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25 décembre 2012 2 25 /12 /décembre /2012 12:36
Victoire des travailleurs et du peuple tunisien !

La première phase de la révolution a réussi à virer Ben Ali !

Il faut continuer !
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     La révolte des travailleurs, de la jeunesse, des chômeurs… de Tunisie aura eu raison de la dictature policière et du régime de Ben Ali. De manière significative, c’est parce que depuis mercredi 12 les grèves générales se sont multipliées à l’appel des fédérations régionales du syndicat UGTT. Sfax, Tunis…la grève a été massivement suivie, donnant un caractère de masse aux manifestations, renforçant la mobilisation. C’est d’ailleurs sous la pression d’une gigantesque manifestation des travailleurs devant le ministère de l’Intérieur que Ben Ali a dû peu à peu céder. Malgré les morts, malgré les méthodes barbares de la police et des bandes de pillards et de casseurs au service du RCD et des fidèles de Ben Ali, non seulement la peur a changé de camp, mais le système a commencé à céder.

Non à un 2ème Ben Ali

     La peur de la clique de Ben Ali et des dirigeants du RCD et de la police que la révolution fasse de nouveaux pas en avant les a poussés à prendre l’initiative de remplacer l’ex-dictateur par son 1er ministre, M Ghannouchi, puis par le quasi sénile et sans pouvoir président de « l’Assemblée nationale », Fouad Mebazaâ. Mais personne n’est trompé. Ghannouchi, 1er ministre depuis plus de 10 ans, a toute sa responsabilité dans la politique menée en Tunisie et qui a amené à la situation de misère sociale et d’absence d’avenir pour la jeunesse. Privatisations et politique au service des multinationales, Ghannouchi a été un des artisans de cela, il ne va pas en changer. En conservant le poste de 1er ministre, il est même une garantie pour les classes dirigeantes que leurs intérêts seront défendus. Et en novembre 87, ce furent les mêmes promesses de prochaines élections et de la «démocratie» que Ben Ali avait faites, on a vu la suite. Ghannouchi pourrait même utiliser la période qui vient pour reformer un nouveau parti avec les cadres de l’ancien RCD.
     L’instauration du couvre feu et de l’Etat d’urgence étaient là pour empêcher une réaction massive de joie, et cela a surtout laissé les gens isolés chez eux, au risque d’être victimes des casseurs et des bandes du RCD et de la police. Si des soldats ont bien fraternisé avec les manifestants, ses dirigeants sont liés avec l’ancien régime. La révolution doit continuer, il ne faut pas la laisser être confisquée. Les chefs de l’armée, et notamment le général Ammar, en cautionnant ce « gouvernement », tentent de s’assurer que la révolution n’ira pas plus loin. Même si Ammar s’était opposé à l’utilisation de l’armée dans la répression, il sera encore plus hostile à une poursuite de la révolution.

Un gouvernement d’unité nationale avec des assassins du peuple tunisien ?

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     Le fait que la majorité du gouvernement soit formée de ministre issus du RCD est une insulte à la révolution tunisienne. Diront-ils qu’ils ne savaient pas les meurtres, les tortures, les arrestations arbitraires ? Ils essaient de voler la révolution, avec l’aide des institutions internationales. En acceptant des ministères sans grand pouvoir, les partis de la pseudo opposition (PDP, Ettajdid etc.), partis qui n’ont jamais exigé le départ de Ben Ali, et qui n’ont en fait pas participé à la révolution, cautionnent la sauvegarde du régime organisée par Ammar et Ghannouchi. Les médias parlent « d’opposants » mais ces partis n’étaient qu’une opposition de façade, qui veulent maintenant récolter les fruits d'une bataille qu'ils n'ont pas mené. Cela doit être compris comme un signal pour les masses tunisiennes : la révolution devra être défendue, par des organismes issus de la révolution elle-même.
     En annonçant 3 jours de deuil, le gouvernement essaie de récupérer à son compte les morts dont la partie la plus importante de ses membres est responsable. Par cette annonce, il essaie également de mettre fin aux manifestations continuelles qui, à juste titre, exigent son départ.

Un système qui ne se limitait pas au seul clan Ben Ali-Trabelsi

     C’est toute une politique qui a permis au clan Ben Ali-Trabelsi de s’accaparer une grande partie des richesses tunisiennes. C’est toute une politique ultralibérale, dont le 1er ministre Ghannouchi a été un des principaux artisan, suivant en cela les recommandations du FMI et des « amis » impérialistes de l’Etat tunisien (mais ennemis de son peuple) : entre autres, l’Etat Français, l’Union européenne, les multinationales de nombreux pays,.. Ainsi les frères Mabrouk possèdent 51 % d’Orange-Tunisie, et l’ancien PDG d’Orange France avait déclaré en mai 2010 qu’il était "heureux de s'associer à Marwan Mabrouk".
     Le président du FMI, D Strauss-Kahn, soi-disant socialiste et soi-disant de gauche et aux côtés du peuple tunisien, il déclarait en octobre 2010 après avoir été décoré par Ben Ali : « la politique économique qui est conduite est saine, et je pense que c’est un bon exemple à suivre pour les pays émergents ». C’est bien toute une politique au service des capitalistes qui a permis aux différents clans, et notamment au clan Ben Ali-Trabelsi de s’accaparer autant de richesses sur le dos des tunisiens. C’est bien les fondements même de cette politique qu’il faut changer, c’est à dire en finir avec la base même du système en renversant le capitalisme.

Un gouvernement d’unité nationale pour quoi faire ?

     Le gouvernement provisoire, d’unité nationale, est un mensonge et une tentative de vol de la révolution. Les dirigeants de l’UGTT qui ont accepté d’y participé ont fort heureusement démissionné rapidement sous la pression des membres de bases, mais il est clair qu’il faudra démocratiser l’UGTT pour se débarrasser des dirigeants qui n’ont pas défendu les travailleurs et qui ont accepté des arrangements avec le régime de Ben Ali. Un congrès extraordinaire de l'UGTT, appuyée par des élections démocratiques dans toutes les sections locales, pourrait contribuer à réélire une direction combative, non compromise, et réellement représentative de la base en lutte.
     Pendant que Ben Ali se prélasse dans une maison de luxe en Arabie Saoudite, qu’il maintient des contacts réguliers avec Ghannouchi si on en croit les médias francophones, ce gouvernement va essayer d’assumer une tâche précise : calmer le jeu pour reprendre la main ensuite, voler la révolution aux tunisiens, et remettre en place un régime à la botte des groupes dirigeants de l’économie tunisienne. Un retour de manivelle pourrait alors s'opérer, remettant en péril les avancées démocratiques pour lequel le peuple s'est battu. Le relatif climat de relaxe, avec la libération de prisonniers politiques, la plus grande liberté de presse, etc, n'a été le résultat que de la mobilisation exemplaire des travailleurs, des jeunes et des couches populaires, et coexiste avec des mesures d'exception. Tant que le pouvoir politique reste aux mains de ceux qui, pendant des années, ont écrasé nos droits démocratiques les plus élémentaires, et que l'économie demeure aux mains de pilleurs et de multinationales qui ne pensent qu'à leurs profits et ont tout à gagner à bâillonner nos moyens d'expression, rien ne peut être considéré comme acquis. Seul un gouvernement au service des classes opprimées, et contrôlées par elles, pourra garantir des acquis durables en matière de libertés démocratiques, et empêcher la dictature de se refaire une seconde vie. Pour commencer, nous devons exiger la fin immédiate de l'état d'urgence, la réouverture des écoles et des universités (annoncée par le gouvernement mais que les personnels, les lycéens, les étudiants doivent assurer pour en prendre le contrôle), la pleine reconnaissance des libertés syndicales y compris dans le secteur privé, la légalisation de toutes les organisations politiques et associatives démocratiques qui ont subi la répression systématique pendant tant d'années.
    Ce gouvernement bidon, qui ne représente que lui-même et la clique de riches -Tunisiens et étrangers- qui ont profité de la dictature, n'a pas un gramme de légitimité pour organiser de nouvelles élections. Et ce n'est pas la possible supervision d'élections par l'Union Européenne, dont l'attitude hypocrite vis-à-vis de la révolution tunisienne n'a échappé à personne, qui y changera quelque chose. Des élections réellement démocratiques en vue d'établir une Assemblée constituante révolutionnaire ne doivent être organisées et supervisées que par les travailleurs et les masses populaires, à l'aide de leurs comités et de leurs organisations syndicales. 
     Plusieurs partis et personnalités de la « vraie » opposition (qui étaient interdits et qui ont vu leurs militants emprisonnés) parlent beaucoup d’élections législatives ou présidentielles. C’est le cas du Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT), ou du parti religieux Nahda (qui se déclare proche de l’AKP turc). Mais de telles élections ne sauraient se passer tant que le gouvernement actuel n’aura pas été renversé et tant qu’il restera autant de cadres du régime de Ben Ali en place. Si le PCOT se prononce correctement pour la mise en place de comités démocratiques, il n’appelle pas à leur extension dans l’armée. Il déclare sans critique du rôle des dirigeants de celle-ci qu’elle « est appelée à veiller sur notre sécurité et la sécurité du pays ». Il ne se prononce pas non plus pour des mesures économiques précises ni pour que les comités démocratiques forment la base d’un nouveau pouvoir : celui des travailleurs, des jeunes et des couches populaires. Quant à Nahda, il n’est pas un parti islamiste au sen du FIS d’Algérie. Ben Ali a longtemps justifié sa dictature au prétexte d’un danger islamiste, pourtant bien peu réel en Tunisie. Or, comme l’a montré la révolution tunisienne, c’est bien la volonté d’une société libre et démocratique, permettant à chacun de vivre correctement, qui a été le moteur des évènements. Le peuple tunisien ne souhaite aucune dictature, qu’elle soit policière ou religieuse.

Le rôle de la France

     Si le régime de Ben Ali a pu tenir aussi longtemps, malgré le fait que depuis des années de plus en plus de tunisiens et de tunisiennes ne le supportaient plus, c’est entre autre grâce au soutien des dirigeants français. Depuis Chirac et Jospin dans les années 90, jusqu’à Sarkozy, ou Alliot-Marie, toute la classe politique française « officielle » a soutenu le dictateur.
     La France dénonce «les bandes criminelles» et «ceux qui les soutiennent avec l’espoir vain de remettre en cause les changements intervenus de manière constitutionnelle», a déclaré le ministère des Affaires Etrangères. Mais ce gouvernement, et tous les autres avant lui, jusqu’au maire de Paris, n’a-t-il pas soutenu une « bande criminelle » : Ben Ali et sa clique ?
     D’un seul coup, tant la France, que l’Union européenne ou les USA saluent le soulèvement du peuple tunisien, alors qu’ils ont tous soutenu Ben Ali. De ce point de vue, le maintien au pouvoir de Ghannouchi, les arrangent car ils craignent que la révolution continue et remette en cause la mainmise de nombreuses multinationales sur l’économie tunisienne.
     Les révélations successives de la fortune et du patrimoine des Ben Ali-Trabelsi montrent à quel point tous ces gouvernements étaient complices : villas, immeubles un peu partout en France et ailleurs. Un acte de solidarité internationale serait d’envahir ces propriétés pour les restituer au peuple tunisien.

Le mouvement doit continuer d’aller de l’avant !

     Ghannouchi a été clair dans une interview accordée à la radio Europe 1 pour expliquer pourquoi de nombreux ministres du gouvernement précédent avaient été conservés : « Ce sont des ministres qui gèrent des départements économiques qui doivent nous permettre de pouvoir poursuivre les réformes économiques ». La politique en faveur des capitalistes va continuer.
     Les mêmes feront la même chose, il n’y a pas d’homme providentiel, il faut une grande journée-nationale de manifestation et de grève générale pour célébrer la victoire et ainsi continuer la lutte et montrer que les travailleurs et les jeunes restent mobilisés, et ne reconnaissent pas ce gouvernement qui ne rompt en rien avec le système en place.. Cela se discute partout, la direction de l’UGTT devrait prendre ses responsabilités, et nous approchons de l’anniversaire du 26 janvier 1978…
     Des comités démocratiques dans les quartiers, les entreprises, les lycées, les universités doivent se former pour créer les bases d’une nouvelle société libre et démocratique. Une multiplication de comités démocratiques permettrait également d’organiser la défense contre les bandes et la police.
     De tels comités, qui ont déjà vu spontanément le jour sous une forme ou une autre en différents endroits (comités de défense d'un quartier ou l'autre, comité pour l'organisation de la dissolution du RCD, comités de ravitaillement, etc) doivent se généraliser, se renforcer, et se coordonner entre eux, afin de permettre de recenser les besoins, de saisir les bien volés par les privilégiés du régime etc. En élisant des responsables, et en s’unifiant nationalement (par un congrès national de représentants élus de ces comités), ils seraient le vrai produit de la révolution, contre ce gouvernement et pour le remplacer, Cela permettrait également d’organiser la défense contre les bandes et la police.
     Les bases d’une nouvelle société, réellement socialiste et démocratique, assurant une vie décente, un véritable avenir, une réelle liberté, pourraient être posées au moyen de ces comités démocratiques. Les soldats de base devraient en faire de même dans l’armée, pour empêcher que celle-ci soit utilisé pour réprimer une future étape de la révolution. Pour aller vers cela, il faut construire un véritable parti de masse des travailleurs et de la jeunesse, indépendant des politiciens, permettant de lutter pour les intérêts de la majorité.

Vers une autre étape de la révolution

     Maintenant que la révolution a commencé, tout va et doit être questionné. La situation misérable de certains paysans, l’absence de droits syndicaux dans les zones franches où les multinationales surexploitent les travailleurs tunisiens, le manque de logements,... Non seulement il faut une démocratie et une liberté totale, non seulement il faut en finir avec le RCD, mais il faut également en finir avec les causes mêmes : le système capitaliste qui soumet l’économie tunisienne aux multinationales, notamment françaises.
     Le mouvement est loin d’être terminé. Les manifestations continuent à travers tout le pays. Ben Ali ayant dégagé, c'est tout le RCD, son appareil, et l'ensemble du gouvernement que les masses veulent voir dégager. Dans les jours récents, dans différentes entreprises publiques, les travailleurs ont commencé à faire le ménage pour se débarrasser des patrons collabos du RCD, qui se trouvaient toujours à des postes de direction, et à tenter de reprendre les choses entre leurs mains. C'est le cas à la Banque Nationale Agricole, à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, dans plusieurs médias,... Ces exemples doivent servir d'inspiration : dans toutes les grandes entreprises et les administrations, les cas de corruption et les dossiers "compromettants" doivent être mis à la disposition des salariés concernés, les mesures prises pour évincer les patrons qui ont travaillé main dans la main avec le régime, et les directions illégitimes remplacées par des comités élus démocratiquement par les travailleurs. Le contrôle ouvrier et la publication intégrale des livres de comptes doit figurer à l'ordre du jour, afin de poser les bases d'une organisation de la production et du travail qui se fasse dans l'intérêt des travailleurs eux-mêmes.
     Il faudra également juger les assassins du RCD à commencer par Ben Ali qui devrait être emprisonné en Tunisie. Et ce n’est pas le système judiciaire actuel qui devrait le faire mais bien les travailleurs, les jeunes, les petits paysans… tous ceux qui ont subi la politique de Ben Ali.
     Personne n’a envie d’un nouveau dictateur, il ne faut pas les laisser confisquer la révolution. Actuellement, de nombreux gouvernements (Maroc, Algérie, Egypte, Jordanie…) regardent avec anxiété les évènements en Tunisie. Ils ont mené les mêmes politiques au profit des capitalistes et contre les travailleurs et la population. La crainte de l’exemple d’un mouvement de masse révolutionnaire les pousse à prendre quelques mesures pour baisser les prix. Mais tout comme en Tunisie, ce n’est pas suffisant, car tant que l’économie sera aux mains des cliques dirigeantes et des multinationales, la majorité de la population n’aura rien pour elle.
     Les jeunes et les travailleurs de ces pays regardent au contraire avec envie et espoir les évènements de Tunisie. Il serait possible de lancer un appel aux travailleurs, aux jeunes, aux chômeurs… des autres pays du Maghreb et d’ailleurs pour organiser un mouvement de masse comparable à celui de la Tunisie. Cela renforcerait la révolution tunisienne elle-même. Car à terme, ce n’est pas dans un seul pays que doivent changer les choses mais partout dans le monde.
     La révolution tunisienne doit aller de l’avant, ne pas laisser la situation aux mains de Ghannouchi et d’autres. Il faut une révolution socialiste qui permette la nationalisation des principaux secteurs de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population. Cela permettra d’assurer une existence digne, un véritable emploi, un avenir pour la jeunesse, en même temps qu’une société libre et démocratique. Pour cela il faut construire un parti révolutionnaire de masse, en Tunisie et dans les autres pays, c’est pour cet objectif que les sections de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO/CWI), luttent, pour le renversement du capitalisme et pour le socialisme dans le monde entier.
     La révolution tunisienne ne fait que commencer, elle est un exemple à suivre pour les travailleurs, les jeunes, les chômeurs, les retraités, hommes ou femmes, en France et ailleurs.
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