Par
Sonia .D
L'économie néolibérale et maffieuse imposée aux tunisiens , et ce depuis plus de 50 ans , tient d'un culture de substitution , une culture de l'accoutumance et du désespoir , de l'endettement et de la dégénérescence , en fait , toute forme idéaliste ou même atavique et terrienne de la société tunisienne a disparue, par l'action conjugué d'un néocolonialisme sous-terrain, et d'une une violence perverse et latente à tous les niveaux de la société , elle a été laminée par un tout économique spéculateur et inhumain qui s'exerce d'une façon extrémiste et radicale, et sert de terreau, et de justification à tous les abus possibles et imaginaires, au crime d'état.
Ce que les tunisiens vivent aujourd'hui , même dans leur intime quotidien , est une économie généralisée du désir et non du besoin. Le désir est désir de l'apparence et du paraître au
dépend de l'être , des traumatismes et du mensonge dans la plus part des cas, de(im) puissance et de paraître aux yeux des autres, malgré tout, c'est cela la misère humaine et la haine de soi.Et
ce désir de reconnaissance est marqué par la concurrence et la rivalité , l'attentisme , la surenchère et la fuite en avant vers encore plus de déchéance et de décadence., c'est une réalité
frappante en Tunisie, où la plus part des tunisiens de l'exil, que je connais, retournent très souvent , où je retourne plus souvent qu'à mon tour, car la Tunisie des sens, des
plis et des odeurs que nous portons en nous, personne, et encore moins, les pirates et les criminels , ne pourra nous l'enlever; chaque fois que je retourne en Tunisie, je suis
frappée et scandalisée par le néant humain étalé par les nouveaux et les faux riches , leur désespoir et leur suicide , leur matérialisme provocateur et plus que prostitué
, leur racisme contre les indigents , les pauvres , leur rapport à la misère , la pauvreté et leur indifférence face à l'horreur du système, seul responsable du
désastre qui touche leur terre , leur famille ,voisin , civilisation , jeunesse , leur humanité. Pourquoi? Tout simplement, parce que nous ne sommes plus, tous autant que nous sommes,
sous le regard égalisateur d'une pensée, d'une culture, d'une éthique politique, d'une morale sociale digne de ce nom, parce que nous ne sommes plus suffisamment
convaincus, que le salut qui n’exige pas ici-bas le renoncement, voire le sacrifice du désir personnel, viendra après la démocratie.
Cette "économie" du paraître, de l'apparat et de la soumission existait dans les sociétés antérieures, mais elle s'exprimait à la marge. La solidarité , le bonheur simple des tunisiens ,
leur éducation , leur nature conviviale , leur fierté , et bien sûr leur respect d'eux-même et des autres, harmonisaient leur vie dans l’équilibre et l’essentiel. La dépense
superfétatoire du paraître , du toujours plus , de nos jours et dans notre incroyable déroute , s'est banalisée scientifiquement , alors même que sa puissance illimitée ne
peut être capté, ou dirons d'autres régulée, par un contre pouvoir qui ne peut exister que dans l'expression libre et le débat des idées ,totalement interdits et combattus à
mort par le régime de ben Ali et la lâcheté de la plus part des tunisiens.La dictature a ouvert les vannes de la dégénérescence et verrouillé tous les accès à ses antidotes , c'est le seul moyen
pour elle d'exister et de durer.
En l'absence de hiérarchie figée en un ordre sociétal immuable et citoyen , accepté comme irréversible par des citoyens tunisiens libres, la rivalité mimétique , imposé par
l'existence de la tyrannie et le despotisme d'un système liberticide , fait du désir individualisé (autocentré) le moteur de la vie sociale (trans)figuré en droit de chacun à
rechercher le bonheur ( amour de soi) quelque soit son grade et statut actuel , alors que l'on sait que cette supercherie renvoie de plus en plus les tunisiens à l'âge des
cavernes.
Cette aliénation dans la consommation marchande ne peut être surmontée, que dans et par la créativité personnelle esthétique ou
dans la production culturelle relationnelle , cela demande du courage , de la rigueur et de la méthode pour les militants démocrates tunisiens , qui devront réunir toutes les
capacités possibles , les différences et s'imposer malgré tout une démarche collective , compacte et spirituelle , c'est à dire claire et transcendante..