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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 08:26

 

 

Depuis l’époque coloniale, ceux qui cherchent des matières premières peuvent faire ce qu’ils veulent en Afrique, pratiquement sans entrave. Après la décolonisation, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont affaibli bon nombre d’États en leur imposant des réformes structurelles. Aujourd’hui, toutefois, certains gouvernements africains tentent de résister.

 


(Photo Anglo American Plc/ Flickr)

Au temps du colonialisme, l’Afrique était connue comme fournisseur de matières premières. Aujourd’hui, le continent semble surtout débordé par la misère, la guerre, des dictateurs corrompus ou des seigneurs de guerre. Pourtant, Raf Custers a estimé que c’était le moment idéal d’écrire un livre sur les grandes entreprises minières et les matières premières en Afrique.


Raf Custers. Ça a commencé en 2007 avec un rapport de l’UNCTAD (l’agence des Nations unies pour le commerce et le développement, NdlR) révélant l’ampleur croissante des exploitations minières. C’était une rupture car, pendant deux décennies, les prix des matières premières avaient été bas et il y avait eu peu d’investissements. Le bouleversement est surtout venu des pays émergents, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, qui avaient de plus en plus besoin de matières premières et se sont entre autres tournés vers l’Afrique. C’est pourquoi on a également parlé d’une nouvelle ruée vers l’Afrique de la part des grandes compagnies minières, tout comme il y a cent ou cent cinquante ans.


L’Afrique doit-elle donc s’attendre à une seconde vague de colonisation ?


Raf Custers. Celle-ci est déjà en route depuis un bout de temps. Elle a commencé dans les années 1980 et 1990, avec les réformes imposées aux pays africains par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. On n’appelait pas encore ça austérité, mais ajustement structurel. Mais ça revient au même : l’État a dû dégraisser et les investisseurs privés ont pu agir en toute liberté. Nous savons depuis que ces réformes ont été un flop. C’est pourquoi on entend de plus en plus souvent, en Afrique, des voix qui réclament une seconde indépendance.


Que signifiaient alors ces réformes, en pratique ?


Raf Custers. Qu’au Mali, par exemple, des entreprises privées allaient exploiter les mines d’or, mais ç’a été carrément du pillage. Des pays comme la Zambie et le Zaïre de l’époque ont été obligés de morceler leurs grandes entreprises minières et de les transformer en dizaines de joint-ventures où les investisseurs privés occidentaux étaient les patrons. Partout, ces contrats étaient très avantageux pour les sociétés minières. Pendant des années, elles ont été exemptées d’impôt et elles ne paient que de faibles royalties (le pourcentage des recettes payé aux autorités par l’exploitant, NdlR). Et elles donnent du travail à relativement peu de monde.


Les pays riches en matières premières restent souvent très pauvres. Les États africains ne sont-ils pas les premiers responsables de cette malédiction des matières premières ?


Raf Custers. Un pays comme le Congo est un exemple typique de ce à quoi peut aboutir un ajustement structurel. L’État y est ramené à une espèce de carcasse dotée d’un appareil d’État impuissant. Les grandes entreprises transnationales y jouissent d’une liberté énorme. L’administration n’a rien. Un exemple : dans le bassin du fleuve Congo, on peut construire des centaines de micro-barrages afin de faire de l’électricité. Dans les années 1990, on a établi un inventaire de ces endroits. Mais, à la société nationale d’électricité, ils n’ont toujours qu’un seul exemplaire de cet inventaire. Que peut faire une telle administration face aux entreprises privées ?


Les entreprises font ce qu’elles veulent. Prenons le Mali, où il y a des mines d’or. Le ministre des Finances a lui-même admis que le gouvernement ne savait pas combien d’or les entreprises minières exportaient…


Mais n’innocentez-vous pas les élites locales ?


Raf Custers. Au Congo, l’ancien dictateur Mobutu est à la base de la corruption. Il ne faut pas oublier qu’il était un ami des États-Unis, pendant la guerre froide contre l’influence de l’URSS. Au début des années 1980, il a libéralisé de grands pans de l’économie. Il avait donné comme directive littéralement : « Débrouillez-vous. » Le secteur informel s’est fortement développé. Toutes sortes de réseaux y sont actifs, qui s’infiltrent dans ce qu’il reste encore de l’État, dans l’administration, l’armée, etc. L’Occident essaie d’avoir prise là-dessus. Mais plus l’Occident exerce des pressions, plus ces réseaux se replient sur eux-mêmes. Ce qui se passe à la surface est une chose ; ce qui se passe en dessous, c’est tout à fait autre chose. Je compare ça à une partie d’échecs, mais avec un échiquier à six côtés et quatre étages. Toute une série de joueurs visibles et invisibles déplacent leurs pièces en même temps.


Au Congo, certains acteurs privés sont devenus immensément riches, alors que le peuple vit dans la misère. Les choses ont-elles fondamentalement changé depuis l’époque Mobutu ?


Raf Custers. Mobutu a été chassé par une insurrection populaire, mais le système n’a pas disparu tout d’un coup. En outre, une guerre a ensuite éclaté. Le Congo a vécu près de dix ans en guerre, avec des rébellions attisées de l’extérieur. Comment avoir emprise sur un tel chaos ? Comment s’en prendre aux réseaux corrompus ? Le président précédent, Laurent-Désiré Kabila, a essayé de le faire à la fin des années 1990. Les États-Unis étaient alors au sommet de leur puissance. Les mobutistes n’ont jamais entièrement disparu et Kabila a été assassiné. Joseph Kabila a succédé à son père. Il parvient à rester debout dans ce panier à crabes, où ont survécu en partie, forcément, les mêmes pratiques.


Mais, sous sa direction, le Congo progresse. Il se heurte au pouvoir des grandes entreprises minières, il a fait modifier les contrats miniers, il essaie d’agir en souveraineté face à la tutelle de l’Occident. Cela donne des résultats. Le Congo produit aujourd’hui trente fois plus de cuivre qu’il y a dix ans. Et l’État en tire davantage des revenus. Le dernier rapport de l’EITI, l’initiative destinée à rendre visible les flux d’argent entre les sociétés minières et l’État, en dit long à ce propos. En 2010, l’État a perçu 875 millions de dollars des entreprises, soit deux fois plus qu’en 2007. Et ce, du fait que la perception fonctionne mieux et qu’il y a moins de fuites d’argent du système. Cela reste une tâche difficile et de longue haleine. Les joueurs d’échecs invisibles continuent à saboter tout progrès, mais il y a moins de joueurs autour de l’échiquier qu’il y a dix ans. Je vois la situation progresser, et je ne suis pas le seul.


 

BIENTÔT DISPONIBLE CHEZ INVESTIG'ACTION EN FRANÇAIS :

Les chasseurs de matières premières de Raf Custers


 
 

Grondstoffenjagers, Raf Custers, Ed. EPO, 2013, 264 p., 21,50 euros (en néerlandais)

 

Source : Solidaire

 

Afrique - Colonialisme - Congo - Mali

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 08:21
 : 

Margaret Thacther a été le premier ministre le plus diviseur et destructeur des temps modernes : chômage de masse, fermeture d'usines, des communautés détruites, voilà son héritage.

 

 

C'était une combattante et son ennemi était la classe ouvrière britannique. Ses victoires, elle les a obtenues grâce à l'aide des figures politiquement corrompues du Parti travailliste et de nombreux syndicats.

 

C'est à cause des politiques mises en place par elle que nous sommes aujourd'hui dans cette situation. D'autres Premiers ministres ont suivi son exemple, notamment Tony Blair. Elle a tiré les ficelles, il fut sa marionnette. 

 

Souvenez-vous qu'elle a qualifié Mandela de terroriste et qu'elle a pris le thé avec Pinochet, ce tortionnaire et assassin. 

 

Comment lui rendre hommage ? En privatisant ses obsèques. Faisons jouer la concurrence et allons au moins offrant. C'est ce qu'elle aurait voulu.

 

Margaret Thatcher - Nelson Mandela - Pinochet

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 15:26

Cahuzac et l’argent des labos : financement personnel ou politique ?
Jérôme Cahuzac a ouvert un compte en Suisse pour y déposer des sommes « provenant pour l’essentiel de ses activités de chirurgien » a assuré son avocat Jean Veil « et accessoirement de son activité de consultant » pour l’industrie pharmaceutique.
Consultant ? Jérôme Cahuzac le devient au sortir du cabinet du ministre de la Santé Claude Evin (un fidèle de Michel Rocard, alors Premier ministre) où il a été, de 1988 à 1991, un influent conseiller, en charge, notamment, du médicament.
Parmi ses attributions, les discussions sur les prix avec les fabricants. Dès ce début des années 1990, une vilaine rumeur court à son sujet, celle de paiements occultes en échange d’avantageux taux de remboursement par la Sécurité sociale, ou de suspectes autorisations de mise sur le marché.

http://tempsreel.nouvelobs.com/le-dossier-de-l-obs/20130411.OBS7686/cahuzac-et-l-argent-des-labos-financement-personnel-ou-politique.html

Affaire d’Etat: L’armee aurait precipite la chute de Jerome Cahuzac
[Sandrine Perroud - La Tribune de Genève - 11/04/2013]
Les Services de renseignements français ont fait tomber Jérôme Cahuzac, selon L’Hebdo. L’ex-ministre du Budget prévoyait des coupes drastiques dans les finances de l’armée. Les coupes prévues par l’ex-ministre Jérôme Cahuzac dans le budget de la Défense l’auraient conduit à sa perte. C’est ce qu’affirme L’Hebdo dans son édition de jeudi. L’hebdomadaire romand publie sur le sujet une enquête citant des «sources sécuritaires», des députés UMP et des membres de la Commission de défense de l’Assemblée nationale.

Avant sa démission, l’ex-ministre du Budget considérait l’armée comme un poids lourd à alléger. Il envisageait ainsi de raboter dans son budget jusqu’à 1 milliard d’euros en 2014. D’autres milliards étaient prévus les années suivantes.  Le tout aurait figuré dans la future loi de programmation militaire (LPM) couvrant la période de 2014 à 2019. La LPM aurait fait passer les dépenses de l’armée de 1,5% du PIB français à 1,1%. Un plus bas historique pour la France.

Concrètement, la taille aurait signifié la suppression de 31 régiments dans l’Armée de terre, la vente du porte-avion Charles-de-Gaulle, l’annulation de commandes d’hélicoptères Tigres et de deux sous-marins nucléaires Barracuda, l’arrêt de production des avions Rafale et des transporteurs Airbus A400M, ainsi que la suppression de quelque 51’000 postes. Des bases françaises à l’étranger auraient été fermées et les budgets des renseignements intérieurs et extérieurs revus à la baisse.

 

Ces mesures auraient été jugées inacceptables de l’intérieur, affirme L’Hebdo. Davantage d’économies dans le ministère de la Défense risquaient même aux yeux de certains de mettre en péril le statut de grande puissance internationale de la France et de rendre le pays indigne de siéger au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Ainsi, avant que le président François Hollande ne se prononce le 22 mars sur le projet de loi de Jérôme Cahuzac, ce dernier a fait face le 19 mars à l’ouverture d’une enquête judiciaire à son encontre. Il démissionnera dans la même journée. Le 2 avril, il avouera devant la justice posséder un compte non déclaré à l’étranger, détruisant ainsi durablement sa carrière politique.

Les «sources sécuritaires» de L’Hebdo sont très claires. Aucun hasard n’est à lire dans cet enchaînement d’événements. «L’armée a eu sa peau. On ne s’attaque pas impunément à nous. Il voulait notre mort. Nous l’avons eu. Et d’autres ministres pourraient suivre si Hollande continue sur cette voie», menace l’une des sources.

La précision des informations aux mains de la justice française sur le compte en Suisse de l’ex-ministre du Budget ont surpris les autorités genevoises, souligne encore L’Hebdo. Cette minutie porterait la marque de l’intervention des Services de renseignements français qui enquêtent depuis des années sur les fraudeurs du fisc.

Un certain nombre d’informations seraient gardées au chaud, plutôt que d’être livrées à la justice, afin de conserver une certaine influence sur les politiques en cas de besoin. Les enquêteurs l’ont reconnu dans un document collectif signé par des officiers de la Direction centrale du renseignement intérieur et remis le 16 février à un groupe de travail sur les exilés fiscaux.

Le lobby militaro-industriel à dos

Outre les coupes dans le budget de la Défense, Jérôme Cahuzac envisageait de s’attaquer à l’industrie militaire. Il avait ainsi annoncé en février vouloir renforcer le mécanisme de contrôle et de contre-expertise dans les achats du Ministère de la défense. Une démarche qui lui aurait mis à dos le puissant lobby militaro-industriel au chiffre d’affaires annuel de 15 milliards d’euros.

Face à la pression de l’armée et de ce lobby, François Hollande aurait été contraint d’agir. La nomination de Bernard Cazeneuve comme remplaçant de Jérôme Cahuzac est ainsi à comprendre comme un geste en direction de l’armée et de l’industrie militaire, selon L’Hebdo. L’article souligne que le nouveau du gouvernement est originaire de Cherbourg, une importante base maritime et de production militaro-industrielle.

Dans la foulée, le président a également repoussé le débat sur la loi de programmation militaire (LPM) à l’automne. Le temps de revoir sa copie?

http://www.tdg.ch/monde/europe/L-armee-aurait-precipite-la-chute-de-Jerome-Cahuzac/story/14281085

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 15:57
Communiqué

12 avril 2013

L’engagement pris par le G8 visant à lutter contre le viol dans les zones de conflits salué par les défenseurs des droits humains

Londres/Genève, 12 avril 2013. Les États membres du G8 ont adopté hier une Déclaration commune sur la lutte contre les violences sexuelles dans les zones de conflits. Ils affirment dans ce texte que le viol, et tout autre type de violences sexuelles graves, doivent être considérés comme des crimes de guerre et comme des infractions graves aux Conventions de Genève. Cette déclaration est un appel à tous les États pour qu’ils continuent à enquêter et à engager des poursuites lors de violences sexuelles en zones de conflit et ce, où que les crimes aient été commis. Amnesty International UKREDRESS et TRIAL ont salué cette déclaration historique mais appellent néanmoins les États à adapter leur législation en conséquence et à prendre les mesures nécessaires pour que la déclaration ouvre la voie à une augmentation du nombre de procès d’auteurs présumés.

Tout État est dans l’obligation d’appliquer la compétence universelle en cas d’«infractions graves» aux Conventions de Genève, à savoir lors de crimes de guerre commis dans le cadre de conflits armés internationaux. Par leur Déclaration commune hier, les Etats membres du G8 - Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Royaume-Uni et États-Unis - soulignent l’obligation de l’ensemble des Etats d’enquêter et d’engager des poursuites contre les individus directement responsables ou les commanditaires de viol ou d’autres actes de violence sexuelle, nonobstant la nationalité du suspect, de la victime, et le territoire sur lequel le crime a été commis.

Un cap important dans la lutte contre l’impunité?

Depuis longtemps déjà, le viol et les autres violences sexuelles aggravées sont considérés comme des infractions graves par le Comité international de la Croix rouge et de nombreuses autres organisations. Mais la déclaration prononcée par le G8 souligne aujourd’hui une volonté politique nouvelle de ces pays d’agir selon leurs devoirs et de poursuivre désormais en justice les auteurs présumés de violences sexuelles commises dans le cadre de conflits armés internationaux.

Pour Philip Grant, directeur de TRIAL, «cette déclaration représente un engagement politique notable dans le combat ardu pour en finir avec l’impunité des auteurs de violences sexuelles dans les zones de conflits. Cependant, et malgré ce que le droit international prévoit, un nombre insuffisant d’Etats autorisent des poursuites pénales en cas d’infractions graves, lorsque les crimes n’ont pas été commis sur leur territoire. Les défenseurs des droits humains vont dès à présent suivre avec attention si les gouvernements prennent en compte les recommandations du G8 en adaptant concrètement leurs lois et leurs pratiques aux exigences internationales».

Les trois organisations saluent cette déclaration, qui constitue une reconnaissance par les États de leur responsabilité commune dans la lutte contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles en zones de conflits, lesquelles ne doivent pas seulement relever de la compétence des juridictions pénales internationales.

Remédier aux failles

Cette déclaration s’applique uniquement aux violences sexuelles commises dans le cadre de conflits armés internationaux, constitutives de torture, de traitements inhumains ou procédant d’une volonté de causer de grandes souffrances à autrui. Pour les défenseurs des droits humains, si les États font preuve d’une réelle volonté politique, ce projet devrait ouvrir la voie à l’engagement de poursuites par des tribunaux étrangers de nombreuses affaires de viols commis dans le cadre de conflits armés internationaux (Balkans ou RDC, par exemple).

«Cette déclaration ne doit pas être une coquille vide. Les États membres du G8 doivent saisir cette occasion pour renforcer leur engagement dans la lutte contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles en zones de conflit, qu’elles soient commises lors de conflits internes ou internationaux et ce, que les victimes soient des hommes, des femmes ou des enfants. Les États doivent eux-mêmes engager des poursuites à l’encontre d'auteurs présumés ou extrader les suspects vers d’autres autorités compétentes», affirme Kate Allen, directrice d’Amnesty International UK. «La déclaration doit impérativement être suivie d’efforts concrets pour éliminer toute échappatoire pour les auteurs présumés de violences sexuelles commises en zones de conflit».

Le Royaume-Uni, qui préside cette année le G8, a suggéré que cette démarche s’inscrive dans le cadre de sa propre initiative de lutte contre les violences sexuelles en zones de conflit (Preventing Sexual Violence in Conflict Initiative), lancée en mai 2012 et disposant d’un budget de plusieurs millions de livres. C’est par ce biais qu’a été créé un groupe d’experts en charge, par exemple, de fournir une assistance technique en Bosnie-Herzégovine et à la frontière syrienne lors d’enquêtes et de poursuites pour les violences sexuelles en zones de conflit.

«Cette déclaration est un outil précieux pour l’initiative anglaise lancée à l’échelle internationale pour lutter contre les violences sexuelles dans les zones de conflit», a déclaré Dadimos Haile, directeur ad intérim de REDRESS. «La Grande-Bretagne devra dorénavant remplir ses engagements en matière de poursuites judiciaires envers les auteurs de violences sexuelles, considérées comme des crimes internationaux, présents sur son territoire, où que les crimes aient été commis. Son devoir est également de garantir que les victimes obtiendront une réparation adéquate».

Amnesty International UK, REDRESS et TRIAL encouragent les États à supprimer tous les obstacles à l'ouverture d'enquêtes et à l’engagement de poursuites concernant l’ensemble des crimes établis par le droit international, notamment les violences sexuelles, et demandent que les États créent des unités spécialisées pour enquêter et poursuivre ce type de crime dans le cadre de procès équitables, à l’issue desquels la peine de mort ne saurait être prononcée.

Contacts

Amnesty International UK: Niall Couper, attaché de presse Téléphone: +44 (0)20 7033 6414 / langue: anglais
TRIAL: Stephanie Barbour, conseillère juridique. Téléphone : +41 (0)22 321 61 10 /stephanie.barbour(at)trial-ch.org / langue: anglais
REDRESS: Eva Sanchis, chargée de communication. Téléphone : +44 (0)207 793 1777 /eva(at)redress.org / langues: anglais, français
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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 14:36

 

La photo de nazillons qui casse l'image de Marion Maréchal-Le Pen

 

 


Marine Le Pen aura beau se draper dans tous les artifices de la respectabilité, hurler avec les loups contre « l’islamisation » fantasmée de la France, dicter même l’agenda populiste à une classe politique en pleine débandade, et opérer une cure de jouvence avec la cooptation de la petite-fille du patriarche, Marion Maréchal-Le Pen, bombardée députée du Vaucluse, où elle a été parachutée, à l’âge de 22 ans, son lifting ultra-lissant ne parviendra jamais à masquer le spectre du néo-fascisme qui plane sur son mouvement.

Son président d’honneur de père, Jean-Marie Le Pen, peut être rassuré. Lui qui se désespérait que sa fille ait écarté « ces courageux et dynamiques militants qui se sont fait remarquer parce qu'ils avaient le crâne rasé »dans une interview accordée au Times en juillet 2012, voilà que la génération montante, incarnée par la jouvencelle de la dynastie, fraye en eaux troubles avec la jeunesse dorée du FN, nostalgique des chemises brunes.

La preuve en images : sur le cliché ci-dessus, datant du 11 décembre 2012, exhumé par Le Point dans son numéro paru jeudi, Marion Maréchal-Le Pen pose, à l’occasion de la célébration des 40 ans du FN, avec plusieurs personnes, et rien que du beau linge ! Parmi cette fine fleur frontiste, bon chic bon genre et tout sourire, figurent en effet Edouard Klein, chef de file du GUD (Groupe union défense, une organisation étudiante d'extrême-droite), Baptiste Coquelle, militant du mouvement skin, aux côtés de Julien Rochedy, le directeur du Front national de la Jeunesse et président des «Jeunes avec Marine». 

Si festoyer avec la frange dure des militants d’extrême droite ne gêne nullement le fondateur du FN, bien au contraire, il semble, photo à l’appui, que banqueter avec eux ne pose pas non plus un grave cas de conscience à sa descendance, Marion Maréchal-Le Pen…

Aussi, quand Le Point renvoie à la néophyte en politique, mais qui a été à bonne école, les reflets de ses paradoxes criants en diffusant une autre photo choc, où le fameux Baptiste Coquelle, coiffé d’un casque de SS, s’amuse à faire le salut nazi, avec une croix celtique en fond de décor, entouré de deux acolytes déguisés en « Dupont la joie », la belle honorabilité de façade du FN se fissure de toutes parts et l'image lisse de la jeune Marion se flétrit d'un coup !

Celle-ci pourra toujours se fendre de tous les communiqués du monde, comme elle l’a fait mercredi, pour jouer les vierges effarouchées, nier toute liaison dangereuse avec cette base militante, tellement affectionnée par son grand-père, et dont sa tante, Marine, cache la survivance, elle n’en a pas moins ripaillé avec certains de ses membres en décembre 2012. Les nazillons frontistes font tache sur la photo, mais sont invités aux festins du Front National, cherchez l’erreur ou plutôt la grosse supercherie... 

La photo choc, si édifiante :

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 12:37

Voici le VRAI vainqueur de la guerre en Irak

- Il semble que le grand vainqueur de la guerre américaine en Irak sera finalement la Turquie. C'est ironique parce que la Turquie s'était opposée à cette guerre. Néanmoins, un article paru il y a quelques jours dans le Financial Times me donne raison -- je viens de rentrer d'un séjour dans ce pays :

"Un nouveau candidat est apparu comme le véritable vainqueur de la guerre d'Irak. 10 ans après que la Turquie a déclenché la fureur Washington en bloquant le déploiement des troupes américaines à travers son territoire pour l'invasion de 2003, ses hommes d'affaires se révèlent être les plus forts dans la bataille pour le marché irakien".

Lorsque j'étais sur place, je m'étais déjà rendu compte que la Turquie tirait profit de la reprise en Irak. Il est difficile de contester les chiffres -- que nous verrons plus loin. Notre thème d'investissement sur la Turquie s'approfondit. En outre, j'ai trouvé une nouvelle idée pour investir dans la région, je vais vous en parler plus loin.

D'abord, les chiffres : au cours des 10 dernières années, les exportations turques vers l'Irak ont augmenté de 25% par an pour atteindre 10,8 milliards de dollars en 2012. L'Irak représente aujourd'hui le deuxième marché pour les exportations turques après l'Allemagne. Alors que l'Irak exploite ses riches réserves de pétrole et que son économie se développe, sa demande de marchandises turques augmente elle-aussi. En outre, la reconstruction de l'Irak représente un marché de 3,5 milliards de dollars pour les entrepreneurs turcs. Les deux plus gros projets en Irak sont des projets énergétiques et c'est une entreprise turque, Calik Energy, qui les a emportés.

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Comment la Chine va réussir le plus grand hold-up de tous les temps
Rendez-vous sur cette vidéo exclusive pour découvrir comment ne pas en être la victime... et surtout comment vous pourriez partager le butin ! Tout est là...

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La plupart des entreprises turques proviennent des régions du nord de l'Irak, contrôlées par les Kurdes. La croissance est rapide. Le Financial Times a écrit un article à propos d'un conglomérat détenu par une famille à Gaziantep, au sud de la Turquie. Les ventes ont augmenté de 50% à 60% au cours des deux dernières années. L'entreprise affirme qu'elle possède les deux tiers du marché des couches en Irak. Elle est également leader dans les olives. Le FT cite aussi plusieurs hommes d'affaires turcs qui se réjouissent de leurs activités en Irak.

Lire cet article m'a rappelé une conversation que j'ai récemment eue avec Tim Steinle, gestionnaire de portefeuille chez U.S. Global Investors. Et c'est là où nous en venons à mon idée.

-  Le pétrole irakien va-t-il devenir turc ? 
Tim gère l'Eastern European Fund (EUROX), qui possède presque 20% de ses actifs dans des entreprises turques. Selon lui, la Turquie va bénéficier de l'ouverture des champs pétroliers du nord de l'Irak.

"Aussi peu vraisemblable que cela paraisse, cela va forcément arriver", m'a-t-il expliqué. "Les sceptiques n'ont jamais cru que le pétrole de la Mer Caspienne, sans accès aux océans, pourrait parvenir jusqu'aux marchés mondiaux. Pourtant, un pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan permet cela aujourd'hui. Le gouvernement régional du Kurdistan a encouragé un plan pour construire un pipeline de deux millions de barils par jour passant par la Turquie".

Tim possède Genel Energy dans son fonds, une entreprise dont le siège se trouve en Turquie et qui opère dans le Kurdistan irakien. (Elle est cotée à la Bourse de Londres, ticker GENL. Je ne l'ai pas encore étudiée mais elle est intéressante.) Clairement, cette entreprise serait gagnante dans le cas d'un boom du pétrole et du gaz du Kurdistan irakien. "Actuellement, Genel vend 40 000 barils par jour en Irak à 70 $", observe Tim, "mais sa capacité de production s'élève à 80 000 barils par jour et devrait doubler cette année avec une base de réserve de plus de 380 millions de barils".

L'une des raisons pour lesquelles j'apprécie la Turquie porte sur sa situation géographique. La Turquie est bien placée pour devenir une plaque tournante pour l'énergie. Elle est au croisement entre les terres riches en pétrole -- et en gaz -- du Moyen-Orient/des ex-Etats soviétiques et les centres de demande en Europe. Elle contrôle déjà l'un des goulets d'étranglement parmi les plus passants au monde, par lequel transitent trois millions de barils par jour.

A ce sujet, Tim m'a inspiré une autre idée géniale. "Même si la Turquie importe la plupart de ses besoins en pétrole, le pays est un exportateur net de produits raffinés et ce grâce à sa capacité de raffinage très avancée. L'une des principales entreprises d'EUROX est le raffineur turc Tupras". Le rendement de son titre est de 8% et cette entreprise serait une autre grande gagnante en cas d'augmentation du passage par la Turquie du pétrole et de gaz.

Certes, il peut être difficile voire impossible pour vous de vous constituer un tel portefeuille. C'est pourquoi le fonds de Tim sur la région est un bon investissement. Tim est un homme talentueux. Il parle plusieurs langues, dont le russe et le turc, et a été gestionnaire de risques chez le géant du raffinage Valero.

L'Eastern European Fund (EUROX) a bien performé au cours des 10 dernières années. Si vous aviez investi 10 000 $ avec EUROX, vous auriez gagné 47 068 $ à la fin de l'année dernière... alors que vous n'auriez eu que 34 165 $ en investissant dans le S&P 500.
[NDLR : Pour investir sur le pétrole -- et les matières premières dans leur ensemble -- en toute connaissance de cause, suivez les conseils d'un spécialiste ! Tout est là...]

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 13:40
« Le terrorisme islamiste est la manifestation violente d’un véritable problème de société à l’échelle mondiale : la radicalisation d’une partie de la jeunesse »

Marc Trevidic, juge d’instruction au pôle antiterroriste du tribunal de Grande Instance de Paris, vient de publier « Terroristes : les Sept Piliers de la déraison » (JC Lattès, 2013) où il y décrit le monde du terrorisme d’aujourd’hui et la mission périlleuse des juges ainsi que la position de la France face à ce phénomène. Il répond aux questions de Pascal Boniface, directeur de l’IRIS.


Peut-on dire que la menace islamiste a remplacé la menace communiste ?

Il serait plus exact de dire qu’une idéologie en a chassé une autre. L’idéologie communiste et le modèle de société qu’elle véhiculait ont périclité. L’idéologie communiste n’attire plus la jeunesse. L’idéologie à la mode, aujourd’hui, c’est l’islamisme, c’est-à-dire une version radicale de l’islam propre à changer, comme jadis le communisme, radicalement la société. Cependant, il est difficile de comparer la menace que représentait le bloc soviétique, à l’époque de la Guerre froide, et la menace islamiste d’aujourd’hui, beaucoup plus diffuse dans la société. Avec les Soviétique, on parlait de guerre nucléaire, de fin du monde. La menace islamiste est de moindre intensité. 

Vous écrivez : « Le terrorisme islamiste essaime, se répète. Pas les actions à moitié folles d’un Breivik. » N’y a-t-il aucun danger chez les suprématistes blancs ?

Il est vrai que les suprématistes blancs ont fait des dégâts aux Etats-Unis, mais ils n’ont jamais réussi à vraiment s’exporter. Quelques individus très isolés, comme Breivik, ne peuvent pas constituer une menace pérenne. Ceci dit, personne ne peut prévoir l’avenir du terrorisme à long terme. Peut-être le terrorisme islamiste disparaîtra-t-il dans 20 ans et laissera-t-il place à d’autres formes d’extrémismes ? Ces formes seront soit des résurgences du passé (terrorisme anarchiste, d’extrême gauche, d’extrême droite) soit des formes totalement nouvelles (sans doute en lien avec les préoccupations du moment comme la protection de l’environnement ou la santé publique). Il convient toutefois d’insister sur le fait qu’un terrorisme récurrent ou pérenne, comme la menace islamiste d’aujourd’hui, nécessite un long délai d’incubation et de montée en puissance. Il a fallu trente ans pour en arriver à la situation d’aujourd’hui sur le front du terrorisme islamiste. 

Comment lutter non seulement contre les effets, mais aussi contre les causes du terrorisme islamiste ?

Le terrorisme islamiste n’est que la manifestation violente d’un véritable problème de société à l’échelle mondiale : la radicalisation d’une partie de la jeunesse. Sur le terrain favorable d’une jeunesse sensibilisée à des thèses extrémistes, et pour dire habituée à celles-ci, la violence terroriste trouve sa source. Sans idéologie radicale, il ne peut pas y avoir de terrorisme. Néanmoins, il existe des causes différentes à la radicalisation selon les endroits de la planète. La jeunesse musulmane a été attirée par l’islamisme, en particulier au Maghreb, au Sahel, et au Moyen-Orient, en réaction contre des dictatures sur fond d’appauvrissement de la population et de corruption. L’essor économique et la démocratie paraissent donc être deux remparts essentiels à la montée de l’islamisme. 
En Occident et aux États-Unis, cependant, le fait de donner du « pain » ne suffit pas. La jeunesse occidentale cherche une idéologie qui puisse satisfaire sa soif de pureté. Il s’agit donc d’une radicalisation plus intellectualisée qui se nourrit principalement de l’idée, constamment matraquée sur les sites islamistes, que l’Occident veut la disparition de l’islam et des musulmans et qu’il est du devoir de tout musulman d’abandonner les haillons de son identité nationale pour vêtir la robe blanche de l’appartenance à la communauté des croyants, le Oumma islamique. Le maintien ou la restauration d’une cohésion nationale, l’affirmation de principes républicains et laïcs et leur application effective paraissent être les seuls remparts efficaces. 
A ce titre, il convient de souligner des facteurs contraires au maintien d’un sentiment national, comme la suppression du service militaire ou l’absence de véritable reconnaissance des communautés religieuses. Sur ce dernier point, la Grande-Bretagne, en instaurant des contacts plus étroits et constants avec les communautés musulmanes et surtout, en admettant l’existence même de de ces communautés, a sans doute limité les dégâts par rapport au système français. Nier l’évidence, vouloir une intégration à tout prix, constituent des freins à la mise en place de structures efficaces avec les communautés religieuses qui peuvent maîtriser certaines dérives de leur jeunesse ou, à défaut, prévenir les autorités de la pente inquiétante prise par certains jeunes. 
La Justice, de son côté, ne peut que lutter contre le terrorisme, c’est-à-dire l’effet et non les causes. L’on peut toujours améliorer le système de détection et de suivi des individus susceptibles de préparer des actions terroristes mais, plus l’idéologie islamiste se développera, plus le nombre d’individus au profil potentiellement dangereux grandira. Il faut donc agir sur la propagation de l’idéologie islamiste et en particulier de l’idéologie jihadiste. Depuis 2002, cette idéologie a été diffusée dans tous les foyers, tous les milieux, par le biais de sites islamistes et il semblerait que l’on n’en prenne vraiment conscience qu’aujourd’hui. Évidemment, la lutte contre le Jihad médiatique ne peut passer que par une réelle volonté à l’échelle mondiale, ce qui n’est pas du tout le cas pour l’heure.  

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 13:37

Insolite : Des hackers tunisiens font la pub pour leurs services de cyberattaque dans les métrosDécidément, on aura tout vu dans la Tunisie «post-révolution». A priori, tout est bon pour gagner quelques sous, quitte à louer ses services de piratage et à en faire la promotion dans les stations de métro à Tunis.

C’est le cas du groupe Vità Hacker qui a collé pleins d’affiches dans les stations de métro du centre ville de Tunis. Après avoir donné les liens de contact skype, facebook, twitter, youtube et blog, ce groupe a repris une grande partie du slogan d’Anonymous en y rajoutant, en anglais, «Islam is our religion» (islam est notre religion).

Ils terminent leur pub en précisant leur spécialité en termes de techniques de cyber attaques : back track 5 et DDOS. 

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 10:17
Un Forum social mondial au cœur des convulsions tunisiennes

Par Christophe Ventura, chercheur associé à l’IRIS. Article publié en partenariat avec « Mémoire des luttes » 

Entre le 26 et le 30 mars, le Forum social mondial (FSM) de Tunis, capitale de la République provisoire de Tunisie, a réuni, selon les organisateurs, 50 000 participants de 120 pays, dont les représentants de 4 500 organisations et réseaux constitutifs des fluides altermondialistes. La grande majorité des participants provenait néanmoins de la zone euro-méditerranéenne.


L’événement – placé sous le signe de la « Dignité » qui en fut le slogan permanent – s’est déroulé pendant une semaine d’effervescence politique et sociale nationale rarement – peut-être jamais – connue depuis la fondation du FSM en 2001 : grève générale des magistrats contre un projet de loi relatif à la création d’une instance provisoire de la magistrature ; mobilisations contre les vagues d’insécurité qui secouent le pays ; Sommet des pays arabes de Doha durant lequel le président tunisien, Moncef Marzouki, a lancé la proposition des « Cinq libertés maghrébines » visant à favoriser l’intégration régionale [1] ; adoption du préambule et d’articles relatifs aux principes fondamentaux de la Constitution par la commission de la Constituante ( dont celui concernant le caractère civil de l’Etat : « La Tunisie est un Etat civil fondé sur le principe de citoyenneté, la volonté du peuple et la primauté de la loi » [2]) ; Conférence internationale sur l’islam et la démocratie, ouverte par le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui s’y est déclaré « très satisfait (…) de la coalition laïco-islamique » [3] ; propos très durs – en miroir – de Moncef Marzouki, adepte de la stratégie d’« union nationale », prononcés à Doha sur les plateaux d’Al-Jazeera contre les « laïcs extrémistes » qui s’aviseraient de vouloir prendre le pouvoir contre la « troïka » qui gouverne [4] (Ennahdha, le Congrès pour la République – CPR – du président qui tenait son Conseil national le 30 et le 31 mars, Ettakatol), etc. 

Au-delà de son bilan quantitatif (auquel il convient d’ajouter le millier d’activités qui s’y sont déroulées), la 12e édition du FSM fut un succès incontestable par la qualité de son organisation, de ses débats et de sa dynamique générale marquée par une forte participation des mouvements de jeunes (étudiants tunisiens, Occupy Wall Street, Indignés, etc.). On peut même affirmer que ce FSM, auquel se sont greffés plusieurs forums thématiques – intégrés ou associés – (Forum mondial des médias libres, Forum parlementaire mondial) fut l’un des meilleurs crus de ces dernières années. 

Tunis a confirmé que lorsqu’il se tient dans un contexte politique et social national dense – même convulsif comme dans le cas présent – dans lequel des luttes saillantes façonnent le devenir d’une société en phase de transformation, le Forum, nourri par la dynamique intérieure, offre un cadre utile à ses participants internationaux et aux acteurs des luttes locales. 

Dans ces conditions singulières et non reconductibles mécaniquement, le FSM, plus qu’une simple foire altermondialiste comme il sait l’être parfois, constitue un espace de frottement unique entre les différents flux qui le traversent : acteurs du syndicalisme ouvrier, paysan et des services, du monde des ONG, mouvements sociaux du Nord et du Sud, représentants des forces politiques de gauche et de centre-gauche, universitaires et intellectuels critiques, nouveaux mouvements des jeunesses hyper-précarisées des classes moyennes, etc. 

Cette dynamique se traduit par un haut degré d’interpénétration des thématiques sectorielles portées par la diversité des acteurs présents. Celles-ci rejaillissent et s’invitent dans l’agenda des uns et des autres. Par exemple, rarement la thématique sahraouie aura à ce point influencé un Forum. Au point de constituer le « clash » qui, opposant « pro » et « anti », à conduit à l’ajournement inédit de la traditionnelle Assemblée des mouvements sociaux. 

Plus positivement, le FSM a permis de pointer la question libérale comme critère d’évaluation centrale des forces politiques issues du « printemps arabe ». Ainsi, la question économique et sociale, celle de la dette, ainsi que la pleine coopération des gouvernements issus de la « Révolution du jasmin » avec les institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale), avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l’Union européenne (UE) et ses diktats libre-échangistes, étaient au cœur des débats. Ces derniers ont stimulé de véritables coopérations - espérons durables - entre mouvements locaux, régionaux et internationaux. En particulier entre ceux des deux rives de la méditerranée. 

A l’issue des travaux de cette semaine tunisienne, une conclusion s’impose : évaluer les processus des « révolutions arabes » à l’aune des changements institutionnels et politiques est certes important, mais largement insuffisant. A ce jour, les structures des sociétés n’ont pas changé ; le néolibéralisme est roi, quels que soient les régimes politiques installés dans la région. L’ensemble des forces islamistes majoritaires - indépendamment de leurs sensibilités selon les pays et les traditions (Frères musulmans, salafistes, chiites, etc.) - loin de remettre en cause l’ordre néolibéral, le perpétue. De ce point de vue, ces forces s’inscrivent dans une continuité avec les régimes antérieurs. 

Au mieux cherchent-elles, dans le cadre de batailles d’influence mobilisant d’énormes moyens politiques, économiques, financiers, médiatiques et militaires, à en redistribuer les cartes géopolitiques régionales. Comme le note Nasr Ben Soltana, président de l’Association tunisienne des études stratégiques, « les intérêts iraniens, turcs et américano-qatari-islamistes livrent une guerre qui ne dit pas son nom à l’intérieur des pays arabes, et notamment de la Tunisie [5] ». 

Pour leur part, les partis républicains et laïcs, lorsqu’ils gouvernent (comme en Tunisie), n’ont rien à envier à leurs alliés de circonstance en matière d’alignement néolibéral. 

Les peuples de la grande région Maghreb/Machrek sont sévèrement affectés par la crise qui s’approfondit dans les pays du centre de l’économie mondiale. Certains, comme la Tunisie dont l’économie de sous-traitance dépend largement du tourisme européen, sont laminés par le chômage, la pauvreté et les inégalités qui explosent. 

Néanmoins, tous continuent leur pleine intégration au capitalisme mondialisé. La région reste une périphérie riche en matières premières et en ressources naturelles. Elle constitue, de ce point de vue, une zone d’enjeux déterminants pour les puissances du système-monde en concurrence (Etats-Unis, Chine, Russie, pays de l’UE notamment). Il faut au passage remarquer que le Brésil était très présent à ce FSM. S’appuyant sur ses liens historiques privilégiés avec le Forum, le gouvernement de Brasilia, fidèle à sa stratégie du soft power dans les relations internationales, a contribué au financement d’une large délégation d’ONG brésiliennes. Il disposait d’une tente officielle dans l’enceinte du campus universitaire d’El-Manar. Enfin, plusieurs représentants du gouvernement avaient fait le déplacement pour rencontrer les officiels tunisiens. 

Rarement un FSM aura autant été influencé par la géopolitique régionale. Il a cristallisé toutes les tensions politiques actuelles du Maghreb et du Machrek en se transformant, par exemple, en théâtre de polémiques et d’affrontements récurrents entre partisans et adversaires de Bachar al-Assad en Syrie. La question de la Palestine fut une préoccupation centrale de nombreux débats, et c’est elle qui fut le thème de la marche de clôture de l’événement. 

Enfin, les mouvements sociaux présents au FSM de Tunis ont rendu de vibrants hommages à Chokri Belaïd et à Hugo Chavez. 

Le Forum n’est pas en mesure de constituer un cadre à partir duquel construire un rapport de forces concret et permanent contre le capitalisme international. Néanmoins, lorsqu’il se déroule dans des conditions porteuses, il incarne un processus de « construction continuelle d’un collectif mondial qui permet de lier actions de court terme et efforts de transformations à long terme » [6]. Il dessine les contours d’un espace international permettant de nourrir la réflexion de tous les mouvements sociaux et citoyens qui y participent sur cette question centrale : comment construire des stratégies de transformation ?  

[1] Il s’agit de la liberté de circulation, de travail, de résidence, d’investissement et de vote aux élections locales. 
[2] Mais, dans le préambule de la Constitution, les droits de l’homme seraient bel et bien stipulés, « à condition qu’ils soient en concordance avec les spécificités culturelles du peuple tunisien ». La Presse de Tunisie, 30 mars 2013. 
[3] Idem. 
[4] Lire Seif Soudani, « Echafauds : Marzouki s’explique » (http://www.lecourrierdelatlas.com/B...
[5] Cité dans La Presse de Tunisie, 31 mars 2013. 
[6] Propos développés par Immanuel Wallerstein lors de l’atelier « A l’heure de la crise globale, quelles articulations entre mouvements sociaux, citoyens (Indignés, Occupy Wall Street, Y’en a marre !) et forces politiques de transformation ? » co-organisé par le réseau Transform !, l’association Collettivo Prezemolo et Mémoire de luttes.

 
 
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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 10:08
le livre blanc sur les dernières années de Bourguiba
        
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Le livre blanc édité par la présidence de la République à l’occasion du 13eanniversaire de la mort de Bourguiba constitue une mine d’informations autant pour l’historien que pour le grand public. Car il jette une lumière crue sur des pans entiers de notre histoire, les dernièresannées de Bourguiba, autant que sur la personnalité de son successeur. Ben Ali a passé toute sa carrière dans le renseignementoù la règle d’or est de garder tous les documents y compris ceux qui paraissent futiles et de les répertorier.Ils finiront bien par servir un jour. Par déformation professionnelle, le président déchu a donc tout gardé, même les plus compromettants pour lui, et c’est là notregrande chance. Car les lettres  retrouvéex aux archives  ont une valeur historique évidente.

Dans l’une d’elles, sans doute la plus émouvante, ondécouvre un homme au soir de sa vie, en pleine détresse au point d’être acculé à s’en remettre à la justice. Cette lettre interpelle non seulement les anciens collaborateurs de Bourguiba, mais aussi tous les Tunisiens. Comment s’est-on fourvoyé à ce point sur Ben Ali. Ce dernier a été pendant les 13 ans de captivité de Bourguiba, son geôlier, son big brother qui entend être au fait de ses moindres gestes. Bourguibainvite-t-il son fils et sa belle-fille à dîner ?Bourguiba Jr doit en demander l’autorisation à Ben Ali, en personne. Doit-il changer de garde-malade, c’est toujours à Ben Ali qu’il faut en référer. Il faut souligner que ces lettres sont restées sans réponse.

On y découvre un Ben Ali sadique, tatillon, capable de toutes les petitesses. Car enfin, quel danger peut représenter pour lui, un vieillard de 85 ans, au surplus malade et abandonné par les siens ? Heureusement, il y a une justice immanente. En tout cas, les compagnons encore en vie de Bourguiba, à l'exception de Mohamed Sayah (Bourguiba ne s'est pas trompé sur son compte), les "rifak",  comme il disait, ainsi que les militants de son parti ne doivent pas être fiers d'eux en lisant ces lettres. Et dire que pendant des années, ils n'ont cessé de nous rebattre les oreilles avec بالرّوح بالدّم نفديك يا بورقيبة

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