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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 13:54

 

LEADERS

Les anciens diplomates tunisiens

 

«Notre politique extérieure devra s’exprimer d’une seule voix sur la base du consensus national et être mise en oeuvre par des professionnels expérimentés et initiés aux arcanes de la Diplomatie». C’est ce que considère l’Association Tunisienne des Anciens Ambassadeurs et Consuls généraux (ATAACG) dans un communiqué remis à Leaders. « Dans ce cadre, poursuit-elle, le Ministère des Affaires Etrangères devrait être réhabilité dans son rôle de principal instrument de la diplomatie tunisienne dans ses dimensions politique, de coopération internationale et de défense des intérêts des tunisiens à l’étranger ». Ci-après le texte intégral du communiqué signé par le président de l’Association, l’Ambassadeur Ahmed Ben Arfa.

"Aboutissement heureux d’une Révolution exemplaire et des sacrifices de ses martyrs, la Tunisie s’est dotée, depuis quelques jours, d’un nouveau Gouvernement, investi par une Assemblée Constituante, élue démocratiquement.

Consciente de l’urgence et de la complexité de la tâche qui attend ce gouvernement, mais qui interpelle en réalité toute la Nation et forte d’une expérience de plus d’un demi siècle acquise par ses membres, dans le domaine des relations internationales, l’Association Tunisienne des Anciens Ambassadeurs et Consuls Généraux, considère que le succès de cette phase cruciale de reconstruction politique, économique et sociale de notre pays est seul susceptible de garantir la liberté, la dignité et de venir à bout de la plaie du chômage. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement devrait s’appuyer sur deux leviers :

  • un levier interne qui requiert la conjugaison des efforts de toutes les composantes de la société tunisienne et
  • un levier externe susceptible de garantir des débouchés sûrs pour nos exportations (plus de 42%de notre PIB), la contribution financière et les investissements indispensables à la réalisation de nos projets de développement, ainsi que le retour à un flux touristique normal. S’agissant plus précisément du second levier et des objectifs à atteindre, la Tunisie ne pourra en tirer avantageusement profit, que dans le cas où son gouvernement saura surmonter la méfiance et les appréhensions, non déclarées mais réelles, de nos partenaires traditionnels et potentiels et gagner leur confiance, grâce à une gouvernance vertueuse.

La Communauté Internationale a manifesté à la fois du respect et de l’admiration pour notre Révolution. Le Gouvernement devrait ,comme promis, préserver ces acquis, en cette période de transition démocratique, en offrant au monde, l’image d’une Tunisie apaisée, tolérante , réconciliée avec elle-même et avec les valeurs universelles des droits de l’homme .Une Tunisie où l’Etat de Droit, la séparation des pouvoirs, la protection des libertés individuelles et collectives, l’égalité des chances, le respect du pluralisme, ainsi qu’une gestion saine des ressources publiques, sont totalement garantis.

Sa politique extérieure devrait s’inspirer des fondements de notre société et avoir constamment pour seul objectif le devoir envers la patrie et son intérêt supérieur, ainsi que le respect de nos engagements régionaux et internationaux.

L’Association Tunisienne des Anciens Ambassadeurs et Consuls Généraux, suivra en ce qui la concerne, avec attention, toute démarche ou initiative futures de politique étrangère. Elle aura constamment pour objectifs la défense des orientations et principes suivants :

  • L’enracinement dans notre identité arabo-musulmane, dans le respect de nos spécificités nationales. Notre fidélité à nos dimensions africaine et méditerranéenne. La nécessité de poursuivre et renforcer notre coopération avec nos partenaires traditionnels européens, américains et asiatiques. L’opportunité d’élargir davantage le champ de nos relations et de nos échanges.
  • L’attachement à la souveraineté nationale, aux acquis de la Nation et à sa liberté de choix, de décision et d’action. Le refus, en conséquence, de toute immixtion dans nos affaires intérieures ou de toute ingérence tendant à influencer notre pouvoir d’opérer librement nos choix.
  • Le respect de la légalité internationale et la priorité au règlement pacifique des différends, conformément aux principes énoncés par la charte de l’Organisation des Nations Unies. L’engagement constant en faveur des initiatives prises en ce sens, ainsi que pour le dialogue des cultures, des civilisations et des religions.
  • L’appui aux justes causes, particulièrement celle du Peuple palestinien. Le refus de toute normalisation avec Israël, tant qu’il n’aura pas rendu justice au Peuple palestinien et tant qu’il n’aura pas libéré les autres territoires arabes occupés.

Dans ses rapports avec l’extérieur, la Tunisie a, par vocation, toujours cherché à donner la priorité, au Maghreb et au Monde Arabe. Force est de constater, cependant, que la réalité actuelle n’incite pas à l’optimisme .C’est ainsi que la construction du Maghreb est en panne .Tout en continuant à s’investir sans relâche pour la réalisation du vieux rêve d’unité, notre diplomatie aura, en attendant, à chercher à élargir et à approfondir les relations bilatérales avec tous les pays frères maghrébins. Aujourd’hui, une chance unique se présente pour une complémentarité économique et pour un partenariat gagnant-gagnant avec la Libye. Mais, au préalable, ce pays frère assurer l’ordre et la stabilité, et se doter d’institutions permanentes et démocratiques.

De même des opportunités de coopération fructueuse pourraient se développer avec les pays frères du Golfe. En attendant de voir les promesses se concrétiser, dans un cadre mutuellement avantageux et respectueux de la souveraineté de a l’attention requise à nos rapports avec l’Union Européenne, notre principal partenaire économique et ses Etats membres, avec lesquels s’effectuent plus de 80% de nos échanges (commerce, investissements directs étrangers, dons et crédits concessionnels, recettes touristiques). Par ailleurs, 80% des émigrants tunisiens y résident et contribuent, grâce à leurs transferts de fonds annuels, à l’équivalent de 3% du revenu national. Enfin, le Japon qui est l’un de nos principaux partenaires économiques, les Etats unis d’Amérique, la Chine et les autres pays émergents, offrent des opportunités certaines de coopération.

Nous vivons une époque profondément marquée par la Mondialisation, qui a bouleversé la rationalité naguère admise dans les relations internationales, sur les plans tant politique qu’économique. Notre politique étrangère ainsi que sa diplomatie, doivent s’adapter rapidement à l’avènement d’un Monde à caractère de plus en plus multilatéral et dominé par une concurrence sans pitié entre Etats, cherchant en priorité, à faire écouler leurs produits, à capter le maximum d’IDE, à bénéficier de prêts à des taux de faveur, et à attirer davantage de touristes. En dernier ressort, notre succès éventuel, résidera dans la solidité de notre image de marque et dans notre compétitivité économique. Pour s’assurer le succès escompté, notre politique extérieure devra s’exprimer d’une seule voix sur la base du consensus national et être mise en oeuvre par des professionnels expérimentés et initiés aux arcanes de la Diplomatie.

Dans ce cadre le Ministère des Affaires Etrangères devrait être réhabilité dans son rôle de principal instrument de la diplomatie tunisienne dans ses dimensions politique, de coopération internationale et de défense des intérêts des tunisiens à l’étranger".

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