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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 08:15

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Microsoft
La menace pirate
Bien que confrontée à des problèmes judiciaires en Europe, la plus grande firme de l’industrie
du logiciel souhaite accentuer son investissement dans les trois pays du Maghreb. Obstacles sérieux à son développement : le piratage et le sous-équipement.

Par Hakima bédouani-kernane

Pour s’intégrer dans le nouvel ordre économique mondial, les pays du Maghreb doivent libéraliser leur économie et l’ouvrir au secteur privé ainsi qu’aux capitaux étrangers. L’afflux de ces capitaux et le transfert des technologies et du savoir-faire des grands groupes internationaux sont, en effet, indispensables à ce grand bouleversement tant attendu. Dans ces pays où les industries et les services aux entreprises sont en pleine croissance, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont un rôle majeur à jouer. Le secteur de l’informatique connaît d’ailleurs une croissance importante en Afrique du Nord. Cela n’a pas échappé au géant américain Microsoft, qui s’engage dans la région. Un engagement qui se traduit par une stratégie adoptée et appliquée à travers le monde : comprendre les besoins des clients en leur offrant l’assistance et les conseils nécessaires à leur développement. La firme a également développé un réseau de partenaires dans les trois pays, dans l’intention de transférer ses compétences et son savoir-faire.
À cette fin, des cycles de formation et de perfectionnement sont mis en place à travers des séminaires d’information. Les domaines d’interventions de la compagnie au Maghreb sont très nombreux. Tous les secteurs d’activité sont concernés, particulièrement la finance, l’industrie et les administrations publiques. Microsoft s’investit notamment dans le développement et la mise à niveau des petites et moyennes entreprises, une activité en pleine croissance dans des pays en mutation économique. Le but, après avoir fourni l’équipement, est de vendre du conseil dans tous les domaines des technologies et de la nouvelle économie. Ce secteur est porteur dans les pays du Maghreb. Le marché du PC croît de plus de 15 % par an en Algérie et en Tunisie, et de 20 % au Maroc. Les particuliers représentent le tiers des acheteurs avec 25 % du parc informatique, selon le bureau de Microsoft Algérie.
Toutefois, malgré l’engouement grandissant de Microsoft, des interrogations subsistent quant à sa détermination à relever le défi du marché maghrébin. On peut se demander si le géant américain a les moyens de surmonter les freins au développement qu’il rencontre sur place (piratage, sous-équipement, manque de formation et de qualification) et si les pays du Maghreb disposent de moyens humains et d’infrastructures suffisantes pour répondre aux besoins d’un tel développement.
Ces problèmes jouent un rôle capital dans la stratégie de pénétration de Microsoft. Le piratage s’est beaucoup développé, depuis la fin des années 90, avec l’apparition, sur le marché, de graveurs accessibles à tous. Il est devenu très facile de copier un logiciel et de l’installer sur son ordinateur. La contrefaçon existe à tous les niveaux, des canaux de distribution de logiciels et des revendeurs et assembleurs d’ordinateurs portables aux sociétés publiques et privées, en passant par les particuliers. Les logiciels piratés sont, en général, ceux du système d’exploitation, comme Windows 2000/NT, des logiciels de traitement d’image et de design graphique, comme Adobe, ainsi que des tableurs et/ou traitements de texte (Excel, MS Word, etc.).
Dans les pays du Maghreb, les logiciels Microsoft sont les plus piratés (70 % à 90 % du total) et la perte de chiffre d’affaires est estimée à 150 millions de dollars par an. Cette pratique est considérée par un grand nombre de professionnels de l’industrie comme un des premiers freins au développement de ce secteur dans le monde. Elle occasionne des pertes supérieures à 11 milliards de dollars pour les éditeurs de programmes informatiques.
À Alger, selon certains revendeurs, qui préfèrent garder l’anonymat, on propose même la licence d’exploitation de MS Windows, car le prix de la copie, se situant en moyenne entre 100 et 120 dinars (1 DA = 0,011€), est plus attractif que celui de l’original. De ce fait, elle est plus accessible aux bourses modestes. Les revendeurs proposent toutes les versions de logiciels piratés à des prix défiant toute concurrence.
L’utilisation par les entreprises publiques et privées des programmes informatiques piratés pose un grand problème aux responsables de Microsoft Algérie. Des entreprises de toutes tailles utilisent ou ont déjà copié des logiciels Microsoft. Les gouvernements des pays du Maghreb sont au courant de cet état de fait et ne peuvent continuer à l’ignorer indéfiniment. Si le Maroc a voté une loi contre toute forme de piratage informatique, l’Algérie et la Tunisie n’en sont qu’à l’étape de la prise de conscience et mettent en place des actions de sensibilisation, avant la répression.
Ainsi, contrairement à ses voisins, le Maroc a connu une baisse significative du taux de piratage informatique. Des résultats très encourageants ont été enregistrés. Une étude menée par l’International Planning and Research pour le compte de l’association internationale des éditeurs de logiciels, Business Software Alliance (BSA) révèle que le taux de piratage au Maroc est passé de 82 % en 1994 à 58 % en 2002, soit un gain de 24 points. Le taux mondial est de 39 %.
Ces résultats, très prometteurs, ont été obtenus grâce à une politique de sensibilisation et d’information, par le biais de mailings et de rencontres auprès des utilisateurs, des vendeurs et des pouvoirs publics. Toutes les entreprises, tous secteurs confondus, ont été la cible des professionnels de l’industrie du logiciel et des programmes informatiques, notamment du géant américain Microsoft. En novembre 2000, le Maroc a également instauré une loi interdisant toute utilisation de logiciel ou programme informatique sans licence. Les actions menées en application de cette loi peuvent aller de la mise en garde ou de l’assignation en justice à des sanctions plus sévères prononcées à l’encontre des utilisateurs.
L’Algérie ne dispose pas encore d’une telle loi, mais une ordonnance de juillet 2003 permettrait de mettre le dispositif juridique algérien en conformité avec les standards internationaux. Des actions de sensibilisation et de vulgarisation sont menées, la dernière en date ayant eu lieu les 11 et 12 mai 2004 à Sidi Fredj, sous le thème " La protection des programmes d’ordinateurs ". Cette manifestation, organisée conjointement par l’Office national des droits d’auteurs et droits voisins (Onda), l’agence de protection des programmes et le BSA, avait pour but de combattre le piratage au sein de la société, que ce soit par les particuliers, les entreprises ou les administrations publiques.
Comme l’Algérie, la Tunisie connaît un taux de piratage très important, avec près de 85 % de logiciels contrefaits. Pour abaisser ce taux, les autorités misent sur le développement du secteur par diverses mesures réglementaires. À la suite de l’insistance des professionnels du secteur, la loi de finance de 2000 a permis l’exonération des droits de douane pour les composants informatiques dans le dessein de réduire leur coût.
La stratégie adoptée par Microsoft est d’apporter de la valeur ajoutée à ses produits. Selon M. Lahouari Belbari, directeur général de Microsoft Algérie, la meilleure façon de lutter contre le piratage serait de sensibiliser tous les utilisateurs et revendeurs de produits Microsoft sur l’impact d’une utilisation frauduleuse de produits brevetés, par l’entremise de campagnes de sensibilisation à travers le pays.
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Le Maroc champion du piratage informatique


Les pirates informatiques marocains seraient les plus forts au monde après les Brésiliens. Ils s’amuseraient à attaquer les sites étrangers et s’attireraient les foudres des autres pirates qui en retour partiraient à l’abordage des sites chérifiens. Sites qui sont loin d’offrir les garanties élémentaires de sécurité et qui constitueraient un terrain d’entraînement idéal pour les crackers de tous bords.

 


« Les crackers marocains, pirates informatiques, sont les deuxièmes plus forts au monde après les Brésiliens ». La révélation de Nabil Ouchn, le secrétaire général du Chaos Computer Club Morocco (CCC), flatte n’importe quel informaticien du Royaume. Mais ces conséquences pour la sécurité informatique au Maroc sont désastreuses. En effet, les attaques des pirates informatiques contre des sites nationaux se multiplient ces dernières années dénotant d’une grande réactivité aux systèmes de défense et surtout d’une ingéniosité hors pair de la part de crackers marocains. Et c’est justement pour pallier ce grand problème que le CCC Morocco a été créé en août 2003 par des ingénieurs marocains spécialisés dans la sécurité.

Expatriés dans des pays comme la France, l’Allemagne ou encore les USA, les membres du CCC visent à optimiser la sécurité dans les sites informatiques marocains. Selon Nabil Ouchn, « c’est le projet e-Gov qui nous a poussé à concrétiser cette initiative dont l’idée germait depuis longtemps dans l’esprit des membres du CCC ». Ouchn, pointe du doigt l’extrême vulnérabilité des sites des institutions nationales. Et les vulnérabilités recensées sur l’infrastructure e-Gov sont aussi bien d’ordre organisationnel que technique. Dans cette optique, expliquent les membres du CCC, le niveau très faible de sécurité pour les sites de l’e-Gov, peut même favoriser une attaque bien coordonnée émanant de certains services étrangers dans un but d’espionnage ou d’infiltrations.

Vulnérabilité des sites marocains

En s’appuyant sur des études récentes effectuées sur des serveurs marocains, le CCC a remarqué que le risque d’intrusion provient essentiellement du manque de contrôle avant le déploiement. En d’autres termes, l’organisme accorde plus d’attention à la faisabilité et le bon fonctionnement du service après déploiement sans se soucier des risques majeurs liés à une brèche de sécurité. « Plusieurs serveurs restent vulnérables pendant longtemps à des failles obsolètes ce qui augmente fatalement le risque d’intrusion », expliquent les responsables du CCC. Face à la montée excessive du nombre des vulnérabilités découvertes tous les mois, poursuivent-ils, chaque serveur devient accessible via 5, voire 6 méthodes différentes. Ce qui laisse aux attaquants l’embarras du choix.

D’où la nécessité, poursuit Ouchn, de créer un observatoire afin de suivre l’évolution des systèmes de sécurité et les réactions des crackers. « Cet organe devra coordonner les actions destinées à la sécurisation des sites, il devrait également étudier les failles, proposer des remèdes et surtout déclencher les alertes sur tel ou tel virus ou attaque probable », ajoute le secrétaire général du CCC. Ce dernier a également pour objectif la mise en place d’un centre national de sécurité destiné à délivrer des visas de déploiement des systèmes frontaux.

Guerre informatique

Toujours est-il que le Maroc commence à atteindre un stade de cracking très inquiétant. De plus, des groupes de crackers marocains sont continuellement en contact avec leurs homologues brésiliens réputés pour être les meilleurs au monde. Ce qui de l’avis de nombreux experts, risque d’entraîner le Royaume dans une CyberWar (guerre informatique) que les sites nationaux ne peuvent pas supporter.

En effet, d’après Ouchn, portés par leur élan, les crackers nationaux ne s’intéressent plus uniquement aux sites nationaux, mais attaquent également les sites d’autres pays tels que les USA, Israël, ou encore les Philippines. « Les systèmes informatiques de ces pays sont très avancés et bien sécurisés. En continuant à les attaquer, les crackers nationaux attirent la foudre des pirates des autres pays sur les sites nationaux qui ne sont pas pour autant sécurisés », explique Ouchn. Pour y remédier, les membres du CCC conseillent de mettre en place un système de détection d’intrusion, pour au moins limiter le trafic dans les cybercafés et réduire le téléchargement des outils de piratage sur Internet. Il convient de signaler à cet effet que les cybercafés restent, selon le bureau du CCC, le fief des pirates marocains.

La sécurité informatique marocaine en question

Outre les crackers nationaux, les responsables du CCC mettent l’accent sur les attaques extérieures qui peuvent également s’avérer fatales pour les sites marocains. « Le Maroc jouit actuellement d’une très mauvaise réputation quant à la sécurité informatique dans le monde entier, à telle enseigne que nos sites institutionnels sont considérés comme des sites d’entraînement pour le cracking international », confie Ouchn. Et d’ajouter, « les sites nationaux sont également utilisés pour le jumping, une technique qui consiste à utiliser un site dont la sécurité est faible afin de pouvoir attaquer un autre site ».

Naoufal BELGHAZI
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