Par
BIJU
Il fait bon résister et je résiste et je résisterais jusqu’à la fin de ma mort.MOI le tunisien errant.
Fût-ce à l’encontre de toute rationalité, toute logique, toute raison ! Je ne crois pas à la valeur de l’ordre qui règne, régit et déchaîne le monde.
Moi j’adore la vie sur toutes ses coutures malgré tout, l’odeur de la grande bleue, toute puante, quand elle pousse à tailler la route vers cet ailleurs qui dans le fond n’existe pas….pour les cons ! Oui seulement pour eux, ils ont toujours le chic de prendre racine dans les longueurs passéistes.
J’aime la pluie d’été ,les paumés , les cocus , les perdants et les perdus , le RAP et la morue la salée de Madère , et même celle qui fait le pied de grue ,qui fait le parcmètre sous un lampadaire pour un ruffian tatoué qui sait que l’aventure n’existe plus .
J’aime aussi certains tunisiens sans savoir vraiment pourquoi , d’ailleurs rien ne sert de connaître la plus part du temps le pourquoi et le comment des choses et des sentiments , autant imaginer et rester assoiffé et affamé dans l’inconnu où tout est possible , tout , même l’impossible amour qui tue , qu’être déçu par la réalité concomitante de notre folie et notre rage diffuse , muette , lâche et refoulée qui nous sape la vue et nous prend à la gorge par défaut , plutôt que par animosité.
Et je n’en ai rien à cirer si tu ne me crois pas , moi j’aime le douceur de leur regard et les plis de leurs caresses ,surtout les tunisiennes qui sont l’avenir du monde , maman chérie , petites sœurs mon cœur bat en vous , de l’air au nom de dieu , de l’air ! Pourquoi ben Ali existe ? Oui pour aimer les tunisiens on doit avant toutes choses aimer les tunisiennes, avec leur force , leur doceur , leur courage et leurs reins serrées au plus bas, à la fièvre et l’espérance , et leur chevelure qui font le tour de la mappemonde , et leurs mots si fins qu’on dirait ciselés par les diamantaires du temps , et leurs rires lancinants posés comme des modèles à l’innocence des yeux chérubins , de qui je cause ?Des tunisiennes et de ces vieilles amazones de ce Djérid éternel qui passent en riant sur l’horizon des solitudes inquiètes et juvéniles .Le croiras-tu ? Le bonheur animal dans sa frénésie me prend à la vue des actes de courage et d’héroïsme humains des tunisiennes auxquels j’ai pourtant cessé de croire depuis longtemps, je continue à les vénérer par la force d’une droiture qui m’est chère, parce qu’héritée de millions d’années de solitude.
Elles m’ont tout donné et appris.
Aimer la Tunisie , c’est aimer tout simplement la vie , sans soucis de logique.C’est ainsi et seulement , mon cœur , mes tripes ,mon sexe, mon âme et mon esprit , qu’on finit par en découvrir le sens.Nous tunisiens nous tenons la moitié de la vérité puisque nous voulons vivre , même en survivant par simple attouchements .Il ne nous reste plus qu’à conquérir l’autre moitié et nous serons sauvé pour l’éternité de l’infamie.
Nous ne pouvons exister , nous constituer , grandir , rêver , s’épanouir et dépasser que dans le souffle commun de notre liberté admise , entre nous et avec les autres hommes, pour nous et dans notre futur commencement , moi BIJU je vous le dis, le mystère de la relation dépasse de beaucoup celui de l'être.Il ne suffit pas d’aimer et de vouloir la vie et la liberté pour découvrir leurs sens.Ce sens ne se révèle pas par l’opération du saint esprit ou la filouterie des charlatans et des imposteurs.Le sens véritable , celui qui déplace les montagnes se produit , se crée , se prend et se donne.Il naît du don de l’exigence , dans la relation libre avec soi-même et autrui.Or un ordre maffieux et dictatorial , népotique qui n’est fondé que sur la force et la violence , sur les rapports d’exploitation , de domination et de mort , ou ordre nécrophage et morbide ,comme celui de Carthage est un ordre condamné.
Et de l’autre côté de la chaîne.
Pourquoi cette aliénation ?
Pourquoi cette occultation néfaste et volontaire des fantastiques richesses de création que possède, que nous possédons, que possède chacun de nous ? Chaque tunisien.
Pourquoi en ce siècle de tous les savoirs , nous , tunisiens qui sommes plus que d’autres le produit de l’Histoire , cette histoire humaine irrespectueuse des gènes , des races , des origines et des affirmations , nous, qui avons survécu à tant d’arbitraire , qui avons survécu à tant de massacres , de génocides et d’ethnocides programmés par des génies du mal , nous qui avons vaincu tant d’épidémie , de pénurie , percé tant de mystère , fait reculer de tout temps le désastre et la mort , nous sommes un miracle du genre et de l’espèce , sommes nous incapables de briser le carcan de nos rôles dans leur funèbre théâtre d’ombres, d’accueillir dans la démocratie , la liberté , la joie , la fraternité et l’amour , l’incroyable et imprévisible rencontre avec notre destin choisi , de donner , enfin , un sens à notre vie et à notre mort aussi ?
Mort à la mort, et mort à ben Ali.
Menteur la Tunisie est malade
Il lui faut trouver des couleurs
Je crois qu’elle est en rade
Plantée au milieu de mon coeur
Ma mie ma Tunisie ne va pas bien
courbée, brisée sous le sacrilège
trop de gens crèvent comme des chiens
Et bien trop d’hommes pris au piège
Ma douce j’ai peur qu’un de ces jours
Il ne pleuve l’horreur des bombes
Et qu’on enterre notre amour
A tout jamais au fond des tombes