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29 septembre 2006 5 29 /09 /septembre /2006 09:22

Nous aurons toute la mort pour dormir *
Par

Nour E l Hoda

La violence et l’arbitraire érigés en philosophie politique du pouvoir tunisien, n’ont d’égal que notre impuissance et nos suffisances à ne pas comprendre notre pays dans ses insinuations les plus intimes, à ne pas comprendre les déformations qui l’ankylosent.
Les mythes fondateurs du miracle tunisien veulent abréger notre discours et le réduire à personnaliser le drame tunisien, à la seule imposition nécessaire et vitale d’un dictateur criminel sans aucun charisme, un homme méprisable avec une ambition toute limitée à sa propre animosité, sa chicanerie morbide et sa mégalomanie incubatrice de toutes les dérives qui sont en train de noyer le pays dans l’inanité la plus démentielle.
Tant que nous n’aurons pas transcendé les clivages, provoqué l’engouement pour notre démarche au sein de la société tunisienne, tout notre enthousiasme, tout notre engagement ne sera jamais qu’un feu de paille sans lendemain. Il faut se rendre à l’évidence, il n’y a plus aucun arrangement possible avec ce népotisme barbare, il nous faut désormais n’être que nous-mêmes, sans aucun compromis avec cet ectoplasme de Ponce Pilate et son pouvoir, pour détruire ses certitudes.
Le despotisme qui se déchaîne sur notre pays et nos vies depuis quelques années est trop puissant, supporté en cela et dans ses dérives par des forces miscibles à souhait, qui inspirent et concourent à la déréglementation du pays. Nous valons largement mieux que notre condition, nous valons mieux que les oukases des maîtres tueurs, qui nous spolient par le cerveau et par le coeur, ainsi que par la condition humaine, nous n’avons rien à voir avec l’incurie et le parjure où nous maintiennent Ben Ali et ses complices.

L’encadrement de la société civile doit être la source en constante permutation qui travaille à démystifier les assises de l’appareil répressif et démontrer que le recours à la force, comme seule réponse possible à la réalité civilisée du peuple tunisien, est un échec, sans aucune autre conséquence que l’affirmation encore plus nette de notre rejet de la tyrannie. Faire la distinction et la démonstration, à chaque fois que c’est possible, entre l’horreur manifeste et contre nature de cette dictature néfaste et la valeur réelle et fervente de la société tunisienne, flouée, dominée, mais qui n’a rien à voir avec elle, elle est sa contradiction et sa mortelle ennemie, elle la devance et la dépasse par son projet civilisateur et progressiste.

Sous prétexte de sauver les institutions alors qu’ils les bafouent totalement ; ainsi que la préservation des mécanismes de l’état, alors qu’ils ont été dissous littéralement dans les mécanismes prébendiers du RCD, le parti unique, qui n’a en fait comme projet politique succinct et cautèle à vomir, que de piller le pays, les administrateurs et les représentants de cette oligarchie hors la loi, se réclament d’un nationalisme opportuniste, folklorique et de circonstance, un nationalisme lâche et pervers où les citoyens sont tenus de confondre en toutes circonstance, le drapeau national, le sang du peuple et l’effigie grotesque du clown de Carthage.
Cela nous le savons tous, mais ce qui pernicieux et dramatique ce sont l’état d’esprit et la mentalité des citoyens qui se sont ainsi érodés et qui se déforment dans le moule de cette assignation générale à résidence surveillée, une véritable camisole de force qui réduit tout un peuple à un troupeau de béni oui-oui, paupérisés jusqu’à dans ses intimes convictions, jusqu’à la moelle. Ces pratiques légataires à l’échelle d’un clan maffieux, gèrent des intérêts privés, on se retrouve à ce jour en plein conciliabule calamiteux et extravagant, au vu de l’incroyable catastrophe qui menace le pays, avec des détrousseurs de morts, des souillards, des hypocrites et des menteurs ; au seul contact de leur perniciosité, nous pouvons perdre notre âme et dire adieu pour longtemps à toute possibilité d’un avenir meilleur. Il n’y a aucun doute, ces moyens à la longue formatent les habitudes et les pratiques générales d’une nation et la poussent à se vendre et se renier.

Tous les tenants du néo-colonialisme, des mafias et de la guilde des dictateurs de ce bas-monde ont confié à Ben Ali entre autres, ainsi qu’à tous les roitelets et galonnés arabo-musulmans, dans une malsaine et morbide partie de roulette russe, le soin d’organiser la violence, de la confirmer dans une sorte de statut scientifiquement établi, une sorte de nomenclature qui peut faire école référentielle dans la nébuleuse tiers-mondiste et barbare de l’espace arabo-musulman, un dispositif scientiquement organisé qui peut se transformer, sans rire, en une industrie d’exportation. Les géhennes profondément établies, renforcées, putréfiées, dans notre monde de l’absurde, les talibans en Afghanistan, la cavalcade meurtrière wahhabite, les tribunaux lapidaires et sadiques au Nigeria ; couper les mains des voleurs, décapiter les gens à coups de sabre, violer, torturer physiquement et moralement, toutes ces horreurs participent à la même criminalité contre l’humanité, au même titre que l’exécution de pauvres hères à la chaise électrique, au garrot, à la guillotine, à la misère, à l’overdose. Avez-vous remarqué une chose dans cette comparaison masochiste ? Ben Ali est partie prenante, comme tous ses acolytes arabes, de tous ces crimes contre le genre, ils sont tous, à ne pas en douter, pour la recherche et l’innovation dans le domaine.
Ce général paranoïde paramnésique à l’ivresse ne se connaît aucune limite dans l’hérésie, il souille la maison de dieu dans des mises en scène incroyables pour servir sa propagande, c’est une seconde nature chez lui de jouer à l’éternel impécunieux, de s’immoler devant ses maîtres usuriers du golfe, l’argent n’a pas d’odeur, chez ben Ali il peut sentir tout le fiel du monde, il est toujours bon à prendre. Mais en Tunisie, dans son asile psychiatrique, rien ne l’arrête, il se donne à coeur joie dans la schizophrénie et la démence, il foule aux pieds l’islam tunisien, la culture tunisienne, l’histoire tunisienne, la civilisation tunisienne ; un nuage de sauterelles qui dévaste tout sur son passage, un fléau du ciel.
Ben Ali chantre de l’ultra libéralisme dans sa vision la plus calamiteuse, sans aucune prestance, vil et révérencieux ; incapable de lucidité et de générosité sociale, pourfendeur et tueur de nationalistes arabo-tunisiens, de socialistes tunisiens, de syndicalistes, de communistes et bien entendu plus que tout de musulmans tunisiens. Ben Ali est tout simplement tueur de l’âme tunisienne, de la ferveur et de l’esprit tunisien ; c’est un héritier naturel du colonialisme et du vieux mégalomane Bourguiba, que quelques nostalgiques et quelques jeunes ignorants idolâtres, beulâtres glorifient encore, à longueur d’années dans des messes noires, genre métal hurlant sur oued MAJE RDA, qui tiendraient autant du rituel vaudou avec ses messes sanguines et ridicules, que du maraboutisme le plus abject où quelques rétrogrades et non des moindres, même parmi nos petits courant d’air de l’exil, aliénés à l’injonction des systèmes alfa et oméga du « no futur », source d’inspiration de Ben Ali et ses soutiens, y vont de leurs misérables salamalecs, bougies, encens et reliques.
Sergent chef tortionnaire, lieutenant tortionnaire, capitaine tortionnaire, tous sortis de la haute école de torture de l’Aouina, de Bizerte ou de Borj el Amri, dans ce domaine là la Tunisie peut se prévaloir des plus hautes et performantes technicités ; un personnel haut de gamme, une législation souple et pratique, des moyens de diffusion avec des disponibilités matérielles qui atteignent des sommets ; oui, quand on est excellent dans un domaine, pourquoi se priver du plaisir de le clamer et d’en jouir aux yeux du monde entier, si on ne le fait pas à 10000000 d’âmes, c’est tout simplement parce qu’on est un peuple ingrat. Pendant ce temps des résidus d’êtres humains, ombres de leurs propres fantômes, expirent de souffrance et d’abondons dans les pénitenciers mouroirs de Ben Ali ; où sont les tunisiens ? Où est le peuple ? Où se sont ensevelis la dignité et le courage ? Nous nous sommes perdus  dans les affres de cette lâcheté indigne de nous et de ce que nous avons toujours été, depuis l’aube des temps.

La mondialisation dans sa vérité pratique n’a aucun aspect positif, sa prétendue expansion de croissance économique et de démocratisation universelle n’est en fait qu’un hydre qui produit dans ses forges un nouveau monde bipolaire ; pire que tout autre, 20% de l’humanité consomment 80% des richesses de ce monde, circulez il n’y a rien à voir ! Les 80% d’êtres humains sont bien tenus en laisse par les armes de destruction massive des coalitions hégémoniques, sans oublier surtout les matons locaux qui n’ont d’autres hantises que de former et d’organiser des forces répressives, des forces paramilitaires, des services très spéciaux, pour matraquer la population et la réduire à la flatulence et au fléau.

Notre pays est livré comme une proie soumise et appétissante à la dérégulation des marchés spéculatifs, notre souveraineté nationale, cette baudruche pour gogos et vieux retraités, n’a jamais été qu’un vague souvenir d’un rêve piraté par le mégalomane de Monastir ; ce dernier à été le premier traître de l’histoire moderne et piteuse de la Tunisie, un peu notre Laval à nous, mais sans aucune ligne Maginot, sauf celle de son culte du pouvoir, de la personnalité et l’ivresse de son narcissisme levantin, digne de ces beys qu’il a chassé du pouvoir avec l’aide de ses maîtres français, et  à qui il a en sous-main remis le pays totalement pacifié.
Cette indépendance est aujourd’hui un vœu pieux pour les nouvelles générations, elle le sera encore pour longtemps, aussi longtemps que l’aigle « mouillé » de Carthage saura convaincre ses escamoteurs, ses maîtres de la maison blanche et autres boudoirs imaginaux, les convaincre à genoux, comme il est de mise chez les imposteurs, qu’il est encore capable de leur lécher les bottes à moindre frais, au prix du très gros, sous-entendu que la marchandise ainsi dévaluée et dévalorisée c’est le peuple tunisien sous le haro.

Notre survie en tant que peuple, en tant que nation, réside désormais, devant toutes ces vagues d’incuries et de violences déferlantes, dans l’imposition de modèles alternatifs plus proches de notre civilisation, culture, us et coutumes, toutes convictions confondues, un seul et unique fil conducteur ; la fin de la dictature ! Le pouvoir, tout le pouvoir au peuple souverain ! Il ne s’agit pas de fignoler, de défoncer des portes ouvertes ou de discuter du sexe des anges. Toute démarche qui a une chance d’aboutir, doit être conforme aux aspirations récurrentes du plus grand nombre ; maintenant nous sommes condamnés à tout faire dans l’urgence, limiter la casse, aux dernières nouvelles notre pays va de mal en pis, nous surfons sur le fil du rasoir au bord du vide sidéral et de la faillite, sans aucun espoir de retour.
Au vu de la misère à la somalienne qui semble dévaster certaines de nos régions nationales, il n’est pas à exclure qu’un jour ou l’autre le pays sera mis à feu et à sang.
Notre pays est cerné par les forces occultes et complices de l’ordonnancement néo-colonial, toutes tendues vers le même objectif, à l’extérieur les tenants d’un hégémonisme l’agressent sans aucune sommation par l’incitation et la dérégulation, à l’intérieur par la violence, la force brutale et l’occultation de toutes références identitaires qui peuvent dynamiser son aura, nous devons plus que jamais compter que sur nous même et ne pas nous disperser dans de stériles combats d’arrières - gardes.

*Proverbe sahraouis
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