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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 14:18

 

TUNIS (AP) — Un an après le départ en exil du président Zine el Abidine ben Ali, qui régna d'une main de fer sur la Tunisie pendant 23 ans, la révolution tunisienne est perçue avec "un optimisme prudent" par les analystes.

Malgré des élections jugées "réussies" par les observateurs, suivies par la mise en place d'institutions dirigeantes appelées à remettre le pays sur les rails, un sentiment d'inquiétude continue de prévaloir chez nombre de Tunisiens, en particulier les plus de 800.000 chômeurs et les couches sociales démunies.

"Les étapes franchies pour la construction des assises d'une démocratie réelle sont très importantes", juge l'analyste politique Heykel Mahfoudh dans un entretien avec l'Associated Press.

Il relève cependant que "l'apprentissage de la démocratie se fait dans la douleur et l'hésitation", ce qu'il attribue entre autres à "l'inexpérience, l'improvisation et le flou" qui empreint l'action des nouveaux gouvernants.

En somme, "c'est une phase de turbulence paradoxalement nécessaire" après des changements de cet ordre, estime-t-il, en restant "quand même positif dans la mesure où le tissu social est réactif, répond au débat et qu'il y a des correctifs qui sont apportés".

Professeur de droit public et conseiller principal du Centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées, l'analyste se dit néanmoins "inquiet" face à la situation économique et sociale, avec "une montée du chômage, une croissance nulle et des sit-ins à n'en plus finir".

Selon lui, "les orientations que prend le gouvernement actuel n'envoient pas de signaux forts dans le sens d'une conscience profonde des problèmes que vit la société tunisienne".

Il considère que la coalition "objectivement contre-nature" de l'équipe dirigeante, entre le mouvement islamiste Ennahdha et deux formation de centre-gauche, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), "ne donne pas la possibilité d'entrevoir à terme une réponse aux besoins de la société ainsi qu'une garantie de la continuité de l'Etat et du respect des droits".

A ses yeux, "la véritable révolution pour mettre la société tunisienne sur l'orbite de la démocratie doit avoir lieu au niveau culturel dans son acception la plus large, artistique et autres, c'est-à-dire la culture démocratique". "C'est en investissant ces espaces, qu'on pourrait garantir l'aboutissement des changements que connaît la Tunisie", martèle-t-il en faisant montre d'un "optimisme prudent" pour la période à venir.

Le même sentiment se dégage chez un expert économique de la Banque africaine de développement (BAD), l'un des principaux bailleurs de fonds de la Tunisie.

"En 12 mois, la situation économique s'est détériorée avec l'arrêt des investissements, la chute du tourisme (un des piliers de l'économie tunisienne) et la paralysie du secteur des phosphates", dont la Tunisie est le cinquième producteur mondial, constate Jakob Kolster, responsable du département Afrique du Nord à la BAD.

Le chômage est passé de 13 à 18%, voire 20% de la population active, soit plus de 800.000 sans emploi, la croissance est nulle sinon négative, et les pertes sont évaluées à 2 milliards de dollars. Pour améliorer la situation, il suggère des "signaux forts et clairs" du gouvernement en matière de politique économique afin d'encourager les opérateurs à investir et à faire revenir les touristes.

"Il faut qu'il (le gouvernement) montre qu'il est prêt à respecter les règles de la bonne gouvernance, de la transparence et de la comptabilité", plaide Jakob Kolster.

Il qualifie de "très positive" la volonté affichée par les nouveaux dirigeants de lutter contre la corruption et de placer parmi ses priorités l'atténuation du chômage et du déséquilibre entre les régions, en mettant en avant le secteur privé. "Maintenant, il s'agit de traduire les bonnes intentions par des actes et nous allons lui prêter main forte pour cela", a-t-il promis. AP

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