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2 décembre 2006 6 02 /12 /décembre /2006 08:45
L’ISLAM ET LE SEXE
Par
Yacoub Mahi.

L'Islam considère la volupté charnelle comme un élément d'harmonie du couple.

 

En Islam, la sexualité est l'expression de la manifestation du besoin de l'autre, la qualité d'un manque innée en l'humain pour vivre la réalité de deux êtres en quête de l'Un. Le corps exprime ainsi ce que Dieu a inscrit en lui comme instincts, pulsions et attirance vers le sexe opposé. Il ne s'agit pas d'une sexualité débridée qui serait liée à la culpabilité, mais d'un instinct qui développe un rapport au corps en totale responsabilité avec la conscience de l'homme du don que Dieu lui a accordé. En effet, le naturel en l'homme impose la quête d'un équilibre, d'un épanouissement en vue de s'accomplir dans son humanité. L'Islam est donc une spiritualité active qui rapproche l'humain du divin avec tout ce qui le constitue.

L'attirance par l'autre est de l'ordre de l'instinct naturel, l'étouffer serait un crime, alors que sa maîtrise est une digne responsabilité. Cependant, l'instinct peut soit détruire, soit construire, tout comme l'esprit pourrait penser mal ou bien. La chose naturelle en l'homme n'est pas forcément de l'ordre de la recevabilité. L'homme pourrait avoir un excès de colère, de haine ou d'égocentrisme naturel. Ce qui implique une totale maîtrise de ses élans naturels en vue d'une réforme de son être en tant qu'agent social et spirituel. Cette maîtrise est une condition sine qua non de sa spiritualité. Autrement dit, c'est construire sa propre dignité.

L'Islam valorise le rapport à la sexualité et le droit à la volupté charnelle comme élément d'harmonie du couple; il n'est donc pas seulement axé sur la procréation. Du temps du Prophète, se pratiquait la contraception naturelle (al-azl) en vue d'assouvir l'instinct pour le simple plaisir. Ainsi, l'Islam exclut toute forme de monachisme et ne fait pas l'apologie du célibat. La sexualité est considérée être un acte de foi car elle est nourrie par le rappel de Dieu. L'accouplement manifeste l'harmonie et incite à la glorification de Dieu dans l'unité ontologique des deux êtres. La tradition définit l'acte sexuel comme une aumône (sadaqa) tant qu'il manifeste la grandeur de Dieu dans le cadre légitime du mariage, où l'homme vit la maîtrise de son ordre loin de la négligence de ses pulsions.

Cependant, notre société dépressive relativise toute morale et encourage toute forme de permissivité au nom de la liberté des moeurs. L'individualisme y entraîne l'être vers la seule référence au plaisir. La perversion sexuelle devient ainsi un signe visible de la tyrannie de la liberté individualiste. De la pornographie à l'homosexualité, en passant par la prostitution, tout ceci montre combien cette culture du non-sens qui prend forme est le signe d'un malaise éthique.

La pornographie y est une manière de brandir une vision dégradante de l'amour purement technique et mécanique. Une forme de bestialité, de dépassement de la vie privée, une mise en image de l'humiliation de l'être humain. Au contraire, l'acte sexuel se fait dans la noblesse de l'intimité de l'homme.

L'homosexualité revient à transgresser l'harmonie. C'est porter en soi une rupture et entretenir l'anti-nature à l'instar du peuple de Sodome et Gomorrhe. Le Coran la considère comme une forme de turpitude et décrit cette réalité sociale dans le blâme adressé au peuple de Loth qui manifeste le refus de la discrétion dans cette pratique et la non-aspiration à la pureté en critiquant ceux qui sont porteurs d'une éthique de la sexualité. Ce peuple veut ignorer ce qui atténue les penchants à réformer. Notons, par ailleurs, que le châtiment qui lui est infligé est dû tant au fait de démentir le messager de Dieu qu'à sa négligence de la pureté originelle. La description «mousrifûn», outrancier, renvoie à l'absence de modération dans l'usage de la sexualité. L'Islam se veut être une voie de tempérance et d'équilibre.

Ceci étant, il est important de préciser que notre attitude à l'égard de l'homosexuel ne doit pas être celle du rejet ou du jugement, mais celle de l'accompagnement dans la compréhension, sans négliger les événements de son histoire personnelle. Il s'agit surtout de ne pas développer une culpabilisation de rejet mais, par soucis de réforme, d'offrir une écoute sereine qui, sans accepter ce qu'il fait ne refuse pas ce qu'il est. Le tabou de la question de la sexualité au sein des communautés musulmanes a développé un discours frileux et maladroit de silence. L'homosexuel se trouve alors sans aucune espérance.

L'éducation sexuelle débute dès le bas âge en Islam. Le Coran et la tradition prophétique (Sunna) en parlent sans aucun tabou. Les politiques de répressions qui s'érigent, dans certains pays musulmans, comme protectrices des moeurs et du bien, ne sont rien d'autre que des gages accordés aux opposants puritains, qui seront vite satisfaits de voir les régimes saoudien ou égyptien condamner les homosexuels, sans aucun accompagnement dans la réforme. Il est facile de jeter le discrédit sur quelqu'un en le traitant d'homosexuel, vu que la culture le refuse. Par contre, aucune préoccupation de la part de ces puritains face aux questions d'écologie, d'éthique, de la justice sociale ou des valeurs absolues, n'anime leur spiritualité.

Le Coran et la Sunna condamnent catégoriquement l'homosexualité comme toute perversion sexuelle. Il en va de même pour la fornication, l'adultère, l'inceste, la trahison, le mal, la haine, le vin, l'arrogance, la violence, l'usure, le crime, etc. Toute personne touchée par une perversion quelconque devra ne pas la mettre en évidence comme la norme et avoir le souci du respect de l'ordre des valeurs éthiques. La discrétion sera la garantie d'une éthique commune naturelle. Vivre son homosexualité, dans son intimité, ressort de la seule conscience de la personne même face à son rapport à Dieu et nul n'a le droit de la juger.

Ceci étant, sur le plan de la reconnaissance sociale, l'Islam blâme l'homosexualité qui s'affirme en tant qu'identité et qui revendiquerait une législation spécifique. La gay pride en est l'expression populiste visible; une forme d'exhibition de cet esprit de communautarisme prosélyte qui entretient le rêve de son exclusivité. Ce sont malheureusement des considérations matérielles qui ont amené les associations d'homosexuels à revendiquer le droit au contrat de mariage et à l'adoption. L'homosexualité, qui représente près de 17 pc dans le monde, revendique, dans le cadre de nos législations sociales, un espace sur le plan du droit, alors que le simple concubinage, sans aucune prétention à un traitement d'exclusivité, serait un cadre respectant la diversité de choix de vie. Ainsi, l'homosexualité n'est pas un fait majoritaire même si l'on a tendance à la banaliser.

Sans jeter le discrédit sur ceux qui la vivent, c'est au nom du respect des minorités sexuelles que les médias évoquent cette sensibilité pour exprimer sa liberté à pouvoir revendiquer un choix exclusif. Ce qui risque de les claustrer dans un ghetto de communautés homosexuelles et les affranchir d'un conformisme social. Certains politiciens promulguent de nouvelles lois qui accentuent les clivages sociaux et mettent en danger la notion de famille.

Nous aspirons à une citoyenneté égalitaire sans aucun traitement spécifique. C'est, en fait, dans l'effort de la résistance que l'homme retrouve la dignité de sa maîtrise. Il s'agit d'un jihâd corporel, spirituel et intellectuel, celui de la maîtrise et de la résistance. Ainsi, il sera donné, à notre société, de vivre la diversité de ses mémoires et, à l'éthique humaniste de la sexualité de pouvoir contribuer au futur. C'est par rapport à une transcendance des principes éthico-moraux d'une sexualité maîtrisée, que nous situons ces valeurs.

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