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22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 13:27

 

 

  par Renée de Saissandre

Abdelmalek Droubkel a fait du GSPC algérien qu’il dirigeait la branche d’Al Qaïda Maghreb : un sens certain du marketing

On lui donnerait Allah sans confession. Avec son physique de trentenaire plutôt sage, sa corpulence d’intellectuel rétif aux exercices physiques, l’homme à la tête du groupe qui a violemment frappé la capitale algérienne le 11 décembre, ne paie vraiment pas de mine. Pourtant, la barbe d’Abdelmalek Droudkel, alias Abou Mossaab Abel Woudoud, Émir d’Al-Qaïda dans les pays du Maghreb islamique (AQMI), est aussi longue que la liste des chefs d’accusation retenus contre lui – « constitution de groupe armée, destruction de bien publics à l’explosif et tentative de vol » – et aussi courte que sa durée de vie promise s’il se faisait attraper – la peine capitale. Depuis son jugement par contumace délivré le 21 mars dernier par le tribunal de Tizi Ouzou, un mandat d’arrêt international a été délivré contre lui, l’intronisant dans la cour des grands « most wanted » traqués par Interpol. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’était déjà intéressé à lui dès 2005 en l’incluant dans la liste des individus liés au terrorisme, soumis au « gel des avoirs financiers, à l’interdiction de voyager et à la vente d’ armes ».

Abou Mossaab Abel Woudoud

Avec tous les services de sécurité algériens diligentés à ses trousses, son espace de liberté, déjà limité aux seuls maquis montagneux, semble se réduire toujours davantage, comme le temps qui le sépare du « jour du jugement dernier ».

Drôle de destinée pour cet étudiant en électronique formé à Blida, pourtant promis à un autre avenir que les gamins des quartiers populaires qui n’en voient décidément pas, et qui constituent le gros de ses troupes. Finira-t-il en « martyr », sous le feu nourri des « traîtres et esclaves du régime rénégat », comme son modèle, dont il a piqué le prénom de guerre, feu Abou Moussaab Al-Zarqaoui, émir d’Al-Qaïda en Irak tué le 7 juin 2006 par l’armée américaine ? Ou sera-t-il le Ben Laden algérien, le « Cheikh des moudjahidines » vénéré qu’il évoque toujours en queue de diatribes, promis au destin de fantôme virtuel distillant d’outre-grotte menaces et instructions ? Allah seul le sait. Car les « traîtres » ne sont pas toujours ceux qu’on croit.

L’Émir ne compte pas que des amis dans ses propres rangs, si l’on en croit les témoignages des repentis et les récits de ses compagnons de route relatés dans les chapitres de la littérature militante. Nombre de ses anciens frères d’armes lui reprochent d’avoir décrété has been le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) dont il a pris les rênes en 2004, pour lui préférer une version plus tendance et une destinée plus porteuse d’avenir selon lui, formalisée par le changement de nom en janvier dernier en celui d’« Al Qaïda dans les pays du Maghreb islamique ».

Le virage stratégique dont il est l’ouvrier, avec l’intégration du groupe dans l’organisation internationaliste annoncée par son numéro deux, Ayman Al-Zawahri en septembre 2006, et qu’il a officialisé en son nom, remet en effet en cause les fondements même à l’origine de la création du GSPC, en 1998, né du rejet des massacres perpétrés contre les populations civiles par le Groupe Islamique Armé (GIA). Dans la charte du groupe version Droudkel, rappelée occasionnellement dans les communiqués du groupe, les populations civiles sont considérées « à l’irakienne », comme des « victimes collatérales ». L’attentat suicide est une « arme nécessaire » et hallal en djihad, accélérant et garantissant l’accession au Paradis. Les attentats du 11 avril dernier contre le Palais du gouvernement revendiqués par le groupe en étaient la première illustration : 33 morts et 222 blessés). Ceux du 11 décembre, plus meurtriers encore, en sont la confirmation. Ses têtes de turcs sont forcément algériennes et américaines. Il déteste les Français. Surtout Sarko. On se demande pourquoi

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