Par
HOUSSINE
Apparemment, Bush fait cavalier seul. Sa stratégie de « la voie en avant » est équivalente à une fuite en avant. Rien ne le retient puisqu’il rappelle à tout un chacun qu’il est le maître en disant, avec arrogance, que « c’est moi qui décide » et que, en tant que tel, il ne renonce pas à sa stratégie du « chaos destructeur » qu’il compte porter à son point culminant. Rien ni personne ne peut l’arrêter sitôt que les résidus des néoconservateurs qui l’entourent encore tels Cheney, Rice, … lui ont signifié le chemin à suivre.
Qu’il soit mis en minorité par le peuple américain du fait de sa faible côte de popularité ou par les députés et les sénateurs ou à l’intérieur du parti républicain, qu’il ressemble à la peste étant donné que tous ces fanatiques qui l’approchaient ont fini par tomber les uns après les autres alors que d’autres attendent leurs tours après avoir subi la vindicte populaire, qu’il rate l’occasion de se réconcilier avec ses concitoyens en rejetant les propositions consensuelles du rapport Baker – Hamilton émanant des démocrates et des républicains et lui offrant une issue de sortie « honorable » du bourbier irakien, qu’il voit s’élargir les cercles d’opposition à ses projets néfastes aux officiers supérieurs de l’armée américaine, qu’il voit les citoyens anti - guerre s’activer et manifester massivement pour contrecarrer ses desseins catastrophiques, … ; Bush n’entend pas s’estimer défait en optant pour une autre ligne de conduite que celle de « maintenir le cap » pour décrocher la « victoire ». Autrement, son statut d’ « élu de Dieu » et de « croisé contre la terreur et pour la démocratie » ne vaudra plus rien. La « mission divine » dont il se croit chargée va tomber à l’eau. Alors, rien dans son palmarès de boucher vaincu ne redorera son blouson. Tous ses fanatiques retiendront qu’il fut un président inapte à traduire dans les faits ce qu’il n’arrêtait pas de faire sortir de sa bouche grande ouverte. En somme, pour ces faucons, Bush personnifie le prototype d’un personnage grincheux incapable de tenir ses promesses et, lamentablement, vaincu par ses pires ennemis parce qu’il a dévié de la ligne dure qu’il s’était juré de suivre quelles que soient les circonstances et les contraintes et parce qu’il a cédé sur bon nombre de dossiers dont le Liban, la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord, ... Au lieu d’agir comme, auparavant, en Afghanistan et en Irak, Bush s’est contenté des voies diplomatiques, l’arme des faibles par ailleurs, alors qu’il fallait user de la force pour régler ces problèmes comme l’exige la véritable volonté d’intronisation des Etats-Unis en tant que seule superpuissance à laquelle il échoit d’imposer sa domination incontestable sur le monde.
Ces signes de faiblesse, émanant de Bush, vont entamer l’image de marque des Etats-Unis résidant en la toute puissance de leur force de frappe militaire et les affaiblir aux yeux de leurs ennemis et des états « voyous ». Ce qui est inacceptable pour les faucons et les néoconservateurs. Certains, parmi eux, s’empressent de dire que la formule adéquate, pour le cas de l’Irak, s’annonce comme suit : « en Irak, il faut maintenir le cap mais changer d’itinéraire »(1). Dans ce cadre, il n’est pas question de parler de rapatriement des troupes armées américaines ou de quoi que ce soit de ce genre. La colonisation directe va subsister indéfiniment en même temps que voit le jour une nouvelle division du travail entre les forces colonisatrices et les dirigeants irakiens de la façon suivante : « ma solution permet de couper la poire en deux : maintenir le cap, mais changer d’itinéraire. Je suggère d’évacuer les forces de la coalition des zones habitées d’Irak et de les redéployer dans le désert. De cette manière, les troupes peuvent rester indéfiniment en Irak, tout en évitant de subir son carnage urbain. Les troupes dirigées par les États-Unis peuvent ainsi à la fois effectuer des tâches essentielles (protéger les frontières, assurer le fonctionnement des infrastructures pétrolières et gazières, veiller à ce qu’aucun monstre du genre de Saddam Hussein ne s’empare du pouvoir) et mettre fin à leurs activités secondaires (faire régner l’ordre dans les rues, protéger leurs propres quartiers) »(2).
Ainsi, l’armée américaine va élire domicile en Irak une fois pour toutes en étant, savamment, protégée contre les attaques mortelles causant des pertes humaines parmi ses soldats. Cette situation lui offrira, aussi, le loisir d’étaler ses forces contre les pays voisins et de contrôler parfaitement l’intérieur de l’Irak. Malgré son extrême faiblesse qui a fait dire à Nouri EL Maliki, l’actuel premier ministre irakien, que « Bush n’a jamais été aussi faible », Bush s’est ressaisi dans un élan, semblable au dernier soupir d’un mourant, en défiant tout le monde tout en « gardant le cap » et en appelant à l’envoi de nouvelles troupes en Irak. En définitive, il a opté pour la stratégie de l’escalade dont les chances de réussite s’avèrent très discutables du fait que Bush, lui – même, part, dans cette aventure, d’une position de faiblesse à l’intérieur et à l’extérieur des Etats-Unis. Ce simple constat préjuge de lendemains qui déchantent pour Bush d’où l’intérêt de se pencher sur la question à la lumière des changements survenus et, de façon générale, en défaveur de Bush et de ses quelques serviteurs inconditionnels.
A ce niveau, Bush n’a pas attendu longtemps pour commencer à être la cible de plusieurs attaques provenant des députés et sénateurs républicains et démocrates, des officiers supérieurs de l’armée, de la société civile américaine, de nombreuses personnalités étrangères qui considèrent sa stratégie comme « non mûre » ou qui voient que la solution réside dans le départ des forces alliées de l’Irak dans des délais précis, … Tout ceci ne semble pas avoir raison de l’arrogance de Bush qui n’en finit pas de croire en la « victoire » là où il a échoué lamentablement depuis 2003 surtout. Il ne fait que répéter à ceux qui veulent encore l’entendre qu’il faut lui « laisser une chance » pour mener à bien ce qu’il n’a pas pu accomplir durant plus de trois années. Pour ce faire, il a besoin d’autres renforts de troupes et du financement nécessaire pour venir à bout des ennemis de « liberté » en Irak et ailleurs. C’est-à-dire qu’il s’engage à emprunter des voies pleines de risques pour le peuple irakien et pour les troupes américaines en particulier dans un contexte où même ses alliés les plus proches tels Blair, par exemple, qui annonce une diminution du nombre de soldats en Irak. Devant cet entêtement, Bush parait prendre le chemin du suicide du fait qu’un ensemble de facteurs objectifs et subjectifs ne plaident pas en sa faveur.
Il n’y a, pour cela, qu’à prendre en considération les toutes premières réactions originaires des propres rangs du parti républicain à l’encontre de Bush et de sa nouvelle stratégie en Irak. En voilà quelques unes qui en disent long sur l’isolement de Bush au sein de son camp. Des sénateurs s’expriment à haute voix pour marquer leur nette opposition avec la « ligne dure » du président et pour émettre des doutes sur ses chances de réussite. Ainsi, « le républicain Chuck Hagel estime qu’il "n’y a pas de stratégie. C’est une partie de ping-pong avec les vies américaines. Ces jeunes hommes et femmes que l’on envoie dans la province d’Anbar, en Irak, à Bagdad, ne sont pas des pions, ce sont des vies réelles. Et on ferait mieux d’être fichtrement sûr de ce qu’on fait, nous tous, avant d’envoyer 22 000 Américains de plus dans ce bourbier »(3). En réduisant à néant la « stratégie » de Bush et en faisant allusion aux dangers qui guettent le nouvelles troupes en Irak, il s’agit bien de montrer qu’un tel plan ne mène à rien et n’aura aucun effet sur l’issue de la guerre sinon d’exposer les vies des jeunes soldats à la mort. Ce qu’affirme Richard Lugar, l’ex-président républicain de la commission des affaires étrangères au sénat, en ne mâchant pas ses mots par cette déclaration : « je ne suis pas convaincu que le plan du président Bush réussisse »(4).
Le républicain George Voinovich, quant à lui, réfute l’allégation selon laquelle l’envoi d’autres troupes est de nature à assurer la sécurité nationale des Etats-Unis en disant que « après une réunion de trois heures avec de hauts responsables du renseignement, trois entretiens à la Maison-Blanche et plusieurs auditions, je suis encore plus sceptique maintenant qu’avant à propos de l’impact [du plan Bush] sur notre sécurité nationale »(5). De tels exemples rendent compte du fait que les mensonges de Bush n’arrivent plus à convaincre même ses plus proches supporters au vu des résultats de plus de trois années d’occupation de l’Irak. Pendant toute cette période, les événements ont pris une telle tournure que tous les rêves chimériques de Bush et de son équipe de néoconservateurs se sont révélés irréalisables sur le terrain des opérations et se sont soldés par des échecs cuisants contrairement aux vœux du gang Bush. D’autre part, les alliés les plus proches tels que Blair et Howard, après avoir cautionné la stratégie de Bush, se contentent de préciser qu’ils ne sont pas prêts à envoyer d’autres troupes en Irak.
Malgré tous ces indices qui doivent faire réfléchir l’administration américaine, Bush ne semble écouter que ces faucons déchus qui en appellent toujours à « maintenir le cap » même si toutes les personnes saines d’esprit s’accordent à dire que l’envoi de 21500 soldats de plus ne va rien changer à la donne et que les jeux sont faits en Irak. Par ailleurs, le financement d’une telle mésaventure perdue d’avance augmentera les coûts de la guerre en les élevant aux niveaux records enregistrés lors des guerres de Corée et du Vietnam puisque « depuis 2001, le Sénat et la Chambre des représentants ont voté en tout 503 milliards de dollars de crédits pour les guerres en Irak et en Afghanistan, selon le bureau du budget du Congrès. Les dépenses d’entretien des troupes au jour le jour ne cessent de gonfler et approchent maintenant 10 milliards de dollars par mois. Le secrétaire adjoint à la défense, Gordon England, souligne qu’après quatre ans en Irak, les hélicoptères, avions et autres véhicules blindés usés ou détruits doivent être remplacés. Douze soldats ont été tués le 20 janvier après le crash d’un hélicoptère et 13 autres dans des attaques à la veille de l’arrivée en renfort, dimanche, de 3 200 soldats. A la fin de l’année, nul doute que le coût de la guerre dépassera largement les 600 milliards de dollars approchant en termes réels ceux des conflits du Vietnam (660 milliards en dollars d’aujourd’hui) et de Corée (690 milliards) »(6).
Chacun sait qu’une bonne partie de ce budget militaire sera financée à coups de coupes sur les secteurs sociaux, comme la santé, qui profitent aux catégories pauvres de la société américaine. C’est ainsi que Bush règle les problèmes de santé des peuples américain et irakien en tuant les irakiens et en laissant périr les américains. Son aveuglement ne peut le conduire, effectivement, qu’à l’amplification des tueries et du chaos dans les pays envahis en échange de victoires qu’il a tant souhaitées et dont il est incapable.
De la sorte, bien des observateurs considèrent que la campagne de l’administration Bush contre l’Iran est une vaine tentative pour camoufler les échecs cumulés et prévus en Irak. Mais, défait comme il est, il n’ose pas le prouver en déclarant « haut les mains » comme ses ancêtres cowboys. Son arrogance à s’estimer le maître du monde lui a coûté des critiques sévères de la part de Poutine qui a passé en revue la vision du monde selon Bush en ces termes : "qu’est-ce qu’un monde unipolaire ? Même si on essaie d’embellir ce terme, il signifie simplement un seul centre de pouvoir, un seul centre de puissance et un seul maître", a-t-il déclaré. "Cela n’a rien à voir avec la démocratie, qui veut que la majorité prenne aussi en compte l’opinion de la minorité. Il y a des gens qui n’arrêtent pas de nous donner des leçons de démocratie (...) qu’ils ne suivent pas eux-mêmes"(7). Tous les subterfuges sur la domination du monde et la propagation de la démocratie, servis par Bush et les néoconservateurs, sont dénoncés à voix haute. La mégalomanie et l’unilatéralisme qui s’en suit ont agi de telle façon que "les actions unilatérales n’ont pas résolu les conflits, elles les ont aggravés"(8). C’est là probablement que se situent les objectifs du gang Bush qui, faute de victoires annoncées auparavant, ne compte plus que semer son « chaos constructeur » dans le plus grand nombre de pays. Ne serait – ce pas là la traduction concrète de ce slogan, digne de Bush, « après moi le chaos ».
Notes
1 – Daniel Pipes, En Irak, il faut maintenir le cap mais changer d’itinéraire, fr.danielpipes.org
2 – Idem.
3 – Le Sénat américain défie George W. Bush et sa stratégie irakienne, fr.news.yahoo.com/25012007/342/le-senat-americain-defie-george-w-bush-et-sa-strategie.html, jeudi 25 janvier 2007, EuroNews.
4 – Irak : cuisant échec de Bush au sénat, Ledevoir.com
5 – Idem.
6 – Eric Leser, Le coût des guerres en Irak et en Afghanistan équivaut à 1 % du PIB américain, lemonde.fr, 22/01/2007.
7 – Vladimir Poutine dénonce une « vision unipolaire » du monde, lemonde.fr avec Reuters, 10/02/2007.
8 – Idem.
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Le Président George W. Bush et le vice-président Dick Cheney jouent inconsciemment le rôle du Dr. Jack Kevorkian en aidant l’Etat d’Israel à se suicider. C’est la conséquence inévitable de l’attaque aérienne et aux missiles prévue contre l’Iran.
Le paysage rempli d’impacts et chaotique de l’Irak, du Liban et de l’Afghanistan et les immenses files d’attente de candidats devant les bureaux de recrutement d’Al-Qaeda et d’autres terroristes témoignent avec éloquence des conséquences involontaires des politiciens myopes de Washington et de Tel Aviv.
Par Ray McGovern
Photo : Sharon raconte à son ami Bush l’histoire des 3 étapes. Demandez à un Irakien ou à un Palestinien s’ils la trouvent drôle.
Hypnotisés. Malheureusement, c’est le meilleur mot pour décrire ceux d’entre nous qui se rendent compte de l’inexorable marche folle vers une guerre avec l’Iran et un danger croissant pour la sécurité d’Israel, en particulier à moyen et à long terme.
Une attaque américaine et/ou israélienne contre l’Iran libèrera les chiens de guerre. Ces chiens ne sont jamais allés à l’école de l’obéissance. Personne ne leur refusera une chance de mordre, et l’arsenal d’armes nucléaires d’Israel ne pourra rien faire pour les museler.
Selon moi, jamais depuis 1948 l’existence même d’Israel n’avait été autant en jeu. Bush/Cheney et les responsables israéliens ne sont-ils pas capables de le voir ?
Quel dommage que personne ne semble avoir lu l’avertissement de notre premier président sur les effets nocifs des alliances embrouillées.
L’ironie suprême est que dans leur ferveur à aider, comme d’habitude, Israel, Bush et Cheney semblent être dans l’ignorance totale qu’ils descendent une allée qui les mène à la falaise.
Provocation et prévention
Quand il s’agit de rejeter des discussions directes avec l’Iran ou entre Israel et la Syrie, l’influence et les motifs du vice-président sont plus transparents que ceux de Bush.
C’est sûr, Cheney a déclaré récemment à Wolf Blitzer sur CNN que la politique de l’administration concernant l’Irak serait "un énorme succès de l’histoire", mais ne croyez pas ceux qui disent que Cheney "délire".
Lui et ses amis néoconservateurs sont fous à lier. Ils ont insisté sur une confrontation avec l’Iran pendant de nombreuses d’années, et ils ont vu l’invasion de l’Irak dans ce contexte.
En faisant allusion aux récentes initiatives des militaires américains, Robert Dreyfuss a décrit correctement les néocons en disant qu’ils "croisaient les doigts dans l’espoir que l’Iran répondrait par une provocation, aggravant ainsi de façon inexorable ce qui est maintenant une guerre froide."
Mais qu’en est-il du président ? Comment expliquer sa fixation à vouloir accrocher le wagon de l’Iran ?
L’influence de Cheney sur Bush s’est toujours montrée considérable depuis que le comité de recherche composé d’un seul homme pour un candidat à la vice-présidence de 2000 a choisi Cheney.
Le vice-président peut jouer du violon à Bush. Mais quelles cordes utilise-t-il ici ? Où est la résonance ?
L’expérience a montré que le président était quelqu’un d’impressionnable avec un penchant pour accorder beaucoup d’importance à ses premières impressions et à s’accrocher à des gens supposés être des âmes soeurs - que ce soit le Président russe Vladimir Poutine (de confiance, à première vue), au directeur de la CIA, George Tenet, un type qui veut toujours se faire des amis, ou à l’ancien Premier Ministre israélien suintant de testostérone, Ariel Sharon.
Sa relation avec Ariel Sharon était d’un intérêt particulier. Le Général à la retraite Brent Scowcroft, un maître de la discrétion avec les médias, avait trouvé convenable de dire au Financial Times de Londres, il y a deux ans et demi, que Sharon avait "hypnotisé" Bush et "qu’il l’avait enroulé autour de son petit doigt."
En tant que président du prestigieux Comité Consultatif des Renseignements Etrangers sous George W. Bush et conseiller à la sécurité nationale sous son père, Scowcroft était bien placé pour le savoir - et pour tirer des comparaisons.
Il a été sommairement viré après avoir fait ses commentaires au sujet de Sharon et il est maintenant persona non grata à la Maison Blanche.
Syndrome de déficit de compassion
George W. Bush a rencontré Sharon pour la première fois en 1998, quand le gouverneur du Texas a été emmené en visite au Moyen-Orient par Matthew Brooks, à l’époque directeur exécutif de la Coalition Juive Républicaine.
Sharon était Ministre des Affaires Etrangères et il a emmené Bush faire un tour en hélicoptère au-dessus des Territoires Occupés par les Israéliens.
Le 3 août 2006, McClatchy a envoyé une histoire de Ron Hutcheson qui citait Matthew Brooks :
"S’il y a un point de départ à l’attachement de George W. Bush à Israel, cela remonte au jour, vers la fin de 1998, où il se tenait sur le sommet d’une colline où Jésus a prononcé le Sermon sur le Mont, et quand, les yeux débordants de larmes, il a lu tout haut son hymne préféré, "Amazing Grace". `Il était très ému. C’était une expérience déchirante. Il est revenu chez lui avec Israel dans son coeur. Je pense qu’il avait été profondément touché."
Bush a fait une référence gratuite mais révélatrice à ce voyage lors de la première réunion de son Conseil de Sécurité Nationale (NSC) le 30 janvier 2001.
Après avoir annonçé qu’il abandonnerait le rôle de médiateur "honnête" existant depuis des décénnies entre les Israéliens et les Palestiniens et qu’il penchait de façon prononcée pour Israel, Bush a indiqué qu’il laisserait Sharon résoudre le conflit comme il le voudrait.
À ce moment-là, il a évoqué son voyage en Israel avec la Coalition Juive Républicaine et le survol des camps palestiniens, mais en disant qu’il ne se sentait pas du tout concerné par le sort des Palestiniens.
Dans "A Pretext for War" (ndt : Un Prétexte pour la Guerre), James Bamford cite Bush : "La situation ne semblait pas bonne en bas." a-t’il dit avec un froncement des sourcils. Puis, il a dit qu’il était temps de mettre fin aux efforts de l’Amérique dans la région : "Je ne vois pas bien ce que nous pouvons faire là-bas en ce moment".
Et voilà pour le Sermon sur le Mont. La version que j’ai lue met un accent sur le fait de travailler activement pour la justice. Il n’y a aucune suggestion que les larmes suffisent.
Le Secrétaire au Trésor de l’époque, Paul O’Neill, qui était présent lors de la réunion du NSC, a rapporté que Colin Powell, le nouveau Secrétaire d’Etat, a été pris complètement par surprise devant cet abandon nonchalant de la politique de longue date. Powell a objecté, en prévenant que cela déchainerait Sharon et que "les conséquences pourraient être graves, en particulier pour les Palestiniens."
Mais selon O`Neill, Bush a juste gesticulé, en disant, "parfois une démonstration de force de la part d’un côté peut vraiment clarifier les choses". O`Neill dit que Powell a semblé "effrayé". Mais on peut parier à coup sûr que le vice-président n’a été nullement effrayé.
Un récit semblable reflétant le désordre de manque de compassion de Bush saute aux yeux en lisant "The One Percent Doctrine" (ndt : "La Doctrine du Un pourcent") de Ron Suskind.
Le Prince Abdullah, le leader de facto de l’Arabie Saoudite, était fort en colère en avril 2002 quand il est arrivé à Crawford pour contester la décision de Bush de prendre parti pour Israel et d’abandonner le rôle américain de médiateur honnête dans le conflit israélo-palestinien.
Avec l’épithète "d’homme de paix" fraîchement accordé à Sharon par Bush qui lui résonnait toujours dans les oreilles, Abdullah a commencé en insistant sur le fait que le président et ses collaborateurs regardent une vidéo de 15 minutes. Elle montrait le chaos en Cisjordanie, les tanks fabriqués aux Etats-Unis, des enfants ensanglantés et morts, des mères en larmes.
Puis, toujours sans un mot, ils sont tous entrés dans une autre pièce où les Saoudiens ont commencé à faire des demandes spécifiques, mais Bush a semblé distrait et insensible. Après quelques minutes, le président s’est tourné vers Abdullah et a déclaré : "Allons faire un tour. Juste vous et moi. Je vais vous montrer le ranch."
Bush n’était évidemment tellement pas préparé à discuter du sujet avec ses invités saoudiens que certains des collaborateurs du président ont vérifié ce qui s’était produit.
Le dossier du briefing pour le président avait été détourné vers le bureau de Cheney. Bush ne l’avait jamais eu, donc il ignorait totalement ce que les Saoudiens espéraient accomplir en faisant le voyage à Crawford. (Il y a un doute que cette expérience ait été courante au cours des six dernières années et qu’il y ait en effet deux décideurs à la Maison Blanche, l’un d’eux contrôlant la circulation des documents.)
Bush n’était pas privé de briefings de contexte. En effet, il a montré une préférence à les obtenir du premier ministre Sharon qui, avec son haut responsable militaire, le Général Yoav Galant, a informé le président à Crawford (en 2005) et dans le Bureau ovale (en 2003) du programme d’armes nucléaires de l’Iran.
Désolé si je trouve cela bizarre. C’était notre travail à la CIA. Je parie que Sharon et Galant étaient plus percutants.
Il y a, sans aucun doute, quelque chose de plus en jeu dans l’attitude de Bush et son comportement concernant Israel et la Palestine.
On n’a pas besoin d’être un psychologue pour avoir une preuve suffisante de ses tendances oedipiennes. Ce n’est pas un secret que le président a critiqué en privé ce qu’il perçoit comme étant des erreurs de son père.
Suskind, note par exemple, que Bush a défendu son penchant pour Israel en disant à un ancien employé de la politique étrangère : "Je ne vais pas soutenir mon père et tous ses copains arabes !"
Et il semble certain qu’Ariel Sharon a raconté au jeune Bush les efforts de James Baker, le Secrétaire d’Etat de son père, pour faire l’impensable ; c.-à-d., présenter une quantité de revendications arabes dans les accords qu’il a essayé de négocier entre Israel et les Palestiniens. Il semble clair que c’est l’une des raisons pour lesquelles le rapport Boulanger-Hamilton était mort à l’arrivée.
Avec des amis comme ça...
George W. Bush peut avoir les meilleures des intentions dans sa ferveur à défendre Israel, mais lui et Cheney ont la plus myope des politiques. Les responsables israéliens risquent beaucoup s’ils prennent du réconfort dans la rhétorique du président, en particulier vis-à-vis de l’Iran.
Je suis constamment stupéfait de découvrir, quand je parle dans le pays, que la grande majorité des Américains instruits pense que nous avons un traité de défense avec Israel.
C’est faux, mais on peut aisément voir à quel point ils sont trompés.
Écoutez le président il y a exactement deux ans :
"Il est clair que si j’étais le responsable d’Israel et que j’avais écouté certaines des déclarations des Ajatollahs iraniens au sujet de la sécurité de mon pays, je serais aussi préoccupé par le fait que l’Iran possède une arme nucléaire. Et, comme Israel est notre allié [sic] - et du fait que nous nous soyons très fortement engagés dans le soutien à Israel - nous soutiendrons Israel si sa sécurité est menacée.
Nous ne faisons aucune faveur aux responsables israéliens en leur donnant l’impression qu’ils ont carte blanche dans leur région - particulièrement en ce qui concerne l’Iran - et que nous les tirerons d’affaire, quoi qu’il arrive."
N’ont-ils rien appris du passé récent ?
Loin d’améliorer la sécurité d’Israel, l’invasion étasunienne de l’Irak et l’encouragement de Washington dans l’attaque inefficace d’Israel contre le Liban l’été dernier ont eu comme conséquence plus de pépinières de terroristes contre Israel.
Cela semblera un jeu d’enfant comparé à ce qui nous attend si les Etats-Unis et/ou Israel bombardent l’Iran.
Résultat : il y a une menace croissante d’attaques-suicide en Israel. Les deux plus dangereux travaillent à la Maison Blanche.
Ray McGovern
Source : http://www.antiwar.com
Traduction : MG pour ISM
Provenance : alterinfo.net
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Apartheid médical, les Noirs des Etats-Unis utilisés comme cobayes |
Harriet Washington |
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Traduction intégrale de l'interview sur Democracy Now d'Harriet Washington, chercheuse en science médicale, auteur d'un livre : « Apartheid Medical : l'Histoire Sombre de l'Experimentation Médicale sur les Américains Noirs de l'Epoque Coloniale à Aujourd'hui ». Ce livre révèle la face cachée de la recherche scientifique et les racines du déficit de santé des afro américains. Il examine aussi des abus moins connus et se penche sur des pratiques médicales non éthiques et les mauvais traitements subis par les noirs aujourd'hui encore dans les établissements de soins. |
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Apartheid Medical : l'Histoire Sombre de l'Experimentation Médicale sur les Américains Noirs de l'Epoque Coloniale à Aujourd'hui
27 février 2007
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Une histoire occultée qu’un livre surprenant, dévoile. L’histoire des soldats Juifs d’Hitler demeure au rang des pages occultées de la seconde guerre occidentale. Cependant un ouvrage, agrémenté par de nombreux documents et divers témoignages inédits, lève le voile et retrace l’histoire de ces nombreux Allemands d’ascendance juive qui, à des degrés divers, ont rejoint l’armée allemande pour combattre et servir les idéaux et intérêts d’Hitler. Au fil des pages, ont comprend que ces hommes ont délibérément choisit de servir les ennemis de leur peuple dans l’espoir de protéger leur famille mais aussi simplement par patriotisme. Aujourd’hui, on estime leur nombre entre 120 000 et 160 000. Plusieurs ont d’ailleurs accédé à des grades militaires élevés (feld-maréchal, amiral, général) et ont même reçu les honneurs militaires (décorations pour actes de guerre). Chose particulière, pour combattre pour la défense et la grandeur du Reich, il leur fallait généralement faire la demande et obtenir l’autorisation personnelle du Führer, pour être habilité à verser leur sang pour la cause des nazis. Avec ce livre, on accède donc à des aspects insoupçonnés du régime nazi, mais on reste aussi surpris de l’attitude humaine de certains Allemands envers leurs infortunés compatriotes. L’auteur : Ancien étudiant des Universités de Yale et de Cambridge, Bryan Mark Rigg est actuellement professeur d’histoire à l’Université militaire des États-Unis. Il a servi comme volontaire dans l’armée israélienne et comme officier dans les Marines américains. Les soldats Juifs d’Hitler Une histoire occultée qu’un livre surprenant, dévoile.
Ce qu’en dit le site juif "Koutrass" : Une recherche a récemment permis de dévoiler le fait que 150.000 soldats d’origine juive servaient dans l’armée allemande durant la Choa, pendant que leurs proches étaient assassinés dans les camps de concentration... Voici deux ans a paru un livre aux Etats-Unis, et déjà il a été traduit en français aux éditions de Fallois, sous le titre : La tragédie des soldats juifs d’Hitler. C’est le côté sensationnel de l’affaire : alors que tout le système allemand s’acharnait avec une cruauté inouïe, à détruire méthodiquement toute trace du peuple juif de la surface de la terre et de dessous les cieux, des dizaines de milliers de soldats, qui servaient dans les différentes armes de l’armée allemande, étaient en fait eux-mêmes des Juifs, à part entière dans certains cas, mais surtout au tiers, au quart et à moins que cela. Ce qui donnait alors le statut très méprisant de Mischling (des métis). Un bruit court d’ailleurs que même le... Führer avait un grand-père juif... Mais ce qui nous paraît le plus dramatique dans le tableau qui émane de ce livre, c’est le désarroi le plus complet dans lequel sont tombés ces gens, après un siècle d’une assimilation des plus galopantes. Des centaines de milliers de descendants juifs peuplaient alors l’Allemagne, et pensaient être totalement et définitivement assimilés à la société et la culture allemandes. C’est alors que les nazis arrivent au pouvoir et ils se voient bien vite mis au ban de la société, considérés comme des citoyens de seconde zone, pour finalement être jetés dans les camps de concentration, même s’ils avaient pu pendant un temps servir dans l’armée et espérer à ce compte avoir la vie sauve. Puis, après la guerre, ces gens n’ont pas réussi à réintégrer une place parmi les hommes : les uns les rejetaient du fait de leur passé nazi, les autres parce que somme toute de « véritables » Allemands, ils n’étaient pas... Les incroyables méfaits de l’assimilation - qui ne mène donc à rien ! Le présent ouvrage ne tient pas compte de la Halakha en la matière (pour le moins... Il n’en comprend pas l’esprit) mais les nazis n’ont-ils pas fait de même : il leur suffisait qu’un seul aïeul soit juif, pour que le petit-fils soit considéré comme un Mischling, un métis... Comment toute cette affaire a-t-elle commencé ? Bryan Marc Rigg avait vingt et un ans, quand, étudiant à l’université de Yale aux Etats-Unis, il a décidé d’abandonner pour un temps sa ville natale du Texas, ses études et ses examens, pour se rendre en Allemagne et se pencher sur les sources de sa famille, les Rigg. Au courant de l’année 1992, durant son séjour, il s’aperçoit que ses origines sont juives, et il décide avec fermeté de pousser plus loin ses investigations. Il se rend dans la vieille bourgade où avait vécu son arrière-grand-père, et demande à quelqu’un parmi les vieilles gens de l’endroit, s’il connaît encore l’histoire de la famille Rigg, mais cette personne le dirige vers les archives de l’église locale, où toutes les naissances sont enregistrées. Et, effectivement, dans l’un de ces registres était inscrit que l’arrière-grand-mère Rigg était juive. Comme aucune trace de conversion n’apparaissait, Bryan a admis que lorsque sa famille a émigré aux Etats-Unis en 1863, silence a été fait sur ses origines, et la famille Rigg s’est présentée comme chrétienne allemande... Bryan savait qu’il avait encore de la famille en Allemagne, mais comment la retrouver ? Ce n’est qu’après de nombreuses recherches qu’il a réussi à localiser deux personnes portant ce patronyme, qui avaient servi dans la Wehrmacht... Ceci a renforcé Bryan dans son sentiment : il faut dévoiler ce « secret » ! Mais comment ? Se trouvant à Berlin, il eut une conversation avec un homme, d’apparence sympathique et cultivée. Ce dernier, à la grande surprise de Bryan, lui a raconté qu’il était juif, et qu’il avait servi dans l’armée allemande durant la guerre : « Je n’étais pas le seul soldat juif, lui affirma-t-il, mais le sujet reste tabou, personne ne s’y intéresse, mais si vous savez vous y appliquer, vous arriverez aux personnes concernées et aux documents qui en parlent. » Sur ces bonnes paroles, il s’en alla. Bryan resta abasourdi, mais réalisa quelques instants plus tard qu’il avait trouvé là son sujet de thèse historique. A partir de cet instant-là, Bryan interviewa de nombreuses personnes, une partie d’entre elles ayant même prit part à la vie politique du pays après la Choa, tel le chancelier allemand Helmut Schmidt (dont certains ancêtres étaient juifs). Bryan ne parvint pas à attirer la confiance de certains d’entre eux, qui refusèrent de livrer leur secret, mais une bonne partie a accepté de parler, et d’avouer leur part dans la guerre. « Ils ne savent pas quelle est leur place, et jusqu’à présent ils n’avaient pas où s’exprimer. Personne ne veut les adopter... » écrit-il. Dr Bryan Rigg a parcouru l’Allemagne de part en part à bicyclette, avalant quelquefois des centaines de kilomètres par jour. Des mois durant, il se nourrissait de gâteaux secs bon marché, et dormait dans un sac de couchage, dans des gares désaffectées. Puis il a été amené à voyager en Suède, au Canada, en Turquie et en Israël. Ce programme a duré six années, et il n’était armé que de son ordinateur portable et de son appareil vidéo. Ses conclusions ont paru durant l’été 2000, sous le titre : Les soldats juifs de Hitler, l’histoire inédite des lois racistes nazies, et des soldats d’origine juive dans les lignes de l’armée allemande. Il avait effectué quatre cents interviews d’anciens soldats, il avait cinq cents heures de témoignages filmés en vidéo, trois mille photos et trente mille pages de souvenirs de soldats et d’officiers de l’armée hitlérienne. Les conclusions de Rigg sont sensationnelles : 150.000 soldats et officiers d’origine juive ont servi dans l’armée hitlérienne ! Du fait de l’intensité de l’assimilation en Allemagne dans les années qui ont précédé la guerre, avec, entre 1901 et 1929, 36.000 cas de mariages mixtes, nombreux étaient les engagés militaires dans l’armée allemande, et Hitler n’a pas pu, lorsqu’il a accédé au pouvoir, effectuer une épuration de ses troupes. Malgré les lois raciales de 1935, distinguant entre les Mischling de premier niveau (50% de sang juif) et ceux du second niveau, nombreux sont ceux qui sont restés tranquillement à servir l’armée, arrivant même aux plus hauts postes des diverses forces armées, et accédant aux plus hautes récompenses de l’armée - bien que certains vétérans se soient plaints aux oreilles de Rigg que leurs supérieurs n’étaient pas enthousiastes, lorsqu’il fallait proposer un Mischling à recevoir une quelconque décoration... Les médias nazis ont longtemps publié en première page la photo du soldat allemand idéal, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, revêtu du casque nazi. Le nom de ce soldat, bien aryen, sonnait bien moins aryen : Werner Goldberg... Un haut officier à la Wermacht, Robert Borhard, a reçu l’une des plus hautes décorations possibles, suite à ses initiatives salvatrices sur le front russe en 1941. Lors des combats d’El Alamein, il est tombé aux mains des Anglais, et en 1944, les autorités anglaises lui ont permis de se rendre en Angleterre pour retrouver son père... juif. En 1946, il retourne en Allemagne, non sans avoir déclaré à son père qu’il fallait bien que l’on se dévoue pour permettre la reconstruction de « notre » pays... En 1983, peu de temps avant sa mort, Borhard a déclaré face à des élèves allemands : « De nombreux demi-Juifs qui ont fait la guerre du côté allemand durant la Seconde Guerre mondiale ont pensé qu’ils devaient défendre leur patrie avec courage. » Le colonel Walter Hollander, dont la mère était juive, a reçu personnellement de la main du Führer une attestation d’aryanisation. De nombreuses autres attestations de cet ordre, signées de la main du Führer, ont été attribuées à des dizaines d’officiers supérieurs d’ascendance juive. L’amiral Bernard Rog, dirigeant des navires de guerre allemands, était d’origine juive. Il a mis hors service un bateau de guerre anglais et a trouvé dans ses papiers le plan secret des forces alliées concernant l’Extrême-Orient. Il a transmis ces documents aux Japonais, qui l’ont remercié en lui attribuant une épée de samouraï, haute distinction nippone. De même Reinhard Heydrich, « le bourreau de l’Europe », était d’origine juive. Ces demi-Juifs se sentaient allemands. Seuls parmi eux, certains ont déclaré se sentir être des citoyens de seconde zone. La plupart ont tout fait pour être considérés comme des aryens à part entière. De nombreux certificats d’aryanité ont été délivrés alors, ce qui leur permettait de continuer à servir dans l’armée, à sauver leurs parents ou leurs conjoints des camps et de la mort. Les candidats à ces certificats devaient ajouter à leurs demandes des photos permettant de vérifier à quel point leur apparence était proche d’une aryanité de pure souche. Rigg prouve que des milliers de soldats ont présenté ce genre de demandes afin de pouvoir continuer à servir l’armée, et Hitler, qui était celui qui devait donner son accord, a contresigné lui-même de nombreuses requêtes. D’après Rigg, les chercheurs pensent que Hitler lui-même avait des racines juives. Il craignait que son père soit juif - ce qui n’est pas vérifié, et c’est pourquoi le sujet des Mischling le concernait particulièrement. La guerre s’allongeant, les politiciens nazis ont décidé de renforcer l’application des lois concernant les Mischling 1, et il leur a été plus difficile d’échapper à leur triste sort. En 1940, un décret a été rendu public : les soldats dont deux grands-parents étaient juifs devaient quitter l’armée. Mais alors cette décision n’a pas été suivie. En revanche, vers la fin de la guerre, ces cas ont été étudiés avec plus de sévérité : en 1943, il a été décidé que les demi-Juifs ne pourraient plus servir dans l’armée. Nombreux parmi eux ont été déchus de leurs grades et renvoyés de l’armée, et les nazis n’ont eu de cesse jusqu’à ce qu’ils décident que ces pauvres hères pouvaient eux aussi se voir appliquer la « solution finale ». Beaucoup furent abattus, et d’autres expédiés dans les camps de concentration. En 1944, les responsables du personnel de la Wehrmacht ont préparé un rapport secret sur une liste de soixante-dix-sept généraux et officiers hauts gradés d’origine juive ou mariés avec un tel conjoint. Tous avaient obtenu un certificat d’aryanité signé de la main d’Hitler. Rigg conclut : « On aurait pu ajouter à cette liste encore soixante noms de généraux et de hauts gradés de la Wehrmacht, des armées de l’air et de la marine, sans oublier deux Feld-maréchaux.... » Dernière question : que savaient les Mischling de la Choa ? D’après ce qui a été dit à Rigg, ces gens n’étaient pas au courant de manière claire de ce qui se passait dans les camps de concentration, alors qu’ils faisaient partie eux-mêmes de la machine d’extermination nazie, et que des dizaines, voire des centaines de membres de leurs familles ont été à cette époque exterminés, brûlés et gazés pour l’unique raison qu’ils étaient juifs. Toutefois, comme on le sait, la majorité des Allemands avaient connaissance que de telles atrocités étaient commises sur leur territoire durant la guerre. Le travail de Rigg venait à peine de sortir des presses, que déjà des tentatives de dénaturation et de déformation ont eu lieu. Ceux qui sont bien entendu intéressés à profiter des conclusions de ce chercheur sont les historiens européens et musulmans, qui tentent de refuser l’existence de la Choa ou d’en diminuer l’importance. Ces « chercheurs » utilisent divers détails, pour en faire des gros plans trompeurs. Par exemple, ils parlent de « soldats juifs », voire de « troupes juives de Hitler », alors que Rigg ne parle que d’individus d’origine juive. La plupart des anciens de la Wehrmacht ont témoigné devant lui que lorsqu’ils se sont engagés dans l’armée, ils ne se sentaient pas juifs. Ils ont voulu prouver par leurs actes de bravoure que la théorie nazie était fausse, et qu’au contraire, leurs origines juives ne les empêchaient pas d’être de bons patriotes allemands et des soldats exceptionnels... Ce chapitre montre, plus que tout autre, le risque humain que prend toute communauté juive qui abandonne ses propres valeurs. Les soldats d'origine juive d'Hitler Une recherche a récemment permis de dévoi-ler le fait que 150.000 soldats d'origine juive servaient dans l'armée allemande durant la Choa, pendant que leurs proches étaient assassinés dans les camps de concentration… Voici deux ans a paru un livre aux Etats-Unis, et déjà il a été traduit en français aux éditions de Fallois, sous le titre : La tragédie des soldats juifs d'Hitler. C'est le côté sensationnel de l'affaire : alors que tout le système allemand s'acharnait avec une cruauté inouïe, à détruire méthodiquement toute trace du peuple juif de la surface de la terre et de dessous les cieux, des dizaines de milliers de soldats, qui servaient dans les différentes armes de l'armée allemande, étaient en fait eux-mêmes des Juifs, à part entière dans certains cas, mais surtout au tiers, au quart et à moins que cela. Ce qui donnait alors le statut très méprisant de Mischling (des métis). Un bruit court d'ailleurs que même le… Führer avait un grand-père juif… Mais ce qui nous paraît le plus dramatique dans le tableau qui émane de ce livre, c'est le désarroi le plus complet dans lequel sont tombés ces gens, après un siècle d'une assimilation des plus galopantes. Des centaines de milliers de descendants juifs peuplaient alors l'Allemagne, et pensaient être totalement et définitivement assimilés à la société et la culture allemandes. C'est alors que les nazis arrivent au pouvoir et ils se voient bien vite mis au ban de la société, considérés comme des citoyens de seconde zone, pour finalement être jetés dans les camps de concentration, même s'ils avaient pu pendant un temps servir dans l'armée et espérer à ce compte avoir la vie sauve. Puis, après la guerre, ces gens n'ont pas réussi à réintégrer une place parmi les hommes : les uns les rejetaient du fait de leur passé nazi, les autres parce que somme toute de « véritables » Allemands, ils n'étaient pas… Les incroyables méfaits de l'assimilation – qui ne mène donc à rien ! Le présent ouvrage ne tient pas compte de la Halakha en la matière (pour le moins... Il n'en comprend pas l'esprit) mais les nazis n'ont-ils pas fait de même : il leur suffisait qu'un seul aïeul soit juif, pour que le petit-fils soit considéré comme un Mischling, un métis… Comment toute cette affaire a-t-elle commencé ? Bryan Marc Rigg avait vingt et un ans, quand, étudiant à l'université de Yale aux Etats-Unis, il a décidé d'abandonner pour un temps sa ville natale du Texas, ses études et ses examens, pour se rendre en Allemagne et se pencher sur les sources de sa famille, les Rigg. Au courant de l'année 1992, durant son séjour, il s'aperçoit que ses origines sont juives, et il décide avec fermeté de pousser plus loin ses investigations. Il se rend dans la vieille bourgade où avait vécu son arrière-grand-père, et demande à quelqu'un parmi les vieilles gens de l'endroit, s'il connaît encore l'histoire de la famille Rigg, mais cette personne le dirige vers les archives de l'église locale, où toutes les naissances sont enregistrées. Et, effectivement, dans l'un de ces registres était inscrit que l'arrière-grand-mère Rigg était juive. Comme aucune trace de conversion n'apparaissait, Bryan a admis que lorsque sa famille a émigré aux Etats-Unis en 1863, silence a été fait sur ses origines, et la famille Rigg s'est présentée comme chrétienne allemande… Bryan savait qu'il avait encore de la famille en Allemagne, mais comment la retrouver ? Ce n'est qu'après de nombreuses recherches qu'il a réussi à localiser deux personnes portant ce patronyme, qui avaient servi dans la Wehrmacht… Ceci a renforcé Bryan dans son sentiment : il faut dévoiler ce « secret » ! Mais comment ? Se trouvant à Berlin, il eut une conversation avec un homme, d'apparence sympathique et cultivée. Ce dernier, à la grande surprise de Bryan, lui a raconté qu'il était juif, et qu'il avait servi dans l'armée allemande durant la guerre : « Je n'étais pas le seul soldat juif, lui affirma-t-il, mais le sujet reste tabou, personne ne s'y intéresse, mais si vous savez vous y appliquer, vous arriverez aux personnes concernées et aux documents qui en parlent. » Sur ces bonnes paroles, il s'en alla. Bryan resta abasourdi, mais réalisa quelques instants plus tard qu'il avait trouvé là son sujet de thèse historique. A partir de cet instant-là, Bryan interviewa de nombreuses personnes, une partie d'entre elles ayant même prit part à la vie politique du pays après la Choa, tel le chancelier allemand Helmut Schmidt (dont certains ancêtres étaient juifs). Bryan ne parvint pas à attirer la confiance de certains d'entre eux, qui refusèrent de livrer leur secret, mais une bonne partie a accepté de parler, et d'avouer leur part dans la guerre. « Ils ne savent pas quelle est leur place, et jusqu'à présent ils n'avaient pas où s'exprimer. Personne ne veut les adopter… » écrit-il. Dr Bryan Rigg a parcouru l'Allemagne de part en part à bicyclette, avalant quelquefois des centaines de kilomètres par jour. Des mois durant, il se nourrissait de gâteaux secs bon marché, et dormait dans un sac de couchage, dans des gares désaffectées. Puis il a été amené à voyager en Suède, au Canada, en Turquie et en Israël. Ce programme a duré six années, et il n'était armé que de son ordinateur portable et de son appareil vidéo. Ses conclusions ont paru durant l'été 2000, sous le titre : Les soldats juifs de Hitler, l'histoire inédite des lois racistes nazies, et des soldats d'origine juive dans les lignes de l'armée allemande. Il avait effectué quatre cents interviews d'anciens soldats, il avait cinq cents heures de témoignages filmés en vidéo, trois mille photos et trente mille pages de souvenirs de soldats et d'officiers de l'armée hitlérienne. Les conclusions de Rigg sont sensationnelles : 150.000 soldats et officiers d'origine juive ont servi dans l'armée hitlérienne ! Du fait de l'intensité de l'assimilation en Allemagne dans les années qui ont précédé la guerre, avec, entre 1901 et 1929, 36.000 cas de mariages mixtes, nombreux étaient les engagés militaires dans l'armée allemande, et Hitler n'a pas pu, lorsqu'il a accédé au pouvoir, effectuer une épuration de ses troupes. Malgré les lois raciales de 1935, distinguant entre les Mischling de premier niveau (50% de sang juif) et ceux du second niveau, nombreux sont ceux qui sont restés tranquillement à servir l'armée, arrivant même aux plus hauts postes des diverses forces armées, et accédant aux plus hautes récompenses de l'armée – bien que certains vétérans se soient plaints aux oreilles de Rigg que leurs supérieurs n'étaient pas enthousiastes, lorsqu'il fallait proposer un Mischling à recevoir une quelconque décoration… Les médias nazis ont longtemps publié en première page la photo du soldat allemand idéal, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, revêtu du casque nazi. Le nom de ce soldat, bien aryen, sonnait bien moins aryen : Werner Goldberg… Un haut officier à la Wermacht, Robert Borhard, a reçu l'une des plus hautes décorations possibles, suite à ses initiatives salvatrices sur le front russe en 1941. Lors des combats d'El Alamein, il est tombé aux mains des Anglais, et en 1944, les autorités anglaises lui ont permis de se rendre en Angleterre pour retrouver son père… juif. En 1946, il retourne en Allemagne, non sans avoir déclaré à son père qu'il fallait bien que l'on se dévoue pour permettre la reconstruction de « notre » pays… En 1983, peu de temps avant sa mort, Borhard a déclaré face à des élèves allemands : « De nombreux demi-Juifs qui ont fait la guerre du côté allemand durant la Seconde Guerre mondiale ont pensé qu'ils devaient défendre leur patrie avec courage. » Le colonel Walter Hollander, dont la mère était juive, a reçu personnellement de la main du Führer une attestation d'aryanisation. De nombreuses autres attestations de cet ordre, signées de la main du Führer, ont été attribuées à des dizaines d'officiers supérieurs d'ascendance juive. L'amiral Bernard Rog, dirigeant des navires de guerre allemands, était d'origine juive. Il a mis hors service un bateau de guerre anglais et a trouvé dans ses papiers le plan secret des forces alliées concernant l'Extrême-Orient. Il a transmis ces documents aux Japonais, qui l'ont remercié en lui attribuant une épée de samouraï, haute distinction nippone. De même Reinhard Heydrich, « le bourreau de l'Europe », était d'origine juive. Ces demi-Juifs se sentaient allemands. Seuls parmi eux, certains ont déclaré se sentir être des citoyens de seconde zone. La plupart ont tout fait pour être considérés comme des aryens à part entière. De nombreux certificats d'aryanité ont été délivrés alors, ce qui leur permettait de continuer à servir dans l'armée, à sauver leurs parents ou leurs conjoints des camps et de la mort. Les candidats à ces certificats devaient ajouter à leurs demandes des photos permettant de vérifier à quel point leur apparence était proche d'une aryanité de pure souche. Rigg prouve que des milliers de soldats ont présenté ce genre de demandes afin de pouvoir continuer à servir l'armée, et Hitler, qui était celui qui devait donner son accord, a contresigné lui-même de nombreuses requêtes. D'après Rigg, les chercheurs pensent que Hitler lui-même avait des racines juives. Il craignait que son père soit juif – ce qui n'est pas vérifié, et c'est pourquoi le sujet des Mischling le concernait particulièrement. La guerre s'allongeant, les politiciens nazis ont décidé de renforcer l'application des lois concernant les Mischling 1, et il leur a été plus difficile d'échapper à leur triste sort. En 1940, un décret a été rendu public : les soldats dont deux grands-parents étaient juifs devaient quitter l'armée. Mais alors cette décision n'a pas été suivie. En revanche, vers la fin de la guerre, ces cas ont été étudiés avec plus de sévérité : en 1943, il a été décidé que les demi-Juifs ne pourraient plus servir dans l'armée. Nombreux parmi eux ont été déchus de leurs grades et renvoyés de l'armée, et les nazis n'ont eu de cesse jusqu'à ce qu'ils décident que ces pauvres hères pouvaient eux aussi se voir appliquer la « solution finale ». Beaucoup furent abattus, et d'autres expédiés dans les camps de concentration. En 1944, les responsables du personnel de la Wehrmacht ont préparé un rapport secret sur une liste de soixante-dix-sept généraux et officiers hauts gradés d'origine juive ou mariés avec un tel conjoint. Tous avaient obtenu un certificat d'aryanité signé de la main d'Hitler. Rigg conclut : « On aurait pu ajouter à cette liste encore soixante noms de généraux et de hauts gradés de la Wehrmacht, des armées de l'air et de la marine, sans oublier deux Feld-maréchaux…. » Dernière question : que savaient les Mischling de la Choa ? D'après ce qui a été dit à Rigg, ces gens n'étaient pas au courant de manière claire de ce qui se passait dans les camps de concentration, alors qu'ils faisaient partie eux-mêmes de la machine d'extermination nazie, et que des dizaines, voire des centaines de membres de leurs familles ont été à cette époque exterminés, brûlés et gazés pour l'unique raison qu'ils étaient juifs. Toutefois, comme on le sait, la majorité des Allemands avaient connaissance que de telles atrocités étaient commises sur leur territoire durant la guerre. Le travail de Rigg venait à peine de sortir des presses, que déjà des tentatives de dénaturation et de déformation ont eu lieu. Ceux qui sont bien entendu intéressés à profiter des conclusions de ce chercheur sont les historiens européens et musulmans, qui tentent de refuser l'existence de la Choa ou d'en diminuer l'importance. Ces « chercheurs » utilisent divers détails, pour en faire des gros plans trompeurs. Par exemple, ils parlent de « soldats juifs », voire de « troupes juives de Hitler », alors que Rigg ne parle que d'individus d'origine juive. La plupart des anciens de la Wehrmacht ont témoigné devant lui que lorsqu'ils se sont engagés dans l'armée, ils ne se sentaient pas juifs. Ils ont voulu prouver par leurs actes de bravoure que la théorie nazie était fausse, et qu'au contraire, leurs origines juives ne les empêchaient pas d'être de bons patriotes allemands et des soldats exceptionnels… Ce chapitre montre, plus que tout autre, le risque humain que prend toute communauté juive qui abandonne ses propres valeurs. 1 Renvoyons à l'introduction du dossier La Choa, magazine n° 17, où le rav Choukroun mettait en relief la conduite suicidaire des dirigeants nazis, préférant à ces moments critiques de la guerre devenir plus strictes sur le plan de l'antisémitisme, au détriment même de leurs capacités de guerre…
27 février 2007
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Les musulmans et la gauche par Salma Yaqoob. Salma Yaqoob est membre fondateur de la coalition Respect et est connue comme militante contre la guerre en Grande Bretagne. Elle était candidate au parlement à Birmingham pour la coalition Respect aux élections générales de 2005 et est arrivée en deuxième position avec 27% des voix. Ceci est son discours lors de Marxism, la série de conférences et de débats organisée chaque année par le Socialist Workers Party à Londres, quelques jours après les attentats du 7 juillet 2005 - cet événement était bien entendu au centre du débat politique à ce moment. Ma présence à ce meeting est quelque chose que je ressens d’une façon vraiment particulière. Je pensais que nous célébrerions le travail fantastique accompli depuis l’année dernière par le mouvement anti-guerre et par Respect. Mais bien entendu, les attentats récents de Londres ont changé cela. Pendant que je regardais les évènements se dérouler à la télé, je me suis souvenue de ce que j’avais ressenti, le 11 septembre 2001, en regardant le déroulement d’évènements similaires. Et en comparant ma réaction aux deux situations, j’ai réalisé à quel point j’avais changé - un changement intérieur qui ne peut être déconnecté de votre impact sur moi. Après le 11 septembre 2001, je ne pouvais pas de débarrasser de la peur. Je ressentais un grand pessimisme vis-à-vis du futur. Avec mes amis, nous avons commencé à nous demander si en tant que musulmans, nous étions en sécurité en Grande-Bretagne. Et si nous devions partir, dans quel autre pays pourrions nous aller ? Même si je me considérais comme une personne relativement intégrée, étant une psychologue, ayant été à l’université et ayant divers amis non-musulmans, j’ai commencé à me demander combien de non-musulmans nous comprenaient vraiment, nous faisaient confiance, nous défendraient ? Bien que tout le monde portait le deuil des victimes du 11 septembre, d’une certaine façon, ma compassion ne comptait pas autant que celle des non-musulmans. Je savais que j’allais être forcée de condamner les attentats, encore et encore, d’une façon qui n’était pas exigée de mes concitoyens. Après les attentats du 7 juillet 2005, il y a eu beaucoup de similarités avec la manière dont la communauté musulmane a été diabolisée après le 11 septembre mais il y avait aussi une différence importante. Cette fois, je ne me suis pas sentie seule. Cette fois, je n’ai pas ressenti ce pessimisme écrasant. Cette fois, je savais qu’il y aurait des dizaines de milliers de personnes qui comprendraient que lorsque notre gouvernement fait exploser des bombes dans les pays d’autres personnes, cela augmente la probabilité que quelqu’un fasse exploser des bombes dans nos rues en représailles. Le fait qu’un le sondage d’opinion dans le Guardian a montré que les deux tiers des londoniens ont vu un lien direct entre les explosions de Londres et l’invasion de l’Irak, malgré les dénégations désespérées de Blair, a montré la valeur des militants anti-guerre dans leur formation et information de la culture politique de ce pays. Le fait que la vague de racisme juste après les attentats n’a pas été aussi grave qu’elle aurait pu l’être montre la valeur du travail du mouvement anti-guerre pour aider à renforcer les barrières contre le racisme dans ce pays. Tout ces choses, et d’autres encore, montrent la valeur du travail des simples militants du mouvement anti-guerre à travers tout le pays. Grâce à la collaboration entre la gauche et la communauté musulmane au sein du mouvement anti-guerre, vous m’avez redonné espoir et je vous en remercie. J’ai décrit à de nombreuses reprises le soulagement que j’ai ressenti en croisant des socialistes (ndt : au sens de militants de gauche et d’extrême-gauche) faisant campagne contre la guerre. Cela a marqué pour moi le début d’un nouveau voyage. Mais ce voyage n’a pas été sans ses hauts et ses bas. Au tout début, quand la coalition Stop The War (ndt : « Stoppons La Guerre ») s’est formée, j’ai été confrontée à des socialistes qui se sont constitués en fraction contre la participation des musulmans au mouvement anti-guerre. Ils disaient « nous ne voulons pas de Salma Yaqoob à la tribune, parce qu’elle porte un voile » ; que la seule présence visible de musulmans à des positions proéminentes dans la coalition Stop The War minait d’une certaine façon sa nature de mouvement large et laïque ; que l’expérience de la révolution iranienne prouvait que la gauche et les musulmans ne pouvaient ni ne devaient jamais travailler ensemble. Je ne pouvais pas comprendre leur réaction. Je pensais : Qu’est-ce que l’Iran a à voir avec moi ? Pourquoi sont-ils si obsédés par un bout de vêtement sur ma tête ? Pourquoi ne peuvent-ils voir les musulmans que comme un bloc monolitique et réactionnaire ? Ces attitudes ont été surmontées mais elle ont fait des dommages. De nombreux musulmans qui sont venus aux premières réunions sont partis quand ils ont vu les gens se lever et dire qu’ils ne voulaient pas travailler avec les musulmans. Ils ont dit si vous ne voulez pas travailler avec les musulmans, alors nous ne voulons pas travailler avec vous. Cela a été un recul sérieux, cette perception existe encore dans les communautés musulmanes de ce que signifie travailler avec la gauche. Je me suis souvenue de cette expérience la semaine dernière en croisant par hasard Tarik Ramadan. Il a commencé à me raconter ce qu’il se passait en France entre la gauche et les musulmans - et je n’arrivais pas y croire. Les arguments idéologiques qui sont avancés par des personnes qui ne sont pas à la marge, mais bien au centre de notre mouvement global. Des personnes comme Bernard Cassen, qui est un des directeurs du Monde Diplomatique, et président d’honneur d’ATTAC. Il a même attaqué le SWP et Respect, en disant que la gauche compromettait ses principes les plus fondamentaux en travaillant avec les musulmans de la façon dont nous l’avons fait en Grande-Bretagne. En disant au fond qu’il ne voulait pas contaminer la partie européenne de notre mouvement avec l’expérience britannique. Je veux parler de ces questions parce que je pense qu’il est vraiment important que nous participions activement aux débats en Europe. Cette présentation mono-dimensionnelle des musulmans comme un bloc monolithique et réactionnaire doit être contestée. Comme toute communauté, la communauté musulmane est une mosaïque de différentes communautés, expériences et points de vue politiques. Par exemple, quand j’ai été candidate à Birmingham aux dernières élections générales, la plupart des candidats rivaux étaient des musulmans. Il y avait un candidat musulman libéral-démocrate, un candidat musulman indépendant et un candidat musulman conservateur, tous se présentant contre moi. J’ai été aussi celle qui a été la plus attaquée par les extrémistes musulmans qui allaient autour de la mosquée avec des tracts, dans des camions munis de haut-parleurs, disant que je n’étais plus musulmane puisque je travaillais avec des athées et que c’était haram (interdit religieux, en arabe dans le texte). D’un autre coté, j’étais sujette à des attaques d’un autre groupe de musulmans très anxieux qui veulent désespérément, parce qu’ils se sentaient très effrayés et vulnérables, et de façon très compréhensible parce que c’est la réalité dans laquelle nous vivons, être acceptés par le courant dominant. Ils veulent se réfugier derrière un grand parapluie comme le Parti Travailliste et ils disent que moi et mes semblables, en parlant franchement comme je le fais, augmentons la menace qui pèse contre la communauté musulmane, Par exemple, le même samedi où j’ai rencontré Tariq [Ali], j’intervenais dans une table ronde lors d’un meeting à l’université d’Oxford. La plupart des autres intervenants étaient musulmans. J’ai été calomniée, non par la salle qui s’est révélé pleine de sympathie à mon encontre, mais par des intervenants de la table ronde, membres éminents du Parti Travailliste et des Libéraux-Démocrates, tous musulmans, qui disaient que j’amenais les musulmans dans un cul-de-sac. Que travailler avec ces extrémistes (c-a-d des gauchistes), n’était pas ce que les musulmans devraient faire dans l’immédiat. Nous avons assez d’ennuis comme ça. Donc, nous ne devrions pas nous allier avec ces autres marginaux. J’ai dit oui, je sais que nous sommes marginaux et qu’ils sont marginaux en termes de politique conventionnelle, mais nos valeurs ne sont pas marginales. Nos valeurs de paix et de justice sociale sont partagées par une grande majorité de gens et c’est précisément sur ces valeurs que l’on peut s’unir. Et de toute façon, toutes les positions politiques de principe commencent invariablement par être marginales à l’extérieur, avant d’être plus largement adoptées. L’opposition à la guerre de Bush contre la terreur a commencé avec ses projets d’attaque de l’Afghanistan et nous étions alors très marginaux dans notre opposition. Ce n’était pas une position très populaire ! Mais à partir de cette opposition politique de principe, nous avons posé les fondations d’un mouvement anti-guerre immense, global. La difficulté dans la construction de mouvements sociaux et d’alternatives politiques plus fortes est de ne jamais perdre de vue ce qui nous unit et je crois que les gens comme Cassen et d’autres dans la gauche française, sont devenus aveugles en ce qui concerne ce point élémentaire. A l’échelle de l’Europe, plus la gauche laissera tomber ses préjugés sur les musulmans, et développera clarté et courage politique pour s’engager avec les musulmans, plus notre mouvement sortira renforcé, pas affaibli. Je pense que nous avons fait de ce coté, des pas importants en Grande-Bretagne et que d’autres pourraient en apprendre quelque chose. Je pense que c’était un échec tragique de la gauche française de ne pas faire de même et que c’était un des facteurs les plus importants qui explique pourquoi leur mouvement anti-guerre n’a pas atteint les niveaux de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce. Je ne crois pas en l’argument qui consiste à dire que le fait que les français n’ont pas envoyé leurs troupes était un facteur défavorable à la construction d’un mouvement large parce qu’on aurait pu dire ça aussi de la Grèce et pourtant leur mouvement était l’un des plus impressionnants en Europe. Un des problèmes clés a été un manque de clarté sur comment construire des alliances avec les musulmans, sur certains principes. Quand je parle aux musulmans, je suis très consciente que je dois amener les gens à mon niveau. Pour faire ça de façon efficace, on doit évidemment établir un rapport avec les gens, à partir de là où ils en sont. Et cela signifie être capable de parler à partir d’un paradigme qui leur parle et qui me parle. Cela veut dire creuser en profondeur dans les sources coraniques, à propos de la vie du Prophète, à propos de la solidarité, de la justice, parce qu’elles sont toutes là. Exactement comme dans toute idéologie ou religion, vous avez des schismes et des interprétations différentes, et je crois comprendre que c’est la même chose avec la gauche ! La centralité du combat pour la justice dans ma foi a été central pour mon engament dans une lutte politique plus large. Plus je lis le Coran, plus je deviens convaincue que c’était non seulement quelque chose que je voulais faire politiquement, mais quelque chose que je devais faire en tant que musulmane. Que ce n’est pas compromettre mes principes mais l’expression de mes principes de travailler avec des non-musulmans de cette manière. Que la ligne de division la plus importante est entre ceux qui se soulèvent contre l’oppression et ceux qui approuvent l’oppression, que ce soit dans notre famille, dans notre communauté ou notre société dans son ensemble. On ne peut être que d’un coté ou de l’autre de cette ligne. L’ironie du sort, c’est que ces gens qui se considèrent comme des musulmans tellement purs qu’ils ne peuvent pas travailler avec des athées, ont en fait beaucoup plus en commun avec ces gens à gauche qui se considèrent comme des laïques tellement purs qu’ils ne veulent pas que nous, les croyants, les polluions. Donc je pense qu’être dogmatique n’est pas le seul privilège des personnes religieuses. Ce qui est dangereux c’est que si nous mettons ces barrières dans notre esprit, si nous devenons des idéologues puritains, nous sommes à coté de la plaque. Parce que dans l’immédiat, au coeur de l’ordre du jour néo-libéral, une des choses qui lui permet d’avancer, ce sont les attaques contre les musulmans, et l’islamophobie qui la justifie. Nous ne pouvons pas ignorer cette réalité. Donc, si la gauche tombe dans ce piège, et s’empêtre dans cet argument de savoir si on peut travailler avec des personnes non-laïques, quand en réalité ce sont les personnes qui sont opprimées dans l’immédiat, ce sera un échec. Si nous voulons que notre mouvement soit fort, si nous voulons créer la plus grande force possible contre le vrai ennemi actuel, alors nous devons avoir une base unitaire réelle pour ça. Cela implique que les personnes religieuses et les personnes non-religieuses agissent ensemble sur un programme politique clair. Je ne parle pas d’une approche à l’eau de rose du genre « tenons-nous par la main ». A présent je me retrouve dans la curieuse position d’avoir plus en commun avec des militants athées et socialistes qu’avec quelques uns de mes frères et soeurs musulmans. Mais pour moi, ce n’est pas un compromis. Pour moi, c’est vraiment l’expression de ce que je comprends de la notion islamique de la justice. Si vous voulez appeler ça internationalisme socialiste et que j’appelle ça notion islamique de solidarité fraternelle, ce n’est pas important pour moi, pour autant que cela signifie que nous travaillons pour la solidarité avec tous ceux qui sont opprimés dans le monde. Et vous savez, quand je me tiens ici et que je dis que je crois qu’un autre monde est possible, je ne parle pas seulement du paradis, je parle de ce monde, ici et maintenant. Je suis fière de dire que je suis une des fondatrices de Respect - et c’est une expérience intéressante. Je ne savais pas moi-même où ça irait. J’ai juste senti que nous devions faire quelque chose de ce genre. Je savais que j’avais plus en commun avec des syndicalistes, avec ces gens qui luttent pour l’environnement, avec ces gens qui se battent pour les droits des travailleurs, avec ces gens qui font une campagne incessante contre la guerre, qu’avec ceux qui prétendent parler en mon nom, dans le Parti Conservateur, ou dans le gouvernement Travailliste, ou ces gens insipides du parti Libéral-Démocrate. C’est pour ça que Respect existe. C’est pour une alternative à la politique de l’impérialisme et du néo-libéralisme. C’est très clair que c’est cela notre point commun, et ce que nous mettons de côté, nous le mettons de côté de façon consciente. Je sens que cette expérience a porté des fruits. Quelques fois, cela signifie aller dans l’inconnu, et ce que nous créons est un peu inconnu. Je ne peux pas vous dire exactement comment tout ça va se goupiller. Mais ce que nous ne devons pas faire, c’est dire que l’état socialiste idéal est comme ceci, et l’état islamique idéal est comme cela, et que par conséquent les deux ne peuvent jamais commencer à travailler ensemble, que par conséquent les musulmans et les socialistes ici ne travaillent pas. Je ne pense pas que ce soit la bonne approche. Et je pense qu’en allant dans l’inconnu avec des bases claires et de principes, en mettant l’accent sur notre terrain commun, nous commençons à construire de vraies relations et nous allons forger une vraie alternative politique à la politique des guerres et des privatisations. C’est la base selon laquelle nous opérons dans Respect et je crois que nous avons établi un modèle important d’engagement politique. Je vais terminer avec une citation du Coran : elle dit "Défends la justice, même si c’est contre toi-même, ta famille, qu’ils soient riches ou pauvres". Ce que je lis dans ce verset, c’est que c’est facile d’être juste avec les gens qui sont comme nous. Le vrai test c’est se battre pour des personnes qui sont différentes de nous, et qui ne croient pas nécessairement dans les mêmes choses que nous. Et j’entends un écho de cette idée en lisant ce que Lénine a écrit en 1902 quand il disait que quand les gens se soulèvent pour une augmentation des salaires, ce sont de bons syndicalistes, mais quand ils se soulèvent pour empêcher que les juifs soient attaqués, alors ce sont de vrais socialistes. Notre solidarité est notre force, Merci beaucoup.
************************* Féministe et de culture musulmane dans la société française. Une identité sous contrôle Par Saïda Rahal-Sidhoum
Féministe et de culture musulmane. Voilà un credo qui risque d’être compris comme un paradoxe visant la provocation. Il n’en est rien. C’est, bien au contraire, une affirmation identitaire imposée par un vécu dans une société qui s’arroge le droit de traiter dédaigneusement tout ce qui relève de l’islamité. Si paradoxe il devait y avoir, il se situerait ailleurs, dans le fait d’être, pour tout ce qui touche à la Méditerranée du Sud, en plus grande difficulté pour se situer hors du champ religieux dans une société laïque qu’en pays musulman. Ainsi, il est plus malaisé pour la pensée de se déployer de façon critique en France — censée être neutre institutionnellement à l’égard des appartenances confessionnelles — lorsqu’est questionnée l’articulation entre société, religion et rapports sociaux de sexes, que dans un pays tel que l’Algérie où l’islam est à la fois religion d’Etat, otage des stratégies de maintien ou de prise de pouvoir et alibi d’un patriarcat méditerranéen fortement contesté. Face à une mise en accusation permanente de la culture musulmane par les discours dominants, de l’essence délétère attribuée à l’islamité, la mise à distance nécessaire pour objectiver les faits sociaux et leur donner du sens est difficile pour quiconque ne veut pas renier son enracinement dans une mémoire et dans une histoire, c’est-à-dire dans cette islamité entre autres. Nous sommes nombreuses à ne pas être dupes et à vivre un malaise, pour ne pas dire une souffrance (y compris lorsque nous débattons avec des féministes des pays du Nord avec qui pourtant nous devrions être — par nature et par projet — en proximité) face à la sommation implicite — parfois même explicite — qui nous est faite d’énoncer un reniement à l’égard de l’islam comme preuve d’une bonne conduite garante d’une position juste. Dès lors, la confrontation d’idées dévie du champ du féminisme vers le champ d’un civilisationnel dans lequel les critères discriminants se confondraient avec l’appartenance à la chrétienté, à la judaïté ou à l’islamité, ces référents culturels étant posés a priori comme facteurs explicatifs et anhistoriques de la nature des rapports sociaux de sexe qui prévalent dans un groupe humain. Les présupposés du féminisme occidental Dès qu’il s’agit des femmes des pays où la religion musulmane est majoritaire, nombreuses sont les féministes des pays du Nord (là où une autre expression du monothéisme domine) qui ont une fâcheuse tendance à se désintéresser de l’étude des rapports homme-femme — fondement même du féminisme — dans la société considérée, à ne pas chercher à connaître de l’idéologie en présence — qui en devient secondaire —pour se focaliser sur la mise en accusation de l’islam. La vérification de l’adhésion aux valeurs du féminisme n’est plus de mise, l’essentiel étant que leurs interlocutrices tiennent les discours convenus, à propos notamment de la nocivité de l’islamisme(1). Dès lors, ce qui est attendu des femmes de l’aire musulmane est la désignation de l’islamité comme continent obscur et obscurantiste où se consacre l’infériorisation des femmes(2), quitte, si on prend le cas de l’Algérie pour exemple, à légitimer a posteriori la conduite coloniale instituant le code de l’indigénat et l’exclusion de la citoyenneté des musulmans des deux sexes au prétexte du statut des femmes musulmanes(3).C’est à un véritable arbitrage péremptoire, qui ressemble à une guerre idéologique dont l’enjeu est tout sauf féministe, que l’on est confronté, où sont nominées les "vraies femmes", porteuses d’une émancipation, sans qu’en soient énoncés les critères, et ignorées d’autres femmes, quel qu’en soit le nombre, au prétexte qu’elles seraient aliénées et manipulées (c’est connu, les femmes, autres que celles de l’avant-garde, n’ont pas d’idées propres !). Dès lors, la valeur d’un témoignage, d’une interview, d’un livre, d’une militance, ne s’évalue plus à l’aune des idées et des faits mais en fonction de sa capacité de nuisance à l’égard de l’islam... ce qui ne peut manquer d’interroger les présupposés du féminisme occidental. Comment ne pas voir que la systématisation des discours réducteurs sur l’islam et les généralisations abusives sur les sociétés de culture musulmane renforcent les stéréotypes réciproques qui conduisent inéluctablement à la défaite de l’universel ? Comment ne pas s’interroger sur les prises de position variables en fonction des moments et des protagonistes, au-delà même des principes censés être défendus ? Comment ne pas faire le lien et ne pas s’interroger sur l’indifférence à l’égard des luttes féministes en pays musulman quand le contexte dans lequel sont menées ces luttes ne se prête pas à un discours anti-islamiste ? Un exemple significatif ? La période qui va de 1980 à 1983 en Algérie et qui se conclura par la promulgation du Code de la famille algérien en 1984(4). Nous étions quelques centaines à combattre publiquement — dans un pays où la possibilité de se réunir en dehors des structures du parti unique le FLN était réprimée par la loi — différentes mesures prises contre les femmes, dont l’interdiction de sortir seules du territoire algérien, et contre les avant-projets du statut personnel qui circulaient ou étaient débattus à l’Assemblée Nationale composée de députés et députées du FLN. Je me souviens que, malgré les manifestations où s’associaient des femmes, y compris pour défendre leurs droits(5), malgré la répression subie, les arrestations et les mises en accusation par une cour spéciale —concernant aussi des femmes ayant connu, en tant que résistantes, les geôles coloniales —, il n’y eut aucune campagne de presse ni aucun mouvement de solidarité en Europe. Le féminisme en Algérie n’était pas à l’ordre du jour de l’internationalisme militant ! Ni le mouvement féministe français, ni les mouvements civiques n’ont condamné la promulgation du Code de la famille organisant systématiquement l’infériorisation juridique des femmes, tout en se mettant en porte-à-faux tant avec la constitution algérienne prônant l’égalité des sexes qu’avec le droit musulman classique protecteur à l’égard des mères ayant la charge des enfants après le divorce, en matière notamment d’aliments et de logement. C’est pourquoi aujourd’hui je reste dubitative quand je m’aperçois que, après une décennie d’indifférence, le Code de la famille algérien devient prétexte à clamer des solidarités avec les femmes algériennes. J’avoue ma suspicion à cet intérêt soudain surtout quand il s’accompagne de discours dénonçant l’inégalité essentialiste de l’islam ? Je ne suis pas pour ce Code de la famille ; j’ai été l’une de ses farouches adversaires à Alger entre 1980 et 1983. Je n’adhère pas non plus à un projet de société islamiste dans lequel je ne me reconnais pas. Je ne devrais pas avoir à le dire. Pourtant, me voilà, malgré moi, cédant à l’injonction du contrôle d’identité. N’est-ce pas là l’indicateur d’une société où sévit, pour certaines questions — et ce qui relève de l’islamité est de celles-là — le "prêt-à-penser" ? Me faut-il comme préalable énoncer les valeurs qui sont miennes pour pouvoir poser l’exigence du droit à l’expression pluraliste, c’est-à-dire du droit de toutes et de tous à produire de la parole publique, à participer à l’univers symbolique et à la production de sens, y compris pour les femmes de la mouvance islamiste ? Un autre exemple ? Si on analyse les mouvements de solidarité qui s’expriment en Europe à l’égard des femmes algériennes, il est frappant de voir combien cette "solidarité" est généralement orientée. Ce sont les femmes dont la langue d’usage, l’apparence, l’aspect vestimentaire, le mode de consommation, sont similaires à ceux d’ici, qui sont écoutées. Les autres femmes n’intéressent guère, même quand elles se montrent, pour certaines d’entre elles, soucieuses de la participation des femmes à la vie publique. Elles ne préoccupent pas non plus quand elles font l’objet de la répression étatique, subissent la torture, voire des exactions sexuelles(6) (7) . Pour quelles raisons ? Parce que leurs idées sont jugées irrecevables car entachées d’islamisme, et cela même si elles n’ont commis aucune infraction. Le rôle des femmes islamistes Pour ma part, je ne veux me reconnaître que dans un projet de société qui se fonde sur le pluralisme politique, l’égalité de droits entre les hommes et les femmes, le respect des droits de la personne, la liberté de conscience, la sécularisation des institutions, la mise en œuvre de règles de jeu et de procédures qui s’appliquent à toutes et à tous. Cet idéal m’impose de reconnaître la légitimité de penser et de dire des femmes, de toutes les femmes, et de leur droit inaliénable à se faire entendre, au-delà de leurs idéologies respectives. Ce sont ces principes qui me facilitent la compréhension des dynamiques à l’oeuvre dans le corps social algérien et des aspirations dont sont porteuses les Algériennes, y compris islamistes. En tant que féministe, ce qui m’intéresse c’est d’arriver à identifier et à reconnaître les valeurs dont sont porteuses les femmes quand elles luttent, y compris quand elles le font dans un cadre de références explicitement religieuses. Je veux être capable de comprendre en quoi les femmes, qui considèrent que l’islam est pour elles émancipateur, participent à cette dynamique. Je souhaite voir se confronter nos idées et repérer comment elles participent à la modification des rapports sociaux de sexe en Algérie. Cette posture intellectuelle est loin d’être confortable à une époque où il est difficile de savoir si l’on est en train d’assister au remake des croisades, à celui de l’enlèvement des Sabines ou au fameux choc des civilisations cher à Samuel P. Huntington(8) qui voit dans "l’islam et la Chine des risques de déclin pour l’Occident." On se retrouve ainsi dans une contradiction insupportable pour la féministe que je suis : les féministes du Nord se retrouvent entre elles pour interroger les rapports sociaux de sexe, pour construire des solidarités féminines qui subsument les contradictions de projets de société, pour mobiliser la féminitude dans sa diversité afin de faire évoluer les pratiques sociales et le droit(9). Par contre, dès qu’il s’agit des femmes du Sud, et particulièrement des femmes de l’espace musulman, le débat s’enferre dans l’anathème et le slogan. Le discours dominant traite peut-être de "la lutte entre les lumières et les ténèbres" mais ne prend guère en considération les dynamiques en cours ou à impulser pour que le féminin ne soit plus jamais subordonné au masculin. Ce passage du débat sur les rapports sociaux de sexes vers la place à accorder ou pas à la mouvance islamiste a été le piège qui s’est refermé sur le mouvement des femmes en Algérie. Nombre d’entre elles se sont fait l’écho de fureurs intéressées, devenant ainsi otages d’enjeux ne les concernant guère en tant que citoyennes. Il est vrai que cela a permis à quelques-unes de se faufiler par la porte de service pour accéder à quelques illusions de pouvoir payées au prix fort, la rançon étant l’image du mouvement des femmes pour l’égalité des droits dont la crédibilité a été bien mise à mal auprès de l’opinion publique algérienne. Faute d’avoir su raison garder, l’instrumentalisation des contestations féminines s’est opérée d’autant plus rapidement que le mouvement des femmes, miné par des jeux de pouvoir et des plans de carrière, a été dans l’incapacité de penser stratégie. Il était pourtant porteur d’espérances, ce mouvement, pluraliste dans ses expressions et dans ses aspirations, ferment démocratique d’une société qui, cas unique parmi les Etats de la Ligue arabe, reconnaissait aux femmes, toutes tendances confondues, le droit de s’accaparer la rue pour y exprimer leurs revendications. Il est vrai que, à partir de 1989, les rassemblements à l’initiative du mouvement des femmes ont été nombreux et revendicatifs, qu’ils ont mobilisé, dans plusieurs manifestations, quelques centaines de milliers de personnes. Il est également indéniable que d’autres rassemblements ont regroupé des milliers de femmes qui se reconnaissaient dans la mouvance islamiste, et notamment le FIS. Ils étaient tout autant légitimes d’autant qu’ils démontraient, eux aussi, au-delà même de visées politiques immédiates, que la question des femmes dans la société algérienne ne pouvait plus être confinée au domestique ou à des débats d’initié(e)s(10). Pour ne pas avoir su comprendre ce bouleversement des mœurs comme il le méritait, les actrices du mouvement femmes se sont condamnées à ne pas saisir cette lame de fond qui consacrait, y compris chez les militants islamistes, l’irruption du féminin dans la sphère publique, voire politique. Comme de nombreux observateurs, peu au fait de la sociologie algérienne, s’ingéniant à minimiser le rôle des femmes islamistes dans le jeu politique, de trop nombreuses Algériennes, parmi celles qui s’expriment sur la scène publique, n’ont pas voulu s’interroger sur ce phénomène et ses implications. Cette incapacité à se penser en tant que mouvement de femmes, à construire des alliances, peut s’expliquer par l’inexpérience des militantes n’ayant connu l’euphorie du pluralisme et de la légalité que durant une courte période, de 1989, année de la loi sur le droit d’association, au début de l’an 1992, où l’arrêt des élections avant le deuxième tour pour empêcher l’arrivée du FIS majoritaire à l’Assemblée Nationale(11) a discrédité pour longtemps le jeu démocratique. L’analyse des mouvements féminins en Algérie reste à faire, à travers notamment les liens organiques des premières associations leaders avec les différents partis politiques, existant avant l’agrément, desquels sont issues de nombreuses militantes, quand on n’a pas purement et simplement eu affaire à des commissions femmes de partis se déclarant sous forme d’association légale(12). C’est cette inexpérience des règles de jeu du pluralisme qui facilite l’instrumentalisation du combat féministe tant par le pouvoir en place en Algérie, maître en matière de manipulation, que par les diverses mouvances politiques algériennes, peu crédibles dans leur adhésion réitérée à la cause des femmes (il suffit d’étudier la place réservée aux femmes dans les partis), et par les différents courants activant en France se recréant du consensus autour du nouvel adversaire : l’islamisme. Cette captation, peu nombreux sont ceux et celles qui sont prêts à l’étudier pour la seule raison de la priorité accordée à la lutte contre la mouvance islamiste. Ceci ne profite pas à la lutte pour l’égalité entre les sexes. L’enracinement dans la culture musulmane Féministe et de culture musulmane. Le premier terme de cette assertion est déjà tout un programme dont la complexité n’a d’égale que les ambivalences qu’elle induit, notamment quand on adhère au courant féministe qui ambitionne une société dans laquelle les femmes et les hommes, égaux en droits et en pouvoir de faire, ne se vivent pas comme adversaires mais comme membres de la même communauté humaine. Quant à l’enracinement dans la culture musulmane, c’est une complexité supplémentaire qui, loin d’être une mutilation, est une prise en compte d’un des attributs de mon identité personnelle dans ce qu’elle a d’unique mais aussi d’expression collective. Minimiser la dignité de cette partie de mon humanité me contraint à la défendre. Amalgamer islamité et dangerosité, c’est nier la générosité, c’est nier toute la spiritualité que portent en eux, à l’instar des autres humains, les gens de culture musulmane. C’est en même temps s’arroger le droit exorbitant de réduire autrui à n’avoir d’autres aspirations que celles d’être conforme à l’autre. Ce n’est favorable ni à la communauté humaine en général, ni à la féminitude en particulier. C’est ainsi qu’est déniée aux femmes musulmanes la capacité de s’emparer du verbe à l’instar de ce que firent d’autres femmes comme celles du Mouvement jeunes femmes en France, d’obédience protestante, qui favorisa une relecture féministe des Évangiles, à travers la théologie féministe de la libération, ou celles des groupes de femmes juives qui osèrent s’emparer de l’étude du Talmud jusque-là réservée aux hommes. N’est-ce pas à ces femmes que le protestantisme comme le judaïsme doit l’existence de femmes pasteur et de femmes rabbin ? N’est-ce pas par la subversion du système mis en place par les ayatollahs que des femmes iraniennes revendiquent aujourd’hui, en Iran même, pour elles-mêmes et en tant que musulmanes, d’autres droits ? Pour ma part, je fais le pari de l’intelligence des femmes musulmanes et défends d’autant plus facilement l’hypothèse de leur faculté d’influencer positivement l’islam que ce dernier a le double avantage de mettre l’homme et la femme sur un pied d’égalité s’agissant de leurs responsabilités et de ne pas édicter de "restrictions quant à l’acquisition du savoir religieux par les femmes ni à leur prise en charge de fonctions religieuses importantes"(13) . L’aire musulmane a déjà eu à connaître des femmes telles que Shuhda bent El Ibari reconnue pour sa pensée critique et sa compétence à vérifier la validité d’un hadith (14) (15). J’ai la conviction raisonnée que ce type de femmes inspirera celles qui pensent trouver dans l’islam les armes de leur salut... terrestre. Cette espérance, je la nourris de cette culture algérienne dans laquelle j’ai été élevée, dont l’islam est une des dimensions incontournables, quelle que soit par ailleurs la foi que l’on a... ou pas, et qui m’a permis d’être ce que je suis. Nul ne pourra me convaincre que cette culture dans laquelle s’est forgée ma personnalité, qui a produit tant de femmes et d’hommes de qualité et de toutes croyances, soit réductible à quelques clichés. Certes, c’est une société qui n’en peut plus du tribut de sang et de larmes, certes c’est une société qui a connu et connaît des inquisiteurs, des profiteurs et des renégats. Mais c’est aussi une société qui sait chanter la liberté, et ce chant-là, nombreuses sont les femmes qui s’en sont emparé. Saïda Rahal-Sidhoum Notes : 1. Faut-il souligner que le suffixe "isme" dont la neutralité sémantique se vérifie pour désigner une communauté de croyance — christianisme, judaïsme, bouddhisme, taoïsme, hindouisme... communisme, socialisme, etc.— se voit perverti dès qu’il s’agit de l’islam pour laisser croire à un prosélytisme, voire une dangerosité. 2. Analyser la subordination du féminin au masculin comme résultant de l’islam, outre l’étroitesse intellectuelle que cela révèle, ne permet pas de construire des stratégies politiques propices au combat d’idées (et non d’extermination physique ou de bannissement) et à l’égalité entre les sexes. Ainsi, si on analyse avec rigueur les textes du FIS en Algérie, on s’aperçoit que le discours développé ne traite guère de l’infériorité des femmes. Il pose par contre le principe d’espaces sexués, ce qui n’est pas la même chose. On a alors affaire à l’habituelle ségrégation sexuelle chère au patriarcat méditerranéen. La condamnation de la promiscuité sexuée relève moins de l’ordre musulman, réduit à la fonction d’alibi légitimateur, qu’à une visée non-avouée de main-mise sur le corps féminin pour s’assurer dans une société confrontée aujourd’hui à une mixité intolérable à certains... Pourtant, l’analyse du patriarcat algérien est reléguée au prétexte de la mouvance islamiste. 3. Statut par ailleurs organisé par l’Etat français qui continue à le mettre en oeuvre à Mayotte, territoire français, où le statut local permet la subordination du féminin au masculin par la grâce notamment de l’article 75 de la constitution française encore en vigueur de nos jours. 4. Je m’érige contre le mythe qui court dans les milieux féministes ou médiatiques en France et qui consiste à voir dans le code de la famille algérien de 1984 un "cadeau fait aux islamistes" alors qu’il ne s’agit — hélas — que de la codification d’une perception dominante des rapports familiaux dans lesquels la femme continue à être pensée normativement comme dépendante du père ou du mari (voir, en 1983, le n° 4 de la revue Sou’al, dirigée par Claude Sixou et Mohamed Harbi, sur Les femmes dans le monde arabe et notamment le texte de Rabia Abdelkrim Chikh intitulé "Une seule question : être autonome ou pas") . 5. Lors des manifestations d’avril 1980 à la Place du 1er mai à Alger (pendant ce que d’aucuns appelleront plus tard "le printemps berbère" alors qu’il s’agissait aussi de revendications pluralistes), quatre banderoles féministes (dont une immense, portée par deux hommes du fait de son poids, qui proclamait : Les femmes ne délèguent leurs paroles à personne) n’intéressèrent apparemment que les forces de police qui s’en emparèrent très vite au contraire des partis de l’opposition algérienne indifférents à la question, des amies féministes françaises dûment informées et des journalistes étrangers qui ne mettaient en avant que la dimension de la revendication culturelle et linguistique qui alors faisait événement. 6. Approuvant ainsi de fait Abelhak Brerhi, sénateur algérien nommé par le président Zeroual et ancien ministre de l’Enseignement supérieur qui déclarait lors d’une émission sur l’Algérie à France Culture en mai 1998, après qu’une intervenante l’eut interrogé sur les viols commis par les forces spéciales, qu’il n’y avait pas à comparer l’horreur des viols qui ont lieu dans les maquis à ceux des commissariats (sic !). 7. Voir notamment les rapports successifs d’Amnesty International qui par ailleurs fournit régulièrement des listes de femmes traitées arbitrairement, du simple fait de leur appartenance propre ou de celle de leur mari ou autre membre de leur famille à la mouvance islamiste. 8. Professeur à l’Université Harvard aux Etats-Unis, il dirige un Institut d’études stratégiques et est l’auteur du livre édité en France par les éditions Odile Jacob, Paris, novembre 1997. 9. Il suffit à cet égard d’observer comment, autour des enjeux de la parité , se sont développées des réflexions et mises en place des stratégies. 10. Le mérite du FIS aura été de rendre incontournables deux questions de société fondamentales pour le devenir de l’Algérie : le rapport entre religion et gouvernance, la nature des rapports sociaux de sexe à établir. Il n’est pas aujourd’hui une Algérienne ou un Algérien qui n’ait un point de vue sur ces questions. Tombées dans le domaine public, ces interrogations indiquent à la fois une sécularisation de la société et une redéfinition des rôles traditionnels. 11. Il faut rappeler que la justification de cet arrêt des élections, par ceux-là mêmes qui les avaient perdues, élections décidées par le pouvoir après qu’il eut reconnu le FIS comme parti légal, était que le FIS arrivant en majorité à l’Assemblée modifierait la Constitution en vigueur. C’était faux. Il suffit de relire la Constitution de 1989 qui ne permettait pas à l’Assemblée Nationale d’amener à sa révision. Art. 163 : La révision constitutionnelle est décidée à l’iniative du Président de la République, votée par l’Assemblée Nationale, soumise par référendum à l’approbation du peuple et promulguée par le Président de la République. Art.164 : Lorsque de l’avis motivé du Conseil constitutionnel, un projet de révision constitutionnel ne porte aucunement atteinte aux principes généraux régissant la société algérienne, aux droits et libertés de l’homme et du citoyen, ni n’affecte d’aucune manière les équilibres fondamentaux des pouvoirs et des institutions, le Président de la République peut directement promulguer la loi portant révision constitutionnelle, sans la soumettre à référendum, si elle a obtenu les trois quarts des voix . 12. La loi organisant les associations dites "à caractère politique" date de février 1989. La première association de femmes à l’utiliser fut "Emancipation". Agréée en mars 1989, son noyau sera constituée de militantes troskystes issues de ce qui est aujourd’hui le Parti socialiste des travailleurs (ex-G.C.R.) autour desquelles s’agrègeront d’autres femmes. La deuxième association déclarée a été "Promotion" créée par des militantes du Parti communiste algérien (intitulé alors PAGS et devenu depuis Ettahadi) et de l’UNFA (organisation féminine du FLN). La troisième fut propulsée par des femmes militantes ou proches d’un autre courant trostkyste, connu aujourd’hui sous le nom de Parti des Travailleurs (ex-OST) et prendra pour nom "Egalité" (selon ses dirigeantes, elle se serait constituée, de fait, dès 1985). Elle connaîtra rapidement une scission. Le nouveau regroupement déclaré prendra pour nom "Triomphe du droit des femmes" et se rapprochera du RCD, parti s’inscrivant dans la mouvance berbériste. Dès décembre 1990, on pouvait dénombrer 17 associations de femmes agréées, dont une de femmes islamistes. A leur côté, de nombreuses autres, d’audience plus locale, se sont activées tout en restant souvent des regroupements de fait. 13. Andezian Sossie, "Femmes et religion en islam : un couple maudit ?", revue Clio Histoire, femmes et société, n° 2 de 1995 consacré à Femmes et religions, Presses universitaires du Mirail, Toulouse. 14. Hadith : propos attribué au Prophète par une lignée de témoins. 15. Voir l’ouvrage cité en note 13.
Post Scriptum : in "Confluences Méditerranée", N°27, Automne 1998
27 février 2007
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عند النظر الى ايران والدور الايراني في المنطقة العربية، لا بد من الاعتراف اولا باشكالية وتعقيد هذه المسألة وتشابكاتها المختلفة: فمن جانب، ايران ليست جمهورية موز، ونظامها ليس نظام دمى او نظاما عميلا للامبريالية، وهي تملك مشروعا اقليميا وتعمل من أجله بكل جدية، وتملك اوراقا مهمة جدا تستعملها بذكاء في سياق سعيها لتحقيق مشروعها، ومن هذه الاوراق: برنامجها النووي، علاقاتها الوثيقة مع النظام السوري، علاقاتها الوثيقة مع حزب الله في لبنان، علاقاتها الوثيقة مع حماس والجهاد الاسلامي في فلسطين، علاقاتها التجارية والاقتصادية الوثيقة مع دول مؤثرة دوليا مثل روسيا وألمانيا، وعلاقاتها الوثيقة مع "تحالف الشمال" في افغانستان، اضافة الى النفط، واخيرا (وهذه اهم ورقة) دورها في العراق، وعلاقاتها وتأثيرها القويين على الاحزاب والميليشيات والقوى السياسية السائرة في ركاب الاحتلال الامريكي. ومن جانب آخر، ايران ليست مشروعا مناهضا للامبريالية، اي انها ليست "فنزويلا" الشرق الاوسط (مع تحفظنا طبعا على مصطلح "الشرق الاوسط")، ولا تحمل برنامجا تحرريا لشعوب المنطقة يقوم على القضاء على الهيمنة والاستغلال، وبسط سيادة الشعوب على ارضها ومواردها، بل هي مشروع ذو طابع قومي طائفي توسعي براغماتي، لا يجد غضاضة مثلا بالاستعانة بعدوه الايديولوجي الاول (الولايات المتحدة) في حرب "احتواء مزدوج" مع العراق (فضحية ايران-كونترا جيت)، او بمساعدته استخباريا ولوجستيا في العدوان على افغانستان، وهي تلعب دورا بالغ السوء في العراق من خلال تمكين ودعم الحكومة والعملية السياسية العميلة برمتها للامريكان، ودعم وتمكين الاحزاب والميليشيات الطائفية التي كانت مقراتها الاساسية في ايران قبل احتلال العراق (مثل المجلس الاعلى للثورة الاسلامية وميليشيا جيش بدر التابعة لها وحزب الدعوة والميليشيا التابعة لها، وغيرها) وتتلقى اسلحتها وعتادها وتدريبها ومعلوماتها الاستخبارية من ايران، وبالتالي فهي تدعم بشكل واضح الحرب الطائفية في العراق. ومن جانب ثالث، تبدي ايران في سياق سعيها لتحقيق مشروعها، تصرفات متناقضة اذا ما نظرنا اليها بعين عربية، لكنها متسقة اذا نظرنا اليها في سياقها الايراني: ففي حين تدعم ايران حزب الله الذي خاض معارك شرسة ضد الكيان الصهيوني ومن خلفه الولايات المتحدة وانتصر عليهما مرتين (2000 و 2006)، وينادي رئيسها احمدي نجاد بتدمير "اسرائيل" وازالتها من الوجود؛ تساعد ايران الولايات المتحدة في غزو افغانستان وفي تدمير وتفتيت العراق وتحويله الى ساحة حرب وابادة طائفية. مع وجود كل هذه التشابكات والتعقيدات، كيف يكون الموقف العربي من ايران؟ لا بد من الاقرار اولا بان هناك غيابا كاملا لمشروع عربي في المنطقة العربية سواءا على المستوى الرسمي (الانظمة) او مستوى التنظيمات الشعبية المختلفة (احزاب، نقابات، وغيرها). فالانظمة العربية غير قادرة على التأثير باي شكل من الاشكال على مجريات الامور لا دبلوماسيا ولا عسكريا، وهو ما ينطبق على الاطار "التنسيقي" للنظام الرسمي العربي، اي "جامعة الدول العربية". الدلالة الاكبر والاهم على هذا الامر هو فشل الاستراتيجية العربية الرسمية التي دامت حتى الان ما يقارب الـ60 عاما في مواجهة اهم خطر في المنطقة: اي الكيان الصهيوني، وباعتراف امين عام جامعة الدول العربية الذي اعلن :"موت عملية السلام" اثناء العدوان على لبنان؛ فالاستراتيجية التي كان يتبناها النظام الرسمي العربي للستين عاما الماضية (وما زال يحكم بها حتى الان وللمستقبل) لم تكن فقط فاشلة عربيا، بل كانت ناجعة وناجحة صهيونيا وامريكيا! بمعنى انها لم تكن اساسا "استراتيجية عربية" بل كانت امريكية صهيونية بامتياز. اما على الصعيد الشعبي العربي، فالمقاومات العربية الثلاث الرئيسية في العراق ولبنان وفلسطين ليست "تكاملية"، ولا تنسق بعضها مع بعض، بل قد يصل الامر (وللأسف) الى ان لا يعترف بعضها بالآخر كمقاومة وطنية (المقاومتان العراقية واللبنانية)؛ اما القوى المعارضة "المنظمة" (مثل الاحزاب والنقابات) فهي مشغولة بالحفاظ على وجودها السياسي لا بالنضال السياسي او الايديولوجي؛ والشارع العربي رغم وضوح بوصلته الا انه غير منظم وغير قادر بالتالي على التأثير الحقيقي. في منطقتنا العربية هناك ثلاث قوى رئيسية (الولايات المتحدة/اسرائيل، ايران، وتركيا بمسافة ابعد)، ومشروعين (امريكي/صهيوني، وايراني)، وليس للعرب شيء سوى اسم الجغرافيا التي تتصارع عليها هذه القوى/المشاريع. في لعبة التاريخ، يستطيع من يملك المشروع ان يوظف الحدث، وليس العكس. ولا يملك صانع الحدث (في ظل غياب مشروعه) ان يوظف حتى الحدث الذي يصنعه (في المدى القريب). ماذا يعني هذا؟ يعني انه في ظل انعدام لوجود مشروع عربي، فليس هناك مجال غير ان توظف القوى المتصارعة على الجغرافيا العربية (ايران والولايات المتحدة) الاحداث لصالح مشاريعهما. هل هذا يعني ان على العرب اختيار الاصطفاف اما في المعسكر الايراني او في المعسكر الامريكي؟ قطعا لا، ليس هذا هو المحدد هنا للخروج من الازمة. المحدد الرئيس هو (وكما كان دوما) تحديد التناقض الرئيسي والتناقض الفرعي، والتناقض الرئيسي هو دائما مع الامبريالية الاكبر والتي تعمل على مستوى عالمي: انها ليست سوى الولايات المتحدة وحليفتها الاولى "اسرائيل". ان العدو الاول للمشروع التحرري العربي حاليا هو الامبريالية الامريكية، والصهيونية، وينبغي ان لا تتوه البوصلة عن هذا العدو، واية تناقضات أخرى مع مشاريع أخرى تأتي في مرتبة ادنى منها، ومن هنا فان القول بأن "ايران أشد خطرا من الولايات المتحدة" او ان "ايران اشد خطرا من اسرائيل" او ان "الولايات المتحدة هي عدو زائل بينما ايران هي عدو مقيم" هي كلها تشخيصات تجانب الصحة بمسافة كبيرة، بل انها تخدم الامبريالية الامريكية من حيث: 1- تغليب المعركة مع ايران وتوظيفاتها الطائفية والتفتيتية على المعركة مع الولايات المتحدة والكيان الصهيوني وتوظيفاتها الوحدوية والتحررية والطبقية. 2- امكانية تحويل الولايات المتحدة او "اسرائيل" الى "حلفاء مرحليين" او قوى "يمكن التفاهم معها" في مواجهة "الخطر الايراني"،وهو خطاب بتنا نسمعه وللأسف من بعض الاطراف العراقية، وتدعمه انظمة عربية مثل النظامين السعودي والاردني. 3- تفكيك المقاومات العربية في العراق وفلسطين ولبنان بعضها عن بعض، ووضعها في مواجهة بعضها بدلا من ان تكون في خندق واحد. 4- توجيه العداء الشعبي العربي بعيدا قليلا عن الولايات المتحدة و"اسرائيل" باتجاه اهداف اقل اولوية بالنسبة للمشروع التحرري العربي. هل هذا الكلام يعني ان نتحالف مع ايران في مواجهة الولايات المتحدة؟ ينبغي التمييز هنا بين مستويين: المستوى الشعبي وضرورة تشكيل جبهة تضم جميع شعوب المنطقة (عرب-أكراد-اتراك-ايرانيين) في مواجهة الامبريالية الامريكية والصهيونية التي تتضرر منها جميع تلك الشعوب؛ لكن ذلك لا ينطبق على صعيد الانظمة، فالقوتين الاخريين في المنطقة العربية (ايران وتركيا) ليستا مناهضتين للامبريالية، بل تملكان مشاريع هيمنة أخرى، وتعملان في سياق مصالحهما لا في سياق مصالح الشعوب، وبالتالي لا يمكن البحث عندهما عن تحالفات. الانظمة الوحيدة التي تأخذ الشكل المناهض للامبريالية في عالمنا المعاصر توجد الآن في امريكا الجنوبية، وبالتحديد في كوبا وفنزويلا وبوليفيا ونيكاراغوا، وهذه تشكل رافعة حقيقية لبقية دول القارة للتحول الى اليسار الراديكالي بصيغته الشعبية المتعارضة كليا مع مشاريع الهيمنة والسيطرة، ومن الضروري جدا البدء بخطوات حقيقية باتجاه تشكيل تحالف شعبي عربي مع ذلك المحور. ما هو موقفنا اذا من قوى المقاومة العربية المتحالفة مع ايران، وحزب الله بالتحديد؟ بعد اعدام الرئيس الشهيد صدام حسين، والاخراج الطائفي الذي ميز ذلك الاعدام، تصاعدت الاصوات في العراق وسائر الاقطار العربية، تشن هجوما واضحا ومباشرا على ايران، آخذة معها في هذا الهجوم حزب الله ايضا، ونسي الكثيرون المعركة التي خاضها هذا الحزب قبل أشهر قليلة ضد "اسرائيل" والولايات المتحدة، وأخذوا يحاكمونه فقط من خلال "السياق الايراني" والطائفي. كما لا بد من ملاحظة ان هذا الامر تدعمه الانظمة بشكل واضح، ففي الاردن مثلا حيث تحدثت السلطة مبكرا عن "هلال شيعي" ووصفت اسر الجنديين الصهيونيين قبل العدوان على لبنان بـ"المغامرة"، كانت الشعارات ذات التوجه الطائفي والمهاجمة لحزب الله واضحة في المسيرة التي خرجت في عمان احتجاجا على اعدام الرئيس الشهيد صدام حسين، ومن قبل الاحزاب المحسوبة على الحكومة والنظام! من غير الممكن او المعقول ان نتحدث عن دعم "مقاومة على مزاجنا" وبالمحددات الدقيقة التي نريدها ان تكونها فقط، وبدون ذلك فاننا لا ندعمها ولا نعترف بها!! ان هذا الكلام الذي نقوله الآن عن حزب الله الحليف لايران، هو نفسه الذي قلناه ونقوله للاوروبيين المترددين في اعلان دعم المقاومة العراقية لانها "بعثية" أو "اسلامية". لا يمكن اختراع مقاومة في رأسك وتقول لن ادعم سوى تلك المقاومة (الموجودة فقط في رأسك)!!! ومن غير المعقول القول بانه ان لم تكن المقاومة تتطابق مع المعايير القياسية التي أضعها لها فانني أمتنع عن دعمها وآخذ موقفا حياديا في معركتها ضد الامبريالية والصهيونية!! ان مثل هذا الموقف هو موقف غير موضوعي وغير مادي. في المعارك المصيرية، لا يمكن الوقوف على الحياد، بل ان "الحياد في زمن الصراع تواطؤ" كما يقول الروائي السوري حيدر حيدر. المقاومات الموجودة على الارض الآن هي نتاج حراك اجتماعي وتاريخي وسياسي وتمتلك مشروعية وجودها ولولا ذلك لما وجدت اصلا! ولذلك فان الموقف الموضوعي هو دعم المقاومة كانت من تكون ما دام عدوها واضحا ومحددا دون لبس: الامبريالية والصهيونية. اما اذا تغير هذا العدو او استعدت للتفاهم معه فعندها تتوقف عن كونها مقاومة اصلا. وعليه فدعم حزب الله في مواجهة الولايات المتحدة والكيان الصهيوني هو أمر ضروري واساسي بغض النظر عن تحالفه مع ايران او توظيف ايران لمعارك حزب الله مع اسرائيل. العدو الاساسي للمشروع التحرري العربي هو الامبريالية الامريكية والصهيونية، وما دامت بنادق حزب الله تطلق النار في ذلك الاتجاه، وما دام الحزب يطرح موقفا علمانيا لا طائفيا فالواجب هو الدعم لا التخوين. ما يثير الاستغراب حقا هو أن هذ الشحن الطائفي غير المسبوق قد تصاعد بعد ان نجح حزب الله في خوض معركة قومية الطابع وبخطاب قومي معاد للطائفية. فقد التفت الجماهير العربية بالكامل حول حزب الله "الشيعي" في مواجهة الكيان الصهيوني. وكان السيد حسن نصر الله قد اشار الى قومية المعركة في المؤتمر الصحفي الذي عقده بعد أسر الجنديين الصهيونيين مباشرة وقبل بدء العدوان حيث قال ان "العملية جاءت لتعيد للعالم بأسره ما فقده من اخلاق وكرامة وصمت على الجرائم التي ترتكب وبشكل يومي بحق الفلسطينيين"، وانها "تشكل دعما كبيرا ومساندة كبيرة للفلسطينيين...[و] قد تكون مخرجا كون الإسرائيليين لا يريدون التفاوض مع حركة المقاومة الإسلامية حماس، إلا أنهم سيتفاوضون مع حزب الله في النهاية لأنهم فعلوها في السابق". اذاً بعد النجاح الجزئي لمعركة لبنان في تعزيز الشعور القومي والتغلب على الشرخ الطائفي، تعود الامبريالية وتابعيها (المسؤولين مباشرة عن اعدام الرئيس الشهيد صدام حسين) لطرح تخريجة للاعدام تضمن تكسير هذا النجاح الجزئي على المذبح الطائفي اياه. تبقى ملاحظتان اثنتان نوجههما الى حزب الله: راجيا أن يتحمل
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Religious Diplomacy in Western Sahara
Younes Abouayoub Ph.D. Candidate in Political Sociology - New York
Recently, the General Assembly of the United Nations adopted a resolution on the right of self-determination for the populations of the Western Sahara :70 votes in favor against 122 abstentions. This conflict has been going on for decades, taking a heavy toll of human life and causing suffering and economic problems besides being a stumbling block in the face of consolidating the Maghreb Union. In the face of this result, both the Algerian and the Moroccan governments had divergent interpretations. Nevertheless, an objective reading indicates a weakening of the Moroccan position which has advocated the granting of an autonomy status to this geographic area lying in the southern parts of Morocco and bordered by both Mauritania and Algeria. During the last years, there have been many articles in the Moroccan press warning that the Moroccan diplomacy has been weakening since the death of the former king Hassan II and the changes made by his successor Mohamed VI in the diplomatic staff. No doubt that the international setting has changed. The cold war, used diplomatically by Morocco to win the Western bloc’s support for his position, is over. The war on terrorism does not carry the same weight since both Algiers and Rabat can use it as an argument to win support for their respective positions. Yet in the diplomatic arena, King Hassan II had more than one ace in his sleeve. One of them was religion.
Indeed, religious brotherhoods were in the heart of the Moroccan diplomacy, with a main focus on Tijania brotherhood in Western Africa. This religious movement can be traced back to late 18th century. It was founded by a Sufi named Sheikh Ahmed Tijani, hence the name of Tijaniya movement. It spread first in North Africa then in the Southern parts of the continent by early 19th century. Sheikh Ahmed Tijani was born in 1738 in Ain Madhi, a small desert town in Algeria, not far from a town called Laghouat, where the Algerian government organized recently a controversial international symposium on the life of the Sheikh. Ahmed Tijani travelled extensively throughout the Maghreb and settled to study theology in the Moroccan city of Fez, at the Qaraouiyine University. He died in Morocco in 1817 and his tomb is still nowadays a place of pilgrimage for all the followers of this Sufi movement from different parts of Africa. For the Algerian government, this movement is an Algerian one since the Sheikh was born in an Algerian village, while the Moroccans oppose such an argument by contending instead that the Tijaniya is a Moroccan brotherhood since the Sheikh spent most of his life in Fez, where he was educated and started his movement. what this new controversy shows is that religion is also one, sometimes even a main component of an effective diplomatic strategy, hence the new attempts by Algiers to use it after it has underestimated its efficiency for decades of socialism. In fact, the Algerian government has attempted during the 1980s to organize a similar seminar but Hassan II intervened swiftly to nip this attempt in the bud. Conversely to the new king, he has always been aware of the importance of religious symbols in the construction of a national identity and in building alliances internationally. He was thus the Commander of the Faithful nationally and President of the Al-Quods Committee internationally, Jerusalem being highly symbolic for Muslims all over the world.
Millions of Tijaniya followers live in Sub-Saharan Africa and mainly in Senegal, a traditional ally of Morocco, where they represent 90% of the Muslim population. Besides, the expansion of the movement in Western Africa started from Senegal during the nineteen century. The best proof of the strong lobbying role played by this movement is what happened in the United Nations years ago. During the first mandate of the former Senegalese President Abdou Diouf, the permanent representative of Senegal at the United Nations supported officially the Algerian position, backing thus the Polisario (the rebellious movement in Western Sahara that fought for years an attrition war against the central government in Rabat). The following day, King Hassan II sent his emissary to Dakar to meet with Sheikh Tall Moltaka, then the leader of the Tijaniya movement, who immediately pressured President Abdou Diouf to withdraw his support of the Polisario. Finally, the Senegalese President caved in and the permanent representative of Senegal at the United Nations was removed. Hassan II would later on back Abdou Diouf in his campaign to win a second mandate.
This faith-based diplomacy was adopted by the Moroccan regime towards other West African countries. During the presidency of Ibrahim Babangida in Nigeria, a huge mistake, or rather a lese-majesty crime was committed by the Nigerian diplomacy when it recognized officially the Polisario as the legitimate representative of the Saharoui population. In such case, calling back the Moroccan ambassador and severing diplomatic ties with Nigeria should have been in order, but Hassan II did not choose that option. Rather, he applied the same tactics as with Senegal and had the Tijaniya lobby pressure the Nigerian government to change its position, which it did eventually. The same thing took place when Olusegun Obasanjo presided over Nigeria. During a meeting in Abuja with a representative of the Polisario movement, the Nigerian President agreed to host an embassy for the Saharoui Front in the Nigerian capital. Once again, the Tijaniya lobby torpedoed the initiative. Finally, when the Moroccan regime wanted to have a Moroccan elected president of the African Development Bank; it activated the Tijaniya network to achieve successfully its aim with the nomination of Mr. Omar Kabbaj. Many African Presidents took offence at these religious-diplomatic ploys. Presidents of Chad, The Sudan and Burkina Faso even drew the king’s attention to the danger of using religion as a diplomatic tool and subtly warned him against intervening in their national affairs. It was all in vain. Time and again, Morocco kept activating these networks and extended its diplomatic effort to other religious brotherhoods in Africa such as the Qadiriya.
Times have changed since. It seems that the regime has lost its dexterity at playing with this highly efficient diplomatic tool. The new diplomatic team has focused on other religious movements, unfortunately less effective in the Western Sahara issue, such as the Boutchichiya brotherhood which has a smaller presence in Africa than the Tijaniya. Yet, this is not the only explanation of such a deficiency. Today, with the growing clout of political Islam and mainly movements such as the Salafists and the Wahabis, who do not hold in high esteem Sufi movements in general, these brotherhoods seem to have lost their strong lobbying role.
The French statesman and novelist, André Malraux once said that the 21st century will be religious or will not be. He was right, but only partially though. Religion has always played an important role in politics; a role which will increase tremendously as we are witnessing a revival of schisms within Islam between Shiites and Sunnis and a probable clash between civilizations if the trend in international affairs stays unchanged. ***************************************** LES PALESTINIENS NE SONT PAS UNE NATION DE MENDIANTS Par Ibrahim Ebeid Les Etats-Unis et l'Union Européenne, dominés et contrôlés par le mouvement sioniste et son entité, se rabattent sur une nouvelle forme d'armes de destruction massive contre les Palestiniens, de la même manière qu'ils ont organisé un blocus mortel sur l'Irak. Les Palestiniens sont bloqués, leur pays est en passe d'être volé morceau par morceau et ils vivent dans des réserves entourées de murs de béton et des fortifications armées sionistes, les colonies. Leurs maisons sont explosées, leurs champs et leurs oliveraies détruits ou confisqués. En avril 2006, les Etats-Unis ont coupé toute aide humanitaire à la suite de la victoire inattendue du Hamas. En tout, 411 millions de dollars d'aides ont été annulés ou suspendus parce que cet argent aurait pu aider le nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas. Les Etats-Unis, l'Union Européenne et d'autres donateurs ont déclaré qu'ils ne traiteraient pas avec un gouvernement dirigé par le Hamas tant que celui-ci ne reconnaîtrait pas « Israël », ne renoncerait pas à la violence et n'adhèrerait pas aux accords négociés avec « Israël » par le précédent « gouvernement » palestinien. Les Etats-Unis et l'Union Européenne ignorent les réelles victimes, en l'occurrence les Palestiniens et ils distordent tout simplement les faits et l'histoire. Ils ont ignoré que les Palestiniens n'ont jamais usé de violence contre des nations paisibles, ni envahi aucun pays, ni expulsé leur population, ni proclamé que la terre conquise leur appartenait. Ils se battent pour recouvrer leurs droits sur leur terre natale, revenir dans leurs maisons, dans leurs villes, et y vivre en paix. La lutte est légitime en regard des lois internationales et rien ne les en dissuadera. Le Hamas a été élu démocratiquement par le peuple qui vit sur ce qui reste du territoire palestinien. Les élections n'ont pas été montées comme elles le furent en Irak occupé, et ceux qui ont été élus n'ont pas été amenés par les chars des envahisseurs américains et de leurs alliés. Les membres du Hamas font partie du peuple palestinien, ils n'ont pas été importés et ne représentent aucun pouvoir ni intérêt étranger. Le monde devrait savoir que la tragédie de la Palestine a commencé avec l'accord Sykes-Picot en 1916 et fut couronné par la création de l'entité sioniste en Palestine en 1948. Les organisations militaires sionistes ont utilisé la terreur et le sang contre les Palestiniens pour les chasser de leurs cités, villes et villages pour désarabiser la Palestine et la judaïser dans sa totalité. William Zuckerman, l'éditeur de la « Jewish Newsletter » du 3 octobre 1960, fait une remarque intéressante. Il dit : « La fuite des arabes de Palestine, qui a créé le problème des réfugiés, ne fut ni un acte spontané, ni la conséquence de la propagande des chefs arabes, comme les sionistes le répètent. Ce fut un plan froidement calculé et exécuté par l'Irgun mais avec l'aval de la Haganah et de l'Agence juive de l'époque. » Les massacres en Palestine ne se sont pas arrêtés avec Deir Yassin où 250 personnes ont été massacrées par Menachem Begin et son gang. Les crimes de masse ne se sont pas arrêtés en 1948 ; ils continuent aujourd'hui. Mais cette fois, le massacre du peuple palestinien est plus vicieux. Il combine le blocus mortel, le vol de la terre, la destruction des champs et la privation de nourriture. Les Palestiniens sont encagés dans de grandes prisons aux conditions pires que celles des camps de concentration en Europe. Les Palestiniens ne sont pas seulement menacés par l'entité sioniste mais par le Président Bush et par l'Union Européenne. Malheureusement, la plupart des Américains et des Européens ne savent pas que la Palestine est arabe, ils ne savent pas que les « Israéliens » sont de nouveaux colonisateurs installés dans des maisons et sur une terre qui ne leur appartient pas. Ils ne savent pas que les Palestiniens ont été chassés de leurs maisons et qu'environ 6 millions d'entre eux sont des réfugiés vivant dans des camps et dans tous les coins de la planète, et ma famille en fait partie. La plupart des gens ne savent pas qu'en 1918, les Juifs de Palestine ne possédaient que 2% de la terre et que lorsqu' « Israël » a été créé le 15 mai 1948, les colons possédaient moins de 6% de terre obtenus par l'achat ou la terreur. Plus de 6 millions de Palestiniens attendent l'exécution des résolutions des Nations Unies pour revenir dans leurs maisons et leurs villes, en Palestine historique qui s'étendait de la mer Méditerranée à la rivière Jourdain, pour établir leur Etat, pour vivre en paix, en dignité et en prospérité. Le gouvernement des Etats-Unis, sous Georges W. Bush, veut donner 10 millions de dollars à une ONG comme aide aux Palestiniens assiégés. Nous disons à Bush que les Arabes palestiniens ne sont pas des mendiants et qu'ils n'attendent pas les miettes qui tombent de la table des impérialistes pour remplir leurs estomacs. Les Palestiniens sont très fiers, très industrieux et très créatifs. Ils avaient un pays dans lequel ils vivaient, en paix et en prospérité, jusqu'à ce que les puissances occidentales lemettent en pièces en 1916 et le donnent aux sionistes en 1948. Les Palestiniens ont le droit d'élire le gouvernement qu'ils souhaitent pour les diriger et ils rejèteront toute solution imposée ou tout gouvernement importé. Ils ont le droit de se défendre par tous les moyens pour défendre leur terre. La Palestine est arabe, elle s'étend de la Méditerranée au Jourdain, et nous y reviendrons, même si cela doit prendre un millier d'années. C'est notre terre, elle appartient à notre peuple, "quelques-uns sont morts, quelques-uns sont vivants mais beaucoup sont à naître".
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