in the United Nations years ago. During the first mandate of the former Senegalese President Abdou Diouf, the permanent representative of Senegal at the United Nations supported officially the Algerian position, backing thus the Polisario (the rebellious movement in Western Sahara that fought for years an attrition war against the central government in Rabat). The following day, King Hassan II sent his emissary to Dakar to meet with Sheikh Tall Moltaka, then the leader of the Tijaniya movement, who immediately pressured President Abdou Diouf to withdraw his support of the Polisario. Finally, the Senegalese President caved in and the permanent representative of Senegal at the United Nations was removed. Hassan II would later on back Abdou Diouf in his campaign to win a second mandate.

 

This faith-based diplomacy was adopted by the Moroccan regime towards other West African countries. During the presidency of Ibrahim Babangida in Nigeria, a huge mistake, or rather a lese-majesty crime was committed by the Nigerian diplomacy when it recognized officially the Polisario as the legitimate representative of the Saharoui population. In such case, calling back the Moroccan ambassador and severing diplomatic ties with Nigeria should have been in order, but Hassan II did not choose that option. Rather, he applied the same tactics as with Senegal and had the Tijaniya lobby pressure the Nigerian government to change its position, which it did eventually. The same thing took place when Olusegun Obasanjo presided over Nigeria. During a meeting in Abuja with a representative of the Polisario movement, the Nigerian President agreed to host an embassy for the Saharoui Front in the Nigerian capital. Once again, the Tijaniya lobby torpedoed the initiative. Finally, when the Moroccan regime wanted to have a Moroccan elected president of the African Development Bank; it activated the Tijaniya network to achieve successfully its aim with the nomination of Mr. Omar Kabbaj. Many African Presidents took offence at these religious-diplomatic ploys. Presidents of Chad, The Sudan and Burkina Faso even drew the king’s attention to the danger of using religion as a diplomatic tool and subtly warned him against intervening in their national affairs. It was all in vain. Time and again, Morocco kept activating these networks and extended its diplomatic effort to other religious brotherhoods in Africa such as the Qadiriya.

 

Times have changed since. It seems that the regime has lost its dexterity at playing with this highly efficient diplomatic tool. The new diplomatic team has focused on other religious movements, unfortunately less effective in the Western Sahara issue, such as the Boutchichiya brotherhood which has a smaller presence in Africa than the Tijaniya. Yet, this is not the only explanation of such a deficiency. Today, with the growing clout of political Islam and mainly movements such as the Salafists and the Wahabis, who do not hold in high esteem Sufi movements in general, these brotherhoods seem to have lost their strong lobbying role.

 

The French statesman and novelist, André Malraux once said that the 21st century will be religious or will not be. He was right, but only partially though. Religion has always played an important role in politics; a role which will increase tremendously as we are witnessing a revival of schisms within Islam between Shiites and Sunnis and a probable clash between civilizations if the trend in international affairs stays unchanged.

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LES PALESTINIENS NE SONT PAS UNE NATION DE MENDIANTS

Par Ibrahim Ebeid

Les Etats-Unis et l'Union Européenne, dominés et contrôlés par le mouvement sioniste et son entité, se rabattent sur une nouvelle forme d'armes de destruction massive contre les Palestiniens, de la même manière qu'ils ont organisé un blocus mortel sur l'Irak.

Les Palestiniens sont bloqués, leur pays est en passe d'être volé morceau par morceau et ils vivent dans des réserves entourées de murs de béton et des fortifications armées sionistes, les colonies. Leurs maisons sont explosées, leurs champs et leurs oliveraies détruits ou confisqués.

En avril 2006, les Etats-Unis ont coupé toute aide humanitaire à la suite de la victoire inattendue du Hamas. En tout, 411 millions de dollars d'aides ont été annulés ou suspendus parce que cet argent aurait pu aider le nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas.

Les Etats-Unis, l'Union Européenne et d'autres donateurs ont déclaré qu'ils ne traiteraient pas avec un gouvernement dirigé par le Hamas tant que celui-ci ne reconnaîtrait pas « Israël », ne renoncerait pas à la violence et n'adhèrerait pas aux accords négociés avec « Israël » par le précédent « gouvernement » palestinien. Les Etats-Unis et l'Union Européenne ignorent les réelles victimes, en l'occurrence les Palestiniens et ils distordent tout simplement les faits et l'histoire. Ils ont ignoré que les Palestiniens n'ont jamais usé de violence contre des nations paisibles, ni envahi aucun pays, ni expulsé leur population, ni proclamé que la terre conquise leur appartenait. Ils se battent pour recouvrer leurs droits sur leur terre natale, revenir dans leurs maisons, dans leurs villes, et y vivre en paix. La lutte est légitime en regard des lois internationales et rien ne les en dissuadera. Le Hamas a été élu démocratiquement par le peuple qui vit sur ce qui reste du territoire palestinien. Les élections n'ont pas été montées comme elles le furent en Irak occupé, et ceux qui ont été élus n'ont pas été amenés par les chars des envahisseurs américains et de leurs alliés. Les membres du Hamas font partie du peuple palestinien, ils n'ont pas été importés et ne représentent aucun pouvoir ni intérêt étranger.

Le monde devrait savoir que la tragédie de la Palestine a commencé avec l'accord Sykes-Picot en 1916 et fut couronné par la création de l'entité sioniste en Palestine en 1948. Les organisations militaires sionistes ont utilisé la terreur et le sang contre les Palestiniens pour les chasser de leurs cités, villes et villages pour désarabiser la Palestine et la judaïser dans sa totalité.

William Zuckerman, l'éditeur de la « Jewish Newsletter » du 3 octobre 1960, fait une remarque intéressante. Il dit : « La fuite des arabes de Palestine, qui a créé le problème des réfugiés, ne fut ni un acte spontané, ni la conséquence de la propagande des chefs arabes, comme les sionistes le répètent. Ce fut un plan froidement calculé et exécuté par l'Irgun mais avec l'aval de la Haganah et de l'Agence juive de l'époque. »

Les massacres en Palestine ne se sont pas arrêtés avec Deir Yassin où 250 personnes ont été massacrées par Menachem Begin et son gang. Les crimes de masse ne se sont pas arrêtés en 1948 ; ils continuent aujourd'hui. Mais cette fois, le massacre du peuple palestinien est plus vicieux. Il combine le blocus mortel, le vol de la terre, la destruction des champs et la privation de nourriture. Les Palestiniens sont encagés dans de grandes prisons aux conditions pires que celles des camps de concentration en Europe. Les Palestiniens ne sont pas seulement menacés par l'entité sioniste mais par le Président Bush et par l'Union Européenne.

Malheureusement, la plupart des Américains et des Européens ne savent pas que la Palestine est arabe, ils ne savent pas que les « Israéliens » sont de nouveaux colonisateurs installés dans des maisons et sur une terre qui ne leur appartient pas. Ils ne savent pas que les Palestiniens ont été chassés de leurs maisons et qu'environ 6 millions d'entre eux sont des réfugiés vivant dans des camps et dans tous les coins de la planète, et ma famille en fait partie.

La plupart des gens ne savent pas qu'en 1918, les Juifs de Palestine ne possédaient que 2% de la terre et que lorsqu' « Israël » a été créé le 15 mai 1948, les colons possédaient moins de 6% de terre obtenus par l'achat ou la terreur.

Plus de 6 millions de Palestiniens attendent l'exécution des résolutions des Nations Unies pour revenir dans leurs maisons et leurs villes, en Palestine historique qui s'étendait de la mer Méditerranée à la rivière Jourdain, pour établir leur Etat, pour vivre en paix, en dignité et en prospérité.

Le gouvernement des Etats-Unis, sous Georges W. Bush, veut donner 10 millions de dollars à une ONG comme aide aux Palestiniens assiégés. Nous disons à Bush que les Arabes palestiniens ne sont pas des mendiants et qu'ils n'attendent pas les miettes qui tombent de la table des impérialistes pour remplir leurs estomacs. Les Palestiniens sont très fiers, très industrieux et très créatifs. Ils avaient un pays dans lequel ils vivaient, en paix et en prospérité, jusqu'à ce que les puissances occidentales lemettent en pièces en 1916 et le donnent aux sionistes en 1948.

Les Palestiniens ont le droit d'élire le gouvernement qu'ils souhaitent pour les diriger et ils rejèteront toute solution imposée ou tout gouvernement importé. Ils ont le droit de se défendre par tous les moyens pour défendre leur terre.

La Palestine est arabe, elle s'étend de la Méditerranée au Jourdain, et nous y reviendrons, même si cela doit prendre un millier d'années. C'est notre terre, elle appartient à notre peuple, "quelques-uns sont morts, quelques-uns sont vivants mais beaucoup sont à naître".

 

 

 

 

Polémique autour des vidéoclips arabes

 

 

 

par Leila Salem   

 

ImageElles sont égyptiennes, libanaises ou maghrébines, elles s’appellent Ruby, Nancy Ajram, Lucy, Nagla..., toutes pénètrent audacieusement les foyers les plus traditionnelles et leur musique rythme les cafés, les taxis, les rues, les mariages et les boîtes de nuits.

Sulfureuses, elles choquent certains et font rêver d’autres. Leurs paroles sont crues, leurs tenues osées, leur gestuelle suggestive et à forte connotation sexuelle.


Les professionnels de la musique s’insurgent « Ce que nous voyons sur les écrans depuis plus d’un an, c’est tout sauf des œuvres artistiques. Il s’agit de show, de danse, qui visent à séduire et qui nuisent non seulement à l’art égyptien et arabe, mais à tous ceux qui les regardent ...Nous vivons l’ère de la décadence de la chanson arabe, malgré les efforts déployés par les chanteurs et les chanteuses sérieux, car le vidéoclip est devenu récemment d’une grande importance pour la chanson, parfois même il est mis sur un même pied d’égalité que les paroles et la composition musicale ».

 

 Des amateurs de la danse égyptienne et des chorégraphes pensent que les règles de la danse orientale ne sont plus respectées et que cette nouvelle danse qui fait fureur n’est autre qu’un amas de mouvements provocateurs « La danse ne doit pas être utilisée comme moyen de provocation, Ce n’est plus de la danse orientale, si ce genre de mouvements provocants est appelé ainsi ».

Des mères s’indignent. Dans les sociétés arabes, la danse orientale est pratiquée dans les familles à toutes les occasions. Les petites filles à partir de deux trois ans imitent les adultes et dansent spontanément à toutes les fêtes, sans jamais avoir pris de leçons. La danse orientale est un art qui a ses règles. Ces mères pensent que la nouvelle danse qui montre des corps qui bougent dans tous les sens, avec des gestes érotiques s’est éloignée de la danse d’allégresse « Ce n’est plus de l’art, mais plutôt un commerce qui transgresse nos mœurs » affirment ces dernières.

Certaines personnes vont jusqu’à parler de porno-clip et appellent à la censure « On peut voir aujourd’hui une danseuse orientale lancer un album suivi d’un clip dont le but est d’attirer l’attention du public, d’autant plus que le vidéo-clip n’a d’autre but qu’exhiber ses talents de danseuse et de faire de la provocation, notamment parmi les plus jeunes. La censure est donc indispensable, au moins pour contrecarrer ce phénomène ».

Un député islamiste égyptien déclare « ce qui se passe à l’heure actuelle s’oppose à l’islam. Nous ne sommes pas contre l’art, nous nous opposons seulement à ce type de clips qui incitent à la débauche » et un autre ajoute « Je me demande pourquoi les instances chargées de la censure ne font pas leur travail et ne tentent pas de freiner le phénomène ».

Ces clips ne sont ni produits ni diffusés par des chaînes locales et publiques mais seulement par des chaînes privées satellitaires telles Rotana, Mazzica, Melody. Sous de fortes pressions, ces mêmes chaînes ont été contraintes de supprimer un certain nombre de scènes afin de rendre les vidéoclips plus appropriés à la diffusion. Nagla la chanteuse tunisienne fut censurée de plusieurs chaînes arabes et s’est même vue interdire l’entrée au territoire égyptien et Ruby a subit un acharnement visant à la censurer.

Les jeunes par contre ne l’entendent pas de cette oreille ; ils raffolent des Ruby, Nagla, Nancy, Lucy et autres stars voluptueuses. Les filles et mêmes les toutes petites d’à peine trois ans roulent les hanches à la Rouby, donnent des coups de reins à la Nancy et rêvent des tenues de Hayfaa « As-tu regardé la nouvelle danse de Nancy Agram dans son vidéoclip ? Et la tenue de Hayfaa Wehbi ? Celle qui en fait trop c’est bien Nagla, c’est vraiment de la provoc ! ».

Les garçons eux, téléchargent les vidéoclips sur leurs portables et déclarent leur flamme à leurs idoles sur des sites Internet. Ils rouspètent « Les chanteuses arabes ne font rien d’extravagant à comparer avec les clips occidentaux. Comment prétendre alors internationaliser l’art arabe et proclamer une certaine liberté d’expression et de création si nous ne parvenons pas à tolérer ces simples clips qui, à mon avis, ne sont pas si catastrophiques ! Pourtant, la majorité regarde des clips occidentaux beaucoup plus audacieux en cachette ! ».

Des jeunes au chômage souffrent des pressions sociales et de manque de liberté et ces clips les font rêver et les aident à oublier leur quotidien même pour une courte durée.

Pour voir quelques vidéoclips ci-dessous:

Vidéoclip haifa-wehbewawa

Vidéoclip haifa-wehbe-perfo

Vidéoclip rouby-ebqa-qabelny

Vidéoclip nancy-ajram-ah-we-noss

 

 

Des sous-traitants pour la torture

 

 

 

par El Haj Zouaïmia   

 

Que choisir dans les pays arabes et qui choisir ?

ImageCitez-moi un seul élément qui me permet de leur accorder au minimum, le bénéfice du doute. Pour ma part, je ne vois rien sauf un monde de ténèbres, fier de son ignorance et sa régression.

Le comble est que ce sont ces facteurs qui lui paraissent la voie du succès, et il n’hésite pas à en rajouter les doses. Rires... Si cette interrogation, qui émane d’un ex-sénateur républicain de la Caroline du Nord, nous amuse de prime abord, elle a, au moins, le mérite d’illustrer et à merveille, tout le mépris qu’éprouve le monde occidental envers les pays arabes et à leurs dirigeants. Derrière les sourires hypocrites dictés par des impératifs d’intérêt, se dressent, sans ambages, toutes les marques de l’irrespect culturel que portent tous les responsables occidentaux à l’égard de certains de leurs semblables de la rive Sud. En vérité, il n’y a pas de relation d’égal à égal, et on peut dire que c’est la première fois dans l’histoire des relations internationales où la dérive a atteint une sorte de génuflexion politique - si le mot s’y prête - laquelle régit, en partie, une relation comme celle des USA et le Moyen-Orient. La remarque est simple. Le retour à l’ère de l’occupation et de la domestication opérée par l’OTAN ajoutées aux atteintes à la souveraineté, le tout suivi de la violation des symboles et, plus grave, de la dignité, ont fait en sorte à ce que, aujourd’hui, des Etats arabes se sont trouvés aux bas-fonds de la dévalorisation au point d’accepter de tuer leurs propres citoyens, pour plaire à l’administration américaine. Il ne s’agit nullement d’un jeu de mots mais de tout ce qui peut découler de la gravité des propos de Bob Baer, un ancien responsable opérationnel au sein de l’Agence américaine du renseignement (CIA), propos repris par le magazine britannique New Statesman.

Cet agent, qui assura la coordination entre son organisme et les pays du Moyen-Orient, parle de «The Rendition», cette livraison spéciale de prisonniers suspectés de terrorisme, à des pays musulmans connus pour leur grande performance en matière de torture. Baer disait «Si vous voulez un interrogatoire sérieux, vous envoyez le prisonnier en Jordanie. Si vous voulez qu’il soit convenablement torturé, vous l’envoyez en Syrie. Si vous voulez qu’il disparaisse de la surface de la terre ...ne plus jamais le revoir..., vous l’envoyez en Egypte. Les précisions de Baer trouvent, déjà, leur concordance lorsque Amnesty International eut carrément soupçonné de graves complicités ces pays ayant accepté de saper les fondements du droit international. D’autres Etats sont actuellement montrés du doigt dans beaucoup de cas d’exécutions extrajudiciaires, de tortures et de traitements dégradants. La sous-traitance en interrogatoire enclenchée juste après le 11 Septembre, au nom de la guerre contre le terrorisme, repose sur une étroite collaboration scellée entre la CIA et des gouvernements de tortionnaires. Des agents de renseignements américains fournissent donc les questions et c’est aux polices secrètes égyptiennes, marocaines, jordaniennes, yéménites, saoudiennes et pakistanaises de trouver les réponses. Selon certaines sources, l’apport qu’avaient fourni, par exemple, la Jordanie et l’Egypte dans la résolution de cas complexes de prisonniers, fut le summum de la perfection. Les dates divergent sur cet apport, mais les références apparurent clairement dans le discours sur l’état de l’Union de janvier 2003, où George Bush avait fait une déclaration intéressante dans laquelle il prêta réellement à équivoque. Bush disait «En tout, plus de 3.000 suspects terroristes ont été arrêtés dans plusieurs pays.

Beaucoup d’autres, eux, ont connu un sort différent. Disons-le comme ça. Ils ne sont plus un problème pour les Etats-Unis et leurs alliés». Aux dires des spécialistes, les petites révélations apportées par le chef de la Maison-Blanche lors du discours de 2003 risquent de constituer après son départ en 2008, une base d’investigation politico-juridique capable de déboucher sur un scandale gravissime. En tous cas, en attendant l’évolution des situations, le gouvernement du Caire jouit tranquillement d’une compensation annuelle de 415 millions de dollars de la part des Etats-Unis à cause de la guerre en Irak.

Quant à la Jordanie, elle reçoit un remboursement de 150 millions de dollars dans le cadre de ce qui s’appelle l’impact négatif de la crise en Irak sur l’économie jordanienne. Ce n’est pas tout. Les Etats-Unis ont promis encore beaucoup d’aide au duo jordano-égyptien, vu le grand effort qu’il fournit (le duo) afin de consolider un front anti-iranien au sein du monde arabe et ça est un autre volet à ouvrir. Revenons maintenant à la question de la sous-traitance en matière de torture où une tempête vient d’éclater, cette fin de semaine, au sein du Congrès américain au sujet de Maher Arar, un ressortissant canadien d’origine syrienne.

En effet, le président de la commission des Affaires judiciaires, le démocrate Patrick Leahy (sénateur de l’Etat du Vermont), a vivement critiqué le ministre de la Justice Albero Conzales sur le rôle de l’administration américaine dans cette affaire. Leahy somma le ministre d’apporter des réponses sur le cas de cet ingénieur canadien d’origine syrienne et habitant Ottawa.

Pour montrer sa disponibilité, Conzales assura la commission du Sénat de sa pleine collaboration et promit de donner toutes les informations sur le cas de Maher Arar dans un délai d’une semaine et probablement lors d’une conférence de presse. Il faut mentionner que l’affaire débuta un certain 26 septembre de l’année 2002 où Arar Maher, un ressortissant canadien d’origine syrienne, accompagné de sa femme Monia Mazigh, canadienne aussi mais d’origine tunisienne, firent escale à New York en provenance de Tunis via Casablanca. Sur la base de faux renseignements provenant du Canada le liant à Al-Qaïda, le FBI l’arrêta sur-le-champ et après deux semaines d’incarcération, le déporta vers la Syrie dans le cadre de la sous-traitance en interrogatoire. La Syrie, un grand pays, parmi les plus grandes dictatures du monde arabe après l’Irak de Saddam, fit le nécessaire en recevant Maher et en le plaçant dans une cellule souterraine.

Damas crut pouvoir récupérer le Golan au regard de tout ce qu’elle a fait à ce citoyen innocent. Elle infligea à cet ingénieur, durant 10 mois consécutifs, une torture indescriptible. Maher ne meurt pas mais survécut.

Il resta marqué et traumatisé. Aux Etats-Unis comme au Canada, Monia Mazigh, sa femme, alerta toutes les organisations civiles et humanitaires. S’ensuivit alors une protestation généralisée émanant de la FIDH, section américaine, du Centre américain des droits constitutionnels, de l’Organisation mondiale contre la torture et le Centre For Justice and Accountability.

Le gouvernement canadien, légalement responsable, est acculé, il finit par menacer la Syrie en exigeant la libération de son national. La Syrie reconnut enfin qu’elle n’a pas pu trouver un lien entre ce monsieur et Al-Qaïda, mais fit diversion sur le traitement qu’elle a fait subir au prisonnier. Le 3 octobre 2003, le détenu regagna Ottawa et c’est à partir de ce moment qu’une contre-attaque judiciaire et parlementaire fut entamée, ébranlant sur son passage le gouvernement du Canada. En décembre 2006, le chef suprême de la gendarmerie canadienne (équivalent au FBI) est évincé mais avant cette date, soit le 18 septembre 2006, un haut-commissaire, désigné dans le cadre d’une commission d’enquête, déclara, dans un rapport de 1.400 pages, l’innocence du ressortissant canadien. Le gouvernement d’Ottawa accepte de dédommager le prisonnier alors que le processus contre le gouvernement américain est en cours. Maher Arar est toujours interdit d’entrée aux Etats-Unis, acte dénoncé par le sénateur Leahy qui exigea du ministre de la Justice toutes les clarifications nécessaires sur ce cas d’injustice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Islam et Christianisme

 

 

 

Jacques Gervet   

 

1 – Les objectifs d’une connaissance 

Les rapports entre les trois monothéismes sont chargés d’un lourd contentieux. Mieux s’apprécier les uns les autres implique de ce fait quelques précautions qui se résument à la fois à éviter de diaboliser le partenaire ( le christianisme pour sa part, n’a pas été exempt de ce travers ) et à éviter de le convertir malgré lui, en le réduisant à ce qui est en lui le plus proche de ma propre religion. En résumé, cela signifie reconnaître l’autre dans sa pleine complexité, et ainsi nous enrichir de nos points communs, mais aussi, et c’est moins évident, nous enrichir de nos différences, voire de nos oppositions, en considérant à chaque fois l’objectif premier de l’interlocuteur dans le contexte même de cette opposition. Enfin, s’enrichir de nos différences comporte aussi méditer sérieusement l’apport distinctif de ma propre religion (que je préfère à l’autre puisque c’est la mienne) et tenter d’utiliser la richesse propre de sa spécificité.

Fraternité

Sur de telles bases, les points de rencontre peuvent êtres recherchés sur trois plans :

-Un niveau Pratique. Outre même la généralité des préceptes Noachiques adressés à tous les humains, l’adoration d’un Dieu compatissant, aimant et miséricordieux invite à une solidarité entre tous les hommes, et ce précepte permet une palette infinie de collaborations et de recherches en commun, en commun aussi d’ailleurs avec des religions non monothéistes, et avec des rationalismes athées : la compassion est aussi vertu bouddhiste, la solidarité peut être athée.

·         Un niveau mystique, en une méditation ou une prière commune au Dieu unique . Des initiatives diverses existent qui combinent une pleine compréhension et une différence affirmée, et aussi des destins singuliers de personnes se reconnaissant dépendantes de plusieurs traditions religieuses. Edith Stein (Thérèse Bénédicte de la Croix), carmélite d’origine juive a voulu rester proche de son judaïsme originel qu’elle entend pour sa part transcender dans son engagement chrétien ; en Égypte des groupes de prière communs ont existé entre chrétiens et musulmans à l’occasion des fêtes religieuses des uns ou des autres. Le musulman distingue à cet égard la prière, communautaire, récitée publiquement dans une mosquée, et la prière personnelle de chaque croyant, qui n’a pas d’exigence de lieu et peut donc parfaitement se partager avec d’autres croyants . . Mais la compréhension respectueuse de la mystique de l’Autre peut être reçue comme un appel au sein de ma propre religion. Ainsi Charles de Foucauld écrivait le 8/07/1901lors d’un voyage en Palestine : : « La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu me fit entrevoir quelque chose de plus grand que les occupations actuelles. ..Je me suis mis à étudier l’Islam et, la gràce de Dieu agissant, la foi de mon enfance s’est trouvée raffermie et renouvelée »

·         Près de 60ans plus tard, en pleine guerre d’Algérie, des officiers de l’ALN écrivaient à des petits frères de Jésus installés dans les AURès : « Chers frères…la grandeur de votre mission n’échappe à aucun d’entre nous… Pour retrouver l’amitié et la confiance des peuples musulmans, la France n’a pas besoin de l’habileté des conquérants, mais des qualités de cœur… Il faudra y mêler une « parcelle d’amour ». Pas celle de Lyautey, mais celle du père de Foucauld », et c’est signé «  des frères »

·         La limite de la prière commune interconfessionnelle est sans doute qu’une attitude de prière approfondie s’appuie aussi sur des considérations dogmatiques propres à chaque confession, qui ne peuvent donc qu’être différentes : ainsi ,Édith Stein continue à être refusée et traitée d’apostate par le Judaïsme Croyant ; les Amitiés judéo-chrétiennes ont à l’occasion tenté de sacraliser une entreprise politique sioniste, que le chrétien ne peut certes pas considérer comme sacrée ; le chrétien lui-même peut difficilement prier Dieu sans faire une référence, au moins implicite, à un Dieu incarné et rédempteur dont les autres monothéismes refusent absolument l’idée. Le musulman unit sa prière à une affirmation du caractère prophétique de Mohammed. Dès lors, une attitude mystique commune aux divers monothéismes peut faire une référence générale à un Dieu créateur et compatissant, mais à mon sens, n’adopte que partiellement les attitudes qui basent une démarche complète de Prière. Une méditation sur la rencontre, que chacun conduit à partir de ses conceptions propres,et en lien avec sa prière propre, correspond peut-être mieux à la réalité profonde d’une attitude mystique. qu’une prière commune considérant les formes générale de la présence divine. On peut noter ainsi que la formulation du Pater peut aussi convenir à un Musulman, voire que des groupes interconfessionnels ont mis au point des formulations adaptées ,mais par exemple toute référence au sacrifice et a fortiori à la divinité du Christ est pour un non chrétien dépourvue de sens, voire blasphématoireLes trois Mystères chrétiens fondateurs( Trinité, Incarnation et Rédemption) sont impostures pour les autres monothéismes, et donc, pour un chrétien, cette opposition invite à approfondir leur signification

·         enfin un niveau théologique où s’analyseraient points communs et différences, et, si possible, s ‘élaboreraient des positions communes sur des questions qui ne relèvent pas spécifiquement d’une affirmation dogmatique mais sont pourtant des enjeux pour des théologiens : problèmes de la Guerre, de la misère dans le monde, de la violence entre les Humains, du statut de la famille et de la sexualité, bref des problèmes de la société Humaine dont tout Croyant peut avoir à parler. Il est clair pourtant qu’un dialogue théologique ne saurait en tout cas s’identifier à une tentative de conversion. Sa justification repose sur la conviction qu’un effort de compréhension, s’il est conduit en vérité, ne peut qu’accroître la foi propre de chacun : c’est aussi à partir des propres principes théologiques de l’Autre que je puis tenter de comprendre ses diverses opinions, et même celles qui s’opposent aux miennes. Il ne s’agit pas pour autant de renoncer à l’objectif ultime d’une unification des trois monothéismes, mais nul n’en peut connaître l’heure, et ce n’est qu’au prix d’une véritable écoute mutuelle que l’Esprit divin pourra peut-être rapprocher les conceptions religieuses de tous les hommes de bonne foi.

2- Une brève histoire de l’Islam.

Comme toute religion, l’Islam est né dans un contexte social déterminé, celui de la société arabe du 6 ème siècle de notre ère; il s’agit dune société très marquée parce qu’on appelle l’esprit bédouin : importance de l’élevage, de l’appartenance tribale et des longues caravanes, notamment de chameaux, qui assurent les échanges commerciaux à travers le désert d’Arabie et dans tout le Proche Orient, sans toujours refuser l’attaque et le pillage des caravanes de tribus ennemies. Il existe aussi, dans l’ Arabie préislamique, de belles traditions de poésie dans une langue raffinée, et des villes anciennes comme la Mecque, qui sont des villes commerçantes, notables ; en Arabie du Sud, l’actuel Yemen et le sultanat d’Oman, une culture urbaine et maritime, commerce depuis des siècles, voire peut-être des millénaires, avec l’Éthiopie et avec l’Inde. Les bédouins d’alors gardent pourtant une rudesse de mœurs et admettent un certain infanticide des filles, un des traits que Mohammed combattra énergiquement. La Religion dominante est une forme de paganisme mitigé, à forte connotation tribale.

·         Mohammed nait vers 570 à la Mecque d’une famille autrefois puissante, mais appauvrie depuis lors. C’est donc à peu près un contemporain de Clovis.

·         Conducteur de caravane, au profit d’une riche veuve ( Khadidja) qu’il en vient à épouser, il entre un jour dans une grotte et y a une vision, qu’il identifie à l’ange Gabriel, et celui-ci lui ordonne de commencer à prêcher la parole de Dieu

·         Après quelques conversions au sein de sa famille et de sa tribu, il se heurte à l’opposition majoritaire des mecquois, et, pour éviter la persécution de la nouvelle communauté religieuse, quitte la Mecque en 622, avec ses premiers disciples, pour se réfugier dans la ville et l’oasis de Yatrib, qui deviendra Médine, c’est à dire « la Ville » par excellence. Cet événement constitue l’Hégire, point de départ du calendrier musulman, à peu près contemporain, en France, de l’avènement du roi Dagobert. Là Mohammed, rapidement reconnu comme chef, religieux et politique, administre la ville et, instruit par plusieurs « visions » successives , énonce les diverses règles de vie qui plus tard constitueront le Coran. Après divers contacts, parfois guerriers, les musulmans recouvrent la Mecque et en font leur capitale.

·         La conversion s’étend progressivement à la plupart des terres Arabes, que ce soit par campagnes missionnaires ou par combats. A la mort de Mohammed, en 632, la plus grande part de l’Arabie est unifiée par la communauté musulmane.

·         Plusieurs Commandeurs des Croyants, ou Khalifes, seront désignés pour assurer la succession de Mohammed; tout d’abord les quatre khalifes dits « bien guidés »   par la tradition musulmane, Abou bekr, Omar, Othman et Ali, puis Moawia qui initiera le pouvoir héréditaire de la dynastie des Ommeyades. Toute cette première période comporte à la fois des actes religieux fondateurs, comme la rédaction du Coran, sous le khalifat d’Othman d’après les traditions orales retenues par les auditeurs de Mohammed ou des prises de notes faites sur le vif, et une expansion militaire qui comporte rapidement la conquête de la Syrie, de l’Irak, de l’Égypte, et, plus tardivement, vers l’est, de l’Iran, et, vers l’ouest, du Maghreb puis de l’Espagne, conquise en 711.

·         Je ne veux pas davantage insister sur l’histoire du monde musulman : la dynastie khalifale des Ommeyades, dont la capitale est Damas, sera remplacée par celle des Abbassides, qui installent leur capitale à Bagdad. Ce remplacement entraine la fuite d’un prince Ommeyade qui traversera une bonne partie du monde musulman d’alors pour fonder une nouvelle dynastie Ommeyade qui règnera plus

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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 09:36

Aîd el adha moubarak.

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La belle et les ennuques.
Par
Biju


Tant que la blogosphére tunisienne , cette blaguesphére frileuse et ridicule dans sa majorité n’aurait pas fait son examen de conscience ,quand à la nécessité d’être une véritable alternative aux canaux de désinformation à volonté de la dictature, plus que toute autre chose, se libérer de cette terreur diffuse d’un régime tyrannique qui maîtrise l’art du mensonge et les techniques du simulacre et de la dissimulation qui ne cessent de fausser la réalité , la vérité ,et à déformer la vie normale d’un peuple  désarmé sur tous les plans,un peuple brisé de mutisme et de terreur.Une alternative pas nécessairement en politique ou par un engagement  militant , mais par une prospection éthique à garder les pieds sur terre  et qu’entre deux ou trois virée nombriliste et narcissique  , ouvrir les yeux sur le quotidien de la société tunisienne , appeler un chat un chat  et prétendre un tant soi peu à ne pas être  dans la manipulation de l’outil indifférent au sort calamiteux de la Tunisie , cela s’appelle le respect de soi et des autres , cela s’appelle faire partie de l’humanité et de l’histoire, que des monstruosité comme la dictature de ben Ali ne cessent de dévoyer , cela s’appelle refuser  la dégénérescence de la majorité  des tunisiens qui doivent être honnêtement informés  pour valoriser leur déterminisme et leur libre choix.La plus part des sujets de cette blogosphére prêtent à sourire jaune tellement leur acceptation et leur soumission  au terrorisme intellectuel imposé par la dictature   conditionne sa misérable vie, tellement le déshonneur  à purgé son esprit de tout caractère  et de toute envie juvénile , à tué en elle  à un âge où tout est possible et encore plus l’espoir de  la vie et la liberté , toute forme de désirs et d’envie , les internautes de cette blogosphére tunisienne dans leur majorité survivent  dans ce couloir de la mort  contrôlé par une main de fer par l’ATI, et tuent le temps  dans les compromissions et les dénis.Si on  ne prends pas de risques pour améliorer son sort et celui de son pays quand on est jeune , pour son honneur et sa dignité d’être humain , on vomit tout simplement sur la tourbe  de ses parents et ancêtres, oui dans notre situation ne rien faire pour la Tunisie  ,pour un jeune surtout , c’est d’une certaine façon accepter  la domination de la dictature , c’est humain peut-être , cela obéit à de basses considérations matérielles ou autres , mais dans ce cas , il faut assumer ses choix et le dire,ne pas faire croire au monde entier que tout va bien dans le meilleur des monde en Tunisie ,et que les sites censurés  et les opposants démocratiques sont hors sujet,  ne pas faire le morpion et nager entre deux , plus que tout l’hypocrisie ambiante tue notre pays , nous tue et  dope la folie de ben Ali, c’est le faux et l’usage du faux  par manque de courage qui au jour d’aujourd’hui définissent le mieux cette blagosphére tunisienne.Quand on détourne les yeux sur le sort des emmurés et qu’on tortille du derche devant la splendide démocratie libanaise , française ou autre,  vécues par une lâche et stupide procuration , quand on critique  les extrêmes droite qui salissent l’occident libre et démocratique  ,et que pendant on est indifférent au fait atroce que ben ALI et sa maffia pissent  sur nos mémoires et nos intimes convictions , quand on disserte sur l’avenir des papous , sur la masturbation , l’épilation ,la femme ou le mari  cocus, le dernier clip de MADONNA , la cabale ect.. et que dans notre propre demeure commune , cette Tunisie spoliée par toutes les mafias, quand le tourisme sexuel , le sida , la « hargua »  emportent des dizaines de jeunes avec la bénédiction amourachée de cette dictature, quand on détourne les yeux  devant le calvaire d’un martyr vivant comme Mohammed ABBOU, l’incroyable galère et non vie de tunisiens comme JEBALI , ZOUARI, M.MAZRZOUKI, MANAÏ et des centaines d’autres, on n’est pas crédible ,on est tout simplement un bouffe-merde, c’est bien la réalité de la majorité du net tunisien hors les sites interdits , quand on est dans cette désespérance et qu’on accepte ce genre de prostitution inhumaine sans  foncer dans les barbelés des interdits et essayer de se libérer du carcan officiel , le mieux c’est de fermer sa gueule , souvent  ça aide énormément .  Le pire de cet attentisme c’est l’obligation feutrée de servir la tyrannie  bêtement avec le zèle des convertis et des lâches.La vie tout simplement normale d’une nation réduite à sa plus simple expression et ce , dans tous les domaines, encore une fois  sur le plan politique, social , humain , culturel, philosophique , sur le plan des mœurs, des libertés publiques et citoyennes, des libertés tout court, celles de s’habiller, de rêver , d’écrire, de chanter , de penser, de critiquer , de papoter, de voyager , de marginaliser , de se marginaliser, de se noyer dedans la masse , de s’extraire de la masse, de vivre en ermite , de choisir sa religion, sa résidence , son maire, son député , son président, cette saloperie de dictature vampirise tout  et même l’os laissé à cette blogosphére tunisienne de la honte est complètement vidé de sa moelle ,une blogosphére pipée et piégée , c’est pour te dire combien ces cons et ces connes de cette nécrose blogosphérique tunisienne qui se la péte  dans des parades obscènes  sont sous sédatifs et complètement lobotomisés, c’est vol au dessus d’un nid de pigeons hybrides .Tant que toutes ces choses simples, prises en otages par la dictature, dans le tourbillon sans fin d’un système liberticide qui  pervertisse tout ce qui fait  la Tunisie dans ses profondeurs , ses affirmations et ses aspirations,ne sont pas publiés , discutés , valorisés  sans aucune entrave, tous ceux qui ont le ou les moyens de créer l’alternative et de tenir un autre discours ,que le penser soporifique imposé par la violence et la haine d’un poignée d’assassins et de spéculateurs , par la maffia ben Ali et ses sicaires,tous ceux qui ont ces moyens et qui ne le font pas sont indignes de mériter leur propre humanité, nous autres tunisiens nous n’avons pas le droit  de faire comme si  tout est normal en Tunisie et que nous sommes normaux , et l’Internet plus que toute autre technologie  peut à une échelle universelle dénoncer cette anormalité , et surtout  être dans la vérité et l’altérité, pas dans l’opacité  comme c’est le cas aujourd’hui.

La blogosphére tunisienne  ce n’est ni plus ni moins  que du vent , un vent  mauvais,elle porte en elle  sa propre déchéance et ce n’est pas demain la veille qu’elle fera son examen de conscience , tellement la mentalité  de la majorité  de ses squatters s’est pervertie dans la suffisance et la médiocrité.Il faut comprendre  bon sang de bon sang c’est tellement évident et clair, que ceux qui dépouillent et tyrannisent la Tunisie se servent de cette blogosphére comme toute autre forme de technologie ou culture comme un rideau de fumée ?une feuille de vigne  pour marginaliser les forces  crédibles dans ces domaines, ceux   qui posent les vrais problèmes de la Tunisie , comme les libertés publiques, le droit , la justice  et tout le reste , ce reste qui fait la vraie vie, il faut comprendre dans leur simplisme, ben Ali et sa bande sont dans le rapport de force violent et haineux en permanence ,  que ces gens là seront toujours une poignée tant que leur légitimité n’est pas prouvée et plébiscitée par les tunisiens dans leur majorité et , même dans ce cas,le droit d’être différent dans un pays où règne le droit, la loi et la justice doit être garanti.En bref,ceux qui ont même une infime possibilité de changer les choses et qui ne le font pas , encombrent,et dénigrent par leur cécité abyssale l’obligation de tout être humain, de tout tunisien  à vivre libre.C’est aussi simple que cela la blogosphére tunisienne , moi j’ai horreur de la diplomatie de certains , de prendre des gants et de la jouer  tolérant  et calculateur,je dis que cette blogosphére  tunisienne merdique, autorisée et cucu la praline, comme d’ailleurs l’opposition tunisienne de papa, celle des compromissions et des pré pendes,  seront dans la durée insignifiantes ,et sont aujourd’hui un énorme boulet ; bien sûr  quand sonnera l’heure  de la débâcle pour l’immonde ben Ali , on verra apparaître les résistants de la vingt-cinquième heures , mais c’est sans importance , l’essentiel c’est que  les choses soient dites clairement, car l’état de cette blogosphére  non censurée  grâce à ses salamalecs et ses courbettes est une partie de rigolade pour prétentieux et autres bourgeois décadents et égoïstes qui sont de véritables vecteurs des choix  de la dictature,sans s’en rendre compte peut-être, mais la cécité du cœur et de l’esprit n’est pas une excuse,la connerie n’est pas une excuse, en fait les administrateurs frustrés de cette blaguosphére ne sont que des entités périphériques qui même en bavant hors des réalités tunisiennes, gérés en sous main par la menace comme des bordels de campagne pour le repos de quelques officines, sont le chiffon rouge qu’on agite devant le museau ensanglanté du taureau qui, on le sait depuis toujours, a une chance sur un million de s’en tirer , bref la plus part de ces blogs ne sont qu’un outil rouillé qui absolument ne sert  à rien d’autre qu’à combler les ego démesurés de quelques tocards , toujours les mêmes  qui tournent en rang  et s’épuisent dans des commentaires foireux pour donner l’illusion du nombre, rien de comparable avec les milliers de lecteurs et d’intervenants des sites censurés ,et  cela prouve qu’en Tunisie , il y’a une demande à la mobilisation et à l’engagement   .La blogosphére tunisienne dans sa grande majorité malheureusement  n’a pas d’identité propre  , c'est-à-dire  de singularité .Dans la très grande majorité des blogs le dérisoire et le superflu dominent , c’est une blogosphére schizophrène  qui vit dans la confusion et le mal être loin de toute réalité, toute évidence  qui  dénonce et explique  pragmatiquement l’état  profond du pays , tout dans cette blogoshére autorisée par la censure de ben Ali coule  d’artifice .Pour  un œil extérieur lire les blogs tunisiens qui pullulent généralement dans l’indigeste est plus que pénible  , car ils ne différent point de la logorrhées officielle  , une propagande toute investie à donner une image  dévoyée de la Tunisie de ben Ali , des fois une image idéalisée  et soporifique qui n’existe que dans  les discours  d’une pensée militante d’un parti unique  liberticide, oui la plus part d’entre eux sont des étalages d’affects soumis à une règle du jeu qui fait d’eux , malgré eux ? Des VRP de la coercition générale qui appauvrit la société tunisienne dans tous les domaines,et surtout celui de l’esprit et de la citoyenneté qui sont autre chose que l’abject contenu de cette blogosphére, une pâle copie de celle des pays démocratiques qui elles, elles ont conquis leur éthique ,leur crédibilité  et le droit d’être ce qu’elles sont   par la rigueur, l’exigence de leurs droits, tous leurs droits  face aux pouvoirs, n’importe lesquels, pouvoirs  qui par nature sont limitatifs et censeurs.La plus part des blogueurs autorisés en Tunisie ne sont ni dans l’histoire ,ni dans  le vécu, ni dans le désir qui font réellement leur condition de tunisiens , ils vivent par procuration et en marginaux  des situations étrangères qui sont antinomiques à la leur sous la dictature de ben Ali ,ils sont incapables et impuissants de forcer leur nature soumise, de conquérir leur être libre , de véhiculer et être des vecteurs des sentiments ,des intimes convictions qui traversent la société tunisienne moderne , les préoccupations des leurs et celles de leurs réalités quotidiennes  ,la blogosphére tunisienne  dans sa rationalité doit être  enfin de compte comme lire  le journal intime  de n’importe quel ressortissant de n’importe quel pays  qui vit d’une façon « normale » , lire les blogs  chinois  , égyptiens , Africains,sud-américain, libanais dans leur majorité, c’est  comprendre  en profondeur et sans artifice la profondeur  et le vécu quotidien  de ces pays  et leurs habitants , dans ce cas  bien précis  ceux des chinois et des égyptiens et tous les autres qui parlent le mieux  de leur société en parlant même de leur vie intime  sont forcément dans l’obligation de transparence politique et dans l’obligation de choisir leur camp   , on est pour le centralisme démocratique chinois et on argumente , on est pour  la dictature de Moubarak  et on argumente , le contraire est aussi plus que vrai , on ne peut dans ces cas précis et des  pays  concernés par les problèmes liés aux  libertés et les droits civiques comme la Tunisie  faire comme si cela n’existait pas  , fermer les yeux et parler d’autres choses .En Tunisie on  n’est même plus  dans la situation d’être pour ou contre , on est dans l’obligation de la simple vérité  c'est-à-dire  dans le domaine de la liberté de penser , de s’exprimer , dans celui de la liberté tout court d’être, un être humain,on n’est même plus dans la situation   de choisir d’être pour ou contre un système  verrouillé à tous les niveaux ,il n’y’a plus aucun choix , il y’ a une ordonnance diabolique et mortifère qui réduit le pays  à la seule et unique vision d’un tyran  fou et furieux, et  ces blogs autorisés   se sont,  sans s’apercevoir peut-être des fois et des fois constants, aussi pris au jeu, perdus  dans une stratégie dictatoriale  qui leur fait prendre des lanternes pour des vessies et midi pour quatorze heures ,mais cela n’excuse en rien leur suffisance  et leur moralité opportuniste,  bien entendu ,ils ont le moyen de sortir honnêtement de leur désespérance et de leur inutilité chronique, et il ne tient qu’à eux  d’être dans l’éthique et la déontologie .Les seuls valables  pour la blogosphére tunisienne  sont la liberté de ton , de penser , de diffuser , de critiquer et d’être sujet à critiques pour installer le débat  dans le pluralisme  et le déterminisme de tout un chacun, tout le reste tient  l'absurde , de la médiocrité et en l’état actuel , l’état des lieux de cette blogosphére tunisienne il faut se rendre à l’évidence et reconnaître que le terrorisme des crétins  vient s’ajouter à celui  du pouvoir policier.Oui, il y’a plusieurs exemple de personnes sur le net tunisien qui ne se résoudrent pas à l’impuissance , pour moi personnellement  que je sois ou pas en accord avec leur discours ,j’ai le choix de les lire ou pas, pour moi l’essentiel qui me rassure,  c’est leur vocation  à ne pas renoncer à être libre, à ne pas abandonner la Tunisie à la dégénérescence , car oui se résoudre à l’uniformisation des idées  c’est accepter l’esclavagisme, se résoudre au bricolage  et au mutisme des lâches , c’est choisir d’abandonner son passé , son présent et son avenir, oui monsieur/dame sa vie à une maffia qui pille le pays et les tunisiens les doigts dans le nez .Je possède un site , et deux blogs interdits en Tunisie ,ce sont des centaines , voire des milliers de lecteurs, beaucoup d’amis qui vivent en Tunisie alimentent ma petite « blogosphére » et mon forum  d’articles et de nouvelles , ce qui limite leurs risques individuels de s’éditer  à partir  de la camisole de ben Ali,beaucoup d’autres le font je le sais pour d’autres sites interdits et c’est heureux , c’est formidable d’entretenir le feu,  ce moyen les fait participer  chacun selon  sa singularité à la nécessaire et vitale résistance pour les droits civiques, bien avant les droits politiques , car la liberté d’écrire , de communiquer , de penser sont des droits civiques aussi importants que le pain ,alors de cet exemple rien n’empêche nos internautes tunisiens de Agab Izzamen d’adresser leurs réflexions et leurs écrits aux sites de l’opposition à la dictature  tout en continuant leurs défilés narcissiques , cette  jouvence de tous les ratés , malheureusement la plus part d’entre eux, et il y’a encombrement dans le domaine, n’ont choisi que d’être des spectateurs moroses et subjectifs de leur propre vie , à la très grande satisfaction du régime d’ailleurs , voilà messieurs , dames,   c’est le contrôle et l‘épuisement du génie tunisien par la médiocratie , et ce crime là n’est pas du seul fait de la dictature , elle réussit pour beaucoup grâce à la connerie de certains tunisiens  qui lui  servent de  placebo et de nirvana .Faire la distinction entre "parler la politique" , "faire la politique" et parler comme le font tous ces esclaves des virées nocturnes , de la performance sexuelle , des histoires des ménages ect…en Tunisie,c'est de la pure masturbation intellectuelle ,c’est  le genre d'argumentaires creux et vides pour occuper le néant qui fait marcher les gogos , tout est politique chez nous ,il ne peut en être autrement dans un pays limité  à « bouffer et fermer sa gueule » et c’est bien le pouvoir illégitime qui impose aux nettoyens et autres blogueurs comme à  la population  tunisienne dans son ensemble cette contrainte psychologique , psychique et ce postulat, en Tunisie parler d’une façon claire , pragmatique , lucide et sans aucune compromission même de ses états d'âme , ses intimes convictions , ses désirs ect… c'est déjà Bourg Irroumi directe ,c’est forcément contester l’arbitraire d’une barbarie sans nom qui domine et exploite le pays à mort, alors faire ou parler de politique cela n'a aucun sens dans notre pays si on se limite aux règles  honteuses de ben Ali et ses sbires, et dans un cas comme dans un autre ,même  si tu te soumets  à leurs diktats, on le fait à ta place et dans le moule du seul politiquement autorisé, dans le poulailler de ce grand rassemblement des soi-disant deux millions d'encartés , parler de politique chez nous c'est ou bien faire de l'autisme ou alors se suicider , et d'ailleurs parler de politique en Tunisie, parler vrai et trancher dans le palpable dans cette taule à ciel ouvert ,c'est forcément en faire , forcément, la politique a tellement été décrédibilisée et aseptisée par un pouvoir totalitaire et par des gisants genre "après moi l'enfer" , je m"en fous des autres" genre les blogueurs tunisiens qui mettent en place un hit parade des copains et des coquins ect...Pour les guguss qui reprochent à certains comme moi qui en parlent parce qu'il y'a le confort à l'étranger ect... toujours la même rengaine , la plus part des "opposants " tunisiens au bled ou ailleurs sont répertoriés par le régime ,la plus part rentrent régulièrement en Tunisie et c'est chaque fois comme si c'était la dernière ,alors il ne faut pas justifier sa suffisance et sa lâcheté par ce soi-disant confort des supposés planqués à l'étranger qui critiquent à tout va , désormais ça ne marche plus.Et que dire des centaines de prisonniers politiques , et des martyrs vivants comme SI ABBOU et toute sa famille? Voilà que réclamer le minimum de droit humain c'est chercher la polémique et le conflit avec un système biaisé que ce soit au niveau des appareils de l'état ou pire encore au niveau du net , où certains pleurnichent parce que leurs blogs risquent d'être bloqués , tendis que d'autres tunisiens crèvent corps et âmes et biens ,c'est triste et c'est obscène , c'est cette frilosité qui à mon avis est une forme de confort , mais un confort sans d'autres horizons que les pâturages permis par les cyberflics , et si c'est cela la raison d'être de la blogsphére ou du net tunisien , autant qu'ils crèvent de leur belle mort.

Tant d'unanimisme  qui conditionne cette blogosphére autorisée me laisse pantois , en fait j'ai l'impression que certains blogueurs tunisiens croient que le net tunisien vit une situation normale , or nous vivons ,que certains le veuille ou non, une situation extrême , une situation de guerre civile au niveau de la culture en générale , de l'information et de la dynamique médiatique,  c'est le calme plat de l'esclavagisme conquérant ,et nous tournons en rond , tous vos blogs à la mord moi le noeud qu'ils soient génériques , musicaux , intimistes ou n'importe quoi...tiennent à un poil de cul qui frise d'un milicien de l'ATI , c'est un état d'urgence où il vous faudra un jour plonger si vous ne voulez pas disparaître ,il n'y'a que l'authenticité et la vérité qui paient , tout le reste c'est du domaine de la forfaiture et c'est une question de pragmatisme que de reconnaître cela , des jeunes tunisiens avaient connus la torture les pénitenciers et même la mort, comme Z.YAHYAOUI , d'autres sont encore dans les oubliettes pour avoir seulement voulu écouter une autre musique que celle sur laquelle la dictature vous fait danser , plutôt crever de faim que de survivre de l'aumône .Mendiants de ses propres droits et dignes et fiers, c'est une vue de l'esprit puérile.Pour pouvoir étaler ses états d'âme ,ses intimes convictions égoïstes librement dans notre maffia land et pour que cela soit "normal" il faut que les priorités , tout ce qui a trait à la vie publique et à la liberté d'expression , que certains cons dénoncent comme de l'intellectualisme soit aussi normal dans le quotidien et l'acte citoyen , je vous envie de vivre dans la certitudes de cette communauté blogosphérique plus que matée , conditionnée à certaines lignes rouges à ne pas dépasser sous peine de disparaître , en fait la vraie vie ,c'est à dire la raison d'être du net tunisien mono posé se trouve dans le dépassement de cette ligne rouge que des censeurs, des liberticides vous ont inculqué comme de l'autocensure , les mots en Tunisie n'ont plus de sens "autocensure" veut dire dans notre beau pays :baisser son froc et être son propre flic , je suis persuadé que les vrais cyberflics tunisiens sont au chômedu grâce aux frileux et aux oies blanches du Colisée qui bâtissent des châteaux en Espagne avec leur suffisance , ce sont ces gens là qui sont des intrus et des thuriféraires, je vous envie vos certitudes pourtant je sais qu'elles sont un maillon de la chaîne qui garrotte toute la pensée tunisienne alternative , pour ce qui est de cette pensée alternative, dites le vous bien une bonne fois pour toute et arrêter de tirer des plans sur la comète indifférence et soumission, elle ne peut être que dans le fait politique , culturel , dans l'engagement des idées ,car c'est elle seule qui sera garante de la démesure , de la liberté et même de l'honneur de la blogosphére qui est appelé à servir et non pas à se servir dans une débauche narcissique et médiocrate , nihiliste , inutile , inefficace et qui ne sert à rien , pensez aux frères chinois , cubains et des milliers d'autres qui sont fusillés pour le seul motif de crier leur haine de la mort sur la toile , pensez à eux sous le joug des assassins , la dictature tunisienne , elle aussi tue les tunisiens mais d'une façon plus subtile ,pensez seulement à la vie et la mort de Z.Y et à SI ABBOU et son texte sur le net , pensez-y très fort ,cela peut sauver votre conscience à défaut de votre vie de moutons.Il est vrai que chez nous les courageux ne courent pas les rues , ceux qui crient et se soumettent  à la communauté de cette blogsphére merdique n'ont rien à voir avec les bouges tunisiens.Une blogosphére digne de ce nom dans le marasme et le marigot tunisien ne peut prétendre à être qu'un contre pouvoir tout simplement en se collant aux seules vérités  qui définissent la Tunisie de ben Ali , sans militer même , sans même faire de la politique,rester dans la rigueur  sans aucune forme de pathos, la rigueur qui est la vérité absolue,  ce sont ses fondements qui sont l'expression institutionnelle et législatifs des libertés , toutes les libertés , même celle de parler des faux cils et de la mode sans aucune limite .Applaudir  des faux classements , de fausses conférences , créer  des chimères et donner une fausse image  du WEB tunisien , ce n’est ni plus ni moins qu’ une flagornerie de plus pour un agréeur qui péte plus haut que ses talons aiguilles, ben Ali et  sa saloperie d’ATI , qui péte plus haut que son derche à croire qu'il est accepté par  l’opinion tunisienne,le dictateur sait et nous savons tous en cet état des choses, où le vice a depuis longtemps terrassé la vertu , que le seul deal  passé  avec la dictature tunisienne qui fait force de loi  dans le net tunisien ,  'est une sorte de langage codé pour quelques initiés dans une blogshére hystérique qui tourne en rond, ad libitum dans sa marginalité; qu'elle parle mode , de l'air du temps ou de tourisme ,elle verrouille tout au verbiage autorisé et bien céans.Sous les sunlights et le sable, l'horreur et la misère , cela elle n'en n'a rien à foutre de l’essentiel et ceux qui en parlent ,elle les désigne comme intellectuels dépassés et aigris , ce genre de procès staliniens vont bien et répondent parfaitement à la stratégie du régime illégitime.Le net a pour raison d'être de rapprocher les Hommes des Hommes, pas de cultiver un délire communautariste et encore une fois servir d'alibi au zélateurs du "miracle tunisien" qui affirment à la face du monde que les tunisiens sont d'excellents consommateurs dans tous les domaines, à commencer par l'information ; le net et la culture tunisienne autorisés  aujourd’hui sont une arme redoutable entre les mains de ben Ali , ce sont des bastions à conquérir absolument par les démocrates, si le Web tunisien aujourd’hui autorisé , s'ils n'a aucun engagement politique ni même son expression sociétale, c'est tout simplement parce que la politique du régime est parfaite , nous savons tous que la répression de la dictature fait des ravages aussi sur le net tunisien et que ce dernier ne représente pas grand-chose s'il choisit de vivoter dans l'illusion qu'on peut vivre sa vie même dans les forges de l'enfer.
Oui j’envie les certitudes aliénés de ces blogueurs tunisiens autorisés et qui sont  d’une certaine façon la voix de leur maître, qu’il tire les fils dans l’ombre ne change pas grand-chose à l’ignominie  qui signe leurs brevets, je m’autorise  à les inviter d’essayer le doute ce n'est pas si mal, c'est vrai ce n'est pas de tout repos, mais ça permet d'avancer.

 

PS 1:J’avais écris cet article au début du mois après quelques passes d’armes avec quelques blogueurs tunisiens, aujourd’hui le 19 décembre , je viens d’apprendre que quelques blogs viennent d’être censurés , la blogosphére tunisienne doit dans son ensemble attaquer de front la censure , rien que pour tester  la loi du nombre et si cette censure peut sévir contre des dizaines  et des vagues blogs qui se ressuscitent en permanence , je crois qu’en fin de compte et  sur des attaques coordonnées et soutenues , l’ATI ne tiendra pas le coup et  donnera au monde  entier une image  parfaite de la dictature tunisienne, et de l’agonie de l’esprit et du génie tunisien.

PS 2 : Je viens de lire sur le Tunisnews daté du 20 décembre  un texte d’un des blogueurs tunisiens qui pleurniche  parce que ben Ali et ses services ont bloqué et censuré son site , il s’agit de FALSAFA et son texte  avait pour titre « j’aime ben Ali » , ce texte d’une pauvreté et d’un misérabilisme  qui fait dans l’éloge du prince comme d’autre dans l’application pratique de sa folie , est un hymne à l’horreur , à UBU , une déclaration passionnelle à ben Ali  décrit par ce con de FALSAFA  comme la crème de la pensée politique , sociale , culturelle et humaine d’une Tunisie merdique sans lui, une adhésion à sa stratégie de la terreur , de l’éradication , un vomi sur la mémoire de tous ces tunisiens morts ou qui continuent de mourir dans les mouroirs de ben Ali.

Moi je conseillerais à ce con  fini à l’urine de FALSAFA, qui est un juriste  de Tunis à ce qu’il paraît, juristes ? Les seuls que je connais et que je respecte sont dans la lignée de Mohammed Abbou, Hosni, Nasraoui ect..je lui conseillerais donc ,à ce con de FALSAFA, de réécrire son texte avec un nouveau titre « j’aime bien Ali , ben Ali m’ignore et pis il m’a mis une datte ».Je me demande  quand viendra le jour où ,ces abrutis de la blogsphére tunisienne  qui font leur streep-teese sur la toile autorisée par l’ATI, comprendront que dans la toile d’araignée de ben Ali , l’internaute ne peut que se battre, lutter, exiger ses droits et ses libertés  ,c’est à dire être CONTRE la dictature et lui contester toute légitimité, ou alors fermer sa gueule , continuer à se prosterner en ennuques devant son bocal à sexe plongé dans le formol, car même être POUR ben Ali avec tout le zèle  d’un FALSAFA ou d’un ridicule MOUWATEN TOUNSI ,cela n’empêchera pas ce vicieux  et ce psychopathe de dictateur, ce maudit Zinétron de torturer et de réprimer juste pour le plaisir , même ses plus intimes esclaves et bonnes  à tout faire, comme ces cons qui nous la racontent  que ben Ali n’est pour rien dans la merde qui engloutit notre pays , que c’est la faute de son entourage et patati et patata , alors que nous savons tous que c’est lui le boss , le maître d’oeuvre de cette dictature , ne serais ce que par son illégitimité.En fait à bien voir les choses , c’est ben Ali qui a toujours été clair  avec son esprit malade  et sa saloperie chronique ,il a toujours dit haut et fort à tous ces cons  genre  CHARFI , FALSAFA , MOUWATEN TOUNSI :BANDES DE CONS ,VOUS POUVEZ ME LECHER LES BURNES  A L’EXTASE , VOUS POUVEZ ME CIRER LES POMPES A Y COLLER LE SOLEIL, MAIS VOUS  PLUS QUE LES AUTRES, RIEN NE VOUS ABSOUT DE MON COURROUX.

Allez bonnes fêtes quand même, et surtout bon naufrage de ma part  ,bande de cons.

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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 09:35

La toile  et le couteau
Par
Sonia.D

Imaginez si l’Internet vraiment libre et assumé s’impose en Tunisie. Imaginez comme la liberté se propagerait à une vitesse incroyable , comment les langues , les esprits et les cœurs se délieront.Comme les barrières qu’elles soient psychologiques ou bien réelle tomberont d’elles mêmes , car le propre de l’Internet c’est de rapprocher les Hommes et que deux solitudes qui se rencontrent tuent la solitude.Mais aussi il faut être conscient,le développement rapide de l'Internet joue un rôle important pour la croissance économique et l'intensification des contacts entre les divers peuples du monde,comme il faut remarquer qu'il existe des problèmes inquiétants relatifs à l'Internet.
Au sein de la sphère politicienne de l’intérieur et de l’extérieur qui est le soutien fondamental de la dictature tunisienne, on observe une sorte de consensus autour de l’idée selon laquelle l’Internet constitue une menace potentielle à la stabilité du régime en place depuis bientôt vingt ans. Cette vision s’appuie sur le postulat faisant de l’Internet un outil inévitable de démocratisation de la Tunisie. De part sa nature même, qui en fait avant tout une plate-forme neutre de transmission de données et qui repose sur une part d’idéalisme de base, l’Internet devrait apparaître comme le moyen optimum de diffusion et d’accès à l’information et partant de là, comme un instrument de démocratisation dans notre pays sous le joug d’un régime totalitaire. Certes, depuis la première connexion directe de notre pays à l’Internet, et l’ouverture de la Tunisie à son exploitation commerciale, le nombre d’internautes tunisiens n’a cessé d’augmenter et ce dernier compte déjà et ses militants et ses symboles ainsi que ses martyrs. Même si les internautes tunisiens n’hésitent pas à affirmer que l’accès à l’Internet leur permet d’obtenir plus d’informations et surtout d’échanger et de discuter sur toutes sortes de forums et de blogs, le développement et l’utilisation de l’Internet en Tunisie doivent se faire dans le cadre strict imposé par la dictature et son bras armé l’agence tunisienne de l’informatique (ATI). Dès les prémisses de l’Internet en Tunisie, marqué au tout début par l’émergence d’un débat public ouvert en ligne, les administrateurs étatiques de la dictature ont mis en place une série de lois liberticides, anticonstitutionnelles et de réglementations policières visant à en contrôler son utilisation publique de manière très étroite , ce qui explique les incroyables dérives et déchets qui caractérisent ce net tunisien qui ne doit son honneur et son salut qu’aux sites et blogs militants et à l’abnégation de leurs concepteurs et militants. Ce dernier point constitue la pierre d’achoppement du débat sur l’Internet en Tunisie et suscite régulièrement des interventions médiatiques d’organisations de défense des droits de l’Homme telles que Amnesty International ou encore Reporters Sans Frontières.
La question que l’on se pose très souvent du côté des observateurs occidentaux est dès lors la suivante : comment le gouvernement Tunisien va-t-il résoudre le dilemme que lui pose l’Internet, à savoir le dilemme contrôle politique versus modernisation économique ? En effet, d’un côté la Tunisie selon les règles de ben Ali dit souhaiter prendre le tournant de la révolution de l’information, de l’autre les autorités craignent de se voir déstabiliser par un outil octroyant aux citoyens tunisiens une passerelle de communication et un canal d’expression qui révélerons dans la pratique la vraie nature de la dictature tunisienne. En d’autres termes, est-ce que l’Internet pourra jouer un rôle dans la transformation politique de la Tunisie ou bien est-ce qu’il restera un outil de contrôle du gouvernement comme c’est le cas aujourd’hui ? Je crois sincèrement que tout cela dépendra des internautes tunisiens, et au vu de l’état de l’immense majorité de leur production qui reste puérile, soumise, veule voire des fois thuriféraire, je crois sincèrement que nous sommes bien loin du but espéré par les démocrates et les esprits libres, juste au fond du gouffre de la misère intellectuelle.
l’essentiel est donc sur deux questions, certes fondamentales : les méthodes de contrôle de l’Internet en Tunisie et l’impact de l’Internet sur la dictature tunisienne en tant qu’instrument potentiel du processus de démocratisation. Ceci conduit très souvent à des études soit centrées sur les techniques de censure, soit marquées par la thématique des droits de l’homme. Cependant, dans le contexte d’un régime totalitaire comme celui de la Tunisie, il faut garder à l’esprit l’idée selon laquelle l’ensemble des médias est placé d’emblée sous la coupe de la dictature,et que par conséquent le contrôle de l’Internet s’inscrit dans la logique d’une mainmise étatique sur tous les moyens de diffusion de l’information, mais encore et à mon humble avis cette situation n’est pas une excuse valable pour expliquer l’état calamiteux du net tunisien qui s’est rendu depuis belle lurette sans l’ombre d’une hésitation, qui a trahit l’étique sans se battre (encore une fois il est possible de résister et de se battre, la preuve a été donné par feu Z.YAHYAOUI , et par tous ceux qui depuis la Tunisie continuent à émettre , qui se connectent grâce aux proxys par milliers aux sites censurés et qui font parvenir malgré tout l’information à ces derniers). Ainsi, si l’on prend en compte cette donnée essentielle liée à la gestion de l’Internet en Tunisie, la question fondamentale qui se pose est dès lors la suivante : l’idée d’un dilemme contrôle politique versus modernisation économique est-elle vraiment pertinente dans ce contexte précis ? A ce titre, la plus part des militants pour les droits de l’homme, du moins en résumé ceux qui se sont exprimés sur la question et d’après les archives du net, considèrent que les questions essentielles liées au développement de l’Internet dans une dictature comme la dictature tunisienne sont les suivantes : qui utilise l’Internet, et à quelles fins ? Quels sont les défis que soulève l’utilisation de l’Internet et comment le pouvoir va-t-il y faire face ? Le pouvoir gère-t-il le développement de l’Internet de manière à ce que celui-ci serve ses intérêts ? De la réponse à ces questions essentielles dépendra je dirais même l’avenir du combat démocratique en Tunisie.
La dictature tunisienne a choisi d’adopter (et de dompter) l’Internet car elle y voit une composante essentielle du processus global de modernisation économique de ses intérêts privés et du maintien de sa pérennité et de sa compétitivité sur la scène internationale. En effet, le pouvoir central a pris conscience de la nécessité pour la Tunisie de s’intégrer à l’infrastructure mondiale de l’information et s’est engagé dans un vaste processus de modernisation des technologies de l’information et de la communication (TIC). Cette idée s’inscrit dans une stratégie globale de développement d’une économie de l’information (knowledge economy), qui doit reposer sur trois grandes phases de développement de l’outil Internet : « l’administration en ligne », « l’entreprise en ligne » et « la famille en ligne ». Il est à noter que le projet de « l’administration en ligne » vise également à pallier les lourdeurs de la machine administrative tunisienne en optimisant la diffusion sous contrôle de tout ce qui doit être dit et même pensé en marginalisant toute autre forme de pensée qui porte la contradiction au régime.
La dictature tunisienne nous montre ainsi quelle a joué un rôle fondamental dans la diffusion de l’Internet en Tunisie et qu’elle continue à l’heure actuelle d’assurer la fonction de catalyseur du développement de l’Internet dans le pays sous son monopole. Il faut d’ailleurs garder à l’esprit l’idée selon laquelle le régime de ben Ali estime que tant qu’il parvient à contenter les masses sur le plan économique, il se trouve plus ou moins à l’abri d’une potentielle déstabilisation politique et que l’Internet peut aussi servir comme un outil de propagande redoutable. Il semble toutefois que les efforts et la gestion de l’information entre les différents échelons du pouvoir sont plus que médiocres pour permettre à ben Ali et ses très proches collaborateurs d’avoir le pouvoir absolu sur toute forme de stratégie , alors ne reniant pas leur nature , ils interdisent à tour de bras tout ce qui peut être techniquement interdit et réprimé et diabolisent le reste inaccessible à leurs poursuites en les accusant d’être au service de l’étranger et traître à la Tunisie , toujours les mêmes pratiques totalitaires qui font leurs preuves partout dans les pays soumis à une dictature totale comme la chine , la Corée du nord , la Syrie e ct…. Aujourd’hui, les résultats de la politique de développement de l’Internet sont déjà visibles : les infrastructures Internet ne cessent de s’améliorer,et en même temps d’être limité dans notre pays à la propagande du pouvoir et à un Internet autorisé, blanchi sous le harnais sans aucune adresse , paranoïaque et délirant qui n’a pratiquement rien à voir avec le quotidien des tunisiens.Les investisseurs étrangers sont de plus en plus présents dans le secteur tunisiens des NTIC sous contrôle du pouvoir central et des pouvoirs locaux en matière de développement d’un « e-gouvernement » ,mais ne trouvent que très peu d’écho auprès des internautes tunisiens engagés dans le combat démocratique , car ces derniers savent que dans ce jeu les dés sont pipés , comme dans tous les autres domaines en Tunisie , les investisseurs étrangers n’ont faire des tunisiens , et comme l’argent pour eux n’a pas d’odeur , ils ne se posent aucun cas de conscience ou d’éthique même en collaborant avec le diable.
Quel est donc le positionnement des internautes tunisiens vis-à-vis de l’Internet ? Il faut commencer par préciser que ces derniers surfent sur le Web en premier lieu pour les services suivants : l’actualité, les moteurs de recherche, l’e-mail, le chat, les forums et les loisirs (musique, vidéo, jeux en réseau). Il est intéressant de noter que l’Internet s’inscrit plutôt bien dans la culture de « networking » des tunisiens, qui ont une très grande pratique des réseaux relationnels. Du point de vue sociologique, l’internaute tunisien typique est un homme, jeune, éduqué, qui effectue plutôt un travail « intellectuel » avec un revenu assez confortable, un citadin ou un étudiant, et dont la pratique de l’Internet est en moyenne inférieure à quatre années. Plus de 80 % des internautes tunisiens ont moins de 35 ans, avec une proportion de 35 % pour les 18-24 ans. Les internautes tunisiens sont donc avant tout des jeunes qui, dans leur grande majorité, semblent plus s'intéresser à la société de consommation qu’à la politique. En outre, il convient de remarquer que la deuxième couche de la population tunisienne utilisatrice de l’Internet est celle de la génération qui avait environ 20 ans lors des événements de SMSI, et qu’elle a pu être en quelque sorte « refroidie » par ce précédent. La question qui se pose est donc la suivante : les internautes tunisiens voient-ils l’Internet comme un moyen de revendication politique à grande échelle et ont-ils la volonté de s’en servir à des fins subversives ? Pour l’instant, la seule certitude en la matière réside dans le fait qu’un certain nombre de récriminations individuelles, de commentaires sur des décisions politiques, de points de vue sur des événements de la vie locale ou autres sont régulièrement diffusés via l’Internet grâce aux sites interdits, censurés et poursuivis par les hommes de main de la dictature. Toutefois, ces manifestations sporadiques d’opinions personnelles sont loin de faire partie d’une stratégie globale de déstabilisation du régime en place. Par contre, il est certain que l’Internet est en train de modifier les relations entre le pouvoir et la société. La mise en place d’un « e-gouvernement » fait clairement partie d’une stratégie proactive de gestion de l’Internet au même titre que l’utilisation de l’Internet comme support de la propagande officielle, comme moyen de lutte contre la démocratisation et plus généralement comme moyenne d’interaction et de contrôle avec le tunisien.
L’Internet est largement utilisé par les dissidents tunisiens, les islamistes, les nationalistes et les gauchistes en exil, et autres contestataires pour rallier l’opinion publique à leurs revendications, faire entendre leurs voix, diffuser des informations, protester contre la répression ou tout simplement pour communiquer. L’État–Parti ne peut tolérer ces gesticulations en ligne car il les considère comme des facteurs potentiels de déstabilisation du régime. Étant donné qu’aux yeux du pouvoir central chaque internaute reste un dissident en puissance, il est nécessaire de purifier le cyberespace selon la phraséologie officielle. Pour ce faire, la Tunisie a mis en place l’un des systèmes de contrôle et de censure de l’Internet le plus sophistiqué au monde. Ce système de surveillance de l’Internet se distingue avant tout par des mécanismes multiples et dynamiques en constante évolution, qui reposent sur deux types de méthode : une que nous appellerons « traditionnelle » et l’autre technique.
La première méthode s’appuie sur un ensemble de lois et de réglementations visant à définir précisément le cadre de régulation de l’Internet et fixant des mesures de rétorsion et définissant des sanctions assez lourdes à l’encontre des contrevenants. La législation relative à l’Internet en Tunisie concerne les fournisseurs de service Internet, les fournisseurs de contenu Internet, les cybercafés et les utilisateurs de l’Internet. Il est d’ailleurs intéressant de noter la particularité du système de contrôle Tunisien, qui conduit de facto à un processus d’autocensure des acteurs liés à l’Internet. En fait, la législation est telle que chaque acteur, qu’il soit fournisseur d’accès, fournisseur de contenu ou simple utilisateur, doit au final assumer une part de responsabilité par rapport à ce qui est diffusé sur la Toile. Cette méthode est redoutablement efficace car elle permet à la dictature de « décentraliser » le contrôle et la censure, tout en faisant planer la menace de sanctions, pour preuve l’état et la mentalité lamentable de la très grande majorité des sites et des blogs tunisiens. A ce titre, chaque arrestation d’un cyberdissident ne manque pas d’être abondamment relayée par les médias tunisiens, nous avons eu l’exemple dans un récent passé avec les affaires des jeunes internautes de Zarzis et ceux de l’Ariana, et celui de feu Z.YAHYAOUI bien avant, diffuser la peur reste pour la dictature le meilleur moyen pour contrôler à moindre frais les tunisiens, ce qui contribue à alimenter le phénomène de crainte de la sanction entretenue par les autorités. La deuxième méthode de contrôle et de censure de l’Internet repose sur des techniques de filtrage et de blocage des sites Web, des serveurs télématiques et des moteurs de recherche. Ce que les démocrates tunisiens ont qualifié de « barbelés électronique de Tunisie » n’est autre que le pare-feu tunisien, sorte de filtre géant de l’Internet. Le filtrage est basé sur l'adresse IP, la redirection par les DNS, sur des mots clefs dans l'url, ou sur des mots clefs contenus dans le code HTML. Les sites web et les contenus concernant, les droits de l'homme, la liberté d'expression, la démocratie, l'indépendance des institutions et l’opposition démocratique, les sites religieux, les sites de la diaspora tunisienne comme TUNISNEWS, ELKHADRA, NAWAAT, ENNAHDA, CPR, LE LIBRE TUNISIEN ect… sont interdits et censurés ainsi qu’un certain nombre de blogs et de sources d’information étrangères. La liste noire de sites Web et de mots clefs est mise à jour en permanence, soit en supprimant complètement le message considéré comme subversif, soit en remplaçant par un espace vide tout mot jugé illégal. conséquent de techniques de filtrage et de blocage, vient s’ajouter la mise en place d’une cyberpolice pléthorique, constituée à ce jour de 1 000 à 2 000 censeurs selon les sources. Ce dispositif vise les outils de discussion sur le Web. Il permet quasiment de censurer en temps réel les forums de discussion, les blogs, et autres espaces virtuels d’échange et de communication
Du point de vue officiel et selon la propagande de ben Ali, la Tunisie ne fait pas de l’Internet un outil de surveillance politique de la population. Les sicaires de la dictature affirment que la pratique de la censure de l’Internet existe dans d’autres pays, y compris les pays occidentaux, et qu’elle vise avant tout les sites subversifs, pornographiques, ou violents. Sur ce point, il est clair que la censure de l’Internet est une pratique qui a cours dans la plupart des pays démocratiques pour le crime, pas pour les libertés publiques, mais faire de la politique en Tunisie est considéré par cette dictature barbare comme un crime autrement plus redoutable que les crimes sexuels par exemple. la Tunisie de ben Ali se distingue aussi par sa volonté d’intégrer l’Internet dans une nouvelle architecture globale de surveillance électronique, un projet en cours de réalisation depuis plusieurs années et initié par le ministère de l’intérieur. L’objectif final est d’intégrer une gigantesque base de données en ligne à un réseau de surveillance globale fondé sur la reconnaissance de la parole et des visages, la télévision en circuit fermé, des cartes intelligentes, des dossiers de crédit et des technologies de surveillance de l’Internet.
Malgré les moyens considérables mis en oeuvre par la dictature tunisienne pour garantir un cyberespace conforme à la vision politique officielle et pour réprimer toute tentative ou velléité d’accéder à des informations non autorisées, force est de constater que le contrôle quasi scientifique de l’ATI présente des fissures. Il est vrai que la plupart des internautes tunisiens malheureusement ne vont pas se donner la peine de contourner la censure étatique via l’utilisation de techniques informatiques de contournement de celle-ci, parfois difficiles d’accès pour le simple utilisateur. Par contre, l’internaute tunisien lambda est loin de manquer d’imagination et va tout simplement privilégier ce que nous appellerons la technique du camouflage et de proxys
La gouvernance de l’Internet en Tunisie repose sur deux instances officielles la présidence et le ministère de l’intérieur, ce qui rend la tâche du contrôle du cyberspace tunisien d’autant plus efficace. En fait, l’histoire de l’Internet en Tunisie a dès le départ été marquée par la main mise technique des services du dictateur sur tout le monopole de cette industrie. Il ne faut pas perdre de vue qu’une grande partie de la prise de décision afférant à l’Internet s’effectue surtout au niveau du palais de Carthage qui prend les décisions et délègue la masse la plus importante du travail de contrôle à ses cyberflics et autres affidés. Tous ces acteurs liés à l’Internet en Tunisie, auxquels il convient d’ailleurs d’ajouter le secteur privé, cherchent non seulement à tirer leur épingle du jeu mais aussi à profiter des opportunités économiques offertes par le marché potentiellement gigantesque de l’Internet. A l’heure actuelle, le défi pour le pouvoir central consiste à pallier les lourdeurs administratives et le manque de communication entre ces différents acteurs afin de coordonner et de rationaliser le travail de chacun selon ses directives, et limiter son expression civique, politique, publique à sa seule et unique propagande.
L’autre grand défi auquel doit faire face la dictature tunisienne est celui de la pénétration hétérogène de l’Internet sur le territoire tunisien : la Tunisie connaît une véritable fracture numérique.
Lors de son entrée dans l’organisation Mondiale du Commerce (OMC), la Tunisie avait accepté d’ouvrir son secteur des télécommunications aux investissements étrangers. Logiquement la Tunisie aurait dû ouvrir à la concurrence le monopole détenu par l’ATI, c'est-à-dire le régime tunisien dans ce secteur, et permettre aux investisseurs étrangers de pénétrer de plein pied le marché des NTIC en Tunisie. La réalité nous montre que les investissements étrangers dans le secteur des technologies de l’information et a fortiori de l’Internet s’effectuent dans le cadre d’une réglementation stricte et sous le contrôle étroit des instances du ministère de l’intérieur. Les télécommunications demeurent un secteur clé pour la dictature, car la question de la diffusion de l’information dans le pays y est étroitement liée. En outre, étant donné que le gouvernement tunisien considère le secteur des technologies de l’information comme un élément moteur de la modernisation économique du pays l'économie mise en jachère par pour ses propres intérêts privés, il ne saurait favoriser la mainmise des investisseurs étrangers sur ce secteur stratégique. Concrètement, les autorités gouvernementales maintiennent un contrôle étroit sur la sphère privée naissante des NTIC en Tunisie et se réservent le droit de définir la manière dont les entreprises étrangères peuvent entrer sur le marché tunisien des télécommunications. Selon la réglementation tunisienne en vigueur, les entreprises étrangères, qui souhaitent investir dans le marché des NTIC, doivent établir des partenariats avec des acteurs locaux du marché tunisien des télécommunications, ces acteurs sont pour la plus part des proches et des familiers de ben Ali. Ces derniers doivent en outre obtenir l’approbation du Ministère de l’intérieur pour pouvoir coopérer avec des entreprises étrangères, recevoir des capitaux étrangers ou encore pour entrer en bourse. Dans le cas du secteur de l’Internet, les investisseurs étrangers sont tenus de se conformer à la législation en vigueur concernant le contenu et la diffusion de l’information afin d’espérer pouvoir faire des affaires en Tunisie. Ce point précis constitue le sujet récurrent d’une polémique qui est souvent et à juste titre alimentée par les organisations de défense des droits de l’Homme et de la démocratie, qui dénoncent la collaboration des entreprises étrangères à la censure de la Toile tunisienne.
L’implication du secteur privé occidental dans le contrôle et la censure de l’Internet en Tunisie est au centre du débat général sur le dilemme contrôle politique versus modernisation économique lié à l’Internet en Tunisie. Les fournisseurs de technologie hardware tels que Cisco Systems et les fournisseurs de technologie software tels que Microsoft, Yahoo! et Google font l’objet de vives critiques. Il leur est reproché de non seulement fournir des équipements technologiques permettant à la Tunisie de mettre en place une architecture sophistiquée de surveillance de l’Internet mais aussi de se soumettre à la réglementation tunisienne selon les règles de la dictature sur les contenus Internet, participant ainsi de facto à la censure de l’information orchestrée par la dictature tunisienne. Aux accusations dont elles font l’objet, les entreprises occidentales parties prenantes du développement de l’Internet en Tunisie répondent qu’elles n’ont pas d’autre choix que de se conformer à la législation locale et de répondre favorablement aux injonctions des autorités tunisiennes, sous peine de se voir écartées du marché tunisiens et par voie de conséquence arabe et africain des NTIC, puisque tous ces régimes aux marchés très porteurs sont identiques. Le marché lucratif que sont devenue la Tunisie, l’Afrique et le monde arabe engendre la mise à l’écart des questions d’éthique au profit des aspects purement économiques. A ce stade, il convient de prendre en compte deux éléments intéressants quant à la question relativement complexe du rôle ambigu des occidentaux par rapport à l’Internet en Tunisie. Tout d’abord, un certain nombre de voix commencent à s’élever contre les pratiques du secteur privé occidental et en occident même. Certains députés européens ont déposé devant le parlement européen un projet de loi visant à empêcher les grands acteurs occidentaux dans le secteur de l’Internet de coopérer avec des pays pratiquant la censure sur les informations en ligne. Le deuxième point à noter réside dans le fait que les autorités tunisiennes, conscientes de la forte dépendance de la Tunisie vis-à-vis de la technologie étrangère et en particulier européenne, non seulement cherchent à développer leurs propres technologies mais encore manifestent une certaine suspicion à l’égard des produits étrangers. Cette suspicion, fondée ou non, explique en partie la réglementation stricte qui encadre les importations de matériels étrangers sur le sol tunisien ainsi que la conduite des affaires avec les entreprises étrangères.
La Tunisie a choisi de faire de l’Internet un outil de modernisation économique en même temps qu’un instrument de surveillance politique. Pour l’instant, la Tunisie semble être capable de tenir le pari puisqu’elle parvient à développer économiquement son Internet tout en le modelant à son image politique. La Tunisie se distingue largement des autres États répressifs en matière de contrôle et de censure de l’Internet tels la Birmanie, le Viêt-nam, l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Chine ou encore Cuba, dans le sens où elle s’est engagée à diffuser l’Internet dans tout le pays et à permettre aux populations qui n’y ont pas encore accès d’être un jour connectées. La population des internautes tunisiens connaît d’ailleurs une croissance exponentielle. A ce titre, il est fort à parier que le contrôle et la censure de l’Internet ne fléchiront pas. Si, comme le laisse entendre un certain courant de pensée conventionnelle, l’Internet a vocation à être un outil de démocratisation, un certain nombre d’obstacles devront d’abord être surmontés dans le cas de la Tunisie. En premier lieu, il faudrait qu’une véritable société civile émerge en Tunisie, prenne conscience de son pouvoir potentiel et surtout manifeste la volonté de changer le paysage politique tunisien. Deuxièmement, il faudrait que l’Internet se diffuse au sein des populations les plus pauvres, les laissés-pour-compte du « miracle économique tunisien », qui auraient dès lors accès à un moyen de revendication. Troisièmement, il faudrait que la classe entrepreneuriale tunisienne impliquée dans le secteur de l’Internet trouve un intérêt dans la transformation politique de la Tunisie et vienne peser de tout son poids sur les décisions étatiques. La liste des obstacles à surmonter est encore longue et tend plus qu’autre chose à remettre en question l’idée d’un certain déterminisme technologique. La question du développement de l’Internet en Tunisie ne saurait être déconnectée du contexte sociopolitique tunisien. Étant donné que la Tunisie est largement tributaire à l’heure actuelle des technologies étrangères pour son architecture de contrôle et de censure de l’Internet, il n’est pas étonnant qu’elle cherche à développer et posséder ses propres outils. La Tunisie a bien conscience du potentiel déstabilisateur d’éventuelles pressions extérieures liées à ces fournisseurs de technologie étrangers. C’est en cela que le rôle des investisseurs étrangers dans le secteur de l’Internet en Tunisie est loin d’être négligeable.


NOTA BENE:En attendant le net par satellite contre qui , comme pour les paraboles et les chaînes satellitaires en Tunisie, la dictature n’y pourra rien , voici une méthode de lutte contre la censure.Merci à SINDBAD pour son article sur le forum d’ELKHADRA et ses explications que je publie :

ici



Technologies

À un clic de la liberté
Un logiciel multiplateforme canadien qui permet de déjouer les tentatives de censure de certains gouvernements est maintenant disponible.

Le logiciel, appelé Psiphon, a été développé à l'Université de Toronto pour permettre aux résidents de pays comme la Chine, l'Arabie saoudite, le Myanmar et l'Iran d'avoir accès à des sites Internet défendus, en prenant un minimum de risques.

« Tout ce que nous faisons, c'est de permettre aux gens de naviguer sur Internet avec les mêmes privilèges auxquels ont droit les gens se situant dans des endroits où il n'y a pas de censure, comme le Canada », a déclaré Ron Deibert, directeur du Canadian Lab Project à l'Université de Toronto.

Pour avoir accès au logiciel, il suffit pour les internautes de pays où la censure sévit de se faire envoyer par courriel ou téléphone, par une personne de confiance vivant dans un pays libre, les informations nécessaires pour se brancher.

Le résident du pays où l'Internet est filtré n'a pas besoin d'installer le logiciel, tout fonctionne à partir du serveur situé dans un pays non censuré auquel il a accès grâce à un code et un mot de passe.

Selon M. Deibert, cette façon de se procurer le logiciel le rend pratiquement indétectable.

Jusqu'à maintenant, toutes les initiatives pour permettre aux gens de ces pays de contourner les censeurs étaient rapidement démasquées par les autorités. Psiphon est disponible pour les plateformes Windows et Linux, Une version Mac devrait être bientôt disponible.

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Psiphon, le briseur de censure du Web

Internet est un formidable outil de communication et d'information. Pourtant, certains Etats n'hésitent pas à brider son accès pour maintenir leur pouvoir. Cette censure peut parfois être contournée, au moyen d'outils souvent délicats à mettre en œuvre. Psiphon, annoncé depuis le début de l'année (Lemonde.fr du 17.2.06) et développé par des équipes d'universitaires canadiens, américains et anglais, prend le pari de la simplicité et de l'efficacité.

Cet outil, lancé le 1er décembre et destiné en tout premier lieu aux journalistes et dissidents habitant des pays où la censure fait rage, permet de créer un réseau privé virtuel (VPN, "Virtual Private Network") entre l'ordinateur de l'internaute soumis à la censure et un serveur distant situé en zone "libre". Ce serveur distant sert de relais à toutes les applications Web consultables depuis un navigateur Internet. Il devient alors possible de visiter les bases de données ou médias en ligne jusqu'alors interdits d'accès, de mettre à jour un blog ou de réagir sur un forum, etc.

Ron Deibert, directeur du Citizen Lab à l'université de Toronto, l'une des universités impliquées dans l'OpenNet initiative, décrit Psiphon comme destiné à "permettre aux gens de naviguer sur Internet avec les mêmes privilèges auxquels ont droit les gens se situant dans des endroits où il n'y a pas de censure, comme le Canada".

"INDÉTECTABLE"


L'outil, développé sous licence GPL (General Public License), et téléchargeable notamment sur le site de Psiphon au Canada, est léger (1,5 Mo), multiplateforme (Windows, Linux et bientôt Mac) et surtout indétectable d'après ses auteurs. Après obtention par mail d'un identifiant et d'un mot de passe, l'internaute se connecte à un "psiphonode", un serveur Psiphon distant dont les adresses circulent déjà sur le réseau, puis il peut surfer, sans possibilité de détection par un tiers de ses échanges, qui sont automatiquement chiffrés en utilisant SSL (Secure Sockets Layers) sur le port 443, théoriquement essentiellement réservé aux transactions financières sécurisées sur Internet. Si un serveur distant ferme ou est bloqué, il suffit de changer d'adresse pour continuer à surfer de façon anonyme.

De plus en plus d'initiatives logicielles voient le jour sur Internet afin de contourner la censure de certains pays au premier rang desquels on trouve l'Arabie saoudite, la Chine, l'Iran, la Birmanie, l'Ouzbékistan, le Soudan, la Thaïlande, la Tunisie ou encore le Yémen. Ainsi, il est maintenant possible d'utiliser Torpark, un navigateur "portable" développé à partir d'une variante de Firefox et qui s'exécute à partir d'une simple clé USB, ne laisse aucune trace de son surf sur l'ordinateur utilisé, ou encore Relakks, un système payant de masquage d'adresse IP. Enfin, à noter les initiatives open-source de plus en plus nombreuses de réseaux anonymes cryptés, tels Freenet , Gnunet ou I2P.

Olivier Dumons


http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-651865,36-841832@51-839673,0.html
« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « Tocqueville commence De la démocratie en Amérique par démontrer la marche irrésistible de la liberté au cours des âges. Nous sommes en train de faire un pas de plus en avant. Sans internet, plus aucune économie ne peut se développer. Du coup, aucun pays ne peut interdire internet sur son territoire. Mais certains, comme la Chine, essaient de censurer.
Peine perdue.
Psiphon est un logiciel Open Source qui permet de surfer sur tout le web même dans les pays qui bloquent l’accès à certains sites. La liberté ne peut pas être entravée sur internet. Soit internet existe et tous les hommes deviennent libres, soit internet n’existe pas. Il est aujourd’hui trop tard pour faire marche arrière.
Psiphon, lui même, ne peut être interdit parce qu’étant Open Source son mécanisme de base est déjà connu de trop nombreux informaticiens.
 

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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 09:34

 

Ibn Khaldûn au secours d’un orient sclérosé et d’un monde marchandisé
Par
LEILA

« Lire Ibn Khaldûn aujourd’hui, c’est prendre la mesure d’une pensée non-européenne majeure et inviter à des approches comparatives afin de contrer l’idée d’un fossé entre les cultures et les pensées qui les portent » Esprit, novembre 2005.

Un jour de 1364, le roi Pierre 1er accueillit dans son Alcazar à Séville un jeune ambassadeur venu de Grenade du nom d’Ibn Khaldûn. Alcazar, situé à côté de l’immense et ancienne mosquée almohade de Séville devenue la cathédrale de la capitale chrétienne, fut construit par les omeyyades d’Espagne à partir de 844 sous le règne de Abd al-Rahman II. Un siècle avant, Séville était une province d’Al Andalous, un pays qui s’étendait dans la péninsule Ibérique du Portugal à l’Ebre et qui, en cette année de 1364 était circonscrit au seul royaume de Grenade.

La famille du jeune Ibn Khaldûn avait connu Séville au temps de la gloire d’Al Andalous et avait joué un rôle important dans l’histoire de cette ville. Ses ancêtres prirent le chemin de l’exode vers 1248-1249 après l’annexion de Séville par les Chrétiens et s’installèrent définitivement à Tunis.

Pour Ibn Khaldûn, comme pour beaucoup de ses contemporains, Al Andalous était le lieu de la nostalgie et de l’éblouissement. Durant toute sa vie et à travers ses écrits, Ibn Khaldûn considérait ce lieu comme sa vraie patrie spirituelle même s’il gardait pour l’Afrique du Nord, sa terre natale, une affection particulière.

Pierre 1er fut séduit par l’éloquence et l’activité intellectuelle d’Ibn Khaldûn ; il le pria de rester et lui proposa de devenir son vizir mais ce dernier déclina l’offre et retourna à Grenade auprès du jeune prince Nasride Mohammed V et de son ami et rival Ibn Al-Khatib, vizir de Mohamed V et grand intellectuel de renom.

En cette année, Grenade était le dernier bastion d’un vaste califat qui fut un siècle auparavant phare du monde entier. Grenade la métissée, celle qui était peuplée d’Andalous aux origines diverses autochtones ou immigrées et aux langues et aux religions différentes était isolée et presque entièrement musulmane, il ne restait presque aucun chrétien et à peine quelques juifs. Grenade, comme le reste du monde musulman, était en train de tourner la page d’un passé prodigieux et fécond pour entrer dans une phase de décadence inéluctable. Le merveilleux Orient agonisant et la délicieuse Andalousie mourante ont-ils inspiré la théorie cyclique des civilisations, leurs grandeurs, leurs décadences et l’éternel recommencement qu’Ibn Khaldûn développa quelques années plus tard ?

Ibn Khaldûn resta deux ans à Grenade puis en 1365, il retourna en Afrique du Nord pour continuer sa carrière d’homme politique. Il servit différents états et étudia leurs institutions et leurs affaires ; il se mêla aux tribus berbères et observa leurs caractéristiques et leurs traditions. Puis à 42 ans, il se retira de la scène politique et s’isola près de Tiaret en Algérie pendant quatre ans pour rédiger Al Muqaddima ( le premier tome de son premier livre d’histoire universelle : le livre des exemples Kitab Al Ibar).

Lassé par la violence politique qui agitait l’Afrique du Nord, Ibn Khaldûn tenta de regagner la terre de ses ancêtres dans l’ancienne Andalousie. Malheureusement les choses ont beaucoup changé depuis 1363. Le roi Pierre 1er était mort, assassiné par son beau-frère Henri et le roi Mohamed V n’était plus ce jeune prince tolérant qu’Ibn Khaldûn avait connu quelques années auparavant et était devenu un tyran impitoyable. Quant à son ami et rival Ibn Al Khatib, il fut exilé en Afrique du Nord par le despote Mohammed V, où il fut accusé d’hérésie du fait de son attirance pour le soufisme et son amour pour la philosophie, il fut emprisonné et il mourut étranglé dans sa prison de Fès en 1374.

Ibn Khaldûn renonça donc à la terre de ses ancêtres et quitta définitivement l’Afrique du Nord pour le Caire afin de se consacrer à l’enseignement, à la magistrature et à l’écriture.

Ibn Khaldûn un génie universel et intemporel

Ibn Khaldûn est l’un des plus grands penseurs arabes. Son œuvre Kitab Al Ibar ( Livre des Exemples) est une monumentale histoire universelle « c ’est un monde ... une histoire du monde », écrit Gabriel Martinez-Gros. La première partie, Al Muqaddima (Introduction à l’histoire universelle), est un exposé théorique très pertinent pour l’étude des civilisations. La deuxième partie, Kitab Al Ibar (le livre des exemples), est une illustration de la théorie établie dans Al Muqaddima et un guide inestimable de l’histoire des musulmans d’Afrique du Nord et des Berbères. La troisième partie et la dernière est un livre autobiographique connu sous le nom de Rihla (voyage) qui est une étude particulière de l’histoire universelle à travers la vie d’un homme qui est celle de l’auteur.

Des sociologues, historiens ou philosophes tels Gabriel Martinez-Gros, Yves lacoste, Sylvestre de Sassi, De Slane, Quatremère, Franz Rosenthal, Gaston Bouthoul, Gilbert Grandguillaume, Vincent Monteil, Abdesselaqm Cheddadi, Maxime Rodinson et tant d’autres s’accordent pour dire qu’Ibn Khaldûn est un homme d’esprit de tous les temps qui a précédé son époque de plusieurs siècles, il a « conçu et formulé une philosophie de l’Histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays » a affirmé le grand historien anglais Arnold Toynbee.

Avec son œuvre révolutionnaire, Ibn Khaldûn, cinq siècles avant Auguste Comte l’inventeur de la sociologie, a fondé une science nouvelle celle de la civilisation humaine et de la société humaine « notre propos actuel, est une conception nouvelle... C’est une science indépendante, dont l’objet spécifique est la civilisation humaine et la société humaine » écrivait Ibn Khaldûn dans son premier livre.

Précurseur de la théorie moderne de l’histoire, il en fit une science à part entière qui suit des processus soumis à des lois « l’histoire est une science, elle consiste à méditer, à s’efforcer d’accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le pourquoi et le comment des évènements ». L’auteur d’Al Muqaddima mis en garde contre le piège du mensonge « il faut combattre le démon du mensonge avec la lumière de la raison » écrivait-il.

Il insista sur l’objectivité sans parti pris et le souci scrupuleux de ne rien accepter sans explication « ils [des historiens] acceptent d’emblée leur histoire pour argent comptant, sans les contrôler...ni les comparer...ainsi s’égarent-ils loin de la vérité » critiquait-il les historiens de son époque et ceux qui l’ont précédé.

Il prévint contre la tentation du sensationnel et il recommanda la prudence à chaque fois qu’il s’agit d’argent ou d’effectifs militaires ; pour y parvenir « il faut toujours en revenir aux sources et s’en remettre à soi-même » afin de distinguer « naturellement entre le possible et l’impossible » affirmait-il.

Al Muqaddima, « c’ est un monde ...sur l’histoire du monde »

Dans Al Muqaddima, Ibn Khaldûn fournit des schémas et des idées pour l’Histoire universelle et établit plusieurs concepts dont trois sont fondamentaux pour comprendre la pensée Khaldûnienne :

-   Al Umran (civilisation, organisation sociale, État),

-   Al Açabiyya (solidarité, esprit de corps, force sociale ou cohésion ; elle peut aussi dans certains cas désigner la force clanique, tribale, communautaire ou religieuse),

-   Al Mulk (pouvoir, souveraineté, État).

Pour Ibn Khaldûn, la vie en société est une nécessité pour l’homme « L’homme est fait pour vivre en société » et il est « politique par nature » il ne peut donc se passer de Umran (État).

Pour pouvoir s’organiser en société, les hommes ont besoin d’une Açabiyya (solidarité). Lorsqu’un groupe humain qui présente une certaine homogénéité et cohésion prend conscience de ses intérêts collectifs et se découvre des buts communs, il s’organise et l’esprit de corps se transforme en un instinct de domination qui donne naissance au Mulk (pouvoir).

Pour Ibn Khaldûn, le pouvoir est un concept strictement politique qui peut prendre la forme d’une monarchie, d’une royauté, d’une tyrannie ou encore d’un califat ; il est le moteur de l’histoire et sans lui, il n’y a pas de Umran (civilisation, État) « Quand la vie en société se réalise...il devient nécessaire d’avoir un chef qui les défend les uns contre les autres, à cause de l’agressivité et de l’iniquité qui sont inhérentes à leur nature animale  ».

Sans solidarité, pas de pouvoir et sans pouvoir pas d’État .

La nécessité de la vie en société pousse des tribus bédouines à porter le mouvement qui leur permet de passer d’une civilisation rurale et bédouine à une civilisation urbaine et sédentaire. Ce passage ne peut se faire que par la création d’un État et le choix d’un souverain dont le but est de permettre aux hommes de vivre en société, de cumuler les savoirs, les activités et les richesses.

Ces tribus solidaires, courageuses partageant les biens et supportant les privations créent un État fort et « juste ». Pour que l’État prospère, il doit assurer la stabilité de la domination et le maintien des populations sous le contrôle, imposer la paix, désarmer ses sujets et détruire les solidarités naturelles.

Le courage, les violences, les solidarités sont peu à peu éradiqués et sont remplacés par la violence organisée de l’État (représentée par son armée), par le goût et l’amour du gain et de l’argent et par l’obéissance. La loi, l’éducation, les sanctions et le désarmement de la population permettent la levée de l’impôt, signe de soumission des sujets et de l’éradication de la Açabiyya. Le pouvoir est respecté et craint, la civilisation urbaine se développe, les sciences s’épanouissent et la démographie augmente.

Quand le bien-être s’installe, la société devient de plus en plus individualiste et soumise et l’esprit de corps rompt. Des classes sociales apparaissent ; elles s’affrontent, mais continuent au début à vivre ensemble en paix.

Quand le luxe est à son comble, les luttes interclasses deviennent plus rudes, des turbulences politiques apparaissent et la paix sociale décline. L’État faiblit et le pouvoir devient coercitif, l’injustice s’installe et la solidarité naturelle disparaît complètement. La levée d’impôt se fait par la force et la spoliation. Moins prospère, le pays devient moins peuplé et les villes sont désertées ; la baisse démographique entraîne une diminution du travail qui à son tour conduit à la pauvreté et à la misère et le Umran (civilisation) finit par dépérir « Le luxe corrompt le caractère. L’âme prend toutes sortes de vices et de mauvaises habitudes...conséquences : régression et ruine. La dynastie montre des signes de perdition et de dissolution. Elle attrape les maladies chroniques de la vieillesse et meurt » rapportait Ibn Khaldûn dans Al Muqaddima. Et il ajoutait « Quand un État parvient à un haut degré de bien-être et d’aisance. Les habitudes du luxe se développent rapidement chez lui et il abandonne la vie dure et grossière qu’il avait menée jusqu’alors, afin de jouir du superflu ...il s’aperçoit combien le superflu est indispensable ...la souveraineté s’use dans le luxe et c’est le luxe qui la renverse ».

La « laïcité »

Une autre originalité d’Ibn Khaldûn est qu’il pense la politique indépendamment de la religion. Abdesselem Cheddadi, explique qu’il a existé assez tôt dans les pays musulmans, une séparation du pouvoir politique et du pouvoir religieux qu’Ibn Khaldoun a parfaitement identifiée et décrite. Le politique était un domaine réservé où les ulémas n’avaient pas leur mot à dire. La religion n’était qu’une force sociale, parmi d’autres ; elle jouait le rôle de ciment pour unifier les hommes autour d’un même idéal, mais ne dominait pas le pouvoir, elle lui subordonnait. Ibn Khaldûn, qui était à la fois rationaliste et mystique, explique que cette tendance à séparer le politique du religieux est due à la faiblesse de l’homme et à son incapacité à soumettre les lois politiques aux lois de la « vraie religion ».

L’injustice détruit la nation

Dans un chapitre, Ibn Khaldûn aborde la nature du pouvoir et la qualité d’un dirigeant politique. L’intérêt que représente un dirigeant politique pour son peuple ne dépend pas de son physique, ni de son savoir et ni même de son esprit. Ce qui compte, c’est que « le pouvoir doit être bon et bénéfique ; il doit servir les intérêts du peuple sinon il est nocif et mortel ». Un gouverneur est bon lorsqu’il « porte intérêt aux conditions de vie de son peuple » et qu’il soit doux « Ce qui fait une bonne autorité, c’est la douceur » et « tout pouvoir fondé sur la contrainte et la domination, et qui laisse libre cours à l’irascibilité, est injustice et oppression ». Les injustices telles la spoliation sans compensation ni motif, le travail forcé, la soumission à une obligation illégale, la réclamation d’autre chose que son dû ou le non-respect des droits du peuple détruisent la nation.

Un souverain qui utilise la force, compte et dénonce les fautes de son peuple, provoque la peur chez ce dernier, le pousse à la déprime, au mensonge, à la ruse et à la fraude.

Ibn Khaldûn et le monde d’aujourd’hui

Ibn Khaldûn était inconnu et n’a été découvert en occident qu’au moment de la colonisation de l’Algérie « il a été redécouvert en Europe par Sylvestn de Sacy, qui publia en 1830 des extraits de la Muqaddima, en version arabe puis en traduction. [...] Mais c’est surtout la conquête de l’Algérie et la décision, en 1840, du ministre de la Guerre de faire traduire le Kitâb al-’Ibar qui lancèrent un courant d’intérêt scientifique pour l’oeuvre, qui crût avec le temps » rapporte Claude Horrut.

Depuis, beaucoup de penseurs et de critiques occidentaux se sont intéressés à son œuvre, l’ont étudiée et l’ont traduite. Il a été comparé à Marx, Montesquieu, Tocqueville, Saint-Simon et bien d’autres. Beaucoup ont affirmé que la conception de l’histoire d’Ibn Khaldûn est très proche de celle qui s’est développé à la fin du XIXe siècle, que ses thèses peuvent être comparées à celles des penseurs modernes et ses analyses appliquées à notre monde actuel. En effet, Ibn Khaldûn posait bon nombre de questions que se posent les historiens actuels et cherchait, comme eux, à leur trouver une réponse dans les structures politiques, économiques et sociales.

Cependant les corrections et les rectifications à apporter aux traductions et aux idées sont nombreuses. Certains penseurs occidentaux refusant de reconnaître que la société musulmane de l’époque était en avance sur son temps, couvrent d’éloges Al Muqaddima et dénigrent Kitab Al Ibar. Ils affirment qu’Ibn Khaldûn n’était qu’un accident et que seul l’Europe du XIIIe était capable de produire des penseurs universels avec la stature d’Ibn Khaldûn « L’agrément de la Muqaddima et le rejet des Ibar disent : nous acceptons le génie, nous écartons son peuple - et le génie l’est aussi parce qu’un incompréhensible fossé le sépare des siens, qu’il échappe aux explications de l’histoire » témoigne Gabriel Martinez-Gros.

Certains au XXe siècle sont encore allés plus loin en falsifiant et en utilisant frauduleusement l’œuvre d’Ibn Khaldûn pour justifier des thèses racistes et colonialistes.

Ibn Khaldûn au secours du monde sous-développé

Ibn Khaldûn fit une analyse scientifique étonnement moderne des sociétés musulmanes du XIV siècle en déclin. Il expliqua les raisons qui mènent à l’échec des structures politiques et par suite sociales et économiques. Pour expliquer le déclin des civilisations nées en Afrique du Nord, Ibn Khaldûn n’a pas cherché à imputer les causes à des puissances conquérantes étrangères mais à des facteurs endogènes et généraux.

Ses études n’ont malheureusement pas été exploitées par les maghrébins d’avant colonisation et l’engrenage dans lequel ils étaient enfermés depuis des siècles a rendu possible la domination coloniale au XIXe siècle qui a conduit à l’actuelle situation de sous-développement de ces pays.

Yves Lacoste explique que l’étude des traits les plus originaux et les plus importants de l’œuvre d’Ibn Khaldûn permettra de saisir les causes profondes du sous développement de ces pays « Les recherches, l’analyse et la synthèse qu’a effectuées ce Maghrébin génial du XIVe siècle nous aident aujourd’hui à mieux comprendre le problème qui est sans doute le plus vaste et le plus dramatique de notre temps : le sous-développement » affirme Yves Lacoste.

Certes, la domination des puissances occidentales représente un facteur non négligeable de l’actuelle situation de sous-développement des pays musulmans mais les causes intérieures ont aussi leur importance « la conquête ne résulte pas seulement de la puissance militaires des colonisateurs. Les structures qui existaient depuis plusieurs siècles en Afrique du Nord ont facilité leur entreprise d’une façon décisive » ajoute Yves Lacoste.

Immobilisme, fatalisme et résignation sont les maux qui rongent les sociétés musulmanes d’aujourd’hui. Les analyses faites par Ibn Khaldûn ont montré que l’islam n’a pas été une cause première de la paralysie du système social, politique et économique et que la fatalité était inexistante dans les moments florissants et dynamiques de la civilisation musulmane. Cet islam paralysé et paralysant n’est apparu qu’avec le déclin « l’idéologie d’une société gagnée par l’ankylose ne pouvait rester dynamique et c’est dans la mesure où l’islam a été paralysé qu’il est devenu paralysant » et les vraies raisons sont à rechercher dans les causes internes de ces sociétés.

Ce génie hors norme a légué aux maghrébins en particulier et aux musulmans en général un trésor inestimable, qui est malheureusement peu et mal étudié. Une autre lecture d’Ibn Khaldûn plus intelligente et plus profonde pourra certainement les aider à comprendre la racine de leurs maux afin d’apporter les remèdes nécessaires pour sortir de cette léthargie.

Ibn Khaldûn au secours du monde mondialisé, capitaliste et ultralibéral

Face à une société musulmane paralysée et figée, d’autres sociétés « civilisées », « sédentarisées » et individualistes ressemblant de plus en plus à la société d’Ibn Khaldûn se développent en occident et ailleurs. Dans ces sociétés, le marché règne en maître absolu et la mondialisation et l’ultralibéralisme détruisent jour après jour toutes les solidarités (des peuples, des citoyens, des familles, des voisins, des syndicats, des travailleurs) pour les remplacer par une concurrence de tous contre tous. Les peuples et les classes sociales s’affrontent ; les liens et les relations humaines ne sont dictés que par les lois du marché, des villes sont devenus des mégapoles avec de gigantesques agglomérations de population et la nature saignée à blanc commence à rendre l’âme.

Ces sociétés qui sont devenues des modèles de la théorie d’Ibn Khaldûn, obéiront-elles à la loi du théoricien des civilisations et connaîtront-elles le même sort que les civilisations Nord Africaines ?

Dans la grande transformation, Karl Polanyi, affirme que « Permettre au mécanisme du marché d’être l’unique directeur du sort des êtres humains et de leur environnement naturel aurait pour résultat la démolition de la société », la réponse serait-elle donc oui ? Si c’est le cas, que peut apporter Ibn Khaldûn pour la compréhension de ces sociétés qui capitulent devant le marché et dont la lassitude a atteint son seuil critique ?

Ibn Khaldûn, 600 ans après reste le génie de tous les temps

Bibliographie

-  Ibn Khaldûn et les sept vies de l’islam, Gabriel Martinez-Gros, Actes Sud, 2006.

-  Discours sur l’histoire universelle, Al Muqaddima, Vincent Monteuil, Thesaurus, 1968(nouvelle édition 2006)

-  Naissances de l’Histoire, passé du tiers monde, Yves Lacostes, La Découverte, 1998

-  Esprit, novembre 2005

-  Peuples et nations du monde (1 et 2), Abdesselem Cheddadi, Sindbad, 1986

-  Ibn Khaldûn, l’homme et le théoricien de la civilisation, Abdessalam Cheddadi , Gallimard, 2006

-  Ibn Khaldûn au prisme de l’occident, Krzysztof Pomian, Gallimard , 2006

-  Ibn Khaldun- Un islam des Lumières ?, Claude Horrut, Complexe, 2006.

-  L’Andalousie arabe, une culture de tolérance, Maria Rosa Menacal, traduit de l’anglais par Mélanie Marx, collection Mémoires, 2004.

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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 09:32

L’unité ou la mort
Par
Faouzia

L’écart qu’il y a entre la réalité immédiate de la Tunisie et certaines exigences des appareils de l’opposition démocratique si nombriliste, de l’autre, fait l’objet de représentations contraires, et cet écart pour le plus grand bonheur de la dictature, pour la très profonde détresse des militants de base qui n’ont pas voix au chapitre et pour énormément de tunisiens en attente,  ne fait que s’élargir de plus en plus. Qu’il soit représenté sous le jour spéculatif d’un « moi cogital » ou sous le jour d’un idéologie engagé dans une cause révolutionnaire, la société ne le perçoit-elle pas de façon réductrice, caricaturale parce qu’il est l’expression que l’on veuille ou pas d’intérêts privés et claniques  qui s’épuisent à affirmer  sa propre et limitée stature aux dépend de l’intérêt général et collectif de la nation tunisienne dans son ensemble? Qui au jour d’aujourd’hui  des courants représentatifs  du bloc démocratique tunisien peut réellement  soutenir une légitimité réelle et consistante qui lui permettra de faire cavalier seul face à la dictature ?Pris entre le marteau et l’enclume, le tunisien profane ne peut-il pas recourir utilement à la démarche d’un homme comme Marzouki, militant démocrate pour les droits de l’homme  au coeur de la cité,qui jusqu’à présent a toujours fait ce qu’il dit , et dit ce qu’il fait,  signe vivant d’un sens de l’exigence pour le meilleur de la société et sublimation de l’acte citoyen , républicain et démocrate avec tout ce que cela représente d’engagement et de sacrifices. 

Quand on parle de militant politique  pour les droits de l’homme et la démocratie, pour une forme de pensée dominante chez beaucoup d’arabes et de tunisiens complexés par tant et tant de décennies de domination et de colonialisme, c’est d’abord l’histoire de l’Occident que l’on scrute, en tant qu’elle s’origine dans la civilisation judéo-chrétienne  monopolisatrice, et même dans l’antiquité gréco-romaine virtuelle et rêvée. Quelquefois, on cligne des yeux en direction de l’islam et de la grandeur médusée de sa civilisation. Le monde arabe reste pour l’instant comme une sorte de zone d’ombre dont on se détourne machinalement, sûr de ne rien y trouver avant même d’avoir commencé à chercher , c’est le point nodal de tout le problème et de toutes les confusions qui nous maintiennent  dans notre attentisme et notre impuissance digérés,   j’affirme que la pensée arabo_musulmane certes étouffée et réprimé , au jour d’aujourd’hui dans son renouveau porte en elle les promesses  d’un avenir  exaltant pour nos énergies , pour notre jeunesse et notre adaptation  à tous les progrès , et surtout  elle ouvre des champs nouveaux aux interrogations humaines  et aux perspectives  d’un avenir  paisible possible sur le plan humain et spirituel , pas seulement pour nous , en ces temps  de lumière elle a désormais les moyens et les outils de son universalité , qui sont très éloignés de toute forme d’extrémisme.Ce fait n’atteste pas que n’ont jamais existé des individus qui se soient voués à une cogitation systématique ,mais il invite au pragmatisme et au réalisme  et de remettre de l’ordre en écartant et en s’écartant de toute forme de préjugés ou d’intolérance de notre part , et que dans le fond ou la forme , il ne s’agit pas  de convaincre les postulats et les pouvoirs aussi démocratiques soient-ils,mais de convaincre la masse de nos frères humains de notre destinée commune. Le fait de ne rien voir ne signifie nullement qu’il n’existe rien ; peut-être, les sociétés arabomusulmanes ont-elles longtemps jugulé de telles entreprises solitaires au nom de l’ordre établi.

 

 

 

Sous ce jour,en Tunisie et dans l’urgence des événements régionaux et internationaux qui se bousculent ,le concept de citoyenneté apparaît donc essentiellement comme un concept stratégique par lequel la démocratie peut être reconduite à une certaine radicalité révolutionnaire, mais il est encore temps et cela grâce à la lucidité et au sens des responsabilités des tunisiens conscient des drames où pourrait être engloutie la Tunisie , de redresser la barre et de donner un visage à la tentation suicidaire de la confrontation guerrière où veut nous jeter la dictature :la violence, pour répondre à sa violence ; le salut est plutôt  comme l’a si bien défini M.MARZOUKI dans la désobéissance civile , dans la solidarité  , dans l’expression  culturelle , dans l’occupation de la rue  pour porter la contradiction à la propagande du régime  qui se dit garant de la sécurité des tunisiens alors qu’il est la source unique de toute leur insécurité. C’est le point à partir duquel s’universalise l’exercice des droits politiques, le concept acquiert du même coup une charge anti-étatique qui n’est pas autre chose que la possibilité constamment réaffirmée du contrôle et de la mise en question des mécanismes institutionnels et des dispositifs qui leur sont liés. Par conséquent, on comprend que la citoyenneté "s’inscrit dans un procès dialectique ouvert, dépendant des transformations de l’État mis en jachère par ben Ali et ses acolytes, mais aussi de la "puissance" réelle des citoyens, à travers des institutions et des mouvements sociaux, selon les conjonctures qui leur sont imposées. Construction politique de la puissance réelle des sujets dans le rapport de force qui les lie au pouvoir dictatorial : tel est l’enjeu fondamental du débat sur la citoyenneté et de la reformulation démocratique  qui doit  nous être aujourd’hui proposée  par une opposition en quête de son propre sens.

Car au fond, le véritable problème est là. Il manque à l’opposition  son sens, c’est-à-dire sa politique, une politique qui soit la sienne et non celle de sa déclamation réitérée qui n’a d’autre vertu que d’auto persuasion. Politique de la démocratie, la formule ne se décline pas seulement dans le sens qu’on vient d’indiquer d’une démocratisation de la politique, mais aussi dans celui plus aporétique encore d’une politisation réelle de la démocratie. Aux difficultés intrinsèques du concept d’une politique des droits de l’homme correspondent ainsi certains aspects de l’histoire tunisienne  récente, dans laquelle les "droits de l’homme" ont cru précisément trouver leur digne expression , histoire pour nous tunisiens  principalement marquée par le putsch parricide du fameux 7 novembre, la mort ,l’exil et l’emprisonnement  de centaines  d’hommes sous le feu d’une gigantesque opération de police politique, le déchaînement de conflits idéologiques entre les partis dans la pauvre  Tunisie de « l’ère nouvelle » aussi. Que dire alors et encore de l’opposition, dans ce qu’elle fait, dans la politique qu’elle exerce effectivement, sinon qu’elle rencontre là ses limites, et se joue elle-même sur la ligne qui la borde ? Elle se joue, c’est-à-dire se découvre, s’expose et menace de se perdre dans son institution et l’illimitation essentielle qui caractérise son concept. Aussi est-il nécessaire, dans une perspective critique,nationale de considérer l’envers de la limite, l’ouverture qu’elle dessine et les transformations juridiques et politiques qu’elle impose dans le procès d’une affirmation véritable de la démocratie tunisienne cernée  par tant et tant de confusions. Car cette zone frontalière qui donne cette image fragmentée et biaisée de cette opposition démocratique tunisienne, celle-là même à laquelle des gens comme ABBOU , MARZOUKI , JEBALI et bien d’autres, à des niveaux différents, ne cessent de nous prévenir  et de dénoncer pragmatiquement , est un lieu incertain, risqué, lieu où il devient cependant impossible de "penser autrement", c’est-à-dire,  de procéder à cet exercice sur soi de la pensée qui réfléchit sa propre histoire tout en cherchant à s’en déprendre. Une  démocratie  véritable qui s’inscrit dans une période de transition qui rassurera tout le monde est sans doute à ce prix.

 


 

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23 décembre 2006 6 23 /12 /décembre /2006 09:31

La paix des braves
Par
Bilel

Poser le problème de la critique, de la liberté d’expression en général en Tunisie serait dévoiler les fluctuations d’un champ humain et culturel en décadence et qui ne parvient pas à générer un véritable dynamique de la pensée et de l’action. Pour le cas de la dictature, le problème majeur en question relève de la platitude des représentations politiques. La majorité des institutions sont logées au niveau de la propagande officielle et dépendent de la programmation des caprices circonstanciels d’un pouvoir absolu, solitaire et paranoïaque, de la tutelle d’un dictateur  aux abois.

 

Le manque de perspectives pour ceux des opposants  qui après des années de lutte se trouvent au point de départ après les échecs consommés de quelques  actions chétives, est affligeant, nombre de partis  sont dans une impasse totale et gèrent le quotidien, tout en fait, présente évidemment  un problème crucial à résoudre en urgence pour les démocrates tunisiens. Les représentations politiques, philosophiques artistiques et culturelles demeurent conjoncturelles et officielles, de ce côté-là  le travail à accomplir est vraiment immense, mais  hors  du cercle restreint de ce que certains nomment les appareils et les tours d’ivoire où trônent des dinosaures, existent des personnalités tunisiennes et non des moindres  qui peuvent entraîner une jeunesse cultivée et stoïque  , convaincu de la nécessité démocratique , fière et résolue  à débloquer la situation et à forcer ce calamiteux cordon sanitaire mis en place par la dictature , ses alliés et  la néfaste habitude de ceux  qui ignorent et sont sourds et  aveugles aux réalités empirique et endogènes de notre pays , aux attentes et aux dispositions des tunisiens . Le cas de la gestion de la grève du 18 octobre par exemple incarne l’exemple de la conjoncture qui souvent est sous-tendue par le politique , reste loin des exigences des tunisiens appelés à tracer les contours de la nouvelle stratégie politique et par là même à s’imposer comme une réalité économique et culturelle dans le cadre des impératifs du nouvel ordre international , même si on sait que ce dernier  a plus de défauts que de qualités , mais tout  est préférable au statu quo qui nous est imposé par la dictature , je veux dire que même  le nouvel ordre international qui dans ses généralités se soucie peu des tunisiens  , peut jouer contre la dictature,si on travaille  à le rappeler à l’ordre  et à lui imposer par le travail militant et l’occupation du terrain nos vérités , car ses fondements sont aux antipodes  des exigences de la tyrannie tunisien , il peut lui retirer ses soutiens et l’imploser de l’intérieur ,il faut être conscient de cela , pour l’instant  nous sommes aux abonnés absents et la dictature est le seul interlocuteur présent devant les instances internationales , pour qui celui qui ne dit mot , comme nous , consent  et accepte sa condition ;ce que j’écris là me semble être du bon sens et mérite d’être discuté,  ce n’est pas de l’opportunisme  , c’est tout simplement du pragmatisme et être responsable à ne pas négliger aucune opportunité  qui peut nous aider  à sortir de la nasse.L'ennemi de mon ennemi n’est pas forcément mon ami  , mais peut-être un « ennemi » qui a le respect de notre différence.

 

Aujourd’hui en Tunisie , les choses  sont très claires sur tous les plans , les deux grands blocs sont plus que jamais définis , il y’a la dictature et en face un bloc démocratique avec  des leaders s’interrogeant sur un leadership pourtant évident  , des militants chevronnés et convaincus de la nécessité  de rester  dans l’essentiel  et travailler sur le seul objectif  qui urge ,et qui au-delà  donnera une visibilité et une transparence  pour ce qui est des forces réelles des uns et des autres, en leur temps , ces forces auront  une réalité incontournable  par la  seule désignation  d’un peuple tunisien libre et déterminé , un peuple qui j’espère dans un avenir très prochain  aura tout loisir pour se prononcer sur ses profondes aspirations et intimes convictions.Nous devons  nous inspirer  de la démocratie vénézuelienne et de CHAVEZ, et avoir honte de l’entretien  sans aucune pudeur de notre attentisme et notre impuissance.Aujourd’hui notre situation  dans cette lutte  contre une dictature de plus en plus arrogante , est dramatique , nous avons  des militants des droits de l’homme , des militants  démocratiques qui ne renoncent pas , mais qui sont  pourtant sceptiques  et fatigués devant les querelles des chapelles, des dérives qui dévalorisent un tant soi peu  dans les esprits, le sens du combat pour les libertés pour   une jeunesse  au fait des grands bouleversements internationaux , et qui voit leur pays dépérir par une action conjugués de forces contraires , la violence et l’aveuglement d’un pouvoir tyrannique qui finira par les obliger au choix  de ses seules attributions ,le renoncement ou la révolte armée, le fer et le sang ,il ne faut pas se faire d’illusions si cela continue nous y allons tout droit et droit dans le mur  , ce qui à mon avis, plus que tout, arrange  ben Ali,  et d’une opposition démocratique sclérosée , je ne parle pas des nuisances périphériques qui sont archi désignées dans le subconscient collectif des tunisiens , je parle de cette opposition démocratique, ma famille,  légitimée par son histoire et les sacrifices  de ses animateurs qui les désespère  par son manque  de substance , de stratégie , d’engagement et des fois de courage , heureusement qu’en son sein, quelques uns et ce depuis toujours  payent un lourd tribu  pour la sauvegarde de la dignité et l’honneur des tunisiens, je ne vais pas les nommer mais mon salut fraternel à MONCEF MARZOUKI, MOKTAR YAHYAOUI, ZOUARI, JEBALI, MAATAR et d’autres que j’oublie et qu’il me pardonnent  ma négligence.Nous n’en sommes plus aux conceptions romantiques d’une révolution par laquelle le tunisien, libéré des oppressions ataviques, traditionnelles , tribales claniques et des contradictions culturelles, progresserait ensuite sans à-coups dans la paix vers la justice , aujourd’hui  les tunisiens sont bien plus évolués  que ceux qui les oppriment , et sont loin des pesanteurs de ceux qui se sont donnés pour mission de les rassembler  et de les délivrer  de la dictature.

Cinquante années de dictature  et de pouvoir absolu d’une caste  de criminelle mettant le pays dans le chaos psychique et psychologique, toutes accomplies dans la violence, la haine, le sectarisme et la cruauté ; cinquante années de désillusions doivent aujourd’hui plus que jamais incliner le démocrate et le politique tunisiens à repenser le problème du progrès humain sur des données plus objectives , en phase avec les réalités  de la rue tunisienne , de la Tunisie profonde et  sa jeunesse qui dépérit, j’en appelle à l’arrêt des palabres , des faux fuyants , des slogans, j’en appelle  à la mise en sommeil et en demeure des débats idéologiques et de la valorisation des différences, j’en appelle  à la naissance d’un front national  pour l’instauration de la démocratie en Tunisie , la démocratie dans son modèle le plus réduit , le plus basique , celle qui se limite à chasser la dictature , à restaurer les institutions , et qui forcément  par delà toutes ces actions de survie , libérera les courants et les appareils de leur pacte de solidarité et de non-agression, j’aimerais que les vues de l’esprit des disciples de certaines idéologie  dites universelles mais qui ont failli partout dans le monde , des idéologie importées  qui à l’instar de la mondialisation , aussi extrême qu’elle, veulent informatiser de monde  , détruire les cultures et imposer un ordre par la contrainte.

La guerre civile que ce soit celle des armes, ou même aussi sanglante des idées n’est pas le corollaire inévitable des bouleversements sociaux, nous devons veiller à préserver notre nation et jamais insulter l’avenir

Le changement en Tunisie doit se limiter de nos jours aux conséquences qu’en pourraient attendre les tunisiens. Ces conséquences affectent le monde entier et sont modifiées de ce fait.

 

 

Actuellement en Tunisie, les attitudes des partis et des hommes dans leurs façons d’opérer déroutent l’entendement. Les aspects  dramatiques qui depuis Bourguiba  détruisent le pays et que dénoncent justement les démocrates tunisiens depuis toujours  subsistent. Mais il se trouve que les interférences des idéologies sans vraiment une profonde réalité sur la scène tunisienne en conflit placent partis et individus devant des situations contradictoires.

II est évident que des hommes politiques, obligatoirement engagés sur des positions que les fluctuations de la conjoncture les forcent d’abandonner, puis de reprendre sous un autre angle, ne sauraient éviter l’accusation de palinodie et garder figure d’honnêtes gens. À la vérité, ils n’en prennent guère souci, entraînés qu’ils sont à ne rien juger qu’en fonction de l’immédiat, de la stature et de la posture, et ça le profane tunisien le sent plus que toute autre chose.

Voilà pour la démoralisation publique inséparable des permanentes défaites et pour la dureté et l’égoïsme des hommes, inséparable des guerres civiles qui sont dans le possible  du devenir tunisien.

 

 

Quelle est, en tout cela, la situation d’un esprit ouvert n patriote et juste pour qui le destin de l’Homme tunisien est la raison de lutter par delà les contingences du temps et ses propres convictions ?

Son attitude ne dépend et ne peut dépendre que de sa position philosophique, humaniste et patriote. Les militants passionnels, instinctifs sous la bannière d’un parti ou un mouvement, qui sont les plus nombreux, singulièrement parmi les jeunes, obéissent à leurs élans et se butent facilement dans un absolu. Tout perdre s’il le faut, mais ne transiger sur aucun principe. Cette façon de faire  indirectement aussi fait le jeu de la dictature qui est un corps homogène et compact.

Il faut que des démocrates tunisiens aillent en exploration plus loin dans la cohésion  qu’il n’est raisonnable d’aller pour que d’autres puissent plus tard s’y rendre avec leurs singularités. Il suffit de savoir que le démocrate tunisien qui renonce à ses prétention partisanes pour le bien collectif ne raisonne pas comme un flambeur ou un joueur, mais comme un patriote désintéressé et conscient  de la valeur de son combat.

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